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Vous pouvez effectuer des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse fhttp: //book s .google . coïrïl 3433 00602798 5 \ ^^j^.aLA>^^^^ \ \ DICTIONNAIRE HISTORIQUE DE L'ANCIEN LANGAGE FRANÇOIS MOKT. — TYPOGRAPHIE DE L. FAVUE. DICTIONNAIRE HISTORIQUE DE L'ANCIEN LANGAGE FRANÇOIS OU GLOSSAIRE DE LA LANGUE FRANÇOISE DEPUIS SON ORIGINE JUSQU'AU SIÈCLE DE LOUIS XIV Tar LA CURNE DE SAINTE-TALAYE MEMBRE DE L*ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET DE l'aCADÉMIE FRANÇAISE Publié par les soins de L. Favre, auteur du Glossaire du Poitou^ de la Saintongc et de VAunis, etc., etc. CONTENANT : SIGNIFICATION PRIMITIVE ET SECONDAIRE DES VIEUX MOTS. Vieux mots employés dans les chants ries Trouvères. Accouplions métaphoriques ou figurées des vieux mots français. — Mots dont la signification est inconnue. ETYMOLOGIE DES VIEUX MOTS. Orthoj^raphe des vieux mots. — Constructions irrégulières de tours de phrases de Tancienne langue. Abréviations ; études sur les équivoques qu'elles présentent dans les anciens auteurs. Ponctuation ; difiicultés qu'elle présente. Proverbes qui se trouvent dans nos poètes des XII®. XIII® et XIV® siècles. Noms propres et noms de lieux corrompus et défigurés par les anciens auteurs. Mots empruntés aux langues étrangères. Usages anciens. TOME SECOND AP — BIC L. FAVRE, éditeur RUE SAINT-JEAN, G. PARIS H. CHAMPION, libraire QUAI MALAQU.US, 1.7. 1876 TOUS DROITS RÉSERVÉS 1 :^- ■ ir-?i II. /^ ■■> m DICTIONNAIRE HISTORIQUE DE L'ANCIEIV LANGAGE FRANÇOIS AP Afi, préposition. Avec. On observe que les lettres p eib étant de même organe, on a pu prononcer et écrire indifféremment ûp ou ab; préposition qui, dans le langage méridional de la France, paroit être une abréviation de Tadjectif ambe, pris dans le sens conjonctif de cette même préposition ap ou ab, avec. (Voy. Ambe ci-dessus.) Âut Âpostols cumtet (1) E dis c'ap Deu parlet. Filment da MS. de S* Martial de Limoges, fol. 50, R*. Molt lo laudaven (2) e amie e parent C'ab (3) Damnedeu se ténia (4) forment. Vie de Boéce, fragm. MS. de S' Benoit-sur-Loire, p. 273. E (5) sa ma dextra la Domna u libre ten (6)| Toi aquel libres era de fog (7) ardent. Zo's (8) la jiisticia ai Rei omnipotent ; Si l'om o forfai, e pois no s'en repent... Ab aquel fog s'en pren so venffament. Gel bonai vai (9) qui amor ab lei pren. Ibid. p. 275. Que le p ou le b, ait été changé en v, autre lettre de même organe, il n'en faut point d'autre preuve que la préposition composée avoec, (Voy. Avoec.) C'est proprement à l'oubli et à l'ignorance de la prononciation du v toujours écrit w, et au retran- chemen t de ce même u prononcé v, que Ton doit attribuer l'origine d'au et à, préposition qui dans la signification à'avec, paroit avoir la même élymolo- gie qu'ap ou ab. (A'oy. Au ci-après.) VARIANTES : ÂP. Fragment du MS. de S^ Mailial de Limoges, fol. 50, R«. Ab. Vie de Boèce, Frag. MS. p. 270, pasnm. Apaer, verbe. Pacifier, accommoder, etc. Apaiser. Payer, satisfaire, contenter, soulager, etc. Il est évident que le principe de la formation des verbes apaier, apaiser, est le substantif latin pax; mais en remontant à l'origine la plus vraisemblable de ce même substantif pao?, pacis^ dérivé de l'ancien verbe pacere ou pagere, le même que pangere^ au supin pactum, on croit apercevoir une analogie marquée entre les verbes françois apactir, apaier, apaiser. (Voy. Appactir.) L'ordre de la société géné- rale, ou particulière, est établi sur des pactes, sur des obligations fixes et réciproques : ainsi, pacifier une ville, Vapaier en ancien langage, c'est en fixer l'état par le rétablissement de ce même ordre. AP . . . Artus remest en ^ourgoigne : Tout river illec séjourna ; Les/:itez prist et apaia, Rom. de Brut. MS. fol. 99. R* col. 2. Lorsqu'il s'agissoit de particuliers désunis par l'intérêt, ou par quelqu'autre passion, les apaier c'étoit faire la paix entre eux, les lier, les obliger par un jugement, un accommodement, etc. en général, par un pacte qui fixoit leurs prétentions ou leurs droits respectifs. « Comme conlens fut entre « Jeanne comtesse de Flandres... et Jean deNéelle... « li Rois fit la Comtesse semondre par-devant lui, « par deux Chevaliers. La Comtesse comparant « a jour, proposa qu'elle n'avoit pas été suffisament « semonse par deux Chevaliers ; quar elle devoit « estre semonse par ses Pers, les parties eux (10) « appayant en jugement. » (Daniel, Mil, Fr. T. I, p. 181; tit. de 1324.) 11 seroit inutile de multiplier les preuves de cette acception du verbe apaier^ pacifier un différent, l'accommoder, le juger, etc. On ajoutera seulement qu'il étoit quelquefois réci- proque dans le sens d'accommoder. Si s'est au vilain apaié. Bestiaire. MS. du R. n' 7989. fol. 464 ; fable xvn. Il existe entre le Ciel et la Terre un pacte d'al- liance qui se renouvelle autant de fois que l'homme fait sa paix avec Dieu^ en satisfaisante sa justice par l'humble et douloureux repentir de son audace ou de sa foiblesse. On disoit en ce sens, apaier Dieu, apaer le Seigneur. - Pur co que li Reis Roboam e li « suen se humilièrent devant nostre Seignur, « alches (11) le apaèrent de sun maltalent; si que il « ne's volt del tut destruire. » (Livres des Rois, us. des Cordel. fol. 104, V*» col. 1.) Qui ci corrouce Deu, ci restuet apayer. Fabl. MS. du R. n* 7615. T. II, fol. iU. R* col. S. Et prestz de Dieu prier soyez ; Ainsi l'amez et aphayezy etc. J. de Meun. Test, vers 1657 et 1658. En satisfaisant à une obligation contractée par un pacte civil, on procure la paix, la tranquillité de la personne que ce pacte intéresse. On l'apaise, pour ainsi dire, et elle se tient apaiée. De là l'acception des verbes apayer^ payer. (1) Conta, raconta. — (S) Louoient. — (3) De ce qu'avec, etc. — (4) Se tenoit. — (5) En sa main, etc. — (6) Tient — <7) Feu. - (8) C'est. - (0) U en va bien à celui. - (10) Eux; c'est-à-dire les Pairs. - (il) Quelque peu, un peu. II. AP - 2- AP En tes ditez, qui bien entendent, Pevent veer qu'à trois fins tendent... La premier est de bien paier Pour faire ses gens apaier. Geofroi de Paru, à la suite du R. de Fauvel. MS. do R. fol. KL Et de leurs ^aiges si paiex Qu'ils en soient si appâtez, etc. Gaoe de U Bigoe. de» Dédulto. MS. foL 4St^ V«. On disoit, se tenir apaié ou apaisé^ dans le même sens. « Nous avons eu et receu trois mille florins « d'or... desquels nous nous tenons bien apayez et « les en quilons du tout. » (Ord. T. III, p. 332 et 333.) « Convenances tenir dusqu'à mil livrées de < terre dont ele se tendra apaiée avec la conté de « S. Pol. » (Duchesne^ Hist. de la H. de Châtillon, pr. p. 45; tit. de 1236. — Voy. Apaiser ci-dessous.) L'idée particulière de cette espèce de satisfaction étant généralisée, le verbe apaer ou apaier, abstraction faite de toute idée de pacte, signifioit l'état paisible dont on nous fait jouir en satisfaisant un besoin physique ou moral, réel ou idéal ; en sou- lageant les douleurs du corps; en contentant les passions de Tâme, du cœur ou de l'esprit. . . . Par les mires sont U navré apaié, Fabl. MS. du R. n* 7615, T. I, fol. 08, V col i. . . . Por Dieu, caienz vos traiez Et mon desirrer m^apaiez. Aleza&dre el Ariatote, US. de S. Genn. fbl. 73, V* col. 4. Jà por regarder son vis Apaiez ne me tenroie, S*auire cose n*en avoie. Ghana, du Comte Thibaut. MS. p. 154. Ne se tient de riens appayé Le desloyali le renoyô : N'est riens qui luy puisse souCÛre. Aom. de la Rofe. Ters 20084-S0066. . . . Je me tieg apaté« del atendre, Puiske chascuns vos aime ensi sans prendre. Ane. Poet. fr. MSS. vr. 13U0, T. UI, p. 997. Les foulz sont apaié De ce de coi li sages est honnis, etc. Aoc. Poëa. Fr. MS. du VaUc. n* 1522, fol. 162, R* col. 4. On trouveroit inutile un plus long détail des acceptions particulières du verbe apaier j soulager, tranquilliser, etc. puisque toutes se réunissent dans l'acception générale i^apaier^ satisfaire. (Voy. Apaiement et Apaier ci-dessous.) VARIANTES : APÂER. L. des Rois, MS. desCordel. fol. 104. - D. Morice, preuv. de THist. de Bretagne, T. I, col. 969: tit. de 1254. Apaier. L. des Rois, MS. des Cordel. fol. 25. — Geofroi de Paris, à la s. du Rom. de Fauvel. - Âtbis, MS. foL 114, V» col. 1, etc. — Borel, Dict. Apaiier. D. Carpent. S. G. 1. de Du Gange, au mot Apacare. Apaybr. J. de Meun, Cod. vers 573. — FabL MS. du R. n* 7218, fol. 266, R« col. 2. Apoier. d. Carpent. S. G. 1. de Du Gange, au mot Apacare. Appâter. J. de Meun, Test, vers 1545. - Id.ibid. vers 1658. Apaiy subst, masc. Amorce. L'origine de l'ancien mot apai semble être la môme que celle d'apast. (Voy. Apast.) On a dit figurément : Oel riant et gai Gmtiû d'ainourous apai, Aoc Po liDu que de raison. > (Coût, de Hainaut, ibid. page 134, col. 2.) C'est dans le sens d'apaiser, payer, rembourser, dédommager, etc. qu'on lit : ■ diront vérités de «Joules les restitucions et apaisemenz qu'il auront ■ Tait, ou fait faire de fait, ou de promesse. ■ (Ord. T. I, page 544.J La signification à' apaisement en cet autre pas- sage, semble relative à celle d'apaiser une demande, satisfaire à une question, y répondre. • Pour remé- • dier et poarveoir aux abus et larcins que l'on • commet journnliërement par tous nos bois et « ceux de nos vassaux, nous avons consenty... que ■ l'on puisse faire visitalioQ... en toutes maisons de • ceux qui seront suspectez desdils larcins; et si • on y trouvoit bois verd ou autre, et que les resi- > dens esditesmaisonsnevoulussentdonner appai- • sèment d'où ledit bois trouvé procéderoit, etc. ■ (Cont. de Hainaut, nouv. Coût. gén. T. 11, p. 148.) En termes de procédure, l'apaisement sur lequel un défendeur étoit admis à requérir le profit d'un défaut contre le demandeur qui ne comparoissoit pas au jour assigné, étoit probablement l'acte qui constaloit que le défendeur ayant satisfait à l'ajour- nement , devoit être tranquillisé par absolution d'instance. • Si... le demandeur est défaillant de • comparoir au jour assigné, le detfendeur devra... • protester d'ioeittî; défaut, et en la journée ensui- ■ vante, en requérir le profit, à quoy il sera admis < sur appaisement prins tant du registre que des ■ exploits du Sergeant ; et emportera la contumace • du demandeurcongé de Court et absolution d'ins- « tance. » (Coût, de Hainaut, nouv. Coût. gén. T. n, p. 113.) Peut-être aussi que « prendre appaisement ■ tant du registre que des exploits du Sergeant. • c'étoit les vérifler, satisfaire à une formalité en les vérifiant. Quelque variées que puissent être les acceptions particulières du substantif apaisemenf, il suffit ici de marquer celles dont l'analogie paroit moins sensible avec les acceptions du verbe dont il est formé. On poav(dt ■ fafre appaisement de l'amende du ■ poing coupé, ■ en satisfaisant à la Loi qui pro- noDçoit cet!» peine contre cetoi qui frappoit un Sergent; ou plutôt en modérant oette peine, en la commuant en une peine pécuniaire dont on se ood- tentoit par humanité. ■ Si sur calenge faite psr < Sergent, le calengé ou antres assistans... touche • par main mise ledit Sergent, celuy ou ceux « encherront en l'amende du poing couppé, dont « le Seigneur ou maislre du Sergent pourra faire > V appaisement ; et si la poursuyie s^en fait par « noz Officiers, elle se fera en nostre Court à Moos, • ven qne c'est cas de hauteur. ■ (Coût, de Hainaut, Coût. gén. T. 1, p. 795. — Voy. Apaiser.) VARIANTES : APAISEMENT. Ord. T. I, p. 5«. ApaYBKMBNT. GlosB. h. lat. HS. da R. n* 7684. — D. Ctf- penUer, Suppl. Glou. lat. da Du Cange, au mot Expiare. Appaibemant. Monet, Dict. Appaisement. Fercef. Vol. V, fol. 106, R° ccd. 1. - Cotgrave, Oodia, Rob. Estienne et Nicot, Dict. Apaisenter, verbe. Etre apaisé. Apaiser, paci- fier. La signification de ce verbe est neutre dans le passage suivant : • Deus... à poines encomenzat à • apaisenteir al lens Abraham son amin. > (S' Bera. Serm. fr. us. p. 166.) Il semble que plus ordinaire- ment elle étoit active. Dans le sens d'apaiser, paci- fier, on a dit : ■ Despoz que Criz... fut devenuz • moyeneres de Deu el des homes, et qu'il apaisen- • tat parmei son aanc celés choses ki estoient en ■ Ciel et celés qui estoient sor terre, etc. • (S* Bera. Serm. fr. us. p. 258.) C'est encore dans le sens d'apaiser, au'apaisanter signifioit disposer Dieu ou l'homme a pardonner, en satisfaisant à la Justice divine et humaine. < Pues que nostre Sires ne well mies ma mort... ia > volentiers... li offre ma vie. Cist est li sacrifices ■ ki apaisantet nostre Signer. ■ (S' Bern. Serm. fp. HS. p. 269.) < Petiz enfès est ki legierement pu«t • estre ii^ajsantm;car...li enfès pardonet legiére- > ment. ■ (Id. ibid. p. 196. — Voy. Apaiser et Apaisib.) VARIANTES I APAISENTER. S> Barn. Serm. fr. HSS. p. 359. Apaibantbr. Id. ibid. p. 269.- G. MachAut, MS. fol. 309. AFAïasNTEiR. 5' Bem. Serm. fr. HS. p. 166. Apalsenteur, subst. masc. Pacificateur. lA signification i'apaisenteur est la même que celle à'apaiseur. (Voy. D. Carpentier, Suppl. Gloss. laL de Do Cange, au mot Paciarii.) « Arbitres et amia- . blés appaisentiers, etc. » (Lelt. de grûce, an 1427, citées par D. Carpentier, ubi supra. — Voy. Apaiskiri et Apaisitech ci-dessous.) TABIANTES I APAISENTEUR. D. Carpentier, Suppl. Glosa. Ut. de Dn Cange, tome IV, col. 36. APPAI3ENTEUR, APPAI9ENTIER. M. ttU, T. III, COl. 117. Apaiser, verbe. Procurer la paix, tranquilliser; saUsfaire, p:iyer, rembourser, dédommager, indem- niser, soulager, etc. Le verbe apaiser, de même origine que le verbe apaier, avoit les mêmes signi- fications. C'est à l'idée générale de pacte que paroissoient être liées les idées signifiées par 0$ verbe, lorsqu'on dit apaiser les troubles, les divi- sions d'une société générale ou particulière, apaiaêt la colère de Dieu , ou des hommes, etc. Ces accep- tions et autres ne sont pas moins ancienne» dans notre langue que celles du verbe apaier. On a déjà observé que satisfaire à nne obligation AP - 4 — AP contractée par un pacte , c*est procurer la paix , la tranquillité de la personne envers laquelle on est obligé. Elle s'appaisCy elle se tient appaisée^ lors- qu'on satisfait a cette même obligation. (Voy. Apaer.) De lày se tenir appaisé, ou iappaiser, signifloit, l** être satisfait, se contenter du payement d*uue rente : « Convenances tenir dusqu à mil livres de « rente dont elle se tenra appaisé avec le fief de « Saint-Pol. » (Duchesne, Hist. généal. de la M. de Châtillon, pr. p. 46 ; tit. de 1236.) 2" Se contenter, être satisfait d'un dédommage- ment, du remboursement d'une créance; se dédom- mager, s'indemniser, se rembourser. « Les deffenses « données par les Maîtres des foires du temps passé, « contre plusieurs pays... seront suspendues jus- « ques à quatre ans, dedans lesquiex la Justice et « les Créanciers se puissent apaisier ; et iceux « passez, se apaisiez ne sont, les deflfenses vaillent « comme devant. » (Ord. T. I, p. 795.) 3* Se contenter, être satisfait d'une caution qui tranquillise. « Un nouveau Grand-bailly de Hainaut, sur remonstrance que luy feroit le Bailly précé- dent ou ses hoirs, se devra appaiser des cautions de chacun Sergeant... si elles sont suffisantes ou non ; et où elles ne seroient suffisantes par pleige ny autrement, pourra demander nouvelle cau- tion. » (Coût, de Ilainaut, nouv. Coût. gén. T. II, page 110, col. 2.) 4' Dans un sens plus étendu, se contenter, être satisfait d'un état que la confiance en Dieu, la soumission à notre sort, ou quelqu'autre chose rend paisible et tranquille. « Le vray Dieu tout-puissant • est tel que devant luy toute chose ne luy est • impossible ; si m'appaise bien en ses œuvres qui « tant sont merveilleuses. » (Percef. Vol. VI, f* 128.) Qui ne peut, ne peut ; si s'appaise. Poés. de Charles D. d'Orlëens, p. 92. col. 3. C'est par une suite de la même extension, qu'a- paiser désignoit l'état paisible que procurent en général les besoins et les désirs satisfaits : Moult font femmes à Dieu grant honte, Comme foies et desvoyées, Quant ne se tiennent appaUées De la beaulté que Dieu leur donne. Rom. de U Rose, Ten 9461-0464. L'état paisible que procure le soulagement d'un mal, la guérison d'une blessure : Moult aléja sa maladie La coucha por miex aaisier, Et por les plaies apaisier, Pàbl. MS. da a. n« 7218, fol. 999. R* ool. 1. L'état paisible que procure la satisfaction d'ap- S rendre des nouvelles qui tranquillisent sur le sort 'une personne à qui le cœur s'intéresse : « Sire, « dist la Royne, appaisez-moy de mon filz, ou « jamais je n'auray liesse. » (Percef. Vol. Il, ^ 150.) L'état paisible que procure la satisfaction de connoi- tre la cause d un effet qui excite la curiosité de l'esprit, et qui en trouble la tranquillité : .... Une fois se pourpensa Que le Vilain apeseroit De la demande qu'il f esoH. FaU. IIS. dm R. o* 76U. T. I. M. 87. V eoL I. L*état paisible que procure à un coupable la cer- titude, ou l'espérance d'un pardon qui le tranquillise : Te proierai de cuer vrai, Dame ; vers ion fil tous fais ia*apaU, U damnés serai. Ane. Poêt. fr. MS. do \^c. n* 1490. fol. iS7. V. On conçoit que la signification du verbe apaiser pouvoitétre aussi variée que le sont les obligations, tes besoins et les désirs auxquels on peut satisfaire. (Voy. Apaisement et Apaisenter ci-dessus.) COMUG. Apais (f), subj. prés. T'apaises. (Rom. de la Rose, vers 7429.) variantes : APAISER. Orth. subsist. - Ane. Poës. fr. MS. du Vatican, n? 1490, fol. 127, V». Apaisier. Duchesne, Hist. généal. de la M. de Béthune, p. 145. - Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 292, R» col. 1. Apaysier. Gloss. fr. lat. MS. du R. n» 7(584. - Voy. D. Garpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Expiare. Apeser. Bestiaire, MS. du R. no 7969, fol. 173 ; fable lui. Appaiser. Duchesne, H. gén. de la M. de ChâtiUon, pr. p. 46. - Percef. Vol. Il, fol. 150. - Gotgrave, Rob. Estienne, Nicot et Monet. Dict. Apaiseur, subst. masc. Pacificateur. Celui qui apaise, qui paciPie les troubles , les dissensions, les différens d'une société en général. Dans la signifi- cation de pacificateur d*un différent entre particu- liers, on distinguoit Tarbitre et Tarbitrateur de Vamiable apaiseur ou apaisenteur , parce que • amiable compositeur ou appaiseur est celuy qui « du consentement des parties , les met en accord ; « c'est-à-dire que chacune partie sçait bien qu'avoir « en deveroit avant Tédict de l'amiable composi- « tion. »» (Bouteiller, Som. rur. p. 694.) « Dit, « ordenance et appointement de nous arbitres • dessus nommés, comme arbitres, arbitraleurs, • ou amiables appaiseurs, etc. » (D. Garpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, T. lll, p. 117; tit. de 1404. — Voy. Apaisenteur ci-dessus.) variantes : APAISEUR. Gotgrave, Dict. Appaiseur. Gotgrave, Nicot et Monet^ Dict . Apaisir, verbe. Apaiser. On procure la paix en faisant cesser la guerre. De là, on a dit : La guerre n*a pas apaisie ; Toute la Gonté a saisie, etc. G. GttiMi, MS. fol. 217, R*. Apaisiteur, substantif masculin. Pacificateur. La signification à'apaisiteur étoit relative à l'ac- ception particulière i'apaiseur, lorsqu'on disoit : « Fu rapporté par arbitres ou appaisiteurs, etc. » (p. Garpentier, ubi supra ; tit. de 1404. — Voyez Apaiseur ci- dessus.) VARIANTES l APAISITEUR, Appaisiteur. D. Garpentier, Suppl. Gloss» lat. de Du Gange, au mot Paciarii. Apalir, verbe. Etre pâle, devenir pâle; être ému, consterné, etc. Changer de couleur, se faner, se flétrir, etc. Languir, s'affoiblir. On ne voit pas que dans notre ancienne langue, la préposition à ou ^n, réunie au verbe simple pâlir^ ait rien ajouté à la signiflcatioa de ce verbe qui subsiste. AP — 5 — AP Pensser, vdller, soupir, sangloz, Et soupirera m*ayoient toz Fait pâlir et descoulorer. Orid*. de Arte, MS. de S* Germ. fol. 96, R* eol. 3. Et jà avoit apalie la bouche Pour le grant griof oui si au cuer li touche. Froissart. Poès. MS. p. 73, col. t. ... Tu qui d'amor es à mestre, Dois enpalir et maigres esti'e. C'est la coulor qui mielz avient A celui qui amors maintient. 0Tide,de Arte. MS. de S* Germ. fol. 05. K* ool. 8, et V* col. I. C'est la traductioa du vers latin : Palleat omnis amans ; hic est color aptus amauti. Que rœil compare deux beautés dont Tune soit plus vive, plus animée que Tautre, celle qui le sera moins^ paroilra devenir pâle. Il semble qu'on ait désigné Teffet de cette comparaison, lorsqu'on a dit : « Je fais doubte que la beaulté de vostre Dame « ne vous apallisse en la veue de la mienne qui « toutes passe. » (Percef. Vol. V, fol. 21, V» col. 2.) On sait que la pâleur est un effet ordinaire de ces émotions de rame qui fontreduer le sang avec pré- cipitation vers le cœur. De là, le verbe apalir aura signifié rémotion excitée dans Tâme d*un Chevalier amoureux, par la beauté d*une femme qui dans un Lai où elle le compare au cèdre, dit que le cèdre en fut apaly. « Elle te compare là au cèdre qui est Tung « des plus haulx arbres du monde ; et par ce cèdre « qui de sa beaulté fut appaly^ elle veult dire que « quant tu veiz sa beaulté, tu en fuz moult esmer- « veillé. . (Percef. Vol. III, fol. 36, Vcol. 1.) Il paroit que ce même verbe signifloit la pâleur d'un ennemi mort ou consterné , lorsqu'on disoil par métonymie, le camp fut appaly. « Tant fis que « le camp fut appaly pour avoir la veue munde : « c'est-à-dire que quant les trois Chevaliers te ap- « pellèrent de la jouste, tu les feiz trébuscher par « terre, afin qu'ils ne te donnassent empeschement « à regarder sa beaulté. » (Percef. ubi supra,) L'idée particulière du changement de couleur signifié par le verbe pâlir ou apalir, étant généra- lisée, on disoit qu'une fleur etoit apalie ^ qu'une feuille apa/issot^ etc. lorsqu'en se mnant, en se flétrissant, elle changeoit de couleur. (Voy. Frois- sart, Poës. Mss. p. 26, col. 2. — Eust. Desch. Poës. Nss. p. 202, col. 4, etc.) Peut-être aussi que ce verbe signifloit se faner, se flétrir, comme il a signifié languir, s'affoiblir, parce que la pâleur est un signe de foiblesse et de langueur. Un peu de mal ou ftèvre aguê Qui de legier te santé mue , Et fait ton visage pâlir Et tes membres si apâlir Qu'a peines te peus-tu aidier. D. Carpeotier. Suppl. GIom. lat. de Da C«nge. m mot Apalui. VARIANTES * APALIR. Eust. Desch. Poës. MSS. p. 202, col. 4. - Rom. du Riche honmie et du Ladre, MS. etc. Apallir. Percef. Vol. V, fol. 21, V» col. 2. Appaur. Dîid. Vol. III, fol. 36, V* col. 1. - Du BeUai, Mém. T. VI, p. 304. Enpalir. Ovide, de Arte, MS. de S< Germ. fol. 95, R« col. 3. Pâlir. Orth. suhsist. - Id. ibid. fol. 96, R« coL 3. - Rom. du Riche honmie et du Ladre, MS. etc. Apan, subst. masc. Empan. On observe qu'apa/i et empan sont des variations de Torthographe espan. (Voy. Espan.) « Courtelas long de deux bras- « ses (4) et large d'un grand apan. » (D. Florès de Grèce, fol. 157, R-.) Apapelardir, verbe. Faire Vhypocrite. Significa- tion analogue à celle de notre ancien mot papelard. James Viapapelardirai ; Mais û des papelars dirai. Hkt. de S** Lëocade, HS. de S. Germ. fol. 31. R* col. 8. A-par,i prép. Par ; moyennant, au moyen , etc. On sait que la préposition par, en latin /^er, désigne une idée de mouvement progressif, une idée de passage dans les expressions par terre, par mer, etc. En comparant un espace de temps à un espace de lieu, on a dit et Ton dit encore par un temps, par un tel jour, etc. C'est probablement en celte signi» fication qu'avec ellipse du mol temps, on disoit que deux choses se faisoient à-per-mesmes ou à-per^ mismes, lorsqu'elles se passoient dans le même temps, par le mémo temps. « A-per-mesmes ke vos « oyste ceste chose anoncier . . . par droit rendistes « grâces, etc. » (S* Bern. Serm. fr. mss. p. 112.) « Car à'per-mismes que li soels (2) fut brisiez , si « vint à'per-mêmes après ti amers departemenz (3) « et li triste discorde. » (Id. ibid. p. 137.) « Li mes- « saige célestiien se hastent, et à-per-mlsmes qu'ils « virent la misère des hom ... si ploreivent amei- « rement. » (Id. ibid. p. 376.) Dans tout espace de temps, il existe un milieu par lequel les choses succèdent plus ou moins immédiatement les unes aux autres. De là, ces expressions au-par-mé, à-par-main, en latin per mediumy per medianum tempus , prises dans le sens où nous dirions tandis, tout de suite, bientôt^ dans peu de temps, etc. Le peuple de Normandie dit encore moyennant que, pour tandis que. « Le « Mareschal . . . jettera le gand au milieu des lices. « Alors part à pied, ou monte à cheval qui voudra ; « car en gages de querelle, se il n'est emprins, face « chascun le mieux qu'il pourra : et au-par-mé que « les combateurs feront, les Conseilleurs d'honneur « sailliront hors de la prochaine lisse voir comment « la chose se passera. » (Ord. de Philippe-le-Bel sur les Duels. — Voy. Du Cange , Gloss. lat. au mot Duellum.) Une preuve que l'origine et la significa- tion de mé sont les mêmes que celles de mi dans parmi, en latin per médium , c'est qu'au féminin on disoit mée, en latin média. De medianum , ce gui est au milieu, s'est formé par contraction l'ad- jectif moyen, qu'anciennement on écrivoit meien^ meiUy main. Ne fust por ma chose haster Por aler au marchié demain, Tu le compraisses à^par-main. Comparaisse, fet Anieuse ? (1) Mesure de longueur qu'on prend de Textrémité du pouce à ceUe du petit doigt, quand la main est ouverte le plut possible. Ce mot, d'origine germanique, vient de spannen. (n. b.) - (2) Scel, sceau. - (3) Division. AP Par moQ chief, jn vons en di beau ; Qiunt vous votez, si commeuciei. Fabl. US. do A. o- TilS, (ol. (9, V col. 1. Amon m'oDt si par tôt le cors sain, Que à-par-main iert ma joie Snie, Sa vos n'avés pitié da vostra atni. ld.T.n,p.M7. Peut-être la préposition par a'a-t-elle marqué les causes et les moyens par lesquels on agit, que parce qu'agir, c'est en quelque manière passer des moyens ou des causes aux effets. Le moyen étoit exprimé par l'adjecUf mi, lorsqu'on disoit parmi un subside, parmi payant, etc. Il n' étoit que désigné, lorsque Ïour signifier à peu de chose près, à peu près , on isoit à-par-un-pou, et simplement par pou : façons de parler dans lesquelles l'acception de;>ar, à-par, semble être analogue à celle de parmi, c'est-à-dire, moyennant, au moyen. (Voy. Parmi.) Ainsi l'expres- sion à-par-un-pou signifleroit: 1* moyennant quel- ques personnes de plus: < Hoult de Evesques et de ■ Prélats, el à-par-un-peu tous les Barons , etc. » {Cbron. fr, de G. de Nangis, us. an. 1190.) 2° Moyen- nant quelque chose de plus: ■ A-par-uurpou avoil ■ toute Normandie acquise, fors Bouen. » (Tbid. an. 1204.) 3° Moyennant quelque temps de plus : ■ Autant de temps àrpar^npou avoit-elle esté « tenue des nostres, comme elle avoit esté tenue ■ des Sarazins. > (Ibid. an. 1187.} Lorsque les moyens et la puissance, la faculté cfagir et de produire un effet en général , étoienl propres à un Etre et dans sa nature, on disoit qu'il agissoit àrparsoi, par soi, dans le sens où l'on dit soi-même, de soi, de soi-même. (Voy. Par.) ■ Je ■ Touldroye que Lyonnel . . . fust apporté ca-sus , « s'il ne poToit à-parsoy venir. » (Lanc. du Lac, T. n, fol. 130, R- col. 2.) En agissant à-par-soi ou par-sot, en latin per se, on agit seul et pour ainsi dire à part. On soupçonne donc que cette idée particulière étant généralisée, l'expression à-par-soi aura signifié tout seul, sépa- rément; et que la signification depar étant deve- nue la même que celte du substantif part, on aura substitué le substantif à la préposition, laquelle étant précédée de l'a, paroissoit elle-même être un substantif. • Pour ce mesme effait vous pouvez ■ pareillement user de l'orpigment tout à-part-soy, • et du poivre aussy sans orpigment. » (Fouilloux, Fauconnerie, fol. 49.) « Tous ensamble et chacun - à-par-soi, elc. . (Beanm. Coût, de Beauvoisis, p. 2.) En toni temps lait boa couchier à-par-aou. SvH. DHdi. P(wi. Iris. p. 171, al. f. Telle pourroit être l'ancienne origine de notre expression àpart, à-part-soi. Quoi qu'il en soit, là préposition à étant supprimée, par soi signifioit en particulier, seulement, séparément. [Voyez Appar et Par ci-après.) VAHIAMTES : AP A-PART. Le JonTencel, HS. p. 60O. - Fmiillomt, Faucon- nerie, roi. 49 R>. - Du Bellaj. M«in. L. VII, fol. <9S, R- etc. "- rr. MSr " *- — Aparageor, subst. masc. Qui tient en parage. On observera que dans les principes de 1 ancien Droit féodal, lorsque des puînés ne dévoient pas à leur aine l'hommage de la portion héréditaire d'un fief partagé entre eux suivant les Coutumes, l'atné et les puinés étoient pairs es parties de ce même fief; ils étoient égaux en noblesse féodale. De là, le mot aparageor qui désignoit et les parageaux , les puinés tenansen parage de leur aîné, tileparageur ou l'atné sous l'hommage duquel ils étoient garan- tis en parage. • Nus bons qui tient en parage , ne < fet aide à son aparageor, se il ne le fel au Chief- ' seigneur; et se aucuns est qui silaparageorsqui . tiennent de lui en parage. il ne lor puet terme • mettre hors du parage. ■> (Ord. T. 1, p. 139.) ■ Se ■ li Vavasor avoient aparageors qu'il deussent met- . tre en l'aide, il leur doit mettre jor que il auront . \ors aparageors ; et li Vavassor doit dire as autre» • aparageors que eus viegnent à tel jour voir Ifere « l'aide, ■ [Tbid. p. 138. — Voy. Pabageau, Pahageh, PAtiAGErR ci-après.) Aparager, verbe. Comparer, égaler. Doter. marier. On ne croit point que le partage d'un fief héréditaire entre un aîné et ses puînés, ait été nommé parafe, par la seule raison qu'ils étoient pairs en lignage. Il n'y auroit donc eu nulle dis- tinction réelle à faire entre le parage et le frérage, dans les cas où le {rérage étoit aussi le partage coutumier qu'un frère aîné et ses puJnés, pairs en lignage, faisoient d'un fief dont l'hommage étoit indivisible. On sait pourtant qu'ils diiTéroient; mais la différence consiste en ce que les puînés tenant en frérage, faisoient à l'alné un hommage dont les puînés tenans en parage, étoienl affranchis. L'af- franchissement de cet hommage semble donc cons- tituer essentiellement le parofre qu'on peut définir égalité de noblesse féodale. (Voyez Aparageor d- dessus et Parage ci-après.) 11 est possible que cette idée particulière d'égalité qui n'exisloit jamais qu'entre Nobles de même lignage, étant généralisée, le moiparage aitsignifié noblesse, parenté, etc. égalité entres nobles, entre parens ; égalité entre personnes de même mérite, de même état, de même fortune. De là, on aura dit s'aparager ou s'emparager, pour s'égaler, aller de pair avec la noblesse , en s'alliant on en vivant noblement. . . . Tant se veulent enhuicier irquf fikl tout (\) à leur pi >tm i.éa\ u parage. «lE,T.Xu.n.R-coi. ( Ouant li hom poasède moiaoB, Qu'il est aul. S. . On i'aparageoit eo se comparant i) un homme de mérite, en croyant aller de pair avec lui et l'égaler. Dont Ajax à moi s'oporage. (hiï.. US. Voj. Boni, Dlcl. En terme de Coutumes, apparagev suffi$amment ou deuemeni une fille , Vemparager noblement , c'étoit égaler, proportionner la dot d'une flUe ù son état, la doler et marier à une personne qui lui étoit paire et noble comme elle. (Du Cange, Gloss. lat. T. V, col. 157. — Laurière, Gloss. du Dr. fr. — Cot- grave, Dict.) < Le Seigneur noble peut doubler ses • devoirs sur ses boromes . . . pour le mariage de • saillie aisnée, emparagée noblement. » (Coût. d'Anjou, Coût. gén. T. II, p. 72.) En général, OTTipo- rager ou emparager une fille , c'étoit la marier à un homme égal à elle par la naissance, l'état et la fortune. (Oudin et Hooet, Dict.) TABUKTES : APARAGER. Borel, Dict. - Dict. de Trévoux. Amparaoeb. Honet, Dict. âPAKAGiER. Fabl. MS. du R. n' 7615, T. I, fol. 78, R" col. 1. Aparaiger. EuBt. DeEch. Poës. MSS. p. 396, col. 3. APPAflAGER. Cotgrave, Dict. — LaurJére, Gloss. du Dr. tt. Emparager. Coui. gén. T. II, p. 72. Emparagieh. Ane. Poët. lir. MSS. ovant 1300, T. IV, p. 1315. Apareill, subit, masc. Préparatif, viandes, tables, etc. Préparatit, engins, armes, etc. Préparatif, diarrue, paire de bœufs, etc. 11 est probable que le verbe appareiller a signirié en général préparer, dans un sens analogue a celui de comparer, égaler; et que par la même analogie, le substantif appareil signiQoit : 1* les préparatifs d'un repas, d'un festin, comme les viandes, les tables.etc. ■ Moult fut grande • la feste au chastel, quant les Cbevaliers furent ■ desarmés; car ilz estoient assis à l'entour de - l'appareil. • (Percef. Vol. IV, fol. 43, R* col. i. — Rob. Estienne et Nicot, Dict.) 3° Les préparatifs d'un triomphe, d'un arc de triomphe. •■ Uog haubert, ung hault appareil asseré, • une hascfae. . . et ainsi de tout appareil requis à ■ un arc triumphal ou trophée. ■ (Rabelais, T. II, p. 223. — Rob. Eslienne et Hicot, Dict.) 3* Les préparatifs d'une guerre, d'un assaut, d'un combat, engins, armes, etc. > Quant li Empereres ■ Challes sot que il faisoit tel apareil, il manda ses • Barons, etc. ■ (Chron. S" Denys, Rec. des Hist. de Fr. T. V, p. 273.) « Feit commencer à faire plusieurs < apparaux pour iceui: prendre el subjuguer, mais > quand les assiégez apperceurent lesdits a^ipuraux, - AP < ils commencèrent à parlementer. • (Honstreletr Vol. 1, fol. 253.) ■ Le haut appareil étoit une armure > completle, l'armure de toutes pièces de l'homme ■ d'armes, avec la grande pièces ou plastron. ■ [Voy. Hicot, Dieu — Rabelais, T. U, page 244. — S" Julien, Mesl. hist. p. 442, etc.) 4° Les préparatifs pour le labourage, une charrue, une paire de bœufs, etc. > Chacun des supplians < ayans son appareil ou charrue de beufs poor ■ labourer.. . et quant furent chacun en son appareil ■ pour ilec labourer, etc. » (Lett. de grâce, an. 1466. — Voy. D. Carpentier, Sup. Gloss. lat. de Du Gange, au moi Apparamenta, col. 242.) On pourroit aussi rapporter la signification d'op- pareil, charrue attelée d'une paire de bœufs, à cefle de notre verbe appareiller, joindre à une chose une autre chose qui lui soit pareille. En termes d'Architecture, appareiller signifie ea- core préparer la pierre, les matériaux pour la cons- truction d'une maison, d'un édifice; proportionner la mesure, la forme de ces matériaux à la place où ils doiventétre posés. On a dit dans un sens analogue: Géométrie est ars bien autentiques De mesurer et de (aire ajiparaulx. Pour maisonner, forgier choses antiques, Compasser tours, églises et chaaieaubc. Euil. Dnch. Pmb, USS. p. 3U. col. I. 11 semble même qu'on ait désigné par le mot appareil, cette justesse de proportion dans l'assem- blage des matériaux, et l'effet qui en résulte pour la beauté d'un édifice, lorsqu'on a dit : On faisoit celte sainte abbaye Qui en BUS la montagne est hautement dreasie Do tr^-grand appareil, nar merveilleuse estude, etc. Ser. da Rouuilloa, US. p. IT7. L'orthographe apparot est sans doute une altéra- tion à'apparoi. (Ibid. Variantes du Ms.de la Catb«d. de Sens. — VoyezAPABoi.) Enfin l'acception particulière dans laquelle on prend encore aujourd'hui le pluriel apparaux, n'est pas moins relative que les autres à l'acception générale d'appareil, préparatif. (Voyez Apabeilleneht ci-dessous.) VAHIANTES : APAREILL. Ch. S' Denys, Rec. des H. de Fr. T. V, p. 273. Apparaulx (plur.). Eust. Desch. Poëa. MSS. p. 3Ù, coL 1. Apparaux (plur.). Monsirelet, Vol. I, fol 253, H«. Appareil. Orth. subsist. - Percef. VoLIV, P43, R°coL1, etc. - Rob Estienne, Niccil et Monet, bict. Apparou.. Ger. de Roussillon, US. p. 177. Aparelllé, participe ynasc. et fém. Préparé, disposé; préparée, disposée. Les significations du participe apareillé, quelque multipliées qu'elles puissent être, sont toutes analogues à celles du verbe apareiller. On se bornera donc ici à une remarque sur l'espèce de formule que le roi d'An- gleterre, Edouard I", et Jean I", duc de Bretagne, ont employée dans l'inscription de lettres écrites aa roi de France. C'étoit peut-être comme vassaux qu'ils se disoient apareillés à son service (1), à son amour et bonnour, M toa i u commencenent dR son livre, «t d'une ktlie datée de 1315, i LUKiB A . • n son bon signour Looys, fils don roy de France, par la grâce de Dieu roy de ; Brie conte pslazin, Jebans, sires de Jomville, ses sénéchaux de Cnampaigne, salut et a onxMvii/U. 1 M. d* Wailly tradait: et ton servicv di^aoti. (n. k.) ÎAP ^:8 - AP plaisir, etc. « A très-haut Prince et Seignor Pbilipe... « Rey de France , Edward. . . Rei de Engleterre, « Seignor de Irelaunde, Duc de Guyene, saluz ; e se « aparaillé à son plesir. » (Rymer, T. I, part, ii, p. 168; tit. de 1278.) * A son très-hault Seigneur « Louis... Roy de France, Jehan Duc de Bretaigne, « salus; et sott (1) appareillé à son service en toute « chose. » (D. Morice, preuv. de THist. de Bretagne, T. 1, col. 998; tit. de 4265.) Ce môme duc de Bretagne et Jean son fils aîné qui épousa Béatrix fille de Henri III roi d'Angle- terre, devinrent les vassaux de ce Prince, par la restitution qu'il leur fit du Comté de Ricbemont, à la charge de Thommage et' du service féodal. Ainsi leurs femmes Blanche et Béatrix sembleroient avoir affecté de se reconnoitre vassales du roi d'Angle- terre, lorsqu'en lui écrivant, elles se disoient apa- reilUes à faire sa volonté. « A son très-haut et « très-cher Seignor Henri... Roe d'Engleterre « Blanche, Duchesse de Bretangne, salit et révé- « rence cum à son Seignor, e soe apparellie afferre « sa volenlé en totes choses. » (Rymer, T. I. part, ii, p. 53, col. 1; tit. de 1260. — Id. ibid. p. 102, col. 2; tit. de 1265.) Il faut lire soi apparellie, etc. au lieu de foi apparente^ etc. (D. Morice, preuv. de THist. de Bretagne, T. I, col. 997.) « A très-haut Seignor e « à son très-chere pière... Henri... Roe d'Engle- « terre... Béatrice sa dévote file, feme à Monsor « Jehan de Bretaigne, salut e amor cum à son « cher Seignor, a (2) soe aparellie à fère sa volenté « en totes choses. » (Rymer, T. I, part, ii, page 71, col. 2; tit. de 1262.) . Quel qu'ait été l'usage de cette espèce de formule, soi apareillé etc. on a pu l'adopter comme une reconnoissance spéciale de vasselage. « A haut home « e noble moun Seignur le Roy d'Engleterre, Jo « Giles de Nueville, voz orbs (3), saluz e loial amour, « e aparailez à tote vos volenlé faire. » (Rymer, T. I, part. II, p. 176, col. 1 ; tit. de 1278.) « L'accepta « pour son Seigneur, en luy offrant d'estre apareillé « de faire tout ce qu'il luy seroit possible. » (Nuits de Straparole, T. 1, p. 269. — Voy. Apareiller.) VARIANTES ! APAREILLÉ. Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis, p. 478. Aparailé. Rymer, T. I, part. ii. p. 176, col. 1 ; tit. de 1278. Aparaillié. Id. ibid. p. 174. col. 1 : tit. de 1278. Apareillié. Estrubert, Fabl. MS. du R. n» 7996, p. 3. Apariliet. s* Bem. Serm. fr. MSS. p. 97. Apparill. Livres des Machabées, MB. des Cordel. fol. 173. APAREILLIE Prov. du Vilain, MS. de S» Germ. fol. 75, V». Aparellie. Rynaer, T. I, part, ii, p. 71, col. 2 ; tit. de 1262. Apparkillie. nom. de la Rose, vers 3804. Apparellie. Rymer, T. I, part, ii, p. 102; tit. de 1265. Apparillie. s* Bem. Serm. fr. MSs. p. 376. Apareillement, subst. m. Action de préparer, S réparation, préparatif. G*estdansun sens analogue celui d'apareiller, préparer, qu'on a dit : « Long « appareillement de bataille fait victoire avoir. » (Le Chev" de la Tour, instruction à ses filles, f" 78.) On emploie les choses^ les moyens convenables pour se préparer à ce qu'on veut, à ce qu'on doit faire. De là, le mot apareillement a signifié, !• pré- paratif, chose convenable pour une noce : « Par ceu « mismes pues-tu awertement aparzoivre ke si soit « li apparillement des noces. » (S* Bem. Serm. fr. MSS. p. 239.) 2** Préparatif au combat dans les vers suivans : Son bon cheval a demandé. Or verrai, dist-il, qui vendra, Et or verrai qui me suivra. Ne fist autre appareillement. Rom. de Roa. IIS. p. 229. 3* Préparatif, chose convenable pour l'ajustement, la parure d'une femme : Si ai tôt V apareillement Dont feme lait forniement. Fàbl. MS. de S* Genn, fol. 48, V* col. 8. 4* Préparatif, chose convenable au dessein de plaire. C est l'amour qui parle dans ces vers : Nus bom n'ert jà de ma mesnie Qui ne soit plains de eortoisie. Ce sont li appareillement Desquels j'appareille ma gent. Fabl. MS. duR. n* 7948. fol. 362. R* col. 2. Qu'il suffise d'avoir indiqué le développement des idées particulières qui peuvent avoir éle comprises dans l'idée générale A^ apareillement, apareil prépa- ratif. (Voy. Apareill et Apareiller.) VARIANTES ' APAREILLEMENT. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 281, V». Aparillement. s» Bem. Serm. fr. MSS. p. 32. Apparaillement. Liv. des Machabées, MS. des C. ^ 168. Appareillement. Rom. de Rou, MS. p. 229. — Fabl. MS. du R. no 7218, fol. 362. Rocol. 2. - Cotgrave, Dict. Apparillement. S* Bem. Serm. MSS. p. 31, etc. Apareiller, verbe. Etre pareil, être égal, être semblable. Comparer, égaler, rendre pareil, rendre semblable, peindre. Réparer, raccommoder, panser. Préparer, accommoder, parer, ajuster, habiller, armer, disposer. On croit que Tadjectif latin pan/is, en françois pareil, comparable, égal, semblable, est l'origine du verbe apariller, apareiller, dans la signification de ressembler, être pareil. ... De serur et de moillier Ne puet amours apareiller... Car en Tun n'a fors seul nature ; N'i a point d'autre conjointure. L'autre est nature et si est lois, etc. Athb, MS. fol. 23, V* col. 1 ; Var. du MS. du Roi. C'est l'unique preuve qu'on ait de la signification neutre du verbe apareiller. Dans le ms. en marge duquel sont les variantes du ms. du Boi, on lit : .... De serur et de moillier Ne peut nuns hons apparillier, etc. Alors il signifie comparer, faire comparaison, égaler ; il étoit actif en ce sens et plus souvent réciproque. Lors te viendra à remembrance Et sa façon et sa semblance A qui nuUuy ne B'appareille. Rom. de U Rom, Tert 2458-2400. Encore i a autre merveille A oui nulle ne a'apareille Fabl. MS. du R. n* 7015, T. H, fol. 148. V coU 1. 1) Corr. soi. - (2) Corr. e, et. - (3) On croit qu*ll faut lire durs, abréviation de Chivalers, Chevalier. AP — 8 — AP Qos de girofle, lis et rose Où toute doucor se repose. A YOiis, Dame, ne s'aparaiJle, TtiA. Ui. du R. n* 7318, fol. ii7, V ool. i. Quelque yariées que soient les acceptions de ce ferbe, il seroit possible que toutes ne fussent que des modiflca tiens de racception générale apareiller^ comparer, égaler, rendre semblable. La peinture ayant ordinairement pour objet la ressemblance, il paroit assez naturel qu*apareiller ait signifié peindre. Geste chievre que ci véez. Pour combien vous la me peindrez 7... Amis, trois firancs de tes aeniers M*en donras, et Je volentiers La te paindré, et bien et bel... Li mafstres la chievre apareiUe Inde, jaune, vert et vermeiUe, etc. Bstnib. Fabl. MS. dn R. b* 7996, p. 4. On réalise cette ressemblance avec les couleurs, le vernis, etc. De là, on aura dit : A un huis est arestez Où ot peint un viez cruceflz Et apareillié de vernis. Ettrnbert. fàbl. MS. da R. o* 7996, p. 3. En réparant une vieille chose, une* chose usée, en la raccommodant, on lui donne une forme pareille, une forme semblable à celle qu'elle avoit étant neuve; on la rend d'une utilité égale. C*est Srobablement ce que signifioit le verbe apareiller ans le sens de réparer, raccommoder. « Les Chaussetiers... n'auront pour la façon d'une paire de chausses à homme que six deniers, et à femmes et enfans quatre deniers, et non plus. Ceux qui les appareillent^ ne prendront pour mettre un avant-pied en une chausse, que deux deniers. > (Ord. T. II, p. 372.) « Bourreliers n'auront, ne prendront aune selle de limons que douze sols de la meilleure,... du collier de limons, garni de brasseures, d'astellets, douze sols et pren- dront i'appareiller aucunes des choses dessus dites, etc. » (Ibid. p. 37. — Voy. Rapareiller.) Cette analogie étant reconnue, l'on voit comment es significations particulières des verbes par esquels on exprime diverses façons de réparer les choses, potirroient être rapportées à la signification Générale à'apareiller. Par exemple, panser un lessé, lui mettre un appareil, c'est employer les médicamens propres à le rétablir dans un état pareil à celui où il étoit avant sa blessure. « Ordonna faire appareiller les blécez. » (Saintré, page 603.) Confortez-vous d'autre manière : Faites vos mors mètre en Utière, Et vos navrez apparillier, Athif. MS. fol. 5f, R* col. i. On conçoit une espèce de comparaison, d'égalité, de proportion, de convenance nécessaire entre les choses qu'on prépare et l'objet pour lequel elles sont préparées ; entre un besoin et le moyen par lequel on en prépare la satisfaction; entre la' réso- lution, le projet ae faire une chose, et les moyens J^ar lesquels on s'y prépare; entre la volonté et la acuité d'agir, etc. U est donc possible que par une u. même analogie d'idées^ le verbe apareiller ait signifié préparer la voile à recevoir le vent, prépa- rer un vaisseau à faire voiles : Et ses Barons et ses Parens S'aparlièrent isneUement. Lors nez ont tost appareillies. Rom. de Rrut, MS. fol. 70, R* eol. i. Préparer une somme d'argent pour le prix d'une chose, et la payer en deniers complans : « Acheta « le Roy d'Angleterre^ le Connestablede France et le « Comte de Tancarville, de Monseigneur Thomas « de Rolande et de ses compaignons, et en paya « vingt mille Nobles tous appareillés. > (Froissart, Vol. I, page 445.) Préparer des viandes, les accommoder, en pro- portionner la qualité et la quantité au besoin et au goût des convives; préparer un festin ; préparer à manger, etc. « En ces festivalz iors... apparillier « les délicieuses viandes, etc. » (S* Bern. Serm. flr. Mss. p. 24. — Voy. Rob. Eslienne et Nicot, Dict.) S'U faut aparlier à maneier. Eust. Descb. Poes. MSS. p. 500. col. 4. L*an aparoille le maingier, Et cil n*an flst onques dangier. Fàbl. MS. du R. n* 7615. T. U. fol 149. V col. 3. Préparer, accommoder un hôtel, pour recevoir convenablement la personne qui doit l'occuper : L'ostel apparechier et prendre U ilh voioit primes descendre, etc. Les vr Filles le Roy. MS. de Turin, fol. 39. R* col. 2. Préparer la réception d'une personne, la recevoir avec les égards convenables, en la faisant servir par des Écuyers, etc. « Quant ilz furent emmy la « Court, ilz furent appareille::, de deux Escuyers « qui misrent jus la Damoiselle, et tindrent aux « Chevaliers leurs estriers, etc. » (Percef. Vol. I, fol. 35, R« col. 2.) Préparer les choses dont on a besoin pour se vétlr, se coucher, etc. « Por-kâi apparailles-ln ta « vesture par si grant cuvise ? » (S* Bernard, Serm. fr. mss. p. 24.) « Ses gensnelui avoientriens « appareillé, comme de robbes, lit, cousche, ne « autre bien. » (Joinville, p. 79.) Préparer à une personne le moyen de paroitre ce qu'elle est, lui préparer le moyen de plaire, la parer, rajuster d'une manière convenable : « Faistw • vostre fil apareiller comme fil d'Emperour. » (Rom. de Dolopathos, ms. du R. n* 7534, fol. 294.) La Dame sa fille apareille; Moult fut gente, clère et vermeiUe. Fors la maine ; U Quens l'a prise Par la main et lez lui assise. Moult U fu sa biauté loée, etc. Fabl. MS. du R. n* 7615. T. H. fol. ili. V* ool. 1. Le sens ironique dans lequel nous employons les verbes s'ajuster, s'accommoder, en parlant d'un homme qui s'est incommodé par un excès de vin, étoit quelquefois celui du verbe apareiller. « Des vins avoyent-ilz assez à foison ; mais ils estoyent si chaux et si fors que... ceux... qui grand'foison d'eaue au boire n7 mettoient, s'en trouvoient tellement appareillés qu'ils ne se pouvoyent aider au matin. » (Froissart, Yol. III, p. 204.) On conclura d'après notre observation sur l'ori- AP -^ !• — AP fine de VâcoeptioD générale du verbe aparelUer^ ^apareiller, préparer, se préparer, qu'il pouvo^ avQir la signiflcalion de tout verbe par lequel oa désigne un moyen de se préparer a une cbose. « En toutes besongnes, avant que Ten les com- « menoe, on se doH appareiller... àgrant diligence « /et à grant délibération. > S*il falloit s'habiller, s'isrmer, etc. le verbe s'aparetU^rsignifj oit s'aroiisr^ s'babiller, etc. (Yoy. âpabeill et ApàB9UX£me»t.) « i^mmanda Jonatbas as suens que il veillassent, c ^ estre apparill por combattre. > (livres des Mfîcbabées, ms. des Gordel. fol. 173. — Voy. Nicot, Dict.) « Quand il eut un petit reposé sur son lict, « il se leva et appareilla; et quand ilfutagj^ar^ttl^', c li manda en sa (Cambre» etc. > (Frpiçsvti Yoi. m,page200.) Lors te fauldra appareiller, Vestir, chausser et atoumer, etc. Rom. de ia Rom, Tws «SS «11534. Enfin, être apareillé^ préparé à une chose, y être disposé, c'est avoir de l'inclination à faire cette chose, en avoir la volonté et la faculté dans une proportion qui la rende possible ou naturelle. « Aparilliez est mes cuers... as aversitez, aparilliez « as propéritez ; aparilliez est as humles choses ; « aparilliez est à haltesce ; aparilliez est à tôt ceu « ke tu me comanderas. « (S* Bernard, Serm. fr. Mss.p. 296.) « Je suis... dattres(i).... àjustiseet à « v^iteit cui vos véez estre si aparillie por faire « veniance. (S' Bernard, Serm. fr. mss. p. 376.) « U fil Adam estoient molt aparilliet à non^greit- « sacbance (2). » (Id. ibid. p. 11.) Se rire jalousie engaigne, EUe est mouH fière et moult estrangne Et de teucer appareillie, etc. Rom. de la Rom, Ton I80S-3804. On terminera cet article, en observant que les significations d'apareiller, et d'aparier étoient quel- quefois les mêmes. (Voy. Aparier d-dessous.) C0NJU6. Aparaut (s'), subj. prés. Qu'il se prépare. (Fabl. MS. du R. n- 7615, T. i; fol. 102, V col. 1.) Apareltj subj. prés. Qu'il prépare. (Fabl. iis.de S^Germ. fol. 37, R-col. 2.) Apparailletj ind. prés. Il prépare. (S'Bern. 8. F.) Apparillieretf ind. imp. Préparoit. (Id. ibid.) VARIAliTES : APAREILLER. Rom. de Dolopathos, fol. SM. - Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 112. - Fabl. MS. du R. n» 7615, T. II, ^ 1«, V* col. 1. - Glém. Marot, p. 408, etc. Aparailler. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 217, V«> iÇOl. 1. - Rymer, T. I, part, u, p. 168, coL 2 ; tit. de 1278. ApÀRELLER. Vie du monde, MS. de N. D. n* 2, fol. 14, V« ool. 1. - Fabl. MS. du R. no 7615, T. I, fol. 113, Ro ool. 1. iPARUJJSi^. Athis, MS. fol. 65, R« col. 1. Aparillier. s» Bern. Serm. fr. MSS. page 296. - Rom. de Mlopatbos, MS. du R. n* 7534, fol. 294, V^col. 1. Aparubr. Rom. de Brut, MS. fo). 70, R*. - Gloss.Bur les GttU. de Beauvcisis, p. 478. - Euat Desch. Poës. MSS. p. 500. AfAmiLLiui. S» Bern. Senn. fr. MSS. p. 24. - Ane. Poêt. fr. J^. avant 1300, T. I, p. 104. - FabL MS. du R. n» 7615, T. n; toi- ^^, V» col. 2. Apparaillrr. St Bern. Serm. fr. MSS. p. U et 94. Apparechier. Les iv filles le Roy, US. de Taria, fol. 39. APPAREILLER. Orth. substflt. - Rom. de la Rose, vers 2533. — Gloss. sur les Coût, de Basuvoisis. — JoinvHic, p. 79. — Ord. T. II, page 371. * Ffoissart, Vol. III, page 200. - Rdl>. Estieone, Nicot et Monet, Diot. ool. t. • Ord. T. i, p. 814. Apparillikr. 3* 3am. Serm. fr. MSS. p. 24. ^ AXhisL K9. fol 23, y cql. 1. '^ '»**^'^ Apperieiluer. Beaumaaoir. Coût, de Beauvofsis, p. tfi. Apperiller. Britton, des Loix d'Angleterre^ fol. 60« v*. Aparenter, verbe. Avoir pour parent. Traiter de parent, cousiner, recoûnoilre pour parent. Traiter comme parent, accueillir, oUiger, aider, secourir, soutenir, fortifier. On devienne parent de ceux à qui on s'allie; on les a pour parens. De là, l'acception du verbe réciproque s'apparenter, qui subsisLe. Hais on ne dit plus en parlant d^ person- nes à qui on s'allie, à qui on est allié, qu'on lei apparente. (Monet, Dict.) La signification du verbe apparenter, traiter de parent, cousiner,recoonoitre pour parent, est plus ancienne dans notre langue. Povres parens nus vi'aparente. Fabl. MS. dv R. n* ISIf , T. 1, CbI. 78. R* ooU f . Tant ai de sa manière aprise dès piéça, C'oume de lascheté jà n*aparentera. Buenon de Commargbks, IIS. de GeisuA, fol. 198, V* coL i. On lit que Henri IV « éloit fort respectueux « envers ses prochains.... n'y ayant Prince ni Gen* « tilbomme de quelque loin qui lui pût apparleair, « qu'il n'apparentât. » (Mém. de Sully, T. XII, p. 130.) Après sa mort, la politique de Marie de Médicis dédaigna le cousinage. « Pour faire anéan- « tir toutes les civilitez, familiaritez et courtoisies « de tout temps pratiquées au royaume, le Roi son « fils, ni ses autres enfans n*aparentoient en < saluant qui que ce soitdans le royaume intro- « duisant de plus en plus un tel mépris des Gentils- « hommes d'illustre extraction, et une si grande « indifTérence ientr'eux et toutes sortes de gens de « néant qui avoient accès à la faveur, qu'ils vivoient « comme pairs et compagnons ensemble. » (Ibid. p^ge 98.) Ge verbe aparenter n*est pas moins ancien dan$ le sens de traiter, accueillir comme parent, en oUi- géant, aidant, etc. Peutrôtre même a-tril dans lo Sremier vers qu'on a cité, la même signification qad ans les vers suivans : Fox est qui aparente Ne parent ne parente De quoi U ait vUtance. Mais loinz de lui le mete, N'onques ne U promette Chose où il ait fiance. Pror.da Vikia, MS. deS. Oera. fol. 74, V ooL S. 11 est naturel de s*aider entre parens ; c'étoit une espèce de loi dans les principes da système féodal et de la chevalerie. On se fortifioit donc en s'appa^ rentantt en s'alliant à une famille nombreuse et puissante, à une famille dont on avoit droit d'enté» rer-Taide^ le secours dans une entrefirise^ un» (i) Débiteur, redsTaUe. - (Q Ingratitiide. AP — M — AP gierrei ime qoerèlte. Cette idée partiealière def se- dooTs étant gciiéiW9ée,r.on aura dit, par extension, i|a*!ifi ennemi étoit mai apparenté^ lorsqu'il n'étoit psrsen force, en nombre suffisant pour soutenir un siège, un combat, etc. « Les Espaignols de la Ceri- t gnolle, congnoissans que trop mal apparentez < festoient pour attendre le siège aes François, etc. » (T. d* Anton, Annal, de Louis XIT, an. 1502, p. 41.) < Tonsjonrs estoient en picque, et là où tes Francofs c tes trouTOient mal apparentez, très-mauvaise i compaignée leur faisoient, et eulx de môme aux € Firançois. » (Id. îbid. an. 1506-1507, p. f«8. — f oy. Ehpaimter et Parewter ci-après.) VARIANTES : APARENTER. Mém. de SuUt, T. XII, page 9d. Apparanter. Monet, Dict. Apparenter. J. d'Auton, Annal, de Louis Xn, an. 1503. — pagea 17, 41, etc. -* Mém. de SuUy, T. I, page 94. Aparlage, subst. maso. Apanage. Dot. On adou- cit la rigueur nécessaire des Lois qui proscrivent réalité si naturelle entre frères et sœurs dans le droit de succéder à leur père, en pourvoyant à la subsistance de ceux qu'elles excluent ; en égalant, en proportionnant à l'état qu'ils doivent avoir dans la société, les fonds en terre ou en argent, qui leur tiennent lieu de partage et de patrimoine. C'est relativement à cette idée de proportion, d'égalité, qa'apariage a signifié la même chose qu'apanage, ^oy. Appanage ci-dessous.) « Jà soit ce que nous « sachions certainement... que... le Seigneur de « Beaujeu et ses prédécesseurs Seigneurs dudit « lieu, aient tousjours tenu et doivent tenir en foy < et hommage de nous et de noz prédécesseurs Roys « de France, à cause de la Gorone de France, toute c la terre et baronie de Beaujeu et aussi eux et « leurs dictes terrez et baronie... et subgès de leur 4 dicte terre et baronie aient ressorti et doient de « tout temps ressortir à nous et à nos prédeces* « seurs ne que ladicte foy, hommage et ressort « aient esté, ne puissent ou aoïent estre séparés en « tout ne en partie,... soit à cause de partaige, il paroissoit bien naturel de favori9é)r Tamour, ce principe général de leurs vertus guerriè- res et sociales. On le voyoit souvent naître à table et s'exalter avec celte gaieté franche et honnête qu'ins- Eiroit à chaque Chevalier le plaisir « d'avoir une ame à son escuelle et de lui être aparié, » c'es^à- dire uni pour manger avec elle et la servir. « Beaulz « Seigneurs, aura ch'ascun une mienne niepce à « son escuelle à ce soupper... car c'est la pastufe « et l'embrasement, etc. » (Percef. Vol. 1, fol. 145, Y"* col. 2.) « Sire, disi la damoiselle,.... ores vous « séez plus près de moy, si me livrerez ce qu'il me « faudra... et la Royne d'Esoosse sera près de vous, « et le Roy après, qui la servira à son vouloir, et « Lysone près de luy, mais le Tors sera à sa dextre < qui la servira ; si serons appariez,... Regarde* le (1) Peu. - (S) Mésestimer, mépriser. - (3) Femme ; en latin muîier, - (4) Ridkmllsô. - (5) Fait «melblie, est ifliklélè. AP « Roy Alexandre, il ne laiiroit pas une miette de ■ pain devant la Damotsellle avec qui il mangue. ■ {Ibid. fol. 122, V col. 1 et 2.) En particularisani l'acception générale du verbe aparier, joindre le pair au pair, joindre le maie k la femelle, les unir, les accoupler, on dit encore que les pigeons, les lourterellea, les perdrix s'apparient. Plus anciennement ce verbe, le même qu'apairer, désignoit l'accouplement de toute espèce d'oiseaux. (Voy. Apparutjon et Appabiement ci-dessous.) « Au • tempsquelesoiseauxsontenamourets'apjiarfent ■ pour faire génération. ■ (Nicot, DicL) Qiunt lî beax Esté repaire, Qu'arbre Boni flori, Que cbiticun oiseaux l'aptUre Por U temps joli, etc. Aw. PoO. b. 1I3S. nuit 1300, T. I, p. HS. H y a une telle analogie entre les verbes apareiller et aparier, qu'on a pu dire : ■ Quand la tourterelle • a perdu sa compagne, elle ne s'appareille jamais « avec une autre. ■ (Dict. de Trévoux.) On ajoutera que l'un et l'autre ont signifié rendre pareil, égaler, comparer. (Voy. Nicot et Monet, Dict.) Si l'en remoastra une autre père; Et U Chapelaina les apére. Si les truèva quarrés et drois. Fibi. us. da n. n' ma, ai. m, v ai. t. La douceur attrayante d'une femme l'a fait com- parer à l'abeille. Trop bien tous puis appâter, sans meadire, k la mouzho qui porte mial et cire : Le miel est doulz et le sire k lui tira. G. Hadum, MS. fol. m, R- col. 1. Encore aujourd'hui, apparier et appareiller signi- . fient joindre à une chose, une autre chose qui lui soit pareille. [Voy. Apareiller ci-dessus.) APARIER. Miserere du Recl. de HoUens, HS. de G. toi. 213. Apajueh. Ane. Poëa. tt. HS. du VaUc. n* USQ, fol. 162, R°. - Froissart, Poës. MSS. p. 134, col. S. àPEKER. Fnbl. MS. du R. n' 7218, fol. 235, V col. 2. Appahbr. g. Mavhaut, HS. fol. 197, R» col. 1. Apparier. Percef. Vol. 1, fol. lîî, V» col. 1, Aparlr, verbe. Accoupler. Satisfaire, contenter également. Le premier sens est le même que celui du verbe aparier, s'aparier, accoupler, s'accoupler. Les oyseaulx, au printemps de may, S'appurUtenl et font leurglaV. BhM. DMdu %it. USS. f. 4TI, col. t. Si le verbe aparir au second sens n'est pas une altération d'orthographe du verbe apaer, apaier, contenter, satisfaire, on peut dire que dans un sens analogue k celui d'aparier, égaler, il a signiHé sa- tisfaire, contenter également, lorsqu'en parlant de l'acceptation d'une trêve, on a dit : Donnée en fu la aeurté ; Sk que ambee-deux les parties S'en tinrent très bien apariei, CUaiHiUi, US. il aëguk, M. 1, V (al, I. VARIANTES : APARIR. Oéomadës. US. de Gaimat, fol. S, V coL S. Apparih. Eust. Desch. Poëa. MS». p. 4TT, coL 4. !- AP A,parlement, subst. ma$c. Pourparler, paroles, etc. Signitlcations analogues à celles du mot simple parlement, en latin coUoquium , eloquium. (Pseau- tier, Ns. du R. n" 7837, fol. 175. — Voy. Pablemest.) Aparier, verbe. Parler, Anciennement, aparier une personne, s'aparier à elle, V aparier d'une chose, c'étoil lui parler, lui transmettre ses sentimens, ses idées par l'organe de la voix, (Voy. Aparoler ci- dessous.) « il Vaparlerent de faire pais. » (Chron. d'Outremer, us. de Berne, n" 1 13, fol. 130, V* col. 3.) • Auquel Mareschat le suppliant s'apparia et lui ■ dist, etc. > (D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Arrationare; lit. de 1451.) .... Tult cil de sa contrée L'aiment et plus (1er s'en font ; Ne jai n'en iert apairlée ; Jai tant hardi ne seront. Cbuu. ft. NS. im Vwut. v HS. (wt. u. M. 9, R- . . . . Feist bien as povres, et bel les aparloit. Doeliiad, MS. da S- G*ca. U>\. 101, K- aal. I. Quand ne vons plaît ke je aoia eacoutés. Trop Bui de vous cruatmaat apartia. Ane. PbïI. tt. MS. aiMt IttM, T. m. p. IIO». Les messagiers a honnorés Et testiÉs et aparli». CUantUa, MS. da (Mgiul, M. 60, V col. I. On dit aujourd'hui parier à une personne ; mais X'aparler est plus rapide. Lorsque le rapport indiqué par la préposition initiale et inséparable i'aparler, etoit vague et incertain, ce verbe paroissoit être neutre et ne rien signifier de plus que notre verbe simple parler. Se plus i Ol, plus n'en dirai ) Car d'autre cnoao avarierai. CLéomiKU*. MS. da Gaigiul, fol. 63. V col. 1. Ains de tel Iraifson n'oj aparier nus. I BartanETwpiéi, US. daGvfUil, fol, lU.V-col. 1. VARIANTES : APARLER. Ane. Poët. fr. MSS. avant 1300, T. I, p. 423. - Cléemadès, MS. de Gugnat, toi. S2. — Enfance d'Olivier le D. US. de Gaignat, fol. 86. - Le Jour. HS. p. 235, etc. Apairlbr. Chane. fr. US. de Berne, d« 389, pért. II, fol. 41. Aparllbr, Apparlkr. D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Arrationare. A-par-maln, exprès, adverb. Tout de suite, bientôt, dans peu de temps, etc. En latin, per mC' dianum{l);supfi\.tempus.{yoy. A-par et Au-par-h£.) variantes: A-PAR-HAIN. Fabl. HS. du R. n*7318, foL 40, V^col. 9. A-PER-MAIN. Ane. Poët. fr. MSS. «vant 1300, T. IV, p. 1340. A-par-mesiues, express, adverb. Dans le même temps. VARIANTES : A-PAR-HESMES. S< Bem. Serm. tr. MSS. p. 178, passim. A-PER-MEUBS. Id. ibid. p. 186. A.pBp-MisHBs. Id. ibid. p. 381. Aparol, subst. masc. Prëparatif. Parure ou ap- Sarence. Paroi, porte, fenêtre, etc. Il semble que ans un seos analogue !i celui du verbe apareiller^ ajuster, préparer eo général , ou a dit que les pen- 1, les plui noDs, les plumes ajustées aux cdtés d'une nèclïe pour la diriger en l'air, en font les apparais. 1) On plntAt per manè; do aitme d D Mt da mani. M?llS.de3.Giinii.I Il convint abatre les apparoiz • de U) chambre où se tenoit le Roy ; et estoit tel le • vent que oiiquesn'y oza demeurer en celle cbam- ■ bre personne, de paeur que le vent ne le gectasl ■ en mer. » (Joinville, p. H3, — Voyez ArABKiLL.) Quelles que soient en cet endroit l'origine et l'ac- ception d'aparoi, il signifie paroi, muraille, dans les passages suivans. < Getta le voirre contre le mur « ou apparoy de la maison. • (D. Carpentier, Sup. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Paries; — Lett. de grâce, an 1454.) ■ Se tenoit musse... contre le • torchis ou apparoy de son hostel. » [Id. ibid. Lett. de grâce, an 1468. — Voy. Apparb ci-dessoua.) TAHrABTES : APAROI. Hist. de Ff. à la suite du Ram. de Fauvel, HS. du B. n' 6812, fol. ff7, V col. 3. Appahoi. Flraine et Tyabé, MS. de 5' Germ. fol. 98, R* tiÀ. i. — JoinTîUe, p. 113. Apparot (corr. Apparoi.) Gsr. de RouasilloOt US. p. 177. Afparot. D. CarpenUer. S. G. lat, de Du C. au mot Parie». Aparoler, verbe. Parler. C'est le verbe simple paroler qui, précédé de l'à, préposition initiale et inséparable , acquéroit une signification active . «orame aparler contraclion A'aparoler. (V. Aparler.) Quant li Prostrés entent et ot C'on diat de lui ilel parole. Doucement Aloul aparole. Pihl. MS. du R. n- 7318, fol. IM, R- ad. t. Cortoîs set bien, s'on l'aparole, Rendre raison ue quanqu'il ot ; j De dira un vilain mot. Db dMun Odm, HS. da TorlD, rot. 14, If lul. 1. A-par-soi, express.adv. Tout seul, séparément, à part. On croit avoir suffisamment expliqué ailleurs comment l'expression àrparsoi, àrpart-soy, ou. par- Ki, en latin per se, c'est-à-dire soi-même, de soi, de soi-même, aura signifié tout seul, à part, sépa- rément. (Voy. A-pAR ci-dessus, et Afpar ci-dessous.) VABIANTfS : A-FAR-SOI. Beanmanoir, Coût, de Beauvoisls, p. 3. A-PAit-BOT. Eust. Desch. Poês. HSS. p. 371, coL 1, etc. i-pART-soY. FoniUoiu, Fauconnerie, foL W, R*. AP Apartenance, tubst. fém. Appartenance. Pro- priété. Parenté. On observe que la signification a'appartenance est plus générale que celle i'appen- dance, puisque appendre n'est qu'un moyen parti- culier par lequel une chose tient à une autre. L'idée particulière d'appendance étant donc com- prise dans l'idée générale d'appartenance, il est possible que ces deux mots réunis n'aient signifié rien de plus que le mot seul appartenance. • Nus ■ avons rendu à nosti;e cher le Duc de Bretagne... ■ la cunté de Richemund ave totes les apurtenan- - ces... lequel cunté ove lesquèlea apurtenances, ■ les auncestres meimesceluy Duc autreflts tindrent, « etc. • (D. Morice, Preuv. ae l'Hist. de Eret. T. I, col. 1013 ; fit. de 1268.) On décomposoit en quelque façon, l'idée générale A'appartenance, lorsquon disoit : ■ Laquelle maison dessusdite, si comme elle < se comporte , o toutes ses appartenances et • appendances, te devant dit Jehan Arrode, etc. ■ (Hist. de la ville de Paris,!. Ifl, p. 297; tit.de 1302.) > Que nostre hostel , tout ainsi comme il se com- ■ porte en long et en large, en toutes ses parties < haut et bas, avec tous les jardins, appartenances • et appendances d'icelui quelconques, etc. > (Ibid. p. 483 ; tit. de 1364.) Si l'on eût fait réflexion que Vappendance est une espèce d'appartenance, et que par cette raison appartenances signifie, dans le premier de ces trois titres, tout ce que dans les autres peut signifier apparfefianCËJ et appemfances, on auroit senti l'inutilité de réunir deux termes dont l'un signiHe en particulier ce que l'autre signi- fie en général. Peut-être aussi les a-t-on employés comme termes synonymes r Au moins est-il certain que l'idée particulière d'appartenir à une chose ea y appendant, étant généralisée, l'acception d'appen/- dances peut avoir été la même que celle d'appen- ditiœ , qui dans un titre latin équivaut seul aux term^ réua\s pertinentiœ et appendUiœ, en fran- çois appartenances et appendances. > Domum < nostram...unàcumsuisap;7en mes, terres labourables, prez, bois, cens, rentes, ■ coutumes, droitures, péages, etc. Les appendances ■ sont au contraire tout ce qui a été nouvellement ■ attaché à la seigneurie, tant en domaine qu'en • mouvances. * (Brussel, Usage des Fiefs, T. 1, p. 17.) Quand cette distinction seroit vraie, relati- vement k quelques titres, à quelijues coutumes où ces deux mots auraient une signification ausâi / différente, où appartenance désigneroit des objets évidemment distincts de ceux que désignerait appendance, elle deviendrait fausse, en devenant générale. Les lois Anglo-Normandes, qui sont nos anciennes lois, distinguent à la vérité ■ les choses • r^ardanls des <^03es ^piwndsnts à manor, ft ÂP — 14 - AP terres, etc. > (Voy. Tenures de Littletan, fol. 41.) OQ n*en conclura pas que, selon ces mêmes lois, < tout ce qui entre dans la constitution pri- ^ mondiale du fief, le regarde ; que tout ce qui a été • attaché à une lerre, depuis son érection en fief, « en dépend. > (Yoy. Hoûard, anc. Loix des Fran- £îs, T. I, p. 261.) Ce seroitdire que la distinction s choses regardants et des choses appendants n'est autre que celle qu*on a peat^tre imaginée entre appartenances et appendances ; et ce seroit M méprendre. • Les choses regardants al manor, ou al ferres • et tenements, ne sont point tout ce que Brussel é nomme appartenances, puisque nul chose est « nosmé regardant à un manor, etc. fors que • villeine. » (Voy. Tenures de Littleton, fol. 4! .) Ce mot regardantne désigne donc que le villain, et le désigne comme un serf que l'impossibilité de 8'éloigner de la terre à laquelle il est attaché, force & tenir ses regards tournés vers un maître qui veut être obéi au premier signal. D'ailleurs, lorsqu'on lit, (id. ibid.) que « certeines auters choses, come « aavowson, common de pasture, etc. sont nosmés « appendants al manor, etc. > on voit que les choses appendants étant des droits honorifiques et utiles, sont des choses incorporelles, et par consé- quent de la nature de celles que Britton nomme appartenances. « Ore fait à dire de disseisines de choses nent corporelles, si come des apurte- naunces... ascuns apurtenaunces sont fraunches, si come à regard des personnes et des tenements à quex ils sont dues: enserves quant à regard des tenementz dont ilz issent En plusurs manères purra un home enserver sont tenement, si come cascun à graunter à autre que rien n'ad, 3 ne il eyt lyens droit de pescher, ou de laver, ou e carier, et par autres servages que purrount estre sauns nombre, solonc ceo que ilz sount simples ou compountz de autres apurtenaunces : car il y ad apurtenaunces, et si ad apurtenaunces des apurtenaunces. » (Britton, des Loix d'Angle- terre, fol. 139.) Ainsi la distinction des choses regar- dants et des choses appendants, par laquelle on ne peut justifier celle d'appartenances et i'appendan- ces, est une nouvelle preuve que ces deux mots employés indifféremment ont eu même signification, soit qu'on la restreignit aux choses incorporelles, soit qu'on retendit aux corporelles. Ces mêmes choses étant vues relativement aux E^rsonnes à qui elles appartiennent comme leur en propre, le mot appartenance, qui ne subsiste plus qu'au premier sens, signifioit propriété. (Voy Rob. Estienne, Nicot et Monet, Dict.) En supposant â-vec les Etymologisles latins, que propè soit l'ori- gine de proprium, supposition d'autant plus vrai- semblable que par une façon de voir très-naturelle, Bien ne nous est plus proche que ce qui nous est Îropre, ridée de propriété seroit analogue à celle e proximité et même à celle d'appartenance, puis- qu'entre les choses et les personnes appartenantes les unes aux autres, il y a nécessairement une proximité réelle ou idéale. • Quoi qu'il en soit, le mot appartenance, comme terme collectif des personnes a qui l'on tient par la proximité du sang, signifloiC parenté. (Nicot, Dict.) Moult en fu graat le plear en France Da ceniiS de tevst apartenance. 6. Giiart, U9. ÛÀ. 91, V. VAWAIfTES : APARTENANCE. G. Gulart, »S. fol. 37, V< Aportenauncb. Rjmer. T. I, pari, it, p. 109, eol. 1. Appurtenange. Id. ibia. Apurtenange. Id. ibid. p. iU, col. i. — lirtefl des Rois, MS. des Cordel. fol. 85, R« col. 1. Apurtbnaunce. Britton, des Loix d'An|^eterre,l(il. 139, R«. Apurtenaunse. Rf mer, T. I, part, ii, p. 109, col. 1. Apartenanf, participe. Qui appartient comme mari et femme, comme parent, ami, serviteur, etc. Les hommes que rapprochent diverses relatioiis physiques ou morales, tiennent les uns aux autres par ces relations. De là, on a dit, 1** en parlant d'an mari et d'une femme, qu'ils étoient apartenants: Cil Rois bastars, Guillaumes ki ne fn couars,... Funda S* Estievene à Kaan ; Et sa feme, par karité, I funda Sainte Trinité. Mehaus (1) ot non : et pour itant Qu'il estoient apartenarU, Fist li Dus ces deux abeSes, Ki seront à tousjors siervies, Par le conseil de TApostole Qni leur commanda par estole, Pour cou que Mehaus, ki Tavoit Auques priés, 11 apartenoit. Ph. Moaskes. MSv r- ^^ et 460. 2* En parlant de personnes entre lesquelles il y avoit relation de parenté, qu'elles éioieni aparté- nantes. « Celui qui le (lé a et tient, estoit apartenant « à celui de par qui le fié est escbeu. > (Assis, de Jérus. chap. glxv, p. il 5.) Cil ert amis Buenon et ses apartenann. BucnoD de Comnoarchics, MS. de Gaignat, fol. 193, R* col. 1. Li Dux Fagons fu Chevaliers vaillans... Armes ot bleues, si ot d'or trois croissans ; Tes armes ot II Quens Hues dou Mans ; Mais que labiaus de gueules biens seans Y ot ; car Funs ert l'autre apartenans. Enfance d*0;ier le Danois, MS. de Gaigoai, fol iOl. V* col. 2. Enfin, quelle que fût l'espèce de relation par laquelle un homme tenoit à un autre, comme rela- tion d'amitié, de services, etc. on disoit qu'il lui étoit apartenant. « Hieu (2) ocist tuz ces ki aparté- « nant furent à Achab en Jesrael, les mielz vaillanz, « e ses privez, e ses pruveires. » (Livres des Rois, MS. des Cordel. fol. 134, V col. 2.) Ne m*ont leissië soror, ne Arere, Ami, parent, ne apertinant. Hodl. delt gdeiretfo Troyes, MS. Voy. Du Gaa^e. (ïloss. lat. T. V. col. M. VARIANTS * APARTENANT. Anc. Poët. fr. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1371 . Apartenans. Enfance d'Ogier le Dauois, mS. de Gaignat, fol. ICI, V<» col. 2. Apertemext. (Cor. Ap'irtenant.y Athis, MS. foL 85, R». i) Uaikecuidiê se traimTomie au raoyen^âge en M^iHeu, lîahaut, etc.; if^éelt te â»M Maih^Uk. (ir. <.) «-^ (I) /elra. ttmaHtm. Bon. di U cmem de Ti»rn, JIS- ^'Vofet Sn Cum, Gloa«. Ut. T. V, ««l. M6. iFunmUNT. Unes des BoU, MB. des Cûrd«L fol. 13(. Apartenir, vn^e. Etre attenant, être proche. Approcher, ftre comparable. Il semble qo on ait dfl au préfflier sens : ■ Mesons qui appartenoient • 6 ladite église.... et une oiesoa asise à porte • Gamaut. • (HiaL eénéal. de la M. de Cbastillon, pr. p. 61 ; tit. de lz73.) « Le cemetiere de celle ■ église et la mesou quijijiarïiËB/ au preabitoière.' (Dira. p. 63; tit. de 1274.) On disoit, en pariant de personnes ou de choses qui n*étoient pas compara- oies, qui n'approchaient point l'une de l'autre, qu'elles ne ponvoient s'appartenir. Kvi m si puet à vons appartenir. Sut. Dwtb. Psâ. Jias. r. tfSw «11- 4. Fleor ne se pent i AieiUfi apporUnir. ïi.SM.p.iaa,PiL%. Nulle joie ne «"ojwriùnt Au coer fai bonne amour maintient. riU. M. 4« B. 0* 16», T. n. M. m, B-ml. I. Les autres significations du verbe appartenir, aussi anciennes que notre langue, n'oal point varié. Etre parent de quelqu'un, lui être proche, c'est encore lui appartenir. ■ Nous vodnons que vos < eussiés bien et hooor, por ce que vous m aperie- • nés de si près, etc. > (^is. de Jérus. chap. cccv, p. 306. — Ibid. chap. clxv, p. 115.) Enfin, plus on y réfléchit, plus on se persuade qu'entre les idées t' appartenance et de proximité, le rapport est le même que celui de la cause à f effet ; que tout ce qui est propre, relatif, convenable aux personnes ou aux choses, a été vu comme étant proche d'elles, . lorsqu'on a dit: • Donauz . . . ceu qu'à unchascun • apartenivet; à Deu l'onor et-à l'orne la pitiet. > (S' Bern. Serm. fr. usa. p. 385.) > A Père aparlignet • k'il anzois ait pitiet k iror. > (Id. ibid. p. 157 et 118.) ■ Mainte gent . . . oyent la parole de Deu assi • cum à ois n'en apartignet de niant c«u c'un dist. > Od. ibid. p. 272.) Jurent ces choses à tenir tant < corne a cbescun apertendra, etc. • (Rymer, T. I, part n, p. 46, tit. de 1259.) • Quand il fera aucunes • choses là où il appartendra hardiement , que il 4 le facbe sagement. > (Beaumanoir, Coût. deBeau- voiais, p. 8. — Voy. Apartenance ci-dessus.) GONJDG. Apartenist, subi. imp. Appartint. ^Cléomadès.) Apartenivet, ind. imp. Appartenoit. (S' Bern. S.) Apartent, ind. prés. Appartient. (Hist. généal. de tt N. de ChasUUon, pr. p. 61 ; tit. de 1268.) Apartiénent, ind. pr&. Appartiennent. (S' Bem.) Apartignfint, ind. prés. Appartiennent, lld. ibid.) Apartignet, indic. prés. Appartient. (Id. ibid. p. 157.) Subi. prés. Qn il appartienne. (Id. ibid.) Apartigntens, subi. prés. Quenousappartenidju, aa.iwd. p. H9.) Apertendra, iai. futur. Appartiendra. (Rymer.) Àppartenâra, ind. f. Appartiendra. rBeaumaaoïr.) É^partenUt, sobj. imp. ApparUuU (Ord. T. 1.) Aj^iartinm, iod. futur. IpparttMidn. (Ilnd.) A? VAMA^TC5 : IFPABTIHIB. S> Bern. Serm. fr.KSS. p. 107. - Aeste. d» ims. chap cIiXt, p. 115, etc. ÀPEBTENiB. Auia. <1« Jéms. chap. cccv, p. 900. APPARTBian. Hist. sënêfll. de la u. de Chastillon, pr.p. U ; tit. de 1X73 ; — Rob. Estienne, Nîcot et Uonet. Dict. Appertenik. Modtu et Bacio, HS. loi. 7, R: ~ Babelala, BBC- Pralog. T. IV, p. 17, note 33. Ai'UBTËMiR. Britlon, des Loix d'An^elerr^ taï, 139, V°. Apartir, verbe. Partager, donner part. Partir, se s^arer. Le rapport da l'action signifiée par un verbe neutre, comme parier, paroler, etc. étant désigoé par la préposition initiale et inséparable Oy dont le sens est relatif k la préposition latine ad, on disoit aparUr une personne, Yaparoler, etc. ' Donner à quelqu'un part k une chose, la partager avec lui, c étoit l'y apartir, comme Charles T apar- tit à xet cendres le 'Connétable du Guesclin avec lequel il partagea sa sépulture, en le faisant entw- rer à Saint-Denys, auprès du tocnbeau qu'il s'étoit fait préparer. « La mort empeschée de trouver ■ successeur à tant de vaillances, luy fit mériter le > plus honorable prix que sceptre donnasï jamais ■ a sujet; le jeune Charles à la teste du convoy, « couvert de ses lauriers, suyvrc son corps, et pour > tiltre solemnel des obligations qu'il avoit a sa • loyauté Vappartir à ses cendres. ■ (Hist. de B. da Guesclin, purHénard; épit. à la NoM. Fr.) On sattr qu'à la mort de Turenne, Louis le Grand imita Charles le Sage. Il semble qu'au second sens du verbe aparitr, l'a initial soit de même signification que ab, préposi- tion latine que souvent en francois on rend par de. Ainsi l'expression apartir son cœur, signîfieroit ae départir, se séparer de son cœur, dans ces vers où le Poêle dit qu'une pareille départie ou séparation lui seroit plus chère qu'une vie sans amour. . . . HJB en amour mon vivre ay D'une volenté ai trèe-vraie. Sue jA, ponj' nul mal que yen traye, e pour nul bien, n'eo partiray ; Plus chier mon cuer ofxirfii-aji. Et quant mes cuers enpartiroit, Hélas 1 li Us, quel part troitf Certes U le laudroit partir, Se de lui se véoit partir. G. H*Aiirt. PoH. HSS. fol. «, R- col. 1 VARIANTES : APABTIR. G. Hscbaut, Poës. HSS. fol. », R« col. 2. Arf ARTUt. Hist. de B. dv Guesclin, psr MénanL Apas, subst. masc. Pas, Mouvement progressif qui se fait en étendant, en avançant une jambe oa un pied devant l'autre. De là, on aura nommé paa, apat, l'espace parcouru et mesuré par ce mouve- raent. (Voy. Pas ci-après.) . . . . Ud petit en sus aUl, BnTÎron x ou xi apa». On gardoit sans doute une certaine proportiwi relative à la mesure de ce mouvement, en posant des pierres d'espace en espace, pour faôlitar le passage d'an fb^, d'un mauvais chemia; et o«' piarres ainsi disposées s'appeloieat j)i«rm aappttf oa tiraplMMat appa$. ■ On publie par chacun an AP -16-. AP € les bancqi J j ir.ars, afin que chacun ait nettoyer « les rivières et cours d'eaux, réédificr les chaus- « sées et chemin, chacun à l'encontreson héritage.... « à faute de quoy faire ... les deffaillans succom- « bent en amende, sçavoir pour les cours d'eaues « qui se trouveront au devant d'une pièce de terre, « de cinq gros ; et pour les pierres d'appas^ de trois « gros. » (Coût, de Richebourg S* Vaast, au nouv. Coût. gén. T. I, p. 450.) « L'on ne peut faire fouir « en manière quelconque sur les chemins, ny don- « ner empeschement au cours des eaux .... sinon « pour la réparation dès chemins et remettre les « pierres et appas en lieu et place ordinaire. > (Ibid. p. 450.) Il est vraisemblable que c'est par la même raison de proportion, (\\x*apas a signifié pas, degré. On a dit figurément, en exhortant une jeune (personne à monter au dernier degré de la perfec- tion : §u*eUe monte au septime apas^ t que de la ne parle pas. FroisMurt. PoCs. MSS. p. 43, col. % VARIANTES I APAS. Froissart, Poês. MSS. p. 34, col. i, etc. Appas. Nouv. Coût. gén. T. 1, p. 450, col. 2. r Apasser, verbe. Passer. La préposition initiale dans apas et apasser, semble relative au lieu où Ton est et au lieu où Ton passe. Tuit cU de la cité s^amassent ; Vers Tost le Roy le pont apassent roe cnaleneier. Pour leur contre f: Guiart, MS. fol. 81, V*. Apatissement, subst. inasc. Contribution. Les citoyens dont la vie et la propriété sont à la discré- tion de l'Ennemi, n'obtiennent souvent qu'avec peine, la liberté de vivre misérables, en s'obligeant Sar des pactes, à payer des contributions ruineuses. e là , le mot apatissement dont l'origine est la même que celle d'appacHs (1), a signifié contribution. « Prendrons tribuz et appatissemens sur nos adver- « saires le plus que nous pouvrons ; et sur ceulx « de nostre party, ferons aucune cueillette la moin- « dre et la plus douce que nous pouvrons. » (Le Jouvencel, ms. p. 78. — Voy. Apatissure ci-dessous.) VARIANTES l apatissement. Le Jouvencel, impr. fol. 31, R». Appatissement. Ibid. MS. p. 78. Apatissure, subst, fém. Pacte qui fixe une contiûbution. Cette définition du moi apatissure, en indique l'étymologie. « Tannéguy, bastard de Cois- menet, autrement dit le Borgne apatissa la Villeneuve S. George ; ains la ville et tout le i>ays entièrement . . . Après lequelles apatissures àiz et après les deniers par luy receus, non contant de ce, bouta les feux tant en ladite ville, etc. » (Preuv. sur le meurtre du Duc de Bourgogne, p. 308 et 309. — Voy. Apatissement ci- dessus et Appactis ci-dessous.) Apatrlé, participe. Qui a un pays pour patrie. On observera que le mot patrie ne se trouve point dans le dictionnaire de Robert Estienne , imprimé en 1539; que lors de la publication du dictionnaire de Nicot, en 1606 , patrie étoit francisée du latin patria, qu'on disoit pays de naissance. Ce n'est donc qu'au xvir siècle que l'usage du mot patrie prévalant sur celui de pavs, est devenu aussi com- mun qu'il étoit rare dans le xvr siècle. Joachim du Bellay, disoit indifféremment pays ou patrie. (Voy. Hlust. delaLang. Fr. fol. 1. — Id. ibid. fol. 6.) Mais on le blâmoit d'affecter l'usage d'un mot « obliquement entré et venu en France nouvelle- « ment, et dont les anciens Poètes et Prosateurs « françois n'avoient voulu user, craignant l'escor- « chérie du latin. » (Voy. Quintil. Censeur, p. 191. — Ménage, Observ. sur la Lang. fr. p. 408.) Quoi- que le mot patrie fût alors peu usité, il n'étoit pas nouveau, puisque Jean Chartier (Hist. de Charles VII, p. 147) s'en étoit servi longtemps avant Joachim du Bellay, et que le participe apatrié, formé de patrie, se trouve dans le livre du Jouvencel , dont l'auteur étoit contemporain de Jean Chartier, histo- rien du XV* siècle. « Il faut faire chose qui soit au « bien du Royaulme et y pourveoir. Vous y avez « tous vos pères, vos mères, vos parens, et le lieu « de vostre nativité ; vous y estes apatriez naturel- « lement. » (Le Jouvencel, ms. p. 442. — Voy. Patrie.) Apaut, subst. maso. Espèce de tenement. Espèce de droit seigneurial et domanial. Ferme de ces mêmes droits. Dans les constitutions canoniques et synodales de l'église de Nicosie, la signification dapaltus et d^appaltum est la même que celle i'apautj dans les Assises de Jérusalem. Quelques Etymologistes croient que ces mots appaltum et apaltus, en françois apaut, sont des altérations du comiposé appactum, pacte. (Voy. Du Cange, Gloss. lat. T. I, col. 541. — D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Cange, T. I, col. 241. — Ménage, Orig. de la Ling. Ital. p. 53 et 54.) Il est vrai que dans ces mêmes constitutions on lit une fois appactis pour appaltis et apaltïbus. Mais quelle raison d'é- crire une seule fois appactum et d'altérer un mot qu'on suppose être le véritable, en l'écrivant plu- sieurs fois appaltum et apaltus? (Voyez Labbe, Concil. T. XI, col. 2412. - Id. ibid. col. 2395,2399, 2417 et 2436.) Peut-être seroit-il plus raisonnable de ne voir dans l'orthographe appactMWi que l'alté- ration d'un mot propre au langage d'une nation avec laquelle les Croisades nous avoient mis en relation d'intérêts politiques et de commerce. Il est possible que les Italiens doivent à des relations semblables avec la même Nation, les mots appalto, appaltatarCy appaltone, etc. Quant au françois apaut, la conjecture qu'on hasarde, paroit d'autant plus vraisemblable qu'on ne trouve ce mol que ' (1) On lit dans Froissart, tome 3, cap. iOl, page 976, édition 1560: c Encore avex vous bien oui conter GeofGroi Teste-Noire Breton mi le tenoit à la garmson et fort chatel de Ventadour en Limosin. Ce Geolfroi ne s*en fut jamais parti pour nul avoir. Car u tém^t ledit cbaiel de Ventadour comme sien et son propre héritage, et avoit mis tout le pays a certains f^ctiê^ et parmi toutes ces pactions touttes gens labouroient en paix dessous lui et ttemeuroient. t (n. b.) AP, dans les Assises de Jérusalem, où il semble désigner une espèce de lenement de la nature du caseau, en laiîa catale, un lenement sujet & la taille ser\'e ou franche, à une redevance aroitraire ou convention- nelle, soit en argent, soit en grains. • Alors, de- < meurer dans la terre d'un Seigneur par apaut ou ' sodées, Bignilleroit être à la solde, aux gages < d'un Seigneur, ou être son tenant. Se aucun vilain > s'en part, ou fuit de la terre de son Seignor et • vait en autre terre, et y demore auci com par • apaut ou sodées dou Seignor, il doit torner en la • terre de son Seignor, se il est , etc. ■ (Assis, de Jérus. chap. ccLïïTu, p. Iffi.) De là, on aura nommé apaus, les droits que les Seigneurs tiroieot de ces mêmes tenemens, par extension toute espèce de droit seigneurial et do- manial. > L'office des Enquestes sera de tout abatue, • et... tous les droictures et apaus que les Haistres < des Enquestes et autres ont mis et usé, sans • Tassent des homes. • (Assis, de Jérus. chap. ccoiv, page. 214.) La difltcullé de percevoir eu détail ces mêmes droits, obligeant à tes affermer, on en désignoit la ferme par le mot apaut, ■ Des dons, et ventes, et • eschanges, et apaus qui touchent en la haute • Court et en la segrele, lesquels ont deniers donés, • doivent recouvrer lors deniers et rendre le surplus t qu'ils auront reçu, ucuillant etc. > (Assis, de Jérus. chap. cccvui, p. 209. — Voy. Apauteob.) VARIANTES : APAUT. Assis d« Jérua. chsp. CCLXXVII, p. 185. APAt'. Ibid. chap. CCLXXXIX, p. 192. Apaiiteor, subst. masculin. Fermier de droits se^neuriaux et domaniaux. Une preuve assez vrai- semblable que Vapaut étoit une espèce de lenement de la nature du caseau, pour lequel il étoit dû certain droit que le même mot aura désigné, c'est 3ue dans les Assises de Jérusalem, la signification 'apeauteor est la même que celle d'apallatores ea$alium aut reddituum, dans les Coastilutioosde relise de Nicosie. • De tous les propres apaus dou • Roy, que l'on ne puisse estre de trop engigné el > que il sache lor value de tout le gain que les < apauteors gaigneront en cbascun apau , le Se- ■ neschal doit avoir deux caroubles franchement. ■ (Assis, de Jérus. chap. cclisux. page 192. — Voyez Apaot ci-dessus, et âpauteh ci-dessous.) Apanter, verbe. AfTermerdesdroits seigneuriaux et domaniaux. Un ne peut guère douter que la déll- nttion qu'on a donnée à'apauteor, ne soit vraie, Suisque les apauteors étoient ceux à qui les rentes u Boy éioienl apautées, c'est-à-dire afTermées. ■ Les rentes dou Hoy, quels qu'elles soient dehors ■ on dedens, quant il ou celui qui tendra son leu • vodra que elles soient apautées, il les doit co- ■ mander; et le Seneschau les doit faire crier el ■ multiplier au maus que il porra. ... De tous les ■ propres apaus dou Roy, que l'on nç puisse estre ■ ae trop eo^gné. etc. ■ (Assis, de Jérus. chap. ccLàxix,-p..lw. — Toy. AFAvnoR et Apaut.) AP APAUTER. Asaia. delénia. cbap. cclxxxix, p. 191^ Apaotrer. (corr. Apauler.) DaCanee, Gl.l.^ VI.ooLSW. Apédefte, adj. etsubst. ma»c. Ignare, ignorant. En grec dTiàiitvxoç. Les deux orthographes du mot françois sont relatives à la diverse prononciation du mot grec que les uns prononcent apaideutos, et ]fs autres apaidevtos. Rabelais, conformément à la dernière prononciation, a introduit le mot apédefte dans notre langue. ■ Par Dieu, dist Panurge à « (iaigne-beaucoup, .... menez-nous à ces Apédeftes; • car nous venons du pays des S^avans où je n'ay « guières gaigné Mais pourquoy, mon compère, « mon amy, appelle-on ces gens icy igtwrans? Par « ce, dist Gaigne-bcaucoup, qu'ils ne sont et ne ■ doibvent nullement estre clercs, et que céans par ■ leur ordonnance tout se doibt manier par igno- ■ rance,etn'ydoibtavoirrai3on,sinonqueMe3sieur8 a l'ont dict; Messieurs le veulent; Messieurs l'ont . ordonné. • (Rabelais, T. V, page 70 et 75.) En adoptant ta première façon de prononcer le mot grec, on a écrit apédeute. • Le célèbre H. Huet ■ croyoil avoir survécu aux Lettres, parce que de • son temps il se formoit une cabale d.'apédeutet, ■ de gens ignares et non lettrez. qui sentant leur ■ incapacité, et ne pouvant se résoudre à une étude ■ assidue de plusieurs années entreprenoieat • de se faire un mérite de leur incapacité, de ridi- • culiser l'érudition, et de traiter la science de ■ pédanterie. ■ [Voy. Iluetiana, p. 2 et 3.) De là, le saosi^nKii apédeutisme encore usité pour désigner l'ignorance qui vient du défaut d'instruction. (Dict. de l'Acad. fr.) TARUnTES : APÉDEFTE. Rabelais, T. V, p. 68 et suit. - Cotgr. nict. AptpBUTK. Huetlana, p. S, etc. Apelé, participe. Qui a sa peau. C'est en ce sens que pour signifier l'état glorieux du Lazare après sa mort, on a dit que son corps étoit apelé; participe formé du substantif jie/, en latin pellis. De sea deux lés Fut la pians en chaul venin trite. Tant que il fu tous Uespelés... Par-tans iert ses cors apelia, Et mis en gloire o rEspèritei Dont aura il joie parlite, Quant de sa pel icrl rempelëa. DU d* ClnrHt. M3. d> Gii(Ul, (ol. tU, V col. 3. APPELÉ. Ibid. Variante du HS. de N. D. Apert, participe. Ouvert, découvert, évident, etc. Ouvert, franc, indiscret, impudent, effronté, etc. Qui fait voir de l'expérience, de la force, de l'agilité, de l'adresse, de la valeur, etc. connu par des qua- lités naturelles et acquises. Chose évidenteetconnue. La signification propre et figurée i'apert, en lalia apertus, étoit la même que celle A'aouvert. (Voyez AorvERT ci-desBus.) Ot v*lra kK, moi et tendiu, Lm bna biM Ua «i «Mandiu, Sremiire visite à la Demoiselle que 'son père lui estinoit pour femme, s'alarma d'en être aimé Irop francbement, trop ouvertement, et rerasa de l'e-' pouser. « Elle fut (dil-il) bien aperte; car elle me • pria deux fois on trois queje ne demeurasse point « a la venir voir. • (Le Ch" de la Tour, Iiistr. a ses filles, fol. 8.1 • On ne pardonne point h une pucelle ■ qu'elle, à la premier requeste, face appert oclroy, " ne descouvre son couraige. ■ (Voy. Percef. Vol. Vt, fol. 86, V col. 2.) Il y a une espèce de franchise proscrite par la décence, h penser et faire le mal ouvertemenl, à être impudent, effronté; de sorte que le mol aperl, qui désignoit en gênerai les qualités propres a caractériser une franchise aussi aimable que l'autre est odieuse, a pu désigner hon-seulement l'indis- crétion, mais limpudeuce, l'effronlerie. (Voy. Le Cb" de la Tour, Inslr. â ses filles, fol. 13, \'' col. a.) Qu'il suffise d'avoir indiqué l'étendue de l'ac- ception figurée d'aperl ; mot dont les orlliographes aouvert et ouvert sont des alléralions aussi visibles que celles à'aspert et espert dans les passages suivans. ■ Li larrecins qui n'est pas appcrs, mes « toute vois il se prueve par présomptions, si est • de chausqui sont pris par nutten autrui meson, • (Beaumanoir, Coût, du Beayvoisis, page Itii.) • Li > aspen larrccbins est chil qui est trouvés sezis et « vestus de la chose emblée ne plus cspen lar- ■ recins ne puet esire que chi! qui est trouvés sésis • et vestus de la chose emblée. » (Id. ibid. p. 164.) Après avoir prouvé que l'orthographe fsper/étoil quelquefois une altération Sapert, évident; on re- marquera que plus souvent rorlhographe ùpert sembloit être une altération d'expert. = ^oz ancestres « ont usé de ce mot appert. . . pour expert. . . ou ■ adroit aux armes. > (Kroissart, Vol. I, annol. 3.) L'ancienne Chevalerie étant une expérience, une épreuve continuelle de force, d'agililé, d'adresse, de valeur, de bravoure et d'intrépidité, le mot aperl aura signifié fort, agile, adroit vaillanl, brave, in- trépide; acceptions peu faciles à distinguer les unes des autres. « AucunsdesSeigneursdeiacompaignie > au Duc de Bourgongne se vauldrent mettre à • deCTence. . . mais che leur valut moult peu ; car ■ tous furent prins et menez prisonniers, excepté ■ le Seigneur de Montagu qui esloit moult appert > et viste : et l'espée ou poing toute nue saillit ■ dehors les barrières. » i,J. le Fevre de S' Remy, Hiat.de Charles Vf, p. 138.) Il semble qu'on ait comparé au vol de l'oiseau, l'agilité avec laquelle un homme intrépide court à l'ennemi et le renverse, lorsqu'on a dit : Trop Dous euSEent Tait de conlraire eu Sarraain de piilc afTatre, Se ne fussent cil Dcuuoisel Qui sont auDsi appert qu'oisieL Kl». dM mia Huio. « Ten, 113. p. M8. On recommandoit àla Noblesse l'exercice delà (1) C'est ce qu'Olivier de la Uarche Aotame tetnpiettes, tour de Tiaage décoré de broderies d'or, de perles on de cbaiitettea d'or. (N. E.) — (3) Cultiva, BoiKBer. - <8> se portant bien. — Oa trouve dans la Chanson de Roland d«Ae(, qui est l'origtne du présent mot et dont rètymologle e«t peut-être le nordique heii, promesse, déair. (N. k.) At -1 Blancbes i^ns, longues et onvertes. Kax, tempbères (1) que vi apertei Apparut qu'èle ol teste blonde. Fitil. US. du R. n- 711S, fol. 180. V »l. 1. Diex 1 comme est aperie folie '. '. . CÔutiver (S), comme une image, Son cota. Certes, c'est fine rage; C'est comme une mEdionimerie. IbM.M. IS.R'cot. I. Dans les expéditions oii l'on employoit la force ■ ouverte, comme pour mener prisonniers, ou pour • aucun autre cas par lequel aucun vouloit aler en > sa justice efTorciemcnt, on s'armoit de haubers et * des armes qui avecqueaparlicnnent;et ces armes ■ étoient nommées armes aperles. Mais loi'sque ■ pour aller dans sa justice, il fatloit passer parmi « autre justice, on devoit les porter vestues couver- ■ tement car bien sachent tuit li Seigneur qui ■ sont sougës as Barons, que ne pueent pas donner < congié que l'en voit ù armes aperles parmy les « Terres, pour che que de l'estahlissemeot le Roy > tèles chevauchiëes de foiche et de armes sont ■ défendues. • (Beaumanoir, C. de Beauv.. p. 296.] Pour nos ancêtres qu'une confiance téméraire en la Justice divine, a trop souvent rendus barbares et superstitieux, l'événement d'un duel éloit un juge- ment de Dieu qui leur découvroit la vérité, et que dans cette persuasion ils nommoienl Loy aperte. (Voy. Du Cange, (Jloss. lat. T. IV, col. 160 et 161.) L'expression adverljiale en apert, en appert, c'est- à-dire ouvertement, à découvert, évidemment, en évidence, éloit très-usitée. On lit en apart, en appart. [Ord. T. III, p. 240 et 65G.) On désignoit une personne dont l'extérieur laissoit voir à découvert une âme franche et vraie, en disant flgurémenl qu'elle avoit un visage apert, qu'elle éloit aperte; acception encore usitée du participe ouvert. (Voy. Olveut.) ■ Si avoit ung visage appert « et esveillé. • (Percef. Vol. Il, fol. lit, V° col. l.) S'encontrërcnt un Cbapelain Seur un bai palefroi ambiant, Aperl et dehsitié (3) sambLBDl. Fitil. HS. du H D-711B,fal,ï3J,R*c<>l.!. Peul-étre a-t-on dit en ce sens que Clovis éloit « moult appert et de noble contenance. • (Chron. S' Denys, fol. 9, V-.) .... Ella eat bonne et preude femme. Sage, honnesle, cointe et apperU; Et n'est ombrsge, ne couverte. G. Miehiui. HS. fol. 103, R- sol. 3. L'extrême franchise d'une âme qui pense à dé- couvert, est si naturellement indiscrète qu'on ne sait si l'on faisoit, il y a plusieurs siècles, l'éloge ou la satyre du caractère François, en disant : • Li plus « apert home sont en France. » [Voy. Ane. Poët. Fr. HSs. avant 1300, T. IV, p. 1653.) Quelquefois, ce mot apert signifioil l'indiscrète franchise d'une jeune personne trop prompte à découvrir le secret de son cŒur. Le Chevalier de la Tour étant allé faire une diasee, comme propre à former un appert homme 'formes; et l'oti dis'oit on parlant du Chasseur : Telz homs (1) communément devient Et chevaucfisnt et ^ien traTint, Bien appert et bien combsunt, Bien uskilUat bestoa terrlUea... Pourquoy i4«it le hardeoiàit. Sans cnmdre parti nullemBat : n B'accoustume A fort conrir, Et 1 granB labeurs soustenir : Toutes tête ctaoses sont reqisea Aux Nobles à qui aont commises Grans seigoeunes et grens terres Four plus TaiUances aroir ei euerres, G>« d* Il Kfu, dn Dâaîli, 113. tel. 99, V. Les qualités et les vertus qu'indiquent ces vers, étant nécessaires aux personnes destinées par leur naissance ù la profession des armes, il est probable qu'un Chevalier dont la force, l'agilité, l'adresse, la valeur et l'intrépidité avoient été éprouvées, étoit ce qu'on nommoit un apert homme d'armes. • Si ■ appela tanlost le Prince un Chevalier de son • hoslel... nommé Messîre Pierre Ernaut, du pais < de Bearn, apert homme Sarmes, et cousin au t Comte de Foix. ■ (Froissait, Vol. III, p. 7. — Honstrelet, Vol. II, fol. 66.) Hais il paroit très dou- teux que dans celle expression, appert homme d'ar- mes, le mot appert soit de môme origine qu'expert. L'un et l'autre existoient en môme temps dans notre ancienne langue. à découppler sont appers, Et en ce qu'ont aïaireeitpers. Gks ds !• Blg». du MduiU, US. M. 101, V. S'il faut en croire Le Duchat, appert en ce sens vient à'adperitus. (Voy. Rabelais, T. IV, p. 166 et 167, note 3.) C'est le même qu'apert, en latin ûpcrfwa, suivant l'opinion de Nicot, qui dit qu'apper/ a signifié expert dans l'art militaire, dans un art quelconque, ■ parce qu'à celuy qui n'ignore rien • d'aucun art, discipline et exercice, rien ne luyen « est clos, ains luy est le tout ouvert, cogneu et en • main. » (Nicol, Dict. au mol Aperlise.) Peul-ôlre auroit-il mieux raisonné sur la cause de celte acception Usorée à'appert, en latin apertus, s'il eût dit que l'aptitude acquise ou naturelle, qui se décou- vre et se fait voir dans un homme, ou dans un ani- mal, pour certains exercices, a été désignée par le mot apert, comme l'on désigne encore par le mot ouvert, raptitnde. l'ouverture de l'esprit pour cer- taines sciences. Telle pouvoit être l'originedes signi- fications à'apert, lorsqu'on disoit en partant d'un homme agile, adroit, vaillant, courageux, intrépide, qu'il étoit aperl. (Voy. Nicot et Monet, Dict.) Les coups d'un homme fort et adroit, étoienl des coups appert» ; élre apert, avofr la jambe aperte d'aller, c'étoit être agile, prompt à aller, à courir. « Com- > mcncèrentà traire, à lancer et à chacer les uns • les autres, et donner grans coups et apperts. ■ (Froissarl, Vol. 1, p. 307.) ■ Sire Damoysel.... les « chausses de fer qui vous environnent les pieds et < les jambes, vous donnent à congnoislrc que... ■■ devez avoir... la jambe... légère et apperte d'em- : batre en tous jeulx, pour soustenir justice et : droicture, -> (Percef.Voî. Il.fol. 11»,!? col. 1 etS.) Trais vaiieti qui sont bisn espars De liâvrea garder, et «ver* De tost aller, et bien enVandre A leurs lévriers tantost reprendre. G*ndiUin(», dMDédaiU, US. fol. I" "- Etre apert, avoir la main ojserM, --c'étoit élTô adroit, faire voir de l'adresse, de la dextérité, de la grâce, en faisant une chose. ■ Aussi on enala main ■ plus aperte, etc. > (Ch. de G. Phébus, ms. p. 213.) sont hardii et appert, I. pm>. lias. p.«i, Ml. t. us. Dames, bienaceries igiar soiei bien aperte», a moult prise !duR. D-T118, (Dl. Un Cheval dans lequel on découvroit une inclina- tion naturelle à regimber, éloil uncheval appert de regiber. ... Se ton cheval est d On faisoit plus souvent l'éloge des qualités que l'on découvroit dans un cheval, un chien, etc. en disant qu'il éloit apert. - Cheval appert (2), léger, et ■ bien courant , et bien tournant à la main. ■ (Froissarl, Vol. IV, p. 8:J.) . Bien noua appert Et qu'ili ont proesse el vailiai . . Et sont de grant recongnoiesance. G» d« 1> Bifog. Que bonnes personnes et apertes pour « délivrer (3), soient aux requestes de la Langue « d'oc et de la Françoise. » (Ord. T. I, p. 675.1 • Appelés à ce plusieurs Sages, connoissans ei « esperts en fait de monoyes. ■ (Ibid. p. 770.) On croit apercevoir l'origine de la formation et de la signiflcation d\i suhslaniit aperte, dans l'ellipse par laquelle le participe féminin aperte, désîguoit AP — so~ AP une chose aperte^ une chose évidente, une chose connue : guant V0U8 à cui que eoit parlés, n sus de lui si vous tenés, Qu'à lui vostre alaioe ne viegne ; Et d'une aperte vous soviegne, etc. Fabl. MS. du R. n- 7218. fol. 131. V* col. 2. Une action de valeur, une action connue, ou qui mérite de Tétre. « Les Hainuyers s'assemblèrent « pour les rebouter ; mais ils estoieni si puissans « qu'ils s'en retournèrent en leur pays sans faire « aperte qui soit à racompter, n'escrire. » (Mons- trelet, Vol. I, fol. 27. — Voy. Aperte ci-dessous.) VARIANTES I APERT. Livres des Machabées, MS. des Cordel. fol. 188 Apart. Uv. des Machabées, MS. des Cordel. fol. 188, R^. Apers (plur.) Fabl. MS. du R. n« 7218, foi. 142, V« col. 1. Appart. Ord. T. III, p. 246. Appers. Eeaumanoir, Coût, de Beauvoisis, p. 164. Appert. Marbodus, de Gemm. Art. vui, col. 1648. ASPERS. Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, p. 164. EsPERS (sing. et plur.). Id. ibid. p. 238. — Ord. T. I, p. 770. EsPERT. Beaumanoir, Coût, de Beau voi sis, p. Id2. Aperte, subst. fém. Qualité par laquelle on se fait connoitre. Action connue et par laquelle on se fait connoitre. Au premier sens, les qualités dési- Îfnées par le mot aperte, éloient l'expérience, la ôrce, l'agilité, l'adresse, la valeur, etc. (Voy. Apert.) Resaut en piez com hom plains d'aperté. Enfance d'Ogier le Daiiom, MS. do Gaiguat, fol. 100, R* col. 2. . . . D*armes est tex li mestiers Que il i convient aperte, Et de bien faire volenté. Cléomadèa. MS. de Gaigoat, fol. 62, R* eol. i. Peut-être la beauté, dans ces vers : Dame de grant apperleté, Plus que palmes bauls et parens ; Dame plus noble et plus flairans. Plus vermeille et mielx coulourée Que pomme doulce et savourée ; etc. G. Mâchant, MS. fol. 901. V ool. 3. 11 étoit naturel que ce même mot aperte désignât spécialement les faits d'armes, les exploits guerriers, dans un temps où Ton n'avoit guère d'autre moyen de se faire connoitre et de se distinguer. Li Dux Tierris^ ou poing le bran letré, Fist celui jour mainte grant apei*té : De lui ert bien, as coups ferir, monstre. Eoûtnce d*Ogier le Danois, MS. de Gaignat, fol. 104. V* col. 2. VARIANTES : APERTE. Gléomadès, MS. de Gaignat, fol. 62, R« col. i. Appertetê. g. Macbaut, MS. fol. 201, V« col. 3. Apertelety adj. Vaillant. Signification analogue ù celle du participe apert, dont on a formé le dimi- nutif aperteletj en faveur de la rime. LÀ fù li Sires de Clervaus,... Et le Seigneur de Nantoullet Qui est cointe et apertelet, G. Machaut. MS. fol. 225, V col. 3. Apertement, adverbe. Ouvertement, évidem- ment, etc. Ouvertement y fanchement. De manière à faire connoitre certaines qualités naturelles et acquises. Les significations de l'adverbe apertement sont toutes relatives à celles du participe apert. On disoit au premier sens : « Pur co véez apertement « que nient n'est arrière de ce que, etc. » (Livres des Rois, ms. des Cordel. fol. 13i, ¥• col. 2.) Diex t*a monstre, de ce n*en doutes, En celi songe espertement. Ce qu*est venu nouvellement. Geolroi de Paria, à la anita du Rom. da Faovel, MS. da R. a* 6812, fol. 52. Dans le second sens, apertement signifioit ouverte- ment, franchement. (Rob. Est., Nicot et Monet, Dict.) Enfin, agir ou se tenir de manière à faire con- noitre qu'on avoit certaines qualités, qu'on étoit expert, adroit, leste, agile, prompt, etc. c'étoit se tenir ou agir apertement, « Lors print apertement « son cheval par le frain, et saillit en la selle. » (Percef. Vol. Il, fol. 119. — Voy. Nicot, Dict.) Moult apartemcnt s'arréèrent eu qui par raison tenu ôrent D*aler à ces tabliaus lancier. CléouMMlte. MS. da Gaignat, fol. 67. V col. i . Moult irès^aperlement s'arma Gléomadès, ne détria. Ibid. fol. 38. V col. 3. Mestres, feites apertement ; Car je sui ci en grant torment... Siie, ne me puis plus haster. Etlrubert. Fabl. MS. du R. n* 7096. p. 43. Bien doit haus hom estre jolis devant la gent, Cointes et acesmans, se il est de jovent ; Et doit son cors tenir bel et apertement, Et si se puet vestir et bien et richement. Fabl. MS. du H. n* 7218. fol. 335. R* col. 2. VARIANTES * ÂPEUTEMENT. Livres des Rois, MS. des CordeL fol. 134. ÂPARTEMENT. Cléomadès, MS. de Gaignat, fol. 67. Apertemant. Monet, Dict. Appbrtrment. Rom. de la Rose, vers 22. Percef. Vol. II, fol. H9, V» col. 1. - Nicot, Dict. Espertement. Geofroi de Paris, à la suite du Rom. de Fauvel, MS. du R. n» 6812, fol. 53, V» col. 3. Apertise, subst, fém. Evidence. Franchise indiscrète. Aclion (jui découvre certaines qunlilés et les fait connoitre. Qualité qui se découvre et par laquelle on est connu. Du participe apert, évident, s'est formé le substantif apertise, dans le sens d'évidence. (Voy. Oudin, Dict.) C'est encore dans un sens relatif à celui ù'apert, ouvert, franc, etc. que le mot apertise signifioit franchise indiscrète. On craint d'être l'époux d'une Demoiselle, « pour la « trop grande apertise e4 la légiéreté et la manière « qu'il semble à veoir en elle. » (Le Gh" de la Tour, Inst. à ses filles, fol. 8. — Id. ibid. fol. 13.) En général, une action par laquelle on faisoit connoitre son expérience, sa force, son agilité, son adresse, sa valeur et autres qualités naturelles et acquises, étoit une apertise; par conséquent, un fait d'armes, un exploit militaire, étoit une apertise ou expertise d'armes. H paroit que l'orthographe expetise est une faute pour expertise qu'on substi- uoit quelquefois au mot apertise. (Voy. Apert.) Nécessite luy feist faire une moult belle apper- tisse : car quant il sentit ce , il ahert les arsons du Chevalier à deux mains;... lors se lance... par « derrière luy sur la crouppe de son cheval. » (Percef. Vol. I, fol. 143.) « Un maistre Engingneur d^appertise... issit de son échaufaut... et tout chantant sur la corde... moult fit i'appertises, tant que la légèreté de lui et de ses œuvres fut AP — 21 — AP • moult prisée. » (Froissart, Vol. IV, p. 4.) « Entre « les autres assaux en firent un qui dura un jour « tout entier. Là eut mainte grand appertise faite. » (Id. Vol. I, p. 70.) « En ce temps y eut à Bordeaux « sur Gironde une appertise cCarmes à courir « ù tout trois lances à cheval et en férir trois coups, « trois d'espée, et trois coups de dague, et trois « coups de hache. Si furent les armes faites devant, « etc. » (Id. Vol. III, p. 159.) « Furent faites de fort « belles apertises d'armes d*un costé et d'autre. » (J. Ghartier, Hist. de Charles VII, p. 14.) « Le Baron ■ de Biron n'a voit point faict tant A'expetises « (Tai^mes comme il en a fait despuis. » (Brantâme, sur les Duels, p. 103.) Telle éloit encore la signifi- cation particulière du mot apertise^ au commence- ment du xvn* siècle. « On Tapproprioit aux faits « militaires ; mais rien n'empeschoit que le mesme « mot ne se pût employer es autres arts, disciplines « et exercices. » (Voy. Nicot, Diot.) On désignoil aussi par le mot apertise ou exper- tise, les qualités qui se découvrent dans une per- sonne, et par lesquelles elle se fait connoilre, comme Texpérience, la force, Tagilité, Tadresse, la valeur, etc. « Le pont rompit sous luy ; mais par grand ap- « pertise de corps il se sauva. » (Froissart, Vol. II, p. 203. — Voyez Golgrave, Oudin, Borel, Nicot et Monet, Dict.) Montaigne se plaignoit de ce que de son temps on prodiguoit à la vaillance TOrdre de S* Michel, ancienne récompense « d'une expertise « bellique plus universelle et qui embrassast la « pluspart et les plus grandes parties d*un homme « militaire. » (Essais de Montaigne, T. II, p. 87.) YARIANTES : APERTISE. J. Cimrlier, Hist. de Charles VII, p. 14. Apertisse. Cb. S< D., Rec. des Hist. de Fr. T. lil. p. 288. Appertese. D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Apparentia^ 3; tit. de 1470. Appertise. Froissart, Vol. I, p. 70, etc. — Borel, Oudin, Nicot et Monet, Dict. Appertisse. Percef. Vol. I, fol. 143, V® col. 2. Expertise. Essais de Montaigue, T. II, page 87. — Cotgrave, et Oudin, Dict. Expetise. Brantôme, sur les Duels, p. 280. Apesant, participe. Pesant. (Voir Apeser et Apoiser.) L'ancienne acception figurée du participe apesant jéio'ûldi même que celle de pesant, onéreux, fâcheux. sur-Loire, p. 271. Apesart, subst, masc. Cauchemar. Incube. Dans le premier sens, sorte d'oppression nommée ape- sarty parce que lorsqu'elle se fait sentir durant le sommeil, il semble qu'on ait un poids, un corps qui pèse sur Testomac. (Voy. Borel, Dict.) La fable des incubes est une vieille erreur populaire qui n'a d'autre fondement que les effets de cette oppres- sion. Cependant, Guillaume de Paris, entre autres, a beaucoup parlé de ces Démons imaginaires, de ces Incubes que nos ancêtres nommoient Appesarts. Il discute- si leur prétendu commerce avec les fem- mes est réel, et s'il peut être fécond. (Voy. Mém. de TAcad. des B. Lettres, T. Xlll, p. 646 et 648. — Borel, Dict. — Dict. de Trévoux, T. III, col. 938.) VARIANTES I APESART. Borel. Dict. Appesart. Raoul de Presles, Cité 4d Dieu, liv. xv, ch. 23. Apeser, verbe. Faire peser. (Voir Apoiser.) Faire qu*une chose pèse, qu'elle ait un certain poids. Par une comparaison tirée de Taction de peser deux choses, de manière que le poids de Tune remporte sur celui de l'autre , on a dit en parlant des Clercs dont la science indigente devoit l'emporter sur l'opulente ignorance des Prélats : Pour Dieu, Seigneurs Prelatz, embracez diliffence ; Car par-lrop de maulx naissent de vostre négligence ; Ayez pitié oes Clercs et de leur indigence Car Hz savent trop bien ton povoir souspeser, Et à leurs advantai^es leurs engins apeser; Si ne peut -on povoir contre leurs sens peser. J. de Meon, Cod. Tert 645-684. Apetlsement, suhst. masc. Amoindrissement. Espèce d'impôt. La signification du substantif ^/?e- tisement^ appetissementj relative à celle du verbe apetiser, appetisser, faire plus petit, faire moindre, amoindrir, n'étoit pas moins générale. « Ne sous- « tiendront fait de quelconque Seigneur.... à Vape- « ticement de la chevance du Roy. » (Ord. T. V, p. 540. — Voy. Apetiser.) Il semble que parce que la vente du vin en détail se fait à la petite mesure dans plusieurs villes du Royaume, on ait nommé appetissement de mesure^ et tout simplement appe- tissementy une espèce d'impôt sur la vente du vin en détail. (Voy. d'Argentré. Coût, de Bretagne, page 4327, note. -^ Cotgrave, Dict. — Dict. de Trévoux.) vAniANTES : APETISEMENT. Règle de S» Benoît, chap. ii. Apeticement. Ord. T. V, p. 540. Appetissemant. Monet, Dict. Appetissement. Cotg. Oudin, Rob. Estienne etNicot^ Dict. Apetiser, verbe. Amoindrir, diminuer, abréger, accourcir, etc. On a cherché Torlgine de l'adjectif petit, d'où s'est formé le verbe apetiser^ apetisser^ dans putitus (5), diminutif du v[ïQ\,putus(\\x\ nesigni- fioit petit, petit enfant, qu'en présentant à Tesprit l'image d'une partie naturelle que voile la pudeur ; pula en latin, en italien potta, (Voy. Petit.) Mais croira-t-on qu'il v ait une analogie entre cette acception particulière de /^{//i/t^s et l'acception géné- rale de petit; que Tune puisse être une extension de l'autre? Quel que soit le principe de celte exten- sion, le verbe apetiser ou apetisser, dans un sens relatif à celui de l'adjectif petit, signifioit en général faire plus petite l'étendue, la quantité d'une chose physique ou morale, la faire moindre, l'amoindrir, la diminuer. (Voy. Ord. T. Ill, p. 229, 443, 503 et 521. — Hist. de B. du Guesclin, par Ménard, p. 512, (i) Voilà. — (2) Chû, tombé. — (3) Opnrobres. — (4) Etoient. — (5) Nonius cite le vieux mot latin petilus, qu'il rend par nuis et exiliSf et qui se trouvait dans Plaute et dans Lucilius ; Mabillon donne à ran 775 pitito villare. Diplom,, p. 496. (N. B.) tenuis etc. — Colgrave, Oudio, Rob. EsUenne.Nicot et •Monet, Dict.) Po^reB tiomi qui est trex«ii cort do Saiot* Eglise, - Bal t>uâfttaclueE,com chiens à terre gliâeJ Ce pelit que il a, chacun Li apetiie. Ce sont gens uns pitié et ptkla de covoitiM. FiU. US. lin H. n* WS, T. II, fol. III, H- col. I. Od conçoit que tout verbe qui désigne une façon d'amoindrir les choses, de lea dîmiauer, peut 4tre l'explication du verbe apelisser, comme accourcir, abréger, etc. < Se la matière est longue ou obscure, ■ l'on la doit apeticer à mois briefs et entendibles. • (Fabri, Art de Réthor. L. I, fol. 39.) On regrettoit l'âge d'or, lorsqu'en parlant de Jupiter, on disoit : HouU eut en luy mol justicier ; Il fiât printemps appelicier, etc. Rom. ie la Ho», m llOn M ÏIOM. Dans ces vers, la significalion à'apetiaser étoit neutre, comme lorsqu'en parlant d'un homme gé- néreux et libéral sans diminuer sa fortune, sans l'endommager, on disoit figurément: • Li saiges < larges... despent... ce que il peut souffrir sans • apelicier.... Doncques li loons-nous que il soit ■ large, etc. « (Beaumanoir, C. de Beauv., p. 9.) Ce verbe actif et neutre étoit aussi réciproque, comme il l'est encore aujourd'hui sous l'orthographe apetisser. • Prenés un pot de terre neuve... rempli ■ d'eaue bien clère ; puis mettes la pouidre dedena, ■ et... soit tant boulli çue elle s'apetice de la ■ moitié. » (Modus et Racio, us. fol. 130.) ■ Largesse ■ maintenir sans soy apeticier, etc. > (Beaumanoir, . vbi supra.) ViBIANTES : APETISER. F«bl. MS. du R. n» 7218, fol. 208, H» col. 1. - ' EuBt. Desch. Poëa. HS5. p. 385, col. 3. Apeticer. Beaumanoir, Coût, tle Beauvoisis, p. 10. — G. Guiart, HS. fol. 67, V". - Hodua et Racio, US. fol. 130, It°. Apeticheb. Cliroi). S' D. Bec. des H. de Fr. T. III, p. 233. Apeticigh, Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, p. 9. — Hist. de 1). du Guesdin, par Ménard, p. 512. Apetisibr. FabL MS. du R. n' 7218, fol. 167, R" col. 2. Apetisser. Orth. sulisist. — Ord. T. 111, p. 003. APETissiBB. pBautier, MS. du R. a' 7SÎ7, fol. 12, V° col. 2. Appeticer. Ord. T. 111, p. 229. Ai'PETiciER. Ibid. p. itS et 521 . Appetisseb. Gace de la Bigne, des Déduits, MS. fol. H6, ■ R». - Percef. Vol. 1, toi. 58, R= col. 1. - Colgrave, Oudin, Rob. Estienne, Nicot et Honet, Trévoux, Dict. Apie, subst. fém. Douceur. La douceur de la langue latine étant comparée à la douceur du miel . de l'abeille, on a dit que César <> composa un œuvre « très-élégant, de la raison et manière de bien • purement et nettement parler, dédiant cest œuvre ■ et l'envoyant à Cicero, comme prince et inventeur « del'élëganlet Hpjedelalanguelatine. » (L'amant ressusc. p. 263.) La signification figurée de ce mot , apie, formé du latin apis, en frant^ois abeille, semble caractériser l'alTeclation érudite d'un Ecri- vain du xïi- siècle. Apiécer, verbe. Assembler les pièces, les parties : d'un tout. Dans une signillcation particulière , assembler les parties d'un pourpoint, faire un pour- point, le coudre après l'avoir taillé. . Ne fut trouvé . ■ en lamaisondu... cousturier, tant seulement que • ung pourpoint taillé, encores- à apiécer et î • quouldre. » {D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Cange, au mot Appire; tit. de 1463.) Apler , iub&t. masc. Place où l'on met des abeilles. En latin apiarium. (Voy. Colgrave, Dict.) AplgratU, subst. masc. Grapilleur. Telle paroit être la signification i'apigratis, sobriquet d'un cuisinier, dans Rabelais, (T. IV, p. 170.) Apller, verbe. Mettre en pile, en masse. (Got- grace, Dict.) C'est relativement à la signification Îiropre du substantif pile, en latin pila, d'où s'est orme le verbe réciproque s'apiler, ou s'appiler, qu'on a dit dans un sens métaphorique : ■ La société ■ des hommes se tient et se coust ù quelque prix « que ce soit. En quelque assiette qu'on les couche, « ils s'appilent el se rangent en se remuant et s'en- ■ tassant, comme des corps mal unisqu'on empoche • sans ordre, trouvent d'eux-mesmes la façon de • se joindre et s'emplacerlesuns parmyles autres, • souvent mieuxquerartneleseustsceudisposer. ■ (Essais de Montaigne. T. m, p. 307.) On disoit en parlant d'un homme dont le corps étoit ramassé, par conséquent robuste et fort, qu'il étoit apilé. • il estoit demeuré petit, mais fort et apilé, les « épaules grosses. » (Mém. de Montluc, T. 1, p. 570.) Dans un sens plus figuré, s'appiler c'étoil se forti- fier en ramassant toutes les forces de son ame, s'en faire un appui, comme d'un pilier, d'une digue contre la violence des passions. < Regardez dans « vous, reconnoissez-vous, tenez-vous à vous: • voslre esprit et voslre volenlé qui se consomme « ailleurs, ramenez-la en soy : vous vous escoulez, " vous vous respandez : appi7ea-«0MS, soustenez- ■ vous: on vous trahit, on vous dissipe, on vous « desrobe. ■ (Essais de Montaigne, T. III, p. 391.) VABUSTES : APILER. Mém. de MonUuc, T. I. p. 570. - Colgrave. Dict. Appiler. Essais de Montaigne, T. lU, p. 3.'(G. - Colg. Dict. Apllletter, verbe. Rendre aigu. Il semble qu'un fer apiletté étoit un fer aigu comme celui d'une espèce de javelot qu'on nomraoit pile, pilète;d'où le verbe apilelter, dans la signification d'aiguiser. rendre aigu. (Voy. Pile.) • Une sayette ou volet, où ■ avoit ou bout ung fer apilletté, etc. « (Lett, de grilce, an. 1476. — Voy. D. Carpentier, Sup. Gloss. lat. de Du Cange, au mot Pilatus.} Aplncer, verbe. Pincer. On a dit figurément : Luxure emboe tout et en riens ne la rainco; Car en tous les estaU mort, acroiche, ou apince : D'un Duc fait ung villain, et d'uu viUain ung Prince. J.d»lleiin,Cod.»m 1181-1781. Apiniaulx, subsl. masc. pluriel. Bateleurs, farceurs. On a-conjecturé avec assez de vraisem- blance, que les apiniaulx dont le Cartulairc de l'abbaye de Lagny fait mention, étoient des bate- leurs, des farceurs à qui l'on permettoit d'amuser le public dans les foires, en exigeant d'eux un tribut aue sans doute on comprenoit dans la ferme des roits qui se percevoienl durant les foire;*. ■ Ce sont ■ aucune fermesquiesloienldeproufn ta l'abbaye Aï» . de Laigny, èâ foires de Champaigne et Bryé.:.. • Cil ù'apiniaulx et autres menues trueuea, lïx • livres. ' [H. Carpentier. Suppl. Gloss. lat: de Bu Cançe, an mot Apinarfi.) Cette conjecture est fondée SÛT Ta possibilité que le mot françois apiniavlx soil dérivé du latin apinarii, qui désignoit l'espèce vile et méprisable de ces hommes qu'on appelle au- jourd'hui bateleurs, farceurs, saltimbanques. On croit apinayii formé i'apinœ. (Voy. ». Cange Gloss. lai. T. I, col. 551 et 552.) Apiter, verbe. Etre ému de pitié. Ce verbe dont la siguiflcation intéresse l'humanité, est encore usité parmi le peuple en province, où l'on dit a/JÎier, t'apiter. • Le Duc se appiloya, si que l'en luy véoit ■ les larmes aux yeux. ■ ^Monslrelet, Vol. Ul, l'IIS.) Quelquefois la signification de ce verbe réciproque étoit neutre. Dans le temps où nos ancêtres s'amusoient dévo- tement à voir jouer nos mystères, celui de la Passion de iNolre-Seigneur étoit sans doute fait pour émou- voir la pitié. Aussi lisons-nous qu'à l'enlrée des rois de France et d'.\ngleterre dans Paris, le J " décembre 1420, • n'estoil homme... ùcui lecueur iieo/'i/ras/, • en voyant le mystère delà passion Nostre-Sei- • gaeur au vif, selon que elle estoit figurée autour ■ du cueur de Sostre-Dame de Paris. » (Journ. de Paris, sous Charles \l et Chartes VII, p. 7'i.) VAHIANTES : APITER. D. Carpentier, S. Gl. 1. du Du C. au mot Pieloaug. Apitéer. Journ. de Poils, sous Cbarks VI et Chéries VU, p. 72. Apitoyer. Colgrave, Dicl. APPiToïEn. Vieil, de Cbarles VU, p. 157. Appitoyeb. Monstrelet, Vol. lU, loi. ii8, V°. Aplalder, verbe. Obtenir, ou demander. 11 semble que dans un sens analogue à celui du mol latin placitum, dont on a formé le françois plaid, plaid, aplaider une femme t un homme, signifloit loi obtenir une femme en mariage, la demander pour lui à des conditions qui plaisent aux parties que ce mariage intéresse. _-2it^ Ai»', Un jour coin tkutretoiz li païssnt'aU A l'ore de disner. à l'ostez remira ; A la charae apleti, sot: et conbe' leMS. { IMé.daR (Reg. de 1* Ch. des Comptes de Lille. — Voyez D. Carpentier, Suppl. Gloss. lai. de Du Cange, aux mots Placta, Placlata, etc.) Aplenner, verbe. Venir en foule. Signification analogue à celle du verbe affouler (Voy. ArroL'uEn.) qu'on croit être dérivé d'un mot dont le sens est le même que celui de l'adjectif latin plenus, en françois plein, d'où le verbe aplenner. TouB ensemble el cellier aplennent. Duquel les tiuis verrouilliez tennent. G. Goivl, US. loi. 80. R>. Aplier, verbe. Plier. (Voyez Plier.) Ce verbe, composé, de même origine qu'apldierj est uile preuve que le verbe simple plier n'est pas moins ancien que _ploier dans notre langue. Au figuré, s'aptier signifioit seplier k uoe-chosev s'y Boumietttie. AP — 24 ^ AF Sens solais, sens déport, Me fait une amor chanteur; Et veult ke je soufire et port Tous mais, sens gueridoneir. Je seux sil ke s*i aplie. Chant, fir. MS. de Benie, n* 889, part. II, fol. 41, V'. Aploier, verbe. Appliquer. Plier. (Voy. Ploier.) L'origine de ce verbe aploiei* est la même que celle du verbe appliquer, en latin applicare. G'étoit aussi la même signification, lorsqu'on disoit: Se Diex me voie, Tiex fet semblent qu'à Dieu s^aploiCy Que c'est l'ève qui pas ne cort. Fabl. MS. du R. n- 7S15. T. I, fol. iOl, R* eol. i. eu qui ne quiert esongne, Doit bien à sa besongne Soi meisme aploiier, ProT. du Vilain, HS. de Gai|piat. fol. 276. R* col. 1. On croit que dans le sens étymologique, s'aploier, s'appliquer, c'est se faire un pli, former son corps ou son esprit à l'habitude de se plier à certains mouvemens, à certaines inclinations, comme une étoffe se plie à la forme qu'on veut lui faire prendre. Au reste, s'aploier signifioit se plier, plier le corps en signe de soumission : Et quant on escrie monjoie, N'i ot flamen qui ne s'app/me... Gis molt esmaia les flamens. Plu Moorkes. MS. — D. Carpentier, S. Gl. 1. de Du C. au moi Aplegxart* Figurément, se plier, plier son esprit, sa raison à croire une chose, ou à la faire : < Moult est granz « merveille coment li humains cuers se polt onkes « aploier à... croire ke Deus fusl hom et ke virgine « permanust cèle k'enfant avoit porteit et enfanteit. » (S* Bern. Serm. fr. mss. p. 81.) Bien fait à desplaire, Puisk'eUe s'est aploie Del tout à ma faire. Ghana, fr. MS. de Berne, o* 8S9, part, n, fol. 87, V*. Dans cet autre passage, se plier, plier sa volonté au désir de quelqu'un, incliner à lui faire une grâce. Je vous requier, dist-èle, Sire, C'a ce vous voelliés aploier Que vous me voelliés ofroier, etc. D. Carpentier, Suppl. Gloai. lat. da Du Gange, m mot ApUgUarê. Enfln, aploier l'homme aux choses raisonnables, c'étoit plier ses passions au joug de la raison et du devoir. Ma Dame est tant douce à regarder, Que mauvetiés ne p'onroit demeurer En cuer d'orne qui le voie. Goument donc h Hausseroie, Qui mieus doit s'onneur garder, En tant qu'amours m'i aploie, Qui fet tant vice oschiver et redouter? Ane Poët. fr. MSS. avant 1300, T. IV, p. iW. VARIANTES l APLOIER. S* Bernard, Serm. fr. MSS, p. 81. * Fabl. MS. du R. n» 7989, fol. 64, V» col. 2, etc. APLonER. Prov. du Vilain, MS. de Gaignat, fol. 276. R». Apploier. d. Carpentier, S. Gl. 1. de D. G. au mot Aplegiare. Aplomber (s*), verbe. Tomber à plomb. Tomber ferpendiculairement. (Cotgrave et Oudin, Dict. — oy. Plomber ci-après.) Aplommer, verbe. Etre amassé, s'amasser. Tomber en masse. Etre assommant, accablant. Etre accablé, accabler de sommeil. Enduire, revêtir de plomb. II est évident que par une comparaison tirée des efiTels de la pesanteur d'une masse de plomb, le verbe aplommer, de même origine qu*aplomberj a signifié !• s'amasser pour tomber sur un ennemi et l'accabler. Endroit ceus qui viennent serre.": Et armez d'armeures chières, En a es chans deux granz et fières, Où grant flo de flamens aplomtne. G. Giii«n,MS. fol.964, V. 2^ Tomber en grande quantité, et pour ainsi dire en masse : La ffresle ne verrez jà Si dru, com sajettes et dars Aplonmcrent de toutes pars. G. Macliaut. MS. fol. 220. V* col. 8. S"* Etre assommant par son poids, être accablant : Nostre fais apoise et aplomme. Miserere du Recl. de Moliens. MS. de Gaignal. fol. 203. V* cd.l. 4" Etre accablé, accabler de sommeil. Le verbe aplommer en ce sens étoit neutre et actif, et l'on disoit aplommer de sommeil, ou tout simplement applommer. (Voy. Borel, Cotgrave, Oudin, Rob. Estienne, Nicot et Monet, Dict.) Je n*ose Parler haut ; je croy qull repose. Il est un petit aplommé. Hélas ? il est si assomé, etc. Farce de Patbelin, p. 96. On voit que les acceptions figurées d^aplommer ont précédé dans notre ancienne langue, l'acception propre enduire, revêtir de plomb. On ne trouve applommer en ce sens que dans Monet, Dict. (Voy. Plommer ci-après.) VARIANTES : APLOMBfER. G. Guiart, fol. 264. - Farce de Pathelin, p. 96. Aplomer. Borel, Dict. ÂPLONMER. G. Machaut, MS. fol. 220, V» coL 3. Applomer. Oudin, Dict. Applommer. Cotgr. Rob. Estienne, Nicot et Monet, Dict. Apluvoir, verbe. Tomber du ciel en pluie. Tom- ber comme une pluie. Affluer, abonder. (Voy. Pluvoir.) Le verbe latin appluere,en françois ap/aii- voir, semble avoir été formé à l'imitation d'affluere, pour peindre la fluidité des nuages qui tombent en pluie, la fluidité de l'eau qui tombe du ciel. C'est la signification d'apleuvoir dans ces vers : Salemons qui bien fait à croire. Il conmenda son fill à boire L*yàue qui de son puis venist ; Et avoec, à ce se tenist. Que entresait (1) ryaue beust. Qui en sa citerne aplcuêt. Altft da GMDbray, MS. de Gaignat. fol. iU. R* eol. i et 2. Par un abus semblable à celui que nous faisons de l'expression propre tomber du ciel ou des nues, le verbe apleuvoir signifioit paroitre dans un lieu, y arriver sans être connu ni attendu. .... Lor est puis apleut Un GhevaUers qui fU perdus. Pvlaa. 4a Blob. fcS. 4a S. Gans. fol. ISS. R* ool. t. (1) de suite, sur-k-chanip ; en provençal» aUroêog. (m. s.) A£ ÂP Les nuages pluvieux qui flottent dans Tair, sont une image naturdle des flots qui, lorsque la mer ttonte, s^élèvent et retombent en pluie sur le rivage 6ù ils se brisent. De là, on aura désigné le flux de la mer, en disant que la mer ou le flot apleut. • . • Est, pour peur de marée, Chascune aus deux bouz aancrée ; Si oue flot qui doie aplouvoir. Ne les a poToir de moToir. Passèrent couart et hardi,... Tout droit la seconde semaine De Juignet, outre la rivière Dont ge TOUS ai parlé derrière. Où la mer estoit apleue. M. fol. 283, R*. C'est encore relativement à ridée d*une pluie qui tombe en abondance, au'apleuvoir signifloit les flots, raffluence du monde qui abonde dans un lieu, en y tombant comme la pluie, « Cume Absalon fist « le sacreflse, ces ki od lui furent flrent cunjureisun « ^ncuntre David, e li poples (zp/ttt;d^ de tules parz, « e fud e se teneit od Absalon. > (Livres des Bois, Ms. des Cordel. fol. 59, R* col. 2.) Li villains des viUes aolovoient, non. do Roo, MS. p. 919. neuc viennent, ileuc apleuvent ; Depuis vers S* Orner s esmeuvent. G. Gttiitft. MS. fol. 874, R-. n semble que dans les vers suivans on ait écrit aparleuvent a cause de la mesure. ICansiaus, Berruiers, Orlenois A granz compaiffnies aparleuvent ; Les oz Loys de Chinon meuvent. U. fol. lU. R*. VARIA!(TE8 I APLUVOIR. Livres des Rois, MS. des CordeL fol. 59. Aparlcuvoir. g. Guiart, MS. fol. 114, R«. Apleuvoir. Id. fol. 65, R*. Aplovoir. Ch. S* Denys, Rec. des H. de Fr. T. VIL p. 127. Aplouvoir. g. Guiart, MS. fol. 312, R*. - J. Le Febvre de s* Remy, Hist. de Charles VI, p. 96. Apocallpse, $uh$t. fém. Apocalypse. On jugera sans doute qu'Adam de uambray, Premier Pr&ident du Parlement de Paris, ne respectoit pas assez l'au- teur mystérieux de Y Apocalypse, lorsque pour dési- Ker ces Jurisconsultes ignorans et décisifs, à qui rigine obscure des Droits coutumiers et de nos anciens usages semble avoir été révélée, il disoit « avoir veu que gens coustumiers et non clercs, en « parloient comme S' Jehan deTApocalipse. » (Voy. D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Apocalypsis.) Rabelais paroit avoir abusé de la même comparaison, en défigurant le moi Apocalipse. Le Frère Jean des Entommeures, supposant que Gymnaste parle de ce qu'il n'entend pas, de ce qu'il ignore, lui dit : « Voire, voire, vous en parlez « comme S«iinct Jean de la Palisse. « (Rabelais, T. IV, p. 74 et 75.) On croit que la Palisse est l'allé- ration du mot Apocalipse^ ou Apocalice, précédé de l'article. 11 est possible qu'on ait écrit apocalice ; mais cette orthographe citée par Le Duchat [ubi 9upra, note 9), ne se trouve point dans Froissart (Vol. II, chap. cLxxm,édil. de Le Sauvage.) C'est pro- bablement au chap. clixhi du Vol. n d'une édition peu connue que renvoie la note de Le Duchat. L'auteur du Roman de la Rose, après avoir per« sonniflé Y Abstinence-contrainte , la compare au cheval de V Apocalipse, au palUdus equus qui dans X Apocalypse porte la mort. Tantost Abstinence-contrainte Vest une robe cameUne Et s^aoume comme béguyne... De beUe taiUe est à devys; Mais ung pou fut pale de vis ; Et ressambloit la pute Uce Le cheval de l'ApoccUipse 8ui signifie la gent maie hypocrisie taincte et pale ; Car ce cheval sur çoy ne porte NuUe couleur fors pale et morte. Rom. de la Rote, yen i2700-lt797. TARIANTES * APOGÂLIPSE. Rom. de la Rose, vers 13793. Apocalice. Rabelais, T. IV, p. 74, note 9. Apodixie, subst, fém. Démonstration, explica- tion. On croit que le mot françois apodixie est une altération du mot grec dnôêct^iç, et que V Apodixie pour la Messe, ouvrage de Barthélémy du Poix, ou de Beau-Poix, auteur du xvi* siècle, étoit la démons- tration de quelque vérité relative au sacrifice de la Messe, ou l'explication des cérémonies qu'on y observe. (Voy. La Croix du Maine, Biblioth. p. 33.) L'adjectif apodictique, terme didactique, de môme origine qu'apodixiej signifie encore évident, dé- monstratif. Apodytëre, subst. masc. Lieu où l'on se dévêt, où ron se déshabille. En grec dnodvtriçtoy. (Voy. Monet, Dict.) Apolgner, verbe. Prendre avec le poing. Pren- dra une chose et la tenir en fermant la main, en serrant le poing. « Bourdon apoigna ledit coustel ; « mais ledit Pierre tira si fort que il lui trancha les « mains. » (D. Carpentier, ubi supra; tit. de i374. — Voy. Empoigner.) On soupçonne que ce même pré- térit apoigna, dans un autre titre de 1389, est moins le prétérit d'apoigner, que celui du verbe apoindre^ prendre en piquant avec la pointe d'un couteau, d*une fourchette, etc. « Joudon appoigna dudit « poulet en Tescuèle. » (D. Carpentier, iibi supra. — Voy. Apoindre ci-dessous.) VARIANTES : APOIGNER. D. Carpent. S. GI. 1. de Du G. au mot Arpagare. Appoigner. Id. ibid. tit. de 1389. Apoindre, verbe. Piquer, coudre. Piquer, don- ner des éperons. Venir en piquant des deux. (Voy. Poindre.) Le premier sens est coudre, attacher une chose à une autre, en les piquant, en y faisant des points. On lit qu'au moment où Adam et Eve rougi- rent de leur nudité, Por lor humanité repoindre, Conmenchièrent lors à apoindre, Et à noer et à lyer Ensole fuelhes de fiffier. Le» IV ûUei lo Roy, MS. de Turin, fol. 99, R* eol. I. AP -1 Dsoa le eecoDd-sens, on âisoit : ' GwiDflliDiuTintapoigMmC; Tint uœ laBca à Oer trençant. Pb.ll«ik*i,liS.r-IH. Apoinoiwnf vint; iiliaute ^(Aa a'eacrie : Hois ioBeis, li miena cois te défie. AMBli.lIB.U.30.V«il.t. De là, le verbe apoindre signifloit piquer droit à ua adversaire, pour le combaLtre, pour le vaincre; venir à lui en piquant des deux, en poussant un cheval à sa rencontre. « Si laissa courre Agravain ■ qui aussi luy apoignoit. Hz s'entrefièrent des ■ glayves, si qu'ilz en font voiler les esclatz. ■ (Lanc. du Lac, T. II, fol. 70, V" col. i.) . Nonnanicompanireiil; idant (1) Borler' - ' nenlt de loinf Guert apela, si li a dit 11 apoingnent à dos ci. I1M. La préposition initiale de ce même verbe apoiaeTf peser sur un corps, éloit absolument inutile, lorsque dans le sens de poiser, peser en appuyant, on disoit apoiser sur, etc. Si l'adctfae GCf A l'espeion, et pas u'apouo Sere celui; si 1 eavoilla. RDfii. di iWiBTi], MS. de Berne, n- SU. fol. 162, R' Bol. t. C'est dans un sens analogue à c^ui de notre verbe peser, être fâcbeux, qu'on disoit rigurémenl: Ce sachez, dur m'en poise : Hais dictes-moy comment le fait apoite. P«r(«f. V(,l. V, te\. ni, V Ml. 3. On comparoit et l'on compare encore en ce sens une diose fâcheuse , à un poids sous lequel on souffre. Quelquefois le verbe apoiser, comme aparler, aparoler, etc. ëtoit actif par la force de la préposi- tion initiale, et signifloit fAcher, faire une [chose qui poise ou pèse it quelqu'un, qui lui est fâcheuse. (Voy. Peser et Poiser ci-après.) Dans la signification de rendre pesant, appesan- tir, on a dit en parlant de Dieu : ■ Si apoesel sor ■ noztozsamnin ; car nos péchâmes tuit en Adam. ■ (S' Bern. Serm. fr. us. p. 5. — Voy. Apeseb.) Rom. de Percaval, MS. de Berne, a' 35i, fà. SH.' Apoeser. S' Bern. Serm. ù. MSS. p, 5. ApolUen, adj. Qui appartientùApollon. Adorer dans sa maîtresse la grâce d'Apollon réunie à la gravité de Pallas, est une galanterie d'un Poète du xTi' siècle. SI je veux Teoir quelque perfection ; Je veoi en loj la grâce Appotlieniiii, La gravité plus que Palladienne, Où Rifit l'espoir de mon intention. PoM.dg ta}>leCiM«, lui. IS, V. Apollln (5), subst. masc. et adj. Apollon. Faux Dieu; Faux Prophète. Qui appartient à Apollon. L'imagination de nos anciens Poètes, affectée du spectacle des Cours qu'ils fréquentoient, semble n avoir voyage en Enfer que pour y voir des fêles et des tournois, où les faux Dieux et les faux Pro- phètes, tels qu'Apollon et Mahomet, s'ébatloient avec les Diables. Un de ces Poètes, feignant d'arri- ver avec des nouvelles de la Cour infernale, dit en s'écriant : Ha bai 1 ha hai ! je suis venus. Salus vous mande Bebebua, Et Jupiter et Apollin. Je vieng d'Enter le droit chemin ; Novèlea coûter vous en sai... AmeDgieroiàgrantplenlë... (1) terrdn en pente. — <3) La premlnr e de ptntare, après la chuta de n, a donné régulièrement poûer : on s'expliov Ëdintcilemeot que n soit resté dans penetr, venu du même mot latin appliqué é une opération intellectuelle. (N. E.) ■ u adciie; touche: vient d'odeser, tait peut-être sur odftœtuni. (N. E.) — (*) ceux qui ae dirertisseut. — (5J Ce moi I «e déjA oaoa la Chanson d« Roland; ■ Habummet sert e Apollin redeimet . > (n. s.) Af - tr — AF Taporie «TEnffar grant pardton De Tervagaa et de M ahom, etc. PAlTlIS. dn R. a* 7218. fol. 2M, R« eol. S. «t V^ eol. i. Oq Ht ailleurs qu*au Tôrnoiement- Antéchrist : Vint Jupiter Et tuit li bon Baron d*Enfer, Ikmt il i ot dix miQe et plos. Japiter avec Saturmia CheTauche, et ApoUn le preu, etc. FabL USS, du R. n* 7615. T. H, M. 189, V* col. i . Ce nom propre d'Apollin étoit, par une espèce d*anlonomase, un nom commun aux faux Dieux, même aux faux Prophètes. Pour nos Poètes et Romanciers du temps des Croisades , croire à un Dieu tel qu'Apollon, ou à un Prophète tel que Maho- met, c'étoit une même chose. Aussi nommoient-ils Gent-Apollin^ toute nation ennemie du Christia- nisme, soit Payenne, soit Mahométane. On pourroit imaginer qu' Apollin dans cette expression est adjec- tif, si Ton ignoroit que dans notre ancienne langue, la suppression de la préposition relative de étoit très-ordinaire. Moult ot en Homme cèle nuit grant hustin, Au deslogier de la gent Apolin.  rajorner, quant la nuit ot pris ûn^ Erent monté Païen et Sarrazm. Enlhnced'Offier le Danois, MS. de Gaignat, fol. iOO, R* col. 2. Dans un autre Roman, le fils d'un Roi Sarrazin annonce sa conversion et celle de ses sujets , en disant : Ci guerpisson tuit ApoHn, Et Mahomet et Tervagant : Ne pueent faire home garant. Jà croi-ge bien el Creator Qui du siècle est justiseor. Blanchandin. MS. de S. Germ. fol. 186. V* col. 1. Ailleurs, jurer son Apollin, c'est jurer au nom de ses faux Dieux ou de ses faux Prophètes. Li Soudans vient parmi la presse, Haut tient Tescu, la lance oesse : ^i a juré son Apolin^ etc. Parton. de Blois, MS. de S. Germ. fol. 150. V* col. 3. Il a plu à un Poète du xvr siècle, de faire Apollin adjectif de même signification (\u*Apollien, dans ces vers où, dédaignant le laurier d'Apollon, il offense les Muses pour flatter sa maîtresse: Je ne fay point aux Muses révérence Pour m*enricliir du laurier Apollin ; J*admire plus d'une toille de lin Les blancz mouchoirs canlillez d'espérance. Pocs. do Loys le Caron. fol. li, R*. variantfs * APOLLIN. Fabl. MS. du R. n-» 7218, fol. 242, Ro col. 2. - Poës de Loys le Caron, fol. 14, R». Apolin. Enfance d'Ogier le Danois, MS de G. fol. 106, V». Appollin. g. Machaut, Prise d'Alexandrie, MS. fol. 226. Apollinaire, adj. et subst. Qui appartient à Apollon. Espèce de plante, hanebane, jusquiame. Il est vraisemblable que dans un recueil d'Epithètes, tel que celui de M. de la Porte, auteur du xvi* siècle, )a fleur apollinaire est la fleur du laurier, arbre consacré à Apollon, le Dieu des Sciences. (Voyez Apolun et Apollinee.) Le Dieu des Sciences étoit le Dieu de la Médecine. De là, on aura nommé aj^o/- /tnoir^, la jusquiame, spécialement ceUe dent ki fleur et la graine sont blanches, et qui au lémoi- ffna^ de G^lien est très- bonne en Wédecine. Il la distingue de deux autres espèces de jusquiame que yezpérience a reconnues pour être d*un usage dangereux La graine de Tune est noire, et celle de l'autre est rou^tre. C'est en sous-en tendant le substantif plante ou berbe, en latin herba ou plantap que Tadjectif apollinaire^ en latin apollinaris, a si- gnifié seul hanebane, jusquiame. (Voy. Gotgr. Diet.) Apollfnée, adj. fém. Qui appartient à Apollon. La fleur apollinee est sans doute la même que lé fleur apollinaire. (Epilh. de M. de la Porte. — Voy. I Apollinaire ci-dessus.) ApoIIoniser, verbe. Versifier comme Apollon. En général versifier. On lit dans la Muse historique de Loret, qu'Apollon, sensible à la mort de Charles Beys, Poëte du xvii* siècle, en avoit bien grondé : Car il aimoit ce galant homme Plus qu*un Normand n'aime la pomme ; D^autant qu*en son art studieux Il apollonisoit des mieux. Coujel, Btblioih. Fr. T. XVI, p. ÎSfl. Apologëme, subst. mase. Apologie. Du verbe grec dnoXoyéofiat, loquor pro alieujus defensione , a été formé le substantif apologème, de même signi- fication qu'apologie, en grec dnoXoyCa. On a imprimé en 1577, V Apologème de Guillaume Paquelin, pour le grand Homère, contre la repréhension du divin Platon. (Voy. Du Verdier, Biblioth. p. 500.) Apologique, adj. Apologétique. On ne voit pas trop pourquoi ce mol apologétique a été substitué à l'adjectif apologique, formé si naturellement du substantif apologie. Charles Fontaine, auteur du xvr siècle, vantoit l'utilité des préfaces apo/o^tçi*^, et croyoit en prouver la nécessité nar celle de François Aretin « sur la translation des grecques « epistresde Phalaris. » (Voyez Quintil. censeur, pages 227 et 228.) Apoltronner (s'), verbe. S'accoutumer à la paresse. On observera que le mot italien poltrone^ francisé par nos Auteurs du xvr siècle , a pu se former de po/fro, autre mot dont la signification vulgaire et analogue à celle de l'allemand polster^ oreiller, lit, coussin, couche , est attestée par des Etymologistes Italiens et par le Dicl. ital. fr. d'Ou- din. Il est possible que relativement à cette étymo- logie, le verbe latin pultronizare ou poltronizare^ d'origine italienne, ait signifié dans une bulle du Pape Jean XXII, datée de l'an 1317, « vitam pinguem a volvere cum libertate et sine labore deditus « somnc, et vagationi continuœ. » (Du Cange, Gloss. lat. T. V, col. 978 ) Cette définition du verbe latin poltronlz^re, seroit par la même raison celle du verbe françois s* apoltronner, proprement s'accou- tumer au lit (1), y faire le paresseux ; de là, s'accoutu- mer à la paresse, par conséquent à l'oubli de ses devoirs. On a dit en ce sens que s'appoiltronner (i) On trouve encore en portaguais poltrona, grand footeiiU, en ïtàHi&aboldrone, converlure de lit. (w. k*> AP -! autour d'une femme, c'étoit ■ pour elle contaminer ■ celle unicque et suprême affeclion que doibt ■ rbommeà Dieu ; laisser les offices qu'il doibt ■ naturellement à sa patrie, à la république, k ses • amia ; mettre en noncballoir ses estuaes et né- ■ goces pour continuellemeat à sa femme com- ■ plaire. > (Rabelais, T. fil, p. 191.) Un chien de ctaasse accoutumé & la paresse par le défautd'exer- cice, étoil un chien apoUronné. ' Les chiens, pour • s'estre apoUronnez et rendus trop gras, « perdent le sentiment. • (Fouilloux, Vénerie, fol. 424, R°. — Voy. Apolthoknih ct-dessdus.} VARIANTES : APOLTRONNER (S'). Fouillou:(, Vén. fol. 124, B°. Apoitronner (s'). Cotgrave, IKct. Appoiltronneh (s'). Rabelais, T. III, p. Idl. Apoltronnlr, verbe. Accoutumer à la paresse, rendre lâche, énerver. Etre accoutumé à la paresse, devenir lâche, s'énerver. On a indiqué quelle pou- voit être l'origine de ces signincations figurées du verbe apollronnir. (Voy. Apoltronher.) 11 étoit actif au premier sens : ■ Toute gourmandise, yvrongne- > ne, paillardise, et toute volupté infâme . . . apol- > fronit et relâche le soldat. • (Sagesse de Charron, p. 441.) ■ Le mariage ■ . ■ apoltronit ou accroupit ■ les bons et grands esprits. » (!d. ibid. p. 179. — Voy. ApPAiLLABDiH ci-dessous.) Il semble qu'apol- tronni.soit neutre, lorsqu'on disoit : . . . J'ayme mieux oysif, me sauvant de l'eavie. Tramer apoUroni le reste de ma vie. <£u', ie Bûf. Epil. n Haf. p. II. En s'accoutumant à la paresse, on devient lâche. De là, ce verbeasigniOé devenir lâche. (Voy. Oudin, Dict.)Un'Prince • appoUronni a des occupations < lasches et vaines, étoit un Prince énervé et devenu ■ lâche par l'habitude d'une vie paresseuse et ■ inutile. 11 n'est rien qui puisse si justement • dégoûter un sujet de se mettre en peine et en • bazard pour le service de son Prince , que de le • voir appollronny cependant luy-mesme à des ■ occupations lasches et vaines. • (Essais de Mon- taigne, T. Il, p. 628. — Voy. Apoltbonniseb.) On ^rminera cet article, en remarquant que tes opinions varient sur l'origine de poltron, apollron- nir, etc. Saumaise, et après lui Savaron , Lindem- brog, Bourdelot, Vossius, la font remonter à une loi de Valentinien et Valons, contre les soldats qui s'exemptoient lâchement du service militaire, en se coupant le pouce ; et croient que poltron est formé de po//(CË truncus. Il semble qu'on ait eu en vue cette étymologie plus érudite que vraisemblable, lorsqu'on a dit qu'en termes de Fauconnerie, apol- tronnir un oiseau c'éloit le rendre lâche, en lui coupant les ongles des pouces, qui sont les doigts de derrière. (Dict. de Trévoux. — Voy. Poltrok.) VARIANTES : APOLTRONNIR. Oudio, Dtct. - Dict. de Trévoux. Apoltronih. Sagesse de Charron, p. 441 576, etc. * Appoltronnir. Essais 4e Hontaigae, T. II, p. 698. >- AP Apoltronniser, verbe. Rendre poltron, rendre lâche. Signification figurée, de même origEne que celle du verbe apollronnir. Mont-Bourcher pensoit que « le moyen de rendre le François vaillant, > comme son naturel l'y porte assez, s'il n'avoit ■ esléaco/tronHÎSË d'anleurs, étoit de rétablir le < gage de bataille en champ dos, de prescrire des > lois au duel, etd'interdirel'usage des pistolets de > poche, des poignards et antres armes traîtresses . avec lesquelles les plus gens de bien et coura- • geux .... seront tousiours malmenez par tes ■ poltrons. ■ [Mont-Bourcher, des Gages de Bataille, foL 23, B* et V'. — Voy. Apoltrobbib ci-dessus.) Apoore (s'), verbe. Se disposer. C'est proba- blement d'après l'infinilif aponre ou apondre, formi du latin apponere (comme de reponere s'est formé répondre ou réponre) qu'on a dit (Igurémenl : Joie aurai; mes ne sai dont (1), Se à merci ma Dame ne s'aponl. Aac Potl. b. 1133. ■tbD 1300. T. U, p. Ol. CONJUfl. Aponl (s'), indic. prés. Se dispose. (Auc. Poët. fr.) Aporétique, adjectif. Embarrassant, douteux. (Oudin, Dict.) Ce mot formé du grec Snopx, qui est sans j;iassage, en latin inviuê, a pu signifier au figure douteux, embarrassant, qui ne laisse aucun passage, aucune voie pour driver au point d'une question à résoudre. Aposer, verbe. Poser. Imposer. Disposer. On indiquera l'origine des acceptions usitéeset Inusitées du verbe apposer et du substantif apposilion en observantqu'fl/i^osersignifie poser une chose contre une autre chose, ajouter l'une à l'autre, poser deux choses de manière qu'elles soient contiguës ou rela- tives, les appliquer, les joindre par apposition. (Honet, Dict. ~ Dict. de l'Acad. Fr.) La préposition initiale et inséparable qui désigne l'idée de cette - position relative, est superflue dans les expressions, « apposer la main à la poitrine, apposer une mar- « que à une chose, etc. » (Rob. Estienne et Nicot, Dict.) Plus anciennement, en parlant dune personne à laquelle il sembloil naturel de croire, on disoit ligurémenl que <■ créance lui étoit tost apuse; > lilléralement, qu'en elle créance étoit bientôt posée, que foi lui étoit bientôt ajoutée. Que ma vie soit laide ou bèle, N'«£t pas à mon sergant (2) repuse. Et on a tost créance apuse A mon sergant, de mn querèle. Hisoen du R«l. dt Hulieni, m. da Gu^ntl, fol. !S1, R- etA. t. On dit encore « apposer une clause à un contrat. • Peut-être « qu'apposer une peine à ceux qui rom- • proient l'alliance, ° c'étoit apposer au traité d'alliance une clause relative aux infracteurs de ce traité, et qui les soumettoit â une peine. Peut-être aussi qu'en ce cas, la signification d'apposer étoit la même que celle d'imposer à quelqu'un une peine relative à sa faute. (Rob. Estienne et Nicot, Dict.) La position de la main est relative à celle de la chose 1) D'où ; en latin undè. — (3) Serviteur, damesUque ; ea laUn lenAetu. A?. -■ qa'on sùstt. Ajdsï, ■ appâter sa main à happer des • mouches, » c'étoit disposer sa main, se disposer il atlraper des monches. Honsclm à Ua viendient bira repos Dedensung plÂt quel devant lui on poM; & les luqiper soni queldevs 11.81. Od sait qu'une inclinatioQ trop naturelleà l'bomiDe r)ur le mal, est une disposition, un acheminement sa perte, lorsqu'il n'est pas arrêta par cette crainte salulaire dont on a désigné l'effet, en disant : Pooon ftin»! tout son t«ns us« Que mors le truist en bon estai; Que ne soit par péchié roortal Sa vie A maie fin apvte. Miwm* d* Acd. ils MoliMt. US. da Gtfgatl, M. UI, R' «ol. I. COHIDG. Apu», part. Posé, disposé. (Misecere du B. de M.) Quoiqu'on n'ait pas sous les yeux la preuve de l'inlinitif apuser, variation d'orthographe du verbe aposer, on croit pouvoir former cet inunitir d'après le participe apus, ahréviation à'apusé. L'omission de Ve final dans les participes apus el repus, n'est pas plus extraordinaire que dans aposl et repost, participes des verbes aposler et reposter, dont l'ori* gine semble être commune aux verbes reposer et aposer. (Voy. Apost et Aposter.) Il n'y auroit donc entre apus et apost qu'une différence de termi- naison; ce qui paroit d'autant plus vraisemblable que dans le Miserere du Recl. de MoUens, as. de N. D. le participe féminin reposte est synonyme de repuse dans ce même Miserere, ms. de Gaignat, fol. 221. On ajoute (la'apus étant le participe du verbe com- posé apuser, aposer, il seroit possible que dans la préposition depuis et la conjonction puisque, le mot puis(liqu'anciennementonécrivoil/)Mes,pws, fûtle participe dont on auroit formé le verbe simple puser, poser. En effet, lorsqu'on dit, depuis ce lieu, depuis ce temps, il désigne ce temps, ce lieu, dans une position plus ou moins distante d'un autre temps, d'un autre lieu. Les causes d'après lesquelles on agit, on parle, sont vues comme étant dans une position relative aux effets qui succèdent, lorsqu'on dit: puisque vous le voulez, j'agirai, je parlerai, etc Il semble enfin que c'est en comparant les actions, les paroles, les choses dites ou faites dans un certain ordre successif, à des choses posées les unes avant les autres, qu'on ait dit avec ellipse d'un nom ou d'un pronom: faire une chose, puis une autre, dire une chose, puis une autre, etc. Cette ellipse une fois méconnue, l'on n'a plus vu qu'un adverbe dans le participe puis. (Voy. Depuis, Pus el Puisque.) VARIAS TES ; APOSER. Cotgrave et Oudin, Dicl. Apposer. Onb, subs. — Hob. Estienne, Nicot et Monet, Dicl. Apuseh. Miserere du RecL de Moiiens, MS. de G. fot. 311. Apost, partie. Apposé. On vient de remarquer, à l'occasion du participe apus, qu'en certains par- ticipes Vé final étant omis, on écrivoit apost pour apostéy repost pour reposté, etc. Dans le premier AP sens, le participe apost, en latin appositus, signifloit apposé. • Deffandons par cet présent Escrit de nostre * séel et de l'aucthonté de nostre réal non que est < dessouz apost, etc. > (La tbaumassiëre, Coat. d'Orléans, p. 465; tit. de 1168.) Les faux cheveux et autres choses postiches que l'Art ajoute & la Nature, pour en réparer les défauts, étoient choses apostes, c'est-à-dire apposées, ajou- tées. (Voyez Aposer.) En observant que ces mêmes choses sont apposées, ajoutées pour en imposer, on aperçoit un rapport d'idées accessoires entre la signification de ce participe du verbe aposler et celle d'imposer, tromper. Car D'il Apostate, adj. et subst. Qui s'est éloigné d'un lieu. Proprement, qui en est distant Cette définition littérale est conforiçe à l'étymologie d'apostate, en grec dnixnàtijt. Dans un sens relatif à cette même ëtymologie, on a dit en parlant des courtisans qui ne s'éloignent qu'avec peine de la Cour : Pou en est qui de Court veulent estre apostate. Je ne m'en merveil pas; car chascun les y flate, Ou ilz flatent sutruy pour que l'en n'en s embate. J.'da Hem, Cod. nn S41-8I3. La signification de ce mot apostat ou apostate, n'est donc odieuse qu'autantqu'il désigne figurémeni un homme qui s'est éloigné des pi'incipes de la Re- ligion et de rbonneur. Anciennement, on fiétrissoit le malhonnête homme, l'homme infidèle à ses sermens et traître au parti dont il s'éloigne, en le nommant apostat, comme on nomme encore ■ apos- • lats, ceux qui se déparlent et desvoyent du tout > de la Religion Chrestienne. ceux qui abondonnant ■ l'Ordre de religion duquel ils ont faict profession, ' se rendent fugitifs de leur abbaye. • (Voy. Bou- teiller, Som. rur. Liv. Il, tit. su, p. 760. — Id. ibid. Annot. p. 762. — Nicot et Monet, Dict. — Dict. de Trévoux.) VAHIANTES : APOSTATE. J. de Meun. Cod. vers 841. Apostat. Orth. subaist. - Bouteiller, Som. rur. p. 760. Apostater, verbe. Apostasier. C'est relativement au sens littéral â'apostate, qu'on a dit aposlasier, ou apostater de la foi, apostater d'un Ordre religieux, (Monet, Dict. — Voyez Apostate.) On abrégeoit en disant tout simplement aj3os(a/er, parce que la signi- fication de ce verbe éloit restreinte à la désertion de la foi et du cloitre. « Les Reiigieus cloistriers,.... « s'ils desvoient du grant chemin de leur oLser- « vance régulière et prennent les sentiers et voies • obliques. . . A'apostater, trouvent plusieurs en- • nemis qui sont. . . ministres de la chair, ennemi ■ mortel de tous humains, soient reiigieus ou . autres. > (Triomphes de la noble Dame, fol. 246. — Voy. Oudin el Nicot, Dict.) .«- AP AP Aposlafiser, verbe. Apoatasier. (Ouffin, D!cf. — Voy. Apostateb ci-dessus.) Aposte, adverbe. A la disposition, à proDOs, à la volonté, etc. Il semble qu'on se soit figuré 1 homme daos une positioa de corps ou d'esprit, relative It ceAie des clioses dont il peut ou veut disposer, â(Hit il jouit ou ae propose de jouir, lorsqu'on a dit que oes choses étoient ou se faisoient à sa poste. De là, l'acception de l'adverbe aposte, composé de la pré- Ksition à réunie au mot poste. On ne trouve spression aposte réuiûe en ce seul moi aposte que dans Monet, Dicl. (Voy. Poste ci-après.) Aposte, partie. Disposé. Mis hors d'une position ordinaire, il est possible qu'on ait voulu reprocher à nos anciens historiens François, trop de dispo- sition à flatter la vanité nationale, lorsqu'en parlant d'eux, on a dit qu'ils étoient ■ apostês de flatterie " et de vanité, » peut-être disposés à la flatterie et à la vanité. Peut-être aussi vouloit-on dire ligu- rément qu'ils étoient apostés par la vaiiiLé et la flatterie, pour trahir la vérité historique? <■ Mal- « veullance, ... ce vice par trop commun aux ■ Escrivains de ta nation Gallicane, faict que leurs — histoires sont peu receoes,.... principalement où • ilz traitlent la matière de leurs adversaires : tant « s'y exhibent-ilz aposteT, de flatterie et vanité. » (Hém. d'Ol. de ia Marche, Avis aux Lecteurs, p. 2. — Voy. Aposteb ci-dessous.) En supposant que dans aposte, comme dans apartir, partir, se départir, l'a initial soit de même signirication que la préposition latine a ou ab, ce même participe désignera une personne ou une chose « mise hors de sa position ordinaire. ■ Si l'on en croit Léon Trippault, [Celt-hell. p. 22.) c'est le mot grec d7to»tinoc, en latin dcpoaitus, rejectus. On ne parle de cette étymologie qu'autant qu'elle nous rappelle qu'en Normandie on dit, en partant d'une personne afTeclée de se voir « hors de sa position • ordinaire, «qu'il lui fait apos, qu'il lui est tout apos: expressions dans lesquelles a/tos sembleroit être une allération du participe apost, le même qa'aposté dont on supposera initial de même signi- fication que la préposition latine a ou ab. {V. Apost.) Apostement, subst. masc. Action d'aposter. On a'dit que < le Capitaine Bernardo, bon Capitaine « et bon François, avoit été tué d'un coup de pis* « tolet à Paris, par V apostement et pourchas du ■ Duc Cosme de Florence. ° (Brantôme, Cap. Fr, T. IV, p. 39. — Voy. ArosTEH ci-dessous.) Aposter, verbe. Poster. On croit que l'origine du verbe aposter est commune au verbe aposeï; et que l'un et l'autre sont formés de l'ancien participe apost, en latin apposilus. Il est probable qu'aposf étant prononcé comme nous prononçons dépost, iuppost, l'on aura, sans égard a l'étymologie, sup- pnmé le t, en écrivant apos; d'où aposer, verbe de ■(d) CewotdesanDoUUonsiDaCanga propose deux élymologies r !• Posf i(ia uerbo, mois par lesquels on annonçaitU plÀce d'une explication & mettre en marge;* Posta, poste; poitille en serait le dimmutlf aïec te sens aa ntanenem,- même origine iia'aposter. (Voy. Awisbi.)i La sfgnf. flcation d aposter est aussi la même que eeUtr d'aposer; mais dans le sens de poser ou iroster quelqu'un en un lieu, en un passage, la préposition initiale du verbe aposter désignoit et désigne encore une position relative à de mauvaises fins, comme dans ces expressions : ■ aposter un assassin à Hn ■ passage, aposter des gens pour faire une insulte, « etc. ■ (Nicot et Monet, Dict. — Voy. Imsté.) VABUItTEs: APOSTER. Nicot, Dict. A.PPOSTKR. Nicot et Monet, Dict. Apostll, subst. masc. Apostille. (Cotgrave Dicl. — Voy. Apostille ci-dessous.) Apostille, subst. fém. Disposition. On croit voir l'origine de ce substantif dans le participe a;i03l (I), apposé, ajouté; signification à laquelle est relative celle de notre mot apostille, écrit apostile ou appot- tile dans Cotgr. Dict. [V. Apostil, Postil et Postille.) il semble que ce même mot apostille, pris dans un sens différent, et pourtant analogue à celui dans lequel on l'emploie encore, ait signifié certaines dispositions relatives au succès d'une affaire. .... Le chasteau de Cremonne Estoit le plus Tort dea Italles, Imprenable à toute personne... . En celluf temps autcun noble honmie De Cremonne la bonne Tille, A.Tec une Dame qu'on nomme Au pa;B ma Dosne Camille, Firent si bien leur apoHUle, Que sans faire aulcun desarroy Le chaateau fut rendu au Roy. Ainsi concludi qu'en c'este affaire Femme a sceu plus que force faire. j.Um.p.lU. TAB1AHTKS : APOSTILLE. Orth. aubsist. - I. Marot, p. 149. Apostile, Appostile. CatgraTe, Dict. Apostiller, verbe. Disposer. On connoit l'origine de l^cception encore usitée de notre verbe apos- tiller, qu'on écrivoit apostiter on appo&tiler. (Cotgr. Dict.) Il n'a peut-être signifié disposer, que par un effet de cette singularité d'expression qu'affectoient nos Poètes du sv et du xvi- siècle. Quoi qu'il en soit, il semble que le poëte Crétin ait désigné la France se disposant à continuer une guerre destructive et ruineuse dans le Milanois, lorsqu'il a dit: Milan mauldict. En faict et dit A3 Foy perverse... Soubï ton faulx stiUe, France diatiUe Somme d'argenti ; Et apoitille Manière hostille De perdre gens. CndD, f. m. VARIANTBS : APOSTILLER. Ortb. aubsist. - Crétin, p. 1». Apostilbr, Appostilkr. Cotgrave, Dict. aï: -3 Apostis, lulttt. pluriel. Terme de marine. Les operiù d'une giàlère aoat deux longues pièces de bois (1) sur leaquelleft on pose les rames de la cbioume. (Oudio, Dicl.) B deMOba le inaH, 1a poupe et le Itancn; BÛa loilM et bases, bancMlei et «utenei^ Aposlia et Tougone Jua^ues à U carëDe. itifUtt da R. Mlm, T. I, fcl. IC Apostoire, subst. masc. el adj. Apôlre. Evéque, Pspe. Apostolique. On observera que par le chan- gement de len r, oa a écrit Apostoire pour Apostoile. Peul'étre que Saint Smplice l'Apostoire étoit du nombre de ceux qu'oa appelle Apôtres, parce qu'ils (ulles premiers annoacé 1 Evangile en quelque pays. De Saint SonplicB l'Apoaloire, Laquelle une ait repos en gloire, Ert Waluam nouvelement venus. Ron. fc Bnl, MS. fél- IB. V c«I. 1. Andennement on désignoit le Pape, t'Evé<}ue de Rome, en l'appelant Avostoile ou Apostoire de ^me. (Voy. Apostolb ci-dessous.) Ceestlasom De par VAjiotloire de Bom, Oui grant part de prévilége don. r^d. MS. im B. B- 7118, M. 1«, R- col. I. Le substantif Apostoire semble comme adjectif avoir signillé apostolique. • Us s'en obligèrent H ■ mains de deux Notaires apostaires, voulans et • accordans estre incontinent excommuniez se par < eulx etc. > (Chron. scandai, de Louis XI, p. 34. — Voy. Apostouc ci-dessous.) Apostole (2], subst. masc. Qui a une mission, Envoyé. Apôlre, l'Apôlre S" Paul. Evêque, Pape. Lettres d'appel. On sait que du mot grec ànôaiifiaî, en latin apostolus, s'est formé le françois aposloles ou apostole qu'on écrivoil apostoile, par le chan- gement du second o en la diphlbongue oi dont la prononciation vicieuse a probablement occasionné les orthographes apostèle et apotelle. C'est parl'efTet d*une prononciation Irès-sourde que ce même o, transformé en ot et en « dans apostèle et apostoile, disparoit dans aposHe. L'orthographe apostel est la preuve d'une transposition de l'e final, très-usitée autrefois dans les mots terminés, comme aposlle, apostre, etc. II faudroit ignorer que dans les prin- apes du mécanisme du langage, le changement de ^eo r et de'r en i est réciproque, pour ne pas reconnoitre dans apostoil, apostoile et aposlle, l'on- nne des orthographes aposloir, apostoire et apostre. ^oy. AposTomE ci-dessus.) Dans le sens étymologique, un Apostre est celui qui a une mission, un Envoyé. Ainsi les Juifs nom- moient Aposlres, certains Ofiiciers qu'ils envoyoient dans les provinces, avec commission de veiller à l'observation de la Loi, et de recevoir les deniers destinée, soit à la réparation du Temple, soit au payement du tribut qu'ils dévoient aux Empereurs. Les Apostres, les Envoyés des synagogues furent AP les mod^es de ceux à qui lee Eglises dosacient commission de secourir les Fidèles et d'adoucir leur misère par des charités proportionnées à leurs- besoins. En disant que les uns et les autres étoient les Apostres de l'humanité, on ne croit pas profaner un mot spécialement consacré à désigner les Apos- tres du Christianisme. Les Apostres par excellence sont les douze Disciples qui recurent de J^os- Christ même leur mission, pour annoncer son Evangile aux nations. S' Paul, à qui l'on contesta, cette mission divine, répondit qu il étoit Apostre; non de la part des hommes, ni par aucun homme; mais par Jésus-Christ et Dieu son père. ËnÔn, eft nomd'Aposlre, qui lui étoit commun avec les douze premiers Disciples, lui est devenu ai particulier que par antonomase, l'Apostre a signifié et signifie encore Saint Paul, l'Apostre des Gentils. Cant i'oi de VApiatle parler, Lot 3si bien que ce est Sains Poli Kl les bons cuers met à repoi. Fihl, HS. a. Turin, Col. 4, R- oA. t. On est sans doute scandalisé de voir Pantagruel étant avec dix ou douze compagnons de ses exploits burlesques, comparé à Jésus-Christ au milieu de ses Apôtres. • I.âis3ons ici Pantagruel avecq ses j4j*oi- ■ tôles, et parlons du Roy Anarche et de son armée. > (Rabelais, T. 11, page 232.) Peut-être a-l-on voulu accoutumer le Peuple Vénitien à une sorte de respect religieux pour la iSoblesse, lorsque par un autre abus du mot Apostre, une classe de Nobles a été nommée les douze Apostres, et une autre classe les quaire Evangelistes '< Une imagination qui n'est pas moins extraordinaire, c'est d'avoir donné à douze canons le nom des douze Apostres. Henri VIII, roi d'Angleterre, allant de Calais à Thérouanne, pour en presser le siège, fut poursuivi par le Chevalier Bayard qui lui enleva une pièce d'artillerie, dit« Sainct-Jean. . Et en avoit le Roy d'Angleterre encore « onze autres de ceste façon, et les appelloit ses • douze Apostres. * (Hist. du Ch" Bayard, p. 345.) Les Espagnols, dit le P.Daniel, (Mil. Fr. T. I, p. 415.) donnoient quelquefois par dévotion des noms de Saints aux canons, témoins les douze Apostres que l'Empereur Charles-Quint fit faire à Malaga pour son expédition de Tunis. Il sembleroit, d'après de pareilles comparaisons, que détruire les hommes ou les convertir, c'est une même chose. Cette idée, toute fausse qu'elle est, a dû paroître vraie aux Américains convertis par les Espagnols. Quoique les anciens monumens de l'bisloira attestent que le nom d' Apostole fut dans la primitive Eglise, commun à tous les Evëques, successeurs des Aposlres, on l'a spécialement alTecté au successeur de l'Apôlre S' Pierre, c'est-à-dire au Pape nommé autrefois VApostole de Rome, et tout simplement VAposlole. [Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis, sa mot Apostoiles. — Gloss. du Rom. de la Rose, sup. p. 110 et 111.) > Al tens Innocent m,ApostoUle3» (1) On le voit, ces pièces de bois Tonnent IwElingEtge. (n. e.) — (S) Il est curieux qfx'apoiiolu» soit apottole quand B sièni&e pape, et apoitU, apostre, quand il se rapporte aux compagnoaa de JÈaus-Clirist. Ce dernier cas est la règle : ^paHo)lti doane éf^atre, capiKjiijium, chapitre. veschie de Havane... tint l'an^eveschie jusques ■ k tant que li Apoêtres morul. Lors requist h poples ■ de Rome que il leur fust douez , et ensi fu « Apostrei. . (Chrou. S" Denys, Bec. des Hist. de Fr. T. X, p. 304.) - Se plet est devant le Doien, l'en puet « appeller a l'Evesque, et de l'Evesque à l'Arche- ■ vesque, et de l'Arclievesque à VApostoile. Mes du ■ Juge envoie depar l'Apostoile, etc. ■ (Beaumanoir, Goût, de Beauvoisis, p. 22.) Gentil Boya, 1« l'ose bien dira. Que ceux du Rëaume et de rÉmpire, Ce lunt Roys et Empereoura, Plue de boDOUTB et de biena maovra Ont à Sainte Eglise donnÉ Qu'onques n'ont fait Clerc couronné. Abbé, PreUt et ÀpoMle. CMroi dg Pirl», 1 !■ uita d» Rora. dt Pn»ri, K3. An R. ■■ «Hl, (ni. ». C'est avec une allusion peu respectueuse pour l'Apostre, qu'un de nos anciens Poètes a feint qu'un Roi de France, nommé Philippe, prononçant en gourmet sur l'excellence des vins, avoit nommé Àpostole, c'est-à-dire Pape, celui dont la qualité lui sembloit n'admettre aucune comparaison avec celle des autres vins. U Bois les bons vins coron&, Et ft chBBCUD Bon nom doua. Vin de Cipre Qst Apottoile, Qui respiendlst comme une eati^e ; Dont fist Ctisrdonal et Leptt Du bon gentil vin d'AquUst. F^. MS. da H. d- TllS, fol. *», V eot. 1. On conçoit k peine comment des Chrétiens, qui dans les siècles d'ignorance s'opiniâtroient à ne vouloir pas distinguer le Mahométisme du Paga- nisme, aient osé assimiler au successeur de S' Pierre, à leur Aposlole, un Calife des Sarrasins, le succes- seur du faux prophète Mahomet qu'ils affectoient de confondre avec le faux dieu ApolUn. > Li Soutans... ■ manda al Calife de Baudas, qui Apostoles est des • Sarrasins...qu'ilfesistansiprecliierparPaienime, • com li Apostoles des Cresliens faisoil par Cres-, • tienté, et si le secorust. » (Chron. d'Outremer, us. de Berne, n° 113, fol. 161. R- col. 2. — Marlène, ConUn. de G. de Tyr, T. V, col. 685.) On a sans doute eu raison de réclamer contre l'abus de ces appels qui, en étendant la juridiction des Papes, bornoient trop celle des Evéques, et l'aurolent anéantie, si l'on avoit moins insisté sur la nécessité des Lettres d'appel, nommées Apostoli en latin, en françois Apostoles ou Apostres. Par ces Lettres, qu'on appeloil aussi Lettres dimissoires ou Lettres de renvoi, le Juge à quo certifloit de l'appel interjeté, et renvoyoit la connoissance de l'affaire au Juge devant le tribunal de qui l'appelant demandoit qu elle fût portée. On ne pouvoit être admis à pour- suivre cet appel sans Apostres, qui dans les causes ecclésiastiques étoient expédiés par l'Evêque, par son Officiai, et par le Cnapilre de la cathédrale durant la vacance du Siège. (Voy. Du Cange, Gloss. lat. T. I, col. 566, — Nouv. Traité de Diplom. T. 1, !- AP page 253. — Laur. Gloss. du Dr. Fr. — Cotgrareet Borel, Dict.) ■ Plusieurs fois avoient été devers ledit- ■ Evoque à S. Mor des Fosaea porter et întimitôr ■ certaine appellation faite par mondit Seigneur •1 de Bourgogne, ses Vicaires et Officiers, pour • requérir et obtenir les Àpostre$ nécessaires & ladite appellation. > (Etat des Officiers des D. de Bourgogne, p. 107. — Félibien, Hist. de la ville de Paris, T. Ilf, pr. page 404, col. 1 : Ut. de 1381. — Rabelais, T. ITI, p. 210, etc.) Les Apottret refutatoiret avoient lieu lorsque ie Juge dont on appeloit, ne voulott pas déférer â un appel qui lui paroissoit frivole et illusoire. ■ Le Pape en faveur du Roy de ■ Sicile, ordonna un diziesme.... Les Gens d'Eglise ■ s'y opposèrent et l'Université, et appellèrent des • Commissaires ordonnez, et eurent Apostres refu- • tatoires. Hais il leur fut dit pleinement que > nonobstant leurs appellations et oppositions, ils < le payeroient. ■ (Juvenal des Drsms, Hist. de Charles VI, p. 94. — Voyez Dict. de Trévoux, T. I. col. 480.) Non-seulement les Lettres données sur appels interjetés de l'Evéque au Métropolitain, do Hetropolitain au Pape, du Pape au Concile, mais encore celles oi^ il s agissoit d appels au Roi, à un Juge séculier, ont été nommées Apostoles ou Apos- tres. {Yoy. Du Cange, Gloss. lat. T. I, col. 566 et 567. — Kouv. Traité de Diplom. T. 1. page 253 et 254.) Enfin, l'usage de ces Lettres a été aboli. > On n'use « plus, même en Cour d'Eglise, d' Apostres, ou • Lettres de renvoi q^ue l'appellant devoit obtenir < du Juge à quo. Hais l'appel s'interjette par un ■ acte et se relève par requête ou par commission • du Métropolitain. • (Fleury, Institut, au Dr. Eccl. T. II, page 218.) VARlAItTES : APOSTOLE. Martene, Contin, de G. de Tyr, T. V, col. 635. - Cbron. S» Denys, T. x, page 30*. - Ane. P»ët. Fr. T. IV, p. 1343. - Anseie, fol. 51. - Lanc. du Lac, T. I, Toi. 136. Apostbl. Le Carpenlier, H. de Cambray, T. 11, pr, p. Î9. Apdstele. Très, des Cbartes, Beg. xxn, pièce lu. Apostls. S' Bern. Serm. fr. — Bymer, T. I, p. 13. — FaM. H5. de Turin, loL 4, B° col. 3. - Ph. Houskes, M5. p. 130. Apostoil. Très, des Cbartes, Inv. de P. d'Etampea, pièce S. Apostoile. Ane. Poët. ?t. T. IV, p. 1341. - G. Guiart, HS. fol. 107. - Fabl. MS. du B. n- 7W8, fol. 175. V« col. ï, etc. Apostoillk. Ane. Poët. Fr. T. IV, p. 165. - Villebard, p. 1. Apostoih. Fabl. MS. du R. n« 7318, fol. 191, V* coL 1. Apostoles. Cbron. S'Denvs.T. IlI.p.SU. - DitsetMoraL toi. 286. - Fabl. MS. du R. ri» 7615, T. I, fol. (B, V col. S. Apostre. Hist. de Fr. à la s. du tlam. de Faurel, fol. 83. — EuBt. Deech. p. 485. ~ Hist. du Ch*' Bavard, p. 345, etc. Apostres. Cbron. S< Dttnys, T. X, p. âlM et 306. Apotelle. Geotrol de P. a la s. du Bom. de FauTOl, fol. 48. Apoostrb. Joinville, p. 383. Apoutre. d. Horïce, preuv. de l'HIst. de Bret. T. I, c 9B1. Apposthb. Felibien, Hist. de la ViUs de Paris, T. UI, pr. p. 404. - Mém. de Bob. de la Marck, p. 197. Apostolic, adject. et subst. Qui a rapport aux Apôtres. Pape, Successeur des Apôtres. Dans le premier sens, ou a nommé souliers à Vapostolimte, des souliers tels qu'en porloient encore les cor- deliers du xti* siècle, • des souliers traversés de • plusieurs courroies qui lenoient lieu d'empeigne, • et dont la forme avoit rapport à la chaussure avec laquelle les Peintres ont représenté les Apdtres. Les Evéques de la primitive Eglise, comme suc- AP cesseurs des Apôtres, s'appeloient ApostoUcs ou Âpottoliques. C'est par ellipse qu'Apostolic, en laUo ÀpMtolieus t pris substantivement, désignoit un Evéqae, un successeur des Apfltres en général, en Îarticulier le Pape, le successeur de S' Pierre. (Voy. u Cange, CI. 1. T. 1, col. 568. -^ Dicl. de Trévoux.) ' Li Apioattries lanotoena Fu mon ■doBqnM & cd uns; Apattolic flaeiit d'Onorie, Par eslectioEi et eloriç- H. HMtkw, HK p. «t. VAWAKTES : Appstollsér, verbe. Imiter les Apôtres, affecter ' de leur ressembler. [Voy. Cotffrave el Oudin, Dicl.l On a prétendu que « si'l'Antheur des Jésuites eusl • este tant smt peu DOurry en l'anciennelédenostre < Religion, il eust Irouve qiie ce n'estdil pas lipos- < toliser, mais bien aposlatiser, que luy Religieux • voulus! comme les Apostres administrer lés saints > Sacremens, mesme au milieu des' villes,' revestu t'd'onbabiilementqài n'àrién dé commun avecles « Moines. » (Pasquier, Rech. Hv. 111, p. 304.) VARIANTES : APOSTOUSER. Oudio, Dict. AF09T0LJZBR. Cotgrave, Dict. Apostollté, subst. fém. Apostolat; Papauté. {Voyez Rom. de Brut, fol. 55. ~ Ph. Mouskes, ms. p. W3.) On sait que l'Empereur Henri IV, fit déposer lé Pape Grégoire VII dans un concile : De^KMa le pape Grig(»ie ; Ce. nos racoQle li estore. Par oqnoiasOn le mïat eii trape Pour cou que Grigore cil Pappe De «on avoir ot acat« Le doD^e tMpMfolité, Trois mile livres de déniera. Pb. UmiikM, KS. p. Ul. ApostniAe, mbst. masc. \i) Apostème. En grec iftintjfia. Il semble que conformément à l'élymo- logie, onauroit du toujours écrire aposlèmé; orthograptie très-ancienne dans notre langue, et adoptée par quelques Auteurs, quoique de leur temps elle fût moins usitée que celle à'apostume. (Voy. Psautier, irs. du R. n* 7837, fol. 192, R' col. I. — Essais de Montaigne, T. I, page 3j9. — Nuits de Straparole, T; 1, page 219 et 352. — Mcot, Dict.) On avoit sans doute moins égard à l'étymologie qu à )a terminaison du mot àpostwme, lorsqu'on le faisoit du genre féminin. > L'an mille cinq cens trente- • huict, le Roy estant à Compiegne tomba malade ■ d'une apottume.... dont il fut en grand danger « de mort. » (Du Bellay, Mém. liv. viu, fol. 270. — Rob. Estienne, Mcot et Monet, Dicl. — Dict. de Trévoux.) La comparaison de l'effet d'un deuil ou chagrin intérieur, à celui d'une apostume dans l'estomac, parollroit aujourd'hui fort dégoûtante. G«ctoit aangloux, gëmtaaemena parfonds. ». _.__ __ — e bMI eniï Ml londa 1- AP De l'estomscb TcnimeuBe apçilumK D'eictrËme dueil et doulente amertume. Cnlin, p. lU. — Id. 51. TAHiANTES : APOSTUME. Crétin, p. 52. - Du Bellav, Mém. liv. x, ff 2(0. - Cotgrave, Rob. Estienoe, Nicot et Monet, Dict. - Dict. de Trévoux. ApoaiHËME. Oudin, Cur. Fr. — Dict. de Trévoux. APOTtmB. Dit de Jenans li Higolei, fol. 150, R> col. S. Apostumé, participe. Qui a un apostème. Proprement formé en apostème. (Voy. Apostumer.) De là, en a dit en parlant d'une personne ayant un apostème dans la tête, dont une blessure. a la tfile s'étoit formée en apostème, que sa teste étoit apijS' tumée. (Voy. Froissart, Vol. III, p. 354.) Apostumer, verbe. Se former en apostème, se tourner en abcès, s'ulcérer. 11 paroitroit raisonnable qu'ayant réformé l'orLhographe du substantif ajTos- îume, on réformât celle du verbe apostumer,-^ qu'on écrivit apastémer, comme l'on écrit apostème. Un abcès est un apostème ouvert. De là, le verbe apostumer a non-seulement signifié se former en apostème, mais se tourner en abcès, rendre du piis, s ulcérer. (Voy. Monet, Dict.) Tu le 9C8ÎB Hua, France : mais je n'esaaje Icj pourtant de reFraiechir la pla;e . Qui tousjoura saigne et qui ne guarit or, Et qui pourroit apoitumer éncor, etc. Boîeriâ ds n. SdlMs; T. I, M. IDS, R-. On préfère aujourd'hui l'usagedu verbe s'ulcérer à Celui à'apostvmer. Mais on ne trouvera point dans la nature la raison de cette préférence, puisque l'idée d'ulcère n'est pas moins révoltante que celle à'apostume. (Voy. Apostume ci-dessus.) VAIllAHTeS : APOSTUMER, Orlb. àntnlet. - Bergerie? dé R. Belleni, T: Ijp. 105. — Touilloux; Faucon, fol. 40 et 79. — Cotgrhve, Oudin, Rob. Eatienne, Nicot et Monet, Dict. Aposteher. Colgraw et Oudin, Dict. Aposthembr. Oudin, Dict. Aposume, subs. masc. Apozème. L'orthographe apozeme, qui se trouve dans Cotgrave et Monet, Dicl. est conforme à l'origine de ce mot dérivé du grec ànoCiw, en latin dsfervesco. L'humanité a des obligations si réelles à la Chirurgie, qu'on s'étonne aujourd'hui que la Médecine lui ait interdit en 1507, le droit d'ordonner des aposumes et des clystères. (Voy. Pasquier, Rech. liv. ix^ p. 825 et 828 ) VARIANTES : APOSUME. Faeqnler, LeU. T. II, p. 5M et 556. APostvs. Monet, Dicl. — Dict. deTr^Onx. Apozihe. Coûrave et Nicot, Dict. Apothecairalsse, stibst. fém. et aâj. Femme d'Apothicaire. Qui est fait pari Apothicaire, qui est relatif à l'état d'Apothicaire. Ce mot encore usité dans les couvens, pour désigner comme substantif, la Religieuse qui a soin de l'apothicaireric, a signide femme d'Apothicaire. (Dict. de Trévoux.) • Que • dira-on de V Apotiquaresse ? Elle contrefaict si bien * la belle, qu'il luy semble bieu qu'ouy. • (Caquets AP ^« de l'Acouchée, p. 74.) Il éloit adjectif, lorsque dans le second sens on disoît médecine apothecairais$e ou apoticairesse, çtc. (Epilh. de M. de la Porte. — Cot^ve, Dict, — Voy. Apothecaibe ci>des50iis.) TIRIIHTBS : APOTHECAIRAISSE. Cotgrave, Dict. APOTRiCAiREseE, APOTHicAHEBeE. Met. de TrAvoox. ApoticaimsiA. EplUi. lie H. de 1k Porte, p. K9. &FOTIQUAHESSE. Caquets de l'Acouchée, p. 74. Apotbecaire, subst.masc. Apothicaire. Lemot grec 'b»'^, origine àa francois apothécaire qu'au- jourd'bui l'on écrit apothicaire, signifie assez géné- ralement un lieu où sont déposées les choses qu'on veut vendre ou conserver, un magasin, une lx>u- tique, etc. i.V. Apotheqve.) Ainsi tout homme tenant boatique ou magasin, pouvoiL être nommé Apothe- aUre. On trouve la preuve de cette accepUon fënérale, dans le Closs. lai. de Du Cange, au mot Apotheearii. Hais en françois, le mot Apothécaire I eignîllé par excellence celui qui tient boutique de drogues; boutique où l'ordre dans lequel on pose les drogues médicinales, est si nécessaire pour éviter les quiproquo qui ont donné lieu à ce pro- verbe : • Dieu nous guarde de qui-pro-quo d'Apo- ■ Ihicquaires! > (Apol. pour Hérodote, page 45.) Le danger de ces quiproquo d' Apothecaires étoit sans doute bien plusacraindrequ'il ne l'est aujourd'hui, lorsque Pasquier regrettoit • l'ancienneté qui Taisoit ■ marcher sous une mesme cadence Testât de Me- < decin. Chirurgien et d'Apolicaire. * il croyoitque l'Apothicaire étant Vadopérateur dut Médecin, on étoit d'auiant moins assnré de sa guérison, que ■ l'exéquulion de lordonnance du Médecin des- ■ pendoit de la miséricorde d'un maistre Apoti- ■ caire;... ains le plus souvent d'un vallet auquel ■ t) n'y avoit ny science ny conscience. ■ (Voj'ez Pasquier, Lett. T. I), p. 551 et 552.) VARIAM1Ï8 : APOTHECAIRE. Rabelaia, T. I, Prolog, p. 41. - Id. T. IV, p-tW. - ColBTBve, Dict. iPOTHiogUAiHB. Apol. pour Hérodote, jp. 46. Apoticaire. Dialog. de Tahur«au, foL 9), V*. Ai>OTtCQUtiaE. OudiD, Cur. fr. Apotikaihk. HiaL de Job, en vers, US. de Gaigoat, I* 169. Ai>oTiQUAiRS. Honet, Dict. Appoticaibe. Poës. de Charles, D. d'Orléana, HS. fol. 99. Apothecatreric, subst. fém. Apothicairerie. Etat et art de l'Apothicaire. (Cotgrave, Dict.) Apothème, subst. masc. Apophlhegme. En grec dn»(»€yfia. Il seroit atTreux que le fanatisme eût consacré l'apophlhegme de H. de Hontpensier, qui ccoyant imiter par sa baiiie contre -les Hérétiques, le zèle du Itoi S' Louis contre les Infidèles, disoit < qu'à un hérétique on n'estoit nullement obligé de ■ garder sa foy... 11 le pratiqua bien à l'endroit du < Capitaine des Marais, qu'il prit dans le chasteau ■ de Rochefort sur Loire, par honeste capiiulatioo il] D T ft là un mMla^etpeiidiculAlremeDëed. triansulaires d'une pyramide réeuliére ; 1 1 mtnits végétaux, (n. b.) — (S) Boutiqut vi «era.(if.ï.)- ~ ■ et sur sa Toy; et puis le flst exécuter anssitost, « se fondant sur son apothème (1) que je viens de . dire. . (Brantôme, Gap. Fr. T. IH, p. 280.) Apotheque, subst. fém. Boutique (2). Acte sujet àla formalité du dépôt. Ce mot purement grec signifie' boutique, lieu où 1 on expose des marcTiandises en vente. ■ il fault, dict Galon, que le Pere-famillesoit > vendeur perpétuel. Par ce moyen est impossible • qu'enfin riche ne devienne, si tousjours dure . Vapolheqtie. • (Rabelais, T. 111, page 12.) Il est possible qu'apotheque, dans un sens relatif à l'ccception générale du mot grec ânosi/tj}, lieu où sout d^osées les choses dont la garde intéresse, ait désigné certains actes juridiques, par la-raisoa qu'ils étoient sujets à la formalité du dépôt; c'est- à-dire qu'une expédition de ces actes devoit être déposée au grefTe de la juridiction où ils étoient passés. > Lettres et instrumens faicts et passez par « Eschevinage qui se faict en deux parties cyrogra- ■ phées, ou en trois parties dont le Juge garoe l'une ■ des parties; et les parties d qui louche, gardent > les autres. Et sont telles lettres selon le Droict • civil appcllées apathequet. ■ (Bouteiller, Som. rur. lit. cvn, p. 636.} Apothérapic, subst. Récréation. Ce mot qu'on trouve dans Cotgrave Dict. est une altération d'apoUiérapie. Apottaérapie, subst. fém. Récréation. En grec dno9içajiiia. . Par manière d'apothérapie s'esba- < toient, etc. • (Rabelais, T. I, p. 170.) C'est ainsi qu'il faut lire dans les éditions ou il y a apoï/ieraj^ic. (Id. ibid. note de Le Duchat. — Voy. Aro-niÉBAPic.) Appactir, verbe. Obliger à payer une contii- bulion fixée par un pacte. On se souvient encore de ces temps malheureux où l'habitant des villes et de la campagne, exposé à la fureur avide et meurtrière des ennemis élrangei'setdomestiquesqui désoloicot la France, n'obienoit la vie avec la liberté de faire son commerce et de labourer la terre, qu'en se mettant à pactis, ou enpaclis; qu'en s'obligeanl à eayer les contributions fixées par àes pactes, sut isquels étoit établie une espèce de paix ruineuse et tyrannique. (Voyez Apaeh.) Telle est l'origine du verbe, quelquefois réciproque, appactir ou em- paclir, et de la significabon dans laquelle on a dit ; ■ Ne pouvant plus souffrir eslre raenconnez et < apactis auxdits ennemis depuis six ou sept ans, • etc. > [D. Garpentier, au mot Apatuare.) > Tous ' les villaiges d'entour Paris estoient apatiz aux . Arminaz (3). » (Journal de Paris, sous Charles VI, p. i27.) ■ Ils oe pouvoyent labourer leurs terres... < pour la doutance des pillars, s'ils n'esloyent bien « acconvenancés et appacIiB. > (Froissart, Vol. III, p. S58.) Peut-être faut-il lire apactis en un seul mol, _ . __ tier,fu est seulement employé en chimie et en géométrie ; - le c&tâ d'un polvgoite régulier, oti In hauteur d'une quelconque des faces t enfin un prëcipile brun qui se forme peu à peu dans les dissolutions dea Dt lul-mtaM i'ànaéifn}, pur l'italien boiieg», comme le rend probable l'apocope jlQ lieu de à pacti» dans cet autre passage. < Ceux 'm de Lourde et de Halvoisin rancûanoyent aussi ■ bien les marchands du royaume d'Airagoa et de • Catelongae, comme ils faisoyeut les François, ,,« s'ils u'estoyent àpactU à eux. • [Id. ibid. p. 8.) 'JkM. reste, on a pu dire estre à pactis, comme l'on .disoit M mettre à pactis, estre à apçaelis. (Voyez 'Appictts, Appactizeb et Pactis.) La violence qu un .'llesir tyraonique fait à notre volonté, étant com- :parée a celle que souffroient des citoyens obligés malgré eux de s'appactir, on aura dit figurémént : . . . Dflsir tient tout apattU Mon vouloir qti est amatia- AL Cbwte-, Ut. fa n DnM, Da CB|a, Glgu. Ut. au put AfoOiaOe. ÀPPACTIR. Froissart, Vol. III, p. 358. Apactir. Id. ibid. p. 67. — D. Carpentier, au mot Apatuare. Apastir. Du CaoRe, Gloae. lat. au mot Apatiaatio, col. &16. Apatir. Jour, de Paria, sons Chartes VI, p. 197. Empactir. FnMSBort, Vol. 111, p. B, note mai^. Appactis, $ub$t. masc. Contribution Axée par un pacte. Pacte qui fixe une contribution. Cest .probablement d'après les eupcessioas estre à pactis, •.te mettre à pactis, qu'a été formé le substantif .composé appactix ou appactiz, ainsi que les verbes .appactizer, appactir, s'appactir. (Voy. Pactis.) Il semble que l'usage de ce mot ait commencé et llni avec les malheurs de ces temps d'anarchie ofi ceux qui dévoient être le soutien de la France, seréunis- soient à ses ennemis pour en être le fléau. On croiroit que la tyrannie militaire du iiv^ et du xv siècle aflectoit de pallier l'odieux de ces contribu- tions auxquelles le citoyen étoit forcé de souscrire, en les nommant appactis, comme si elles eussent étéfîxéespar un pacte volontaire. ■ Les appactis.... € montoyeut bien par an es terres dessus dites • antant comme la rédemption des fors et des gar- « Bisons devoit monter. » (Froissart, Vol. m, p. 258.) ■ N'estoit année, à cause de ladite place, qu'ils « n'eussent A'appactis sur le païs bien vingt-quatre ■ mille escus. • (Jnvenal des Ursins, H. de Charles Tl, page 172.) ■ Ne seront faites aucunes prises de ■ personnes, courses, voleries, pilleries, logis, ■ appatis, rançonnement de bestes ou d'autres « biens quelconques, sur les terres, villes. ... et ■ autreslieuxestansdu parti et obéissance du Roy. ■ (Mém. de Comines, T. 111, pr. p. iSO.) Le brigandage onuUiplioit ces contributions nommées appactis, à tel excès qu'un < pauvre village estoit à appatis à « huict ou dix places. » [Œuv. d'Al. Chartier, Annot. fc839.} De là, on disoit en parlant d'un Capitaine ou Idat avec qui une ville, un pays étoit à appactis, .qu'il lenoitce paya, cette ville en composition d ap- pactis, en rente a appactis, ou tout simplement en ■gppactis. ' Tindrent tousjours le pats en guerre et ■ en composition A'appacli%. » (Froissart, Vol. IV. p. 32.) > Sur les marches de la duché de Luxem- '« boui^... le Signeur de Commersy...raisoit guerre '■ au premier rencontré, et prenoit et ravissoit de ■ toutes pars prisonniers et butin Sur les > marches de Mets. . . se tenoit Héory de la Tour, < au lieu de PierreEortei tenoit le» citez de Toul.fil • de Verdun en rente A'apalit et tous ses voinns • ensujettion. ■ (Uém.d'Ol. delà Marche, liv. 1", page 151 et 152.) > Se retrait le Roy en la cité âe ■ Bourges. . . . laquele cit<^ un pauvre soudoyer • Bourgongnon, nommé Pernet Grasset, tenoit en « apalis, le Roy estant dedens. • (Id. ibid. p. 124.) . Prospère Colonne, Lieutenant général du Pape,... ■ tenait tout le pays en appatis et eu faisoit ce qu'il ■ vouloit. ■ (Hist. du Ch" Bayard, p. 363. — Voyez ApATissenEKT et Apatissure.) 11 semble que la signification A'appactis étoit quelquefois celle A! apatissure, et que les Lettres seellées d'apactiz étoient des pactes qui Tixoient les contributions au payement desquelles on s'obligeoit sous le scel de celui qui les avoit exigées. > Les ■ Bourgongnons... voulans vivre delà guerre, se ■ boultoient avec les Ânglois; et en portant la croix « rouge prenoient les François et leur faisoiept ■ guerre: par lequel moyen regooit contre le > peuple et gens d'Eglise tres-innumérableset tyraa- ■ niques pilleries. Et combien que pour vivre eu • paix au dessoubs de ceux qui faisoient la guerre, ■ ils donnassent et pi'omeissent du leurs trës-lar- • gement, en prenant d'iceux, ou de leurs Capi- • taineSiSaufconduils, lettres de gardes, ou scellées < A'apactiz, néant moins peu, ou néant leur estoit ■ entretenu. » (Monstrelet, Vol. II. fol. 83. — Voyez Appactir et Appactueh.) TARIAPTES : APPACTIS. Froissart, Vol. III, p. 258. Apactiz. Hoostrelet. Vol. II, fol. 83, R>. Apatis. Mém. dOl. de la Marclie, liv. i, p. IM. Appactiz. Froissart, Vol. IV, p. 32. - Monstrelet, V, II, p. 98. AppASTta. Dd Gange, Gloss. fat. au mot Appatiarncntuin. Appatis. Ib ibid. au mot Apatitofio, col. 545. — Him. de Comices, T. III, |). 180. - Hist. du Ch« Bayard, p. 363. Appatiz. D. Carpentier, S. Gl. 1. de II. C. au mot Apatuare- Appactizer, verbe. Obliger à une contribution fixée par un pacte. Telle a été la siguitlcalion da verbe appactizer, apaticher, ou apatisser, doot quelques étymologistes , trompés sans doute par les orthographes apastir et appastis qui sont des altérations A'appactis et dappactir, ont cru voir l'origine dans pastix ou past, en latin pastus. (Voy. Borel. Dict. — Du Cange, Gl. 1. au mot Apatisatio.) Ou l'a même défini conformément à celte fausse éfyraologie. Mais il est évidemment formé depacZia, pacte, en latin pactum, et signifie mettre à contri- bution , obliger au payement d'une contribution flxée par un pacte. (Voy. Pactis.) ■ La plus grande ■ partie des villes estoient toutes appactizées à ■ eux, et rançonnées à certaine somme d'argent • (Honstrelèl, Vol. Il, fol. 183.) < Tanguy... apatissa la Villeneuve - S" George.... et après les deniers par lui receua, ■ etc. ■ (Preuv. sur le meurtre du D. de Bourgogaa, fiage 309.) Ce même verbe est réciproque dans une ettre où Juvenal des Ursins, représentant aux Etats de Blois la misère du peuple, disoit : * Le pauvre ■ peuple de tous estais cuidant y mettre remède, ■ aélinera de soy apaticher à la garnison plus pro- ■ duine; mais laatoat tooles les autres garaimift -Bcrel, Dict. - AP de la nature humaine. C'est dans le mot pain , en latia panis. qn'on trouve roris;ine aussi simple que naturelle du mot appanage. (Voy. Du Gange, Gloss. lai. T. I, col. 541 . — Nicot, Dict. — Dict. de Trévoux.) Il sunlt que le pain soit une chose essentielle a la nourritui'ede l'homme, pour qu'on ait nommé pain tout ce qui est nécessaire h sa subsistance, et appanage ce que les pères et mères donnent à leurà enfans, ou tes Trëres aînés i leurs puînés, tant pour leur nourriture que pour leur entrelien. Dans cette signincation générale, ia dot des tîtles élott une espèce à'appanage. • Père et mère, ou l'un d'eux, > entant que à luy est permis et leur es\ loisible, > peuvent par contract de mariage appaner leurs « filles et leur laisser pour leur dot de mariage et • pour tous droicts de leurs successions, ce que • Son leur semblera; tellement, que leurs dictes > filles ainsi appanées ne peuvent aprez le déceds • et trespas de leurs dicis père et mère demander « ne quereller aucune chouse ez biens et succes- • sions de leurs dicla père et meiï, sinon leurs • dicts appanages, au cas quelesdicts père et mère « ou l'un d'eux ne les eussent rappelés. » (La Thaumassière, Coul de Berry, p. -209 et 210.) . Fille « mariée et appanée, ou dotée, par père et mère « vivans... ne peut retourner à la succession des- ■ dits père et mère... lant qu'il y aura hoir masle, ■ ou hoir descendant de masle , soit masle ou . femelle.... Et ne peut ladite flUe impugner ladicte ■ dotation et appanage... sauf par supplément de « sa légitime, eu esgard à son dit dot, ou appanage, • et aux biens de ses dits père et mère délaissez ' par leurs décès. > (Coût, de Nivernois, au Coût, gén. T. I, p. 892.1 On a dit en parlant des Filles de France, excluses en tout temps de la succession ix la Couronne , que : • c'est une espèce d'abus de leur donner des appa- < nages en fonds <> de terres domaniales. Cette observation de Le Laboureur parolt d'autant plus judicieuse qu'elTectivement l'abus dont il indique l'époque, [Hist. de la Pairie, p. 205,] est un écart de l'ancien principe des usages Saliques; principe d'après lequel il semble que Charles V ordonna'par ses Lettres du mois d'octobre 1374 (1). que • pour > tout droict de partage ou appennage que ses filles ■ pourroient demander en ses Domaines, Droicts, • Noblesses et Seigneuries royaux, l'ainée auroit qo • mariage cent mille francs, et les autres filles • soixante mille francs, avec tels garnisons etesto- ■ remens comme il appartient à filles de Roy ^e > France. > Il est probable que ce n'est pas saiis raison qu'en parlant de ses filles, il a dit, • pour ■ tout droict de partage ou à'appennage qu'elles ■ pourroient demander, etc. • S'il eût reconnu leur droit à demander un partage ou appennage en fonds de terre, un appennage de même nature que.ceiui de leurs frères, il se seroit exprimé sansdoute'à l'égard de ses filles Uarie et Ysabelle, comme à (,i) Catte sage mesure demeura sans effet, et ce Tut aonlement k partir de 1596 qua lâs rais s'astrâigaïrent à r<)bser*»ti«ii rln(t''M9ed'uiMloii)réci*e. LhOBpitot.fltrendre alors une ordoDQancs.ea vertu àf laquelle loua les apanof/e* rânUaient Jmwi rtqubteada foulé (driîsationiUcouroiuie,q?réBrextuic(ioa de UUgDaiDMC^^ k.) AP -I ■ commencèrent à courir villages, voulant avoir ■, p!)lis. • (Du Caoge, Gloss. lat. au mot Apatisatio. — : Voy. AppACTiB.) VARIAMES : ApPiCTIZER. Monstrelét, VoL U, toi, 183, R' APaticheh. Du Gange, Gl. Ut. à Apaliêàtia. . AP'atiskh. Id. ibid. ÀPATiBSSit. Preuv.aiirlemeuctreduD.doBourBOtfnep.SH. Appatich^r. Œuv. d'Al. Chartier, Annot, p. 860. Appatisser. Id. Ibid. p. 839. — Lé JouvenËel, MS p. 335. &PFATISSIER. D. Carpentier, S. Gl. 1. de D. G. & Appatioive. AppaUlarder (s'), verbe. Se livrer à une luxure honteuse et infâme. [Cotgr. Dict. — V. Appaillabdik.) Appalllardlr, verb. Devenir paresseux etlAche. Benore gueux. Devenir luxurieux, impudique. On sutstituoit à l'idée d'être couché sur la paille, celle d'être couché sur un lit, en substituant le verbe t^oltronnir, devenir paresseux el lâche, au verbe t^paillarder plus ancien dans notre langue en cette même signification figurée. (Voyez âpoltrohnid et Apoltbo:(nrr.] Longtemps avant que Charron eût dit que le marine apoltronnisoit les Savans, on s'étoit plaint que non-seulement tes Clercs, mais les Che- valiers, en se mariant appaiUardissoient, qu'ils devenoienl paresseux et lâches. Car niil£ d'euiz ne puet les mestiers Exercer,. U uns de.Clergie, Li autres de Chevalerie, Et servir aux lemmes ensemble. Ainsi chascun son reuom amble, Se destruit, el apaillardit. Eoil. D(uh. Poil. HSS. p. SW. col. 4. C'est probablement en faisant allusion à la paille sur laquelle couchent les ^ueux, nu'appaillardir a signifié rendre gueux, réduire h la paille comme un ^ueux. Faulte d'argent et les graos preatx Noua DDt uns P^» appaillardi». Dùlof. d* Millepiie, p. 57. On répugne à retracer l'idée du vice inhérent à ta paresse des gueux qui couchent sur la paille, en disant qu'appaillardir c'est devenir luxurieux, im- pudique. [Oudin, Dict. — Voy. Paillardeb.) VARIANTES : APPAILU.RDIR. Dialog. de MaUepave, p. 57. ArAUJ.A]U]iH. Euet. Descb. Pftëa. IfSS. p. 319, col. 1. Appanage, subst. masc. Dot. Apanage. On peut voir dans Ménage, Dict. étym. combien les opinions ont varié sur l'origine du mot appaiiage.En suppo- sant qu'il fûtdérivédu substantif latin appendagium forme du verbe appendere, l'orthographe appeimge que l'on croit une altération A'appanage, seroit la vt^ie orthographe. Cette opinion de Spelman, pré- férable sans doute â celle d'Antoine Loisel qui veut ([V,' appennage ait été formé de penne , en latin penna, parce que les enfans appennés commcn- çoient à voler d'eux-mêmes, ne mérite cependant d'être remarquée qu'autant que la signification A'i^Minage semble y être relative, lorsqu'on dit que les infirmité sont les apanages, les dépendances AP — 37 — AP Vépvà de son fils Louis; il auroit dit, pour « tout < aroict de partage ou appennage à elles apparte- « liant, * comme en parlant de leur frère, il avoit dit : « Ordonnons que... nostre très cher et aimé « fils Louys aye pour tout droict de partage ou « appennage à luy appartenant en nos Terres et « Seigneuries, pour raison de nostre succession , < ou autrement, selon les vieils usages, observan- « ces et coustumesde nostre Royaume, douze mille «livres de Terres, etc. » (Godefroy, Annot. sur THist de Charles VI, p. 571 et 572.) Quoique cette Ordonnance semble confondre le partage et Vappanage, la signification de ces deux roots n'en étoit pas moins essentiellement différente, puisïiue les filles, bornées à une dot qu*on nommoit appanage^ n*ont jamais partagé les terres Saliques, conjointement avec leure frères; et qu'antérieu- rement à l'Ordonnance de Charles V, Vappanage, tel qu'on le conçoit encore aujourd'hui, excluoit, même entre frères, le partage de ces terres. Une pteuve de c^tte exclusion commune aux fils puinés des grands Seigneurs avec les fils puînés de nos Rois, c'est que dans un titre de 1323, « Guy de « Chastillon, Comte de Blois, après avoir dit et < maintenu que... Johan son frère ne devoit, ne ne « pooit demander en la comté de Blois, ne es ap- « partenances que appenage tant seulement, fixe < cet appanage à doze cenz livres tournois de rente « en fonds de terre, quoique son frère prétendit « avoir droit de partage en ladite conté et es appar- « tenances. » (Voy. Hist. de la M. de Chastillon, pr. p. 100.) Uappanage des puînés n'étoit même pas toujours un appanage en fonds de terre. Guillaume, Seigneur de Montpellier, fils de la Duchesse Ma- thilde, déclara par son testament du 4 novembre 1202, son fils puîné exclus du droit de partager avec ratné l'hérédité paternelle , moyennant un appanage de mille sous de rente annuelle : « Yolo « quod filius meus major nalu... det ei tempore « vitaB sixdd annualim 1000. sol. et pro bis sit con- « tentus omnibus aliis bonis meis. » (Du Cange, Gloss. lat. T. I, col. 543.) Dans un autre testament d'un Seigneur de Montpellier, aussi nommé Guil- laume, fils d'Ermessinae, le puîné, désigné pour l'iétat ecclésiastique, subit la même exclusion, sans pouvoir exiger de l'ainé autre chose qu'une éduca- tion et une subsistance proportionnées à la noblesse de sa naissance. C'est relativement à cette idée géné- rale de proportion, particularisée dans le testament et indiquée par l'adverbe honorificèj qu'apariage a signifié la même chose qn'appanage. (Voy. Apariage.) On peut, dire que ce testament, en date du 11 décembre 1146, est une cession faite au fils aîné, de tous les droits de l'autorité paternelle sur le puiné. « Bernardum Guillelmum filium meum « dimîlto.Guillelmo.filio meo majori^ ita scilicet ut « usque ad setatem xvm annorum benè faciateum « docereet.in litteris studere; et si tune voluerit « clericus fleri et ad sacros ordines promoveri, : « Dominus Montispessulani teneat illum honorificè, < secum, ita scilicet ut equos et arma, et armige*' . « ros, et victum et vestitum sibi honorificè adminisr « tret, et Rernardus nihil aliud in toto honore' « ipsius aliquo jure petere possit; vilis enim haere- « ditas nobilem hommem non decet. » (Du Cangê, Gloss. lat. ubi supra.) 11 seroit. à désirer pour Tes; mœurs qu'il suffit d'être vertueux pour être noble avec décence. Mais telle est la force des préjugés vulgaires, qu'on sent encore aujourd'hui que dans le xn* siècle on pouvoit avoir raison de dire qu'un médiocre patrimoine messied à la Noblesse. La crainte que cette médiocrité n'exposât la noblesse d'une Maison illustre à l'obscurité et à l'avilisse- ment, parut un motif raisonnable d'exclure les enfans puinés de la succession paternelle. On le$f força de se contenter d'un appanage (1), au moyen duquel ils pouvoient subsister décemment, et se venger, en acquérant l'honneur et la.richesse dans la carrière ecclésiastique et militaire, de l'espèce d'injustice qu'on leur faisoit éprouver. Ces appanages durent sans doute pai*oitre encore plus contraires à la Nature que les partages dont le droit d'aînesse autorisoit l'inégalité. « Aussi no^ « premiers ancestres ne se peurent aisément in? « duire à introduire en leur monarchie des droitssî « conlraires à l'égalité qui semble naturelle entre « les enfans d'un même père. Et de fait ne furent, « ny les droits d'aînesse, ny les apanages^ conneus « sous la première, ny mesme sous la seconde lignée « de nos Roys. » (Pasquier, Rech. liv. ii, p. 128.) Mais la Nature qui dicte la loi de l'égalité, excuse elle-même l'amour propre d'un père de famille qui s'occupe des moyens de perpétuer l'illustration de sa noblesse. C'est ce même amour-propre devenu dominant qui proscrivit enfin l'égalité du partage entre frères. « On reconnut, sous la troisième Race, « le droict d'aisnesse si essentiel à l'entretenement « des familles, et que la Nation Françoise a eu e^i « grande recommendation, voire sur toutes autres « nations. » (Pasquier, ubi supra.) Uappanage anéan- tissoit quelquefois toute espèce de droit de partage, même inégal, lorsque les fils et les frères puînée des Seigneurs particuliers étoient appanages comme Tout été et le sont encordes fils et les frères puînés des Rois de France. On sait que sous les deux premières Races de nos Rois, le Royaume qui est terre Salique par essence, se partageoit, suivant les mêmes Lois 2u*une hérédité particulière; que le partage étoit gai entre les fils, à l'exclusion des filles ; que pour obvier aux inconvéniens de cette égalité de partage, on établit, sous la troisième Race, la maxime de l'indivisibilité de la Couronne : maxime qui devint loi fondamentale de l'Etat, et dont les Seigneurs particuliers ont profité eux-mêmes, en la faisaiit valoir pour leurs fiefs nobles ou seigneuries. (1) Vapanaae était donc la pension annoeUe, la rente assi^cnée d'ordinaire sur certains fonds, que fais€dent les seigneurs à leurs frères. puînés. lîDOtts en teste des exemples assez nombreux au xii* siècle. La tenure enparage^ la divlsioii des fiefs firent tomber en désuétude rapa*t (D. Curpentier, Sup. Gloss. lat. de Du Cange, au mot Appanagium; Ut. de UTi.) De là, on aura dit en parlant de bestiaux qu'on a'avoit pas le droit de faire pâturer dans une lorél, qu'ils n'éloient pas appanagés ou apparnatgés. • Hz ■ ont droits de franchises et libériez, tels que nous • avons en nostr« dite forest de Charnie; et en- < Ir'autres sont en possession de prendre... toutes • les bestes porcbines, aumailles et autres qu'ilz • treuvent au dedans de leur dict parc, non her- • baigée3etap^arna(i;£>8,commeàeuxappartenans • par conllscalion ■ (td. ibid. tit. de 1480.) Afi'A t^jkuciï. o^ rfuueu, ncBi. uiBtp |j.d. Appannaobb. Lett. de Paequier, T. II, p. 578. — Honet. D. if PARNAiaER. D. Cupentier, Sup. Gloss. lat. de Du Caoge, u mot Appanagtvm. AiVENNAOKB. Colgrave, Nkot et Hooet, Dict. Appaner, verbe. Apanager; Doter. La signi- llcatton propre d'appaner, c'est trancher et donner !k cbacun de pain ce qu'il lui en faut; par extension, ' tranchée et diviser entre les séants a table autant • desvivresserviscontme on juge estre nécessaire. ° (Toy. S' Julien, Mesl. hist. p. fi.) Il semble qu'on ait assez naturellement comparé à des convives ainsi partages, les enfans qu'on exclut des successions paternelles et maternelles, en leur assignant de qnoi vivre et s'entretenir, lorsqu'on a dit llgorément qu'au moyen d'une dot en argent, ou d'un revenu - AP en fonds de terre, ils éloient appanés ou appanagésl (Voy. Appaniger.) ■ Fille mariée et appanée ou dot^ ■ par père et mère vivans... ne peut retourner à la • succession des dils père et mère.... et ne peut ■ impugner la dicte dotation et appanage. ■ (Coul. de Nivernois, au Coût. gën. T. I, p. 893.) On a veillé à la conservation du royaume de France, ■ en voulant que tout le droict de la Cou- •I ronne fût attribué aux aisnés, et que les frères - de nos Roys fussent seulement appennez. • (Pas- quier, Kech. liv. n, p. 129. — Voy. Appanage.) APPANER. U Tbaumassiëre, Coût, de Berry, p. 909. Apaneh. Du Cause, Gloes. lat. T. I, au mot Àpanare. Apknnbr. J. le klaire, lUuet. dea Gaules, liv. ii, p. SOO. Appanner. Cotarave et Mooet, Dict. Appenneb. Du TiMet, Rec. des Rois de Fr. p. 46S. Ekpaner. Laur. Gioaa. du Dr. Fr, p. 52. quelle pourroit être la cause de la persuasion où l'on est que dans ces expressions, à~par-moi, à-par- nous, etc. à-par-soi, à-par-lui, ît-par-eux, etc. la préposition par est une altération du substantif pari. (Voy. A-pak.) L'a et par étant réunis, on éçrivoit appar ob' apparl; préposilion composée qui nesignilloilrien de plus que la préposition simple par, lorsqu'on dîsoit appar ou appart-soi, dans le sens de à-par-eol, ou de par-soi, tout seul, séparément, à-part. ■ Hour- > ronl mieuix ensemble qu'ilz ne feroient chacan • appar-soy, etc. » (Le Jouvencel, us. p. i3l.ï « Les • choses mises appart-soy, eussent este trop cieres. ■ (Ibid. p. 023. - - voy. .^-tab-soi et Par-soi.} VAHIA.NTCS : APPAR. Le Jouvencel, MS. p. 431. Appart. Ibid.p. 633. Apparablef adj. Qui se décide par l'évidence du droit Signification relative à celle du verbe appâter, paroitre, être visible, évident. (Voyez Appares.) Dans la Coutume de Normandie, en vers, les querelle» apparables sont celles que la même Coutume nommoit guerelies apparissanles, parce que la Loi qui les decidoit, faisoit paroitre le droit des parties, et le mettoit en évidence. Or convient veoir dea querelles De posseasioD, qui sont telles : Une roouvable, autre inunouvable ; L'une simple, autre appvrable. OoM. 4s Monn. a nn.llS. M. M, Veol.l at ). Apparaument, adverbe. De façon à être vu. Il semble que la formation de cet adverbe ail quelque analogie avec celle de l'adjectif apparable. (Voyez ArpABABLE.) Peut-être a-l-on écrit appaTahlement, et apparaument parune espèce de contraction (2) dont la preuve n'est pas rare dansnotre ancienne langue? Quoi qu'il en soit, l'adverbe apparaument, pris dans un sens relatif à celui du verbe apparer, pâroib'e, se faire voir, signifloit de façon à être vu. ■ Où les (1) La bâpM 'f^'¥' v^ inttialifutn, dérivée de pastio. Panagiutn vanant d« panit, aignifie fabrication du pain. <«. kJ rr (S> Ca n'eat pas i'eOet d'an* contraclKm : la conaoooa i a'est cbangée en la vojalle u; aiuai lintmtnl eat davanu lêanmtM, cheval est daTenu ehevau, etc. (m. b.) AP -i • Archiers Tauldront, l'en doil asseoir les autres qui ' - n'ont nulz arcs. . . . mais ilz doiveol eslre assis ■ • plus au descouverl et plus appàravm^ht que les • Archiers ■ (Moflus et Racio, us. t° 78.) Quelquefois l'acceplion de Cet adverbe étoit la même que celle à' apparemment. {Voy. AppAiiEMiiEST.) TAIIIAHTE8 : APPARAUHENT. ModuB et Bacio, VS j|u>. ,o. Aparaument. Psautier, US. du B. n» 7837, fol. R". Appare, subst. fém. Paroi. Ce mot semble êlre de même origine et de même significalion qv'ap- paroi, paroi, muraille. « De si gpant force getla • l'escuelle en quoy ilz buvoient, que elle rompy • en pluseurs pièces encontre une û^poreoù elle ■ fery. • (D. Carpentier, Suppi. Gloss. laU de Du Cange, au mot Paries; Lit. de 1409. — Voy. Apahoi.) Aipparement, subst. masc. Action de paroitre. L'acliun de se faire voir en public, de se faire ' coniioitre. (Voy. Appareb.) ■ Damoisellea, comment '• noua maintiendrons-nous jusques au jour de • nostre feste elde mon apparemenl? car je n'ai ■ voulenté... de moy monstrer, ne faire cognoistre » en appert, fors que entre vous. ■ (Percef. Vol. Il, fol. 48, V- col. 2. — Voy. Ap^ariTio-s.) Apparemment, adverbe. De fai;on apparente, visiblement, évidemment, vraisemblablement. On regarde l'ortbograpbe apparentement comme une Sreuve de l'afTectation avec laquelle tes Ecrivains u XVI' siècle préféroient à l'orthographe vulgaire, une ortbograpbe plus étymologique. U semble en effet qu'en écrivant apparentement pour apparem- ment, on ait voulu rendre l'orthographe plus con- forme à rélymologie (1), et désigner ainsi le rapport de cet adverbe avec le participe apparent dont il est formé par une espèce de contraction ordinaire dans la formation des adverbes différemment, fré^uem- : iïient, et autres de même lerminaison. (V. Apparent.) \C'est dans un sens relatif à celui du verbe apparer, :paroilrË, être visible,' évident, vraisemblable, que l'adverbe apparemment ou apparentement a signifié 'visiblement, évidemmenl, vraisemblablement, en " apparence. On en à restreint l'usage à cette dernière acception-, mais anciennement on disoit: > Se le • ditlKiisn'estoitflp;)ar^miîn(marquié, etc. » (Orfl. T. VIII, page 100.) « les Baillis. . , soupeçonnés de . usures, ou menans apparemment desiioneste vie, • ils ne sûiitendront en leur erreur. > (Ibid. T. I, p. 69. — Voy. Appahaiment.) . ApPAHËmENT. p.i^ipeniier, S. (ii.i.àeD.C.k Apparenter. AWABÉMENT. Wd. T.^FIII p. 100. Apparbntkmknt. CoDtiediti de SoDgecreux, Toi. 00 st G6. Apparence, iubst. féminin. Représentation,' ■ presfânce, extérieur. Etal visible d'une chose. Vérité »- AP évidente, réalité. Le snbstantif apparence, dans nn sens analogue k celui du verbe apparer, paroitre, a signifié représentation, prestance, extérieur par lequel on se distingue en paraissant, en se pré- sentant. • L'homme est de sa nature de plus grande • apparence et plus honorable que la femme. > (Nicol, Dict.) • Les petites gens sont sujets... â estre > choqués et coudoyez, îi faute d!apj}areru:e. '(Essais de Montaigne, T. 1)1, page 570.) De là, on a nommé hommes d'apparence ceux à qui la nature ou la for- tune a donné les moyens de paroitre avec cet extérieur qui les distingue. ■ Se celuv qui est trouvé < de jour en l'héritage, en temps de frnicts, avec • brisure de porte ou closlure, est home cogneu et ■ ^'apparence, celuy qui l'a prtns ne le peut nxeaer • que jusques à quelque lieu otl il puisse trouver • lesmoings. ■ (Coût, de Bayonne, au Coût. gén. T. II, p. 701. — Voy. Apparent et Afparoissancb.) L'apparence d'un lieu où s'est fait quelque dom- mage, est sans doute l'état dans lequel on voit ce lieu, l'état dans lequel il paroit depuis qu'il a été endommagé. • Bien se gart qui fet à autrui damage • en blés semés, ou en mars, ou en bos, ou en t)rez, « que chil qui est pris en damage fesanl, est tenus ■ à rendre tout le damagequi est trouvés ou prouvés « par Vaparance A\x lieu. • fBeaumanoir, Coût, de Beauvoisis, cbap. xxi, p. 157.) Ce même mot, qui relativement à la signification à'apparer, être vraisemblable, désignoit et désigne encore une apparence plus ou moins sensible de réalité, a signifié la vérité évidente, la réalité même des choses. ■ Tout ainsi que avez veu à l'heure du • Sacrement, il se assiet... et tant attent... que le ■ Prestreluy apporte son Saulveur.,.. Merveilleuse « chose est; car autre substance n'a eu depuis... ■ plus de deux mois Molt fut Arfaran esmer- > veillé... et dist : Sire, merveilleuse cliose m'avez ■ icy déclairée et forte à croire, si n'en visse l'up- « parence. » (Percef. Vol. VI, fol. 128, R* col. 1 et 2. — Voy. Apparent et Appabeb.) variantes: APPARENCE, Orih. subsist. - Percef. Vol. VI, rot. 198. Aparance. Reaumanolr, Coût, de Beauroisla, p. 157. Apparance. Eusl. Descb. Poëa. 1*"" -^ ^ • eauroisla, p. 1 ). p. 27, COL 1. Apparent, participe. Paroissanl, qui se fait voir, qui se voit. On observe que ce participe du verbe apparer a toujours eu les significations avec lesquelles il subsiste. Dans un sens relatif ù celui du substantif apparence, représentation extérieure, il a signiné et signifie encore une personne qui re- présente dans une ville, en y paroissant avec un extérieur qui la distingue. Hais quelle que soit aujourd'hui tu représentation d'un Ambassadeur extraordinaire, on ne le qualifie plus' de « très- • haut et irès-apparent extraordinaire Ambaasa- ■ deur. > (Mém. de Bassomp. T. U, p. 208.) ' L'acception d'apparent étoit la même qilâ celle (1) L'élymotogie coodAmne ta Tonne inr^tée an xvi> ■iècle; en effet, tes adjectiFs en ens, avt, n'avaient qu'une forme ■u,ungfiliar pour lé mucplin et le féminin ; de là vient ipi'atu xii* et xnp siàcles on disait forment, Ualment; au xiv* siècle, o dit par aimlogiB grandement, comaw boimetrient, mais prudemment, apjxiremment et qoetquea ftutres, reatéreni Odèlea -K — -■— 'B, ^ B.) AP — 41 — AP i*apparer, paroître, lorsqu'on disoit, i*à t apparent d^uelqu'un, pour signifier dès qu'il parut : Pas ne me vit si tost que je le vi ; Bien Tapercns à Vapparant de U. Froifuri. Poés. MSS. p. 74. ool. i. S* A Vapparent de tous, pour signifier en se faisant voir, en se faisant connoitre à tous : « La « condicion de la maulvaistié est telle que d'elle- « mesme, où elle n'a nuls contredisans, sideschiet- « elle et se publie à Vaparant de tous. » (Saintré, page 91.) a* A Vapparent du monde^ pour signifier au vu et au sçu de tout le monde. « Le Comte de Nevers... « venoit d'un loingtain voyage... Si fut voulon tiers « veu.... en toutes les seigneuries et terres de son « père; desquelles il estoit à Vapparent du monde, « héritier et successeur. » (Froissart , Vol. IV , p. 288 et 289.) La préposition à étant supprimée, on disoit en parlant d^ine personne triste et qui paroissoit l'être, qu'elle étoit triste Vaparent ; façon de parler ellipti- que qui semble particulière à Ph. Mouskes : Et sa maisnie et si parent Furent moult triste l*apareni. Ph. Mousket, MS. p. 648, etc. Dans le même auteur, être joiant et par deçà et Vaparent signifie probablement être plus joyeux qu'on ne le paroit. Joiant en furent leur parent Et par deçà et Vaparent, Idflm, p. 683. Enfin le participe apparent précédé de l'article le, étoit de même signification que le substantif apparence, existence visible ou intelligible, exis- tence réelle ou idéale. (Voy. Apparence et Apparer.) n*entendoit Fors au chanter, ainsi qu'il le monstroit. Par Vajmarent, Froiisart, Pota. MSS. p. 74, ool. 1 et 2. Les Lettres patentes sont des Lettres dont on voit le contenu, parce qu'on les délivre tout ouvertes ; de là, elles auront été nommées Lettres apparans. (Voy. Chron. Fr. de G. de Nangis, ms. an. 1291.) On distingue dans l'ancienne Coutume de Nor- mandie, deux espèces de Loix apparentes, que plus communément on appeloit Loix apparissantes. (Voy. ApPAROISSAItT.) YARIANTES : APPARENT. Ortb. suhsist. - Froissart, Vol. IV, p. 289. Aparant. Saintr6, page 91. Aparknt. Ph. Mouskes^ MS. p. 023, 618, etc. Apparant. Percef. Vol. IV, foL 115^ R» col. 1. Apparer, verbe. Faire apparoitre. Apparoitre, 8'api>aroltre. Comparoltre. Paroitre, se présenter, se faire voir. Paroitre, être visible, évident, vrai- semblable, intelligible. Faire paroitre, rendre évi- dent, prouver. On ne croiroit pas que la signification d'un verbe essentiellement neutre ait quelquefois été active, si on n*en donnoit la preuve. Or dist U uns des mors as vis (i) : Seignor, regardez-nous as vis (2)... Diex noiÂB a à vous aparus. Pour ce que vous roetons à voie De bien ; et Diex vous i avoie. Dits de Baudoin de Coodé, MS. de Gaignat, fol. 311. V ool. 3. Dans le sens d'apparoitre, s'apparoître, verbe qui signifie particulièrement l'apparition d'une subs- tance spirituelle et invisible, qui se fait voir sous une forme matérielle, on a dit en parlant de Tat- tente et de la venue du Messie : « Près est nostre « Sires... et tost apparrit; ne défaillis raie, etc. » (S' Bern. Serm. fr. mss. p. 96.) « Quant nos eswar- < dames où il venoit, si nos apparuit une mervil- « louse humiliteiz. (Id. ibid. p. 9.) Les apparitions de la Divinité sont attestées par l'Ecriture sainte. ^ Derechiefs'ûpparw/Deus en Sylo; kar révélé se « fud à Samuel en Sylo, selunc sa parole. » (Livres des Rois, ms, des Cord. fol. 5, Y*» col. 1.) On désignoit le Juge à qui Ton se présente, et non la partie adverse avec laquelle on paroît devant lui, lorsque dans le sens de comparoitre, on disoit apparer ou apperer, « Nul ne doit départir, depuis « que renablement avéra esté somouns, ne dédei- « gner de apper (3) en Court, sinon par renables « excusacions. » (Brilton, des Loix d'Angl. fol. 281.) Cette abréviation apper qu'on retrouve (id. ibid. fol. 280), prouveroit seule la réalité de Tinfinitif apparer ou apperer, quand d'ailleurs elle ne seroit f^as démontrée par la conjugaison où l'on voit à 'indicatif présent, l^' pers. du plur. apparons ou apperons, etc. à Tindicalif imparfait, 3* pers. du sing. apparoit ou appéroit, etc. La signification de cet ancien verbe apparer ou s'apparer, n'étoit pas moins générale que celle de notre verbe paroitre, se présenter, se faire voir. « Ensi ke nos, à moens appariens veslit de confes- « sion, ki ne poons mie aparoir en vesture d'inno- < cence et de justice. « (S' Bern. Serm. fr. mss. page 63.) Se tantost armez u*apparons Pour secouriF ce fin amant. Perdu est : à Dieu le comment. Rom. de la Rote, vers 15887-15889. Mon père voi dedans seoir : Mais ge ne l'oserai veoir... Trop sui mesfez : mais tote voie M'estuet que devant li m'apere Ge sui ses filz, il est mon père. Cortois d'Artois, MS. de S< Germ. fol. 85, R* col 8. Ce verbe qui désignoit la présence, l'existence visible des personnes, désignoit aussi celle des choses phjrsiques et morales; les signes plus ou moins vrais de cette existence ; une existence plus ou moins sensible de choses visibles ou seulement intelligibles. « Apeiret donkes li jors, etc. » (S» Bern. Serm. fr. mss. p. 187.) La nuiz s'en vet, U jors apert. Fàbl. MS. du R. n* 7615, T. II. fol. 176. V col. 1. On a dit en parlant de Dieu : « Sa poxance appa- « rut d'avant en la création des choses, et sa « sapience apparoit el governement des choses ke (i) ViTans. - (S) Visages. - (3) Ne serait-ce pas un simple oubU de l'abréviation per^i (n. s.) U. AP -4 ■ créeies esloienL : mais li benigniteizde sa miséri- > corde est or maismement apparue en son huma- * nileit. - ^S' Bem. Serm. Tr. mss. p. i24.) Dame, la rois apparra j& Que vous menez à vos Seignours ; Et la lolaiilÉ des amours Que les Damoiselles demaînent, Pour qui les Chevaliers se painent. Fdil. ItS. du R. D- lia. T. 1, M. 111. V col. %. En parlant des Iracesdu sanglier, on adit : •> Les > os du pié apparent partout où it marche. > tModus et Racio, us. fol. 44, R°.) C'esl par une comparaison très naturelle de ce qui est intelligible avec ce qui est visible, qix'appa- rer ou apperer signifioit être intelligible. 11 barbelole Ses mois, taot qu'on n'jr entend rien. Il ne parle pns Chreslien, Ne nul langage qui apere. Fut» de Puballi. p. eSMU. L'acception à'apparer ou apperer, être inlelligi- ble, est une extension de l'accepUon propre et figu- rée paroitre, être visible, évident, ou seulement vraisemblable. Dans te sens de paroilre, être visible,étre évident, on dit encore au Palais, ■ ii appert par tel acte, s'il • vous appert que cela soit : ■ expressions dans lesquelles appert conserve une signilication qui a été très-géuerale , et dont on trouve partout la preuve. Qu'il sullise donc ici de remarquer que cette signification neutre û'appert étoit active, lorsqu'on disoit : ■ Nul ne sera receu à dire que Advocal luy ■ ait esté baillé par distribucion, se partie adverse • le débat; se celuy qui l'alègue, ne l'appert par « procès et acte présentement. > (Ord. des D. de BreUgne, fol. 190, R'.) Peut-être qu'en parcourant les passages dans lesquels nous avons cherché la preuve des signidca- lions du verbe apparer, on s'étonnera d'y rencon- trer appert, apparut, apparust, etc. Quoique la formation de ces modes et temps n'ait aucune ana- logie avec l'inlinilir des verbes apparoir et appor roitrey il suffit qu'ils aient supplée et qu'ils sup- Sléenl encore quelques-uns de ceux qui manquent ces mêmes verbes, pour faire croire qu'ils appar- tiennent à la conjugaison de l'un ou ce l'aulrc. Il est vrai qu'on n'aperçoit pas plus le principe de la formation de ces modes dans l'infinitif françois du verbe apparer, que dans celui des verbes apparoir et apparaître. Aussi croit-on qu'ils sont étrangers à la conjugaison francoise de chacun de ces trois verbes ; qu'ils n'appartiennent pas plus à celle d'ap- paroître qu'à celle A' apparoir ou a apparer ; qu'ils sont un supplément de modes, commun à la conju- Îiisonde chacun de ces trois verbes défectifs. (Voy. ppARoiB et Apparoistbe.) On préfère cependant pour la réunion des modes dont il s'agit, sous une même conjugaison, l'infinitif apparer, parce que dans l'origine de notre langue, les vernes francois se modifioient à l'imitation des verbes lalins, souvent même avec une telle exactitude que l'infinitif amer, en latin amare, faisoit à la 3* pers. du sing. de l'in- dicatif présent atnei , en latin amat, à la même AP personne de l'indicatif imparfait amevet, en latin amabal, etc. Il est donc assez probable que suivant la règle de cette modification imitative, les modes appert, apparut, apparrit etaulres n'appartiennent fias moins à la conjugaison du verbe apparer, en atin apparere, que ceux dont la forniiition et la terminaison semblent plus propres au génie de notre langue. On ajoute que ces modes francois ne sont eux-mêmes que les contraclions et altérations des modes latins. En comparant la conjugaison du verbe latin appareredi\ec celledufrançois apparer, on acquiert la preuve d'une vérité particulière qui peut être généralisée. COHJUG., Apami, ind . fut. J'apparoitfai . (Psautier, us. du R.) Aparege,snhi.pr. Apparoisse.(Anc.Cout.deBret.) Aparrum, ind. fut. Apparoitrons. (Liv. des Rois.) Aparuit, ind. prêt. Parut. (S' Bern. Serm. fr.) Aparust, subj. impaif. Parût. (M. ibid. p. 23.) Apeirt, ind. pr. Paroit. (Chans. fr. hs. de Berne.) Aperclie, subj. prés. Paroisse. (RègledeS' Benoit) Apierge, subj. pr. Comparoisse. (Brilton, des Loix d'Angleterre, fol. il'I, Vv) Appaira, ind. fut. Apparoilra. (Ord. T. HI,p. 109.) Appaire, subj. prés. Paioisse. fCretiu, p. 213.) Appara, ind. fut. Comparoitra. (Brit. Loix d'Angl.) Apparent, apperent &l opèrent, ind. prés. Âppa- roissent, paroissent. (Le Jouvencel, iiss.p. 30l!) Appariem ei apariens, subj. prés. Paroissions; en latin appareatnus. (S' Bern. Serm. fr. uss. p. 63.) Apparoient etapperoien/, iud.imp. Paroissoient; en latin apparcbant. (S' Bern. Serm. fr. uss. p. H.) Apparoit et apperoit, ind. imp. Paroissoit; en latin apparebat. (S' Bern. Serm. fr. uss. p. 124.) Apparons et apperons , ind. prés. Paroissons. (Rom. de la Rose, vers 15887.) Apparra et apperra, ind. fut. ParoStra. {Rom. de la Rose, vers 2067.) Apparrat, ind. fut. Apparoitra, paroitra ; en latin apparebit. (S' Bern. Serm. fr, uss. p. 101 et 154.) Apparrit, ind. fut. Paroitra. (!d. ibid. p. 96.) Apparrunl et apperront, ind. fut. Apparoltront, parottront; en latin apparebunt. [Id. ibid. p. 34.) Apparut, ind. prêt. Parut. (S' Bern. Serm. fr.) Appeirc/etapeire/, subj. prés. Apparoisse, pa- roisse; en latin appareat. (Ici. ibid. p. 118 et 119.) Apper, impér. Parois ; en latin appare. (Id. ibia.) Apper {}'). Je parois. (Rob. EsUenne, Gram. fr.) Appere el apere, subi. prés. Paroisse. (Rom. de la Rose, vers 6944.) Apperez, ind. prés. Vous paroissez, (R. Eatienne.) Appérois, ind. imp. Tu paroissois. [Id. ibid.) Apperoye (J'), ind. imp. Je paroissois. (Id. ibid.) Appers, ind. prés. Tu parois. (Id. ibid.J Appert et apert, ind. prés, Paroit ; en latin oppa- ret. [S' Bern. Serm. fr. us. p. 92 et 217.) Apperte, subj. prés. Paroisse. (G. Hacbaut, us.) ÂPAREB. S' Bem. Serm. Ir. USS. p^^ 101, etc. Apereii. Id. ibid. p. 350. AFPKREiL PtKtt. VoL IV, foL ISa, R- eoL 1, etc. AP Apparesser, verbe. Rendre paresseux et lâche, affoiblir. Devenir paresseux et lâche, s'afToiblir. Il semble que ce soit dans un sens analogue à celui du mot grec nâccoiï (I), en latin remissio, debilitatio, qu'on a dit au propre et au figuré: " Lefeuapparesse • le cors et débilite l'entendement et le cerveau. » (Triomph. de la noble Dame, fol. !10, V*.) ■ Nous « apparesserons nos cueurs qui maintenant pensent « petit une grant chose. » (Le Jouvencel, ms. p. 138.) .... Oidive (2) alrait mauveist[é, Et maÎDl homme a aparaieié. Hom, deBnit, MS. tol.BI. V col. 3. La signiUcalion de ce verbe étoit neutre, lors- au'en parlant d'un Vavasseui' parvenu à certain oegré d'élévation, on disoit : Est si haut mis que nul honte Ne puet à son cors aprochier, c-!i >.■»„ chiet par aperecier : uit hauûce. du R. n- 7ÎI8, M. ÎSS, V toi. !. On voit qu'il s'employoit aussi d'une manière réci- proque. ■ Pour garder que les forces de nostre < estomach ne s'aparoissent, il est bon une fois le • mois les éveiller en s'enivrant. >> (Essais de Mon- taigne, T. Il, p. 18. — Voy. AppAnEssiB.) Or BB gart qu'il Si ert toz jore en grant h Fibl. lis du R VABUNTES : APPARESSER, Le Jouvencel, MS. p. 138. Afaraicier. Rom. de Bnit, MS. fol. 81 , V<> col, 3. AcAHASSER, Aparecer, Celthell. de L. Trïppault. Aparoisseb. Eaaaia de Montaigne, T. II, p. 18. Aperecer. FabÊ. MS. du R. n= 7218, fol. IIB, V» col. 1. Apsrecier. Ibid. fol. 255, V» col. 2. Apparessir (s"), verbe. Devenir paresseux, s'af- (oiblir par l'inaction. (Voy. Nicot, Dict.) « Quelle > raison y avoit-i! qu'ayans les grandes forces que t le Roy avoit assemblées si chèrement, ils s'arrea- • tassent et apparessissent au même camp oii ils « s'étoienl forlifiés. • (Du Belîay, Mém. liv. vit, fol. Î34, R". — Voy. Appabesser et Pabesse.I Apparfondir, verbe. Faire plus profond. Faire profond. On ne voit dans l'orlhographe apparfondir qu'un effet de la prononciation foible et adoucie de pro [3] dans approfondir. (Voy. Pahfond ci-après.) Il semble que ce soit en vertu de la préposition à, t{iï'apparfo)idir,\e même qu'approfondir, sîgni- floit rendre plus profond, faire plus profond. (Got- grave et Niuot, Dict.) « Fist très-bien garnir la ville • et derrière et devant, haucier les murs, et les • fossez d'environ aparfondir. • [Ilist. de B. du Cucsclin, par Ménard, p. 183.) L'énergie de la préposition n'étant pas sentie, ce verbe n'aura signifié rien de plus que parfondre, rendre profond, faire profond. (Cotgrave, Dict.) < On doit aparfondir les fossez tellement que nulle AP . mine ne puisse passer. - (Le Jouvencel , fol. 87. — Voy. Pabfo.ndbe ci-après.) APPAIIFONDIR. Cotcnive, Oudin et Nicot, Dict. AP.UIFONDIR. Hist. dé B. du Guesclin, par Ménard, p. 163. Apparlation, subst. fêm. Appariement, accou- plement. Espèce d'association. Le verbe aparier signifloit joindre le pair au pair, accoupler. De là, la première acception du substantif appai'tatron. (Cotgrave et Oudin, Dict. — Voy. Appabiesient ci-dessous.) Anciennement, lorsqu'un Seigneur ecclésiastique, un Evéque, un Abbé, craignoit qu'on n'atlaquât les droits de sa seigneurie et de sa justice, il s'associoil un Seigneur laïque, un Duc, un Comte assez puis- sant pour faire respecfer ces mêmes droits; et l'association au moyen de laquelle le Seigneur laï- que devenoit pair, égal au Seigneur ecclésiastique dans l'administration de la justice seigneuriale, étoit une apparlation plus connue sous le nom de partage. (Voy. Cotgrave, Dict. — Laurière, Gloss. du Dr. fr.) Il étoit de la politique des Itnis de la troisième Race, de multiplier ces associations entre eux et les Seigneurs justiciers, ecclrsiasliques ou laïques, parce qu'en s'associant à leui' pouvoir, ils étendoient les bornes de l'autorité royale (4). (Voyez P.iBiAGe ci-après.) Appariement, subst. masc. Accouplement. Comparaison. Signiflcations analogues à celles du verbe dporier, accoupler, comparer. (Voy. ApAmEB.) variantes : APPARIEMENT. Orth. subsisl. - Dict. de Trévoux. Apfariemant. Mo net, Dict. Apparisiaire, snhst. masc. Nonce, Légat. C'est le mol Apocrisiaire défiguré par une faute d'im- pression. Lorsqu'on lit (Traité de l'Orig. des Cardi- naux, p. 19 et 20) que « les Apparisiaires envoyez • anciennement par les Papes en la Cour de Cons- < tanlinoples auprès des Empereurs, estoient vray- ■ semblablement .... des Diacres Cardinaux . . . • qui depuis à la différence de simples Diacres • furent appeliez Archidiacres -, il est visible que ces Appartsiaires ne sont autres que les Apocri- siaires qui résidoieni à Constanlinople en qualité de Léfrats ou Nonces du Pape. Ces Nonces ou Légats, qui étoient ordinairement Diacres, recevoient les réponses de l'Empereur aux demandes du Pape et l'en informoienl. De là, on les nommoit ApocrisiaU res, mot formé du grec dnixçcaïf, en \ai\nresp07isio. [Voy. Du Gange, Gloss. lai. T. I, col. 556. — Dict. de ' Trévoux, au mol Apocrisiaire ) Xpp&riteur, subst. masc. Domestique ; Servent; Huissier; Dedeau ; Bourreau. On a regarde les Domestiques, les Sergens , les Huissiers, les Be- (i) Pareise vient de pigritia, par la forme intermédiaire perece, en provençal pereza. (s. e.) — (2) Oisiveté. — (3) Nous ne TOyong pas que par ait un son plus faible que pro : on a formé le composé parfon't, comme panni, parjure, (n. e.) — (t) Ainsi les evèques de Mende, de Viviers et du Pu; , seigneura de leurs diocèse?, furent tellement inquiétés par les bailtis, qu'ils donnèrent au roi la moitié de leurs domaines en partage. L'administration restait indivise, mais était exercée use snnée par les agents du roi. une autre par ceux de t'évéque. Parfois encore, le prélat, comme l'arcbevéquo de Lyon en 1313, était dédommage par le don de IwUes terras éloignées de son diocé». (N. E.) AP — 44 — AP deaux, les Bourreaux, comme asservis à paroitre^ à être toujours présens devant ceux à qui ils doi- vent obéir, en Vàiin parère, lorsqu'on les a désignés par le mot Appariteur, en latin Apparitor, « Quand « jadis en Gaule, par l'institution des Druides, les « serfs, varlets et appariteurs estoient touts vifs « bruslez aux funérailles et exèques de leurs Mais- « très et Seigneurs , n'avoient-ils belle paour que « leurs Maistres et Seigneurs mourussent? » (Rabe- lais,!. III, p. 17.) Les Appariteurs étoient à Rome, ce que sont en France les Sergens et les Huissiers qu'on a aussi nommés Appariteurs. (Voy. Mém. de Bassomp.T.I, p. 314. — Cotgrave, Oudin et Nicot, Dict.) « Chic- « quanous ... le pria ne prendre en mal, si de la « part du gras Prieur il le citoit ; remontra par < harangue diserte comment il estoil personne pu- « blicque. Serviteur de moynerie, Appariteur At la « mitre abbatiale. » (Rabelais , T. IV, p. 62.) Les Sergens de la Justice ecclésiastique, les Bedeaux qui portent des masses devant le Recteur de l'Uni- versité et les quatre Facultés, sont connus encore sous le nom ô.' Appariteurs : nom qui dans la signi- flcation de Bourreau, étoit sans doute aussi odieux en France qu'il le fut jamais à Rome, où la condi- tion des Appariteurs étoit si méprisée que pour marque d^ignominie, le Sénat ordonna qu'une cer- taine ville dontles habitanss'étoient révoltés, seroit obligée de fournir des Appariteurs aux Magistrats. • V Appariteur estoit venu pour les occire. » (Triom- phe des neuf Preux, p. 130, col. 2. —Voy. Cotgrave et Nicot, Dict. — Dict. de Trévoux.) VARIANTES * APPARITEUR. Ck)lgrave, Oudin et Nicot, Dict. Apariteur. Percef. Vol. II, fol. 39, V<> col. 2. Apparition, subst, fém. Epipbanie. Action de paroître, de se faire voir. Espèce de trappe. Dans l'origine du Christianisme, la naissance de Jésus-Christ, sa première apparition, comme homme, étoit proprement l'Epiphanie ; mot dont la signification est la même que celle d'apparition. Mais lorsque le Pape Jules eut appris aux Chrétiens du IV siècle, à distinguer la Nativité de l'Epiphanie, le mot Epiphanie signifia Yapparition de Jésus- Christ, moins comme homme que comme Dieu ; Yapparition, la manifestation de sa Divinité. Quoi- qu il parût homme, il fut reconnu pour Dieu , par les trois Rois qui lui offrirent de l'encens et l'ado- rèrent; par le peuple attentif à la voix céleste qui se fit entendre le jour de son baptême dans les eaux du Jourdain ; par les témoins de son premier mira- cle, lorsqu'en Souverain de la nature , il changea l'eau en vin aux noces de Cana. Telles sont les trois apparitions ou manifestations de la Divinité de Jésus-Christ, célébrées peu de temps après sa Nati- vité, sous le nom d'Epiphanie ou de fête de VAppa- rition; < car épifaine valt altretant cum apparia « dons. » (Voy. S* Bern. Serm. fr. nss. page 211.) Non-seulement il a voulu naître, mais il a voulu être connu ; « et por cette conissance faisons nos « ceste feste de VAparicion Li troi Roi « ensevirent lo conduit de la novele estoile et] si « aorerent le novel enfant de la Yirgine si « cum Deu De ceste sole aparition ne fait* « om mies selement la feste, mais aussi d'une « altre, etc. » (Id. ibid. p. 198 et 200.) « Quoiqu'on « la çrimiere il apparut vraiz hom, l'adoration des « trois Rois, et l'offrande de l'encens mostret bien « qu'il conurent k'il Deus estoit. » (Id. ibid. p. 204 et 205.) « En la seconde aparicion mostrat awerte- « ment li tesmoignages del peire k'il estoit vraye- « ment li filz de Deu ; et en la tierce apparut bien « k'il estoit vrais Deus , lai où par son comande- « ment fut mueye li nature mervillous fut « li muemenz de l'awe ; mervillous fust 11 tesmoi- « gnaiges Saint Johans et del Colon, et de la voix del « Peire ; mais ceu fut ancor plus mervillouse chose « ke li troi Roi lo porent conoslre. » (Id. ibid.) C'est donc à cause de la manifestation de la Divinité de Jésus-Christ, et non à cause de Yappa- rition de rétoile qui annonça sa naissance, qu'on a nommé fête de Yapparition, la fête de l'Epiphanie, de la manifestation de la Divinité de Jésus-Christ aux Gentils, et particulièrement aux trois Rois qui l'adorèrent. Il semble néanmoins qu'en appelant le jour de cette fêle, le jour de Yapparition aux Rois, on ait eu en vue l'étoile qui leur apparut. En disant que « le dimenche xn* jour de janvier étoit le jour « de Yapparicion au Rois ou environ, » l'on a sans doute voulu désigner un des derniers jours de l'Oc- tave de cette fête que l'Eglise célèbre le 6 janvier. Il est visible qu'il laut lire apparicion aux Rois, dans les Lettres de Charles YI, en date du mois de février 1415. « Comme le Dimenche xii* jour de « janvier dernier passé qui fu le iour de Yappari- • cion au Rois ou environ, Girart le Bicorgne.... et « autres faussent allez boire, etc. » (Reg. du Très, des Chartes.) On soupçonne avec assez de vraisemblance, que ce fut relativement à l'idée de Yapparition de cette même étoile, que le Roi Jean ayant rétabli l'Ordre, la Compagnie des Chevaliers ae l'Etoile, par ses Lettres du 6 novembre 1351 , « voulut faire la pre- « mière féste et entrée de la dite Compaignie à « Saint-Oûin, la veille et le jour de YApparitian « prouchene. » (Voy. Ord. T. II, p. 466 ) - La signiflcation de ce mot spécialement consacré à désigner la divinité de Jésus-Christ manifestée aux GentilSi étoit quelquefois la môme que celle d'appo- rement, action de paroître, de se faire voir en pu- blic. « Le Roy Perceforest est gary de sa maladie.... « si faict assavoir... à tous Gentilz-hommes.... et à « toutes Dames et Damoyselles qu'ils soient à sa « venue et à son apparition devant le neuf chastel, « au dernier jour de may. >• (Percef. Vol. II, fol. 55, R** col. 2. — Voy. Apparebœnt.) On sait qu'aujourd'hui le mot apparition ne se dit plus que des phénomènes qui apparoissent, et des objets qui d'invisibles se rendent visibles. C'est relativement à cette dernière signification, que par une espèce de métonymie assez ordinaire, on nom*. moii apparitions les trappes par où les diables, les AP -^ blâmes, les ombres apparoissoient sur le Théâtre, dans les anciennes représentations des mystères. On voyoit dans celle du mystère de S' Denys, Lucifer évoquant tous les démons qui sortolent chacun par noe trappe ou apparition. (Voy. Uist. du Th. Tr. T.ll, p. 54*2. — Ibid.p. 331.) VARIANTES : APPARITION. Ortb. sobsial. - Ord. T. II. p. 466. Aparicion. 51 Bern. Senn. fr. USS. p. 317. APARi-noN. Id. ibid. p. tSi. AppAHicioN. Id. ibid. p. 206. Apparoir, verbe. Paroitre, se faire voir. L'inli- nilif de ce verbe apparoir, encore usité enfermes de Palais, ne diffère de l'inlinitifappar^r que par le changement assez ordinaire de la voyelle e en la diphlhongue oi (1). 11 semble même prouvé qu'appa- roir, plus ancien dans notre langue que l'inlinitif apparer, étoil aussi d'un usage plus général. On a dit que Dieu voulant se faire voir aux hommes et en être reconnu, ■ si non-digne chose ne fu mie h lui • apparoir en son ymagine à ceos qui en sa subs- ■ tance n'el poient mies conoistre ; ensi ke cil mis- > mes aparust hom as homes , ki avoit fait l'orne à • son ymagine et à sa semblance. • (S' Bern. Serm. Cr. Mss. p. 23.) ■ Le Sage dit que Je mesaise que le ■ vaillant homme a en son cueur ne lut doit appa- ■ roir au visage. > (Joinville, p. 110.) Plus les objets sont saillans, plus ils paraissent et mieux ils se font voir. De l^, l'expression appa- roir hors, c'est-à-dire saillir, être saillant, en latin eminere. (Monet, Dicl. — Voy. Appaboissance.) Lra modes dont la conjugaison à'apparer est formée, étant communs h apparoir, on auroit réuni ces deux verbes de même origine et de même signi- fication, si la terminaison en oir ne sembloit être le principe de plusieurs modes et temps particuliers au verbe apparoir; tels que l'indicatif présent/ap- parois, etc. l'indicatif imparfait j'apparotssots, etc. l'impératif apparais, le subjonctif présent j'appa- roiste, etc. Il y a eu dans l'orthographe de ces mo- des, des variations que l'on croit devoir remarquer. CONJUG. Aparege, subj. pr. Apparoisse. [Ane. CoA.de Br.] Aparoige, suhj prés. Apparoisse. (Ibid. fol. 51, V°.j .4ppûreMC, subj. prés. Apparoisse. (Faifeu, p. 80.) Apparett, indic. prés. Apparaît. [C. Marot.) Apparoissoye [}'), indic. imparf. J'apparaissois. (Rob. Estienne, Gram. fr. p. 63.) Apparoiêt. ind. prés. Apparolt. (Desperiers.) Apparoy [j'), ind. prés. J'apparois. [B. Estienne.) VARIANTES : APPAROIR. Ortb. snbsiat. - S< Bern. Serm. tr. p. 333. AparOih. S' Bern. Serai, tr. MSS. p. 63. Apparolssance, subst. fém. A pparence. Saillie. La sigoilication A'apparoissance étoittamêmeen général que celle d'apparence, lorsqu'on disoil appa- roitsance d'une chose physique ou morale. [Cot- grave, Oudin, Rob. Estienne, Nicot etHonet, Dict.) AP Dans an sens analogue à celui de l'expression « apparoir hors, Vapparoissance d'une chose qui • passe outre une autre, une apparoissance an • dehors, » étoit ce qu'en termes d'Architecture on nomme saillie, en latin exslantia, eminenUa. (Rob. Estienne, Nicol et Monet. Dict, — Voy. AprARom.) H serait possible que relativement à l'idée d'un objet qui parait et se voit d'autant mieux qu'il est Elus saillant, plus éminent, on eût désigné un omme à qui la vertu ou !a fortune donne une cer- taine prééminence, en disant qu'il étoit apparent, homme d'apparence. (Voy. Appahence.) Apparolssant , par/icjpe. Paroissant. Appa* rent, visible, évident. On n'aimoit bien et l'on ne mériloit d'être aimé, dans les principes très rigoureux de l'ancienne galanterie, qu'aulajit iju'on paroissoit pâle et mai- gre, et qu'on L'éloit réellement par l'effet d'un amour extrême. Et bien sçachiéa qu'amours ne laisse Sur Un amant couleur, ne grease. De ce ne sont appariuant Ceul:< qui Dames vont trahyasant ; Et dient peur eulx losengier Qu'ilz ont perdu boire et mangier. .t je les voy comme Jenglef Dans le sens où nous dirions il y paroit, il y pa- raîtra, on disoit il est aparissant, il est aparissant. Le fiert et vis devant Que ventaille d'auberc ne li fu nim garant ; Toi les jora qu'il vivra, H ert aparitsant. Pârloa.ilaHMt. us. des. Gtrm. loi tîT, V cal 1. Vos tustes longues (!) Clers , bien est aparissant. IfaU.rol.17l V-ci^.l. Anciennement ce participe du verbe apparoir signifioit ce qu'a signifié et signifie encore apparent, participe du verbe apparer, le même qu'oppurotr. (Voy. Apparoir.) On a désigné et l'on désigne par le mot apparent , un homme dans lequel on voit des qualités qui le distinguent, un homme qui, parois- sant avec certains avantages naturels ou acquis, semble devoir obtenir sur les autres une sorte de prééminence. IVoy. Apparoissance.) C'étoit aussi la signification â apparaissant. • Hyrcan-Tobie étoit > moult apparissant home, • en latin vir vatdè eminens. (voy. Livres des Macbabées, us. des Corde), fol. 181.) On croit qu'il faut lire apparissant ou apparaissant dans cet autre passage où la signifl- cation à'appaissant semble analogue à celle d'appo- rant employé quelques lignes plus haut. « J ay • trouvé qui m'a dit nouvelles d ung mien cousin ■ nommé Passelyon, auquel tout mon désir s' encline > que de luy je soye fait Chevalier... Quant Passe- - < lyon entendit Pedracus qui son cousin se disoit, ■ il en fut joyeulx à merveilles ; car il le veoit fort - appaissant, etc. » (Percef. Vol. IV, fol. 115.) L'ac- ception A' apparissant étoit encore la même que celle A' apparent, lorsqu'il signilloit une chose I, rm;appaiere,qipanrir.(N.K.) I^ ;p — 46 — AP apparente sans réalité. « Vos ne veistes cou que sa « marastrc vos dist? Nonvoirs, dist li Empcreres : « mais aparissant fait croire. » (Rom. de Dolopa- thos, fol. 293.) Plus souvent il désignoit la réalité d'une chose apparente, visible, évidente, dans le sens physique ou moral. On nommoit lices appa- ressantes, les lices d'un champ-clos, lorsqu'elles étoient assez hautes pour que les combattants pus- sent les voir, et qu'en les voyant ils se gardassent de les franchir. « En toutes batailles. .. doit justice « bailler champ à combattre advenant et lices « apparessantes : c'est assavoir à gens qui se com- « battent de cheval, si fortes que les chevaulx ne « s'en puissent yssir; et à gens de pié, si a pertes « qu'ilz les puissent veoir. » (Ane. Coût, de Breta- gne, fol. 7i.) « Pour la nécessité apparissant et ^ pour le profit commun de nostre royaume, etc. » (Ord. T. I, p. 347.) Dans l'ancienne Coutume de Normandie , la Loi apparissant, opposée à la Loi simple, étoitla même que la Loi apparente j aussi nommée Loi a/?^r/^. (Voy Apparent.) Ces dénominations sembloient d'au- tant plus raisonnables qu'on étoit persuadé que par cette Loi, qui étoit souvent la Loi du duel , il appa- roissoit évidemment du bon droit des parties. Les querelles personnelles nées de dict ou de faict, se terminoicnt par « simple loy qui se nom- ft moit Desrene (1). » Elles n'étoient appelées crimi- nelles qu'autant qu'elles naissoient « de tel crime « de quoy l'en devoit et pouvoit perdre vie ou « membre. » Alors elles étoient décidées par Loy apparissant. (Voy. Ane. Coût, de Normandie, chap. Lxvu, fol. 88. — Ibid. chap. lxxxiv, fol. iOi.) La même Coutume divise les querelles de posses- sion en querelles de meuble et en querelles de terre. Toute querelle de meuble ou de possession mouvable, qui n'excédoit pas dix sous, étoit termi- née par simple Loy ; si elle excédoit cette somme, elle etoit terminée par Loy apparissant. (Voy. Ane. Coût, de Normandie, chap. lxxxvii, fol. 406, V** et 408, R'.) Quant aux querelles de terre ou de posses- . sion non mouvable, qu'on nommoit aussi querelles fte/faulx, par la raison qu'en Normandie la posses- sion non mouvable, soit noble ou roturière, étoit communément appellée flef; comme elles avoient diverses causes, il y avoit « diverses Loix establies * à les terminer. » (Voy. Ibid. chap. lxxxvii, fol. 407.) On ajoute que « les unes querelles fieffaulx » étoient terminées par enqueste, et les aultres par Loy de deresne ; « que Tenqueste faicte par juge- « ment de saiges hommes, par raison et par cous- « tume gardée de longtemps étoit une enqueste de « droit et de coustume ; que l'enqueste de quoy la .« matière estoit contenue es briefz de nouvelle des- « saisine, de mort d'ancesseurs et autres brefs « dénommés au chapititre xcr, éloit une enqueste •• d'establissement. » (Voy. Ibid. chap. xcii, fol. 112.) En voyant les querelles fieffaulx qu'on terminoit par enqueste , opposées aux querelles fieffaulx ter- minées par la Loy de Desrene, Laurière a jugé qu'ici l'enqueste est opposée à la Loy de Desrene, comme l'est ailleurs à la Loy simple, \dL Loy apparissant ; que par conséquent toute Enqueste, même l'En- queste de droict et de coustume, étoit Loy apparis- sant; qu'enfin il n'y avoit d'autre Loy simple que la Loy de Desrene. (Voy. Gloss. du Dr. Fr. T. II, p. Ci et 65.) On croit néanmoins avoir quelque raison de douter qu'il n'y eût de simple Loy que celle qu'on nommoit Desrene ; c'est-à-dire « déné- « gation ou espurgement de ce dont aulcun est * querellé;... par son serment et le serment de « ceulx qui luy aident. » (Voy. Ane. Coût, de Nor- mandie, chap. Lxxxv, fol. 403.) Il est probable qu'elle n'étoit qu'une espèce de Loy simple dont la déno- mination particulière peut à la vérité avoir été gé- néralisée. (Voy. Desraine.) S'il étoit vrai que dans le passage dont il est question , la Desrene, opposée à TEnqueste, signifiât en général Loy simple, par opposition à Loy apparissant, il semble qu'après avoir parlé des querelles fieffaulx terminées par Enqueste ou par Desrene, on n'auroit pas ajouté : « Nous dirons de Loy apparissant, de quoy la que- « relie doibt estre menée en ceste forme en con- « tendz fieffal. »> (Ane. Coût, de Normandie, chap. cxxiv, fol. loi, R\) . Quoique sous le nom générique d'Enqueste, on ait d'abord réuni à l'Enqueste d'estahlissement l'Enqueste de droict et de coustume, on les a ensuite divisées comme étant essentiellement différentes; et cette différence paroit consister principalement en ce que toutes deux n'étoient pas Loy de recon» gnoissant. Les Enquestes d'establissemenl, distin- guées des Enquestes de droict et de coustume, étoient appellées de recongnoissant. (Voyez Ane. Coût, de Normandie, chap. xcii, fol. H2.) Or la Loy de recongnoissant, ainsi nommée, pour ce que, dit l'auteur de la glose, « par icelle il estoit à con- « gnoistre laquelle des parties avoit droit ou tort « en la chose litigieuse, * étoit sans doute la même que la Loy apparissant; Loi par laquelle il devoit apparoir de ce même tort ou de ce même droit. Ainsi l'Eïtiueste que relativement aux Brefs qui en établissoient la forme, on appeloit Enqueste d'esta- blissement, étoit Loy apparissant, puisqu'elle étoit recongnoissant. Il est vraisemblable que c'est relati- vement aux semonces faites à des personnes du pays où la justice d'un droit, la vérité d'un fait devoit être connue, que la même Enqueste s'appeloit En- queste du pays. (Voyez Ane. Coût, de Normandie, chap. Lxviii, fol. 91.) La raison de ces différences dans la dénomination d'une même Enqueste étant aperçue, on n'est plus surpris de ce que l'auteur de la Glose sur le chapitre lxxxvh du même Coulumier, nomme Enqueste d'establissement , Enqueste de recongnoissant, l'Enqueste du pays, aussi dite re- congnoissant, dont il est parlé dans le texte. Quoique le Duel ou la Bataille fût Loy apparissant par excellence, il semble que ces termes Loy de (l)C'est le substantif verbal de dcsreiier^ en latin dlratmiare, c'est-à-dire plaider, voir sur la desrene. Du Gange, t. Y, p. 597, c. 2. (N. E.) AP -^ recongDoissaDt étoient collectifs de bataille el d'En- ^uestedu puys ou d'eslablissement, lorsqu'on disoit : • L'en appelle simple querelle de possession, qui • est lerminée par simple ioy. Querelle appai'issant • est celle qui est terminée p;ir Ioy de recongnois- • sant ou par bataille, ou par l'enquesle du pays • que l'en appelle recuii^iioissant. ■> (Ane. Coût, de Normandie, chap. lïxsvu, fol. 107.) Dans ce passage, les querelles sont, comme on le voit, désignées par le nom de la Loi qui devoit les terminer. Or la querelle apparissant éiùtlceWe t]\ii se lerminoitpar Loy de recongnoissant; donc l'expression par Loy de recongnoissant semble être synonyme ae l'ex- pression par Loy apparissant, el signifier collecti- vement, ou par bataille, ou par enqueste du pays, par enqueste d'establissement. On croit que si Lau- rière eût eu l'idée de cette signification collective, il a'auroit pas, eu citant le même passage, mis après ces mois par Loy de recongnoissant, une virgule Soi n'est pas dans le texte, et qu'il auroit hésité à écider que cette Loi étoit l'Enqueste de droit el de coutume, appelée improprement Loi de reconnois- sanl. Peut-être auroit-il prononcé moins arfîrmati- vemenl contre l'opinion de l'auteur de la glose sur ce même texte, que l'Enqueste de droicl el de coustume étoit Loy apparissanl. (Voy. Gloss. du Dr. Fr. T. II, p. 64 et 115.) En effet, ce n'est pas sans raison que l'auteur qu'il contrarie, a prétendu que • Loy apparmant n'est aultre chose que bataille, • ou recongnoissant, c'esl-â-dire Enqueste du pays • ûu d'establissement ; et simple Loy, toute preuve • qui se fait par serment de partie, ou par tesmoîngs ■ de certain, ou par enqueste de droicl. • (Voyez Ane. Cont. de Normandie, Close, fol. 107.) Il résulte évidemment de celle définition de simple Loy. que la Desraine ou dénégation avec serment, n'etoit par la seule Loi qu'on nommât Loy simple. Il paroit même que lorsqu'on combatloit pour une querelle de possession, la Loy du duel, celte Loy apparissanl par excellence, se nommoitquelquefois u)y simple par opposition h Loy apparissanl ; la signification de Loy apparissanl étant restreinte alors à la Loy du duel pour une querelle criminelle. La preuve est que dans le chapitre lxsxi du même Coutumier, on lit que durant le temps oti ■ les • mariages ne se pouvoient assembler, les Loix ne • dévoient pas eslre faicles ne simples ne appertes ; ■ que Saincte Eglise défendoll à faire Loy apparis- • tant tous les jours de feste, etc. > Il est probable qu'en ce passage, les Lorx appertes ou apparissanl^ s sont celles qui étoient criminelles, et que les simples sont celles dont on combattoit en aucuns cas de propriété d'héritage et aullres cas, avant que • telles • simples Loix fussent ramenées à preuves par • enqueste. » [Voy. Gr. Coul. de Normandie, P» 101.) On a déjà observé que les querelles étoient dési- fnées par le nom de la Loy à la décision de laquelle ellOB étoient èoumises. De là, les querelles simples opposées aux querelles apparoissanles. (Voy. Appi- AP BABLE et Apparent.) Aujourd'hui que tout cet ancien droit est aboli en Normandie, l'action intentée pour la propriété d'un héritage, s'appelle encore Loy apparoissanle. (Voy. Coul. de Normandie, au Coût. gén.T.I,p. 1006. — Laur.Gl.duDr. Fr.T.lI,p.65.) VARIANTES : APPAHOISSANT. Coût. gén. T. I, p. 1007. Apareissant, MarboduB. de Gemm. Art. col. 1668. Aparisant. Ane Poêt. Fr. HSS. avant 1300, T. L p. 3U. Apabissant. Parton. de Blois, MS. de S' Geim. fbl.ni. Affaissant. (Useï Apparissanl ou Apparoissaiit.) Percet. V(d. IV, fol. 115. R» col. 1. Apfareissant. Ord. T. I, p. 646. Afpaheskant. Ane. Coût, de Bretagne, fol. 71, R<>. Appaiuss.ant. Gr. Coût, de Normandie, fol. 151, R°. Apparolstre, verbe. Apparolli-e, paroltre. On croiiqu' apparoistre, moins ancien dans notre langue qu'apparoir , a été formé d'apparoist (1), troisième personne de l'indicatif présent de ce môme verbe; et qu'à l'exceplion de i'apparoîtrai , etc. î'appa- roilrois, etc. il n'a point de modes et de temps qui n'appartiennent à la conjugaison d'apparoir, verbe dont l'infinitif est aujourd'hui presque aussi inusité qu'anciennement celui A'apparer. (Voy. AppARERet Apparoir.) variantes : APPAROISTRE. Colgrave, Rob. Estieniie et Nicot, Dict. Apparestre. Faifeu, p. 6. Apparoyssamment , adverbe. Visiblement, évidemment. Signification analogue à celle A'appa- roissanl, visible, évident. (Voyez Lanc. du Lac, T. III, fol. 68, V-coI. 1.) Apparreure, subst. féminin. Apparence. C'est probablement en ce sens que pour obvier à ce que les marchands trompassent leurs acheteurs ea cachant la mauvaise qualité de la marchandise sous une superficie de belle apparence, = il étoit ordonné ■ que aucun marchant... ne raist plus belle appar- • reure par dessus que par dessous. > (Voyez D. Carpentier, Suppl. Gloss. laL de Du Gange, au mot Âpparatura; lit. de 1415.) Apparu, part. Paru, qui ajjaru. On remarquera qu'en général les participes de même terminaisoa que celui-ci, ont tous été formés de la troisième personne de l'indicatif prétérit du verbe, comme apparu à'apparut (2) ; encore ne retranchoit-on pas toujours, comme on voit, le t final dans l'ancienne orthographe. La signification de ce même participe du verbe apparer, le même qu'ap/Jaroir, a été plus générale qu'elle ne l'est aujourd lîui. (Voy. Apparkr et Apparoir.) vabiaittes : APPABU. Orth. Bubsiat. - S' Bem. Serm. tr. MSS. p. 13*. Apahuit. S< Bem. Senn. fr. MSS. p. 124. Apparuiz. Id. ibid. p. 101. APFânu. Rob. EstieDue, Gnun. fr. p. 63. Appast, subit, masc. Repas, nourriture. Pâture, mengeailie. Appât, attrait. La si^iflcalioD i'appast étoit quelquefois la même que celle du mol simple (Voy.l — DlC t- AP menacer un homme 6e lui donner un coup de cou- teau, l'on a dit : ■ Se tu me approches, je te appoê- • ieleray de cesle-cy; et trait un erant coustel. > (D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Cange, au mot Pastus; lit. de 1389. — Voy. Appasteh.) VARIANTES I APPASTELEn. Cotar. Oudin, Rob. Eslienne et Nicot, Diot. Apasteler. AncPoës. rr. H5. duVatic n*149l],f>'158, R*. Apastelleh. Percer. Vol. a, fol. 45, R° CoL 1, Apaieler. Honet, Dict. au mot Am)a*t. Appasteller. Rob. Eslienna et Nicot, Dict. Appaster, verbe. Bepaltre, nourrir. Attirer avec un appât, appâl£r. Mettre un appât. II parott que le verbe appaster, formé du substantif appast, nour- riture, pâture, a signifié nourrir dans un sens anssi général qu^appasleier. (Voy. Cotgr. et Nicot, Dict.) On a même dit figurémenl : AP - past,en latin pastus, repas, nourriture. (Colgrave, Dict, — Voy. Past.} Quoiqu'il ail, relativement à l'idée générale de nourriture, désigné celle de l'homme, plus souvent il désignoit celle des bêles et des oiseaux, leur pâture et leur mangeaille. (Cotgruve el Kicol, Dict.) On a restreint la signification de ce mot appast a celle de pâture ou de mangeaille qu'on mel, soit k un piège pour altirer les bêtes à quatre pieds et les oiseaux, soit à un hameçon pour pécher les Soissons. De là, celle comparaison prise, dans la ature, et d'ap"ès laquelle appait ou appât a signifié el signifie encore figurement tout ce qui attire en excitant la cupidité odieuse d'une âme vile, ou la sensibilité aimable d'une âme honnête. On sait qu'en ce dernier sens il n'est plus d'usage qu'au Kluriel, et qu'il s'écrit appas [l). (V. Dict. de Trévoux.) I y a de l'art dans les appas d'une belle femme; dans ses charmes il n'y a que la nature. Par la vertu invisible de ses charmes naturels elle relient et fixe auprès d'elle les hommes que l'artifice éblouissant de ses appas y avoit attirés. Malherbe avoit probablement l'idée de quelque dislinction de celte espèce, puisqu'il ■ faisoit toujours quelque « différence entre charmes et appas. » (Ménage, Observ. sur Malherbe, p. 313.) TARIAKTES : APPAST. Cotgr. Nicot et Monet, Dict. - Dict. de TrêvoiH. Apast. CotgTBve et Nicot, Dict. Apat, Appât. Monet, Dict. au mot Appast. Appasteler, verbe. Repaître, nourrir. Appâter, faire manger. La première acception du verbe appasteler, plus ancien dans noire langue qu'ap- paster, est relative à celle d'appasl, repas, nourriture. Après trop longe june Wapastetoit d'oes pourris. Adc. Poé>. tr. lis. du Vuic. a- IWO, toi. IH, H-. Des ans y a demy douzaine. Qu'en sou bostel, de cocbons gras île apasiela une Bepmaine. Villon, r- M. Pris dans le sens général de nourrir, il désignoit non-seulemenL la nourriture des bommes, mais celle des hôtes, leur pâture. (Voyez Appast.) . Se « print Sarra à fréter son poullain età luy donner • a manger... ne autre œuvre ne faisoit la Damoy- • selle jour et nuyl que de Vapasteller de tout ce ■ qu'elle scavoilque bon luy estoit pour croistre et - amender. » (Percef. Vol. Il, fol. 45.) « Sera tenu ■ le fermier de apastelter les poissons et trouver la ■ pasture à ses coûts et frais. ■ (D. Carpentier, Sup. Gloss. lat. de Du Cange, au mot Pastus.) Ce même verbe appasteler signifiok plus parti- culièrement le soin qu'on prend de nourrir un animal, un enfant, ou un homme privé de l'usage 'e ses mains, en le faisant manger, en l'appâtant. ' ly. Colgrave, Oudin, Rob. Eslienne et Nicot, Dict. Dict. de Trévoux.) C'est par allusion sans doute à cette acception particulière à'appasleler, que pour <1) On a eu tort, dès le xvn* siècle, d'employer cetta fonne pluriel au singulier. Ainsi Corneille, dans Sarioriv* s t Si jamais une flaiome eut pour tous quelque appa$; » Molière, iaaavEcole (Fouilloux, Vénerie, fol. 121, R*.) On sait qu appaster ou appâter a remplace dans notre langue, l'ancien verbe appasteler, faire manger. [Voy. Appasteléb.) VARIANTES : APPASTER. Cotgrave, Oudin et Nicot, Dict. Apaster. CoIgTBve, Dict. Apater. Monet, Dict. an mot Appati. Appasteux, adjectif et subst. mase. Trompeur. Ce moi appasleux, dans un sensrelatifàracceptiOD figurée du mot appast, désignoit un homme qui en trompe un autre, en lui présentant un appât par lequel il est attiré dans le piège tendu â sa simpli- cité el à sa bonne foi. (Cotgr. Dict. — Voy. Appast.) VARIANTES : APPASTEUX. Cotgrave, Dict. Apasteux. Celt-hell. de L. Trippault. Appastls, subst. masc. Pâturage. Pâture. (Voy. Appasteh.) Le premier sens est celui d'appastis. • Il vint en ■ ung mouU grand appastiz . . si mist paislre son . cheval. • (Percef. Vol. III, fol. 158, R- col. 2.) Quoiqu'apa/i/:s et appastiz soient de même origine et â peu près de même terminaison, ils diff«%Dt AP en ce que la signification A'apatil n'est point celle ffappastM, p&turage ; mais celle d'appast, p&lure. g'oy. kvtàAt.) Dans un sens analogue à l'àcceplion pirée d'app&ter, nourrir, repattre, on a dit : ZapAnnce paigt le* chetifi, AÔsn promect et peu contenta ; I>M gniis et hauliains appétits ITOBt cure de ses apatilt. HoiiHi, p. IIB. 1.1%. , loL lE Appel, tuhst. mtuc. Convocalion. Provocation IQ combat, provocation en Justice, accusation, de- mande. Provocation d'un Juge à un autre Juge. lDTitation,ordre, ordonnance. Exécution d'un ordre, d'une ordonnance. Quelles que soient les acceptions usilëes et inu- sitées du substantif np^jei, toutessont analogues à celles du verbe appeler, pousser, faire approcher, Mre venir, etc. En termes d'escrime, Vappei est nne feinte par laquelle on essaye de surprendre son adversaire, en le faisant venir imprudemment à l'attaque ou à la parade. Pour attirer les oiseaux dans les filets, pour les y faire venir, on se sert d'un oiseau, ou d'un siftiet avec lequel on contre- bit la voix de l'oiseau de même espèce. De là , le sifflet et l'oiseau ont été et sont encore désignés parle mot appeau. C'est probablement dans un sens relatif à celui de l'expression , la cloctie ou nienre appelle, qu'en termes d'horlogerie, on a nommé appeau, un timbre, une petite cloche qui aaone les quarts et les demi-heures, il y a dans ces lioisdernieres acceptions un abus de métonymie, très-connu des Grammairiens. Anciennement, faire appeau de quelqu'un à un bit, c'étoit l'y appeler, te faire venir comme aide, comme témoin ou complice de ce même fait. ' Alon Pilfen de liiv aoubdain a'empart. Et va songer une bonne cautelle Que Tona otm, et pour tout vray tut telle. U va trouver tmg cneval mort de fnya En ungrouMé qui esloit là auprès... Et MnaaSB les petic ousaeUeti Et de la cbar ae petii morselez ; Et Isa DOOM on partie de la peau. Sans Se» laiot de nullj taire appeau. Lors s'en «Ha de nnict en sa pasture, etc. VMlH. p. « «t tf. En réfléchissant sur le rapport de ces acceptions dn substantif a;)pe/ ou appeau, avec l'acception éty- mologique du verbe appeler, pousser, faire appro- dier, faire venir, on apercoitla raison pour laquelle dans un sens analogue À celui d'appeler, convo- qtt«>, on a dit : Qninxe Roi coroné rienent & son apel • â Tient li ChanceUers qui porte le séei. PiMa. i* Bloi^ US. <• » am. fal. Il», V uH. 1. ^xi.oi(\\i' appel soit aujourd'hui distingué d'appeau, il est prouvé qu'anciennement on disoit appeau et appel sans aucune distinction de signification. Sou- vent les appel» ou appeaux éloientdes provocations 1 venir combattre en champ clos, on à venir plai- >- AP der en Justice. (Voy. Appeller.) On étoit provoqué par une accusation, une demande ; de là , ces ex- pressions, appel de mort on fie. meurtre, appel de félonie, appel de foi mentie, appel de {ère fere, etc. expressions dans lesquelles appel signifie accusa- tion, demande. (Voy. Tenures de Littleton, fol. 41. — id . ibid . fol. 45. — Britton, des Loix d'Angleterre, fol. 49. — Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, chap. LU, p. 317, etc.) L'accusation d'un crime commis par une personne, à l'instigation d'une autre, par son conseil ou par son ordre, étoit un appel dis faire faire. - Cas si est d'apeler de fere fere, si ■ comme quant cheli qui apele ne met pas sus à < cheli que il apele, que il fut presens à fere lefeL, ■ mais il le feist fere pour louier, ou parpramesse, • ou par prière, ou par quemandement ; et de ■ cheste manière d'apel vismes nous apeler, etc. ■ (Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, chap. lu, p. 312.) On connoissoit peu sans doute Vappei de défaute de drot/, lorsque tes Comtes et autres Juges se mon- troient si actifs à rendre la Justice, qu'il falloit modérer cette activité funeste au repos et à la for- tune des citoyens, par des Ordonnances qui défen- doient de tenir plus de trois assises par an. Hais les petites seigneuries s'étant multiiiliées avec dif- férons degrés de vasselage, la Justice commença à languir dans les juridictions subalternes des Sei- gneurs vassaux, qui faute d'Hommes ou de Pairs en nombre suffisant, négligèrent souvent de tenir leur Co\ir. Alors les appels de défaute de Droit furent d'autant plus fréquens qu'ils produisoient des amendes au Seigneur suzerain devant qui le Seigneur vassal étoil accusé de négligence à rendre justice. Celte négligence étoit tout-à-fait inexcusa- ble lorsqu'elle étoit volontaire. • Nous veons aucuns ■ Seigneurs en malice contre ctiaus à qui il ne ■ vuelent fere droit .... Si convient à chaus qui • ont mestier d'apeler, que il soient soutil de som- ■ raer les soufflsaument, si que il puissent aveir • droit en la Court de chaus où il le requièrent, si ■ que il puissent avoir seur apel de défaute de ■ droit, etc. • (Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, chap. LUI, p. 319.] Les formalités dont on peut voir le détail. (Id. ibid.) varioient suivant l'état des per- sonnes intéressées à poursuivre celle sorte d'app^f. L'appel de défaute de droit étoit toujours une accusation, une simple provocation en Justice, el jamais une provocation au combat en champ clos, a moins qn'on • n'ajoustast vilaine cause aveques ' défaute de droit. > [Voy. Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, chap. LXTii, p. 339.) > Se aucuns veut • appeler son Seigneur de deflaule de droit, il • convendra que la deiïaute soit prouvée par tes- ■ moins, non pas par bataille. • (Ord. T. I, p. 92.) ' Li apel fet jm- défaille de droit, ne sont pas . . . ' démené par gages de bataille, mais par monstrer > resons par quoi la défaule de droit soit clère: et, ■ ches resons convient-il avérer par tesmoins ■ loiaux. * (Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, chap. Lxi, p. 315.) Cependant la preuve par témoins pou- voit occasionner le combat judiciaire. • Quant li 7 AP AP • tesmoing viennent pour lesmoigner en tel cas, de ■ quelque partie que il viengnent, ou pour apeleur, ■ ou pour chelui qui est apelés, cbil encontre qui « il vuelent lesmoigner, puet . . . lever le second ■ tesmoin et lui mettre sus que il est faux et par- • jure ; aussiut pueent bien naistre gages de l'apel ■ qui est fet seur défaute de droit. > (Id. ibid.) Les principes de celte Loi qui dérend le combat en cas de simple appel de défaute de droit, sont indiqués par M. de Montesquieu, il ajoute que s'il étoil pei^ mis d'appeler au combat les témoins, c'est qu'en les appelant, • on n'olTensoit ni le Seigneur, ni son ■ tribunal. • (Voy. Espr. de&Loix,T.]l, chap.xxvur. pages 345 et M6.} Il paroit que les peines auxquelles exposoit l'ap- pel de défaute de droit, n'éloient pas les mêmes dans toutes les Coutumes. ■ Se la deffaule n'est • prouvée, cil qui appelera le Seigneur de la dcf- • faute, il aura tel dommage comme il doit par > l'usage du pais; et se la deffaute est prouvée, 1i ■ Sire l'amandera el perdra ce que l'en 11 doit, par - la Coutume del pais et de la terre. • (Ord. T. I, p> 92.) Dans la Coutume de Beauvoisis, lorsque la défaute de droit n'étoit pas suffisamment prouvée, l'appelant payoit une double amende, l'une au Seigneur qu'il avoit accusé de négligence à lui rendre justice, l'autre au Seigneur devant lequel il l'avoit accusé de cette négligence. Pour un Gentil- homme, l'amende étoit de soixante livres; de soi- ;cante sous pour < l'Homme de pooté. ■ Au contraire, si la preuve étoit jugée suffisante, le Seigneur 3ppeié àe défautB de droit, éloit condamné à l'a- mende de soixante livres, et perdoit le Jugement et la Justice de sa terre. (Voy. Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, ctiap. lxt, p. 312.) On observera d'après M. de Montesquieu (Espr. des Loix , T. H, chap. xiiv, p. 329, noie), que dans les auteurs contempo- rains de Beaumanoir, l'expression ;>eriiresa/us/tci! n'avoit pas une signification générale, qu'elle étoit restreinte à l'affaire dont il s'agissoit. Quoique l'appel de défaute de droit fût déjà connu dutempsdePtiilippe-Auguste, il n'est pas h beau- coup près aussi ancien dans notre Jurisprudence, que l'appel de faux Jugement. Un voit que dès l'an 755, les Comtes et leurs OfUciers étoient sujets à l'ap;)^/ d'un homme qui se croyoil jugé contre la Loi. • Si reclamaverit quèd logera ei non judicas- ■ sent, tune licentiam habeal ad Palatium venire >. pro ipsà causa, et si ipsos convincere potueril ■. quèd legem ei non judicassent secundum legem, ■ conlra ipsum emendare facial. > [Synod. Vernens. arl. XXIX, el Capilul. Hetens. art. ix. — Voy. Baluz. Capitul. Reg. Fr. T. I, col. 176 et 180. — Éspr. des Loix, chap. xxviii, p. 344 eta45.] L'appel de faux jugement n'eloit point alors ce qu'il fût le plus souvent au commencement de la li;oisième Race, une provocation au combat. On provoquoit les Juges à combattre, en les accusant alavoir faussement et méchamment jugé, en disant àla Justice: ■ Sire, cbisjugemens qui est prooOQr ■. ciés contre moi, et auquel. P. s'est accordés, est ■ faux et mauves à desloiaux, et tel le ferai contrai o le dis P. par moi ou par mon houme ... en la ■ Court de cheens ou en autre là où Drait me merra' < par reson de cet appel ; et quanl il a aiosint dit^ ■ chil qui est apelés doit dire que li jugement est • bon et loiaux, et offrir loi à fëre par li ou par • autre qui, etc. ■ (Beaumanoir, Coût de Beauvoi- sis, chap. Lxi, p. 314.) On conçoit que les formalités et les peines de cet appel varioient comme presque tous les usages coulumiers. Lorsqu'un des Pairs ou des hommes de fief avoit déclaré qu'il soutiendroit le jugement, le Juge recevoit les gages de bataille el prenoit sûreté de l'appelant, qu'il soutiendioit son appel. * Mais àcbeliquideffendoit lejugement^ < ne convenoit-il point de seurté fere par le resoa • de che que il éloit bons au Seigneur, et qu'il . devoit faire le jugement bon. Autrement il per- ■ doit lejugier etchéoit en l'amande de soixante <■ livres au Seigneur. • Si l'appelant ne prouvoit pas que le jugement avoit été faux et mauvais, il payoil au Seigneur une amende de soixante livrer la môme amende au Pair ou à l'Homme de lief qu'il, avoit appelé, autant à chacun de ceux qui avoieat ouvertement consenti au jugement. (Voy. Beauma- noir, ubi supra, p. 313 et 314. — Défontaines, chap. sxn, arl. 1,9, 10 et 11.) On sait que dans les principes de l'ancien système- féodal, un bomme ne pouvoit appeler son Seigneur» le provoquer à comballre , sans élre coupable du. crime de félonie, à moins que son appel devant le Seigneur suzerain, ne fût précédé d'une renoncio* lion juridique au fief qu'il tenoit de celui qu'il accu> soit de lui avoir méfait. > Nus ne puet apelec soa ■ Seigneur à qui il est bons de cors et cie mains,. - devant que il li a delessé l'oumage et che que il ' tient de luy ; donques se aucuns vient apeler son < Seigneur d'aucun cas de crime ou quel ii chieit ■ apel, il doit ains l'apel venir à son Seigneur en lu- ' présence de ses Pers, et dire, elc. • [Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, chap. lxi, p. 310el311.}C'étoit sans doute afin d'éviter ce crime de félonie, qu'au lieu à'appeller pour faux jugement le Seigneur, on appeloit les Pairs ou les Hommesde lief qui avoient jugé. Lorsqu'un Seigneur n'avoit pas d'Hommes de lief en nombre suffisant pour former sa Cour, il pouvoit en emprunter de son Seif^neur suzerain. Mais les hommes qu'il emprunloit, s'ils étoient prudens, se dispensoient de juger, en déclarant qu'ils n'éloient venus que pour conseiller. Alors w leSeigneurjugeoit lui-même, et si l'on appeloit contre lui de faux jugement, • le péril de l'apel. • tournoit sur lui et non pas sur les hommes: dft ■ son Seigneur. • (Voy. Beaumanoir, ubi suprOt chap. LX1I, p. 322.) Il est probable qu'en ce cas par- ticulier, comme dans tous ceux où Vappel étoit une provocation au combat, la renonoiaUon au lief étoit une formalité nécessaire. En général, si l'homme d'un Seigneui' « appeloit avant qu'il eût renonoé: ■ au tien il n'y avoit nul gage ; aincbois amaadQili. > & soa Seigneur la vilenie qu'il lui avoit dite, eta ■• De même, le Seigneuc qui appelait, soa homme,. AP deroit avant l'iropei, < lui quitter Itiommage en ■ présence du Souverain. > (Voy. Id. ibid. chap. tn, page 311.) Il paroit qu'au moyen de cette renonciation à l'hommage, tout vassal appelé par &on Seigneur pour un attentat quelconque, pouvoit sans félonie, garder son fief et combattre pour sa justidcation, ainsi que l'homuie de fief appelé de faut jucenient par le Seigneur contre lequel il avoitjligé sans sa propre Cour. * Quant li Sires plede en se Court ■ meisme contre son houme, il n'est pas Juges... ■ et quant li houme rendent le jugement, se il le < font contre li, apeler en puet comme de faus ju- ■ gement Se il dit à chelui contre qui il vieut ■ fausser le jugement, vous avés fet jugement faus « et mauves, comme mauves que vous este, ou par • louier ou par pramesse, ou par autre mauvese • cause,... li apiaus se demaine par gages : car il • loit bien à l'Oume è soi deffendre contre son Sei- • gneur quant il Taccuse de mauvestié ; ne jà pour > cbe se il se deffent de mauvestié contre son < Seigneur, ne convenra'que il lesse le fief que il ■ tient de li. > [Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, âiap. Lxvii, p. 337.) Lorsque le Seigneur n'attnquoit pas l'honneur du luge, en l'accusant de prévarications personnelles, et ■ qu'il appelait simplement, en disant que le < jujrement etoit faux et mauvais, • son appel n'éloit qu'une requête en amendement du jugement dont il se plaîgnoit, et n'obligeoit point aux gages de bataille. > Quant li Sires apèle simplement, si I coume il est dit dessus, le erremens seur quoi ti ' jugemens fu fès doivent estre aporté en le Court ■ où li apiaus est, et doivent regarder li Houmes < de te Court se li jugemens fu bons ou mauves • selonc les erremens de le Court où li apiaits fut • tes ; et se il est trouvé mauves, chacun des I Houmes qui s'assenti au jugement chiet en t l'amaude de soixante livres vers le Seigneur et si ■ perdent le jugier. > (Beautnanoir, Coût, de Beau- voisis, chap. Lïïii, p. 337.) Au contraire, s'il se plai- gnoit-du luge même et le provoquoit par des impu- tations personnelles, > s'il ajoustoit avec l'apel > vilain cas, il y avoit gages de bataille ; et li vain- < eus, soit li Sires, soit li Hons, perdoit le cors et ■ l'avoir. ■ Quant aux autres Hommes qui avoient • consenti au jugement, ils ne perdoient fors le ju- ■ sèment et l'amande de chacun de soixante ■ livres. > Hais cette distinction particulière dans U manière de fausser jugement, étant devenue plus ginérale, on crut que dans le cas même d'appel de us jugement sans outrage personnel, il falloit con- server au Juge « le choix de faire bon le jugement ■ par gages devant le Comte et devant son Conseil ; ■ car le Comte pouvoit bien tenir la Cour de ses ■ Hommes appelés de faux jugement. • (Voy. Beau- nanoir, ubi supra, p. 337 et 338.) n est vraisemblable qu'à moins d'être animées rMr une passion de haine ou de vengeance, les Parties profitèrent d'une distinction au moyen de laquelle on pouvoit fausser un jugement sans - 51 - AP s'exposer au péril de combattre, et qne les Jugés dont on (^ussoit le jugement, sans outrager leiir personne, usèrent rarement du droit qu'ils avoient d'y forcer ces mêmes Parties, en choisissant le gage de bataille. C'est ainsi qu'aura prévalu insensime- ment dans les Cours mêmes des Barons, la Loi par laquelle S' Louis avoil sagement proscrit le comoat dans les appels de faux jugement. La ressemblance paroit sensible entre ces appefa sans combat et les requêtes ou supplications en amendement de jugement, usitées dans les GonrS royales, où l'on ■ demandoit amendement de juge- « ment, en suppliant, en requérant ; car supplica- ■ tion devoit estre faite en Cour de Roi, et non paa « appel; par la raison que Vappel contenoit « félonie. ■ (Voy. Ord. T. I, p. 171 et 264. — Beau- manoir, Coût, de Beauvoisis, chap. lxtii, p. 337.) Quant aux jugemens des Cours seigneuriales qu'on pouvoit fausser, non-seulement on en appe- lait comme de faux jugement ; mais le plus souvent cet appel étoit une provocation au combat. Il paroit que l'ordonnance de fausser sans combattre, ne s'étendolt pas aux appels qui se fai^^oient à une autre Cour qu'à celle du Souverain. Les appelt de faux jugement, comme les appels de défaute de droit, étoient de degré en degré, c'esl-Â-dire » selonc che ■ que li houmage descendoient dou plus bas au ■ plus prochein Seigneur après, si comme du Pre- • vost au Baillif, et du Baiîlif au Roy, es Cours où • Prévost et Baillif jugent; et es Cours où les • Hommes jugent, selonc che que li lioumages ■ alloient et descendoient, li appel dévoient estre <■ faits en montant de degré en degré sans nul ■ Seigneur trespasser. • (Voy. Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, cnap. lu ; p. 317.) On ne voit dans cette citation, qu'un commentaire du chapitre lxxii des EtablissemensdeS' Louis. • Si le Seigneur dont • on faussoit le jugement, étoit Bers, il falloit s'en ■ clamer en la Court le Boy, ou en la Court de celui • de qui il tenoit; eu la Court au Bers ou de celui <■ de rjui il lenoit, s'il étoil Vavasor. L'appelant ■ disoit : Sires, cil m'a fet faux Jugement, pour • laquelle rcsonje ne vuel plus tenir de luy,ainçois > tendre de vous qui estes Chiefsires. Si le Vavasor ■ vouloit s'en deffendre, il ajouloit : Je ne vùel mie • qu'il s'en puisse deiïendre, car il me fîstle juge- ■ ment faux à veiie et asseùe de moi qui foi li doit, • et le sui prest de monslrer contre son cors, se il < le veut deffendre. Et tout ainsi appeloit l'en son « Seigneur de faux jugement et en pouvoit l'en « bien jugier une bataille. ■ (Voy. Ord. T. I, p. 171 et 172.) Plus on réfléchit sur le sens de ce passage, qui semble devoir être expliqué relativement ù la Loi par laquelle en cas à'appel de faux jugement, le combat étoit défendu, plus on doute que le pouvoir de juger bataille s'étendit îi Vappel de faux jugement à la Cour du Souverain. S' Louis en abolissant dans les Cours du Roi, l'usage du combat judiciaire, le laissa subsister dans les Cours des Seigneurs. Il est vrai qu'en même temps il ordonna qu'on fausseroit AP — 52 - AP leurs jugemens 3ans combattre ; mais c*étoit proba- blement loi^u*en les faussant on appellerait à la Cour du Roi, et non à celle d'un Seigneur où l'usage du combat judiciaire étoit autorisé. Ainsi le pouvoir de juger bataille, que l'Editeur des Ordonnances étend à Yappel de faux jugement à la Cour du Roi, seroit restreint à Vappel fait à la Cour du Chef- seigneur du Vavasseur; et le chapitre lxxxi des Etablissemens de S' Louis, dans lequel on a vu une exception aux chapitres u et m des mêmes Etablis- semens, et à Tarticle mi de TOrdonnance de 1260, seroit une confirmation de la Loi générale qui sup- primoit les gages de bataille dans les appels de faux jugement à la Cour du Roi. « Se aucun veut fausser « jugement ou pais où il appartient que jugement « soit faussé, il n'i aura point de bataille ; mes les a clains et les respons et les autres erremens de « plet seront apportez en nostre Court, et selon les « erremens du plet Ten fera dépécier le jugement « ou tenir; et cil qui sera trouvé en son tort, « Tamandera selon la Coutume de la Terre. » (Ord. T. I, p. 91 et 92. — Ibid. p. 113.) Quand on ignore- roit la défense de fausser dans les Cours royales, il est impossible qu*à ces mots, « les erremens du « plet seront portés à nostre Cour, » on ne recon- noisse qu*il s*agit ici de faux jugemens des Cours seigneuriales, dont Yappel se faisoit à la Cour du Roy. Au reste, il pouvoit y avoir de la sagesse à s écarter en certains cas, des principes d*une Loi si raisonnable, mais odieuse h la Noblesse, dans la crainte de trop révolter des hommes dont le génie étoit aussi ennemi des procès qu'il étoit ami des combats (1). Quoi qu'il en soit de la réalité des exceptions h la Loi qui proscrivoil le combat dans les appels de faux jugement à la Cour du Roi, cette Loi n'opéra pas moins une révolution qui, en changeant la Jurisprudence Françoise, prépara les moyens de la perfectionner. La raison l'ayant enfin adoptée comme Loi générale, tout appel à un tribunal supé- rieur, pour réformer le jugement d'un tribunal inférieur, ne fut plus qu'une simple provocation en Justice. On provoqua longtemps encore le Juge même qui avoit prononcé le jugement; mais le fait du Juge étant enfin devenu le fait de la partie, on provoqua la partie en faveur de laquelle avoit été prononcé le jugement qu'on accusoit d'être injuste. Vappel dont on abandonnoit la poursuite, étoit un appel désert; celui dans la poursuite duquel on succomboit, un fol appela qu'on nommoit aussi faux appel. (Voy. Laur. Gloss. du Dr. Fr. — Colgrave, Dict. — Tenur. de Littleton, foU 45, ¥• et 46, R*. — Ord. T. III, p. 448, etc.) On regarde Vappel volage comme un abus parti- culier de la nouvelle Jurisprudence qui, en facilitant les appels 4'un tribunal à un autre, les avoit peut^ être trop multipliés. Cet appel qu'en latin on nom* moit appellatio Laudunensis^ parce qu'il étoit plus commun dans le Laonois qu'ailleurs, étoit tel qu'une Sartie ajournée devant le Juge, pouvoit Tempécher e passer outre, en se présentant devant lui, et en disant : « Sire Juge, vous m'avez faict adjourner « par devant vous à la requeste de tel ; si ay cause « d'appeller de vous et ae vostre jurisdiction, ^ « pour ce en appellé-je i" appel volage... Et pour « soustenir dès maintenant mon appel volage^ je « vous adjourne par devant Monseigneur le Baillif « de Vermandois,... au jour de la prochaine assise, « contre moy à voir soustenir mon dit volage « appel : et si vous cuidez que bon soit, soyez-y. « Dès maintenant intime ma partie adverse qu'elfe « y soit, si bon luy semble... El n'y falloit adjour- « nement, ne puis aussi le Juge appelle n'y osoit « procéder en outre. » (Bouteiller, Som. nir. liv. Il, tit. XIV, p. 773. — Voy. Du Cange, Gloss. lat. T. I, col. 578.) C'est probablement l'usage de ces appels que Philippe-le-Bel avoit aboli dans quelques villes du Laonois, et qu'il y rétablit ensuite par son Ordonnance de 1296, lorsque mieux informé à cet égard, il comprit que ces app^/s avoient été intro- duits en faveur des habitans et pour leur utilité. fOrd. T. 1, p. 328.) H paroit néanmoins que cette raveur leur devint nuisible, puisque ce fut à leur requête, et même aux offres de payer un fouage annuel de deux sous parisis, que Philippe de Valois renouvela l'abolition des appels vo/og'^s, par Lettres du 23 mars 1334, confirmées par autres Lettres du roi Jean, en date du mois d'août 1351. (Ord. T. Il, page 444.) • Dans la prévôté foraine de Laon, lorsqu'un pos- sesseur étoit troublé par voie de fait en son héri- tage, il pouvoit « sans commission et ordonnance « du Juge, de luy-mesme appeller promptement au « Juge royal; car le Roi avoit seul la connoissance (1) Vappel existait en Gaule sous Tadministration romaine; sous les Mérovingiens, il disparut, car il était incompatible avec les jugements de Dieu et le jury des Rachimbonrgs. Charlemagne le retabUt ; on put en appeler du dizemer aa centenier, du centenier au placitum du comte, et de ce dernier à rempereuiLlui-même. Mais Vappel était porté non contre la partie adverse^ mais contre les juges eux-mêmes; et, si le jugement n'étan pas réformé, le réclamant payait quinze sous d'amende ou recevait quinze coups de bâton.  l'époque purement léodale, Vappel disparut. Gomment aurait-il existé, puisque les jugements étaient rendus par l68 pairs ? En allant à une juridiction supérieure, on n*eût plus été devant ses pairs. — Le noble prévenait la condamnation en prenant ses juges à partie ; il les accusait d'avoir sciemment rendu un jugement inique et menti à leur conscience. Le duel était la conséquence de cette provocation ; si le ju^e était vaincu, sa sentence était annulée, et la cause portée devant le tribunal du seigneur immédiatement supérieur. Mais le bourgeois et le paysan, auxquels la justice était rendue par le seiffneur ou ses agents, ne pouvaient les accuser de mensonge, ni les provoquer. Cependant dès le xii« siècle, au Midi, le droit romain reparut, et avec lui V appel , où Ton n*accusait pas le juge de mauvaise foi. mais d'erreur. Dans le Nord, dès PhUippe le Bel, une nouveUe doctrine prévaut; on c fausse jugement » comme par le passé, mais le juffe n'est plus obligé de se battre : un tribunal supérieur révise sa sentence. On appelait par c defaute de droit, i si l'on prétendait qu'on ne voulait pas vous rendre justice. Au Midi, on ne pouvait appeler que deux fois; au Nord, des causes passèrent par sept juridictions, (n. e.) AP -E ■ de celle sorte i'appel qu'on nommoit aussi appel • volaçB. ■ On peut voir quelle étoit la façon d'y procéder suivant la Coutume de Laoo, dont le procès-vertial semble prouver que les appels vota- get, apr^ avoir été abolis, furent encore en usage en quelques lieux. (Laur. Gloss. du Dr. Fr. — Ora. T. n, page 81, note.) Lorsqu'on ëloit iemoni irrégulièrement en Conr de (ïretientë, c'est-à-dire en Cour ecclésiastique, OQ comparoissoit devant le Juge, et on lui demau- doit iustice de l'irrégularité de la semonce. Si le Juge ne la faisoîl pas, on pouvoit appeler, et cet ap/Mt/ éloît un appel de Cbretienté. On a observé qu'en • Cour laie, il falloit appeler en montant de > de^ en degré sans nul Seigneur trespasser; ■ mais il n'en étoit pas ainsi àlaCourdeChrctienté ■ pour qui ne vouloit ; car de quelque Juge que ce • fût ; l'on pouvoit appeler fi l'Apostoile, et qui vou- • ioîL, il pouvoit apeter de degré en degré si comme • du Doien à l'Ev^ue, et de l'Evesque à l'Arche- ^« vesque, et de l'Archevesque à l'Apostoile. Quant • k Vappel d'un Envoyé de l'Apostoile, il devoit se I laire directement k la Cour de Rome. ■ (Beauma- noir. Coût, de Beauvoisis, chap. lxi, p. 317. — Id. ibid. ehap. «, p. 22. — Voy. Appellation.) Il y avoit des appels hors des Champs clos et des Cours de Justice; et ces appels, tels que ceux de boire, de manger, de jouer, de rire, d'être galaut, de plaire aux Dames par son adresse dans les exer- cices de clievalerie, étoient des provocations, des invitations auxquelles on cédott d'autant plus volontiers qu'OD y étoit poussé, excité parle goût du plaisir. Ne aai quel caer autres senz ont ; ll&iB je pris poi trestot le mont, Et de joïr et de joer, Et de rire et de beau parler. Pvton. M Bloii, HS. da 3. Gtrm. toi. UD. A- ruL i. TÎDrent truaqu'à lor chaBtel, Où l'en lor flît maillor appel De beax uiengere et de beax vins. Ukl. roi. Ml, R- (Si. t. L'on vit aiUeurs maint mvstâre nouveau. Chevaulx bondir, soubz 1 acueil et appeait De doulx rpgBTs. En celluy temps Cupido par ses arcs, AUojt jectant par fenestres ses darcs. En général, la signirication d'u/fpe/ pourroit être aussi variée que les mots par lesquels on désigne les différens moyens depousser quelqu'un, de l'exci- ter, de le forcer à faire ou à dire une chose. Ainsi le mot appel dont l'acception est analogue b celle des mots convocation, sommation, dans un passage de ta Coutume d'Alost.peut signifier en ce même passage, un ordre public, une ordonnance ît laquelle on est sommé, force d'obéir. « L'on publie à chacune ■ demi-mars les ap;)cawa; ; ce sont de boucheries •I endroits qui doivent estre bouchez pour les grains • d'hiver, les pasturages, les grains d'esié, les • couraos d'eaux, et les chemins qui ne sont point AP « d'usage, les champs et les préries, de vuider les • fossez, etc. » (Nouv. Coût. gén. T. 1, p. IIH.) Il semble même qu'on ait étendu cette acception à l'exécution de ces mêmes appeaux ou ordonnan- ces. " Les appiaux, comme aussi les bouchures, ou • esloupemens des terres, des préries, des paslu- • rages, des bois, sont visitez par tes Pralers < accompagnez de quatre paysans connoissans, . etc. • fNouv. Coût. gén. T. I, p. tll5. — Voyez Appelleh.) TAniA.NTes : APPEL. Orth. subslst. - Brittoo, des Loix d'Angl. fol. 3S. Apel. Beaunianoir, Coût, de BeaUToisis, cbap. lki, p. 307. Apiau. Id. ibid. chap. Lxu, p. 319. Apiaub (plur. et aing.) Id. ibid. cfaap. lxiii, p. 393. Apiaux (plur. et sing.) Id. ibid. chap. lxi, p. 318. Appeal. Tenures de Littteton, fol. ii, V°. Appkau. Nouv. Coût. gc:i. T. I, p. 111*, ccl. 1. Appbauls (plur.) Ord. T. III. p. të. Appbaulx (plur.) Glose, de L'Hist, de Bretagne. Appeaus. Beaumanoir, Coiit. de Beauvoisis, chap. i, p. 13. Appiau. Id. ibid. cbap. i, p. It. - Ord. T. UI, p, 448. Appiax, Id. ibid. chap. i, p. 13. Appellable, adj. Sujet k l'appel. On a dit en ce sens, qu'une juridiction ou un jugement dont on pouvoit appeler, éloil a ppellable. (Voy. Nouv. Coût, gén. T. Il, p.lOi, col. 2. — Coût. gén. T. II, p. 976.) Appellation, stibst. fém. Action d'appeler, de crier, de nommer. Action d'appeler, de provoquer d'un Juge à uu autre Juge. Quelque différentes que soient en apparence les significations du verbe appeler, elles sont toutes analogues. (Voy. Appel* LEH.) C'est par la même analogie que le substantif appellation a signifié action d'appeler en général, action de crier, de nommer. (Colgr., Rob. Estienne et Monet, Dict. — Voy. Appellexent,) Ce mot, qui n'est plus guère usité que dans les formules des arrêts et des sentences, semble être moins ancien en notre langue que le mot appel dont il étoit synonyme dans la significalion parti- culière, action d'appeler, provocation d'un Juge à un autre Juge. Lorsqu'on appeloit sans raison, les appellations étoient folles, frivoles. (Voy. Appel.) On distinguoit plusieurs sortes A' appellations : Vappellalion judiciaire et extrajudiciaire, l'appel- lation verbale, Vappellalion que nécessita l'abus des appellations à la Cour de Rome, et que par cette raison ou nomma appellation comme d'abus. (Voy. Cotgrave, Hicot et Monet, Dict. — Laurière, Gloss. du Dr. Fr.) L'abus des appellations à la Cour .de Rome , excitoit dans le \ii* siècle le zèle de S' Bernard, qui se plaignant au Pape Eugène III, de ce qu'on appe- loit à lui de toutes les parties du monde Chrétien, l'exhortoit à user avec modération et sagesse, d'un hommage qu'on rendoit à sa suprématie : • Mihi • videtur et in multam posse eas [appellationes) ■ devenire perniciem, si non summo moderamine • aclitentur. .\ppellatur de toto mundo ad te ; id ■ quidam in testimonium singularis primatOs tui. ■ Àt tu, si sapis, non primatu gaudehis, sed fructu. ■ (Voy. S. Bernard! de Consider, ad Eugenium lib. III, cap. u.) Cette leçon n'intércssoit pas moins les Rois AP AP que les Papes. Mais les Rois Chrétieas, ea reconnois- sant ]e Pape pour Juge de leurs querelles et arbitre de leurs traités, autorisèrent de plus en plus les ruples trop souvent moins citoyens que Chrétiens, croire que le Chef de la Chrétienté en étoit le Honarque universel, et qu'à ce titre il étoit le Juge souverain des Rois et de leurs sujets. Ainsi, les Cours de Chrétienté, c'est-à-dire les Cours ecclé- siastiques, dont on appeloil à la Cour de Rome, au mépris même de la Juridiction épiscopale, parurent supérieures aux Cours laïques, et elles furent pré- férées, même pour la décision d'affaires purement civiles. • Voirs est que en cas de convenanches et ■ d'obligations, se les parties s'assemblent à plai- « dier en la Cour de Sainte Eglise.... et se metent ■ ou plet tant que il soit entamés, la Courde Sainte ■ Eglise en a la connoissance.... et quant l'une des ■ parties est coudemnée, elle nnel contreindre le • condemné à fère paier lejugie par forche d'escom- ■ muniement. > [Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, cbap. Il, p. 60.} Cette préférence accéléroit chaque jour le progrès des usurpations de la puissance spirituelle sur la puissance temporelle. Il fut si rapide que dans le sur siècle et au commencement du xiT' les Ecclésiastiques se trouvèrent en posses- sion déjuger presque toutes les causes des séculiers. La Cour de Rome ayant été transférée à Avignon, en 1308, par le Pape Clément V, on vit les appel- lations h cette Cour se multiplier en proportion de l'activité des Juges ecclésiastiques h empiéter sur la juridiction des Juges laïques. Enfin la nécessité de marquer les bornes respectives de l'une et de l'autre Juridiction , et de les ilxer , fut sentie. PhilippedeValoisassembla le Clergé de son royaume et tint un Lit de Justice en 1329, où Pierre de Congnerea, Avocat du Roi, soutint contre Pierre Serlrandi, Evéque d'Autun , que la Juridiction ecclésiastique étant purement spirituelle, ne pou- voit être devenue temporelle que par une extension abusive et dangereuse. Hais le Roi dont la politique suspendit l'arrêt, se contenta (dit Pasquier) de recommander aux Evêques la réforme des abus dans leurs diocèses, et il enjoignit sous main â la Cour de Parlement d'y veiller. Quelle qu'ait été dès lors ta vigilance du Parlement à restreindre la Juridiction ecclésiastique, et à en réformer les abus, les moyens par lesquels il y parvint, ne furent connus que longtemps après, sous le titre d'flp;>e/- lations comme d abus. < Enfin comme nous voyons « l'ours en léchant souvent ses petits, les rendre ■ en la perfection de leur espèce, lesquels aupara- , vant ne paroissoient astre qu'une lourde masse . de chair ; aussi discourans souvent dans le Parle- , ment, des abus qui se commettoient en Cour a d'Eglise, et reblutans cette mesme paste, furent a formées entre nous, sur la fin du règne de Louis , XII, ces appellations comme ffafrus... et establies , sur quatre pilliers, sur lesquel sont aussi fon- . dées les libertez de nostre Eglise Gallicane. > (1> Ce mot fligniflait parler. (Pasquier, Rech. liv. itr, p. 257. — Voy. M. ibid. p. 254 et suiv. — Flenry, Institut, au Dr. Ecclés. T. n, p. 9 et 222.) Apptillenient, subst. mate. Action d'appelor, de convoquer, de nommer, d'épeler. Ces signiflcK- tions, dont on trouve la preuve dans Gotgrave , Oudin, Rob. Estienne et Nicot, Dicl. sont toutes analogues à celles du verbe Appeller. [Voy. Atml^ LATion et Appeller.) Appeller, verbe. Pousser, presser, faire appro- cher, faire venir. Citer à comparoltre. Crier, heortw. Invoquer. Convoquer. Provoquer à comlKittre et k plaider ; assigner, sommer, accuser, etc. Requérir, prier, questionner, interroger, etc. nommer, epeler. En supposant, avec les Ëtymologïstea Latins, que le verbe simple et inusité peilare (1) ait été formé da verbe peilere dont l'acception est relative à celle du grec ireiify, taire approcher, le composé appellare, en français appeler, signifiera pousser vers un lieu, en latin appellere, peilere ad loeum. (Voy. Marti-' nius, Lexic. Philolog.) Il semble que ce soit la signification de notre verbe appeler, lorsque pour designer une personne que sa volonté ou la néces- sité pousse à faire ou k aimer une chose, on dit flgurément qu'elle y est appelée. C'est peut-être encore dans un sens analogue à celui de pousser, qu'en parlant d'une rançon dont on avoit poussé, porté le prix trop liaul, l'on a dit : • Salehadins < apela si haut le raençon Baudoin, que, etc. ■ (Chron. d'Outremer, as. de Berne, n* 113, fol. 121.) On approche du lieu ou de la personne vers lesquels on est poussé, ou pressé de venir. De là, le verbe a/ipeller aura signirié faire approcher quel- qu'un, te faire venir, quelle que soit la façon dont on te pousse, on l'excite, on le force à s'approcher, à venir, à paroitre, à comparoître. Si Vapîaul li lerres à soi. Dame, [ait-il, délivre-moi. ■ Vh, fait-ele, ne doutes riens, Jou te délivrerai moult biens. Bstliiire, HS, du R. n* TtS». roi. tli. V col. S. Au figuré, l'on disoit en parlant d'une femme qui approchant du terme où elle devoil accoucher, se sentoit pressée de mal d'enfant, qu'elle étoit appelles de maladie. - Celle Dame estoit moult enceiocte de ■ son mary. . . . mais. . . . comme celle qui estoit « appellée de maladie luy vint au devant au mieulx - comme elle peut. » (Percef. Vol. IV, fol. 116.) Il scroit inutile de prouver l'acception particulière à'appeller, faire approcher, faire venir en Justice, citer à paroitre, à comparoilre devant un J.uge. On a dit relativement h cette acception , que Dieu appelle le monde, que Dieu nous appelle k lui. Par Dieu qi li mons apele. Huit doit estre chil irés Qi pert tout outréement Chou dont il a bonement. Ane. Pot!, ir. ys. da Vilk.n- 14», M. !«, K*. Richard, Duc de Normandie, se sentant affoiblir. AP — 55 - AP € manda ses nobles homs... et parla en tel manere : € Mi caievalier et mi compai^non, je ai esté vostre « Sires terriens jusques aujordui ; mes puisque • nostre Sires me veut à soi apeler^ il me covient «de vous départir. > (Cbron. S' Denys, Rec. des Hist. de Fr. T. X, p. 306.) On remarque en général que les acceptions usitées de notre verbe appeler sQDl anciennes dans notre langue. Qa'uD homme, un animal vienne, qu*il approche au son d*une voix, d'une cloche, ou de quelque autre instrument, il obéit toujours à une sorte d'impulsion dont ce verbe paroit désigner ridée générale. C'est ainsi probablement qu'on dit : la trompette, la cloche, l'heure m'appellent : la brebis appelle son agneau ; appeler de la voix, ou tout simplement apj^/^r son domestique, son chien, etc. Le bruit qu'on fait ù une porte, soit en criant, soit en heurtant, fait venir quelqu'un qui l'ouvre. De là, on aura dit appeler un mot, appeler à la porte; façons de parler de même espèce que pli^sieurs autres qu'on a déjà remarquées, et par lesquelles on exprime ce qui suit, pour faire entendre ce qui E recède. En effet, appeler à une porte, c'est crier, eurter pour y faire venir. A soa OBtel vint, si apele Uo mot ; et sa famé roi Qui moult forment s*en esjoi. Lors couru coume preus et sage ; L'uis ouvri sanz autre message. FâbL. MS. du R. B* 7615, T. 11, fol. 125, R* col. â. . . . Qui bonne nouvelle aporte. Seulement apèle à la porte. Rom. de Rou. HS. p. 262. La voix étant un moyen aussi naturel que facile i*appeller, de faire venir à notre aide, le verbe appeller a signiflé invoquer; autre preuve de la n^tonymie qu'on a indiquée. « Nous est mesliers... ■ que nous apelons,.. cbaus et cheles qui sont en « la compaiçnie le Roy de Paradis pour nous « aidier....Si en apelons \(k benoiie Vierge Marie, « etc. » (Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, p. 2.) Namles le voit ; Nostre Dame en apèle. De fine joie tout li cuers li sautèie. BaffuiMd'Ogier la Dwob, MS. de Gaignat, fol. 407, R* col. 1. Quelle que soit la difTérence des moyens en usage pour appellerj fiaire venir dans un lieu plusieurs personnes et les y assembler ; pour appeller quel- IQ'nn, le pousser, le forcer à venir se défendre ; ces ifférens moyens étant comparés à celui de la voix, peuvent être désignés avec extension par les verbes convoquer, provoquer. Ainsi convoquer signiGera appeller^ et appeller signiflera convoquer, faire venir, assembler en convoquant. (Robert Estienne, Nicot et Monet, Dict.) « Commanaa son fll Richart « que il apelast grant ost. » (Chron. S' Denys, Rec. des ffist. de Fr. T. X, p. 309.) Dans une signification relative à l'ancien usage de confier au sort des armes la décision des afTaires criminelles et civiles, usage qui subsista dans les Cours des Barons, après avoir été aboli dans celles du Souverain , appeller quelqu'un d'une afbire criminelle ou civile, c'étoit le provoquer à un combat judiciaire dont on regardoit Tévénement comme une preuve évidente de la justice ou de l'injusticer de l'accusation ou de la demande formée contre^ lui ; c'éloit le pousser, le forcer en le provoquant, en formant la demande ou l'accusation, à venir défendre son innocence ou son droit, les armes à la main. On observe que par rapport aux divers moyens de provoquer une partie adverse à venir combattre en champ-clos, ou plaider en justice, le verbe appeller signifioit assigner, sommer, accuser, etc. ' L'appareil de ces combats judiciaires devint beau- coup iplus imposant qu'il ne l'étoit dans l'origine. On y introduisit une espèce de faste qui contraste d'une manière curieuse avec la simplicité attestée par d'anciennes Coutumes. Avant qu'on dédaignât cette simplicité. Ton combattoit à pied, sans autres' armes que 1 écu et le bâton. Pour y être autorisé, on se présenioiten Justice, après avoir fait sommer le coupable d'y venir, d'y comparoltre. Là, on l'ac- cusoit d*avoir « meurdryfelonnQusement» telle per- sonne, au préjudice des Loix de Dieu et du Prince ; accusation dont on ofi'roit de prouver la vérité , à telle heure de jour qu'il plairoit à la Justice de fixer pour le combat. Si l'accusé nioit le crime et ofTroit • au contraire de prouver la fausseté de l'accusation, il jetoit son gage devant l'accusateur qui lui répon- doit en jetant aussi le sien. Alors le Juge qui « devoit premièrement prendre le gage au defen- « deur et puis celuy à l'appelleur, exigeoit qu'outre « les gages, chacun donnât pièges de mener la Loy ; « nonobstant lesquels pièges , tous deux étoient re- « tenus en prison, jusqu'à ce que le combat leur a fût ottroyé par Justice. Le jour du combat, ains a que heure de midy fust passée , on faisoit venir « devant le Juge les Champions, tous appareillés en . « leurs cuyrées, ou en leurs cotes, avecques leurs « escus et leurs basions cornus, armés si comme « mestier estoit, de drap, de cuyr, de laine et, « d'esloupes, ayant les cheveux rongnez par dessus « les aureilles, et s'ils vouloient, le corps oint(t). « Alors on recordoit ce que Taccusé et l'accusateur a a voient dit en gageant le combat judiciaire, et « l'exactitude du record une fois avouée par les « Champions, ils étoient menés au champ pour « combatre. On élisoit quatre Chevaliers pour gar- « der le champ, où les Champions, avant le combat, « dévoient s'agenouiller tous deux en s'entretenani « par les mains ; l'appelleur à dextre et le défeii«> « seur à senestre. Dans cette posture^ on demandoit « à chacun comme il avoit nom en baptême, s'il « croioit au Père, au Fils et au S' Esprit, et s'il « tenoit la foi que S'* Eglise garde. » Après une profession de foi d'autant plus essentielle que pour avoir le droit de s*assommer juridiquement, il falloit être orthodoxe, l'accusé faisoit le serment suivant: « Oes (Ecoute), homme que je tiens par la: (i) Cétait là raccoutrement des non-nobles, qu'ils comiwtisfieDt entre ma ou contrée les chenraliars. (n. b.). AP — 56 — AP « main seneslre et qui L. te fais appeller en bap- « tesme ; telle personne ne meurdry en félonnie : < ainsi m*aist Dieu et ses Saincts. » L'accusateur lui reprochoit dans les mêmes termes et avec le même serment, qu'il s'étoit parjuré. Ce premier serment étoit suivi d'un secona, par lequel chacun des deux Champions iuroit de n'avoir sur lui aucun sortilège qui pût Taider, ou nuire à son adversaire. Alors on leur donnoit l'escu et le baston, et les quatre Chevaliers élus à la garde du champ de bataille, se plaçoient entre les Champions et les tenoient éloignés l'un de l'autre, « tant qu'ils « eussent aouré, c'est-à-dire prié avenaumeut. » Leur prière finie, les quatre Chevaliers se retiroient aux quatre coins du champ-clos, et les Champions marchoient Tun contre l'autre et se joignoient. « Si V appelle pou voit se défendre tant que les es- « toilles apparussent au Ciel, il avoit la victoire. • (Voy. Ane. Coût, de Norm. chap. lxvifi, fol. 88 et 90.) Peut-être qu'en étendant l'usage de ces combats aussi odieux au Clergé (1) qu'ils étoient agréables à la Noblesse, on voulut les rendre moins sanguinaires. Telle pourroit être la raison de la défense de com- battre avec d'autres armes que l'écu et le bâton. Par une Constitution de Chariemagne^ (Loi des Lom- baixls, liv. H, tit. v, §'i3,] le bâton etoit la seule arme permise dans le combat judiciaire. Hais la liberté du choix des armes fut autorisée par un Capitulaire que Louis-le-Débonnaire ajouta a la Loi Salique. On croit voir dans l'abus de la preuve négative admise par la Loi des Francs Ripuaires et celle de presque tous les peuples barbares, une cause géné- rale de rétablissement et de l'extension de la loi du combat. « Il me parott, dit H. de Montesquieu, que « la Loi du combat étoit une suite naturelle et le « remède de la Loi qui élablissoit les preuves « négatives. » Si Gondebaud , Roi des Bourgui- gnons, l'autorise, c*est afin que ses sujets ne fassent plus de serment sur des faits douteux, et ne se par- jurent pas sur des faits certains. « Multos in populo « nostro... ita cognoscimus depravari ut de rébus « incertissacramentaplerunqueofTerrenondubitent « et de cognitis juçiter perjurare. Cujus sceleris « consuetudinem submoventes proBsenti lege decer- « nimus ut quotiens inter homines nostros causa « surrexerit, etc pugnandi licentia non ne- « getur. » (Voy. Burgund. Loges, cap. xlv.J Si l'Em- pereur Othon II veut que cette même Loi aécide les contestations sur la propriété des héritages, c'est 2u'on étoit sûr d'être usurpateur dès qu on osoit tre parjure. « Il s'étoit introduit depuis long- < temps une détestable coutume, à la faveur « de laquelle un homme se rendoit propriétaire « d'un héritage, en faisant serment sur les Evan- « giles^ que la charte qu'il presentoit et qu'on atta- « quoit de faux, étoit vraye. » (Voy. Loi des Lom- bards, liv. II, tit. Lv, chap. xxxiv.) Si plusieurs Cons- titutions générales de Charlemagne et de Louis-le- Débonnaire, antérieures à celle d'Othon, et insérées comme elle dans la Loi des Lombards, (liv. II, tit. lv, §23,) étendirent l'usage du combat judiciaire * d'abord aux affaires criminelles, et ensuite aux civiles, c'est qu'avec autant de facilité d'abuser uti- lement de la preuve négative, il étoit presque im- possible que l'accusateur ou l'accusé, le demandeur ou le défendeur ne se parjurassent. On acquiesça donc aux représentations de la nation qui demandoit qu'à la preuve par serment on substituât la preuve par le combat. Quoique la Loi des Francs Saliens^ plus sage que la Loi des Francs Ripuaires et des autres peuples qui admettoient les preuves par serment, eût obvié à la nécessité des preuves par le combat, en ordon- nant que toute demande ou accusation fftt prou- vée, et que pour s*en défendre, il ne sufllroit pas de la nier, les constitutions insérées dans la Loi des Lombards, furent ajoutées à la Loi Salique. Ainsi l'usage de la preuve par le combat, devint général en France. On n'exclut cependant pas des U*ibunaux, les autres preuves : mais la nation, libre de suivre son génie guerrier, préféra la Loi du combat et rétendit ; extension qui parolt avoir été la principale cause de l'oubli où tombèrent insen- siblement les Loix Saliques, les Loix Romaines et les Capitulaires. ^Esprit des Loix, T. II, chap. xm, xiv, xvin et xix.) On ne songea plus dès lors qu'à réduire en prin- cipe l'usage de cette Loi , et à former le corps de cette Jurisprudence militaire qui changeoit toutes les actions civiles et criminelles, en faits sur lesquels elle ordonnoit le combat. On y réussit même au point de prouver que s'il y a, comme l'observe à ce sujet de Montesquieu, « une infinité de choses sages « qui sont menées d'une manière très folle, il j a « aussi des folies qui sont conduites d'une manière « très sage. » (Voy. Esprit des Loix, T. II, diap. xxv, p. 331.) La sagesse avec laquelle on fixa les règles et les bornes du combat judiciaire, est particulièrement attestée par Beaumanoir. (Coût, de Beauvoisis, chap. Lxi-Lxrv.) Il arrive souvent, dit cet Auteur, que dans les Cours laïques « li plet chieent en gages de batailles, ou que apensément li un apele 1 autre de vilain fet par devant Justiche ; si est bons que nous en façons propre chapitre, qui ensaignera desquiex cas l'en puet apeler^ et quelles personnes pueent apeler et estre apelés et lesqueles non ; et comment l'en doit fourmer son apel et le péril qui est entre tex apiaux, et lesquels a/rfaiiâ? h Sei- grieur ne doivent pas souffrir, si que chil qui vouront apeler sachent comment il se doivent maintenir en plet de cages, et la fin en quoi il en pueent venir se il enchieent dou plet. » (Coût, de Beauvoisis, ubi supra^ p. 307.) Si le bâton étoit encore d'usage dans ces combats, ce n'étoit plus qu'entre Vilains. Les Gentilshommes combatloient à cheval et avec telles armes qu'il leur (1) Le jugement de Dieu admis par l'EgUse était le serment, (ic. s.) AP ptaiaoit d£ cboisir, * excepté coustel ù pointe et • mace d'arme molue. ■ Hais lorsqu'un Geotil- bomme appeloit ou provoquoit un Vilain, il devoit seprëaentercomme lui à pied, »ans autres armés que Yéca et te b&lon, parce que • s'abaissant en < apetersit>asse personne, sa dignité étoit ramenée • en cet cas à telles armeures comme cliil qui estoit • g^ê. ■ (Voy. Beaumanoir, Coul. de Deauvoisis, cbap. Lxi, p. 308. — Id. ibid. chap. lxiv, p. 328.) La précaotioo de ceux quilouoient pendant un certain temps un Champion pour combattre dans toutes leurs querelles bonnes ou mauvaises, nous paroft une preuve singulière de l'extension prodi- (iense de l'usage du combat judiciaire. Beaumanoir, ?)ur qui cette Coutume éloit ancienne, remarque aillenra que du temps de S' Louis, il surTisoit eacore qu*une demande excédât la valeur de douze deniers, pour être jugée par la Loi du combat : Loi i laquelle on peut dire que toutes les autres Loix éloient presque toujours forcées de céder, jusqu'à ce que ce Prince, abolissant les preuves par le com- bat, s'occupât du soin de rétablir les preuves par «Parles ou par témoins. (Voy. Beaumanoir, Coût. de Beauvoisis, chap. iiwui, p. 203. — )d. ibid. chap. Lxnif p. 325.) C'étoit ramener la Jurisprudence aux Sremiers principes de la Loi Salique ; Loi conforme celles oe presque toutes les nations du monde, en ce qu'elle assujettissoit les accusations et les demandes, les défenses et les justifications à la nécessité des preuves positives. • Nous deffendons • les batailles, par tout nostre demaine, en toutes « querelles : mais nous n'osions mie les dénis, les • responaes, les coutremans qui ayent esté accous- « tumés, selon les usages des divei's pays, fors itant •■ que nous en ostons les batailles. Et en lieu des < batailles, nous mettons prQeves des tesmoins, ou « des Chartres. > (Ord. T. I, p. m.) On pouvoit s'opposer à l'abolition de l'usage du combat dans les Juridictions seigneuriales, et S' Louis l'y laissa subsister, excepté dans le cas é'appel de faux jugement. (Voy. Ord. T. I, p. 113. — iDid. p. 256-ii58.) La prudence de ces ména- cemena nécessaires avec des Seigneurs jaloux de leurs prérogatives, les prépara à souffrir que leurs vassaox partageassent avec les sujets du Roi, le Ûenfait de ta nouvelle Jurisprudence. Beaumanoir qui écrivoit peu de temps après la iBOrt de ce Prince , nous apprend qu'il étoit • à la ■ Tfrienlé des houmes dou Comte de Clermont de ■ tenir leur Court... selouc l'anchienne Coustume, ■ on selonc l'Establissement le Boy : mais se li plès • estoit tamés (1) seur l'Establissement par lesouf- a raoce dou Seigneur, li Sires ne le pouvoit puis ■ mettre à gagea, etc. > (Voy. Coût, de Beauvoisis, Aap. Lxi, p. 309.) Le progrès de cette tolérance de la part des Seigneurs fut tel que la nouvelle Jurispru- oence, anan conrorme à la raison naturelle et & la BeligioD, que l'ancienne y étoit contraire, s'étendit f- AP de proche en proche, et devint universelle dans les tribunaux de Justice. Le cri des appels au combat cessa d'y retentir etd'alarmerle citoyen dont l'inno- cence ou la propriété étoit attaquée. Hais hors de ces mêmes tribunaux, il fallut à ce cri prendre les armes, et au mépris des Loix politiques et reli- gieuses dont la Noblesse regardoit le respect comme une lâcheté déshonorante, combattre pour la gloire, l'amour et la vengeance. Ainsi la raison victorieuse d'une superstition ignorante et barbare, fut soumise au préjugé fanatique et impérieux de l'honneur. De là, l'usage de ces expressions si famil ières i^ nos an- cêtres Gentilshommes, appeller de gage, de combat, de duel , de joute, etc. Les exemples en sont si fré- quens, surtout dans les romans de Chevalerie et dans les ouvrages qui traitent des duels, des gages de bataille, qu'il suffira de les avoir indiqués. Ces expressions ont d'ailleurs la même significalion que celles encore usitées, appeler en duel, appeler au combat. Souvent le verbe appeller a signifié seul , provo- quer à combattre, provoquer h venir en champ-clos, y faire venir en provoquant au combat ; et dans les tribunaux oii l'usage dn combat rtoit aboli, pro- voquer à venir en Justice , y faire venir quelqu'un en l'assignant, en lui faisant une sommation, en formant contre lui une accusation, une demande. C'est dans le sens d'assigner, qu'on dit encore aujourd'hui os/je/er en Justice, appeler en témoi- gnage, etc. On ajoute qu'anciennement appeller quelqu'un de meurtre, c'éloit l'en accuser; que \ appeller de servage, c'étoit le redemander, le réclamer comme serf, proprement le pousser, le forcer par cette accusation, ou par cette demande, à venir en Justice prouver sa liberté ou son inno- cence. « Se nus hom veut appeller un autre de ■ murtre, que il soitoïs, ententivemenl; et quand ■ il vodra faire sa clameur, que l'en li die • Soies bien certain que tu n'auras point de ■ batailles; ains te conviendra jurer par bons tes- < moins jurez.... Et se cil qui veut appeller, quand ■ l'en li aura ainsi dit, ne veut poursuivre sa cla- • meur.laissierlapuet. • (Ord. T. 1, p. 111 et iI2.) « Se aucuns est appelle de servage , ou de murtre, • ou d'aucun autre mefTet, etc. ■ (Ibid.p. It3et285.) Bernart, ciat preudom vos ape!e D'une chose qui n'eet uns bêle. FiU. US. d* B«ni», o- SU, M. 1. V mI. 1. Lorsqu'on appelle d'un jugement, on l'accuse en quelque façon d'être injuste, et on provoque la Sartie en faveur de laquelle il est rendu, à venir evant le Juge supérieur à qui l'on demande répa- ration de l'injustice dont on se plaint. (Voy. Appel.) En requérant, en priant quelqu'un d'une chose, on le provoque à la faire ; on provoque sa réponse en le questionnant, en l'interrogeant sur ce qu'il fait, sur ce qu'il pense. De là, le verbe appeller signifloit requérir, prier, questionner, interroger, etc. dans un sens analogue a celui de pousser, pres- (1) Ne &iit-a pu Ure tancé f Tamer se trouve dus la Oironique des ducs de Normandie , mais ce peut être une •naar. Qf- *■) n. 8 AP — 58 - AP ser, provoquer. « Me promistes tous quatre que... « vous me délivreriez de mort chascun uBe fois « quant je vous en requerroye, dont tous en ont « fait leur devoir, fors vous que je appelle de pro- « messe. » (Percef. Vol. 111, fol. 157, V*col. 1.) Arriéra 8*e8t à la voie mise, Âinz n'enporta que sa chemise. Et la GoDtesse l'an apele: Si li demaDde, auel novèle ? Por qu'as laissie le Chevalier ? Fabl. MS. d« Berne, n* 354, fol. 179, V col. 9. On nomme les personnes qu'on a quelque raison û'appeller^ de faire approcher, de faire venir à soi. Ainsi le sens littéral de notre expression appeller quelqu'un par son nom, seroit faire venir, faire approcher quelqu'un, Ty provoquer en le nommant, le nommer pour qu'il approche, pour qu'il vienne ; expression qui est ancienne dans notre langue. • Nuls n*apiaut l'autre par son nom purement. » (Règle de S' Benoit, us. de Bouhier, p. 84.) Telle paroit être effectivement la signification du verbe appeller: !• nommer, prononcer à haute voix les noms de personnes qui doivent venir ou être venues dans un lieu à certaine heure; 2* nommer, lire tout haut le nom des parties dont on appelle la cause, pour qu'elles viennent plaider. Enfin, lorsqu'au lieu d'épeler, on disoitappe/Z^r les lettres d'un mot, c'étoit les nommer, afin que venant, pour ainsi dire, l'une après l'autre, elles composassent le mot qu'on vouloit prononcer. Ce ne seroit donc que par abstraction de l'idée d'une cause finale, analo- gue à celle qui est indiquée, que le verbe appeller ou appeler auroit signifié et signifieroit encore nom- mer les personnes et les choses, en dire les noms et qualités, sans autre raison que celle de les désigner. CaNJUG. Apeauty subj. prés. Qu'il appelle, qu'il nomme. (G. Guiart, ms. fol. 88, V-.) Apeleoentf subj. prés. Qu'ils appellent. (Règle de S* Benoit, lat. et fr. us. de Beauvais, cbap. Lxm.j Apeled, participe. Appelé, accusé, nommé. (Loix Norm . art. iv, vi et xviu Apeleity part. Appelé, nommé. (S' Bern.) Apeleiz, participe. Appelé, nommé. (Id. ibid.) Apelèrad, ind. fut. Appellera. (Loix. Norm.) Apiautj ind. prés. 11 appelle. (Fabl. us. du R.) Apiaut, subj. pr. Qu'il appelle, qu'il invoque. (Id.) VARIANTES : APPELLER. Rom. de la Rose, vers 22665. Apalleh. Cbans. Fr. MS. de berne, n* 389, fol. 57, R*. Apeler. s* Bern. Serm. fr. MSS. p. 14, S6. passim. Apeller. Chans. Fr. MS. de Berne, n* 389, fol. 15, V«. Apieler. Ph. Mouskes, MS. p. 247. Appeler. Orth. subsist. — Cotgr. R. Estienne, Nicot, Dict. Appelleur, subst. maso. Appelant. Les ac^ ceptions de ce mot appelleur ou appelierres^ plus usité dans notre ancienne langue qu'appellant ou appelant, sont relatives à celles d'appel, soit qn appelleur désigne un cbampion, un accusateur, un demandeur en Justice ; soit qu'il dësieoe M oiseau qui en fait venir d'autres dans les fliels, ua oiseau à la suite duquel les autres volent. Si l'on m croit Ck)tgrave, la signification à'appellewr étoit quelquefois analogue à celle du verbe appeller^ épeler. (Voy. Appel et Appeller.) variaittes : APPELLEUR. Du Gange, Glosa, lai. au mot CampUmm. APBLSRE6. Id. ibid. col. 113. Apeleur. Id. ibid. — I^ix. Norm. art. xvi. Apeliere. g. Guiart, MS. fol 87, V». Apeusrbs. Beaumanoir, Coût, de Baauvoiaia, p. 319. Apeliers. Id. ibid. p. 22. Apelierres. Id. ibid. Apellieres. Id. ibid. p. 312. Appbllkres. Du Gange, Gl. lat an mot CampUmm. Appellsrrbs. Id. ibâ. col. 114. AppELLom. Assis, de Jerus. p. 49 et 00. Appellour. Skinner, Voc. forens. exposîtio. Appead, adv. et express, adv. En pendant; On soupçonne Monet d'être l'auteur de l'expressioi à'pend, et d'en avoir formé l'adverbe append. U est Sossible au reste que dans une signification relative celle de pendre, suspendre, on ait dit qu'une colomne^ une vis suspendue étoit une colomne^ um vis append. Hais c'estune méprise d'avoir confondu cet adverbe avec le participe appens^ en disant qui le gu€t appens ou a-pens étoit embusches en lieu comme penchant et désavantageux à celui qu'on guette. (Monet, Dict. — Voy. Appews.) yâriantes : APPEND, a-pend, a -pens, appens. Monet, Dict. an mol Appens. AppendanceSy substantif féminin pluriel. Appartenances. Dépendances. 11 est prouvé que l'idée particulière de tenir à une chose en y appendant, étant généralisée, on a pu dire appendances pour appartenances. (Voy. Appar- tenance.) Peut-être aussi a-t-on dit appendances pour dé- pendances. « Je suis natif des appendances dti « royaulme de la grande Bretaigne. « (Percef. Vol. VI, fol. 43.) Il sembleroit qu'alors la préposi- tion initiale 6! appendances seroit de même signi- fication que la préposition latine ab, qu'en françois on rend souvent par de. Au reste, comme ce qui dépend d'une chose, y est néc^sairement appet^ dant et par conséquent appartenant, il est possible que sans égard à la difl'érence de la préposition, les mots dépendances et appendances aient été récipro* quement substitués l'un à l'autre, pour signifier appartenances, en général ce qui tient ou apparu tient à une chose, soit en appendant, soit en dé- pendant. (Voy. Dépendance.) Appendices, subst. fém. plur. Appartenances et dépendances. 11 est constant que dans un granA nombre d'anciens titres latins, le mot appenditim ou appendiciœj en françois appendices^ signifia seul ce que dans un aussi grand nombre d'autrtfl signifient les mots réunis pertinentiœ et appendi^ tiœ. Soit qu'une chose appende à une autre chose ou qu'elle en dépende, soit qu'elle y soit soupenduA on sospendue, elle y tient. Or, ces façons particu- litra de tenir, d'appartenir à uae cbose, étant CéBâ^isé», on I pu désirer les appartenances et iépendanee* d'une terre, d'une fief, d'une maison, M le» aommant seulement appendances ou appen- écett dépendances ou dépendices, quelquefois sup- pendices. Ce dernier mot est svnonyme d'appendi- ces dans un titre de 1268, publié par Ditboucliet. (Preuv. de l'Hlst. de la M. de Coligny, p. 58. — Voy. ArpE:iDANCEs et APFARTEnAKCE.) ■ Contèns fut entre • moy.. . et l'Abbé et le Gonvens dou mont Saint- • Eloy.... des Justices, desostes(l), des terres et des • appendisses de la Court de Faveril. ■ (Duchesne. Hist. gëoéal. de la M. de Béthune, pr. p. 134 ; tit. de 1247.) • Don li fit de Linei et des apendises, en • mariage. > (Id. Hi^t. généal. de la M. de Bar-)e- Doc, pp. p. 32. — Voy. Cépenoices.) TABIAHTES : APPENDICES. Ducfaesne, H. g de la H. ileB6thune,p.373. ÂPKMDISE8. Duboucbet, ubi >upm, p. 03. Appendisses. Duchesne, H. g. de la H. de Bâthuae, p. 134. Appendis, subat. mate. (2^ Appentis. Bâtiment attenant aux murs, aux partes d'une ville. Coteau. Anciennement, un appendis étoit ce qu'on Ktmme encore appentis, un bâtiment dont le toit ta pente d'un seul cdté, append où tient au mur contre lequel il est appuyé. (Voy. Appendre.) ■ Un • a;ip0ndeûquiseflerten la rue S. Abraham, etc. > {D. Carpentier, Suppl. Glosa, lat. de Du Cange, au mot ttphendaria: tit. de 1295.) C'est relativement à fidée de la possibilitëd'atteindre ^certaine hauteur, en montant sur un appentis, qu'on disoil figuré* ment : - Vostre promotion en l'office de Conseiiler • aux Généraux, c'est un appenty... pour monter « à une magistrature pins relevée. ■ (Pasquier, Lett.T. III, p. 606.J Dans une signification plus étendue qu'elle ne l'est aujourd'hui, les bâtimens, les maisons attenant inx murs ou aux portes d'une ville, peut-être aux baboui^ de la ville, en étoient les appentis. * Cou- ■ nirent les Marescbaux du Roy d'Angleterre jus- • gaes bien près de Paris.... Adonc s'émeut te Roy • Philippe, eldtabbattre les appentis de Paris, et < s'en vint à Sainct Denis. > (Froissart, Vol. I, T: 146.) seroit possible que par la même extension, un tMTmin, un lieu attenant à des vignes eût été ■ommeriU)}Kndis aux vignes. Peul^tre aussi que lecotean étant à la montagne ce qu'ua appentis est aa mar contre lequel il est appuyé, le mot appendis inra signifié coteau. ■ Monterez sur oeste petite • montaigne auprès de Vappendis aux vignes, pour « garder qui sauldra. • (Le jouvencel, ms. p. 86. — Vof . Pbidaht.) VAiuAi(i« : (1) hotpilf, tenure et condition InlermMlaire entre la liberté et le servAge. (n. e.) — t apte : mpt^adieium, mii eit ordinaicenieat cita, aurait Mé, comme les mots en ilio, term CSjufonneromaîaeTWt mime de pcndere arac e bret, et non de pondère avec e mag : «ti/Mio. (K. K.) - (() Fidx, taideaa pesant. AP 4PPENTT, Paaqilier, Lelt. T. III, p. 6 Appendre, verbe. Pendre. Etre attaché, tenir, appartenir. [Voyez Appëndasce.) Quelques Etymolo- gistes latins croient que \e\erbG pendere, pendeo, formé de pendere, pendo (3), signifie un effet de la pesanteur; opinion d'iiutant plus vraisemblable que c'est par sa pesanteur, par son poids qu'une chose pend, en latin pendet. On citera comme une preuve de l'analogie de ces deux idées, le vers suivant : Les rapports qu'indique la préposition initiais de ce verbe composé appendre, étant signifiés par une seconde préposition, il semble que l'acception A'appendre étoit la même que celle du verbe simple pendre, lorsque dans un sensactifondisoit, ap;jen- are une chose à une colonne, ïappendre contré un mur, Vappendre en haut. (Voy. Monet, Dict.) Ron- sard et Du Bellay affectoient peut-être on air d'éru- dition, en consacrant spécialement ce verbe à désigner l'action de pendre, de suspendre il la voûte d'un temple les choses qu'on d'.-Jieaux Dieux. (Voy. Nicot, Dict.) 11 est encore usité en celte signi- lication particulière, maison a la preuve qu'ancien- nement l'usage en étoit plus général. Le noir escu bendé de nuit Ot Larrecin au col pendu, El d'une torches apenda. Fabl. MS. da R. n- 7615. T. ti, toJ. 101, V col. i. Plus souvent aussi l'acception ti'appendre étoit neutre comme celle du verbe latin appendere, pendre, être pendant. > Le ray du feu faisoit a ■ l'estoille queue de trois toisesde longueur, et celle • queue estoit en appendant du costé de la . Grand'Bretaigne. « (Percef. Vol. IV, fol. 68.) On pourroil b. ce passage en réunir d'au très où il seroit possible que dans un sens relatif à celui des prépo- sitions latines ab et ad, la préposition initiale et inséparable du verbe appendre indiquât tour-à-tour le point duquel s'éloigne la partie inférieure d'une chose pendante, et le point vers lequel elle appro- che en pendant. Dans le premier cas, appendre seroit de même signification que le verbe dépendre. (Voy. DepERDRE.) On sait qu'en général une chose pesante ne pend qu'autant qu'elle est retenue par une autre chose, qu'autant qu'elle est attachée et tient à cette même chose, par un moyen quelconque. De là, l'usage figuré du verbe a'appendre, être appendant, s'atta- cher, être attat^é à servir l'amour et à mériter ses faveurs. Veillier, ploreir, poene, travela, ahans, Tout ceu covient aa flaa amans sentir : Mais jai (S) por oeu ne se doit ébahir Li bon* lii est à haua dons apendani. Cfa». FV. Ha. te Dm». D* SB. [Wl. u. M. IB, V. — (3) Ce mot nous semble fait mr irauRé en mm oh en ice. (H. t.) — , «de pendere avec e long : ixntdeo est à pmdo, ceqnejotw) Cest la mot Jamais (j'oft nmv^) interverti. (N. i.) AP -I Hout est fox qui ne a'apeni A amors servir toi dis ; Qu'amors tient celui ioiani Qui à li ËHt eDtentis. Jioi. Poël. Fr. MS3. mat IMt, T. I. r- «1. Les lieux où un amant conservoit un attachement aussi heureux qu'honnête, étoient des lieux où appeadoient sa joie et son honueur. Se j'ai fora dou païz estelt Où ma joia et m'onors apent ; Porct Cornent c li-je , B.put. n, fol. T.R*. Ces acceptions Ogurées prouvent combien l'on a abusé de la signilication propre de ce verbe. On considéroit comme appendanles les unes aux au- tres, les personnes entre lesquelles il y avoit une relation, quelle que fût l'espèce de i^lation par laquelle elles étoient attachées les unes aux autres, Ear laquelle elles se tenoient. Ainsi, pour désirer is relations de la créature au Créateur, les relations de l'homme à l'homme, comme inférieur, comme parent, etc. on disoit : « Fiz furent Remon ki fu de ■ Beroth et des Hz Benjamin, e Beroth apendeit à * Benjamin. • [Livres des Rois, ms. des Cordel. fol. 45, V col. 1.) Là est Guillaume de Jiiliera, A qui ilz sont touz apenthini, etc. G. G«l«, MS. U. te*. R-. La Corone de France doit eatre si avant Diex où tout est apendant. Qui de la Sainte Virge nasqui en Bellëant, ('- n. j. ,. ^^ hS. d " ■ - - ^- \- iâÔtitël.tiA. ÏOO, R'eaLl. Haia au tort Roi où tout apent. En rendent gracea iMneoieat. Laàâànt. HS. da Gfliwi, fol. S, V. On voyoit comme appendant, non-seulement aux personnes, mais aux choses, tout ce qui leur étoit relatif, propre, convenable. ■ Vaissële d'or... ki al ■ servise apendeitt etc. > (Livres des Rois, us. des Cordel. foi. 138.) . Çû ne li apendeit pas k faire. • (Ibid. fol. 139.) Puisque Dama aura ami, Et aie li veut donner S'amour ; mia i'a en la voie De recbevoir la grant joie K'al otroi d'&moura apent. Ane. roâ. tr. MS. da Vatie. D- 1480. fol. lU. R*. Hais ce n'est pas amors qu'à moi apende. Ane. PoêL Fr. USS, nnnl IWO, T. r, p. «t. Hïcliart par prière Ne fera chose qu'il requière. Ne qui ■ loiaulé t'apande. G. GalM, HS. loi. ». V. Dame, fet-ële, ft vous qu'openf de ce«t afâreî Fibl. HS. da A a> TllS, fol. 338, V' cul. 1 . C'est ainsi qu'en généralisant l'idée d'une chose ![ui tient à une autre chose en y appendant, on a ail du verbe appendre un synonyme d'appartenir. ■ Si ascun (1) face purchas de comune de pusture en ■ autruy soil (2). et ne eit nul tenement à qui cèle ^ maacnn: oOfuia unu«. (n. k j - <3} toods de tarra ; on trouve U forme féminine *oite se nUtacbaol i tofur^ deT> bu-Utm Mlium. - 0) Voir Du Canga à Advotia. - (4) Comme on le voit par ces vers G&Xh du Boman de la Bott : ge métrai tout mon apnw, D«a ore an Bel-Acueil gankr. > (k. s.) AI» • Commune purra appendre, tîel purchas, e (Britton, des Loix d'Angl. fol. 144.) - Tenem> ■ qui l'avowson (3) aj>j9£Rl ove toutes les ap ■ naunces. • (Id. ibid. fol. 231.) € AdvowK ■ common de pasture.... sont nosmés appem < al manor, ou al terres et tenements. > (Tel deLittleton, fol. 41.) Et qui li voudroit fere droit, Nonuendie il apenttroit. VAHIAKTES : &PPENDflE. Britton, des Loix d'Angl. fol. iU, V. Ap.^ndhr. g. Guiart, MS. toi. S5, V». ApENDtiB. Livres das Rois, MS. des CordeL foL 4. Appens, part, et subst. Pensé, réfléchi. Pe rédexion (4). Temps pour penser, pour rénécb Il semble que l'us^ige du participe appens, viation d'appensé, ait toujours été restreint & Eression encore usitée, guet appens. (Nicot et H ict. — Dict. de Trévoumet de l'Acad. Fr. — Appeksë.) On pourroit regarder l'addiUon de M ticipe appens au substantif guet, comme supe puisqu'il n'y a point de guet ou à'agitet pensée, sans réflexion. Hais Pasquier observei François, comme en Latin, il n'est pas extrt naire de réunir deux mots de même signifie! pour rendre ce que l'on veut dire plus poigi qu'ainsi le guet ou Vaguei paroit d'autant odieux qu'il est appens. (Voy. Pasquier, Ro VIII, p. 699 et 700.) C'est par ignorance que ' écrit a-pend ou append. (Voy. Appebd.) Quelquefois on ëcrivoil guet-à-pens. Alor participe pens signifloit ce que signifie enct mot pensée qui n'est autre cliose que le fémin participe pensé, pris substantivement au n d'une ellipse. Par conséquent, le guet-à-pens la même chose que le guet-à'pensée, c'est^ guet avec pensée, avec réflexion. (Voy. Pi Pensée.) U résulte de cette observation, que U ticipe composé apens peut aussi avoir si réflexion, pensée. (Voy. Borel, Dict.) On croit même que dans un sens relatif à de l'expression' jour d^appensement, on a u appens un délai accordé en Justice, pour pen réfléchir aux objections qui pourroient être fs des témoins. • Qui defTault en sa prouve, doii ' les despens, et luy doit cheoir li jour de 1 ■ faulte en producion ; et s'il deffault à ^ ■ donner tesmoins que l'en donneroit contre < n'aura plus appens h dire après. Ainczoift « etc. • (Ane. Coût, de Bretagne, fol. 102. — ' Appensement el Appenser.) TAEUAKTES : APPENS. Nicot et Honet, Dict. APKN8. Pasquier, Recta. L. VIU, p. 009. kp — 61 — Aï» • Appensé, participe. Qui est pensé, réfléchi. Qui a pensé, réfléchi. Occupé, instruit ; qui a des idées, oe la raison, de la prudence, etc. La signification A^appensé étoit . passive et la même çue celle à'appens, lorsqu'en disant chose ÊfpeMée^ fait appemé^ advis ou guet appenséy Ton exprimoit une piensée, un dessein réfléchi de nuire. (Chron. S' Denys, T. 1, p. 53. — Ord. T. I, p. 57, col. 2. — Coquillart, p. 112. - Pasquier, Rech. L. Yiu, p. 700. — Rob. EsUenne, Nicot et Monet, Dict. — Voy. Appens.) Plus généralement, le participe appemé signifîoit la pensée sans dessein de nuire. Il étoit actif, c'est- à-dire qu'il désignoit Tétat de Thomme ayant été pensant, et non celui de la chose ayant été pensée, toutes les fois qu'en parlant d'une personne qui avoit pensé, réfléchi, Ton disoit qu'elle étoit ap- pensée. Amours, se bien y sois appensée. Est maladie de pensée. Rom. de la Rose, Tert 4481 et 448S. Apengelê sui c'une chose feroie, S amors voloit et U yenoit en eréit, etc. Chau. fr. IfS. de Berne, n* $39, pot. i, fol. 21, V*. C'est par l'analyse de l'expression elliptique être appense^ qu'on aperçoit la raison pour laquelle un participe passé semble avoir quelquefois la signifl- cation d'un participe présent, comme en ce passage : Lors esgarde avant et arriéres, Et voit couvertes les gaschieres (1) Des siens qui, serrez vers le val, S'en vont à pié et à cheval. De vuidier le champ apensez. G. Goitft. MS. fol. 368. R*. En pensant, on s'occupe, on s'instruit, on acquiert des idées, on se fait une habitude de raison, de prudence, etc. De là, ce même participe appemé signifioit, 1*" occupé : > Garde ta bouche soit de proier apensée, Tant que de t'amor soit esprise et eschaufée. Pabl. MS. da R. n* 7615, T. 11. fol. 178, V col. 8. 2* Instruit : ... De quantques li demanda Le trouva si tres-aoenaé, Si courtois et si avisé, etc. déomadèt. HS. de Gaigntt, fol. 40. R* col. 2. 3* Qui a de la prudence, de la raison, etc. « Grant « partie s'accorda à ce que l'en li de voit aidier « et s'offrirent por li aidier; li autres disoient qu'il « p'estoient mie appensé. «* (Martène, Contin. de G. de Tyr, T. V, col. 710.) ... Sa mère Done Ynabele Le reconfortoit coume celé Qui ert apensée tousjours. Cléoaiadèt. M S. de Geignat, fol. 57, V col. 3. Qu'il suffise d'avoir indiqué l'analogie par laquelle tout mot signifiant une idée relative aux qualités habituelles d'un être qui s'occupe l'esprit et qui pense, pourroit être l'explication du participe ap- pensé. (Voy. Afpenséement et Appemsement.) vajviântes : APPENSÉ. Nicot et Monet, Dict. Apensê. Cléomadès, fol. i,jpas8im. — R. Estienne, Dict. Apenseis. Chans. Fr. MS. dfe Berne, n« 389, fol. 21. Appenséement, adverbe. En pensant, avec examen, avec poids et mesure. A dessein. Avec réflexion, avec prudence, elc. (Voyez Appensé et Appemser.) Anciennement, faire ou dire une cbose, en y pensant, en examinant les raisons de faire ou de ne pas faire cette chose, de la dire ou de ne la pas dire, c'étoit agir ou parler apenséement ou empen- séement, agir ou parler avec poids et mesure, avec examen. « Quand elle parloit c'estoit... moût apen- « séement. > (Vie d'Isabelle, à la suite de Joinville» p. 174.) « Choses qui sont par adventure et non mye « apenséement faictes, etc. » (Fabri, Art de Rélhor. L. 1, fol. 51.^ On lit, empenséement. (Id. ibid. f* 52.) « Le Roy Richart férit par adventure , non mie « apenséement; si que luy fist mortelle playe. > (Chron. S' Denys, T. 11, fol. 26.) On forme un dessein en pensant, en pesant les raisons de faire une chose ou de ne la point faire; de là, l'adverbe appenséement signifloit à-dessein. « Sire, je le vous diray, et suy cy venu apenséement « pour vous en parler. » (Modus et Racio, ms. fol. 249.) « Ce faisoit Patience appenséement pour deux « causes. • (Ibid. fol. 258.) Il y a de la réflexion, de la prudence, du bon sens, du jugement à n'agir, à ne parler qu'après avoir pensé. Ainsi l'adverbe appenséement signifloit avec jugement, avec bon sens, avec prudence, avec réflexion. (Voy. Cléomadès, us. de Gaignat, fol. 14. — Ibid. fol. 39.) « Li sages hardis, si est chil qui « sagement et apenséement monstre son harde- « ment. » (Beaumanoir , Coût, de Beauvoisis , chap. I, page 8.) . . . Jà nus hom feme ne prisera Ki aime trop baudeinent <ï). En canpion qui apenséement Gonbat, a on plus seure atendance K'en beiibancier de foie contenance. Aoe. Poê». Fr. MS. du Vatic. &• 1490. fol. Iâ6, R*. VARIANTES * APPENSÉEMENT. Modus et Racio, MS. fol. 25. Apenséement. Ane. Poês. fr. MS. du V. n« 1490, fol. 106. Apensément. Chron. S* Denvs, T. II, fol. 26, V«. Empenséement. Fabri, Art de Rhétor. L. I, fol. 52, R». Appensement, subst. masc. Action de penser, de refléchir ; pensée, réflexion. Qualités d'un être pensant, prudence, etc. (Voyez Appenséement et Appensé.) On a dit au premier sens, « que de de fol apen- « sèment naist le mal consentement. » (Voy. Rom. de la Rose, vers 18662 et 18663.) S'uns Clercs est trop fos par nature, Nus sages hora n*a de luy cure : S'il est trop sages ensement U entre en tel apetisement De quoi bien Teu puet meskair. Aae. Poet fr MSS. avant 1300» T. IV. p. iSli. (1) Voir Du Gange à Gascaria : terres nouveUement défrichées, gâtirns. (n. e.) - (2) de Tallemand bald : avec trop d'espansico. (N. s.) . AP ... à battue, ce diet-on, Eat adèa prouec« an sadson, Et BTis etapenaemem Et seurtéa et hardemeDs. aéoatàit. us. 4g GûfUI, (SI. M, R- «sl.t. En termes de procédure, le jour d'appentement étoit un délai accordé à des héritiers, pour penser, réfléchir aux raisons qu'ils pouvoient avoir de reprendre un procès, ou de 1 abandonner. ■ Jour .« à'appensement est et sert tant seulement en cas • où l'on seroit adjournd à reprendre ou délaisser •> la cause et erremens d'un procez dont le deman- ■ deur ou défendeur seroit allé de vie à trespas. • (Boutciller, Som. rur. lit. vu, p. 3i). — Voy. Appekb.) On a indiqué ailleurs par quelle analogie ce mot appensement a désigné les qualités d'un être pen- sant, la prudence, etc. Hoult duremont les asaailloît : Car de tréa-grant vailtance eetoit Et de trèa-Rrant apemement. CMoaurUs. US. da Gilistf M. i, V col. 1 . VAHIAHTËS : APPENSEMENT. Laurière Gloas. du Dr. Fr. Apensxuent. Cléomadès, US. deGaignat, toL 58. Appenser, vnhe. Penser, examiner ; avoir une idée, former un dessein, projeter. (Voy. Appënsé.) On sait qu'en Latin, pemare signifie proprement Îieser une chose, l'évaluer au poids en la pesant, en a tenant suspendue dans la balance ; qu'en François, penser a signifié et signifle encore flgurément cette opération de l'âme par laquelle on pèse, on examine, on évalue les choses en idée. De là, les anciens verbes composés appenser et enpenser qui étoient de même signification que le verbe simple penser, en Latin pensare. (Voy. Penser,) Il semble <\m' appenser des témoins, c'étoit penser à ce qu'on pourroit opposer à leurs témoignages, peser ces témoignages, les examiner avant que d'y souscrire. • S'il defTault à veoirs donner ■ tesmoins que l'en donnerolt contre lui dira ■ de surs comme se il les veist pour tous appenser, ■ les luy nommant ; et les gréera. > (Ane. Coût, de Bretagne, fol. 102, V°.~Voy. Appens.) On a réuni appenser et enpenser, parce que la différence de la préposition initiale n'en opéroit aucune dans la signification de ces deux verbes, soit qu'ils désignassent la pen^, ou l'idée, le dessein, le projet formé d'après la pensée. ■ Se aucuns gens • avoienl enpensé a aler tuer uu hons, etc. ■ (Ord. T. I, p. 134.) Cuer ergueiUeux veult trop estre honoré, Et si ne veult À nuUui faint faonnear. Tout eat bien tait quanqu'il a empensi; Ce qu'autrul lait lui aembla deahonnei». BoH. DaKh. poâi. HSS. p. ItS, eol. *. La preuve que cette acception d'enpenser étoit aussi celle à'appenser, alongeroit inutilement cet article. On le lermiœra en remarquant que dans le sens de penser, peser ses idées, peser, examiner les raisons âe faire ou de ne point faire une chose, de - et - AP la juger bonne ou mauvaise, fausse ou vraie, le verbe appenser, à la difTéreace Û'enpenser^ étoH plus ordinairement réciproque. ■ Ele s'apen$a * d'une grant traison comme malicieuse. ■ (Rom. de Dolopathos, us. du R. n° 7531, fol. 293, V* col. 3.) Lora a'aaaiat aor l'eapoode (1) et ti]itlscliierembroii(l); Lors B'aneniic et porpensse A cui dira son boa. Pdil.HS.duR n'IilS. foLUT.Veol.l. Quaod bien m'apente. Il ne me semble pas p»r m'ame. Qu'amena Hona, n'amourense Darae, Puiet avoir greignor joie au monde Que d'amour, quant el a'ï habonde. [>oà. 1 U wile du R. da Funol. US. 4uR.ii* SMS, fol. I, V col. 1. VARIAKTES : APPENSER. Ane. Coût, de Bretsfme, fol. lOï, V». Apanser Fabl. MS. du R. n* 7615, T. 11. fol. 126, R' coL 1. APKNSSn. Ane. Poêt. Fr. HSS. avant 1300, T. IV, p. 1366. Apknsseu. Fabl. MS. du R. ii» 7218. foL 3*7, V> col 1. Empenser. Eusl. DeBCh. Poês. MSS. p. 135, col. 4. Enpenser. Cléomadéâ, MS. de Gaignat, fol. 59, V* col. 9. Apperceu, participe. Connu par quelques qualités éminentes. Ce participe apperceu, dont l'acception générale et figurée étoit la même que celle du verbe apercevoir, avoit une signification absolue, toutes les fois qu'en parlant d'une per- sonne dans laquelle on apercevoit, on connoissoit des qualités cminentes, on disoit qu'elle étoit apperçue, connue par son intelligence, sa prudence, son courage, son intrépidité, etc. Me3 TheseuB lea ot veua Qui vassaux en aperceu*. Cinq batailles issir en fait, etc. Aihia, us. fol. ee, Vcd, 1. Il eat aages, aperceus. Si ne vuet pas estre déceua. Fiï^HS. duK. n-TfllS, T. II, (ol.lU.K-cd. I. Luxure eat un pêchiè ; qui trop a'y laisse Tirra, Si vit jusgues i la mort à paine sans délivre... David et Salomon en turent si deceu. Et maint autre grant bomme, et aage et apparceu. J. ds Meun, Codic. i«n 1T6Ï-1T7D. Il semble que les Soldats qu'en Franche-Comté l'on nommoit Apperçus (3) , soient des Soldats con- nus par le patriotisme intrépide et courageux avec lequel on les avoit vus servir leur pays et le défen- dre. Les trois Bailliages de celte province dévoient entretenir trois Légions ou Régimens de cette espèce de milice toujours prête h marcher au premier ordre; milice à la vérité peu aguerrie, mais fc laquelle « on avoit vu autrefois que l'amour delà • patrie... avoit inspiré beaucoup de courage. • (Pelisson, Hist. de Louis XIV, T. H, p. 260, 367 et 268. — Voy. Appercevoih.) Aparceus. Fabl. MS. du R. n' 7615, 1. ii, w Apabceot. S' Bern. Serm. fr. MS3. p. MO. Aperceus. Athia, MS. toi. 99, V" col. a. Apkrckeu. Anseia, MS. toi. ii, R* col. 1. Apebzuiz. S' Bem. Serm. fr. MSS. p. 189. Afparcbu. J. de Ifeon, Codic. vers 1770. (1) cb&lit ; on le trouve dans Virgile : ■ Aulms quum te résina tujperbiê Atirea compondt aponda. (N. e.) — (9) penchA : DCm propose in et iironiu; Gachet, dans aOB (iloataire dit ChevaUer au Cygne, ne ae prononce pas : H. Gautier, dana aa Chantait j. !...-„ j j^-. ... .. ,-_;. ..!_ .•:«-:■. ,-.. _ , _ j^ Parait avoir ici le sens d'appotncti (Voir es mot), (m. k.) dépare' cette étjmologie très dUBcUe. (M' i AP AP Appereevable, odj. Apercevable. (Voyez Ôuâin A Monet, Dictionnaire.] Appereevance, subst. fém. Faculté d*aperce- rtàTy de sentir, de connoître. Perception, idée, notion, connoissance. Chose aperccvablc. Les unifications du suhsisiniit appercevatice sont toutes analogues à celles du verbe apercevoir. Cest avec raison qn'au premier sens, 1 on a dit : « Les sens sont Textréme borne de uoslre apperce- • vance.... Ils font trestous la ligne extrême de • nostre faculté. • (Essais de Montaigne, T. II, p. 472.) Chieii a grant légereace et grant apercevance, ChMM dt GMtw Pbébi», MS. f . 89. Dans le second sens, appercevance désignoit reSët de cette faculté d'apercevoir, la perception, l'idée, la notion, la connoissance qu*on prend des S^rsonnes ou des choses, en les apercevant. (Vojr- adin, Rcb. Estienne, Nicot et Monet, Dict.) Ainsi, lorsqu'une personne avoit peur d'être aperçue, d'être connue, on disoit qu'elle avoit paor d'apercé- nnce. (Fabl. us. du R. n* 7218, fol 330, V* col. 1. - Toy. Appercevehent.) Quelquefois Vappercevance étoil la chose même S 'on apercevoit, une chose apercevable. (Nicot, et) « Ce dont nous avons encore veu de nostre < temps quelques restes et appercevances en la rue • Nostre-Dame, etc. » (Pasquier, Rech. L. ix, p. 768. — Voy. Appebckvoui.) VARIANTES : APPERCEVANCE. Oudin, R. Estieone, Nicot. Monet, Dict. ÂPERCKVANCK. Ghasse de Gaston Pbébus, HS. p. 89. Appercevant, participe. Qui voit de loin, qui voit bien. Qui peut être vu, qui est visible. (Voyez -Appergeyahcx et Appergevoir.) Dans le premier sens, on disoit : « Le Roy qui ^ estoit assez appercevant, leva amont le visaige, ^ et veit venir... les deux Chevaliers. » (Percef. ^ol.Vl, fol. 106,V'col. 1.) Cette acception est figurée dans les vers suivans : li meseogue (1) qui ert molt sage, Aperchevans et ensegnio ; Qui molt estoit de sens garnie, etc. Bertidra, MS. da R. n* 7969, fol. 171, V col. 8. On trouve qu'abstraction faite de ridée de celui qui voit une chose, qui l'aperçoit parce qu'elle est visible, le participe appercevant a signifié ce gui Gmt être vu, ce qui peut être aperçu comme visi- e. « Donnant à iceulx deniers blancz telle diffé- « rence comme bon vous semblera à faire, et la « moins apparcevant que Ten pourra. » (Ord. T. ni, p. 430. — Voy. Appercevoir.) VARIANTES : appercevant. Percef. Vol. VI, fol. 106, V« col. 1. Apbrcbevakt. Bestiaire, MS. du R. n<> 7969, fol. 171. Apparcevant. Ord. T. III, p. 430. Appercevemeaty subst. masc. et fém. Action l'apercevoir, vue» connoissance. On a voulu justi- fler un égarement de Tamour dans le philosophe Aristote, en disant qu^il avoit été séduit, non par Vapersure^ par la vue d'une femme, mais par le pen- chant de la Mature qui peut égarer la philosopnie. Donc n'a li malstres, ce me sanble, Nule coape en sa mespresure. Quant ne me^riat i>ar aperturcy Mais par nature droite et fine. Ain. el Arist. MS. de S. Germ. fol. 73. V ool. 3. Anciennement, les amans craiçnoient qu'on ne s'aperçût de leur amour, et làctioient d*en dérober la connoissance. . . . Li proie que sagement Me YueiUe fere enseignement Et demonstrer en quel manière J*ai joie de ma proiere ; Et crue ce soit célèement, Qu*u n*en soit apereevement. Fabl. MS. da R. n* 7SI8, fol. 906, V col. 1. Ils préféroient leurs peines amoureuses à des [plaisirs pleins A*appercevemenSy à des plaisirs dont a connoissance échappe rarement à la curiosité maligne des médisans. A nais ameroie Miex cirant déduis qui fust lens, C'un bien bastié neieroie Tous plain d*apperceveniens. Ane. Poêfl. fr. MS. da Vatie. n* 15ti. fol. 153, R* eol. 1. On a personnifié la honte ; et pour signifier qu'elle redoute la vue, les regards de la curiosité, on a dit : Honte... portoit une espée Bonne, clère et très-bien trempée Qu'eUe foraea doubteusement De soucy a'aparçoyvement, Rom. de la Rose, wn i0S84-16n7. VARIANTES : APPERCEVEMENT. Ane. P. ûr. MS. du Vat. n« 1522, f. 153. Aparcoyvement. Rom. de la Rose, vers 16287. Apbrcevbmbnt. Fabl. MS. du R. n* 7218, fol. 205, V» col. 1. Apersure. Alex, et Arist. MS. de S^ Germ. fol. 73, V« col. 3. Appercevoir, verbe. Apercevoir, voir, ouïr., goûter, sentir, connoître, juger. Percevoir, toucher» recevoir. On observera que du verbe simple caperCj [^rendre, s*esl formé le confposé latin perdpere, en rançois percevoir. (Voy. Percevoir.) Il semble qu'en réunissant à la préposition per la préposition a dans apercevoir^ Ton indique tout-à-la fois Tobjet et le moyen de la perception. C'est par le moyen des sens sur lesquels agissent les objets^ que l'âme saisit ces mêmes objets, qu'elle en reçoit l'idée, u'elle en prend connoissance. De là, l'usage figuré u verbe appercevoir qui signifloit voir, ouïrv (;oûter, sentir en général, connoître par les sens^ juger d*après cette connoissance réfléchie. « Forons « aper%oyvre par nostre esprueve mismes, cum « convenaule chose soit, etc. » (S' Bern. Serm. fir. Mss. page 3.) « Par la grandesce del pardon, pues « aparzoivre la grandesce de la veniance. > (Id. ibid. page 198.) 3 (1) mésaDge ; en bu-latin mexemay de TaUemand ntet«e, avec suffixe, (n. e.) AP .- «4^ AP En Tostel fu plus de douze ans, Tant que li Enfes fu jà ^rans Et se sot bien apercevoir (1). Fabl. MS. du R. n* 7218. fol. 151. R* ool. 1. Dans une signification relative à la différence des sens par lesquels on prend connoissance des per- sonnes et des choses, on disoit : « Cil ki aparceut ' « on! le deleit de Tespiritel vilaille, etc. » (S* Bern . Serm. l'r. mss. p. 230.) Au Roi a dit parole aj^rcheue; Sire, dist-il, c'est ventés seue, etc. Anseis, MS. fol. 14, Rvcol. 1 . Par sous le chaperon l'esgarde... Si connut bien et aperçoit, C'est son mary qui la déçoit. Fabl MS. duR. n* 7218, fol. 163 V col. 1. Je ne vos puis de jor veoir, Car trop redout V apercevoir,. Chans. Fr. MS. de Berne, n* 389, part. I. fol. 45. V*. Ce même verbe apercevoir, dont on a restreint l'ancienne acception figurée, signifioit dans le sens propre, loucher, prendre avec la main, recevoir, percevoir. « Huit deniers de cens... avoit eiaper- « cevoit chascun an es mesons de Saint Salveor. » (Hist. génénl. de la M. de Chastillon, pr. page 61 ; litre de 1273.) CONJUG. Aperceif {]'), ind. prés. J'aperçois. (Liv. des Rois.) Aparceif{V)j imp. Aperçois-toi. (Ibid. fol. 32.) Aparchut, indic. prêt. Aperçut. (Ibid. fol. 82.) ' Aparçoeve (s'), subi. prés. S'aperçoive. (Rymer.) Aperçotf, indic. prés. J'aperçois. (G. Guiart.) Apercuit (s'), ind. prêt. S'aperçut. (Liv. des Rois.) VARIANTES : APPERCEVOIR. Rob. Eslienne, Nicot et Monet, Dict. Aparcevoir. Pabl. MS. du R. n« 7615, T. II, fol. 124, V». Aparzoivre. s* Bern. Serm. fr. MSS. p. 198, 239, etc. Apercevoir. Orth. subsist. — Fabl. Ma. du R. fol. 151. Aperçoivre. Ane. Poës. fr. MS. du Vatic. n« 1522, fol. 161. Apersoivre. Chans. Fr. MS. de Berne, n« 389, fol. 78. ÂPERzoïVRE. S' Bern. Serm. fr. MSS. p. 17 et 35. Aperzoyvre. Id. ibid. p. 3. Apparcevoir. Cotgrave, Rob. Estienne et Nicot, Dict. Appétence, subst, fém. Convoitise, appétit. (Cotgrave et Oudin, Dict.) Appeler 9 verbe. Convoiter, vouloir, désirer, rechercher, demander, etc. On sait qu'au xvi* siècle, on afTecloil de parler latin en françois. De là, le verbe appeler, en latin appetere, qui dans la signi- fication de convoiter, vouloir, désirer, rechercher, demander, etc. désignoit l'eiTel de toute espèce de sentiment par lequel l'âme est invitée à satisfaire un besoin physique ou moral. Il ne se dit plus que d'un appétit dont la cause est physique, comme en ces phrases. « L'estomac appelé les viandes; la « femelle appelé le mâle. » (Voy. Appétisser.) variantes: ilPPËTER. Orth. subsist. - J. Marot, p. 72. Apêter. Gloss. de Marot. — L'Amant ressuec pw 75. ÂPETTER. Du Bellay, Mém. pièc. juslif. T. VI, p. 311. Appétisser, verbe. Inviter à manger, mettre en appétit. On excite l'appétit des oiseaux qu'on veut faire chasser, en leur donnant « desestouppes « couvertes de chair, en forme de pillule.... Parce « moyen seront rendus plus sains, plus appetissez^ « plus avides, plus légers et plus promps à là « proye. » (Budé, des Oiseaux, fol. 120. — Cotgrave et Monet, Dict. — Dict. de Trévoux. — V. ÀppËTERi) Appétit, subsL masc. Convoitise, volonté, désir, besoin. On a déjà observé qu'en général Vappétit est reflfet d'un sentiment qui invite l'âme à vouloir et à rechercher la satisfaction d'un besoin physique ou moral. (Voyez Appéter.) Quoiqu' appélil subsiste dans le sens de convoitise, désir, il ne signifieroit plus la volonté, le désir de voir une personne qu'on aime. Et Moiipe, et Clerc, et Prestre, ly Grands et ly Petit De veoir leur Patron avoient appétit. Ger. de Roasdllon. HS. p. 801. Dans le sens où Ton dit que l'honneur veut qu'on se venge d'une parole outrageante, on disoit figuiément : Combien voit-on de dangers courir Pour quelque bruit d'un faux raport qui vole ! Combien voit-on d'hommes braves mourir A Yappctit d'une seule parole! Poes. à la »uito des Dialog. de TabiiraHi, fol. 191, R*. On dit encore à Vappélil d'un écu; expression adverbiale dans laquelle appélil signifie la volonté, le désir, le besoin d'épargner un écu. Anciennement le besoin de vomir, comme le besoin de mander, étoit désigné par le mot appétit. On disoit, appelit de vomir. (Voy. Rob. Estienne et Nicot, Dict.) « Les Chevaliers qui n'avoient mangé, « et qui le travail du Tournoy avoient souffert, « dévoient bien avoir appétit de manger. » (Percef. Vol. V, fol. 408, R" col. 1.) Enfin, l'acception générale d'appétit étant parti- cularisée, ce mot a signifié seul et signifie encore le besoin, le désir de manger. Montaigne ne sentoit jamais le besoin de manger qu'en se mettant à table, o Pour moy (dit-il) je ne mange jamais trop lard : « Vappélil me vient en mangeant, et point autre- « ment. Je n'ay point de faim qu'à table. > (Essais de Montaigne, T, III, p. 341. -- Voy. AppErmr.) L'insatiabilité de nos désirs est si naturellement exprimée par ces mots l'appétit vient en mangeant, qu on en a fait un proverbe dont on a cru que Jacques Amyot, évéque d'Auxerre, étoit l'auteur. On raconte qu'ayant paru d'abord ne désirer rien de plus qu'un Bénéfice qu'il obtint, il demandt ensuite l'évéché d'Auxerre; et que le Roi l'ayant plaisanté sur Taccroissement de ses désirs, il ré- Eondit : Sire, Tappétit vient en mangeant. (Voyez ici. de Trévoux.) MaisTabbé Lebeuf croit qu'Amyot - (1) Le sens juger du latin percipere permet de rendre compte de ce vers. Mais il est dif&cUe d'expliquer la locotioa t^apercevoir de, qui. du sens de voir êoi^ a passé au sens de remarquer: on en trouve des exemples (Uins la Chanson de Roland : c U anuralz auquesi ê'en aperceit, » Le verbe, neutre, aura ensuite pu s'adjoindre le pronom réfléchi, comme «e toire, êe pâmer, etc. (N. s.) AP - M - AP B'est intéressé pour rien dans ce proverbe. < en • mangeant Yappétit vient, comme dit Tevéque • d'Auxerre. > Cet évéque d'Auxerre lui paroit être Philippe de Lenoncourt qui fut longtems appelé en Gour l Evêque d*Auxerre, depuis la résignation qu'il tvoit faite de cette prélature, et qui accumula grand nombre de bénéfices. (Voyez Hist. eccl. et civ. d'Auxerre. T. I, p. 645.) Au reste, l'intempérance des désirs est si naturelle à l'homme, qu'il n'en est presque aucun dont le cœur n'ait senti que Yappétit vient en mangeant. On ne voit donc pas trop pour- Îuoi ce proverbe seroit plus propre à Phihppe de enoncourt qu'à Jacques Amyot. Une chose qui Saroit plus vraie^ c'est que l'un de ces deux évéques 'Auxerre, et peut-être tous deux ont répète ce qu'avant eux nombre de personnes auroient pu dire aussi raisonnablement que Tavoit dit Angeston. (¥. Rabelais, T. I, p. 27.] Si Ton en croit Le Duchat, « Angeston est Jérôme le Hangest, Docteur de Paris t et grand Sdiolastique. » Rabelais, qui semble le désigner comme auteur du proverbe, Yappétit vient en mangeant, prouve évidemment qu'il n'y a pas K' is de raison d'en attribuer l'origine à Philippe de Qoncourt qu'à Jacques Amvot, puisqu'il écrivoit plusieurs années avant que 1 un et l'autre fussent évéques d'Auxerre. VARIANTES ! APPÉTIT. Orth. subsist. - Gér. de RoussiUon, MS. p. 201. ÂP&TiT. PoÔ8. à la suite des Dialog. de Tahureau, fol. 191. Appetitlf, adj. Convoiteux, désireux, concupis- cible. Appétissant. Dans le premier sens, on a dit : Poorquoy sont-Uz d'honneur appetit ifz ? CootrcéMs (Livres des Rois, hs. des Cordel. foi. H9, R" col. 1.) Cilz de hors sont au mur monté. En plueeura lieux l'ont effondré ; Apree ont tout aplanie, Foaeé et mur égaUtié ; Puis passèrent tout piainement. Rom. du Hnil, HS, fol. W, V col. i. » «, R- col. 1 . On conçoit que ce verbe ait pu désigner plusieurs autres idées aussi relative à celle d'une surface Slane et polie i surrace qu'en même temps il peint once au toucher. Tel est par comparaison le poil du chevreuil, lorsqu'il n'est point hérissé. * Quant • il fuit au commencement devant les chiens, il • fuit... tout béricié Quant il a fouy longue- ■ ment, il fuit le poil tout aptaignié, et n'est point ■ béricié. ■ (Chasse de Gaston Pbébus, ms. p. 39.) Peut-être faisoit-on allusion à l'idée d'une chose douce au toucher, loi-squ'en parlant d'un jeune Prince dont on avoit soigné la parure en le peignant, en le baignant, en le parfumant, on disoit qu'il étoit aplanoiie. Laves fu et aplanoiiét. Et Blournéa si coume cil Qui &US estoit à Roi geatiL Ph. Uoiiket, US. p. M». Quoi qu'il en soit, applanier exprimoit en géné- ral l'effet de l'action douce et coulante du plat de la main sur la tête d'un enfant, sur le poil d'un chien, d'un cheval, sur le plumage d'un faucon, etc. lorsque dans la signification, caresser du plat de la main, flatter, on disoit : • Comme ladite nourrisse • eust respondu que c'estoit une 1111e.... la Déesse - Hélène la print et luy applania le chef aucune ■ espace, puis la rendit à la nourrisse. > (J. Le Maire, lllustr. des Gaules, liv, n, p. 261.) > Fist • aplainier, et gruter, et tirer le lévrier par le col- > lier... mais il ne se bouga. < (Chasse de Gast. Pbébus, us. p. 91.) . Quant le cheval.... sentit sa • main qui luy aplanijoil son doz, etc. ■ (Percef. Vol. Il, fol. 45.) • Il vint ù son destrier qu'il apia- ■ nioit doucement, et mist le pied en 1 estrief. > (Hist. deB. du Guesclin, par Henard, p. 370 et 371.) Le ceved Torment convoitoit ; Souvent l'acole et aplanie. Et le ceval si bel manie, Por un poi ne le vait baisant ; Il vit le ceval et plaisvit. Ane, Poct. Vf. USS. nul 1300, T. IV. p. ItU. il aplanie, Il li tait chiere très-Ce, Que 11 faucons bien apporcolt Que son service en are reçoit. G. lUcbBl, PoM. MSS. fol. WI, »■ c«l. l Par c^te manière de caresser les oiseaux, i très animaux, ils s'adoucissent et s'appiîvc De là, le verbe applanier signifloit appii quelle que fût la façon d'apprivûisffl*, d'accoo un oiseau ou autre animal, a être docile k\» Ti de l'homme. En parlant du faucon, l'on d • Qui a ung faulcon nouvel... lui doit faire (c ■ cuir de cerf mol et une laisse de cuir, laqael • estre attachée au gant; et doitestre pendv ■ petite bouclete à une petite cordelete, de la > on doit mener et aplainer le faulcon souvi (Modus etRacio, fol. 59, V°.) Sobresse duit les (aulGons et «flata ; A bault voler les duit et aplanie. Al. Clartiv, I-oà. p. tOL On adoucit les hommes, on les apprivoise;, < accoutume à tout, même h, la douleur, en lei tant comme l'on traite certains animaux, « caressant, en les flattant. De là encore, l'acoi générale et figurée A'applanier, caresser, : l'humeur d'un homme, sa fierté, sa passio douleur. < Il ne faisoit sinon dire : Om ■ malheureux! Adonc l'allèrent a;);)ZanJ^qii ■ firent monter sur son cheval. > (Percef. ^ fol. 156, R' col. 1.) Espoir par fois le vient applanier. (Eut. de Ruf. de CoUaTa, p. IM. DeuB l ki sauroit com norrist et aplaigne Amors tous ceux kë ne sont entaichiè De rsuceteit, ne de boise enpiriè ; Pouc puel prixier dolor be I su BTaiune. Cbiui. Fr. US. ds Bu», n- 380, pvl. n. M. Il . . . Tant n'el sot aplanoier k'il vosist Gormont renoiier. Pb. Uoiwke*, HS. p. 367, .... Ceaus qui sevent losengler, Ne tes Seigneurs aplanier, etc. Alirs dé CwDbn;. Uonl. US. de Oicul.lol. W, < Costume est de traître de que redole apUtimê Hi>t. de Jab, m vtn, US. do Gilful, fol. Ilt,-V Enfin quelle que fût la manière de flatter h sibilité l'aisonnablc ou déraisonnable d'un bo on la comparoit visiblement à la manière de • ser certains atiiuiaux, tels que lecbat, lechiei puisqu'on disoit : . . . Bien lo sauroîz aplaignier Si COQ l'an aplaigne lo chat. Rom. Ai Pono], IIS. de Berne, n* SU, fol. 144, C'est proprement une caresse du plat de là que désigne le verbe applanier employé subi vement dans les vers suivans : . . . Trop plus doucbe est la bature Dou poing qu'on aime par nature. Que d'un fauls li aplaniiers Qui est de Hâter raaniiers. HJtl. de Job. u Tin. MS. da Gâful, Ii>^ 474, R- eol. VARIANTES : APPLANIER. Percef, Vol. I. fol. 156, R» col. 1. Aplaioner. Bom. de Perceval, MS. de Berne, n«35l Aplaignier. Roni. de Perceval. »6> svpra. Aplaineh. Eu^t. Uesch. Paë«. MSS. p. )M. Aplaingner. Chasse de Gast. Pliébus, MS. p. SO. Aplaingnieh. Estmberl, Fabl. MS. du R. n» 7996, p. Aplai.mbr. Chasse de' Gast. Phébus, MS. a. 91. Aplainner. I''abl. de Moral, MS. de N. D. fol. 71. Aplainnoieh. Ibid. fol. 72, R" col. 1. Aplaner. Rom. de la Rose, ven 916. ip iPLAKom. livrai 4ac R. MS. ds> Cordel. fol. 149. AvtANitKn. Hist. de Job, en van, US. da Gaignat, fol. 174. iFUMomL Ph. Moussa, MS. p. 367. IPLAMMU». M. p. fiOe. ' [R. Cotgrava, Dict. Applanieur, subtt. masc. Aplaneur. Ancieiine- ment, tout homme dont l'occupation étoit d'aplanir des choses inégales, se déaignoit par le mot appla- nieur. (Voy. Cotgrave et Nicol, Dict.) On observera D^omoins d'après Nicot, que ce mot applanieur, le môme nu'applaniaeur, a signillé plus particulière- ment an ouvrier que dans les manuractures de couvertures et de draps, on nomme encore apla- neur; par Va raison peut-être qu'en faisant venir irec des chardons la laine aux couvertures et aux draps, après la première tonture, il les aplanit et tes rend doux à la main. (Voy. Applanieb et Appla- nsKCR.) Applanir, verbe. Polir, rendre brillant. (Voyez IppLAmssEHENT et AppLAHissEDH.) On ne trouve le Torbe applanier avec la signification de notre Teriw applanir, qu'en remontant à l'origine de no- tre langue. (Voy. Applakii».) Peut-élre qu' applanier n'étant plus connu qu'avec la signification de cares- •er, flatter, les Auteurs du iti* siècle éprouvèrent le besoin du verbe applanir, et crurent en être les créateurs, avec d'autant çlus de vraisemblance ^n'avant eux il paroit avoir été d'un usage très- fire. C'est relativement aux choses qu'on rend bril- Untes en les aplanissant, que le verbe applanir a lignifié' rendre brillant , polir , comme l'ancien nrbe applanier signilloit polir, rendre doux au toucher. Si ast kTecoiMB es Ricbewe Ung oadie d'or mis sur sa tresse... De pierres astoit [art garni Précieuses, et apfanif (1). lUn. da II RaM, un lOSS-llOS. VARUNTES : APPLANIR. CotgraTe. Rob. Estienne, Nicot et Honet, Dict. Apiuunn. Ortli. subsiat. — Ilom. ^e la Rose, vers 1103. Applanlssement, tubst. masc. Aplanisse- «nent. L'action d'aplanir, de polir. (Voy. Cotgrave, Itob. EsUenne, Nicot et Honet, Dict.) Il paroit que la Ibnnation du substantif ap;j/ams3ement est relative m commeneement ou au renouvellement de l'usage ^ verbe applanir. (Voy. Api^ahih.) TutANTEs : APnjunSSEHKNT. Rob. Estiende et meot, Dict. AvrLANiSBmm. CiHgr*TB, Dtct. tLwriMnaBBÊMKT. Honet, Dict. Applanlsseur, sabst. mate. Aplaneur. L'ac- eeption générale et particulière d'applanisseur étoit la même que celle i'applanieur. (Voy. Nicot et Vooet, Dicl.) Ainsi la différence de ces deux mots m'est que dans la terminaison ; l'aae analogue à AP celle du verbe applanier, et l'aulre à celle du verbe applanir. (Voy. Applameur.) Applatlr, verbe. Faire tomber tout à plat, éten- dre mort par terre. Le verbe applatir dont on con- noit l'acception usitée, a signifié faire tomber tout à plat, étendre mort par terre, à plate terre. • Tant • de Lombars... feurenl a/jp/a/isetestendus, que... ■ on eust peu dire que guerre affamée avoit illec « faict une repeue. • (i. d'Auton, Annal, de Louis xn, an. 1499-1501, p. 37. — Voy. Platib.) Applatissemcnt, subst. masc. Aplatissement. L'aclion d'aplatir, de rendre plat. (Cotgrave, Dict. — Voy, Applatib.) Applaudir, verbe. Bendrc favorable. Flatter en donnant des claques. Quelques Etymologistes croient avec assez de vraisemblance, que le verbe simple plaudere, d'où le composé avplaudere, en françois applaudir, est un mot forme à l'imitation d'un bruit auquel on a comparé celui du battement de mains, signe ordinaire d'appi-obalion et de faveur. De là, notre verbe applaudir a signifié et signifie encore approuver, favoriser. Mais on ne diroit plus qu'un homme coupable upiaudil sow fait, lorsqu'il le rend favorable, en alléguant des choses propres à le soustraire à la rigueur de la IjOï. ■ Thomas dist qu'il l'avoil frappé d'une fourche de « bois, combien que en vérité il n'en feust riens : • mais le dist pour aplaudir el coulourer son ' fait. » (Lett. de grâce, an. 1391. — Voy. D. Car- pentier, Suppl. Gl. lat. de Du C. à Applauaivua.) 11 semble qu'applaudir, dans le sens de flatter, désigne le bruit que fait la main sur te dos d'un chien qu'on flatte en lui donnant des claques, en le frappant légèrement sur le dos. • Il doit approcher > son limier, Vapplaudissanl de la main et luy • donnant quelque friandise ; puis l'exciter et par- « 1er à luy. . (Fouilloox, Vén. fol. 113, V.) -" VARIANTES : APPLAUDIR. Orth. BiibsisC - Fouilloun, Vén. fol. 113, V*. Aplaudir. 0. Carpentier, S. Gt. I. de 0. C. A Applau3ivu$. Applal1sement,suft3^ masc. Applaudissement. (Voy. Applaudib.) ■ Ne cherehons honneur ny ap- ■ pfausemen/ des hommes, mais la vérité seule. > (Rabelais, T. 11, pag. 178. — Voy. Plaudissebent.) Applégement, subst. masc. Complainte, action Sossesaoire. La raison pour laquelle applégement, ans le sens général cautionnement, caution, a signifié complainte, action possessoire, est que dans les cas où la Loi autorisoit l'action possessoire , la complainte, il falloit que la Partie complaignante s'app/^f^eâ^ qu'elle donnât une caution, sans la- quelle la Partie adverse restoil saisie. (Voy. Applé- GEK.) Hais la caution de poursuivre le plait, une fois donnée par le Demandeur en complainte, 11 obtenoit la saisine qu'on dtoit au Détendeur, à moins qu'il ne donnât aussi caution , qu'il ne se ',- U rime a bien pu amener la formation de AP ~«g« AF eontr'applégeât. Ainsi les complaintes, en deman- dant et en défendant, furent nommées app/^^/^m^ns et contr'applégemens, parce qu'il y avoit une cau- tion réciproque, au moyen de laquelle, la chose litigieuse étoit séquestrée en main de Justice. (Voy. Contr'applégement.) Anciennement, s'appléger, se complaindre d'avoir été dessaisi de choses dont on «^ avoit été an et jour « en sezine pesiblement, c'étoit s'appléger, se « complaindre de nouvelle dessaisine. » On venoit à son Seigneur et on lui disoit : « Sire, uns riche « ou tiex hons est venus à moy d'une meson , ou « de pré, ou de vignes, ou de terres, ou de cens, ou « d'autres choses, et m'a desseisi de nouvele des- « sesine, que je exploitié au seu et au veu , en « servage de Seigneur jusques à ores, que il m'en « a dessaisi à tort et à force dont je vous pri que « vous prengniez la chose en vostre main. • Il falloit dès-lors « mettre pleiges à poursuivre le plel ; » autrement la Partie adverse restoit saisie de la chose contentieuse. Si le demandeur en complainte donnoit caution, s'il « mettoit pleiges bons et souf- « fisans, selon ce que la querele étoit grande, » sa Partie éloit mandée par le Seigneur qui lui disoit : « Cil a mis bons pièges qu'il est dessesi à tort et à « force de tele chose ... je vuel sçavoir se vous « mettrés pièges au defRendre. » Dans le cas où le Défendeur en complainte refusoitde « mettre pièges, « de se contfappléger^ » le Demandeur avoit la saisine de la chose contentieuse, « pour les pièges « qu'il y avoit mis. » S'il répondoit au contraire : « Je i mettre bons pièges au deffendre . . . que ce « est ma droiture, la Justice devoit mettre jour aus « deus Parties et tenir la chose en sa main jusques « à tant que liquiex que fust, eust gaigniée la sai- « sinne par droit. » (Voy. Ord. T. 1, p. 157 et 158. — Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, p. 167.) On pou voit être dessaisi à tort, sans être dessaisi à force ; c'est-à-dire que l'injustice dont on se corn- plaignoit en cas de nouvelle dessaisine, n'étoit pas toujours accompagnée de violence. De là, Beauma- noir aura distingué ce qui paroit confondu [tibi supra, chap. lxv des Etablissemens de S* Louis), en séparant la nouvelle dessaisine à tort de la nouvelle dessaisine à force qu'il nomme le cas de force. Cette distinction est d'autant moins essentielle , que le cas de force étoit au cas de nouvelle dessaisine ce Sue l'espèce est au genre; puisque de l'aveu même e Beaumanoir, « nule tele force n'estoit sans nou- « vêle desezine. Aussi se complaignoit on de nou- « velle dessaisine dans le cas de force : mais lorsque « forche avoit été fête à le dessaisine, c'est-à-dire, « lorsqu'on avoit été dessaisi a grant planté de « gentou à armés, si qu'on n'i osast estre pour « paour de mort, on pouvoit le mettre avant en son « clain, dans sa complainte de nouvelle dessaisine. > (Voy. Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, p. 37, 467.) Alors, la complainte ou l'action possessoire étoit à la fois civile et criminelle. Enfin les « complaintes de nouvelle dessaisine à « tort et à force dévoient être applegiées, • par U raison qu'en cette matière il y avoit « condamnation « de dépens. » Quoique Ragueau, dans son In^ce des Droits royaux , cite en preuve du contraire* « rarrest de la Dame de Vierzon contre l'Abbé de « Foucombaut (1), es Enquestes du Parlemeat.de « Toussaints 1275, » il semble qu'on n'en doive con- clure autre chose, sinon que cet Arrêt n'étoit pas dans les principes de l'ancienne Jurisprudence établie par S' Louis. « Quar droit est qui fait autre dessai- « sir, et il li met sus que il l'a dessesi à tort et à « force et il perd la querèle, il doit rendre à l'autre « partie ses coûts et ses despens, pour ce que il l'a « fet dessaisir, et pour ce en prend l'en les pièges. » (Ord. T. I, p. 158. — Voy. Lauiière, Gloss. du Dr. Fr. T. I, p. 55 et 56.) On avoit les mêmes raisons d'observer la forma- lité de Yapplégement et du contfapplégementy pour la « complainte de nouvelle eschoite : » complainte par laquelle un héritier se reconnoissant dessaisi par l'usurpateur d'une succession, demandoil à être mis en possession et saisine des héritages dont étoit « mort saisi puis an et jour » celui à qui il avoit droit de succéder. « Quant aucun va de vie à trea- « passement, et celuy qui doit estre héritier, est « empesché es choses de la succession, ou en gêné- « rai ou en particulier; s'il veut, il peut « venir devers le Seigneur, son Seneschal ou Ser- « gent du Baillage dont les choses sont sujettes, « dedans l'an après la mort du deffunt du quel il « se dit héritier, et déclarer comment il est pro- « Chain parent et héritier dudit deffunt , et à luy « appartient à venir et estre receu à la possession « et saisine des biens dont étoit mort leciit deffunt « vêtu et saisi puis an et jour .... et suffit s'il dit « par certains degrés et moyens a declairer en « temps et en lieu, et que pour oe soy s'applege de « nouvelle succession ou eschoite, contre tous ceux « qui opposer ou contr'appleger se voudront. » (Ane. Coût, de Poitou, chap. xvm.) Lorsqu'il y avoit « applégement et contr'applégement, la chose oon- « tentieuse étoit mise en main de Cour. » (Voyez Laurière, Gloss. du Dr. Fr. T. I, p. 55-58.) En comparant le chapitre xvm de la très-ancienne Coutume de Poitou avec le chapitre iv du Livre II des Etablissemens de S' Louis, on pense que « de- « mander sésine d'héritage « signifie la même chose que s'appléger de nouvelle eschoite. « Quiconques « demande sesine d'héritage, il le doit demander « en tèle manière : Mon père ou mon frère , mon « cousin ou mon parent morut sesis et vestus, « tennns et prenans, ploians et desploians tenant « de Seigneur, et à itel temps, que il ala de vie à « mort, et morut en paisible sesine, sans suite de « nului et de tel héritage, .... et est assis en tel ^ sesine, et en tel lieu, et en tel fié, et comme je « soie le plus prochains hoirs, et de cèle part, dont « li héritage muet, et cil tienne à tort lesdites cbo- (i) Âujourdliai Fontgombault, en Berry (ladre). AP A? « ses, dont je reqniex à avoir la sesine ; et bien t m'en enliguageray envers luy , se il le me nie, • en fesant vers vous ce que je devré, comme vers ■ Seigneur, ou Droit ; sçavoir mon , se je le dois « avoir ou non. » (Ord. T. 1, p. 249.) Si Ton juge d*après cette comparaison, que la demande de « saisine d'hérilage » soit ce qu*on nomme applé- gement de nouvelle eschoite dans la très-ancienne Coutume de Poitou, on en conclura que Vapplége- ment ou complainte de nouvelle eschoite n'étoit pas d'un usage moins ancien que Yapplégement ou « complainte de nouvelle dessaisine à tort et à « force. > Dans le « cas de nouvelle eschoite, > eomme dans celui de « nouvelle dessaisine avec ou « sans force, » le complaignant qui s'avouoit des- saisi, agissoit pour acquérir la saisine et la posses- sion, ou pour les recouvrer. n semble qu*il y avoit aussi dessaisine dans le cas du nouveau trouble que Beaumanoirdéflnit en ces termes: « ?Iouviaus troubles si est se je ai esté en sezine an et jour d*une chose pesiblement et l'en m'empeesche .... coume se l'en oste mes vendengeurs ou mes ouvriers d'une vigne ou d'une terre dont j'aurai esté en sezine an et jour, ou en assés autiex cas semblables se sont nouviau trouble .... et ai bonne action de me plaindre si que la chose me soit mise arrière en pésible estât. La procédure en cas de nouveau trouble, comme en celui de nouvelle dessaisine avec ou sans force, devoit se faire selonc TEsta- blissement le Roy. Quand la complainte ou le dain seur nouviau trouble estoit fait, le Comte ou son Lieutenant devoit contraindre la partie adverse à connoislre ou à nier: mes tant i avoit de délai que se il vouloit, il avoit jour de veue, et au jour de le veue li Quens devoit envoier, et se il treuvoit le lieu dessesi , il le devoit faire ressesir tout à plain avant que il envoiast nules des deffences au deffendeur ; et le lieu ressesi , les choses dévoient tenir en la main le Comte, et puis connoistre la nouvelle dessesine aprez ce jour de veue. » (Voy. Beaumanoir, Coût. deBeau- voisis, p. 167.) Peut-être reconnoitra-t-on la pre- mière trace de cette procédure en cas de nouveau trouble, dans les Etablissemens de S' Louis, liv. Ii; cbap. \Uy où on lit: « Quand aucuns est plaintif en « jugement d'aucune personne qui est venus à son « droit, et à son fié, ou à sa seignorie, à force et à «tort d'armes, et.... a portez ou fet porter mes... < muebles dont je requier que li lieus en soient « saisis entérinement, et mes dommages amender « jusques la monstrance de cent livres, etc. » (Ord. T. 1, p. 289 ) Que le nouveau trouble, sous le règne de S* Louis et du temps de Beaumanoir, fût une « dessaisine « de meubles ou d'autres choses » dont Tenlève- ment troubloit la possession d'un au et jour, on croit en voir la preuve^ non-seulement dans la nécessité de saisir ou ressaisir les lieux, des choses qui en avoient été enlevées, mais encore dans l'ex- pression nouvelle dessaisine, que Beaumanoir sem- ble rendre commune au nouveau trouble, en disant qu'après jour de vue, les lieux étant ressaisis et les choses tenues en la main le Comte, on connoissoit la nouvele dessesine. (Coût, de Beauvoisis, ubi Stf« pra.) Il est vrai que dans le cas de nouveau trouble, le complaignant ne se disoit pas dessaisi de la terre, de l'héritage même, comme dans les « cas de non* « velle eschoite et de nouvelle dessaisine avec ou « sans force : » mais il pouvoit se dire dessaisi de choses essentielles à la possession de ce même héritage, de cette même terre. Alors Yapplégement ou complainte de nouveau trouble n'étoit point un applégement ou « complainte en cas de saisine et « de nouvelleté ; puisque celuy qui se plaint en cas « de nouvelleté, » dit l'auteur du grand Coutumier de France, se doit garder de dire qu'il soit dessaisy ou despouillé de sa saisine : « car il ne poarroitpas « intenter la nouvelleté, s'il ne possédoit ou con- « tendoit posséder. » (Voy. Gr. Coût, de Fr. liv. ii, page 151.) Quelque générale que soit l'opinion où l'on est qu'anciennement le cas de nouveau trouble étoit le même que « le cas de saisine et de nouvelleté, » il est au moins douteux qu'on puisse la fonder sur le chapitre ixxH des Coutumes de Beauvoisis, où est défini le nouveau trouble, et sur le chapitre de la saisine dans les Etablissemens de S* Louis. C'est néanmoins d'après ces deux prétendues autorités qu'on taxe Vautour du grand Coutumier de France, d'en avoir imposé, en disant que Messire Simon de Bucy, Premier Président du Parlement de Paris, fut le premier qui « trouva et mist sus le casdesaisine « et de nouvelleté. » (Voy. Gr. Coût, de Fr. liv. n, p. 156. — Laurière, Gloss. du Dr. Fr. T. I, p. 274.) La fausseté du témoignage d'un auteur à peu-près contemporain de ce Magistrat, paroissant moins démontrée que la réalité de la dessaisine dans le cas du nouveau trouble défini par Beaumanoir, on croit noryseulement que ce nouveau trouble diffé- roit essentiellement de la « saisine et nouvelleté ; > mais que le « cas de saisine et de nouvelleté » dont l'invention est attribuée à Messire Simon de Bucy, par un Jurisconsulte presque contemporain, n'a été réellement connu que dans le xiv* siècle. On vouloit alors trouver dans les Loix Romaines qu'on étudioit avec plus d*ardeur que jamais, tous les prin- cipes du Droit François et les moyens de le perfec- tionner. C'est probablement en abusant d'un prin- cipe de ces mêmes Loix Romaines, principe d'après lequel « la volonté suffisoit en certain cas pour • conserver la saisine, » qu'on établît pour maxime générale que toute espèce de dessaisine, soit de choses essentielles à la possession d'un héritage ou d'une terre, soit de l'héritage ou de la terre même, ne seroit plus qu'un nouveau trouble sans dessai- sine. Quelle que fût la manière dont on avoit été réellement dessaisi, on agissoit non pour acquérir ou recouvrer sa possession, mais pour y être main- tenu sans trouble ; et cela, sous prétexte qu'on étoit resté saisi par l'effet de la seule volonté. On né connut plus dè^ lors que «. Yapplégemerit ou corn- kp -10- AP « plainte de saisine et de nouvelleté, > parce que aon seulement dans le cas de nouveau trouble , mais dans « ceux de nouvelle eschoite et de nouvelle « dessaisine, » les Parties réciproquement deman- deresses et défenderesses, ne se disoient que « trou- « blées dans leur saisine ou possession. Quoiqu'on « cas de saisine et de nouvellelé, chascun fust « demandeur et derendeur, Tun contredisant à « Tautre en toutes choses, toutefois celuy qui avoit K faict la complainte, étoit proprement demandeur « original et luy falloit grâce et à Tautre non .... « Celuy n'estoit mie légitime contradicteur qui con- « tendoit son adversaire posséder ; mais convenoit « que luy mesmes se dist possesseur ... Il conve- « noitque chascun se dist saisi et empesché. » (Voy. 6r. Coût, de Fr. p. 151. — Laurière, Gloss. du Dr. Fr. T. 1, p. 274-276.) Il semhloit qu'on fût d'autant plus fondé « à s*ap- ()léser, à se complaindre de saisine et de nouvel- été dans le cas de nouvelle eschoite, qu'en cons^uence de l'axiome coutumier , le mort saisit le vif, l'usurpation d'une hérédité paroissolt ne pouvoir anéantir la saisine de celui à qui Thérédité appàrtenoit. » Aussi la très ancienne Coutume de Poitou, qu'on a déjà citée en preuve de dessaisine dans le cas de nouvelle eschoite, laissoit- elle à l'héritier l'option de se dire saisi ou dessaisi. « S'il veult, il s'en tiendra pour saisi, par la Cou- « tume générale du royaume de France, le mort « saisit le vif, et se peut complaindre en cas de « saisine et de nouvelleté, des troubles et empes- « chemens à luy faits : ou s'il veult, etc. » (Ane. Coût, de Poitou, chap. xviu. — Voy. Laurière, Gloss. du Dr. Fr. T. I, p. 57 et 58.) On croit avoir suffisamment expliqué comment « toute espèce de dessaisine > n'étant plus regardée que comme un • nouveau trouble sans dessaisine, « la complainte de saisine et de nouvelleté fut « substituée même aux complaintes de nouvelle « eschoite et de nouvelle dessaisine. • Il seroit mutile de répéter pourquoi dans plusieurs Coutumes on les nommoii applégemens et contfapplégemens. fVoy. 6r. Coût, de Fr. liv, ui, p. 415. — Bouteiller, Som. rur. tit, xixi, p. 198. —La Thaumassière, not. et observ. sur les Coût, de Beauv., p. 410. — Lau- rière, Gl.du Dr. Fr. T. I, p. 55.) Ces applégemens et contr'applégemensj dans le cas même où il s'agissoit de choses mobiliaires, différoient des adveux et Gontr'adveux applégés ; et la principale différence consistoit « en ce que dans l'adveu il étoit question « non-seulement de la possession, mais aussi de la « propriété, au lieu que dans Vapplegement il n'étoit jamais question que de la possession. » (Laurière, Gloss. du Dr. Fr. p. 26. — voy. Advou,) Quant à Vapplegement de refus de plege^ ou « complainte faite au Supérieur de ce que Tinfe- « rieur n'avoit voulu ordonner main-levée , en « baillant caution ; c^étoit ce qu'on nommoit applé* « gement privilégié dans l'ancien Style d'Anjou. » En effet, il semble qu'en définissant Vapplegement de refus de plege, Ragueau ait défini le titre d^appU* gement privilégié, où on lit : « Si aucun Seigneur de fié a prins et saisi en sa main aucune chose tenue de luy pour aucun cens, ou devoir, ou autre cause, le Sujet qui tient icelle chose peut venir requérir délivrance du sien o plege, et offrir à le bailler à son Seigneur... et le plége présent offrir à le piéger. Et ^i ledit Seigneur, ne ses Officiers ne lui veulent faire délivrance, ne faire raison, le Sujet peut faire applégement contre le Seigneur qui luy a fait tort, force, et de nouvel depuis an et jour en ça, en détenant le sien... à t tort et sur refus de plege. » (Ane. Style d'Anjou, tit. di Applégement privilégié. — Voy. Du Gange, Gloss. lat. T. V, col. 569.) Vapplegement sur saisine brisée étoit aussi une espèce À' applégement privilégié. « Si aucun brise « la saisie d*un Seigneur, il pourra faire applége^ « ment sur saisine brisée, contre celuy qui aura « exploicté par-dessus sa main, ou le faire convenir « à sa Cour ou par-devant son Suzerain, pour en « avoir réparation et amende. » (Coût, de Lodunois, au Coût. gén. T. II, p. 543.) En général, Vapplegement privilégiée distingué de Vapplegement simple, étoit « de Seigneur à sujet, « comme sur le refus de plege, sur saisine brisée « et en autres cas qui portoient soixante sols, ou le « meuble d'amende. >> (Ane. Coût. d'Anjou, citée « par Chopin, art. lxix de la même Coutume.) Les applégemens simples étoient de sujet à Sei- gneur, comme de « voisin à voisin, en simples « exploits qui ne portoient que loy d'amende comme « en succession et exploit de domaine. » (Chopin, ubi supra. — Laurière, Gloss. du Dr. Fr. T. I, p. 58 et 59.) « Les applégemens simples^ faits de subjet « à Seigneur, comme de voisin à voisin, ne portent « aucune exemption d'iceluy subjet ne de ses hom- « mes. » (Coût d'Anjou, au Coul. gén. T. II, p. 67.) Il est évident qu'on abuse de la signification de ce mot, toutes les fois qu'on nomme applégement une complainte sans caution. « Nos Praticiens ont donné «, sans distinction le nom i'applégement à toutes « les complaintes. » (Laurière, Gloss. du Dr. Fr. T. I, p. 58. — Voy. Appléger.) (1) (i) Vapplegement on plègerie est, comme la caution, un contrat assurant rexécution d'une obligation, donnant au ereancier une sarantie personnelle. Au commencement du moyen-ftge, le débiteur principal engageait sa propre personne par un eontratTdit chnoœiatio. On promettait aussi, dans la cautio^ fidejussio, vadium, de travaiUor pour le créûioier jusqu'à complet paiement de ia dette. A Tépoque féodale, Vapvléqement conserve son caractère de personnalité contraire au principe actuel, qui est celui de rhérédité. CSependant, les Dentiers devaient acquitter la dette, si la personne recevait commandement de payer au moment expression dans lesquelles on croit apercevoir le principe de la formation et de la tignification des verbes appUger, piéger elplévir{l). (Voy. Plégeh, PLÉTiRel Ploieb.) Ainsi /j/e'^er ou applé- fer sigoilieroil ploier gage , donner caution en fdoiant gage ; par extension, donner gage, donner eaulion, quelles que fussent la nature du gage et la manière de le donner pour caution des choses aux- quelles on s'obligeoit de salisraire. Quoi qu'il en soit , appléger un adveu , une demande, c'étoit en cautionner la justice, donner caution pour l'amende, dans le cas où l'adveu seroit déclaré injuste. ■ En chose mobiliaire chet adveu ■ et contr'adveu ; et qui en déchet, après ce qu'il • est deuement appleigé, paye d'amende soiitante . sols. • (Coût, de Tours, au Coût. gén. T. II, p. 25.) On a observé ailleurs, que l'adveu applégé difTéroit de Vapplég entent. JVoy. Applegememt.) C'est encore relativement à la caution donnée f>ur le payement d'un fermage, pour l'exécution un marche, pour les suites de l'accusation, ou de la dénonciation d'un crime public ou délit particu- lier, qu'on disoit • appléger une ferme, un marché ; • appléger une accusation, une dénonciation ou « dénoncement. > Ooy- Ord. T. III, p. 437.- Coût. d'Auxerre, art. cuxy; d'Anjou, art. lxju, uxni;et dn Haine, art. lxiii, lxxxiv, citées par Lauhëre, Gloss. du Dr. Fr. T. I, p. 54 et 60.) L'accusation et la dénonciation, dans les Coutu- mes d'Anjou et du Haine, ubi supra, n'étoieni pas absolument une mâme chose, puisque l'accusation étolt faite par ta personne que le crime ou le délit intéressoit particulièrement, et la dénonciation par one personne qui n'y avoit aucun intérêt particulier, n falloit néanmoins que le dénonciateur, comme l'accusateur, donnât caution ou plége suffisant. ■ Quand la dénonciation ou le dénoncement étoit • duement applégé , on melloit le denuncié en ■ prison où il étoit détenu jusqu'à la lin dn procès; « ce qui avoit lieu seulement lorsque le crime « emportoit peine corporelle : car lorsque le délit • étoit privé, le déouncié évitoit la prison, en bail- ■ tant plége suffisant de fournir et obéir à droit. • (Laurière, Gloss. du Dr. Fr. T. I, p. 54.) On peut «) U ne faut pas Taire vertMB formée eur les n .^ _ ^ U quatriëma : purent, «fpartnieri M, tnbaUir, (n. i.) AP voir dans le Style de Touraine, cbap. xm, imprimé à la fin de l'ancienne Coutume, quelle étoit la pro- cédure de ces dénonciations, trop favorables a la haine et à la vengeance, et que pour la tranquillité des citoyens, le Parlement a sagement proscrites. Il n'y avoit peut-être point de moyen, point de manière de cautionner les engagemens publics oo particuliers d'une personne, qu'on ne désignât en disant que cette personne étoit applégée, qu'elle s'était applégée, soit qu'une autre la cautionnÂt, soit qu'elle fût elle-même sa caution. Dans un Edit de Charles VIII, art. lit, daté de l'an 1493, être bien applégé signifie être solvable et bien cautionné. (Laur. Gloss. du Dr. Fr. T. I, p. 55.) ■ Nous man* • dons que. . . vous faciez tous noz Receveurs > qui applégié ne se sont soufTisamment, appléger ■ .chascnn d'autant comme munte sa recepte d'un < an. <• (Ord. T, H, p. 384.) - Que il n'ait ou fait de ■ la marchandise de drapperie que dou^e Couratiers ■ qui soient jurez, et sermentez et applégiez de > toute loyauté et bonne renommée et aussi de vint > marcs d argent fm, < (Ord. T. III, p. 587.) ■ Cou- • ratiers... face applegier et faire serement que ■ bien et loyaumcnt eulx meuront ledit cooretage. • (Ibid. p. 575.) • Nous avons. . . ordené que noz • Receveurs se applégassent en la Chambre de nos ■ Comptes par certaine manière , et que il ne ■ preissent robbes ne pensions d'aucun Seigneur. • (Ord. T. II, p. 284.) On a vu sous le règne de Louis XIV, le François encore trop jaloux de cette espèce de supériorité ?iue donne un tempéramment fort et robuste, se aire gloire de vaincre un rival dans ces appels bachiques donton trouve l'ancienne manie réprimée par les loix de Charlemagne. ■ Nemini liceat alium • cogère ad bibendum. > (Dn]u2e, Capit. Beg. Fr. T. I, col. 394.) L'obligation d'obéir à un appel où l'amour-propre avoit plus de puj tque l'amitie, étoit si inviolable, que pour sauvei' l'honneur d'un ami qui ne vouloit ou ne pouvoit satisfaire à cette obli- gation en buvant, on croyoil devoir Vappléger, le cautionner ; c'est-à-dire boire pour lui , comme étant sa caution. 11 est probable qu'un de nos an- ciens Poètes faisoit allusion à cet usage, dans une ballade où un buveur dit qu'il auroit été noyé s'il n'eût été applégé : L'oste n'ot pité, ne mercy ; Trie de ses vins et ses biens : A l'un boit là, à l'autre cj: 1 Es voyiTBS ne demeure riens. Je boy à toy ; je le retiens, Dist 1 un à l'autre : S'aplégié N'eusse esté, je fusée noyé. Eau. Dncb. Pmi. USS. p. 36S, tel. 1 M S. On ajoute que du temps de Pasquier, il étoit encore permis à un homme qui dans une partie de débauche buvoitmoinsque lesautres, ■ de prendre > un second pour le deffendre et piéger contre tons AP — 72 — AP « ceux qui le semondroient de boire. » C'est à rignorahce et à Toubli de cet usa^e qu'il faut attri- buer rabus qu'on faisoitde la signification du verbe appléger ou piéger; toutes les fois qu'abstraction faite de toute idée de caution autre que la parole de celui qu'on provoquoit à boire une santé> on répon- doil au buveur qui Tavoil portée, « je vous applége, « ou vous plége. » (Voy. Pasquier, Rech. L. viii, p. 752.) On lit que Marié Stuart, Reine d'Ecosse, s'élant mise à table, le soir de la veille de sa mort, c but, sur la fin du soupper, à tous ses gens, leur « commandant de la piéger : à quoy obéissans ils « se mirent à genouil, et meslans leurs larmes « avecque leur vin beurent à leur maistresse. » (Id. ibid. L. ?i, p. 509. — Voy, Plégée.) Il seroit inutile de rappeler ici les diSérens cas où il falloit s'appléger, ou donner caution, en se complaignant, en intentant une action possessoire. Qu'il suffise de dire que relativement à ridée de cette caution donnée ou non donnée , le verbe s'appléger a signifié en général, intenter une action possessoire, se complaindre. (Voy. Applégeneiït.) VARIANTES I APPLÉGER. Ord. T. II, p. 284. - Coût. gén. T. U, p. 543. <- Goterave, Dict. Apleoer. Ane. Coût, de Bret. fol.* 157, V». ÂPLÈoiBR. Eu8t. Desch. Poês. MSS. p. 365, col. 3. Appléoisr. Ord. T. II, p. 284, 348^ etc. Appleiger. Coût. gén. T. II, p. 25. - Cotgrave, Dict. Appoincty adv. adj. et subst. A point, à propos. Qui est à propos. Instant d'agir ou de parler à propos, à sa commodité, avec succès. En se figurant dans Tespace successif du temps, un point fixe auquel on vise, pour saisir Tinstant d'a^r ou de parler à propos; on a désigné et Ton désigne encore tout ce qui est fait à propos, en disant qu'il est fait à point. Il est évident que de la préposition à réunie au substantif poinct , s'est formé l'ancien adverbe appoinct. (Voyez Poikct.) « Gouverner leurs voilles, tirer cordes appoint^ et « lesser encrer et desencrer, si que besoin est. » (Le Jouvencel, us. p. 302.) Ne deglosez rien aultrement que appoint. rauea, p. ^. Quelquefois cet adverbe tenoit lieu d'adjectif et signifloit qui est à propos, la qualité d'une chose relative au point, à l'état où l'on est pour l'instant, pour le moment. « Des choses qui touchent à la Loy... la dispute nous en doit estre du tout retran- chée: autrement^ si vous en levez les deffences... s'entretiendra un chacun en cette Loy, selon le cours de ses humeurs ou de ce qu'il verra luy estre le plus expédient et apoint^ pourpar\'enir à son intention. » (Pasquier, Rech. p. 899.) Enfin, agir ou parler relativement au point, à l'instant où on pouvoit le faire à propos, relative- ment au point, à l'état où l'on devoit être pour le faire à sa commodité et avec succès, c'étoit agir ou parler « à son appoinct, en voyant son appoint : » expressions dans lesquelles appoinct désignoit comme substantif une relation entre les choses et le temps où elles se disoient et se faisoient. « Le « jeune homme voyant son apoint, dit, etc. • (Gont. de la Reine de Navarre, T. II, p. 166.) « Ils veulent < asseoir leurs garnisons en plusieurs et diverses « parties d'icelle, pour après à leur apoinct... « l'assaillir alors universellement. » (Du BeUay^ Mém. liv. IV, fol. 131. — Cotgi*ave, Dict.) VARIANTES : APPOINCT. Cotgrave, Dict. Apoinct. Id. ibid. - Du Bellay, Mém. Uv. nr, fol. 131, R^ Apoint. Contes de la Reine de Navarre, T. II, p. 166. Appoint. Cotgrave, Dict. — Le Jouvencel, MS. p. 902. ' AppoinctatioDy subst. féminin. Négociation, accommodement. Significalion analogue a celle du verbe appoincter^ négocier, accommoder, etc. (Toy. AppoiNCTER.) « Il a gardé laditte ville d'estre pillée, « rançonnée, ne composée, qui sera une très-bonne « apunctiation, et en nos présences a pris le ser- « ment, etc. » (Lett. de Louis XII, T. 1, p. 173.) On connoil 1 histoire de Perrin Dandin oui n*ap- poinctoitj n*accommodoit jamais un procès, sans obliger les Parties à boire ensemble par symbole de réconcilialion. De là, les Taverniérs de son village nommoient le bon vin de Ligugé, auquel Vappoin- leur donnoit la prérérence, le vin â*appoinctation. (Voy. Rabelais, T. lll, p. 218 et 220.) VARlAIfTES * APPOINCTATION. Rabelais, T. III, p. SSO. Apunctiation. Lctt. de Louis XII, T. I, p. 173. Appoincté, participe. Qui a une gratiflcation, qui a une haute paye. On observera qu*autrefois le participe du verbe appoincter s'employoil substan*- tivement, comme aujourd'hui Ton emploie le participe du verbe traiter, et que par conséquent un traité étoit un appoincté. « Le Roy et son Conseil « estiment que en... prenant trefve entre vous et « luy, pourrez venir à quelque bon appointé dont... « le Roy mon maistre seroit très-joyeulx. » (Lett. de Louis XII, T. I, page 89.) Il n*y a d ailleurs aucune différence essentielle dans les significations du participe et du verbe. C'est probablement dans un sens relatif à celui à* appoincter^ ordonner, commander, etc. que les Officiers ou Soldats exempts de tout service mili- taire, hors le combat, se nommoient Appointés. Ils n'étoient commandés que pour des expéditions où il falloit un courage à répreuve, de l'intrépidité et de Texpérience. On joignoit souvent à l'honneur d'être ainsi appointé^ des récompenses pécuniaires, une gratification, une haute paye. Delà, le partiel^ appointé désignoit un Officier qui avoit une grati* flcation, un Soldat qui avoit une haute paye. (Voyez Mém. de Sully, T. II, page 18.3. — Oudin et Monet, Dict.) Aujourd'hui le Soldat appointé n'a d'autre mérite que l'ancienneté dans le service (i). (Voyez Appoincter.) (1) Ce terme est encore employé dans U marine mUitaire ; U désigne le matelot d'éUte qui deviendra bientôt qoartler-mattie (caporal) : un simple ^on roQ|^ à la manche est ce qui le distingue ; U corrB^K>nd à l^ancian anspesêode. (n. b.) *AP - — 73 — AP TARIÂ1«TCS : ÂPPOINCTË. Leit. de Louis XU, T. I, p. 90. Appointé. Oodia et Monet, Dict. Appoinctément, iubst. masc. Exemption de fOQt service militaire, hors le combat. Coup de poing. On connoitra les significations i'appoincte- mentj par l*explication de celles i'appoincter. thielque nombreuses et variées que soient les acceptions du substantif, il n'y en a pas une en général qui ne soit commune au verbe, et par con- séquent relative à l'idée de point ou de pointe. (Toy. ÀPPOWCTER.) Si Vappainctement étoit une exemption de tout service militaire, hors le combat, c'est que cette exemption appartenoit à l'honneur d'être appoinctéj commande pour les actions où il falloit un courage et une expérience plus qu*ordinaires. (Y. Appoingté.) Autrefois, maltraiter une personne, la mettre en fflaavais point, dans un état à faire compassion, e'étoit misérablement appointer son corps. (Voyez J. Le Maire, lUust. des Gaules, p. 249.) Il est tres- pos^le que dans un sens analogue, appointement ait signifié mauvais traitement; mais dans l'expres- sion charger iHappoinctement^ c'est-à-dire charger de coups de poiuç, on ne voit qu'un abus de la oonsonnance depotnfir avec le mot potnc^ « Pensans « que ces charretiers se voulussent mocquer d'eux, « commencèrent à les charger d'appoinctetnent, et f>recans leurs armes qui estoient leurs esguillons, es firent crocheteurs. » (Bouchet, Serées, p. 278.) « Un Religieux ayant bruit contre un de ses frères, « il l'attend à l'yssue de matines, et le surprenant « en quelque coing du dortoir, le charge à^appoin- « tement à la faveur des ténèbres; et à ce propos, « despuis on a dit, dangereux comme le retour de « matines. » (Garasse, Rech. des Rech. p. 850.) Variantes * APPOINCTEMENT. Les Marg. dé la Marg. fol. 18, V». - MoliDfit, p. 179. — Cotgrave, Dict. Apointement. Modus et Racio, MS. fol. 160, V». Appointemant. Monet, Dtct. Appointement. Le Jouvencel, MS. p. 60 et 342. - Mathieu de Goucy, Hist. de Charles VII, p. 705. - Vig. de Charles VU, p. 97. - Laurière, Gloss du Dr. Fr. - Cotm*. et Nicot, Dict. Appunctement. D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Appunetuamentum; tit. de 1481. Appoincter, verbe. Arrêter à un point, fixer à ce point; négocier, traiter, accommoder, arranger, régler, juger, raisonner, etc. Diriger vers un point, mettre à ce point; mettre en état, ajuster, apprêter, préparer, armer, équiper, approvisionner, entre- tenir, panser, ordonner, commander, nommer, tromper, attraper, etc. Rendre pointu, terminer en Jointe. Devenir pointu, se terminer en pointe. ixer, diriger, pr^nter, opposer la pointe des trmes. Attaquer, se préparer à attaquer. Mettre pointe contre pointe, opposer. L'objet auquel tendent nos vues et nos actions, étant regardé comme un point fixe auquel on s'arrête, le verbe appointer signifloit s'arrêter à un e)int, en fixant les clauses d'une négociation, d*un titéy d'un accommodement, d'un arrangement, a. etc. « Considéroit que. . . Tennemy auroit entrée « pour empiéter son royaume. . . • s'il n*appointoit « avecques ledit Empereur. » fDu Bellay, Hém. liv. X, fol. 335.^ « J'ay appointé avec Madaine de « Belleville, de la place de Montagu; et Blanchefort « y va pour en prendre la possession. » (Brantôme, Cap. Fr. T. I, p. 48.) « Le Roy fera appoincter avec- « ques eulx pour le passaige et pour les vitailles.... « nécessaires. » (Le Jouvencel, ms. p. 439.) • Il estoit « appointé par le dit traitté, etc. > (Lett. de Louis XII, T. IV, p. 358.) Il y avoit et il y a encore dans la procédure» diverses espèces i'appointemens dont Laurière semble rapporter les significations particulières à ridée générale d'arrêter, fixer à un point. Quoi qu'il en soit, V appointement en général étoit un jugement préparatoire, un règlement en Justice sur une affaire, pour parvenir à la juger par rapport. On désignoit un règlement, un jugement de ce genre, en disant que les Parties étoient appointées à mettre, appointées en droit, appointées au Conseil, appointées contraires et en enqueste, etc. (Voyez Aresta Amor. p. 48, 108, 146, 430, 158, 197, passim. — Laurière, Gl. du Dr. Fr. — Nicot et Monet, Dict.) Il semble (\\x' appointer en jugement et dehors, c*étoit juger avec ou sans formes judiciaires, juger les Parties, ou les accommoder. « Que personnes « sages et dignes de foy... sachent faire justice et « apointer les parties et les causes en jugement et ■ dehors. » (Ord. T. III, page 68J.) On ne voit pas d'ailleurs pourquoi le verbe appointer n'auroit pas signifié un jugement définitif, un jugement par lequel on fixe le point où commence et finit le droit dites lettres et reliefvement ne seroyent point interinées, et qu'il n'y avoit point matière de rescinder ledict contraict. . . De laquelle sen« tence. . . ha appelle en la Court de céans et tout considère, la Court dit qu'il ha esté bien dict et appoincté par ledict Viguier, el mal appelle par ledict Amant et l'amendera. » (Arest. Amor. page 48 et 49.) Lorsqu'on jugeoit de ses affaires par soi-même, lorsque par son propre jugement, par le raison- nement on fixoit le point d'où il falloit partir pour en assurer la réussite, c'étoit appointer de ses affaires. « Les assiégez et enclos en aucune forte- « resse , doivent estre soigneux de. . . savoir par « subtilz moyens et bonnes Espies, la convine de « leurs ennemis; car par ce peuent ilz mieulx « appoincter de leurs affaires, par quoy ilz ont bon « couraige, ilz peuent savoir l'eure que leurs adver- « saires ne sont sur leur garde. » (Le Jouvencel, MS. page 300.) On ajoute que relativement encore à ridée d'un point fixe auquel on s'arrête, le verbe appointer a signifié arrêter, fixer à certaine somme le salaire, la gratification, Ventretenement de quelqu'un, le fixer lui-même à certaine somme. « Un Prédica- 10 AP — 74 — AP « teur— appoincté... à cent escus pour prescber « tout le caresme. » (Bouchet, Serées, liv. m, p. 224.) Le point auquel on se fixe» est souvent le point vers lequel on a dirigé sa vue, son action. Ainsi, le verbe appointer^ soit au propre, soit au figuré, signifioit ajuster une chose à une autre, diriger Tune vers l'autre, comme vers un point auquel on vise. « Les Arbalestriers. . . n'avoient point remis, « n'appoincté autres quarreaux au poinct de leurs • arbalestres. » (Monslrelet,Vol.I,chap.xxiv, M9.) Cloistriers qui tes dras et ton pié Dou point de Tordre as despointié, Et au point dou siècle apointié, etc. Miserere da Recl. de MoUent, IIS. de Gaignat, fol. 22i, R* col. 1 . Plus droit qu'ele puet Vi afointe: Et Trubert ne fet pas le comte (1) : Tout U a dedens embatu. Estnibert, Fabl. MS. da R. n* 7096, p. 85. Pour les preudomes acointier, Si vorrai mon sens apointier  biaus mos trover et reprendre. Dits de Baudoin de Coudé, MS. de Gaignat, fol. 304. K* col. i. L'usage, l'effet pour lequel on ajuste, on apprête, on prépare les choses, étant vu comme un point vers lequel on les dirige, on disoit en ce sens: « Prist le fromage qui estoit appointié pour faire « laditte tartre, etc. » (D. Carpenlier, Supp. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Appunctare; tit. de 1399.) « Tel poison (2) sçay faire et appointer^ que pourtant « que luy en donnez à boire et que après luy en « fieuvez,... sur toute riens serez aimée de luy. » (Ger. de Nevers, part, i, p. 131.) Appointer un cheval automate, comme celui dont il s* agit dans le Roman de Cléomadès, c'étoit en ajuster les ressorts, le mettre à certain point, le mettre en état de faire ses mouvemens ordinaires. Quant son cbeval ot apointiéf Vers le chastel Ta adrècié. Cléomadès. MS. de Gaignat, fol. 18, R* col. 3. Quelle que fût la manière d'ajuster, d'apprêter, de préparer les choses, de les mettre à leur point en les dirigeant vers l'usage, vers l'effet qu'on avoit en vue, elles pouvoient être désignées par le verbe appointer. Aussi l'acception en étoit-elle si générale qu'on disoit : « battre et appointer les gerbes de « bled ; appointer un pont sur une rivière; appointer « un vaisseau pour naviguer ; appointer un pale- « froi, etc. » (Voy. Nouv. Goût. gén. T. I, p. 416. — Vigil. de Gharles VII, p. 96. — Matthieu de Goucy, Hist. de Charles VII, p. 684. — Percef. Vol. II, f« 122.) G'est toujours dans un sens analogue à celui de mettre en état, préparer, qu'appointer son corps ou s'appointer signifioit s'armer, s'équiper, s'approvi- sionner, etc. parce qu'en s'approvisionnant, en s*équipant, en s'armant, on se mettoit en état de combattre, de s'embarquer, de voyager, etc. (Bout. Som. rur. page 883. — Percef. Vol. III, fol. 64, etc.) En équipant une femme, en l'entretenant de robes et autres choses nécessaires à sa parure, on lui prépare les moyens de s'ajuster, de se mettre en état de paroitre et de plaire. De là, on a dit : Et de faict Fa appointée De chaperon rouge, au surplus De corset de soye, de bauorier, De robbe : que voulez -vous plus ? Coquillart, p. 54. La signification d'appointer étoit absolue, lors- qu'on parlant d'une personne préparée à bien faire une chose, mise en état de la faire à son aise , avec plaisir, avec décence, on disoit qu'elle étoit appoinr tée. « Le Roy Palamedes qui estoit notablement « appointé , pour ce qu'il sçavoit leur venue , s'en « vint à rencontre d'eulx noblement accompaigné « de Ghevaliers. » (Percef. Vol. III, fol. 77, R* col. I .) Le soir vint, il fault préparer Le souper et le vin tirer. Monsieur fut sois et appoincté ; Et dist-on benedicite. Coquillart, p. 148. On prépare la guérison d'une blessure qu'on panse ; et cette guérison est le point, l'état où le Ghirurgien veut mettre son blessé, le point vers lequel il dirige l'effet de son opération. Ainsi , le verbe appointer signifioit panser. « Bertran pria à « ses compaignons qu*ilz le feissent apoin^er par le « Syurgien. » (Triomphe des neuf Preux, p. 499.) « Matias icellui Regnault... porta en la maison de « son maistre pour V apointier Ensuite il flna « vie par mort. » (D. Garpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Aptare; tit. de 1402.) La chose dont on projette l'exécution, étant com- parée à un point vers lequel on dirige la volonté, l'action de ceux à qui elle est ordonnée , Ton aura dit appointer AdiVis le sens d'ordonner, commander, nommer pour faire une chose. « Le Roy avoit « a/?joom/e' que les Templiers feroientl'avantgarde. » (Joinville, p. 41.) « Fist barrer son logis et fut « appoinctié que au plus matin ceulxqui estoient « nommez, iroient devant et descouvriroient le « pays. » (Le Jouvencel, ms. p. 338.) « Le Roy « appoincta certain nombre de gens pour venir au « lendemain devers luy. » (Ibid. p. 412.) Peut-être l'acception particulière du participe appoincté est- elle relative à l'ancien usage de nommer, comman- der, ordonner des gens d'élite pour une action pé^ rilleuse, un assaut, etc. (Voy. Appoincté.) Si le mensonge et Tartifice étoient les moyens par lesquels une personne étoit dirigée, mise au point où Ton avoit en vue de l'amener, le verbe appointer signifioit tromper, attraper. Ainsis ly ment, ainsis Vapointe ; Ainsis le déçoit et confont ; Ainsis pluseurs femmes le font. Eust. Desch. Poêa. MSS. p. 517, ool. 1. . . . Son moyen de appoincter estoit tel : Quant il sçavoit sa mère aUer à messe, U s*en venoit comme ime grande asnesse, etc. FaiiSBu, p. S4. On croit avoir assez clairement démontré que ces significations, auxquelles on pourroit en ajouter [plusieurs autres , ont entre elles une analogie dont e principe est l'idée générale d'un point physique ou moral auquel on vise. (1) Vient peut-ôtre ici de cunctari : hésiter, (n. e.) — (2)  ici le sens de sa racine potio, boisson, breuvage, (n. e.) AP -• C'étoit relativement à l'idée de pointe, que le même verbe appointer aignifJoit rendre pointu, terminer en pointe. (Voy. Nicot et Honet, Dict.) Aucuns ToDt leur dars Terier, Et apointitr les fars des Unces, Pour nûex entrer es coDnoissant^B. a. GniBt. US. M. ne, n*. n étoit neotre, lorsqu'en parlant d'une chose qui K terminoit en pointe, on disoit avec comparaison : nie va en appointant comme une poire. (Voy. Nicot, Dict.) ... On voit nalstre aux champs une flame légdra, D'Ut) bien petit de feu que la foie Bergère A laissé par mesgsrde au cbauma craquetant, Et ses ondes lancer au ciel, en apointant. PoËt. daFsrriii, fol. Te, V. Quelquefois , la signification d'appointer étoit fixer, diriger, présenter la pointe des armes, l'op- poser. [Monet, Dict.] On sait que dans les joutes, les Chevaliers cou- roient les nnscontre les autres, la pointe des lances fixée et dirigée vers leurs adversaires. De là, le verbe appointer aura pu désigner l'action de pro- voquer à la joute et de s'y préparer, en fixant et dingeant la pointe de sa lance vers celui qu'on se proposoit d'attaquer. ■ Joustay à quatre Chevaliers < sans blasme recevoir ;.... mais le cinquiesme me ■ porta à terre.... Après ce appointa moa compai- • gnon delà jouste, etc. > (Percef. Vol. II, fol. 70.) Peul-ëtre a-t-on fait encore allusion à la pointe des traits avec lesquels on feint que l'Amour attaque OD cœur, lorsqu'on a dit : Jusqu'à Bianvaie fsi une pointe : Si me value, A cuer haitîé , Le Chastelain à cui a'apointe Amors qui le tait seee et coiute. Et debonère et afetié. tàA. HS. da R. n- T»S, fol. «, R- cal. 1. EaflD , le verbe appointer aura signifié par com- paraison, opposer l'une à l'autre deux personnes ou deux (Âoses, comme l'on oppose pointe à pointe deux lances, deux épées: opposition qu'appointer désigne spécialement en târmesdeBiason, lorsqu'on parlant d épées, de flèches dont les pointes opposées se touchent, on dit qu'elles sont appointées. (Voy. Monet, Dict. — Dict. de Trévoux.) Cette comparaison, si l'on en croit l'auteur du Nouveau Dictionnaire de Droit, est le nrincipe de la signification de ce verbe, en termes ae procédure. Comme les prétentions des Parties qui plaident, sont, dit-ii, toutes opposées, le verbe appointer, dans le sens propre mettre pointe contre pointe, s'est pris au ilguré pour donner un règlement en justice. Quelque favorable que paroisse être à son opinion, l'expression • appointer les Parties, par « faits contraires, ou les op/JOinter contraires, » il est possible que même en ce cas d'opposition , l'ac- ception d'appointer soit relative à l idée générale d'arrêter, fixer à un point. (Voy. Appoisctembst.) tahiastes : iPPOINCTER. La JouTeDcel, HS. page 67. - Honstrelet, Vol. I, fol. 19. - Percer. Toi. II, fol. M - Babelais, T. 10, p. SIS. - AreaU Amor. p. 97. - CoqulUart, p. 148, etc. ■'- AP Apointbr. Estrubert, FaM. MS. du B. n'7996, page 85. - Ord. T. III, p. 681, - Le Jouveucel, fol. 89. - Eust. Duch. Poës. MSS. p. 517, col. 1, etc. Apointieh, CIËomaclès, HS. de Gsignat, fol. 18. — D. Car- pentier, Suppt. Gloss. iat, de Du Cange. au mot Ap valier Hessire Simon Burle, sage et grand « appointeur. » (Froissart, Vol. Il, p. 75. — Voy. Appoincter et Appoinctation.) VARIANTES : APPOINCTEUR. Rabelais, T, UI. p. 318 et 219. AppoiNTBUn. D. CarpbDtier, Suppl, Gloss. Iat. de Du Cange, au mot Appointamenlum. Appotatir, verbe. Rendre pointu, terminer en pointe. Devenir pointu, se terminer en pointe. La signification à'appointir, active dans le Dict. de Cotgrave, est neutre dans Oudin, Diut. Elle éloit encore neutre, lorsqu'on disoit: « La forme du • pied du lièvre... aiguë et faite à la semblance ■ d'une pointe de cousleau... vient tousjours en • appointissant. » (Fouilloux, Vén. foi. 66, V*. — Voy. Appoincter et Appointuseb.) YABIANTES : APPOINTIR, CotgTHvit et Oudin, Diot. Apointih. CotgrsTe, Dict. AppointOD, subst. masc. Arme pointue. Proba- blement une espèce de poignard. Un appoinlon en la main destre Et une boiste en la seiiestre Tenoit : mais ïappointon mucboit Derrière li, et concheloil, D. CuputiBr, S. Gl. Ui, dt Da Cui[a. m lut l>iiiKtorluiii. Appointuser (s'), verbe. Devenir pointu, se terminer en pointe. Par comparaison, aller en di- minuant, en se rétrécissant (Cotgrave, Dict. — Voy. Appointib.) Apportlon, participe. Divisé par portions et avec proportion, partagé. Il sembleroit qu'apport Jon fât un adverbe composé de la préposition ' à rëtinle au subslaQlifporlton, el qu'étant par conséquent de mâme espèce que l'adverbe appoinct, il a pu, comme cet adverbe, tenir lieu a'un adjectir, et signifler partageable, divisible par portions. On croit néanmoins qa'apporlion est le participe du verbe apportionner. (Voy. AppoRTiosnsn.) En se conrormant à la prononciation sourde de la voyelle e supprimée souvent dans la finale du par- ticipe anglois apportioned ou apportion'd. Littleton aura prononcé el écrit en françois apportion pour apportionné, c'^t-à-dire divisé par portions, par- tagé. < Le gard des terres ou tenemcnts durant li • nonage d'un enfant... sont chateux reaix et poyent - estre apportions el severs. » (Tenures de Lillle- ton, fol. 73.) n paroll que ce mot désigne plus spé- cialement 1 idée de proportion , lorsque le même auteur dit: ■ Le bornage et féallie... ne sont pas • annuals services, et .ne poient cslre apportion ; ■ mes l'escuage poil et serra apportion, soion que ■ l'afférence et raie de la terre, etc. ■ (Id. ibid. p. &. — Voy. Apportiohnëmeht.] Apportlonnement , Bubst. mate. Division, partafce en proportion des produits d'un fonds. Signification analogue à celle du participe appor- tion. (Skinner, voc. forens. exposit. au mol Appor- tionment. — Voy. Appobtlon et ApponTio»Nei[ENT.) Apportlonnement, adverbe. Proportionné- ment. C'est dans un sens relatif à l'idée d'une divi- sion proporlionoelle, qu'on a dil: * Si par un < mesme contracl se Ireuvent plusieurs pièces ■ vendues, aucunes desquelles soient de l'ancien • du vendeur, autres de son acquest, ou toutes de • l'ancien et partie de l'une de ses lignes, partie de ■ l'autre, le lignagier de cbacune ligne, venant « à retraire ce que meut de la sienne, y est receva- ■ ble en rembourceant au prorata les pris et loyaux ■ cousis, distribution d'iceux faite à TarbiLi-age du « Juge sur chacun, apportlonnement à ce qu'il > emportera desdites pièces. > fCout. de Lorraine, au Coût. gén. T. Il, p. 10Q9. — Voy. Apportiob.) Apportionner, verbe. Parlager en donnant portion. C'est la signification à' apportionner dans les Coutumes où l'on partage les enfans ou les frères puînés, en leur donnanlcertaine portion d'bérilage, ou certaine somme d'argent proportionnée h la "valeur de cette portion coutumière. ■ Au cas que • les fils puisnez et filles n'auroient eslé apportion- " ne-i et dotez pendant la vie de leurs père et mère, « et que leurs dits père et mère ne leur auroient ■ rien laissé en testament, l'aisné qui aura succédé ■ est tenu apportionner les puisnez, Âls ou filles • raisonnablement, en or ou en argent, ou héritage « à son choix, etc. ■ (Coût, de S' Sever, au Coût, gén. T. Il, p. 692.) • Es maisons nobles, vulgaire- ■ ment dits héritages gentioux, de plusieurs enfâns < d'un mesme mariage le fils aisné succède univers ■ sellement à ses père et mère décédez sans faire ■ testament;... lequel fils aisné est iauu apportion- • ner tous les autres fils ou tilles raisonnablement • en argent,' ou héritages à son choix, qui sera > doresnavant, s'ils sont trois puisnez ou plus, la > tierce partie desdits beritages nobles ;... et s'il • n'y a trois puisnez , mais seulement deux ou un, ■ leur portion sera la quarte partie,... ou l'eslima- » tion d'icelle. > (Coul. d'Acs, ibid. p. 673.) La portion d'héritage des puînés, ou l'estimation en argent de celte portion, étant vue, non comme un partage coutumier, mais comme un moyen de subsister, comme un appanage en général, le verbe appanagersignifioitlamêmechùsequ'appor/iofirwr. Enfin, comme un appanage, de quelque nature qu'il soit, est une portion de bien, assignée it quelqu'un pour sa subsistance, le verbe apportionner signifloit réciproquement la même chose ({M'appanager. Od a dit en parlant de la Reine Brunehaud, aue Chil- péric son époux ■ la relégua en la ville du Hana, • apportionnée de quelque pension annuelle pour ■ son vivre. >■ (Pasquier, Rech. liv. t, page 399. — Voy. ApPANAGER.) Appouvrlr, verbe. Appauvrir, faire pauvre. Etre appauvri, être fait pauvre, devenir pauvre. (Voy. PouvRE.) On peut voir dans Nicot, Dict, au mot Appauvrir qui subsiste, comment de l'adjectif pauper on a fait pauvre, paovre, paoure, paurt, pouvre, poure; et de l'adjectif fran(;ois, le verbe appourir, apourier, apouvrer, appouvrir, apaurier, appaourir, appaouvrir, appauvrir, dans le sens actif faire pauvre. (Voy. Cotgrave, Bob. Etienne, Nicot et Monet, Dict.) La signification active est celle à'appouvrir: signirication qui pourlant semble n'avoir pas été si parltculiëre aux orthographes de même terminaison, que jamais elle n'ait été commune aux orthographes, apouvrer, apaurier, etc. ■ Sont les pais gastez, les i mard]andiseaanullées,etrEglisemoultapouvr^, • Si vous prie et conseille le Roy que, etc. • (Hist. de B. du Guesclin, par Menard, p. 383.) < Ont esté... ■ grevez, domagiez et apauriez par extorsions de > très-grandes usures. • (Ord. T. Il, p. 86.) C'est avec raison qu'un ancien Poëte historien, parlant de l'anéantissement du pouvoir souverain dans le xu* siècle, disoil : Uoult iert li règnes deecreuz, Apouriez, et decbeiu De aa hautesce souveraine, Pois la mort «u Roy Kallemaine. C.Giiiirt,lia.fi)L 11. B*. n est possible que, surtout en ce dernier passage, la signification du participe apourié soit neutre et relative à celle du verbe apourier, ou apouroier, être fait pauvre, devenir pauvre. eu qi n'm riens ne puet apottrier. Abo. PoH. fr. MS. du VillB. ■■ lU». U. lU, H*. Riche gent ërent ft merveille ; Hais Deable qni tôt tems veille S'entremiat moU d'ax euKigner, Tant qu'U le* flst apouroier. rm. MS. di » 0wa. toL M. R* Ml. S. Apauhiui. Ord. T. II, p. SO. ApoDBlER. MiMien du Rscl. i de UoIi«ns, US. de G. ^ S».. AP^ ^,77. — AP. Aff^tnCHSR. FétiL MS. de S* Germ. Col. 86, R* eoL S. Apocvrer. Hist. de B. du GuescUo, par Menard, p. 383. Appaourir, AppAOïrvRiR. Nicojt, Dict. Appourih. Kob. Esiteniie et Nicot, Dict. iPPOVRQU Gotgrave, Dict. Appouvrissemant, subst, masc, Appauvris- semeiii. (Cotgr. Nicot et Monet, Dict. — V. Appouvrir.) VARIANTES : APPOUVRISSEKANT. Monet, Dict. APPOURlâSBMENT. Nicot, Dict. Appovrissembnt. Goti^Te, Dict. Appréhender, verbe. Prendre, arrêter, faire irr^r. Prendre, recevoir une idée. Comprendre, eoanoitre, évaluer, juger. Prévoir, craindre. On sût qu*en latin apprehendere signifie prendre avec la main, et que relativement à cette signification générale appréhender en françois, désignoit parti- culièrement une prise de corps, lorsqu'on disoit appréhender quelqu'un, Y appréhender au corps; expression encore usitée eu slyle de Palais. « Nostre « grand Bailly, comme souverain Officier, peut... « appréhender tous criminels et malfaicteurs.... et « 81 le Sergent de nostre dit Bailly... appréhende « au corps aucuns malfaicteurs en la terre d'un « Haut- justicier, etc. > (Coût, de HaynauU, au Coût, gén. T. I, p. 781. — Voy. Apprehendition.) C'est par extension du sens propre qu'on a dit, appréhender une succession. (Voyez Des Accords, mgarr. liv. iv, fol. 12, R*. — Nuits de Strapa. T. Il, 11. di9. — Voy. AppBtoENsioN.) Le sens figuré dans equel on dit qu'on a eu vent d*une chose, semble aroîr quelque analogie avec celui de l'expression appréhender quelqu'un du venu le prendre, l'arrêter sans information précédente, le faire arrêter sur Qoe forte présomption autorisée par Tapparence, on parce qu'un Juge peut avoir appris ae la com- mune renommée. « Ce que l'on dit communément « qae le Bailly ou Seigneur peut appréhender du « vent... doit s'entendre à l'égard de l'étranger, des « vagabons et fainéants.... lesquels le Bailly peut « appréhender sans informations précédentes ; ou • le^uelson trouve actuellement délinquans,quoi- « que ce fussent des habitans et bourgeois; ou « lorsqu'il y auroit des véhémentes présomptions « et indices, ou la commune famé ou renommée à « leur charge de quelque délict digne de la prison. » (Coût, de Gand, au nouv. Coût. gén. T. 1, p. 1001.) Quand la prise de corjps étoit justifiée par une information qui changeoit en conviction la pré- somption violente sur laquelle on avoit fait prendre et arrêter un malfaiteur, on disoit quil étoit appréhendé et convaincu du fait. « On ne peut « condamner personne à la mort pour délict, si ce « n'est qu'il soit appréhendé et convaincu du fait, « par les recherches, les preuves tenues contre « lui. » (C. de Gand, au nouv. C. gén. T. I, p. 1001.) Peut-être aussi que dans un sens relatif à l'ac- ception générale et figurée A* appréhender, prendre idée et connoissance d'une chose, en juger d'après cette idée et cette connoissance, on aura dit d une personne reconnue et ju^ée coupable d'un délits qu'elle en étoit appréhendée î La preuve qu'appréhender, signifioit figurément' prendre l'idée d'une chose en général, c'est qu'en' parlant de l'entendement humain, on disoit : « Son « premier office. . . est de recevoir simplement et « appréhender les images et espèces des choses. > (Sagesse de Charron, p. 100.] La simple appréhension de l'idée des choses, est le moven par lequel on les comprend en s'occupant de l'idée qu'on en a prise, le moyen de les connoitre et d'en juger. De là, les acceptions d'appréhender^ comprendre, connoitre, évaluer, juger, etc. (Monet, Dict. — Voy. Appbéhendre.) Enfin le verbe appréhender, dans le sens de craindre, désignoit et désigne encore l'effet d'une connoissance anticipée, de cette prévoyance inquiète avec laquelle on juge les choses d'après ridée fâcheuse qu'on en prend, avant même qu'elles se réalisent. (Monet, Dict. — Voy. Appréhensif.) VARIANTES '. APPRÉHENDER. Orth. snbsist. - Coût. gén. T I, p. 781. ' ÂPPRÂHANDER. Monet, Dict. Apprehendition, subst. fém. Prise de corps. Signification relative à celle du verbe appréhender, prendre, arrêter. (Coût, de Haynault, au Coût. gén. T. I, p. 782. — Voy. Appréhender.) Appréhendre, verbe. Prendre en étendant la main. Tenir dans la main. Prendre l'idée d'une chose, la retenir dans sa mémoire. Prendre une habitude, connoitre par habitude, s'accoutumer. Reprendre, relever, faire connoitre. Faire prendre l'idée d'une chose, la faire connoitre, enseigner, instruire, etc. Accoutumer. Il est évident que le verbe françois apprendre, est une contraction du latin apprehendere. C'est par une espèce d'asservis- sement à Torthographe étymologique, que dans le siècle de l'érudition, Ton aura écrit appréhendre; en transposant Ye final, appréhender {\). (Voyez Ap- préhender.) Quelle que soit aujourd'hui la difTérence de signi- fication entre apprendre et appréhender, on a la preuve que dans un sens très-analogue à celui du verbe appréhender, en latin apprehendere, prendre avec la main, le verbe apprendre signifioit ancien- nement prendre en étendant la main. Tel étoit sans doute le sens d'apprendre, lorsqu'on personnifiant la mort dont la main fatale et inévitable s'étend sur l'Univers, on disoit : Mors, moût as bien apris le monde, De toutes partz à la reonde. Tu Ueves sor toz ta beniere, etc. Fabl. MS. da R. n* 7(H5. T. I. fol. 103. V eol. 1. Par extension, il parott avoir signifié tenir dans sa main la chose qu on a prise. (1) Nous avons là ce qu*on nomme un doublet, une double forme, remontant à la même origine, mais différant par le ns : le plus souvent, Tune des deux formes a été faite par PoreiUe du peuple et Tautre par Tœil du savant. (Voir Â. Brachet, Dictionnaire des doubleU, Paris, Franck, 1868, in-8».) (n. e) AP Envis laît-on cou qu'on aprent (1>. Pm. mr. M Toli. MS. dtN. D. n* 1. foL 11. R* «I. I. Au figuré, ce même verbe apprendre signilloit ce qu'il signifie encore aujourd'hui, prendre l'idée de oe qu'on veut ou doil connoitre, en retenir l'idée dans sa tête, comme l'on retient dans sa main une chose qu'on a prise , en prendre connoissance d'après cette idée retenue dans la mémoire par la force active de l'entendement humain. fV. Apprise.) Droii dil que cil Tait à reprendr Qui ne Bel, n< Nuns D'eupire de bien aprendre. IbM.T.n.liil.l«S, VoM.1. C'étoit la même signification, lorsqu'en employant comme substantifs te verbe apprendre et le participe apprenant, on disoit : .... Je n'ai mie si chier Le «ëjor d'AiTOB, ne la Joie, Que vaprendre lesaier en doie. ' Fibl. MS. do. R. n- 1H9, fol. KO, V- col. I. Maistre qui désensaigne, Son aprenant méhaRne (3). Pra*. da C-da BreUgi», IIS. de S. Garm. M. JU, V col. t Dans celte expression apprendre à leUre&,\A pré- position à, en latin ad, éloit d'autant plus inutile, que le rapport de l'action de prendre une idée, une connoissance, à l'objet de cette action, étoit suffl> samment indiqué par la préposition initiale du verbe apprendre, qui d'ailleurs avoit le régime qu'il conserve encore. On lùoule que l'acception de la préposition fran- l^ise à, étoit relative à celle de la préposition latine ab, quand pour indiquer la personne de qui l'on apprenoit une cbose, on dîsoit qu'on l'apprenoit à cette même personne; expression dans laquelle à est de même signification que de, usité comme aujourd'hui, dans notre ancienne langue. ■ Si ■ covient ke... nos apregniem del Saint des Sainz « mansuetume et la grâce de comune vie, si cum il • mismes dist : apreneiz à mi ke je suis sueys et • humiles de cuer; en latin, discite à me, quia milis - sum, ethumilis corde. • (S' Bern. Serm. fr. mss. p. lOi. — Id. ibid. Serm. lai. col. 777.) Dans le cas où l'idée prise d'une cbose et retenue dans la mémoire, en operoitla connoissance parfaite et permanente, on disoit que cette cbose étoit apprise du tout, ou tout au long, qu'elle étoit apprise par cœur. L'a(jprendre par avant ou auparavant, c'étoit en avoir une connoissance anticipée, en f rendre une idée que la. prévoyance réalise dans avenir. (Rob. Estienne, Nicotet Monet, Dict.) Quoique ce verbe apprendre, dont l'acception figurée n'a presque point varie, signifie encore l'habitude qu'où prend de certaines choses aux- quelles ou s'accoutume en lesconnoissant par cette même habitude, on ne désigneroit plus, 1° une personne qui connoltroit l'agrément d'une compa- 0} C'est à regret qu'on laisse ca.^. (s. K.) — (8) blesse, lèae. AP gnie à laquelle elle se seroit accoutumée, en disant qu'elle a apprit compagnie : . . . Quiscompaignie aprifc. Bien sai de voir que petit prise L'aise qu'il s sans coropaiênie. VM. KS. du R. D- THS. bl.ltS, R> ad. 1. 2* Une personne qui ne seroit pas accoutumée à l'air d'un climat, en disant qu'elle n'en a pas apprU tair : ... Le mal plus griement l'a pris. Pour l'air qu il n'avoit pas apru. G. Gdtft, US. fol. M. V. 3* Une personne qui ne connoltroit pasia pauvreté faute d'y être accoutumée, en disant qu'elle n'a pas appris la pauvreté. • Grant cruauté seroit que fen • la laissasl. . . désespérer par poureté que elle - n'auroit pas aprise. • (Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, cbap. m, p. 163.) 4° Une personne qui connoltroit le plaisir d'être riche ou a son aise, et s'y seroit accoutumée, eo disant qu'elle a appris ses aises, qu'elle a appris la richesse, ■ S'enclinoyent à la guerre poures Cheva- t tiers... qui avoyent appris leurs aises et souste- • noyent leur estât sur la guerre. » {Froissart, Vol. IV, page m.) Uoult t . )0n boivre et por bo' TM. Ils. du R dangier. 1118. M. 199, H* col. 1. 5* On ne désigneroit plus enfin une jeune per- sonne dont les membres délicats ne sont point accoutumés aux blessures, en disant que ses mem- bres n'ont pas appris qu'on les blesse. - Si bel pié et ■ ses bêles mains... n'avoient mis apris c'en les . bléçast. » [Fabl. us. du R. n- 7989, fol. 77. — Vey. ApPRENTURE et ApPtIiStRB.) Quelquefois l'acception figurée du verbe reprendre étoit celle d'apprendre; de façon qu'apprendre le vice signifloit reprendre le vice, le relever comme on relève une chose en la prenant avec la main, faire connoitre le vice, en faire prendre une idée odieuse en te présentant aux yeux de l'esprit, comme on présente à ceux du corps une chose qu'on tient a la main. Li Philosophe tel estoient. Que à nule rien n'entecdoient, Fors qu'à bien dire et h aprendre Les malvés Tices, etc... _ BiblBGulot.llS .doN. D. n-E.6. M, M. V«iil. I. Encore aujourd'hui, apprendre une chose à qnel- qu'un, c'est lui en faire prendre une idée qu'il retienne dans sa mémoire, lui faire connoitre cette chose en lui en présentant l'idée, en l'enseignant, en l'inslruisant, etc. (Voy. Apphestubk et Apprisorb.) Mais on ne diroit plus, apprendre quelqu'un les Sciences, ou tout simplement l'apprendre, pour enseigner à quelqu'un les Sciences, 1 instruire dans les Sciences. ■ Clergie vint en France par Alcuin.... ■ Dut moines Escoz aprenoient les gens sapience • pour l'amour Nostre Seignour. • (Chr. S' Denys, AP -' Rec. d» Hist. de Fr. T. Y, page 263.) ■ Nous... • Yapresimes, et il sot moult retenir. ■ (Rom. de Dolopatb03, Ms. du B. n- 7534, fol. 294.) On aesupprimoit pas toujours la préposition à, qui lorsq^u'elle ne déstgnoit point la personoe qu'on Touloit instruire, désignoit quelquefois la chose dont on l'iastruisoit, comme en cette expression, • apprendre une Nymphe aux ëbas d'amour. ■ (Voyez Œuv. de Baïf, fol. S5.) Plus anciennement. • apprendre quelqu'un d'une chose, ■ c'étoit aussi l'en instruire, lui faire prendre l'idée de cette chose, la lai faire connoltre. O loi m encanteoure, Bt monlt divers engingneora Qui de tous maua Vaprendront. LatUiin; US. i» Gïbtn. fi>L M, V. On disoit d'une chose qu'on pouvoit connoftre uns instruction, qu'elle • nefaisoit mie à aprendre; <• d'une personne qui connoissoit ce qu'elle avoit à bire sans qu'on l'en instruisit, qu'elle " n'étoit pas ■ k aprendre, > qu'elle n'étoit pas kajirendreôe UToir ce qu'il falloit faire, qu'elle étoit hien aprise. • Cil, si cum saiges et ki bien estoit apris, ne volt • mie... faire cette chose. • {S' Bern. Serm. fr, mss. p. 255. — Voy. Cléomadès, me. de Gaignat, fol. 53. — Rom. de Rou, ms. p. 110. — Voy. Apprentis.) A l'expression ■ être bien appris, ■ on pourroit en ajouter plusieurs autres qui prOuveroieut égale- ment que les acceptions encore usitées de notre Terbeappreudre, sont très-anciennes dans noire lan- gue (1). > Se tu ais enfans,.... tu doit... les apanre ■ à servir & la divine MajesLée , et leur. . .» faire ■ apanre leur créance. » (Lett. de S' Bernard, Biblioth. du P. Montfaucon, T. II, p. 1391.) Ce mémo verbe apprendre signilioit comme substantif, les Chroniques, les Histoires, les Tra- ditioDS qui instruisent de la vérité des faits. En celui teimiDe meism», On tans deviae li aprandrea. Se boisa li Quens de Flandres. G.GBkn.MS. rol.isa, R*. . . . Envoya li Quens de Flandres A Fumes, ce dit li aprendres. U. M. 136, R>. Enfin, comparaison faite des effets ordinaires de la Nature dans les êtres brutes et même inanimés, aux effets d'une instruction par laquelle on apprend, on accoutume des êtres animés et raisonnables à avoir certaines qualités habituelles, on a dit en parlant de fumier, qu'il est appris de puer. Lliabit de pris. Fard bien compris. Font d'un laid corps le parement ; Ainsi que les fleurs du pourpris Bepaient le fumier apprit De pujr oaturellement. J.IUrDl,p.lOO. CONJLC. Appreigne ou Apreigne, subj. pr. Qu'il apprenne. (CoquiUart, p. 150. — Clém. Marot, p. 367.) - AP Apprins ou Aprim, participe. Appris, instruit, aocoutumé. (Rob. Estienne, Nicot et Honet, Dict.) Apraignet, s. pr. Qu'il apprenne. (S" Bern. S. fr.) Apregnet, subj. prés. Qu il apprenne. (Id. ibid.) Apregniens, subj. pr. Que nous apprenions. Hd.) Aprendans, partie. Apprenant, (Pn. Mouskes.) Aprendoit, indic. imp. Apprenoit. (Cléomadès.) Aprenged, subj. pr. Qu'il apprenne. [L. des Rois.) Apresitnes, indic. prêt. Apprîmes, enseignâmes. (Rom. de Dolopathos, us. du R. n° 7534, fol. 294.) Apresist, subj. imp. Qu'il apprit. (S' Bern. S. fr.) Apresixiez, subj. imp. Que vous apprissiez. (Id.) Aprist, ind. prêt. Apprit. (Harbodus, de Gemm.) Apristrent, ind. prêt. Apprirent. (Athis, us. ^ 54.) VARIANTES : APPRËHENDRE. Cotgrave, Dict. Apanre. Lett. de S' Bern. Bibl. du P. Montf. T. II, p. 13M. APPEUNDitE. Monet, Dict. Apprendre. Orlh. subsÎBt. — Froissart, Vol. IV, p. lli, Aprandre. g. Guiart, ms. fol. 236. H°. Aprendre. Rom. de Hou, HS. p. 110. Aprenre. Beaumanoir, C. de Beauvoisis, chap. XL, p. 223. Appréhensif (2), adjectif. Qui a la compréhen- sion facile, intelligent. Qui a de la prévoyance, craintif, inquiet. On trouve ce mot appréhensif, avec la première signification, dans Cotgr. et Monet, (Dict.) Comme ta crainte est un effet assez ordinaire de la prévoyance, te même mot a signifié prévoyant, craiiilif. {Monet, Bict.) • Je m'estonne (dit Montluc) • de ce qu'on lit aux histoires Romaines, de ceux • qui avant le jour des batailles assignées, dor- • moient aussi profondément que si c'estoit le • lendemain de leurs nopces : je n'ay jamais esté si • peu appréhensif. » [Mém. de Montluc, T. 1, p. 662.) Quelle que soit d'ailleurs la différence de ces deux acceptions de l'adjectif appréhensif, elles ont enlr'elles la même analogie que les acceptions do verbe appréhender, comprendre, prévoir. (Voyez Appréhender et Appréhension.) Appréhension, subsl. /i?'m. Prise, saisie; prise de possession. Compréhension. Idée, connoissance, jugement. Dans un sens relatif à celui du verbe appréhender, en latin apprehendere, prendre avec la main, le substantif appréhension signille prise, saisie, dans le Dict. de Monet: dans les Chron. de Monstrelet, une prise de possession. L'Evéché de Tournai ayant été ■ octroyé a Maistre Jean Chevrot,... • une grande partie de la ville ne furent point de ce • contens Si allèrent en l'Eglise où estoit un ■ nommé Maistre Estienne Vivien, assis en la chaire ■ de l'Evesque, faisant les cérimonies et a/JT^re'Aen- ■ sions qui lui avoient esté commises à faire au « nom diceluy Chevrot, en prenant la possession a de lEvesché; et le tirèrent de la dicte chaire très- > durement en luy desrompant son surplis et autres . habillemeus. ■> (MonsU-elet, Vol. Il, fol. 90.) Au figuré, l'appréhension éloil la faculté de prendre idée et connoissance des choses, la faculté A" AP -' de comprendre, la comprétiension. (Colgrave, Rob. Estienne, Nicot et Hooet, Dict.) On a désigné même par ce mot appréhension, l'idée plus ou moins vraie, la connoissance plus on moins certaine qu'on prend des choses, le jugement qu'on en forme d'après celte idée, cette connois- sance. ■ 11 eut une appréhension que c'étoient ses • enfaos. • (Nuits de Strapar. T. I, page 300.) • La • femme de S'Hilaire... prit une \ive appréhension ■ de la béatitude éternelle et céleste. > [Essais de Montaigne, T. I, page 346.) « Les hommes ont eu ■ appréhension de Dieu par les astres qui nous ■ apparoissent. > (Amyot, Moral, de Plutarque, T. Il, p. 218. — Voy. Monet, Dict.) Qu'il suffise d'avoir indiqué ailleurs par quelle analogie ce mot appréhension, qui désigne encore l'idée qu'on prend d'une ciiose, a signifie et signitle crainte. (Voy. âppbébendeb et Apprëhehsif.) Apprentis, adjectif subst. masc. et fém. Qui apprend une chose, qui est encore à l'apprendre, (voyez Apphe[ie.ndbe.) On voit que l'orthograplie apprenti, préférée aujourd'hui à rorthograpîie ap- prentif, n'est pas nouvelle dans notre langue. L'une et l'autre ont fait oublier l'ancienne orthographe apprentis, dont se forme si naturellement le subs- tantif apprentissage qui subsiste (1). Encore aujour- d'hui, un apprenti est quelqu'un qui apprend un métier, ou autre chose en général; quelqu'un àqui il faut apprendre ce métier ou cette autre chose. Hais ou ne diroit plus avec Montaigne : • Je ne • me prens gueres aux nouveaux livres, pour ce ■ que les Anciens me semblent plus pleins et plus ■ roides ; ny aux Grecs, par ce que mon jugement < ne sçait pas faire ses besognes d'une puérile et > apprentisse intelligence. > [Essais de Montaigne, T. H, page 136.) On a voulu sans doute désigner le chant naturel des oiseaux, ce chant qu'ils n'apprennent point de l'art, lorsqu'on a dit : A chanter turent ententis Les oyseauls, non comme aprentis, Ne aussi comme non eacbana. non. d* U H>M, nn an-6W. . Anciennement, l'acception d'apprentis étoit si générale, que pour signifier qu'on étoit encore à apprendre des nouvelles de quelqu'un, on disoit qu on en étoit aprentis. En demandoit par tons pays; Mais aussi en ert apprenti* Que il fu BU commencement. CMmuJii, MS. d* Giicul, M. M, R' od. 1. AP Aprznt[.- Ttom. de U Rom, vers 603. Apfrentisss. Essais de KoiiUigne, T. n, p. 136. — Dict. de Trévoux. Apprenture, subst. féminin. Enseignement, instruction ou coutume, nabilude. Significations relatives à celles du verbe apprendre, instruire, accoutumer. (Voy. AppbShehdbe.) ■ Peu de gens est > qui soint hardiz par nature ; mais mains derien- • nent hardiz par art et par apprenture. • (Instr. de Chevalerie et exerc. de Guerre, hs. fol. 12, 1^. — Voyez Apbehement.} Apprise, subst. fém. Apprentissage. Gonnois* sance d'une chose apprise. Espèce d'Enquête. Entreprise. Ce mot aprise ou aprinse, dans le sens d'apprentissage, signifioit l'exercice par lequel on apprend un métier, par lequel on s'y instruit sous les yeux d'un Maître. * Pourveu qu'il ail servi trois • ans en bonne aprise, elc » {Ord. T. Vm, p. 513. — Toy. Apprisure.) Il semble qu'être de Vaprinse d'un métier, c'éloit être né dans un métier dont on a fait l'apprentissage en s'y exerçant dès l'enfance. ■ Se il est fllz de • Haislre el de la dicte aprinse, il ne payera, etc. • (Ord. T. IX, p. 45.) • On a dit d'une personne qai avoil appris une langue, qui en avoit la connoissance, l'intelligence, qu'elle ■ étoit de cette langue par aprise. > (Voyez AppRËHEnDHE.) < Encores que je ne soye, par nature, « ou par apprise, de la langue dAlemaigne; si • ay-j'enquis, à la vérité, de ceste généalogie, le . plus qu il m'a esté possible. • (Mem. d'Oi. de la Marche, p. 12. — Voy, Apprisure.) L'espèce d'enquête qu'un Juge faîsoît d'office pour apprendre la vérité d'un fait, étoit une apprise. (Voy. Du Gange, Gloss. lat. au mot apprisia, col. 590 et 591 . — Laurière, Gloss. du Dr. Ir.} L'Enquête en général différoit de Vapprise, en ce que l'apprise, qui se faisoit d'office et sans le consentement de celui qu'on soupçonnoit d'être coupable, ne portoit pas, dit Beaumanoir. fin de querelle. ■ Quant aucun • est pris pour soupechon de vilain cas... l'en doit < demander à cheli qui est pris, se il vieut atendre • enqueste dou fet S'il ne veut atendre l'en- • queste, adonquesi appartient aprise; che esta • dire que li Juges de son office doit aprenre et • encherchier dou fet Mes à che que il fust ■ condempnés à mort par Vaprise, il convient biea • que li fès fust seus clers par plus de trois tesmoins • ou de quatre, si que li jugement ne soit pas fait ■ tant seulement par l'aprise, mes pour fet notoire. ( La différence qui est entre aprise et enqueste, est ■ tele que enqueste porte fin de querele, et aprise > n'en porte point: car aprfse ne sert fors de tant • sans plus que li Juges est plus sages de la besoigae tes Zassons... s'avan- ■ toroyent pour gaigner, par bonne façon; voire • jtuques à gaigner et emmener de nos gens De ■ Idles petites prises et aprises firent... sur nostre • oompaignie Plusieurs chevaux et gens ■ navrèrent et blessèrent par telles emprises, etc. • ?lém. d'Ol. de la Harcbe, page 214, 215 et 217. — oyez Ehfiiiee.) lARIA^TES : APPRISE. Du Cange, GloM. lat. au mot ApprUia.col. B90. • Aprisk. Ord. T. I, p. 575. — Laurière, GloH. du Dr. tt. Apbimse. Ord. T. IX, p. 46. Apprlsure, subst. fém. Apprentissage. Ensei- Eement, instruction, etc. Coutume, habitude. [Voy. PHEHEnDHE et ApBisoK.] Oq 3 dît au premier sens : . . . n ârant leur apreture D'armes, sans nule mespresure. Pb. UooikM, US. p. 8». Dans le second sens, une histoire à.'apreiure étoit une histoire où l'on pouvoit s'instruire; une personne de bêle apresure étoit une personne bien ustruite, bien apprise. (Voyez Ph. Mouskes, ns. p. 83) . — Ane. Poet. fr. mes. av. 1300, T. II, p. 706.) Amours nâtie et escure Le cuer k'ële a bien saisi. TaillaDt le bit et hardi; Est de courtoisie apremre; Kena, saos li, n'est fors que palntnre. Abc PoM. fr. KS. du Viticm, n* I4B0, IDI. U, R-. C'est relativement aux effets d'un long appren- tissage et d'une instruction continuelle, que le mot appristtre parolt avoir signifié coutume, habitude. Cert moult tact chose d'apreture; Mes nature deuat passer, etc. F^l. ils dD H. s* TUS, fol. MG, R' oui. 1. TARIANTES : APPRISURE. G. Hacbeut, Poës. HSS. foL 19, R' col. 1. Apbxseubb. Pb. Mouskes, HS. p. 331. Apresuhe. Vie de S»TbayBies, HS. de 5. cbif. xxvu, col. 16. Approbation, subst. fém. Action d'éprouver, preuve. Action de prouver, preuve. L'acception encore usitée de ce mot approbation, est la même eue celle du latin approbatio. (Voy. Approuvehent.) Delà, ilaurasigniflé,l*raction d'éprouver, épreuve: « Si ne vous plaint me donner celle petite afUiction ■ € pour m'approuver, parce que de telle approbation > oe suis digne, etc. • (Triomphe de la noble Dame, fol. 277, V.) 2* L'action de prouver, preuve, comme lorsqu'on ■ parlant d'une action qui prouvoit de la bonne volonté, on disoit qu'elle étoit ■ une approbation ■ de bonne volonté. > (Du Bellay, Hém. L. vi, 1^ 167.) « Dame, vous direz ce qu'il vous plaira; mais... • oncques Monseigneur Lancelot ne se pensa de « faire ce que vous luy mettez sus. Il a bien monstre ■ ft ceste assemblée, dist la Royne : dont se poyse I - AP ■ moy que l'approbation en est si apparoyssante. ■ (Lanc. du Lac, T. Ill, fol. 121, R* coi. 1.) Approfltement, subst. masc. Action de mettre k profit. L'action de faire valoir une chose pour soi ou pour quelqu'autre. (Gotgrave et Nicot, Dict. — Voy. Approfitch.) ApproFiter, verbe. Mettre à profit, faire valoir. Mettre en étal de profiter, de faire valoir. Protlter. Etre profitable. Ce verbe, composé de la prépositioa à réunie au verbe simple proMer, signifloit mettre à profit une chose, la faire valoir pour soi, ou pour un autre: dans le sens étymologique, faire que cette chose soit pour notre utilité, notre usage , ou pour l'usage, l'utilité des autres. • Les conquestes ■ faictes sur les ennemis... il faut approfiter, et ■ non prodiguer, ny dissiper. • (Sagesse de Gharroo, page 414.) En cas de > séquestre estably en un bénéfice « litigieux, > on disoit que • le revenu de ce bénéflee ■ seroit appro/itéçar un tiers,... au moyen et parce ■ qu'il avoit promis faire le dit appro/itement, la ■ cueillette et perception des fruicts au profit de ■ celui des collitigans qui adtieudroil au procès. > (Voy. Nicot, Dict.) (/est relativement à la même idée de faire pour un autre, une chose dont il puisse user, qu'il puisse se rendre utile, qu'appro/iter quelqu'un en biens signifloit le mettre en état de profiter, le mettre en état de faire valoir ce qu'on fait pour lui, le bien qu'on lui fait. • Seigneur, quant je pense eu moy <■ en quelz ne en quanz biens tu m'as aprou/ité, et • je recorde aussi quelz ne quanz biens j'ay perduz, • etc. ■ [Chasse de Gaston Phébus, us. p. 387.) La signification active de ce verbe étoit alpine, lorsque pour désigner une personne qui profltoit, qui faisoit qu'une chose fut pour elle en se la rendant utile, on disoit qu'elle approfitoit. • Toutes ■ mes ouvres ordene à ton doulx plaisir, si que je • aproufite de jour en jour. • (Cnasse de Gaston Phébus, Ms. p. 359.) Enfin, une chose profitable, c'est-à-dire faite pour être utile, salutaire, éloit une chose qui appro^toit. • Que aproufite à ta charité,... si je péris en ma • misère. • [Chasse de Gaston Phébus, hs. p. 383.) Peut-être qu'aprou/îer, en latin proficere, n'est qu'une faute d'orthographe dans le passage suivant. ' Le meilleur médecine. . . si est. . . les lessier • mengier tout quant qu'ilz voudront ; car aucune • foiz les choses contrairesaprou/îent (2) bien. > (Id. ibid. p. 105.) Cette conjecture paroit d'autant plus vraisemblable, qu'on trouve plusieurs fois l'ortho- graphe aproufiter dans le même ouvrage. VARIAHTES : APPROFITER. Conles de Des Périers, T. I, p. 151. Aproufiea. Cbasae de Gaston Pbëbus, HS. p. 105. Aproufiter. Ibid, p. 359, 383, etc. ApprouvaD dément, subst. masc. Provision. Ce mot, formé de provende, en latin prmbenda par - (S) Proufieni vient 11 *p -« •contraction de prœhibenda, déBÏgne une chose que doit avoir d'avance, ou par provision, celui à qui on la donne. ■ Au regard derapprouvanijenient... pour ■ la plaine affolure, lequel avoit esté limité à fiuict ■/muids de bled, etc. > (Coutumes de Haiaault, au DOuv. Coût. gén. T. I, p. 59. — Voy. Peovehde.) VABUHTBS: ' iPPROUTANDEHENT. Du Conm, Oloss. Ut. à Provenda. Aprovandbhbnt. Coût. gén. T. I, p. T8i. ■ Approuve, subst. fém. Epreuve. Preuve. Il semme que dans un sens relatif à celui du verbe approuver, éprouver, l'on ait dit en parlant d'un Prélat en général : Les bons et les m&ulvaia sont dassonli tes approuvée : Qui acet DU qui ne scet, t'appartient que tu preuves (1). J. it lltm, Codldte, Tm SSS-SOt. Peut-ôlre la rime exige-l-elle que dans ces vers on lise apprettve, comme dans le passage suivant oîi ce mot signifie preuve. • Hercules en faisant ses ■ voyages... passa par le pays que l'on nomme à ■ présent Bourgongne, et y prit en mariage... l'une ■ de ses femmes nommée Alise ; et. . . de ceste • Alise il eut génération, dopl sont... yssus les pre- ■ miers Roys de Bourgongne : et pour tippreuvc, ■ vous trouverez au Ductié de Bourgongne,... appa- ■ rence d'une cité ou ville qui se nommoit Alise. > (Hém. d'OI. de la Marche, p. 21. — Voy. Approuver.) VAHIAKTES : Approuvement , subst. masc. Approbation. (Cotgrave, Rob. Estienne, Nicot et Honet, Dict. — Voy. Approuver.) Approuvender, verbe. Approvisionner. (Voy. Appruuvanuement.) Signification relative k celle du substantif approuvandement, formé de provende. On a ditfigurément: . . . CaritÉs qui en tous lieus Est grandement reconimendée. Garnie est et apprauoendée De largèce, sans nul dangier. FroiuM. P«ii. HSS. p. tf , «al. I. * Approuver, verbe. Eprouver. Prouver. L'ac- ception encore usitée du verbe approuver, est la même que celle du latin approbare. Hartinius la présente comme acception primitive du verbe sim- ple latin probare, qni par une espèce de métonymie signiSoit éprouver. (Voy. Apbob.) C'étoit aussi la signification du verbe françois composé approuver. € Aucune fois Dieu afflige les humains pour les « approuver: sçavoir est les bons, comme Job et € Tobie. • (Triompbesde la noble Dame, fol. 277.) ■ Nous qui de vostre loial et approviée dfiigence ■ nous fions, etc. • (Ord. T. I, p. 528, notes, col. 2.) Mais de moult lointains seigneurages, Par Oei tenir et par bommages, Grant honneur aprovoit. G.GolBt, lis. M. Il, R-. Dans le sens de prouver, en latin probare, on disoit: ■ Je vous prometz que c'est le Chevalier à ■ l'aigIed'or;etcevousiij)preuve-;eparsone8CB. > (Percef. Vol. III, fol. 19.) • Pour voua approuver et • justifier leurs faicts, etc. ■ (Du BçlUy, Uém. Ut. VI, fol. 178, R°. — Voy. Prouvsr.}. VARIANTES : APPROinfEB. OtUl ButM. - G. de BouasOlos, HS. p. ISB. Appreuter. Percer. Vol. III, toi. 19, R» coL 1. Apphoer. Ord. T. III, p. 578. ApraDvisR. Ord. T. I p. 528, notes, col. S. Aphovbr. g. Guiart, liS. toL 11, R*. Aphovier. Ane. Poët. tr. MSS. avant 1300, T. IV,p. 1680, Aprouvbr. Modus et Raoio, MS. fol. 236, V', Apruever. Fabl. M. du R. n» 7615, T. Il, M. 1Ï7, V» coL i. Appuy, subst. masc. Appui, accoudoir, dos- sier, etc. Dans le sens étymologique (2), chose sur laquelle on pose les pieds afin de se soutenir : par extension, chose sur laquelle on pose la main , le coude; chose contre laquelle on pose le dos: eif fénéral, soutien, tant au propre qu au figuré. (Voy. ppuïEB.) 11 semble qu'un banc sans appois, dans les Honneurs de la Cour, MS. p. 54, est un banc sans accoudoirs et sans dossier. On conçoit que les explications de ce mot appuy pourroient être aussi variées que le sont les noms par lesquels on spé- cifie, 1° les choses propres à soutenir difTérenlës parties du corps, les ctioses propres à soutenir les personnes, comme un balcon, un garde-Ibu, une balustrade, etc. 2* les choses propres k en soutenir d'autres, comme nneétaye, unélançon, etc. (Voy. Appuial et Appute.) variantes : Appuyai, subst. masc. Appui, balcon, che- ville, etc. (Voy. Appuï.) Ce mot appuyai, de même origine qu appuy, signifioit soutien en général ; en particulier un balcon pour s'appuyer, se soutenir: < Firent les deux Roys loges dresser emmy les ■ prez, où il y avoit feneslres et appuyaulx aux • Dames et aux Damoiselles. > (Lanc. du Lac, T. II, fol. 82, V col. 2.) Une cheville, ou autre chose propre à fermer une porte, à l'appuyer, à la soutenir contre l'effort de quiconque voudroit l'ouvrir. • La porte... n'est • fermée, ne à poste, ne à barre, ne à nul appoual, ■ sinon à gons oiii elle est sellée. • (Lanc. du Lac, T. I, fol. 147, R- col. 1. Au figuré, la signification d'aj^put/a/étoitla même que celle de notre mot appui, soutien. ■ Loys> • Monseigneur de Luxembourg,... appuyai du peu- • pie, le parement de Court et l'onneur du royaume ■ de France. ■ (J. d'Âuton, Annal, de Louis XQ, MSB. an. 1503-1505, p. 93.) Vile roiaus des Cités, Se tes appoiatu Fust VT^ et toiaus, etc. Ane. Fotl. b. HSS. nnl 1900, T. IV, p. UH, variantes : APPUYAL. Lanc. du Uc, T. II, toi. 88, V» col. 1. Afoial. D. Carp. s. GLlat. deD. C. vi mot Apoâiamentum. I) Tu ^trouves, tu juges à l'épieuve. - l. H.VcoLI. . . . Raemplii de couardise Où iam Do se va opuioni. S'en revont vers Fumes fuiant. iB se set bien avoier. En termes de procédure, s'appuyer à droit, s'ap- payer à jugement o\x en jugement , c'étoit établir endroit une question, établir une demande, la soutenir en droit, la soutenir, l'établir en justice. • Un Chevalier qui avoit à plaidier ... se fist esso- • nier ; et chil qui avoient a lui à faire . . . i'apue- ■ renî à droit, savoir mon se il povoit fère en la ■ manière dessusdite. ■ (Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, chap. ui, p. 27.) • Toutes resons . . . • doivent estre mises avant que 11 jugement soit ■ enchargiés : car puisque chil qui doivent fère le ■ jugement ont les paroles receues des Parties , et ■ ils se sont apaié a droit, ils n'i pueent ne mètre - ne oster. ■ (la. ibid. chap. th, page 45.) • Leurs • resons oies et apuiées en jugement, nous disons ■ par droit, etc. > (Id. ibid. chap. Lim, page 34S.) ■ Quant l'en rent jugement, il n'est pas resons de - AT « tout recorder che qai fu proposé des itax Par- • ties, sur quoi il s'apuiérent à jugement. ■ (Id. ibid.) C'est encore relativement à 1 idée de rendre ferme et Stable, ({w'appuyer signifloit confirmer. ■ Ordon- ■ nons et commandons en appuiant et ratifiant . ladite Ordonnance, etc. • (Ord. T. I, p. 580 et 581.) L'origine de ces significations étant ainsi expli- quée, il est aisé de saisir l'analogie des significa- tions actuellesdu verbe appuj/er avecles anciennes. Quoiqu'il désigne encore aujourd'hui l'action de peser sur un corps, en posant les pieds dessus, par extension les mains, les poings, etc. l'action de le presser, de le fouler en tombant dessus, en le char- geant, en le happant, etc. on ne diroit plus : Lor dona tex cox des bastons Qvi a'apooient des moignons. fM. us. 6e Bhih o* SU, M. ISS, V «1. 9. Il semble que la signilication de espoier, est, presser, fouler, renverser, dans les vers suivaos : . . . CuLde bien que nostre guerre Pauaist, quant le Mor vi à pié ; Car je le voil de mon espîé Encontre la terre eipoier. FAI. KS. da iC >■ TUS. T. II, M ISI, V col. I. Enfin, s'appuyer à une bataille, c'étoit s'y oppo- ser en la pressant, en la chargeant, en tombant sur elle, les armes à la main. Dix batailles à trois a'apoient / N'est merveille s'elles B'ennoie[>t. Atlii>,H3.)bl.TS,Vi»1.1. CONJUfi. Apuied (s*), ind. prés. S'appuie. (Livres des Rois.l jipaiou/(s'), ind. imp. S'appuyoit. (Ibid. fol. 41.) Apuit (s'), subj. pr. S'arrête, se mette en sûreté. (Rom. de Brut, us. fol. 100, R° col. 2.) VARIANTES : ÂFPUYEH. Ortb. subsist. - Lanc. du Tac, T. U, fol. 108. Afaier (peut-âire Apoiier.) Ane, Poët. fr. T. III, p. iOGQ. Apeubr, Fabl. MS. du R. n- 7989, fol. 67, V« col. 1. Apoier. S' Bernard, Serm. fr. USS. p. 330, 347, etc. Apoubr. Fabl. US. du R. n° 7989, fol. 77, V* col. S. Apooier FeUdI. HS. de Berne, n- 35t, toi. 155, V> coL 2. &POVER. S> Bernard, Serm. fr. HS. p. lOi. Apouybh. Chasse de Gaston Phâbus, MS. p. 803. Appoier. GlosB. du P. Ubbe, p. 489. Appouier. Miserere du Red. de Maliens, MS. de G. loi. SOB. Afpuibr Ord. T. J, p. 581. Apuer. Ane. Poet. fr. MSS. avant 1300, T. I, p. 476. Apuibr. Ane. Poët. fr. MS. avait 1300, T. I, p. 43». Apuysr. Rom. de ta Rose, vers 12817. Ebpoikr. Fabl, MS. du R. n» 7615, T. 11, fol. 187, V» coL 1. ESPUBR. D. Carpentier, a. Gl. 1. de D. C. au mot Apodiare. EspuiEH. Id. ibid. "nt. de 1381. ESPUTSR. Id. ibid. TA. de 1480. Aprenement, subst. masc. Enseignement, leçon. (Voy. AppBEnTDBE.) Signification relative a celle du verbe apprendre, enseigner, etc. II semble que dans les saisons du printemps et de l'été, le spectacle de la Nature renaissante et féconde soit S our l'homme une leçon d'aimer. De là, on aura it: Ver est plus dous et plus temprés ; Près son parant il at Estex... D'amer donnent aprenement, AtUt,llS.lbl.I8,V-eDt.l. Après, part, et prép. Opprimé. Adjoint, associé. Près, auprès. Après, secondement, d après. U esi A?, --85^ AP possible que comme on écrivoit apus pour apuséf Strticipe du verbe apuser, le même tm^aposer ci- essQS, appem pour appensé^ etc. Ion ait écrit après pour apressé et pour apressëe , apresse. On trouve en effet q\x*appresse est une abréviation du participe féminin appressée , opprimée , dans ces vers ou Ton a dit, en parlant de Sextus Tarquin : S'efforça tant 8u'il print Lucrease. oand Teut appresse^ Tost fust Maitresse Vengeance, que Tarquin le Grand Cbassa de Rome en telle presse, etc. Blisoa des PauIom amours, p. 253. Ce participe féminin appresse suppose le mascu- lin apprès. Aussi croit-on qu'après est un participe employé comme substantif, lorsque dans un sens analogue à celui du verbe appresser^ suivre de près, suivre, la Prudence personniflée nomme son apreSy c'est-à-dire, son adjoint , son associé , un Poète qui en suivant son parti et ses avis, s'associe et se joint à elle pour l'exécution de ses desseins. J*apperceu tost approcher celle Dame... EUe aentoit meiUeur que nul ciprès. Sa doulce bouche, quant de moi fut auprès. Pour me parler ourrit si doulcement, Disant ainsi : mon amy, mon aprés^ etc. Nef des Dames, prolog. fol. 2 V*. et 3 R*. Peut-étie faut-il chercher dans le latin pressum, l'origine des prépositions près et après , en Italien pressa et appresso? On a pu se figurer comme pressées ou pressant les unes sur les autres, les personnes et les choses entre lesquelles il y a pro- ximité, suite, ordre successif dans un espace de lieu ou de temps ; faire abstraction de cette idée de presse spécialement exprimée par les participes près et après ; prendre ces mêmes participes dans un sens absolu, et les employer comme préposi- tions, pour désigner les idées générales de proxi- mité, de suite, d'ordre successif, lors même que cette proximité, celte suite, cet ordre successif n'oc- casionnoient aucune pr^ss^. Telle pourroit être l'ori- Îine des prépositions près et après^ très-anciennes ans notre langue (1). Quant à la préposition auprès^ elle paroit formée de la préposition à et de Tarticle le confondus ensemble, et réunis à la préposition simple près. (Voy. Auprès.) Anciennement, la préposition après ^ qui dans l'usage actuel ne désigne plus que ridée générale de suite, d*ordre successif, désignoit aussi Tidée générale de proximité, comme les prépositions, simple et composée, après^ auprès. « Oza estendid « sa main vers l'Arche . . . e nostre Sire s*en cure- « cbad vers Ozam ... e il chaïd morz en la place « après l'Arche Nostre Seigneur. » (Livres des Rois, Ms. des Cordel. fol. 47.) « Conchioient tôt co qui « estoit après del Temple. » (Ibid. fol. 177.) . . . D'eus onbraier (2) après pin N*ont pas, ce dit-on, tel courage, Ck>mme d'être de guerre sage. 6. Goiart, US. fol. 344, R*. C'est relativement à l'idée générale de suite , poursuite, qu'exprime encore la préposition après^ qu'on a dit, soit au propre, soit au figuré : l** « Etre « après une personne, » pour suivre une personpe, la presser d*agir ; « être après une chose ^ » pour suivre une chose, la poursuivre, en presser l'exé- cution, Taccomplissement, etc. 2** « Quérir, chercher, courir aj?rè$ une personne ' « ou après une chose, » pour se mettre à la suite de cette personne, de cette chose ; être pressé de voir la personne, de la joindre, être pressé de trou- ver la chose, de l'obtenir, en cherchant, courant, désirant, etc. 3*" « Crier après une personne ou après une « chose, » pour être à la suite de cette personne, de cette chose ; les suivre, les poursuivre en criant, presser par des cris la volonté, l'action de la per- sonne, l acquisition, la jouissance de la chose. 40 « Demander afyrès une personne ou après une « chose, » pour se mettre à la suite de cette per- sonne, de cette chose ; être pressé de rencontrer la personne, la chose qu'on demande, presser par sa demande Tinstant de les rencontrer. 5" « Enfin, dans l'exijression « dépenser après « une personne ou avrès une chose, » la préposi- tion après peut signifier la suite d'un projet, d'un dessein relatif à la personne ou à la chose pour laquelle on dépense : l'empressement de voir arri- ver la personne, de voir se réaliser la chose qu'on attend, dans cette autre expression « attendre après « une personne ou après une chose. » Quelques citations prouveront que Tusage de la préposition après n'a point ou presque point varié depuis qu'elle existe. « Il délibéra qu'il demanderoit . . . « apmleChaslel. » (Percef. vol. VI, fol. 52.) « Criad ' « Jonathas après le vadlet ; vien haslivement. » (Livres des Rois, ms. des Cordel. fol. 28.) « Estoit là « Monsieur de Sedan cherchant après ses enfans; « lequel les trouva en très-mauvais ordre. » (Mém. de Rob. delà Marck, Seigneur de Fleuranges, ms. p. 184.) « Nos avons j ai alroveit trois fontaines ; or « quarons après la quarte. » (S* Bern. Serm. fr. Mss. page 130.) Plus on réfléchit, plus on croit voir que les signi- fications A'après^ quelque variées qu'elles puissent être, sont toutes relatives à l'idée de suivre, presser en suivant, en approchant ; idée analogue a celle de succéder et qui n'est pourtant pas tout-à-fait la même, par la raison au'on ne succède pas toujours à ce qu'on approche, a ce qu'on suit. On désigne donc ridée générale d'ordre successif, plus spécia- lement que celles de suite et de proximité, lorsque dans le sens propre ou figuré , l'on dit encore, comme autrefois, qu'une personne naît , se place , marche, agit, parle après une autre ; qu'une chose existe, qu'elle a lieu, qu'elle se passe, qu'elle se fait après une autre, etc. « Adonias . . . fud li secundz des fiz le Rei, après Absalon. » (Livres des Rois, ms. (i) Dans la Chanson de Roland, on irouye, vers 1160 : « Sun cumpaignun, après, le vait sivant. è (n. b.) - (2) se tenir irombre. AP -< des Cordel. fol. 77.) ■ Hichiaus li Empereres de «' Constantinoble . . . l'Empire laissa, et puis devint ■- Ifoines. Apr^ li reçut la dignité de l'Empire , • Leona qui fu fllz Bardele patriche. • (Chron. S' Deoys, Rec. des Hist. de Fr. T. V, p. 262.1 • Premie- ■ rement, se les maisons sont faites d'avoir qui ■ malementsont gaainés; apré, s'en les aimme m- miex Ite ces cosea qui ja n'auront fin, etc. • (Lu- (àdaires, xs. du R. n* 7989, fol. 226.) Oo borne à ce dêfoier passage où apré, le même qu'âpre, est mis pour secondement, la preuve qu'anciennement la Préposition après signifloit comme à présent une idée générale d'ordre successif entre les personnes et les choses. Cet ordre successif n'ëtoit indiqué que par le sens de la phrase, toutes les fois qu'en supprimant après, plusieurs Ecrivains des xv* et m* siècles se servoientdes façons de parler suivan- tes ou d'autres semblables. • Eux avoir pris leur • lieu, Messire Jaques se partit de l'Eglise. » (Mém. d'Ol. de la Marche, L. i, p. 297.) ■ Avoir le tout ■ entendu, Robertet a dit, etc. • (Lett. de Louis XII, T. I, p. 199.) < Avoir bien heu et bien repeu, Editue • nous mena en une chambre bien garnie. • (Rabe- lais, T. V, p. 25.) « Quoy entendant Cœsarin , et ■ avoir quelque peu songé, dit, etc. > (Nuits de Sirapar. T. II, p. 374.) Enfin, il est possible qu'on ait va ce qui se rapproche par la ressemblance ou par l'imitation, comme étant placé dans un ordre successif, et que de là on ait dit : ■ Les daims tout^ leurs natures ■ ont après la guise d'un cerf, fors tant que le cerf « va plustost au ruit. > (Chasse de Gaston Phébus, «s. p. 27.) Et si le Qat faire reonde Aprièi l'oncle Je son ceval Kl senti l'aigue caude el val. Pb. HomkM.US.p. as. Apréa Sans a nom Savine. Albii.MS. M. l*^V-ai>l.l. On sait qu'aujourd'hui l'on diroit, A'après avec la même signification. TARUHTES : A?RÊS. Orth. subeiat. - S' Bernard, Serra, fr. HSS. p. 96. Aphë. Baluze, Hist. gënéaL de la M. d'Auvergne, pr. p. 91. àPRiËs. Ph. Houskes, MS. p. 3. Apbis. Carpectier, Hist. de Cambrai, T. II, pr. p. 31. Apresser, verbe. Presser, opprimer, fouler, affaisser. Etre près, presser, approcher, suivre, toursuivre, etc. Les passions qui captivent l'espèce umaine et la tyrannisent, les besoins qui l'asser- vissent et la tourmentent, les maux auxquels l'as- sujettit la Nature, ceux que lui font soulTrir )e despotisme et l'injustice, étant comparés à un poids, k un pesant fardeau sous lequel elle est pressée, opprimée, foulée, affaissée, etc. l'on a désigné toute espèce d'idées relatives à un état d'oppression, par le verbe apresser, comme le prouvent les citations suivantes : > Ensi que li Sergenz ne fust appreisse% (1) cha elle. — (2) esprit. AP < de plus tière sentence par le maltalent del Sei- ■ gnor, etc. • (S' Bern. Serm. fr. «ss. p. 305.) ■ Cil < qui sont Prélat et Justice de Sainte Eglise,... s'il •> apressent le Pueple crueuement et à tort, si auront < graot forment devant tous les autres. ■ (Luci- . daires, us. du R. n- 7989, fol. 225.) . Chil qui ■ point ne parle par che que il sont muets dès < nature, ou si apressé de maladie que il ont per- ■ dus la parole, etc. > (Beaumanotr, Goût, de Beau- voisis, chap. xn, p. 7t.) • N'avoient que manger; > si les appressa moult la faim. ■ (Hist. de B. do Guesclin, par Hénard, p. 101.) ■ Naissons en cha- > tiviteit... ensi k'ancor fussiens nos saige et Tort, * si seriens nos tote voies appresseit desoz le jus « de ceste chaitive servituit. • (S' Bern. Serm. fr. Mss. p. 260.) ■ Li terrienne habitations api-esset lo < sen (2) ki à maintes choses penset, ensi k'il coo- ■ tremont ne se puist drecier as bien celestiens. » (Td. ibid. p. 261.) • il estoit griefment apresseiz de > la temptacion de sa char. ■ (Id. ibid. p. 319.) .... Se pristrent à peosser Comment se porroient tensser. u feu qui art et qui estrangle Les moriei : car tous maulx las apretse. Eut. Dnch. Poh. HSS. p. K6, ah 1. Qu'au lieu de comparer les maux de l'homme, ses besoins et ses passions à un poids qui l'opprime et l'affaisse, on se les figure comme autant d'êtres actifs qui le poursuivent, qui le pressent en le poursuivant, en l'approchant, le verbe apresser désignera plutôtles idées de poursuiteet d'approche que celles d'oppression et d'affaissement. Cette acception i'apresser paroit d'autant plus vraisem- blable dans quelques-uns des passages qu'on a cités, que ce verbe signifloit, soit au propre, soit au figuré, « être près, approcher de près, suivre, ■ poursuivre de près ; presser en approchant, en • suivant, en poursuivant, en insistant, en pous- • sanl, etc. » (Voy. Après.) Les Roys ressemblent les palnctnreB... Se bien ; sçavoit prendre garde cil qui les psinctures regarda, QuL plaisent qui ne s'en apreiie ; Hais de près lA plaisance cesse. Rm. d« !• Rom, Tn 1M7-1UM . Li sages om ki oonfiesaa L'Emperela, moult aprieia De TieUaice el de maladie. Pli. Hainkn, US. p. TH. Dans la signiflcation de suivre, poursuivre de près, approcher, presser en suivant, en poursui- vant, ondisoit : Au figuré : Se pitié n'est, de n napretat. . f col. 1. APPitESTER. Gsr. de Nevers, I^rt. i, p. 56. Aphksther (oorr. Aprttier.) Ane. Poë». tt. HS. du V. 1» 165. Aprcstlse, subst. fém. Apprêt, préparalif. Ce mot aprestiae, que D. Carpeatier explique comme étant une altération A'apertise, parait avoir une sjeniflcatioD analogue à celle du verbe aprester. (voy. Aphestëb.) Les essais et les aprettite» Qui Be font pour son adrecer; Ce sont lea dévotes «prises On le croit de même origine qu'aprest. (Voy. Afbest.) Apretier, verbe. Evaluer en argent, fixer à cer- tain prix. Quoique apprécier, en lalin appretiare, signifie encore aujourd'hui évaluer une chose, l'es- timer, en fixer le prix, on ne diroit plus qu'une redevance en grain évaluée en argent est appréciée i argent. (Voy. Rob. Estienne, Nicot et Monet, Dict. au mot adénerer.) C'est probablement dans la signi- fication d'évaluer et faire payer en argent une rede- vance en grain, qu'on a dit, en faisant l'éloge de la bonté de la femme du Premier Président de Thou : • Geste bonne Dame... ne changea jamais de Fer- ■ miers, ni ne leur aprétia grain ; estans par ce ■ moyen tous devenus ricbes avec elle. * (Lett. de Pasquier, T. I, p. 434. — Voy. Apbisagieb et Aprisieb.) variaktes : Apreuf , préposition. Après. (Voy. Preof^ Si l'on lïit réflexion que non-seulement b, m&\sK est de même organe que p, on apercevra la possiljpité que preu/" soit de même origine quepro(), en lalin pro/i^. (Voy. ApnoB.J Quoi qu'il en soit, celte préposition preuf. c'est-a-dire proche, près, étant précédée de la préposition à, signifloit après, dans un sens rela- tif a l'idée de deux choses qui s'approchent l'une de l'autre en se suivant de près, en se succédant. Un sarcuel flst appareillier. Lez 1h mesaière du monsticr, A meitre apreuf bb mort bod cors, Sous la goutiere de àetTora. < Rom. dBRau.HS.p.lS9. Aprlmer, verbe. Opprimer, accabler : ou appro- cher, incommoder. Peut-être que dans un sens rela- tif à celui du verbe latin premere, d'où le composé opprimere, en françois apprimer, on aura désigné llncommodité d'une chaleur accablante, eu disant qu'elle aprimoit. Edi en un bois espës, ramu. Sont entrées, moult bien toillu. li cbauz les Tait moult aprimani, stc. F^. HS. da Bm, n* tU, M. ISO, V «bL t. f- AP Peut-être aussi que le verbe aprimer dans ces vers désigne l'incommodité de la cnaleurqui appro- chait et commencoit à devenir insupportable. Alors, il seroit une variation d'orthographe du verbe aproismer qu'on écrivoit aprismer, aprimer, etc. (voy. Aproismer.) Aprisagement, subst. mase. Evaluation, esti- mation. Signification relative à celle du verbe apri- sagier. (Voy. Aprisagier.) VARIANTES : APRI&AGEHENT. D. Carp. snpp. Gl. L âeTi.C. kApprvnio. Apprèsaoxhkmt. Id. ibid. Tit. de 1^4. Aprisagter, verbe. Evaluer, estimer. Dans le sens étymologique, mettre à prix une chose, la fixer à certain prix, en l'évaluant, en l'estimant. (Voy. AFRËTtRit et Aprisieb.) La signification à'aprisagier étoit évaluer, estimer, lorsqu'on disoit : ■ Par vertu • dicelles lettres... eust fait aprteoffwr les arrérages ■ à certaine somme de deniers, contenue au dit ■ aprisagement. > (D. Carpentier, suppl. Glos^. lat. de Du Gange, T. I, col. 255.) < Nous vous mandons.. . ■ que... vous faciez apprésagier les diz domma- ■ ges. > (Id. ibid.) > Lesquels blés... apresagiez > valoir en somme en revenue de twre, la somme ■ de XX livres de terre par an, etc. • (Id. ibid. — Voy. Aprisagemekt.) Aprisier, verbe. Apprécier. (Voy. Aprëtier et Priser.) On prise les choses plus ou moins qu'elles ne valent ; aans le prix qu'on y met, il y a souvent de l'arbitraire : mais les apprécier, c'est en propor- tionner le prix à la valeur réelle. Telle étoitla signi- fication du verbe aprisier, (orme tMmme aprisagier du substantif prix ou pris, en latin precium ou pretium, lorsqu'on parlant de choses dont la valeur réelle ne pouvoit être appréciée, on disoit : ... On ne poroit apHiier Sa valor, ne sa dignité ; Car je Toa dis par vérité K'ilh est de pierres précieuses, etc. PriKfl d'Amoun, HS. da Torin, toi. IB. V ml. !. Aprlsmement, subst. masc. Action d'appro- cher. On observera que du verbe latin approximare, s'est formé le françois aproismer ou aprismer, de même origine et de même signification qu'aprocher. fVoy. Aproclier.) De là le substantif aprismernent, aans le sens d'approchement, l'action d'approcher, lorsqu'on « disoit avoir aprismement à une per- ■ sonne • pour l'approcher. Ainsi vet de la poure gent ; S'ans riches ont aprismement, Forment les cuident caironcier, Damage Taire et anuier. Fibl. KS. da B. n- T6IS. M. 8S, R* col. I. Aprlson, subst. fém. Enseignement, instrucfion. (Voy. AppRisuRE.) On indiquera Te sens propre du mot simple prison, en observant que le composé aprison pourroit avoir signifié prise. (Voy. Prisoh.) La sîgni- «P- flcatioa de ce même composé apriton, instruction, enseignement, est Qgurée dans ces vers, où on lit que Richard I" roi d'Angleterre, voulant faire aasassioer Philippe- Auguste son ennemi : Faisoit enhini endoctriner. Pour lui ocire et sflner. Qui i& iéreni toni embarnit (1), Et de tels apriton (9) garnii, One chucun d'eus bomine oceist, Tel con son Mestre U delat. G. Guiirt, us. M. », R-. Aprissance, $ubst. fém. Prééminence. Ce mot aprUtance qui dans une traduction de Lettres de Charles V, en faveur des bourgeois de Paris, répond au latin prMmincncifl, n'est probablement qu'une altération îîapparoissance pris dans le sens de prééminedce, avantage avec lequel on parolt supé- rieur aux autres. < 11 appartient à Hauftesse royale ■ que elle eslieve de plus large hoouour et apr^- ■ tance (3), ceulx envers lesquielx elle a ordonné c principalement la chaere de sa proppre Majesté. ■ (Ord, T. V, note, p. 418. — Voy. Apparoissamce.) Apriver (s'), verbe. S'apprivoiser, se familiari- ser. (Voyez Pbiteb.) On observe que le mot privvs, dans lequel on croitvoir le principe de la formation des verbes fràncois priver, apriver, aprivoiser, étoit en latin de même signification que singulus unicua. (Yoy. Martinius, Lexic. philolog.) 11 y a des antipa- thies naturelles entre les animaux ; ceux dont quelque cause altère et adoucit réciproquement le naturel antipathique, deviennent uniques et singu- liers dans leur espèce, en vivant privément ensem- ble et familièrement. C'est peut-être relativement i ce sens étymologique, qu'en parlantd'un chien et d'un loup que la faim nécessitoit à vivre l'un avec l'autre, on a dit qu'ils s'aprivoient, et qu'aujour- d'hui l'on diroît qu'ils s'apprivoisent. (Voy. Apeu- Aprob, prépoiition. Auprès. Après. (Voyez Apreuf (6).) Lorsqu'on sait que p, b et f, comme let- tres de même organe, se substituent les unes aux au- tres, que / est l'adoucissement de l'aspiration h, qae parmi quelques peuples h se prononce ch, et que cette prononciation étoit même particulière aux anciens Francs ; on n'est plus étonné que la prépo- sition latine prop^ soit l'origine de la préposition françoise proche : préposition que par le change- ment de la voyelle o en eu l'on écrivoit quelquefois preuf, et prob dans le langage des pays Méridio- naux. De là, la préposition composée aprob qni signifioit proche, auprès. Coma (7) fo de Roma, e ac (8) ta (9) gran ¥alor (10) Aprob Mallio lo Rei Emperador, etc. Fncm. 4e !• Vi> ik Boice, US. de S. Boutl-wr-Li^, p. tlO (11). La signiflcation û'aprob est la même que celle à'apreuf, après, dans cet autre passage : Quan veng U Ù» (13) Mallio Torquator, Donc 113) venc Boeci ta (14) grand dolors al cor, No cuid (15) aprob altre dois (16) U demor. Frifm. deU VladeBoèce.HS.vïinl^a. Qu'on nous permette de hasarder ici une idée absolument différente de celles des Etymologistes latins, sur l'origine des verbes proôare et (ipprobare. Il seroit possible que ces verbes, dont on a fait en françois prouver et approuver, dérivassent comme prob et aprob, de la préposition propè qui , dans le sens étymologique indiqué par Martinius et Vossius, signifie pro pedibus, antè pedes. Alors, prouver une chose à quelqu'un, ce seroit l'approcher de lui, au (1) Dana des tettrea de rémission de 1147, pièce 581 du registre U. 176 du Trésor des Charles, on lit : « La mère d'fcelle MaanoD s'aperceut que aa fille etnbamiasoil et engrossissolt df. corps, s Le sens est donc; devenus gros et grands ; Iiv racine est la taéaie que celle de baron, bornage (voir ces mote). (N. r.) — (2) Ca mot a été fait sur le participe apprit, de apprendre. (N. E ) — &) Le sens eatime est suCilsant, apprissance venant de priner. (N. B.) — (4) associalion. — (a) Ce mol, dËrivÉ du précédent, rient d'un adjectif fictif privoii, en latin privenais, dérivé lui-même de privus. Le n tombe dans cea tonnes en eniis, et le e long devient ni .' meniis, menia. mois. etc. (n. e.) — (6) La forme apreuf (aprof au vers 1577 de la Qianaoa de Boland), qu'on écrivait plutftt apruef, vient bif n de propi ; l'o l.ref s'est écrasé en ue, \'e final eet tombé, et le p, comme c'est la tendance générale des consonnes finales, s'est renforcé en f: de même nepes a donné soif (haie) ; capul, «ftrf ; mais 1;' forme provençale devrait être aprop, et non aprob, ce qui emtiarrasse l'élymologisle. (n. e.) — (7) Comte. — ^Eot. — (0) Tant. — (10) Crédit. - (11) M. F. Meyer vient de publier, k la librairie Francli, un recueil de textes bas-latins «tprorencaux x)^ Via de Botce, qu'il a revue et corrigée sur le manuscrit, s'y trouve, et doit seule être consultée, (n. b.) — no, iDMt. — <13} Alors ; en latin tune. — (14) Tant. — (15) Que je ne crois pas que, etc. — (16) Dotdeur. D. 12 «■) Aprlvotser, verbe. Apprivoiser, rendre privé et familier (5). (Voy. Apbiïoisih.) Peut-être qu'apri- voiser ou apprivoiser un animal, le rendre privé en adoucissant son naturel f3rouctie,c'est le rendre unique et singulier dans son espèce, par la docilité avec laquelle il obéit à l'homme qu'il reconnoit pour maître. (Voy- Apbiteb.) Hours, liepara et lions, leu, gucrpil, singe et chien Donte l'en bien car naiiiie et aprivoite on bien. Fibl. US. du R. a' 7S1Ï, Col. ItO. V col. t. I- AP Il parolt qu'anciennement < s'aprivoiser de * quelqu'un, > c'étoit se familiariser, se rendre avec lui un peu trop privé, être avec lui d'une fami- liarité singulière et unique. Faux-semblant, dist Amours, dy moy : Puisque de moy tant t'oprivou, etc. Rom. in U Rom, iwi Ifm «t tïIOt. VABIAnTES : APRIVOISER. FabL US. de S< Germ. fol. 140, V° col. 1. Apdevesier. Dit d'Amours fines, MS. de Turin, foL U. Aprlvotslr (s'), verbe. S'apprivoiser. (Voy. Apprivoiser.) Dans le sens du verbe aprivoiser, chan- ger le naturel farouche d'un animal sauvage, on t Q par douconr, l'autre par oultrage Que 1 en leur fait, changent condicion. Ainsi est-il, selon m'entencion En l'aage humain de mainte créature Qui par doucour ou par contempcion Mue souvent et change sa nature. " ■ "'S. p. sa, col. 4M sa, en), i CoitlTy pour lors Admirai, A foire vaprouche d'assietU Eut ctraot peine, amont et av»]. lUd. p. IBO. Les approches, en terme de ^erre, étoient de deux espèces ; les aproche$ découvertes et les apro- ches couvertes. < On commença... à faire des apro- ■ ches couvertes et découvertei, dont le Bourgeois • conduisolt une, et Jacques de Chabannes l'autre : • mais celle du Bourgeois fut la première avancée > jusqaes à.la muraille, et puis l'autre arriva^et ■ fut miaée la muraille. • [Hi&t. d'Artus lU. duc de Bretagne, p. 788. — Yoy. Apbochenbnt.) VAPIANTBS ; APROCUE. Hiat. d'Artus III, Duc de Bret. p. 788. Appbouchb. Vistl. de Uiarlee VII, part, i, p. dt. Aproucue. Ibid. p. 91. Aprochemeot, subst. masc. et fém. Action d'approche, approche. Lieu, position où l'on est après s'être approché. Anciennement, aprocher k une personne, ou avoir aprochement à elle, sigai-. floit s'approcher d'elle , l'approcher. • Par ti ayens • aprochement al fil, 6 tu bien-aurouse trovere^ . degrace. » [S' Bern. Serm. fr. hss. p. 21. — Voy. Apbocheb.) Le participe féminin de ce verbe aprocher signifioit par ellipse d'un substantif de même genre, le mouvement par lequel on approche de quelqu'un, , on s'avance vers lui pour le rencontrer, l'attaquer. Les Angloys, amont et aval. Firent des fossez et tranchées, Affln que les gens de cheval. Ne teiasent sur euls aproucfJes. vifQ. d* cbuiN vn, fvi. II, f. se. Sous l'idée â' aprochement , action d'approcher, mouvement par lequel on s'approche, étoit voilée l'idée du plaisir vers lequel on s'avance en obéissant à la Nature et à l'amour. • Si de aprecement à ■ femmes demandés, sacés que dès ier e de avant- ■ ier nuseimes guardez. * (Livres des Rois, hs. des Cordel. fol. 28.) L'expression étoit moins modeste, lorsqu'on disoit, • connoitre une femme par char- « nel aprecement. * (Ibid. fol. 76, V* et 77, R'.) Quelquefois ce qu'on nommoil aprochement d'amour, étoit un signe démonstratif de l'amitié qui nous invite à nous approcher, à nous rappro- cher les uns des autres. • Si eut là grans approche- • mens et grans recongnoissances d'amour, quand « ils se Irouverent tous ensemble. ■ [Froissart, Vol. I, p. 363.) - Envoyoit le Roy de Portugal au ■ Duc et à la Duchesse... de beaux mulets blancs... ■ et avecques ce grans salus et grands approche- • mens d'amour. • (Id. Vol. IIL p. 131.) En termes de guerre, • faire les aj?pr{ic/ie?n£n/s > d'une place qu'où assiège, en faire les approches, c'étoit s'en approcher à l'aide des tranchées et des machines, s'en approcher avec l'artillerie qu'on fàisoit avancer vers les murailles de la place assié- gée. • Ils pressèrent fort la ville de fossez et d'ap- • prochemenis. ■ (Berry, Chron. depuis 1402-1461, (1) Approche vient da ad et propiuê, comparat.r de prvpè. Propius est davenu propjut, et, comme p était aoe conaomiK tone.j s'est tranafonnà en cA;<¥>pnKA«r est dériv* d'«|ipnwte;U n'est pas besoin de U loosue discunloa qne te Iccimr rencontrera plus loin. (h. ■■) ■ AP -I propre la mettre à ses pieds, et par conséquent sous ses yeux, pour qu'il la voie et la reconnoisse. Approuver une personne ou une chose, dans la signiTicalion d'éprouver, ce seroit les approcher de soi pour les voir et les connoitre, pour avoir l'idée de ce qu'elles sont et de ce qu'elles valent. Enlin, les approuver, dans le sens contraire à celui des verbes désapprouver, reprouver, ce seroit les juger agréables, utiles et bonnes, d'après l'idée quon peut s'en faire en les approchant de soi pour les vQir et les connoitre ; ou les approcher de soi, s'en approcher d'après une idée, un jugement qui pré- oeoeroit l'action d'approcher , et dont cette action seroit pour lors le signe et la conséquence. Notre conjecture sur le principe des significations et de la formation des verbes prouver, approuver, désap- prouver et reprouver, paroitra peut-être d'autant Plus vraisemblable, que nécessairement on se figure esprit opérant de même manière que le corps, et qu'un moyen aussi simple que naturel de voir et de connoitre corporellement, c'est d'approcher de soi les personnes ou les choses. De la, sans doute, l'identité de signiftcalion des verbes reprouver et reprocher. (Voy. Reprocheh et Repbodteb.) On trouve aussi qu'aprocner a signifié approuver dans le sens de prouver. (Voy. Approuver et Aprocber.) Aproche, subst. fém. Approche, action d'appro- cher. L'origine de ce moi aproche ou approche (1), eat sans doute la même que celle de la préposition cgtrob. (Voy. Aprob.) Si l'on fait réflexion que la préposition simple proche ne semble être adjectif et substantif, que parce qu'en disant ■ maisons pro- • ches de la rivière , un de mes proches, • on fait ellipse de qui sont, on reconnoitra la possibilité qu'approche soil réellement une préposition com- posée et de même origine qu'aprob, quoiqu'elle paroisse être un substantif dans notre langue. (Voy. Proche.) Il résulte de celle observation , qu'au moyen d'une métonymie par laquelle, en exprimant ce qui suit, on désigne ce qui précède, le mot apro- che ou approche, filt-il prépoàtion, peut avoir signifié comme substantif, le mouvement ou la position d'après lequel une personne ou une chose se trouve proi^e d'une autre. Ainsi, l'accep- tion encore usitée à'approcite, étoit la même que celle d'approchement , l'action d'approcher. (Voy. Aprocheb.) IJe Ik, on a nommé aproches en général, une aproche d'assiète, les tranchées et autres travaux pfir lesquels on approchoit du corps d'une place qu'on assiégeoit ; les machines et l'artillerie qu'on approchoit des murailles de celle place, ou avec lâ^uelles on s'en approchoit. . Firent de grans eacarmoacbes A9 -' p. 451.) • Krent leurs ap;mwh«mens les François, ■ et assortirent canons et bomtwrdes ; et firent de < grands aj^mmchenuiu de jour et de nuit, tant ■ qu'à la Rn les Anglois, etc. ■ (Al. Ghartier, Hist. de Charles VI et Charles TU, p. 133.) Si forsut Uti upprouehemetu A jeHcr bombanfea, cbw»s ; Et moolt diTers bftbiUsnens Bnfln, le mot approehement signltloit le lieu, la position où l'on se trouvott après s'être approché, Vétre tvancé, lorsqu'on disoit : ■ Ha approchèrent • coDtreMUlxdelacité.... tellement que on pouTdit • jetter une pierre, de Y approehement d'iceux Fran- ■ çois, dedens la dicte cite. ■ (AI. Chartier, Hist. de Charles VI et Charles VII, p. 113. — Voy. Apkockb.) TARUHTES : IPHOCHEHENT. S> Beni. Senn. tr. HSS. p. M. APPftOCBUum. Cotonve, Oudin, Bob. EstiBOoe, Iticot «1 Kraet, Dict. IrnuiCCHKMKNT. AL ChftTtler, HLst. de Charles VI, p. 133. AffoCKMKNT. Livres des Hois, HS. des Cktrdd. foL sS. jLEBoncHDiBKi. Vigil. de Cbsrlee VII, part, i, p. SS5. APBOOCBftE. Vlgil. de Cbarlea VII, part, n, p. 86. Aprocher, verbe. Approcher, s'approcher; avancer, s'avancer. Approcher, rendre proche. Assigneràcomparoir. Rapprocher, Taire reconnoltre. Prouver. On peut voir à l'article aprob, comment il est possible que de la préposition latine propè, c'est- à-dire pro pedibus, anle peàes, on ait lorméla pré- position fraaçoise proche , d'oCi natt le verbe apro- cher, que par le changement très ordinaire de la voyelle o en ou, en u et même en e muet , on pro- Jtonçoii aproucher, aprucher, aprecher, etc. L'ortho- graphe aperchier ou apercher, est conforme à la prononciation adoucie de pre dans aprecher. On ajoute, qu'en certaines provinces le peuple prononce encore aprecher, et avec un e ouvert aprescher. Enfla, l'aspiration h à laquelle les anciens Francs, fntr'autres peuples, ont substitué ch, se changeant très fréquemment en s dans toutes les langues, il est probable que pour aprescher l'on aura écrit tpresêer. On a observé ailleurs pourquoi cette variation d'orthographe du verbe aprocher est sou- vent peu facile à distinguer du verbe apresser formé i^apré*. (Voy. Apresser.) Le sens littéral de la préposition latine propè, en françois proche, étant reconnu, l'on aperçoit par quelle analogie le verbe aprocher ou approcher u signifié et signifie encore une idée générale de mouvement et de position , au moyen desquels on se trouve près, auprès d'une personne ou d'une chose, devant, à côte, etc. (Voy. Apboismeh.) Il est évidentque dansle verbe composé aprocher, la çréposHiou a est de même énergie qu'en cette ancienne expression * procher à une personne, se ■ procbar à elle, » lorsqu'on dit Vapproeher. (Voy. Pbochéb.] ■ Saulsuraalances'apuiout;elescurres, ■. e. l'esobi^e des Cbevalers Yaprucout, etc. ■ (Livres- d«R Rofe, is. des Cordel. fol. 41, R'col. f.) <1> Table. -iw. AT ■ SelecerTestfrovë, MVaprouehe mie. > (Modus elRacio, us. fol. 26, V'.l On ezprimoit deax fois un rapport sofdsammeilt indiqué par la préposition initiale à'aproeher, en disant aprocher à une personne, ô nne chose. • Por ceu vint en cest mundc li soloz dejuslioe..'. ■ ketnitcil k'enlamiaeit vorroient estre, aproehe»- • sent à lui. • (S' Bem. Serm. fr. «ss. p. 71.") - Aproeheons à la taule (1), et d'un chascan de ces ■ maz assaverons {%. • (id. ibid. p. 350.) • Lï Pm^ ■ veire k\ sacreflouent es munz, ne se aprachoueiU ■ pas al altel Nosire Seigneur en Jérusalem.-* (Livres des Bois , ms. des Cordel. fol. 151 , R' co). 1.) Cest avec même inutilité qu'en substituant vert ou d^ à cette seconde préposition à, l'on a dit; • Cume Collas vers David apruçad, David cnrut ■ encontre. • [Livres des Rois, m. des Cordel. M: 33.) < La Dame aprescad vers celé compaignie. > (Ibid.fol.33.). David vers le Reis s'ap^MCAod, etc. • (Ibid. fol. 32, R* col. 1.) . . . Tant par grâce e'apreêia D« nous, qa'ea Iut nous eimexa, SansiamaH tttire départie. J. da Hnio. TeH, Wl l£il-l»S. Dans un sens relatif à l'idée du mouvement par lequel on aproche en s'avançant vers les personnes ou vers les choses, on a dit flgurément : ■ Li termes ■ del coronement a/iroifa, et fu coronez, etc. ■ (Villehard, p. 108.) - Ala totejor parmi la forest.... ■ et quant il vit que li vespres aperçoit, si comeoça . à plorer. ■ (Fabl. «s. du R. n- 7989, fol. 78.) Quoique ce verbe désigne encore aujourd'hui l'approche du temps et des événemens qu'il amène à sa suite, on ne diroit plus dans la signiUcatioa active d'avapcer, qu'on « approche une affaire, ua ■ voyage, etc. » (voy, Ord. T. I, p. 643. — Ger. d» Nevers, part, i, p. 102, etc.) Dans la signification d'approcher, faire qu'uoa personne ou qu'une chose soit proche d'une antre', on a désigné la familiarité, la faveur auxquelles on> étoit admis auprès de son maître, en disant qu'oâ en étoit aproché. • Le Trésorier Robertel . . . goù- ■ vernoit tout le Royaume ; car depuis que M. le • Légal d'Amboise mourut, c'estoit l'homme le plus « aproché de son maistre. » {Mém. de Rob. de la Marck, Seigneur de Fleuranges, «s. p. 218.) Une façon très- naturelle de comparer les person- nes ou les choses, c'est de les approcher, de poser ou mettre l'une devant l'autre, de mettre l'une 6 côté, auprès de l'autre. De là, on a dit : • Ce ne sont • certes que roses de voslre accident, si vous « i'aprochez et en faictes comparaison avec ma for- « tune. » (L'Amant ressosc. p. 501. — Voy. Aprophibr.) Sans doute que relativement à la même accap- lion, le verbe aprocher aura signifié en style de procédure encore usité dans la plaidoirie Normande, assigner quelqu'un à comparoir devant un Juge, le mettre en Justice, le mettre pour ainsi dire devant le Juge. > Quenoz Bailliz, Prevoz et autres Justi- • ciers, de leur volonté ne de leur office, ne puis- AP - « sent aucun approcMer sans atican fait, détenir, ■ ne emprisonner. > (Ord. T. 1, p. 562.) ■ Que au- v cuQs ne soit approchiez d'office, sans information • «ouRlsant. > [Ibid. T. H, p. 407.) On indiquoit la raison de l'assignation à compa- roir devant un Juge, en disant qu'on aprochoit une personne sur le fait d'usure , qu'on . l'aprochoit ■ d'un fait en général, qu'on Vaprochoit de comp- • 1er, d'al)u5er d'un privilège, etc. ■• (Voy. Ord. T. I, p. 299. — Coût. gén. T. I, p. 1043. — Ord. T. i, p. 775. — La Thaumassière, Coutume de Berry, p. 430, etc.) • Aucun des Hestres ne pourra aucune • personne appi'ochier de ce dont la congnoissance ■ li appartiendra, iusques à tant qu'il en soit bien « enfourmé. » (Ord. T. II, p. 246.) Peut-être aussi qu'en plusieurs cas judiciaires ou non judiciaires, « aprocher d'un fait » la per- sonne qu'on soupçonnoit ou qu'on savoit en être coupable, c'étoit en quelque sorte la rapproclier de ce même fait, le lui faire reconnoltre en la rappro- chant des lieux, des temps et des circonstances qui prouvoient qu'elle en étoit coupable. • Que l'en ne • paisse, en cas de crime, aller encontre les Nobles ■ par dénonciation, ne par soupeçon, ne eus juger ■ ne condampner par enquestes, se il ne s'y met- ■ tent; jaçoil . . . que la souspeçon pourroit estre « sigrantetsi notoire que li souspeconnez contre • qui la dénonciation seroit faite, devroit demeurer ■ en l'hostel de son Seigneur... une quarantaine.... ■ et se en ce termine aucun ne l'approchait du • fait, etc. • (Ord. T. I, p. 558.) • Leur plaise mons- • trer au Roy que il ne veuille se esmovoir envers ■ Monseigneur, ne tant Vaprocher de ce qu'il tient ■ desAngloisen sa conipaignie. > (D. Lobineau, Hist. de Bret. T. II, pr. col. 581.) C'est au contraire léfaitqui est rapjorocfte et mis sous les yeux du coupable, lorsqu'on le lui reproche. (Voy. ItApaocHEB et Reprocher.) Enfin, ■ approcher son droit, » c'étoit le prouver, le mettre sous les yeux de celui à qui on vouloit en faire connoîlre la justice. - Enseigner ceaus que • mester en auront, et auront droit et le requerront, • de savoir le aprochier et desreigner ; et à ceaua ■ à qui l'on requerra ce que est lor droit, de savoir ■ les esloigner et defTendre. ■ (Assises de Jérusa- lem, chap. V, p. 16. — Voy. Apbob.) GonjuG. Âprecerum, iad. f. Approcherons. (Livres des R.) Apretçad et Apreschad, passé déf. Approcha. (Ib.) Aprochessent, sub. imp. Approchassent. (S'Beru.) Apruchamus, passé déf. Approchâmes. (Liv. desR.) Apruchouent, ind. Imp. Approchoient. (Ibid.) Aprucied, part. Approché. (Ibid. fol. 130, R-.} Âprucoud, ind. imp. ApprochoiL (Ibid. fo). 41. vABiAirrES : APROCHER. S- Bern. Sorm. fr. MSS. p. 71. àPERCKH. Fabl. HS. du R. n< 7969, foi: 78, \' col. S. Apsuchier. Hodua et Racio, HS. lol. 163, V*. . Apprewer. J. de Heun, Test, vers 1351, etc. (1> 8- AP Approcher. Ortb. aubaist. - Bob. Eatianne , Nicot et Honet, Dict. Apphocbier. Ord. T. I, p. 563, etc. Approuchbr. J. Haret, p. 57, etc. Approuchibh. Ord. T. III, p. 138, etc. Aprbscer. Livres des Bois, US. des CordeL foL 33, V*. Apbbschbr. Ibid. toi. 32, R° col. 1. Aprocbr. Villehard. p. S5. Aprochier. Assises de Jârusalem, ctup. v, p. 16, etc. Aproicer. ViUehard, p. lOB. AproucheB- Modu8 et Racio, MS. fol. 36, V», etc. Aprouchier. EuBt. Desch. Poës. MSS. p. 181, col. 1, etc. Aprucer. lÀvns des Rois, MS. des Cordel. fol. S3, R* coL S. Apruchbr. Ibid. fol. 53, R° cet. 2. Apruchier. ModuB et Racio, HS. fol. 33S V>. Aprugier. LivrBadesHoEs,MS.desCordel.rol.130,R*col. s. Apruecher. Fabl. MS. du R. a' 7218, foL 13, B° cot. 1. Aprolsincr, verbe. Approcher, s'approcher. Lorsqu'on sait que de pro;jJ les Latins ont fait le superlatif proximè, d'où le verbe approximare, en françois aproismer, aprismer, apritner, apremier, apermer, on ne s'étonne plus, qu'abstraction faite de l'idée superlative, le verbe aproismer, de même origine qu' aprocher, ait eu même signiflcatioa. Aussi disoit-on indifféremment aprocher ou aprois- mer les personnes et teschoses, aprocher ou aprois- mer à elles, s'aprocher ou s'aproismer d'elles, etc. (Voy, Aprishement et ApnocnER.) La Dame, quant le vit venir, Isneleroent prenl à fuir; Le S> hom le vait encauchant, Auques le va jA aproiamanl. Via da S" Xiila â^pl. HS. d» Sorti. cUf. Ln. aH. M. Tout U moianet (1) dehors estoient Qui au blé aproUmier n'osoieDt. BHUdn.llS. du R. n- 7089, Ibl. IM. V Ml. <, Ul. 83. Delez l'embuchement passèrent ; Uës onquea point n'i apemiérenî. Alhb, MS. fbl. es, R- cel. 1. Et empoisonne et envenycne Tout homme qui de luv a'aprimt. Rom. d* la ttOM, nn I74U at ITiâS. Au figuré,' s'fl/jrimer aux raisons » de quelqu'un, c'étoit approcher de lui par la façon de sentir et de raisonner, se rapprocher du sentiment d'après lequel il raisonnoit. • Les raisons qu'ilz y mettent ■ sont moult courtoises; et toutesfois je ne m'y • pourroye pourtant apritner : car l'ardeur de mon ■ amour, etc. . [Percef. Vol. Vi, fol. 102, V- col. 2.) C'est encore relativement à la signification pro- pre d'approcher deux personnes l'une de l'autre, qu'on a dit : A tant leva un mal laleni Entre les pères aa enfanz... ( Caste chose ilat destorber Les deuB enfani à aasemhler, D'eus aprimer par mariage. P]Tsiiaelliili«,ll3.daS. S.G Germ. foL 196, R« col. 1. Acte. Hist. de la Toison d'or. Vol. II, fol. 139, R<» col. 2. Ate. Atbis, MS. fol. 72, R« col. 1. Aquitaine, adj. fém. Terme de Droit. On observe qu'Aquilius Gallus, contemporain de Gice- fon et son ami, fut Tauteur d'une espèce de stipu- lation que par cette raison les Jurisconsultes fran- fois du xiv® siècle, à Timitation des Jurisconsultes romains, nommoient aquilaine, en latin aquiliana. Quelle que fût la cause d'une ancienne obligation litigieuse, quelle qu'en fût Tincerlitude, ou fixoit cette obligation par la stipulation aquitaine, qui la changeoit d'ailleurs en une obligation nouvelle et verbale dont on étoit quitte et libéré par Tacceptila- tion. « Par stipulation aquitaine les obligations et « actions de toutes choses estoient transférées en « stipulation et novées, et ladite stipulation estoit • périmée par Tacceptilation. » (Bouteiller, Som. rur. Liv. I, tit. xli, p. 309.) • Transaction de nou- aquilant (3) « velle stipulation, que les Ctercs appellent stimi- « lation aquitaine,... chose incertaine met en obli- « gation certaine par lien de paroles. > (Id. tbid. p. 906.) « Moyennant certaine transaction que noos « fismes ensemble par acquilaine stipulatioiju qu'il « m'en promist à rendre,.-, je fis à celui quittance, « et luy promis que rien ne luy demanderoy-ie. » (Id. ibid. p. 306.) VARIANTES : AQUILAINB. Bouteiller, Som. ror. liv. I, tit. xli, p. SOS. ACQUILAIMB. Id. ibid. p. 306. Aquilanty adj. Bai ou vtte. (Voy. ÀQuiLOf .) Il est Srobable que relativement à la couleur du plumase e l'aigle, en latin aguila, ou bien à la vitesse de son vol, on aura désigné par l'adjectif a un cheval bai ou vite. Forqueres point le destrier aquUant Rom. d'AuSflry. MS. dlâ pv Da Cng^t urroient éclore, qu'on s'est persuadé que cette pierre attachée au haut de la jambe d*une femme, avançoit et facilitoit l'enfantement. (Cotgrave et Oudin, Dict. — Voy. Aquilant.) Ar, subst. Moitié. On observe qu'en langue Alle- mande, Angloise, Flamande, etc. le mot half signi* fie moitié; dans le sens général et étymologique indiqué par Skinner, partie d'un tout. (Voy. Junius, Etym. Anglic. — Skinner, Etym. ling. Anglic j Le changement réciproque de / en r et de r en /, étant commun à toutes les Langues, il seroit possible que ar fût une altération de ce mot half, prononcé et écrit sans aspiration et avec retranchement de la consonne sifflante f. On peut d'ailleurs fonder cette conjecture sur l'identité de signification, puisque dans l'expression Françoise et elliptique deux et ar(3), le mot ar signifie évidemment la môme chose que half dans l'expression Angloise « two pence and « half-peny; > c'est-à-dire deux sous et moitié de sou, deux sous et demi. La preuve est que dans les (1) Aates vient ici de adaptus, « bien justes ; 9 le mot se trouve déjà dans la Chanson de Roland en parlant de destriers, qui le fait venir du Toré 1651 et 3876 : < E lur cheval sunt curant e1 aatejt il ne peut signifier dans notre exemple rapide^ comme le croit Diez, nordique at. Dans la Chanson de Roland, même, il peut signifier maniabley bien dressé ; au vers suivant on voit, en effet, qu'on lâche les rônes aux chevaux ; il faut donc quUls soient dociles : enfin on ne peut dire qu*un cheval courant est presse, ce serait une tautologie trop naïve, (n. e.) — (2) Signifie brun, comme le latin aquilus, qu*on trouve déjà dans Plaute : < Staturâ non magnft, corpore aquilo : ipsa ea est. » (Paenus, V, 2,152.) (n. e.) — (3) Ne faudrait-il pas lire dgMaetoêf A$ signifierait un, comme au jBa4e dés. Oa trouve d'aiUeurs dans les mémoires de François de Soepeaux, publiés en 1757, au tome II, page 8 : c n demeura sur Theure en suspens, et, comme l'on diet,. entre deua et m. »• (m. r.) AU -î ffititrA d0 Batwlais, édition de Dolet, l'expression àx-bUDCS, c'est-à-dire deux sous et demi, répond à celle de deux £l or ea ce passage. ■ Aulx funé- ■ railles du Roy Charles, l'on avoil en plain marché ■ la toison pour deuiCÉÏar.. {Rabelais, T.II,p.l30.) Il est probableqùerelativemeotàl'idée de moitié, de partie d'un tout, on aura nommé pyllime de deux et ar, une espèce de rythme où deux ou trois lignes de semblable longueur et léonines étoient croisées par une autre lieme qui n'ayant qu'une partie de la longueur des précédentes, étoit sausdoute regardée comme demi-ligne, moitié de ligne. Voici un exem- ple de cette espèce de r^iiime : PiiDcea et noya qui estes hault moulez EU roysnmes, en duchez, en contei ; Du banK dÈgrâ fouit que, les pas comptez, Ou quei ong »nlt. Vous ctaées bas, sans que on Tous donne assault, etc. . Par abus de l'extension, l'espèce de rythme où ces deux ou trois premiers vers étoient croisés par un vers d'égale mesure, aura été aussi nommée rythme igideiixet ar. ■ Dae espèce de rythme... s'appelle > deux et ar, pour ce que deux ou trois lignes de • semblable longueur sont léonines, et celle qui • croyse est plus courte; ou de semblable Ion- • guear. > (Fabri, Art de Réttiorique, L. II, fol. 23.) Arabe, êubst. /e'm. Arabie. (Voy. Ahadiakt.) Pays d'Asie dont on altéroit le nom latin Arabia, en écri- vaot Araibe, Arabe, Arable, etc. EmAtita Ee de voTlu n'est pas petite, irâtbjcipe r'est aportée. Et Û'Arobe o ris est aie. U est possible que Arage soil formé i'Arabia, comme le mot rage du latin rabies, et que relative- ment à l'idée de l'Arabie heureuse si ricbe en mines d'or et d'argent, on ait désigné d'immenses riches- ses par l'expression grand trésor à' Arage (1]. li plus lice Eont si tenant ; Ce sont cil ki or vont (doant ; Parmi lor erant trésor d'Arage Muèrent d« bim et Tont & rage. JUc. PoëL tr MSS. (lui 13», T. IV, p. 13». TAAUHTES : ARABE. Karbodus, deGeimn. art. vin, col. tëVi. Arable. FabL MS. de S' Genn. fol. 1, R° col. 3. Ahagb. Ane. Poët. fr. HSS. avant 1300, T. IV, p. 1355. Akaibe. Harbodus, de Gemn. art. 1, col. 1640. IsiuBK. Ph. Mouakes, US. p. 134. Arabecb, adj. Qui est propre aux Arabes. C'est avec ellipse au substanlif langage, que Montaigne, parlant die aon éducation, disoit : ■ J'avois plus de > six ans avant que j'entendisse non plus de < François ou de Përigourdin, que â'Arabesque. > (Essais de Montaigne, T. I, p, 363.) lAongna hocba Nassardin : Si b • dit en son latin, (7e 69S7, fol. 308. Arrabien. Lanc. du Lac, T. 1, fol. 73, V* col. 1. Arabie, adj. Arabique. L'adjectif arabique, qui est aujourd'hui de tout genre, étoit anciennement le féminin d'arabtc. (Voy. Cot^ave, Dict.) Arabiois, adjectif. Qui est propre aux Arabes. (Voy. Arabecii.) > Salam, c'est Diex en la langu« • Arabioisse. • (Hist. de Cbarlemagne, hs. de la Clayette, p. 93, col. 2.) Arable, adjectif. Propre à être labouré, qui est (1) HfMMtnit m(enxAcrb!«Jra>a -le i s'est transforma en >', parce que la consonne précédente était douce: de même on - v«.-i.. «;:„ ,„ _■ re) On les trouve déjà dans l'anUquité gréco-romaine ; l'aro&wjue aro6e, d'ailleurs, enlrelac* des feuillages. (H. s.) AR -^-. 9o* ^^- AR labourable. Propre à labourer, qui est de labour. On a mille preuves que dans quantité de mots où la lettre flnale 8 est aujourd'hui le signe du nombre pluriel, cette lettre n'étoit anciennement qu'un caractère très-ordinaire de ressemblance entre la terminaison latine et la françoise. C'est ainsi, par exemple, que d'après le mot latin arabilis, on écri- voit au singulier arables. (Voy. Gloss. du P. Labbe, page 489.) Il y a sans doute moins de raison que de caprice à préférer l'expression terres labourables, à l'an- cienne expression terres arables^ qu'on trouve dans Gotgrave, Oudin, Nicot et Monet, Dict. (D. tobineau, Hist. de Paris, T. V, pr. p. 632, col. 1, etc.) Un de nos anciens Poètes, comparant la Vierge mère à une terre féconde sans labour, disoit qu'elle étoit terre non*ara6/^. (Voy. Arer.) Tu es la terre non arable. Vierge sacrée et vénérable : En toy s'est fait œuvre admirable, Oultre usaige de Nature, etc. Crétin, Po«t. p. ai et 83. Dans le second sens, on nommoit bœuf arable, un bœuf de labour, un bœuf propre au labourage. « Fit publier... que homme de guerre... ne fust si « faardy de tuer ny faire tuer bœuf arable ny vache « laictière. > (Mathieu de Coucy, Hist. de Charles VII, p. 610. — Voy. Aratoire.) VARIANTES : ARABLE. D. Lobineau, Hist. de Paris, T. V, pr. p. 632. Arables. Gloss. du P. Labbe, p. 489. Araule. d. Carpentier, S. Gl. f. de Du C. T. I, col. 268. Arage, subst. masc. Terre labourable. Terrage. Campagne. La signification de ce mot arage étoit la même que celle de Texpression terre arable, lorsqu'on disoit : « Arages seans en ban et ou « finage de ladite ville, etc. > (D. Carpentier, ubi supra; Tit. de 43-24. — Voy. Arable.) On doute qu'il signifie la même cbose dans un Titre de 1255, où on lit : « Ont donné et octroyé... « (luant que ils avoient... en tailles, en bans, en « justices grandes et petites, en plaiz généraux, « en araiges, en prez, en corvées, en terres gaigna- « blés, etc. » (Perard, Rec. pour THist. de Bourgo- Çne, p. 483.) Peut-être ces ara/fjres sont-ils des droits de terrage, de Tespèce de celui qui paroit indiqué dans une Charte d'afTranchissement en faveur des habitans de Bourlemontet de Frebecourt. « Devront « et paieront les habitans au Seigneur autant « Haraige comme de denré , de toutes labours « qu'ils feront es bans et finage de Boullaumonl et « de Frebecourt. » (Ord. T. VI, p. 631.) On sait que Tobligation de payer ce droit ài'arage (i) qu'en cer- taines Coutumes on nomme terrage, étoit une con- dition ordinaire des concessions de terres arables que les Seigneurs faisoient à leurs vassaux. 11 est possible que par extension de l'acception terre labourable, ce même mot arage ait signifié en général campagne où on laboure, et qu'en opposant la campagne à la ville, on ait dit : Li traïsoDS tout par tout meuce ;... Par coi n*o vile, n'o arage Nus ne veut faire mariage Por grant avoir ne por argent ; Ains le fait on por nonir gent. Ane. Poét. Fr. MSS, avant 1900, T. IV, p. 1911. Peut-être que soubmettre Yairage, c'étoit asservir les habitans de la campagne, les soumettre à quelque espèce de servitude aussi odieuse à l'humanité que nuisible à l'Agriculture. Qui Seignourir veult amiablement, Et en grâce tenir son héritage ; De tel doucour doit gouverner sa gent, Non pas contr'eulx user de divers lan|;aige. Eulx retranchier, et soubmettre (2) Yaxrage, Leur fait haïr tel dominacion, Le lieu fuir, etc. Eatt. Deach. Poêa. MSS. p. 90, col. I. Peut-être aussi que l'expression « soubmettre « Yairage, » désigne en ces vers les attentats de la grannie féodale contre la propriété des héritages, n a la preuve qu*airage, oe même origine que hérage, a signifié héritage. (Voy. Hérage.) VARIANTES : ARAGE. D. Caroentier, S. Gl. 1. de Du C. T. I. coL 986. ÂiRAGE. Eust. i)esch. Poês. MSS. p. 30, col. 1. * Araioe. Ord. T. VI, p. 631. Aragne, subst. fém. Araignée. Toile d'arai- |née. Espèce d'étoffe claire et légère. Treillis de nl-d'archal. Quelque différente que soit la termi- naison des noms aragne et aragnée, il est possible qu'il n'y ait aucune réalité dans la distinction que Honet semble indiquer, en opposant aragne, en latin araneus, à aragnée, en latin aranea (3). (Voy. Monet, Dict.) Il résulteroitde cette dislinction appa- rente, que le nom françois aragne, originairement masculin, auroit été fait du genre féminin, par une erreur dont la terminaison i'aragne peut être la cause. .... Viraigne ménagère, Filant ses rez à Tentour De la mouche passagère, etc. D. Florès â» Grèce. Epit. p. 8, ool. 1. Pour signifier que la Justice n'est inflexible et rigide que pour le coupable sans argent et sans faveur, on a dit : . . . Justice est la toUe de Vyraingne Qui ne retient que les poures chetis : Les grans larrons laisse aler et aplaine, En tous Estats et par tous les Pais. Eust. Deach. poës. MSS. p. 2S4, col. S. L'espèce de métonymie par laquelle le nom de Taraignée a signifié l'ouvrage même de cet insecte, une toile d'araignée, paroit d'autant plus naturelle, que le verbe hébreu dans lequel Ménage croit voir Torigine assez vraisemblable du nom aragne ou aragnée, en latin araneus ou aranea, en grec dçàxyfiy désigne l'opération de l'araignée qui tire de son corps la substance gommeuse dont elle forme (1) ou champart. — (2) Veut dire mettre au dernier xan^ le labourage : araae vient d'une forme araticum, devenue plus tard araaium, (N. s.) — (3) Aragne est l'animal même et vient d'aranea, avec l'accent sur ra ; araignée était primitivement la toile de Tinsecte et vient de araneata, avec Taccent sur at, (N. s.) AU . -< Ir Umq merreilleux de ses filets. (Toy. Mén^ie, Dict. étym. sa teot artunée. — Honet, Dict.) Oa sait que 16s fliandres, ces flls blaacs et loags qui volent en l'air dans les beaux joars d'automne, sont l'ou- vrace d'une espèce d'araignées vagabondes, plus petites et plus noiree que les antres. Les fils que ces araignées n'abandonnent pas an vent, elles les étendent sur les cbaumes, ou sur l'tierbe des prai- ries, en fonne de tissu, de crèpe qu'on nommoit araane, ■ La praerie... estoit ourdye et tissne • iariffne» que avoient ouvré les arignées, à la ■ donlcenr ae la nuyct et de l'aube du jour. ■ (^rcef. Vol. T, fo!. 72. — {Voy. Abantelles.) n est probable que dans un ancien compte de (bumîtures pour habillement de Cbevaliers et d'Ecuyers, Vyraingne (i) est uneespèce d'étoffe claire et légère, comme le crépon, le créoe ou le voile, et dont on comparait le tissu à celui ae Varanne, de la toile d'araignée. • Pour 151 aunes de brunette, en < plusieurs pièces, delà petitemoison de Louvain,... ■ pour 4 escarlates vermeilles de Bruxelles, ■ 2 yraingnet de la grant moison de Louvain, etc. ■ [Du Caoge, Gloss. lat. T. IV, col. 740.J Enfin, la toile de l'araignée des jardins est un liseu k claire voie, une espèce de réseau auquel on a comparé un treillis de 111 d'archal, < une contre- ■ vitre en treillis de fil d'annal, ■ lorsqu'on a dési- gné ce treillis par le nom de Varagne. • Si le ■ Haistre ft qui est la muraille en laquelle l'on veut ■ appuyer, a en icelle muraille fenestrages portant • bort, ferrures, ou yraigne,.... l'on ne pourra ■ sppuyer, n'antrement empesctier la veuedes dits « fenestrages. •(Coût. gén. T. II, p. 478. — Lau- rière, Gloss. du Dr. Fr. — Ménage, Dict. Etym. — llmet,Dict, — Voy. Aiugnas.) tâiuahtes : ABAGNE. Honat, Dict. ' AnuuoNK. CotsraveetOudin.IHct. AniziaNB. H«rUn Cocave, T. 11, p. 370. Abaionk. RAbelais, T. Iv, p. 9Q5. Akaikb. DocUiOBl de Sutience, td. 35, R'. Amome. Peroet. Vol. V, fol. 71, V* col. 1. AsimaNK. Cont. de Mets, aa nonv. Coût. gén. T. il, p. 433. Eraionk. Borel, Dict. Ihaonk. Contes d'Entrapel, p. ISt. Iraione. Coigrave, Dict. Traiqnb. CotgraTe et Borel, Dict. TiuiNaNK. Euat. Desch. Pofis. HSS. p. 5», col. 3. Aragnée, subst. fém. Araignée; Toile d'arai- -Cnée, etc. En latin aranea. Ces deux premières ^gniScations ne sont pas les seules qui soient communes au mot aragnée avec celui d'aro^n^. Ils dé^gnoient, l'un comme l'autre, > une contre-vitre ■ en treillis de fil d'archal, ■ un treillis de fil d'arcbal comparé au tissu, au réseau de l'araignée des jardins. ■ Battes et assiette de ventilions, ■ grilles, araignéeê du dehors delà fenestre... sont ■ signes et marques de servitude de jour. • (Coût. des* Hihiel, au nouv. Coût. gén. T. II, p. 1056. — Toy. Au«KE.} u Itarolt inutile de multiplier les preuves qu'au AK moyen de la comparaison, l'on a pu nommer araignes ou araignées, les choses qui oOlrent à l'ceil et à l'esprit quelque ressemblance avec la toile de raraigoee, ou avec la figure de l'araignée. (Voy. Ménage, Dict. étym. — Aubin, Dict. delà Marine, etc.) Arugnèk. Orth. Bubelst. - Nout. Coût. gén. T. n, p, lOBB. AfuONte. CotsTSTe, Oudin, Bob: Eatienne et Nicot.lîict AHHAONfcB. Nouv. Coût. gin. T. II, p. 1167, ccd. i. iRAioNte. ViUon, p. 8. InKGMB. Rom. d'Xudigier, HS. de S' Gerœ. foL 66. Tbaionie. GloBB. du P. Lebbe, p. 489. Aragnète, subst. fém. Petite araignée. Oimh nutif d'aragne. (Voy. Monet, Dict.) Aragneus, adjectif. Plein d'araignées. Plein de toiles d araignée. Propre à l'araignée. Semblable i la toile d'araignée. Qui se nourrit d'araign^. On trouve la première et la seconde signification de l'adjectif araigneus, en latin araneosus, dans Cotgrave et Oudio, Dict. (Voy. Araghb.) Il signifloit une chose propre à l'araignée, lorsque pour toile d'araignée on disoil toile yraigneuse. (Poës. de Loys le Caron, fol. 13. — Voy. Araegnkh). Dans le tableau qu'un Poëte du xvi' siècle a trace de la surprise de Mars et de Vénus épiés par Vnl- cain qui les enveloppe d'un filet invisible, le mot iraigneux exprime la ressemblarice fabuleuse de ce filet avec la toile, le filet dont l'araignée se sert pour arrêter sa proie. Celuy qtd a Teu le tour De l'iraittue meeD*gâre Filant ses rei à l'entoor De la moiiacho passagère ; n a veu Mars et Venue Eochalsnei à membres nudc. Et Vulcait guygnant auprès De son embueche iraigntuâe Qui la couple vargongneuse AUolt serrant de si près. D.Flari>diiarto.E(itt.p ~ " ' On a nommé figurément rets araigneux^ ce qu'en parlantd'une courtisane, on nommeroitaujourd'bui ses filets, aussi dangereux pour l'homme que le sont pour la mouche les filets de l'araignée. (Voy. Merlin Cocaie, T. Il, p. 61.) Enfin, la souris araigneuse, autrement la musa> raigne, en latin mus araneus , est un petit animal quadrupède qu'on a ainsi désigné, comme se nour- rissant d'araignées, et ressemblant à la souris par la grosseur et un museau alongé et pointu. (Col~ grave, Dict.) V&BIAKTES : ARAGNEUS. Mooet, Dict. AiHAiONEUX. Cotgrave, Dict Araiqneux Cotfnave et Oudln, Dict. Iraigneux. D. Florès de Grèce. Epit. p. S, col. 1. Thaiqneux. Po€s. de Loys le Caron, fol. 13, R*. Araignler, adj. masc. ad}, etêubst. fém. Pro- pre à l'araignée. Semblable à l'araignée. Semblable a la toile d'araignée. Membrane cristalline. Arach- noïde. Le premier sens de l'adjectif araignier, est ik HÀ le môme que celui A*araigneuSy dans Texpressioû toile aragneuse. (Cotgrave, Dict.) "Dans le second sens, on désignoit par ce môme ^ectif certaines choses qui avoient de la ressem- blance avec la figure de 1 araignée. (Cotgrave, Dict.) Il signifioit aussi la ressemblance d'une chose avec une toile d'araignée. (Voy. Aragnbus.). C'est par * ra raison de cette ressemblance que la tunique ou membrane dontquelques Anatomistes croient Thu- meur cristalline de Tœil immédiatement envelop- pée, a été nommée membrane ou tunique arai- guère. (Voy. Cotgrave, Dict.) > Delà, Tadjectifarati^n^V^ signifioit, avec ellipse du substantif, tunique araianère^ cette membrane oristalline qu'en terme d'Anatomie Ton nomme Arachnoïde. (Voy. Oudin, Dict.) YABIANTES : ARAIGNIER. Gotgrave, Dict. Araignère. Cotgrave et Oudin, Dict. Araim, 9ub8t, mmc. Airain. On reconnoit le mot latin œramen^ formé de œs , œris , dans l'an- eienne orthographe araim : orthographe qu'on il'avoit pas encore trouvée , lorsqu'on a réuni sous iSririj les vàrialions érain et arain. (Voyez ^Erin et Araine.) VARIANTES I ARAIM. Livres des Rois, MS. des CordeL fol. 72, R» col. 2. Areim. n)id. fol. 88, V» coL 1. Araine, subst. fém. Espèce de trompette ; Trom- pette. (Voy. Arain.] Les trompettes qu'on nommoit araineSy parce qu elles étoient à* arain ^ de cuivre jaune, paroissent avoir été distin^ées des trompes, comme l'on distingue aujourd'hui le clairon de la trompette. « Firent . • . huier trompes et arènes « sonner. » (Chron. S* Denys, Rec. des Hist. de Fr. T. III, p. 311.) é . . Lors oist tentir araines Qu'en fait par les deux oz sonner, Tàbours croistre, corz bondonner, Flagiex piper et trompes braire. G.Gnivt,lfS.foI.813,V*. ' Cette espèce de trompette, connue de nos anciens Historiens et Romanciers, étoit probablement un rclairon semblable à celui que les Portugais ont emprunté des Maures, faisant le dessus des cors, 'des buisines et des trompes ou trompettes qui son- Boient en taille ou en basse-contre, et que par cette raison Ton aura quelquefois nommé grosse aratn^. i « Firent sonner maintes trompettes et maint arai- ! « neSy et assemblèrent pour combattre. » (Hist. de| B. du Guesclin, par Ménard, p. 357.) I A fait ses cors bondir, Ses buisines soner, ses araineê tentir. i Rom. d'Alexandr», MS. dn R. n* 6067, foU i80, V* ool. 8. I ot comès et doucaines, Et trompes et grosses araines, déomad^, MS. dB Giigiwt, foL ee. V eoL 8. 'On conçoit au reste combien il est naturel que toute espèce de trompette de même métal que celle dont on a distingué souvent Téspècè particulière^ ait été désignée en général ^zr le mot araine. Ses arainnçs 0st haut sonner Pour les Flamens à estoum^r. Ph. Monskes. MS. p. 586. Lors si a fait sonner ses trompes A grans alainnes et à longes. Moult sonnèrent bien les arainnes, Id. p. 584. YARUNTES : ARAINE. Ph. Mouskes, MS. p. 987. Aaainnb. g. Guiart, MS. fol. 191, Rf. Areine. Fabl. MS. du R. n« 7615. fol. 191, R« col. 2. ARENE. Chron. S* D. Rec. des Hist. de Fr. T. m, p. 311. Araire» subsL Instrument de labourage ; Char- rue ; Machine à labourer. (Voy. Afaire.) On aoupr çonne que les instrumens de labourage, qu*eii Bresse on nomme araires^ sont les instrumens dont les Lyonnois et les Languedociens composent leur araire. c*est-à-dire leur charrue ou autre machine sans roues propre à labourer. (Voy^^Laurière, Gloss. du Dr. Fr. — Dict. de Trévoux. — Cotgrave et Micot, Dict. — D. Carpenlier, Suppl. Glossaire latin de Du Gange, T. I, col. 270.) Ce mot araire encore usité dans plusieurs pro- vinces, avec la signiflcation de charrue ou autre machine à labourer, peut être aussi ancien daos notre langue que le verbe arer. (Voy. Arer.) On dé- signoit l'inutilité des efforts amoureux d'un jeune homme pour s'insinuer dans un cœur dur et insen- sible par fierté, en disant flgurément : Tu as en dure terre enroyé ton areret ; Tu deusses amer ûlle d'une commère. Fabl. MS. do R. n* 7218, fol. 345, V ool. S. n est très probable gue relativement à l'idée ^e contre, partie essentielle de Yaraire, de la charrue, on aura dit que Yaraire vaut peu sans le contre (1), pour signifier une expédition impossible sans le secours essentiel d'un Chef. On croit qu'au lieu i*afaire8 il faut lire araires dans ce vers : Peu vaut Vaf aires sans le coutre. Ph. Monikes, MS. p. 196. YAJUANTES ' ÂHAIRE. Cotffrave. Nicot et Monet, Dict. Arerk. Fabl. MS. du R. n» 7218, foL 345, V» col. 1 ÂAEYRE. D. Carpentier, S. Gl. 1. de Du G. T. I, coL 270. Araisnement, subst. masc. Action de parler, d'adresser la parole; entretien, conversation. Signi- fication analogue à celle du verbe araisonner ou ataisner^ parler, s'entretenir, converser. (Voyez Araisonmer.) vamantes: ARAISNEMENT. S* Bem. Serm. ît, MSS. n. 140. Abraibonnembnt. Cotgrave, Oudin, Nicot et Monet, Dict. Araisneour, subst. masc. Raisonneur, parleur. Celui <}ui perd à raisonner, à parler, un temps qu*4l emploieroit mieux à agir. Telle étoit la signification . A*araisneaur, lorsqu'on faisoit reloge de la valeur active d'une Nation, en disant : Onques en lor contrée n'ot un araisne(mr ? '• Ains s* fièi^nt de près, o les brans de coiilor.(8y« Rom. d'Aleumdre, MS. du R. nr eW7, foL 476, R* ooL 9. (1) Varaire, en effet, n'a pas de roues, (n. b.) - (2) avec les êpèes étîncolantes. (N^i.) ^ ->^- AP Aralsnlement, adv. Avec opiniâlreté d'idées ; avec une volonté opiniâtre, (voy. Arâisonner.) Signi- fication relative à celle du verbe arai$onner dans l'expression s* arâisonner à une chose , la vouloir. Gilh ne sot pas quH covenist Rechivoir son commandement ; Si U dist araisniement Ke mie ne le laieserolt. Lef nrFIU«leIloy.llS.d0Taria,roU 88, R*. Aralsonner, verbe. Questionner, interroger, demander des raisons. Parler, converser, s'entre- 'lenir, donner des raisons, les détailler. Sommer, accuser. Intenter et poursuivre une action. Appré- cier. Etre ou devenir raisonnable. Vouloir une chose, s'y préparer. On ne peut juger, ni parler raisQpn^blement des choses transmises à l'âme par le moven des sens, qu'autant qu'elles y existent en idée, telles qu'elles existent en réalité dans la Na- ture. La conformité de cette existence idéale des diosès avec leur existence physique , est ce qu'on 'lifbmme raison, en latin ratio : terme abstrait dont, ' on trouve l'origine dans raf us, participe du verbe latin teor formé du substantif générique res , en fraaçbis chose. Ainsi, notre vert^ françois raison- iter, de même origine et même acception que le tatin reri, signifiera littéralement réaliser en idée, fldre Qu'une chose existe en idée, comme elle existe ta râlité ; assimiler à l'existence physique des dufe^ leur existence idéale, la voir et la juger tônforme ; exprimer cette conformité d'existence, la faire voir, la rendre sensible , la foire connoître aux autres par la parole , qui représente plus ou moins fidèlement les idées, comme les idées repré- sentent les choses. (Voy. Raison et Raisonner.) Se là, l'ancien verbe composé arâisonner, par contraction araisner, arainer, signifloit question- lier, interroger, etc. presser quelqu'un de parler, de faire connoître en parlant, en répondant à une ?[uestion, à une interrogation, quelles idées il se ait des choses, quelles sont les raisons de sa façon de sentir, de penser ou d'agir. « Sis màriz Belehana « le areisuna, si li dist : nur quel plures ? > (Livres des Rois, ms. des Cordel. roi. 2, R*» col. 1.) (1) Ne se Tlelt ore plus celer ; Ains va le Roi arraisoner. Rois, fait-il, c'as-tu enpensé? Vie de S** Girtheriae, MS. de Sorb. cfaiff. LX, col. 59. . Quant je la veoie, Le pooir dés membres perdoie. Qui itke vousist {uresoner. Ne li peusse mot soner. FabL MS. du R. n* 7218, fol. 356. V col. S. De toutes pars je fuz environné Des assiatans, et d*eulx arraisonné Que je queroys, et qui vers eux me meine. Failoe. p. 18. Lorsqu'on éioii moins empressé de connoître les idées des autres que de leur faire connoître les siennes, arâisonner une personne, ou s'araisonner avec elle, c*étoit lui parler, lui adresser la parole ; i raisonner avec elle, lui exprimer une sensation, en f variant, en conversant, en s'entrelenant avec elle, ui peindre l'idée qu'on se faisoit de la chose qu'on sentoit, et dont on lui parle it. (Voy. AjiAisfiEMEMT:) < Nous arainons ceos ki vrai Geu (2) sunt, ceos qtii « snnt semence Abraham. > (S' Bernard, Serm. 1^. Mss. p. 57.) < La pucelle... avoit grant merveiliiés « pour quoy le Bachelier ne Yarraisonnoit ; car à « son advis il devoit premièrement emprendre la « parole. » (Percef. Vol. VI, fol. 42, R* col. 1.) « S'arraisonnanfavecle Prince, lui demanda, etc: > (Nuits de Strapar. T. II, p. 209.) Ne desprisiez pas poure gent ; Mes aremiez les doucement. Qui rien ne lor done del sien, Si lor fet li blaus paders bien. F«bl. Ma. da R. a* 7218. fol. ISO. R* col. i. Dans la signiflcation de parler d'une chose à quelqu'un, on disoit Varaisonner d'une chose. Durement me doi merveiUer Que m'oses de cou araisnier, FabL MS. du R. n* 7989, fol. 07, R* col. 1. Il seroit heureux en amour de toujours croire aux sermens des femmes; on croiroit toujours^à leur fidélité. > Qui d*amors les araisonnast, N'i a cèle qui ne jurast, S*U fust qui croire Ten vousist, Que onques n'i mesprist. Fièl. 16. da R. n« 7615. fd. 414. R* eol. 1 . Cet ancien verbe àraisonner ou arraisonner, dont Dfézeray faisoit encore usage, a longtemps subsisté dans notre langue avec la signification de parler (3). • Faunus, le prince des bocages,... m'ha souvent « arraisonné d'amours, sans effect de sa prière.. » (J. Le Maire, illustr. des Gaules, L. I, p. 77. — Voy. Nicot et Monet, Dict. — Dicl. de Trévoux.) Quelquefois arâisonner un choix, arâisonner un fait, c'eloit exprimer le rapport de ce fait, de ce choix, à l'idée qui l'avoit déterminé, en faire con- noître les raisons, les détailler. « Les occasions font « aucunes fois les causes piteuses , qui amolissent « les Juges qui font les /iitcf z- arraisonner. » (Percef. Vol. VI, fol. 69, V" col. 2.) « Charles le Sage ayant « fait mettre sur un carreau de veloux un sceptre et « une couronne d'or, et sur un autre un armet et « une espée, commanda à son flis, Dauphin de € France, de Choisir l'un ou l'autre ; lequel promp- « tement courut à l'espée et à i'armet, avec ceste « repartie araisonnant son choix, q ue c'estoit l'espée « qui conqueroit et maintenoit les couronnes et les ^ sceptres. » (Savaron, Espée françoise, p. 8 et 9.) En sommant une personne de faire, ou de réparer une chose qu'on exige d'elle, ou qu'on lui reproche, en la sommant de comparoitre devant le Juge, en l'accusant, on la presse de parler, de faire connoître les raisons avec lesquelles elle prétend se défendre, et l'on fait connoître celles avec lesquelles on persiste à la poursuivre. Il est donc possible que, relative- (1) Dans la Chanson de Roland : t Mult fièrement Carie en araisunet (vers 3536). » (n. e.) - (2) Juifs. — (3) Saint-Simon rauployajt encore : c Tandis que V arraisonnais M. le duc d*Orléans, le roi consultait et sa famiUe et son conseil. » (Edition de 1§â, ch. 247, p. 90e.>(N. K.) AR - ioo - AR ment aux acceptions indiquées, le verbe araUonner ou araisner ait signifié sommer de faire une chose, sommer de la réparer, sommer de dbmparottre devant le Juge, accuser, etc. « Ne fu nus qui les « osast contraindre, ne arrainier de rendre treu. > (Tenures de Littleton, fol. 85, V'.) « Si le frère pusné soit entré en l'héri- « tage son piere et hors de sa seisine eyt feffé ascun « estraunge, sur qui le frère eyné eyt arrainé assise « de mor dtauncestre, et cel tenaunt voche à garaunt « le frère pusné son feffour , et celuy veigne « garaunter,... pur ce ne remeyne mie rasise. » (Britton, des loix d'Angl. fol. 200, V% et 201, R\ U est évident que c'est relativement à l'idée qu'on se fait ou doit se faire des choses, qiïaraisonner la marchandise signifioit mettre un prix raisonnable à la marchandise, lapprécier conformément à l'idée de sa valeur réelle. (Voy. Cotgrave, Dict.) Lorsque la volonté d'une personne, les mouve- mens de son âme, ses passions, étoient ou devenoient conformes aux idées qu'elle devoit avoir des choses 3ui l'affectoient, aux vraies idées de prudence et e sagesse, on disoit que sa volonté estoit araison- née, que cette personne s' araisonnoit ou s^araisnoit. « Les jeunes pucelles ne regardoient pas fort à leur « voulenté qui n'estoit pas encore araisonnée. » (Percef. Vol. II, fol. 128, R» col. 2.) « Tous hommes < hors des premiers mouvemens, lesquels... durent < et tiennent aux uns plus, aux autres moins, se « peuvent modérer et arraisonner plus aisément. » (Montbourcher, des Gages de bataille, fol. 28, R*.) Tant pécha U mondes et foUa, Ke Dtex el siède envoi* Le dUuve ki nola Fors Noë ki eschapa... Par lui donc s^aresna^ Recrut et recommença lÀ mondes dès «lors en cha. Aoc. Poét. fr. IBS. •▼. iaOO, Ti n, p. 874 et 875. On veut une chose , on se prépare à la réaliser d'après une idée, une raison qui dirige la volpnté ou régare. De là, « s'arai^onner à faire une chose, » aura signifié vouloir faire une chose, s'y préparer conformément à ses idées. (Voy. ÂRAisiiiEifRifT.) Cil qui se arraisonne ou se fonde A parler d'amours tout au long, Simple est : car hom tout ne veit onc. QuttM et éêçmi d*Amoan» p. iîS, col. t. Et cils qui au parler s'orine. Les ûst venir en un tropel (3), Et dist : Dimence a bonne estrine, etc. rroiMart. Po«t. 1186. p. «8. Il est au moins vraisemblable qu'en ces vers l'orthographe ariner est une contraction du verbe araisonner, comme l'orthographe arainer qui, dans S' Bern. (Serm. fr. mss. p. 57,) répond au latin alloqui , interprété par arresiner dans le Gloss. du P. Labbe, où il faut lire aresnier. Si l'orthographe arranguier, en latin affari^ n'étoit pas dans le rnén^e Glossaire une faute pour arrangnier, on croiroit voir dans airainer^ arraigner ^ arranguier, contrac- tions et altérations i'araisonner^ l'origine de notre verbe haranguer (4). (Voy. Haranguer.) VARIANTES : âHAISONNBR. Cotgrave et Nicot, Dict. Araigner. Rom. de Perceval, MS. de B. n« 364, fol. S23. Araionibr. Etat des Offic. du D. de Bourgogne, p. 307. Arainer. S» Bern. Serm. fr. MSS. p. 57. Araisner. Eust. Desch. Poëe. MSâ. p. 236, col. 1. Araisnier. Cléomadès, MS. de Gaignat, fol. 38, V« col. 3. Araisoner. Laurière, Glosa, du Dr. fr. Arasoner. Anseis, MS. fol. il, V« col. 2. Areonier. Ane. Poës. fr. MS. du Vatican, n» 1522, fol. 162. Areisuner. Livres des Rois, MS. des Cordel. fol. 2, R». Arenibr. Chron. S* D. Rec. des Hist. de Fr. T. III, p. i^. Aresner. Athis, MS. fol. 120, R« col. 1. Aresnier. Ane. Poët. fr. MS. avant 1300, T. I, p. 304. Aresoner. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 361, V« col. 1. Aresonner. Athis, MS. fol. 71, R« col 2, etc. Ariner. Froiss. Poës. MSS. p. 293, col. 1. Arisner. Anseis, MS. fol. 59, V« col. 1. Arraioner. Tenures de Littleton, fol. 85. V». Arrainer. Britton, des Loix d*Anffl. fol. 192, V«. Arrainier. Chron. S* D. Rec. des Hist. de Fr. T. III, p. 157. Arraisoner. Vie de S** Cath. MS. de Sorb. chif. LX, col. 59. Arraisonner. Percef. Vol. VI, fol. 42, R« col. 1. Arranguier (peut-être Arrangnier.) Gl. du P. Lab. p. 487. Arranner. Britton, des Loix d'Ângl. fol. 112, V«. Arrayner. Id. Ibid. fol. 148, R«. Arraysonner. Rom. de la Rose, vers 2394. Arrbsiner (lisez Arresnier.) Gloss. du P. Labbe, p. 488. Arresner. Fabl. MS. de S* Germ. fol. 1, V« col. 2. Arantelles, subst. fém. plur. Filandres. On croit, d'après Tauteur du Spectacle de la Nature» gue les filandres qui volent en l'air dans les beaux jours de Tautomne, et qu'en Poitou Ton nomme (1) blâme. — (2) Possesseur d'un firanc tenement laissé à vie et à charge d*une rente. — (3) en une troupe, c*e6t-à^àire les rassembla, (n. e.) — (4) Il n'y a aucun rs^port entre ces deux mots : harangue vient de raillemaod rhing^ cercle ; pàrlfr à une assemblée rangée en cerôle. (n. b.) tranteUes, c'est-à-dire loUea à'aragne, sont l'ou- vraee d'une espèce d'araignée va^^boade. (Voyez AiuGtiE.]i Dans le cas où il seroit plus vrai de dire, avec le Seigneur du Fouilloux, que ■ les arantelles < ne sont point niées des areicnées, > la ressem- blance de ces filandres aux (Ils d'araignée, seroit la raison pour laquelle on les a nommés arantelles (1). < Ne faut pas s'airester à on las de resveurs qui • disent que, quantontrouvedesaranf£//e8 dedans « la forme du pied de ceif, c'est signe qu'il va de t hautes erres;.... car incessammentlesaranfe/fes • tombent du ciel et ne sont point lllécs des arei- « gnées: ce que j'ay vu par expérience d'un cerf • ani passoit & cent pas de uioy, là tii j'allay sou- • aainement voir ; je n'y sceu jamais estre à temps • que les filandres ou arantelles ne fussent tombées > oedans la forme du pied. > (Du Fouilloux, Vén. fol. 29.— Voy. Méo. Dict. étym. —Dicl.de Trévoux.) VARIANTES : ikRANTELX.ES. Du Fonilloux, Vëd. fol. 39, R*. AiuKTfcLES. Dict. de Trévoux. Arap, subst. mate. Acte de violence ; rapt, vol. On bit violence à la femme ou à la Qlle qu'on ravit, il l'homme dont on ravil le bien. Ainsi, arap peut avoir signiHé rapt, vol, en général acte de violence. (?oy. GIoss. sur les Coat. de Beauvoisis. — Du Cange, Gloss, lat. T. I, col. G23.] . Qui veaut appeller • homme i'arap ou de brisseure du chemin , ou de • force quel qu'elle soit, ou d'un marc d'argent ou ■ de plus, ou d'autre chose de quoi l'on perl vie ou ■ membre qui en est allaint ou prové, il doit, etc. » (Assises de Jérusalem, chap. cv, p. 8i.) ■ Se feme - qui ait baron veaut faire apeau de murtre, ou - d'omecide, ou â'arap, ou de brisseure de chemin, • ou de chose en que ait bataille, etc. > (Ibid. chap. t:ti. — Voyez Abapeb.) Araper, verbe. Prendre avec violence, avec force. Tenir, se tenir avec force et violence. 11 est évident qa'araper est un verbe tel qu'est en latin €rrii)ere, composé du verbe simple rapere , en françois ravir; qu'en le prononçant on exprime autant qu'on le peut avec l'organe de la voix , une idéedeviolence, de force, etc. ° LeSuppliantara^a • ledit Pierre au col et lui donna de la canivete ou • coustel qu'il tenoit en sa main. <• (D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Cange, au mot Arrapare; tit. de 1456.J Delà, ■ sarru/'er à unechose <> signirioit tenir fortement une chose, s'y tenir avec force et violence. ■ Guillaume.... s'arrapa à l'un des bras de la ditte • femme, en tirant à soy. • (Id. ibid. tit. de 1382.] L'analogie de la signification de ce verbe araper avec celle d'agrapper, agraffer [2), est d'autant plus <1) Arantetle* signifie encore loilâ d'araignËe ea Berry, et vieot de aranea et lela. Quoi qu'en dise du Pouilioux, les cerfe ont ordinairement aux pieds des filandres en forme de toile d'aruignèe. (n. e.) — Çl) Arapper a lo sens et l'étymologia i'agramier, agripper, agrafer; on avait déjà en bas- latin grappa (Voir L. Quiclierat, ÀadeiKta texicU lalinis), qui aaas doute vieotaacelts ou dti haut allemand, (n. e,)— <3) Nous écrirons maintenant arboièfa par un accent srave; l'accent circonflexe vaudrait mieoXjpuisqu'on écrit téie pour tetie. (n. e.) — (i) On les conotfissBit à ta fin du xi* siècle, comme le prouve le vera 396E> de la Cbanson de Roland : i D'un (coi-r. plus qu') ai-cbaUaie ne poet traire un quarrel. a Le moine Richer en parle et eues aont représentées duns des miniatures du temps de Louis d'Outremer ; les armées romaines du Bas-Empire ea Arent anatf tuage. (n. e.) i- Aa naturelle, qne l'expression vocale et imitative des choses et des idées est le principe général de la formation d'une inllnité de mots communs à diffé^ rentes langues. (Voy. Agbaffkb.) VARIANTE! ARAPER. D. Carpentiar. S. GL b Aruaper. Id. ibid. tit. de 1389. Aratoire, adj. Propre à labourer, qui est de labour. Dans plusieurs Coutumes, les bœufs ara- toires sont les bœufs qu'on nommoit quelquefois arables ou bœufsd'are'c. (Coût, de Marsan, au nouv. Coût. gén. T. IV. p. 907. —Coût, de S' Sever, ibid. p. 928. — Du Cange, Gloss. lat. T. 1, col. -1246. — Voyez Arable et Arëe.) Arbaleste, subst. fém. Arbalâte (3) ; Batiste. Por- , tée d'arbalète. Arbalétrier. On décomposoit le nom i'.arbateste ou à'arbaleslre, formé A'arcus et balista, en françois arc et batiste, lorsqu'on escrivoit arc à baleste, ou arcq à balest}-e. • Soubs le nom de ■ bâtons d'armes emolues, sont compris arcq à ■ balestre, arcq à la main, etc. ° (Coût, de Hainaut, au nouv. Coût. gén. T. II, p. 60.) L'arbaleste portative étoil un arc de. bois, de corne ou d'acier, monté sur un fût que la corde de l'arc débandé coupoit à angles droits. On peut voir la figure de celle espèce â' arbaleste que le P. Daniel, (Mil. Fr. T. I, p. 407,) a fait graver d'après un mo- nument du m* ou du UNI- siècle, où étoit représenté uii piéton arbaleslrier avec son armure- Il paroit que la corde de l'arc se tendoit avec ia main, et que Pour l'amener plus facilement au point où il falloit arrêter, on mettoit le pied et quelquefois les deux pieds, dans l'espèce d'élrier qui est à l'extrémité supérieure du fust de l'arbaleste. (Voy. le P. Daniel, ubi supra. — Fauchet, Milice Fr. p. 121. — Philipp. L. VII, p. 312.) Telles furent sans doute les premières arbalesles portatives , dont l'usage eu France remonte au commencement du xii' siècle (4). C'est avec une nom- breuse troupe d'Archers et d'Arbalestriers. en latin ' cum magttd militari Sagittariû manu et DaJista- « riâ, » que Louis VI attaque Drogon de Monchy. On retrouve ces Archers et Arbalestriers à l'attuque et défense du château de Gournay assiégé par ce Prince, qui occupa les premières années de son règne à réprimer les violences de ses Vassaux rebelles. ■ Repellentes repellere iusistunt, balistarios et • sagittarios jacerecompellunt. •> (Du Cbesne, Hist. Franc. Script. T. IV, p. 28i, 291, etc.) Il résulte de ces passages, relatifs à l'histoire des premièies années du règne de Louis VI, parvenu à la couronne en 1108, que l'usage des arbalesles étoit connu dès le commencement du su' siècle, et Aja ^1^=- AR que par conséquent l'époque de ce môme usage en France, touche à celle de la première Croisade qui finit en 1099. Peut-être que la forme de Yarbaleste portative, moins simple que celle de Tare, étoit une invention des Infidèles ; et qu'en se défendant contre les Chrétiens, ils leur apprirent de quelle utilité pouvoit être à la guerre cette arme offensive et meurtrière, dont le second concile de Lalran, tenu Tan 1139, sous le pontificat d'Innocent II, anathématisa l'usage, deux ans après Tavénement ifle Louis VU au trône. « Artem illam mortiferam et « Deo odibilem Ballislrariorum et Sagittariorum « adversùs Christianos et Catholicos exerceri de « celero sub anathemate prohibemus. » (Harduini concil. T. VI, part, n, col. 1214.) Quelque prompte qu'ait été la soumission des François à l'autorité de ce Concile, qui semble réserver pour les Infidèles une arme dont il n'in- terdit Tusage odieux qu'entre les Chrétiens, il est .peu probable que quarante ou cinquante ans après le iaécret du pape Innocent II, au commencement du règne de Philippe-Auguste, cette arme fût inconnue en France; et tellement inconnue, que dans ses (armées il n'y avoit pas un seul homme qui sût faire :.usagederar6a/es^^. Ce témoignage de Guillaume le Breton, Poète historien de Philippe- Auguste , . prouve seulement qu'alors les François respectoient encore l'autorité apostolique, à laquelle ils a voient sans doute obéi sous le règne de Louis VII, depuis 1139 jusqu'en 1180, année de la mort de ce Prince. Mais au retour de la Croisade entreprise l'an 1188, la guerre ayant duré quelques années entre la France et l'Angleterre, Philippe-Auguste parut forcé de partager la désobéissance de Richard, Cœur-de- lion, qui sans crainte de l'anathème fulminé par le Pape, avoit renouvelé l'usage de Yarbaleste qui lui fût fatale à lui-même. Il mourut en 1199, d'un coup de flèche tiré, par un Arbalestrier. C'est une de ces remarques qui ne prouvent rien, et qu'on aime à faire parce qu'on aime le merveilleux. (Voy. le P. Daniel, Hist. de la Mil. Fr. T. II, p. 424-426.) Le commencement du xiii* siècle est donc Tépo- que à laquelle on peut fixer l'usage constant des arbalestes; usage que les François avoient pris, laissé et repris dans le cours du siècle précédent. Il paroît que le zèle d'Innocent III, pour ta conser- vation du peuple Chrétien, n'étoit pas moins ennemi des Arbalestriers que celui de son prédécesseur Innocent II, qui les avoit frappés d'anathème. Dans le quatrième concile de Latran tenu Tan 1215, il les appelle des hommes de sang. « Nullus quoque « clericusruptariis(l),autbalistariis,authujusmodi « viris sanguinum prœponatur. »» (Harduini concil. T. VII, col. 33.) On voit dans ce Concile une preuve que Philippe-Auguste continuoit, au commencement (i) Routiers ; c'était leur beau temps ; Philippe-Âug:uste en prit à son chefs, Cadoc, fut créé baiUi de Gisors. (n. e.) — (2) Uarbalète alors en Avant Saint-Louis, on employait V arbalète à tour^ mécanisme disposé le long de Tarme et qui dispensait de la renverser, Suand on tendait la corde, (n. e.) — (3) On peut voir à la page 24i ae VHistoire du Costume, de M. Qnicherat, un. arbalétrier e 1375 environ (B. N. MS. fr. 2813), armant une arbalète a étrier, (n. e.) — (4) au xv* siècle, on employatt les arbalètes à tilloles, mot qui parait signifier poulie; c'était Varbalète à tour transformée. (Voir Quicherat, L c, p. 906.) (n. B.) du xïir siècle, l'usage de Yarbaleste, <ïu'à la (In du XIV il avoit renouvelé à l'imitation de Richard, roi d'Angleterre. Cet usage (2) devint chaque jour plus commun, puisqu'en 1230, Thibaud tl, comte da Champagne, vouloit que « chascunsde la commuue « de Vitré qui auroit vaillant vingt livres, eust « aubele^teen son ostel et quarriaux jusque cio- « quante; » et que vers Tan 1250 ou 1251, du temos de la première Croisade de S* Louis, ^ Svmon ae « Monceliart estoit Mestre des Arbalestriers lei Roi. » (Voy. Du Gange, Gloss. lat. T. I, col. 275. — Join- ville, Hist. de S* Louis, p. 115; édit. de 4761.) U paroit qu'alors Tare et Yarbaleste étoient d*un égal usage. « Noa Serjans à pié. . . . commenciereat à « hardier à eulx et d'arcz et d'arbalestres, » (Id. ibid. p. 114.) Mais « on se servit dans la suite beau- « coup plus des arbalètes que des arcs, par ce que « les flèches étoient lancées avec plus de force par « Y arbalète; que Ton miroit plus juste avec cette « arme qu'avec l'arc ; et que le mouvement de la « détente qui faisoit partir la flèche éloit bien plus « sûr que celui de la main qui débandoit Tare. > (Le P. Daniel, Mil. Fr. T. I, p. 426.) Ainsi Fusage de larbaleste subsista constamment depuis la fln du rè^ne de Philippe-Auguste, jusqu'au règne de Fran- çois l" qui l'abolit presque entièrement en France, excepté parmi les Gascons. (V. Id. ibid. p. 426 et 427.) Les arbalestes portatives du xii* siècle et du com- mencement du xru' n'étoient pas aussi composées qu'elles le furent, après qu'un long et continuel usage les eût perfectionnées. On peutenjugerparla comparaison de la forme d'une arbaleste que le P. Daniel décrit [ubi supra^ p. 423), avec la forme de celle du Piéton-arbalétrier qu'on voit représenté (ibid. p. 407), et dont on a déjà parlé (3). L'une ne ressemble à l'autre que pour les parties essentielles. Ces premières arbalestes portatives étoient sans doute très-semblables à celles dont il est mention dans Fauchet, (Mil. Fr. p. 121 ;) « à ces arbalestes « qui au hault de l'arbre avoient un fer en façon « d'estrier, pour, en mettant le pied dedans et en « tirant à mont... le bout du bandage encorné, plus « aisément bander l'arc. » Peut-être que Yarbaleste nommée arbaleste simple dans les Chron. d'Outre- mer, (ms. de Berne, n' 113, fol. 1681) étoit une de ces premières arbalestes^ une arbaleste dont l'arc se tendoit avec le pied et la main, ou seulement à force de bras, sans le bandage qu'on nommoit pied de chèvre, cranequin, à-Varmatot (4). Ce bandage nommé pied de chèvre, parce qu'il étoit fourchu du côté qu'il appuyoit sur larbaleste et la corde, étoit de bois, de corne ou de fer, eomme le cranequin que les Arbalestriers d'Allemagne, les Cranequiniers portoient à leur ceinture. Il est pro- bable que ce bandage étoit nommé cranequin, à AR -* 108 — AR camse de quelque ressemblance' avec le bec de la froe, en allenband kranch. Peut-être aussi le nom- HOit^n à'Varmaiot, parce qu'au moyen du ban- 4^(è qu'on adaptoit au fût de Varbaleste, on avoit Mmtdt mis cette arme en état de lancer une flèche. Ihuis un duel entre un Italien et un Gascon, celui- ci ayant le choix des armes, envoya à son adversaire « une bonne grosse arbaleste de passe, avec son M bandage qu'on appeloit à-l'armatot et qu'on pen- « doit à la ceinture. • L'Italien, forcé de combattre avec une arme dont l'usage lui étoit étranger, fut vaincu par le Gascon à qui cette arme étoit fami- Û&re. « Il vous eut bandé et rebandé, et tiré deux « fois dans lé corps du pauvre Italien, qu'il n'eut • le loysir ny l'adresse de bander son arballeste. » (Brantôme, sur les Duels, p. 81 et 82. — Voy. Fau- chet. Mil. Fr. — Le P. Daniel, Mil. Fr. T. I, p. 423.) On trouve dans cette anecdote une preuve (Evidente qu'il y avoit des « arbalestes de passe por- « latives, » comme rarba/es/^à;a//^f dont Catherine de Médicis « aymoit fort à tirer, et tiroit fort bien. « Quand elle s'alloit promener, faisoit porter son « arbaleste à tallet; et quand elle voyoit quelque « beau coup, elle tiroit. » (Voy. Brantôme, Dames illustres, p. 48.) Sans doute qu'il faut lire arbaleste à jalïeti espèce i*arbaleste avec laquelle on jetoit des pierres rondes nommées jalet, aujourd'hui ffalet, et au défaut de ces pierres, des petites boules de terre cuite. (Voy. Dict. de Trévoux, au mot Jalet.) Cotgrave, qui ècnX arbaleste à gelais pour arbaleste àjalet, dit que V arbaleste à gelais étoit la même que Yarbaleste a boulet, que V arbaleste avec laquelle on lançoit des boulets de pierre. (Voy. Cotgrave, Dict.) Or Yarbaleste à jalet, qu'on assure avoir été la même que Yarbaleste à boulet^ étoit portative ; et spécialement celle dont Catherine de Médicis aimoit l^xercice. Il y avoit donc parmi les arbalestes à bmUet des arbalestes portatives comme parmi les arbalestes de passe. Il semble qu'on ait désigné toute espèce à^arbor leste portative, soit àjalet, soit à boulet ou dépasse, en disant qu'on « pouvoit la bander au's reins ; » par conséquent sans tour, sans moulinet ni poulie. « Délaisseront... toute la grosse artillerie et autre... « qui n'est point portative à cheval et à pied, et « par espécial arbalestes qu'on ne peut bander aus « reins. » (J. Chartier, Hist. de Charles VU, p. 233.) Quoiqu'on ait pu faire usage du tour pour les arbalestes portatives et faciles à bander aux reins, il sera toujours vrai de dire en général, que les arbalestes qu'on ne pouvoit bander aux reins , étoient celles qu'on nommoit arbalestes à tour; dénomination sous laquelle pouvoient être réunies Ufi arbalestes à boulet, les arbalestes de passe, les arbalestes de chantelle, et toute autre espèce d'ar- baleste qu'il étoit impossible de bander sans tour ni poulie. L'espèce à*arbalite avec laquelle Monet dit qu'on lançoit des boulets de cent livres, des boulets em- brasés, étoit sans doute une arbaleste à tour, comme ceHes afec lesquelles les Turcs lançoient ancienne- ment le feu ^égeois. « Trois fois nous geterent le « feu grégeois.. . et le nous lancèrent quatre foiz à « Yarbaleslre à tour, » (Joinville, Hist. de S* Louis» p. 44 et 45; édit. de 1761.) On croit que dans l'histoire de Froissart, (Vol. Il, fol. 231, édit. de Verard,) le passe est ce que dans la même Histoire, (Vol. lit, p. 71, édit. de Sauvage,) on a nommé passavant; une machine de bois de charpente, un engin à plusieurs étages monté sur des roues, au moyen desquelles on le faisoit passer avant, on Tavançoit jusqu'au pied des murs du château ou de la ville à laquelle on vouloit donner l'assaut. Chaque étage du passavant, ou du passe, étoit garni d^arbalestes, que par celle raison l'on aura nommé arbalestes de passe ; « et les Arbales- « triers s'y tenoyent pour traire, quand on vouloit « assaillir. » (Voy. Froissart, V. III, p. 71, 72 et 73. — Rabelais, T. I, note 22. p. 164. — Ménage, Dict. étym. T. I, p. 77.) On a aejà observé qu'il y avoit des arbalestes de passe portatives, el par consé- quent différentes de celles que Fauchet, (Mil. Fr. p. 120,) assimile aux ribaudequins, qui, pour leur pesanteur, demeuroient sur les murs des forte- resses, et qu'on bandoit à l'aide d'un tour manié par un, ou deux et quatre hommes. Les arbalestes de l'espèce de celles qu'on assimiloit aux ribaude^ quitis, et qu'on distinguoit des arbalestes de passe portatives et faciles à bander aux reins , en les nommant grandes ou fortes arbalestes de passe, étoient des arbalestes à tour. Aussi trouve-t-on que tendre avec les mains une arbaleste à tour, ou ban- der aux reins une forte arbaleste de passe, c'étoit la preuve d'une force de corps plus qu'humaine dans Gargantua, à qui Rabelais, (T. I, p. 165,) fait bander aux reins les fortes arbalestes de passe^ et dans Gérard de Roussillon, qui, si Ton en croit l'auteur de son Roman, tendoit avec les mains une arbaleste à tour. n estoit srand et gros, par tout fait par mesure ; Huit pieaz avoit de long sa très plaisant faiture. Et dix pieds et demy a de longueur sa toise Quatre fers de cheval à ses mains estendoit, Cheval et Chevaliers tout armés porfendoit : Noblement se tenoit en robes, en attour, Et tendoit à ses mains une arbaleste à tour. Rom. de Ger. d« RoumIUoii, MS. p. 8. En effet, il n'y a, dit Brantôme, « homme ni « géant qui pût de la main, ou aux reins, c'est-à-dire « sans tour ni poulie, bander une de ces balistes, « de ces arbalestes à tour ou de passe : mais avec « le tour nommé engin, du latin ingenium, rien de « plus facile. » Aussi le Grand capitaine, Gonsalve de Cordoue, à la gloire duquel l'esprit servit autant et plus que la vaillance, prit-il pour devise une grande arbaleste de passe avec ces mots « ingenium « superat vires, » pour signifier « qu'il n'y a si « belle force que l'esprit et l'industrie de l'homme « ne surpasse. Cette devise pourtant n'estoit point « tant à l'advantage de ce grand Capitaine ; car « enfin, dit Brantôme, il n'y a que la vaillance pour « bien couronner un brave et vaillant Capitaine. » (Voy. Cap. Estr. T. I, p. 97 et 88.) ( La grosse arbaleste de chsntelle, ainsi nommée peot-etreà cause d'une pièce de bois, d'an dievalei, len iatia canterivt, sur lequel on la posolt comme en chantier, éloit sans doute une baliste de l'espèce des grandes et fortes arbalestes dé passe, qui ëloient des arbatettes â tour, avec lesquelles on lancott des trait» qui bien souvent percoient trois et quatre hommes tout d'nn seul coup, comme Fauchet (Mil. Fr. p. 120,) l'atteste. • Feist le duc de ■ Bourbon mettre avant les grosses arbalestres de ■ cbantelle au devant de la bataille des Anglois ■ et lendemain par matin vint le comledeBourgui- ■ gnan et ses Anglois en bataille rangée... devant la ■ bastie du duc de Bourbon ; et lui estai^t en bataille, ■ Thomas le Genevois et Domiges feirent tirer la < grosse arbaleste de chantelle en la bataille du ■ Comte,auituadeuxhommes;donireurentesbahis • les Anglois : car onques n'avoient veu si gros • traicl. >(Hist. deLoysIII, ducdeBourbon,p.96.') Quoique les canons et bombardes aient fait dis- parottre les balistes et arbalètes, on trouve que pendant plus de deux siècles l'usage des armes de &ait a subsisté en même temps que celui desarmes k feu ; armes non moins ennemies de prouesse que les arbalestes et balistes, abhorrées de nos anciens Chevaliers, comme ■ armes Iraiteresses avec quoi ■ un coquin se tenant a couvert peu tuer un vail- ■ lant homme de loin et par un trou. ■ [Voy. le P. Daniel, Mil. Fr. T. I, p. 441. — Fauchet, Mil. Fr. p. 121 et 122. — U. Gaillard, Hist. de la Rivalité de la France et de l'Angleterre, T. II, p. 87.) Il seroil facile de multiplier à l'infini les preuves que pour la baliste et l'arbalète, il y avoit une espèce particulière de flèches, que rarement on lançoit avec l'arc. Ces flèches, dont le fer éloit quairé se nommoient quarreaux; ou viretons, parce qu'elles viroient, tournoient en l'air, au moyen des pennes qu'on y aiusloit pour l'équilibre. On lit dans la vie de Louis VI, par Suger, que Raoul de Yermandois eut un œil crevé aun quarreau d'arbalète. (Voy. Duchesce, Hist. Fr. T. IV, p. 317. — Le P. Daniel, Mil. Fr. T. I, p. 417, 418 et 419.) • Au son du siblet saillirent bien de la sente de la • galle quatre vingts Arbalestriers bien appareillés, - les arbaleslres montées, et mistrenl maintenant • les carriaux en coche. • (Joinville, Hist. de S> Louis, p. 80; édit. de 1761.) < N'avoient point ■ remis n appoincté autres quarreaux au poinct de ' « leurs arbaleslres. » (Monstrelet, Vol. I, chap. 24, fol. 19.) • Les Arbalestiers Genevois ne failloyent ■ là où ils visoyent; si en y eut de frapés.... de ces ■ longs viretons parmy leurs testes. • (Froissart, Toi. III, p. 68.) On connolt les différentes métonymies par lesquelles arbaleste a signifié 1° portée a'arbalête : ■ ^toit li forest près à deux arbaleslres. > [Fabl. Ms. dn R. n- 7989, fol. 77. ~ Voy. Arbalestée.) S* Arbalétrier : ■ Menons avec nos.... deux mil ■ Arbalestriers qui ont arbaleslres à tor, et trois • mil arbalètes simples. > (Chron. d'Outremer, B. de Berne, n* 113, roi. 168. — Voy- Arbalbstieii.) F. '- JA 3' Peut-être meurtrière, ouverture, fei laquelle on ponvoit, étant à couvert, tirer de lête. ' Se retira en une tour en bas, où il > de petites arba/fsta* et fenestres biea ■ tes. Toutes fois on lui percea les deux * d'une lance, par une des lucarnes. > (His Pucelle d'Orléans, p. 499. — Yoy. Abbalbstr VÀMANTEg : ARBALESTE. Gér. de RoussiUon, IfS, p. 8. ARBALEBTnE. VillehardouEn, p. SB. ABBAI.BTB. Uonet, Dicl. Ahballeste. Brantfime, but les DuMb, p. 81. Arbastre (cor. Arbaleitre.) Athis, HS. fol. 60. Arbklgbte. Joinville, p. 3B. AUBELESTE. Du CacKe, Glou. Ikt. T. I, col. STB. AuBKLBBTRE. Id. ibid. Roip. de Garin, HS. Arbalestée, subBt. fém. Portée d'aï L'espace que parcourt le trait d'une arbalesl en proportion du plus ou moins de fore laquelle il étoit lance, on ne peut déterminf précision quelle longueur, quelle distance gnoit par un trait û'arbaiestée, par une arbi . Lidux de Venise.... ot ses nés, et ses uisB ■ ses vaissiaux ordenez d'un front; et ci ■ duroit bien trois arbalestréet. > (Villehai p. 66.) • Quant ilz vindrent au fret d'une a • trée, ilz ferirent des espérons, etc. » (Me Racio, MS. fol. 299, V=.) I« pas que j'ai ri devisé, Où cil Eont de gaerre atlté,-. lert bieu k trois arbulestie*, S'au certain dire me déport, LoJD de Gravelineues le port. c. Giivi, MS, fci. tn, n*. On concluroit sans doute du particulier at rai, si l'on disoit que la distance d'une arbt d'une portée d'arbalesle éloit de deux arpe la raison qu'être â un Irpenl ou à demie arl» parolt avoir désigné une égale distance. ■ J • pry que, sitost comme nous serons k un ■ près d'eulx, nous descendons tous à p\é > quand ilz furent près d'eulx comme à • arbalestée, illec descendirent à pié et se • rentemmi le pré. ■ (Hist. de B. du Guescl Hénard, p. 416et4t7.) VARIANTES : ARBALESTÉE. Villehardouln, p. 63. Arbalesthèe. Hist. de Loys III, D. de Bourbon, [ Arbelbstrëe. Chron. S> Denys, T. 11, fol 197, V*. Arbalestel, subst. masc. plur. Arl On croit C|ue ce mot est le même qu'arbales on altéroit la terminaison en faveur de la i et de la rime. Ep la plus maistre tor sont cent orbalwtel; Et Bc (tètent ensanle quatone manetHiel. Rom. d'AXuuIn, MS. d* R.m-tOh, M. til,n- 11 est probable que l'expression barbeoite leatiax, e.3t une allusion aux barbes des avec lesquelles on garnissoit quelquefois lei d'arbalète. [Voy. Fabl. ms. du R. n" 7989, I V- col. 1 ; Var. du ms. de Berne, n" 354.} Par une métonymie semblable à celle laquelle arbaleste a signillé arbalétrier, Iem< leitel ou arbaleêtUtus pourroit avoir la raém' AR — 106 ^ AR feaûon dans qoelques-uns de nos anciens Poètes. Tel est, par exemple, celui qui, comparant à l'exer- àoe de 1 artmlète ou de l*ar6al(^ier Tactivité d'un feune bomme plus robuste que délicat en amour, disoît: li novices petit mniX D'amour, ne de ses reviaus ; li giens deé arbalêêUaux SoâisI si fus emplumés. li saiges qi est amés, Ki bien eonnoist k'amours U paet Talotr, A pllis soufiaaument joious Yoloir. Aae. Po». fr. US. da Vatie. n* 1480, fol. 107. R*. VARIANTES : ARBÂtSSTEL. Rom. d'Alex. MS. du R. n« 6067. fol. 212. Abalbstiaus. Ane. Poês. fr. MS. du Vatic. n« 1523, fol. 155. • Arbalistiaus. Ane. Poês. fr. MS. du Vatic. n«1490, fol. 107; . AB9ALB8TIAX. FaU. MS. du R. n* T^fol. 45, V*. Arbalkstraus. FaU. MS. du R. n« 79S9, ubi supra. Arbalestler, 9ub8t. nuuc. Arbalétrier. On observera que par la raison qu'aujourd*hui l'on pré- ftre à Torthographe arbalètre celle d*arbalète, on devroit préférer l'orthographe arbalétier à celle i'arbalétrier. En cberchant à fixer les époques auxquelles a commencé et cessé pour un temps, recommencé et cessé pour toujours l'usage de Tarbalète en France, on croit avoir tracé l'histoire des Arbalétriers^ depuis le commencement du xir jusque vers le mi- lieu du xvr siècle. Quoique les Gascons aient conti- nué l'usage de l'arbalète (1), quelques années après qu'il fut aboli, « on ne se servoit plus guère d'Ar- « balétriers en France vers le milieu du règne de « François !•' : je dis en France ; car on s'en servoit « eticore en Angleterre sur la fin du règne de Charles IX, et même sous le règne de Louis XIII. » adresse à cet exercice égala bientôt celle de leurs maîtres et la surpassa. On disoit quMl n'y avoit que les Arbalétriers Gascons. (Voy. Brantôme, Cap. Fr. T. IV, p. 43.) La supériorité qu'on leur accordoit même sur les Arbalétriers Anglois, ils se l'arro- geoient sur les Arbalétriers Génois, lorsqu'on par- lant de l'usage des arbalètes, « ils s'en disoient des « premiers et meilleurs maistres qu'avoient estez « les Genevois, lesquels du temps de la guerre « saincte en avoient faict rage et de beaux effects. • (Voy. Brantôme, sur les Duels, p. 82.) L histoire de S* Louis atteste que lors de sa pre- mière Croisade, il avoit dans son armée des Arba- létriers Génois. « Ou flum devant le Roi avoit une t galie de Genevois et au son du siblet saillirent « bien de la sente delà galie quatre vingts Arbales- « triers bien appareillés. • (loinville, Hist. de S* Louis, p. 79 et 80; édit de 1761.) Quel que fût le mérite des Arbalestriers Gascons, un siècle après la p^mière Croisade de ce Prince, il n'avoit point (ait oublier celui des Arbalestriers Genevois, puisque Philippe dfi Valois « en envoya quérir jusques à « Gènes, pour s'en ayder à sa malheureuse bataille « de Crécy. » (Voy. Brantôme, sur les Duels, p. 82.) Si leur secours lie fut pas aussi utile qu'on ravoit espéré, il parott qu'ils n'en furent pas moins esti- mes. « Les Arbalestriers Genevois, dit Froissart « (Vol. III, p. 68), étoient si justes de leur traiot, que « point ils ne tailloyent, là où ils visoyent. » Aussi les successeurs de Philippe de Valois continuèrent- ils d'en avoir à leur solde. Charles le Sage, qui en avoit à son service, n'en réduisit le nombre à huit cents, que parce que « les Capitaines ne tenoient pas le nombre des gens dont ils avoient reçu les gages, et que la moitié ou plus de ceux qu'ils tenoient en leurs compaignies, n'étoient ni Gene- vois, ni Arbalestriers. Ceshuitcents Arbalestriers Genevois, divisés par Connestablies et par Capi- taines, eurent pour Capitaine général, Marque de Grimault, Escuier, qu on a placé mal-à-propos « dans la lisle des Grands Maistres des Arbalelhers « de France. » (Voy. Ord. T. V, p. 651.) On trouve sous le règne de Charles VI, cinq cens Gennevois arbalestriers au siège du château de Mercq. (Mons- trelet, Vol. I, chap. xxiv, fol. 19, R'.) Il parott qu'eu général on a distingué les Arbalé- triers^ en Arbalestriers à tour et Arbalestriers à croc : distinction qui semble relative à celle des arbalestesà tour et des arbalestes à simple bandage. Sans doute qu'en nommant croc ce bandage, on en désignoit la forme, comme lorsqu'on le nommoit pied de chèvre, cranequin, etc. (Voy. Arbaleste.) « Convient avoir du trait à main en grant et bon « nombre, selon la quantité des gens que vous « aurez audit siège, Arbalestiers tant à tour que à « croc, etc. » (Le Jouvencel, ms. p. 291.) Ces arbalestriers à croc, distingués des Arbales- triers à tour, étoient probablement les Arba/esfn'^rs, soit à pied, soit à cheval, dont les arbalestes porta- tives, difTérentes de ces balistes qu'on nommoit fortes arbalestes de passe, grosses arbalestes de chantelle, se bandoient sans tour ni poulie. Lorsque l'arc de leurs arbalètes étoil d'acier, on disoit qu ils étoient Arbalestriers d'arbalestes d'acier, qu'ils étoient Arbalestriers d'acier. (Voy. Ordonn. Milit. 1. des D. à la suite de l'Etat des Offle. de Bourgogne, p. 286. — Hist. de la Pucelle d'Orléans, p. 490. — Le p. Daniel, Mil. Fr. T. I, o. 423.) « Il y en avoit, dit Fauchet (Mil. Fr. p. 121), qui non seulement « à pied, mais encores à cheval portoient des arba- « lestes légères , premièrement de bois , puis de « corne, et finallement de fer acéré. » Le même Auteur ajoute qu'anciennement les Arbalestriers à cheval ont servi de chevau-légers. L'utilité du service des Arbalestriers à cheval étoit connue, sous le règne du Roi Jean, puisque son (Ils aîné Charles, Lieutenant du Royaume, accepta par ses Lettres du mois de février 1356, l'offre que les Etats du Languedoc lui firent de l'ai- (1) Varbalète disparut des armées françaises après la bataUle de Pavie : les arquebuses y firent rage. Nos gens de trait, Angerins, Dauphinois et Gasctons, qui touchaient unbmnme A deux cents pas, durent alors convenir que le tir des armes à feu ne manquait pas de précision, (n. b.) u. 14 A^ -IQÇ- AR 4er d'un corps d'Arbalétriers dont moitié sçroU à ehevâl. « Obtulçrunt nobis, nominé Beçis, ... se « paratosnosiuvare ûtLocum-tenentemrc^um^... «. de quator milibus Balisterm et pavesçriiç médium « per médium equitibus. » (Ord T. IIT, p. 101 et 103.) Il paroit que les plus renommés de. ces Arbti^r létrters à cheval^ qui concoururent au succès de la bataille de Fornoue sous le règne de Charles VIII, et qui sous les yeux de François I*' firent des mer-r veilles à la journée de Marignan, étoient les « Gen^ « de cheval arbalestiers tirés d'Allemagne , qu'oa « appelloit Cranequiniers. » (Voy. Faucnet, Mil. Fr. p. 121. - Le P. Daniel, Mil. Fr. T. I, p. 426. — André delà Vigne, Voyage de Charles VÛI àNaples, page 162.) ' Les Arbalestriers à pied comme les Arbalestriers à cheval ont été compris sous les dénominations générales de Sergents et Gens-d'armes. (Voy. Ord. T. I, p. 384 et 661. — Ibid. T. III, p. 622. - Çau- chet. Mil. Fr. p. 121.) Ces Gens-d*armes ou Sergents arbalestriers^ étoient dans le commencement du xn* siècle si nécessaires à la défense de TEtat, que Philippe-le-Bel, par son Ordonnance du 9 octobre 1303, obligea ses sujets non Nobles, par chaque cent feux, à Taider de six Sergents de pied , dont deux séroienl Arbalestriers. « Quant aux non Nobles, « Qhascuns cent feus nous facent six.Serjanz de piié « des plus soufflsanz et des meilleurs que Ion « pourra trouver es paroisses, ou ailleurs, si cens < des paroisses n'estoient souffisan:; ..... et des « six il y en aura deux Arbalestriers. » (Ord. T. I, p. 384.) insensiblement les non Nobles, toujours si. Utiles et toujours trop dédaignés, s'aguerrirent ; et l'amour de la patrie, excité par le malheur des règnes de Philippe de Valois et du Roi Jean ,^ les transforma en un peuple soldat et généreux, en un peuple d*Archers et Arbalestriers, digne de l'atten- tion du Souverain et de sa reconnoissance. Le Roi Jean favorisoit l'ardeur de ce peuple pour la défense du royaume, et l'excitoit par ses Lettres du 28 dé- cembre 1355, dans lesquelles on lit : « Pour ce que « aucuns de noz Subgiez se aventurergient volon- « tiers à grever noz ennemis eii corps et en biens « et de ce se refraingnent aucujie fois, pour ce que < noz Lieuxtenans, uonnestables, Admiraulx, Mais- « très des Arbalestriers, Trésoriers des guerres et « autres de noz Officiers demandent et réclament « aucuns droits, parts ou portions es gaignes , ou « es pilles faites sur noz ennemis, nous . . . orde- « nous que chascun puisse prendre, gaignier et « piller sur noz diz ennemis, senz ce que aucuns «. de noz OfOqiers dessusdiz, ou autres, y puissent • demander ou reclamer part ou pourcion, ou aucun «. droit; se ainsi n'est que èulz ou leurs gen^soiept « à la besoingne. • (Ord. T. III, p. 35 et 36.) La sagesse de Charles V, son flls et son succès senr^ vit dans ce patriotisme les moyens de. réparCTi le.malheur de r.£tat, et.les calcul^. Par sês^XeUres i du 19 juillet 1367. t II eajointet commande àtouf Archiers et Arbalestriers demouraos en ses Îqi^ oes ville3 qu'ils se mettent en estât ; et que pw les Gouverneurs en chacune d*iceUea villes soîl sceu quel nombre d'Archiers et Arbalestriers j a, et combien on en pourront avoir,, se besoin estoit ; et de ce facent registre en chascune ville et sur tout le certifient au çlustost qu'ils pour- ront; et avecques ce enjoignent et induisent toutes jeunes gens à exercUer, coatiAuer et ap- prendre le fait et manière de traire. • (Ord. T. iV, . 16.) Il est probable que le peuple devenu tout-à- ait guerrier seconda en général la politique de ce Prince« en oubliant les jeux de hasard, et en préfé- rant à tout exercice uQu-seuIemenl de l'esprit/mais du corps, celui de l'arc et de l'arbalète , conformé^ ment à l'Ordonnance du 3 avril 1369, où on lit: < Défendons tous geux de dez^de tables, de paUnes, « de quilles, de palet, de soûles, de bijles , et iûw « autres telz geux, qui ne chéent poixU h exerces < ne habiliter nos Subjez à fait et usaige d'armes» à « la deffense de nostre royaume ; et ordenojo^ «que noz diz Subjez prenneoL... leurs geux et • esbatement à eulz exercer et habiliter en faict d^ « traict d'arc ou d^arbaleslres,.^ et facent leuca « dons aux mieulx traians. » (Oçd. T. V, p. 172.) Alors^on vit dans la plupart des villes du royaume^ comme Paris, Rouen, Caen, Amiens, Laoo , etc. sq former des cbnfrairies (1), des collées, des connéta* bjies d* Arbalestriers, auxquels le Souverain accor-^ doit des privilèges et franchises, en reconnoissance des services qu'ils avoient rendus, et dans la vue de les encourager à en rendre qui fussent plus généralement utiles. « Pour ce que dignes sont da rémunération ceulx qui pour le bien du royaume, se exposent et offrent à exposa espécialement leurs» propres corps, si comme sont les Arbales^ tiers qui ià très agréables services nous onti faiz ; considerans que par eulx pourront avenir; moult de biens à nous et au royaume ou fait di^: guerres, et que es bonnes villes de Rouen , d'A-* miens, d*Arras, de Saint Omer, les Arbalestrierâi qui y sont ont certains privilèges, nous aux; Arbalestiers de la confraerie de monsieur Sainb Denys en nostre dicte ville de Paris . . . donnona et octroyons privilèges, franchises et liber- tez. » (Ord. T. III, p. 361.) « Les Arbalestriers du. collège de Rouen, de la connestablie de Laon, d9^ Compiegne, etc. s'obligèrent comme les Ariale»- triers de la confrairie de Paris, à servir en toua lieux où l'on auroit d'eulx afaire , soit en leur ville ou ailleurs. > Ainsi les défenseurs d'une. Ville particulière furent les défenseurs de la France, en général. (Ord. T. III, p. 366. — Ibid, T. V, p. 67^ 6$ et 145. — Ibid. T. VI, p. 546.) Si l'obligaUon dit^ sieirvice hors des villes ralentissoit le zèle de cea- Arbalétriers, même pour la défeose^le leurs ooBcir- tQyens».oa donnoitÀce s^èle une. nouvelle, aetivitài Cl) M. Boutaric reprend avec plus de science et de tslenl TétudO' de ces, confréries dai^ sas /fw(tm4ûm« mUit^jare^ de^la ^HfiS'^^ l®* armtes pwmancAtg 0^8. Plop» IJKft ^^)f9^iyi^ 283, IJ épui»^ et 4taritile».dUrést|M8je«iiàofi«* dwrMiletM de m pt^o 8wf v là page SSj* (n • b.)' AR -iw- Aft par une exemption semblable à celle que les Arha- lestrters de la Rochelle obtinrent de Charles Y. c Octroîoas... à tous Arbalestriers... demourans et c residans en ladicte ville de la Rochelle, que pour c quelconques siëges, osts , chevauchées , ou ar- c m^.... ne puissent estre contrains.... à saillir < hors de ladicte ville.... se ce n*estoit par leur • propre voulenté et âssentement. » (Ord. T. V, pase fe6.) ces confirairies, ces collèges , ces connestablies SArbalestrlers, qu'on formoil de l'élite des Arba- IMriers des villes, avoient des chefs particuliers qu'on nommoit Prevosts , Connestables , Maistres tArbalestfiers. (Voy. Ord. T. III , p. 360. — Ibid. T. V, p. 22. - Ibid. T. VI, p. 540. - Coût. gén. T. I, p. 108.) Les Arbalestriers qui n'étant pas admis dans ces compagnies, n'avoient point de chefs sous les ordres desquels ils pussent comme les autres se rassembler en temps de guerre, éloienl sans doute du nombre de ces < Piétons et Gens-d'armes qui « sans maistres ne cbevetaine se renâclent à l'armée • par menues parties. Alors le Connestable, les « Mareschaux, les Maistres des Arbalestriers , ou « antres à qui il appartenoit, choisissoient un Che- « valiersouffisant etlui bailloientetaccomplissoient « nne route de vingt cinq ou de trente hommes « d'armes. On mettoit touz les Piétons par connes- « tablies et compaignies de même nombre d'hom- «* mes. » (Ord. T. IV, p. 69 et 70.) n est probable que les Prévôts, Connestables, ou ^naitres particuliers d* Arbalétriers marchoient à la ^•éte de leurs compagnies, sous la bannière d'Ofli- ^ers généraux qu'on nommoit aussi Maistres des arbalestriers^ et auxquels les maîtres particuliers ^béissoient, comme les Capitaines des Arbalétriers Génois obéissoient à un Capitaine général. (Voy. Ord. T. V, p. 651.) • Les Maistres des Arbalestriers, « sans estre Barons, ne Benneretz , de tant qu'ilz « étoient Officiers par dignitez de leurs ofnces, « pouvoient porter benniere. » (Voy. La Salade , fol. 54.) Peut-être qu'en réunissant plusieurs com- pagnies d'^Irba/^Mers en corps, on mettoit à la tête de chaque corps un Maistre général des Arba- lestriers. On crott avoir quelque raison de soup- çonner que dans les armées il y avoit plusieurs Maistres généraux des Arbalestriers, lorsque dans deux Ordonnances du Roi Jean, on lit : « Nous vou- « Ions et ordenons que par nostre Connestable , t Mareschaux, Maistres des Arbalestriers, ou autres a à gui il appartiendra, soit regardé , etc. » (Ord. T. IV, p. 69.) « Que aucuns, soit du lignage du Roy, « ses Lieuxtenans, Connestable, Haréschaulx, « Maistres des Arbalestriers, Maistres du Parle- < ment, etc. » (Ibid. T. II, p. 406.) Si notre conjecture sur la pluralité de ces Maistres dès Arbalestriers est fondée, Ton reconnoîtra qu'ils n'ont pas plus de droit que le Capitaine général des Arbalétriers Génois, à une place parmi les Maistres des Arbalestriers qu'on a sans doute voulu distin- guer des autres, en les nommant quelquefois Mais- tres des Arbalestriers le Roy, Maistres des Arbales- E triers de Friande, Grands- ma islrès àes Arbàleslrierii (Voy. Joinville, Hist. de S' Louis, p. 115; édit. dé 1761. — Froissart, Vol. I, pages 182. 350 et 384. — Monstrelet, Vol. I, fol. 29 et 154. — Du Tillet, Rec. des Roys de France , leur Couronne et Maison p. 282. — Brantôme, Cap. Fr. T. IV, p. 42.) Il est possible que faute de cette même distinction pres^ que toujours omise, quelques Maistres des ArbaU triers qui n'étoient pas Grands-maistres, aient éj inscrits dans la liste des Grands-maitres des Arba* lètriers de France, comme Ton y a inscrit Marc de Grimant, Ecuyer, créé Capitaine général des irfto- lestriers Génois, par Lettres de Charles V, datées de Vincennes, le 6 décembre 1373. La preuve que ce Capitaine général n'étoit pas Grand-maître des Arbalétriers et qu'on peut se défier de Texactitude de la liste de ces Grands-officiers , depuis Symon de Monceliart, Mestre des Arbalestriers le Roy,. sous le règne de S* Louis, jusqu'à Aimar de Prie, dernier Grand-maître des Arbalétriers, sous celui de Fran- çois l" ; c'est qu'en 1374 , Hugues de Chastillon ^ seigneur de Dampierre, placé dans la liste comme redécesseur de Marc de Grimaul, seigneur d'Anti- es, étoit encore en po.ssession de cette charge. Dans une Ordonnance du mois d'octobre 1374 , il est nommé après les Maréchaux et Amiraux , éï avant le Panelier de France, pour assister, comme Maistre des Arbalestriers, au Conseil de la tutelle des enfans mineurs de Charles-le-Sage. (Ord. T. V, p. 651. — Ibid. T. VI, p. 52. — Joinville, Hist. de S*Louis, p. 115;édit. del761. — Du Tillet, Rec. des Rois de France, leur Couronne et Maison, page 283. — Le P. Daniel, Mil. Fr. T. I, p. 198 et 199.) On trouve partout les preuves de la prééminence des Maréchaux sur les Maîtres des Arbalestriers. Si le Maréchal nommoit quatre Lieutenans pour rece- voir les monstres de toutes manières de gens , le Maistre des Arbalestriers n'en pouvoil nommer que ung pour recevoir les gens de son hostel seulement. (Voy. Ord. T. V, p. 658 et 659.) Néanmoins leurs fonctions paroissent avoir eu dans le xrv siècle des rapports qui, à certains égards , supposoient une espèce d'égalité. Philippe-le-Long, par ses Lettres du 10 juillet 1319, ordonne que « l'en ne paie nuls « deniers à gens d'armes jusques à tant que le « Mareschal ou le Mestre des Arbalestriers les ayent « reçeus deuement. » (Ord. T. I, p. 661.) Dans une Ordonnance du Roi Jean, datée du 30 avril 1351, on lit : « Vonlans que les Mareschaux, les Meslres des « Arbalestriers et autres à qui il appartendra , en; « leurs personnes,.... voient et reçoivent les mons- « très, afin que les Gens d'armes, etc. » (Ord. T. IV, p. 70.) Les Clercs des Arbalestriers éïjdxçmi, relativement aux Maistres des Arbalestriers , ce qu'étoient aux Mareschaux les Trésoriers de la guerre. « Fera' « chascun l'office qui à lui appartient; c'est assavoir « le Trésorier de la guerre, ce qui li appartient par « devers les Mareschaux, et le Clerc des Af^baleZ'- « triers, ce qui touche le Mestre des Arba/estriers. »^' (Ord. T. I, p. 661.) Charles V, toujours occupé de AR- — lOt — Ali prévenir les abus ou de les réformer, ordonna, n'é* tant encore que Régent du Royaume, qu*à Tavenir il n'y auroil qu'un Clerc en roTRce de la dei^ie des Arbalestriers^ et pourvut de cet ofQce Jénan de rOspKal. (Voy. Ord. T. III, p. 387 et 391.) On conçoit qu'en autorisant une espèce de con- currence entre les Maistres des Arbalestriers et les Mareschaux, dans Texercice de leur charge, on occasionna les débats qui furent enfln terminés , à l'avantage des Maréchaux, sous le règne de Charles VI. « Les Arbalestiers^ Arcbers et Canonniers ayans « les Maistres des Arbalestiers et de rArtillerie « leurs supérieurs, débatoient n*estre sous la charge « des Mareschaux. Le Roi Charles VI sur ce débat « meu entre le mareschal Bouciquault et Jehan « sieur de Hangest Haistre des Arbalestiers de « France, le 22 avril i41i, déclara que la congnois- « sance desdiis Arbalestiers, Archiers et Canonniers < appartenoit et appartiendroit perpétuellement, et « la réception de leurs monstres et reveues ausdits « Marescnaux. » (Du Tillet,Rec.desRoys de France, leur Couronne et Maison , p. 282. — Voyez le P. Daniel, Mil. Fr. T. I, p. 193.) Quand ou sait que parmi les^l rba/^3^mrs il y avoit des Arbalestriers à cheval ; que la charge de Colonel de l'Infanterie n*avoit point dejurisdiclion sur aucune Cavalerie; que lout ce qui regardoit l'ancienne et la nouvelle Artillerie n*a jamais eu aucune dépendance du Colonel général ; enfln que Tancienne Artillerie étoit toute sous le Grand- mailre des Arbalétriers de France ; on ne peut être de ravis du savant Du Tillet, qui croyoit qu'au Mai.slre des Arbalestiers avoit succédé le Couronnel de rinfanterie. Cette opinion que Brantôme adoptoit comme la plus vraisemblable. Test pourtant moins que celle qu'il rejetoit, en contrariant ceux qui avoientdilque « leGrand-maistredes/lrfta/esMers « étoit ce que de son temps on disoit le Grand- « maistre de l'Artillerie. » (Voy. Du Tillet, ubi supra, p. 282.— Brantôme, Cap. Fr. T. IV, p. 42 et 43.) Anciennementonnommoitartilierie, les machines de guerre à l'usage desquelles on a insensiblement substitué celui des canons et autres armes à feu, tant pour les sièges que pour les batailles. Il y avoit même des arbalestes qui faisoienl partie de la grosse artillerie ; et la signiflcation d*Artiilier étoit la même 3ue celle â'Arbales trier, selon Cotgrave, un faiseur 'arbalètes. « Délaisseront en icelle place toute la « grosse artillerie et par espécial arbalestes « qu'on ne peut bander aux reins. » (J. Chartier, Hist. de Charles VII, p. 233.) « Jehan li Ermin qui « estoit Artillier le Roy, ala lors à Damas pour « acheter cornes et glus pour faire arbalestres. » fJoinville, Hist. de S* Louis, p. 93; édit. de 1761.) On peut voir dans le P. Daniel (Mil. Fr. T. I, p. 195 et 196,) la preuve que ces Artilhers ou Maîtres par- ticuliers de rarlillerie d'une ville, d'une forteresse, ou d'un château, faisoient non-seulement les arcs, les arbalètes, les flèches, mais qu'ils construisoient toutes les machines nécessaires pour l'attaque et la défense des places ; qu'on leur confioit l'entretien et la garde de cette ancienne artillerie, soug ring*. pecUon du Grand-maitre des Arbalétriers. 11 pareil même qu'au. moins pendant quelaue temps encore après l'invention de la nouvelle artillerie, les Artilli^rs en général reconnurent sa jurisdidîoa» puisque sur la fin du xir siècle, ce Maisti^e de» Arbalestriers avoit cognoissance des Maistres d'en- gins, de Canonniers, de Charpentiers, de Fossîers^ et de toute l'artillerie de l'Ost. Voici quelles éloient ses anciennes prérogatives et ses fonctions. « Le Maistre des Arbalestriers, de son droit a toute la cure, garde et administration avec cognoissance des gens estans à pied en l'ost ou chevauchés du Roy ; de tous Arbalestriers, Archers ; des Maistres d'engins, de Canonniers, de Charpentiers, de Fossiers et de toute l'artillerie de l'ost , à toutes les monstres: a l'ordonnance sur ce; à la bataille premier assiet les escoutes, et envoyé querre le cry de la nuict. Et se ville, forteresse ou cbasteau est prins, à luy appartient toute l'artillerie quelle qu'ellesoit qui trouvée est; et se de l'artillerie du Roy est commencé à traire sur les ennemie, le remanant de l'artillerie est à luy. Item a de son droict les oyes et chèvres qui sont prinses en fait de pillage sur les ennemis du Roy. » (Bouteil- ler^ Som. rur. liv. ii, p. 898.) Il est évident que dans l'Histoire des Grands Offlciers de la Couronne (T. II, p. 1058,) et la Milice Françoise du P. Daniel (t. I, p. 192,) l'Extrait du registre des titres de Rochechouart-Chandenier, est une copie de cette énuméra tien des fonctions et ancien nés prérogatives du Grand-mattre des Arbalétriers; et qu'au lieu de ces mots « a toute la cour, • il faut lire dans l'Extrait comme dans la Somme rurale, « a toute la « cure. » On s'en convaincra par la comparaison. En résumant ce qu'on a dit relativement, soit à la différence entre le Colonel d'Infanterie et le Maître des Arbalétriers, soit à la ressemblance entre le Maître des Arbalétriers et le Maître de l'Artillerie, on trouve aue le Colonel de l'Infanterie n'ayant jamais eu d'inspection sur aucune Cavalerie, ne peut en avoir eu sur les Arbalétriers achevai ; qu'il n'en eut jamais aucune sur l'ancienne et la nouvelle Artillerie; qu'au contraire Tancienne Artillerie et même la nouvelle, ont été sous la dé[)endance du Maître des Arbalétriers ; que par conséquent il y a eu un rapport réel entre sa charge et celle du Maître de l'Artillerie; et que ce rapport est une raison de croire que « la dignité de Grand-maitre de l'Artiile- « rie d'aujourd'hui, représente beaucoup mieux « celle de Grand-maître des Arbalétriers que la^. « dignité du Colonel de l'Infanterie. » (Voy.^lcP. Daniel, Mil. Fr. T. I, p. 195.) Peut-être prouveroil- on encore cette ressemblance en observant que. dans l'Histoire de S* Louis, p. 101, publiée en 1668, d'après les éditions de Claude Mesnard, et d'Antoine- Pierre de Rieux qui sous prétexte de polir le texte de son manuscrit l'avoit defii^uré, le titre de Maistre de l'Artillerie le Roi répond à celui de Mestre des. Arbalestiers dans la même Histoire, p« 113, éditioa. de 1761, conforme à un Manusciît du xir* siècle. ÂR — 109 - AR Eofla, Voa pense avec le P. Daniel, que toute TArtUleriet « m&ûe la nouvelle depuis Tinvention « delà poudre, fut dans le district au Grand-mattre « 4&&ÀrbiUétriers au moins jusqu'au règne de Louis « XI, et que sous le règne de ce Prince la charge • de Maître^ de l'Artillerie, c'est-à-dire du canon, t des armes à feu, des Mineurs et des Officiers qui t servoient à cette nouvelle artillerie, fut démem- • brée de la charge de Grand-maitre des A rbalêtrierSj « et soustraite à son intendance (1). » (Voy. Mil. Fr. T. I, p. 197 et 198.) TARUNTES: ARBALESTIËR. Fauchet, MU. Fr. p. 111. iRBALXsnuBR. Ont. T. I, p. 383. Ahbaiatibr, Arbalétrier. Monet, DIct. ÀRBKLBTilIBR. Ord. T. III, p. 2ti8. Arbbstier (corr. Arbalestier.) Qrd. T. VI, p. 538. Habbblbtrier. Ord. T. III, p. 435. Arbalestlere, subst. fém. Espèce de meurtrière. (Voy. Arbalbsts.) Fente par laquelle on lançoit, à couvert, les traits d*arbaléie. Là endroit séoii un moulin,... Dont les ais n'iôrent pas entières, Môs garnies diarbalestieres, G. Galart, MS. fol. 295, V*. VARIANTES : ARBALESTIERE. G. Guiart, MS. fol. 295, V». Arbalatisre. Brantôme, Cap. Fr. T. II, p. 18. Arban (2), subst. masc. Amende pour défaut de service militaire, de service exigible par le Seigneur souverain. Service ou devoir tel que la corvée, exigible par un Seigneur féodal. Comparaisons relatives a ridée des corvées. Service militaire et personnel, exigible par un Seigneur féodal. Convo- cation par le Seigneur féodal, de ses vassaux, pour le service du Seigneur souverain. Convocation itérative par le Seigneur souverain, des Nobles et Non-nobles sujets au service féodal et coulumier, pour service extraordinaire. Convocation générale par le Seigneur souverain, pour service extraordi- naire. Réunion, assemblée des personnes générale- ment convoquées pour service extraordinaire. Forces réunies, dernier effort. On observera que dans les principes de Tancienne constitution de la ilonarchie, tout homme libre, à raison de sa pos- session bénéficiaire ou allodiale, devoit le service militaire. « llomnis liber homo qui quatuor mansos « vestitos de proprio suo, sive de alicujtts beneficio « habet, ipse se prseparet, et ipse in Iwstem pergat^ • sive cum seniore suo. » (Baluz. Capitul. Reg.fr. T. I, col. 489.) La portion de fonds et terres, pour laquelle on exigeoit ce service, n*étoit pas toujours la même. Elle paroit avoir varié relativement à la nécessité S lus ou moins grande de multiplier les défenseurs e la Patrie. « Quicumque liber mansos quinque « de proj>rietate habere videtur, in bostem veniat. • Et qui quatuor mansos babet, similiter faciat. « Qui 1res habere videtur, similiter agat. » (Id. ibid, col. 457.| Quant aux nommes libres, possesseurs des deux tiers, de la moitié, d*un tiers, d*un quart, d'un sixième de cette portion de fonds et terres^ pour la totalité de laquelle le service d'un homme libre étoit exigible, on les associoil en nombre suffisant pour former une portion totale ; et le service mili- taire auquel cette portion ainsi formée les assujet-' lissoit, setaisoit par un seul homme libre, que son associé ou ses associés dévoient aider. « Qui ver6 très mansos de proprio habuerit huic adjungalur unusqui unum mansum habeatetdet illi adjuto- rium ut ille pro ambobus ire possit. Qui autem duos mansos tantùm de proprio habet, jungatur illi alter qui similiter duos mansos habeat; et unus ex eis, altero illi adjuvante, pergat in hostem. Qui etiam unum tantum mansum de proprio habet, adjungantur ei très qui similiter habeant, et dent ei adjutorium, et ille tantùm pergat. Ubicunque autem très fuerint inventi quorum unusquisque mansum unum babeat, duo terlium prœparare faciant ; ex quibus qui melius potest, m hostem venial. Illi ver6 qui dimidios mansos habent, quinque sextum prœparare faciant. » (Baluz. Capitul. Reg. fr. T. I, col. 457, 458, 489 et 490.) Il y avoit même telle circonstance où la jouissance seule de la liberté , sans propriété de terres, sans possession allodiale, obligeoit les hommes libres à contribuer en argent à la défense du Royaume. « Qui sic pauper inventus fuerit qui « nec mancipia nec propriam possessionem terra- « rum habeat, tamen in pretio valente quinque « solidos, quinque sextum prœparent. » (Id. ibid. col. 458.) On a la preuve que sous les règnes de Louis-le- Debonnaire et de Charles-le-Chauve, la loi du service militaire étoit la même que sous le règne de Char- lemagne. « Comités, vel Hissi nostri diligenter « inquirant quanti homines liberi in singulis comi- « talibus maueant qui per se possunt oxpeditionem « exercitatem facere, vel quanti de^is quibus unus « alium adjuvet, etc. » (Id. ibid. T. II, col. 187.) Lorsque par un Capitulaire déjà cité, Charlemagne oblige au service militaire tout homme libre, pro- priétaire ou usufruitier d*une portion de fonds et terres, déterminée par la loi, il semble que par rapport à Tobligation de servir, il n*y avoit aucune ditrérence entre la possession bénéficiaire et la possession allodiale. Hais lorsqu'on obligeant à une aide mutuelle les hommes libres, qui ne possédoient pas en totalité cette portion légale de fonds et terres, pour laquelle un seul devoit le service, il parle uniquement des hommes libres propriétaires ou possesseurs d'alleus; lorsqu*après avoir onlonné ailleurs, que tous usufruitiers eu possesseurs de bénéfices le suivront à Tarmée, il détermine pour clu^. m (p. SS3à ilO), el Uvrè V, cbap. V (p. 8l9à 358). (N. E.) ÀR — t» - AR l6s seuls propriétaires ou possesseurs d'alleus, la portion de londs et terres à raison de laquelle il las assujettissoit au môme devoir ; il semble que le Sossesseur usufruitier, sa possession fût^lle moin- re que celle du possesseur propriétaire, devoit seul et sans aide, satisfaire à l'obligation de servir la Patrie. « Quicunque bénéficia habere videntur, « omnes in hostem veniant. Quicunque liber mansos < quinque ^ proprietate habere videtur, similiter « in hostem veniat. Et qui quatuor mansos « habet, etc. » (Baluz. Capitul. Reg. ¥r. T. I, col. 457. - Id. ibid. col. 489.) Si l'on ne proportionnoit pas à la possession bénéficiaire, comme à la possession allodiale, Tobli- gation du service qu*on exigeoit d'un homme libre, c'est probablement que cette obligation, réelle pour les propriétaires, les possesseurs d'alleus, étoit Eersonnelle aux usufruitiers , aux possesseurs de énéfices^ comme l'étoit aux hommes libres sans propriété, Tobligation de s'associer plusieurs en- semble, pour aider en argent l'un d'eux à faire le service militaire. Ainsi l'obligation d'obéir au ban du Prince et de s'armer pour la défense du Royaume, pouvoit n'être pas la môme pour le possesseur d'un alleu que pour le possesseur d'un bénéfice , quoi- Îu'elle fût commune à l'un et à l'autre. Dans les apitulaires, le possesseur d'un alleu est souvent désigné par la seule qualité d'homme libre. « Qui- « cunque liber homo in hostem bannitm fuerit, et « venire contempserit, etc. » (Capitulare II, an. 812, lib. I, leg. Longob. tit. xiv, cap. 13.) « Quicun- « que liomo nostro habem honores in Iwstem ban- « nitus fuerit, et ad condictum placitum non vene- « rit, etc. » (Capit. II, an. 812, cap. 3.) « Quicunque « ex his qui bene/icium Principis habent , parem < suum contra hostes communes in exercitu per- c gentem dimiserit, etc. » (Ibid. cap. 5.) On croit donc que l'obligation du service mili- taire, contractée par l'homme libre, à raison d'un usufruit qu'on nommoit honneur ou bénéfice, parce que la concession de cet usufruit étoit un bienfait ou une récompense honorable , différoit de l'obli- gation imposée à l'homme libre à raison de sa propriété ; que l'une étoit réelle et l'autre person- nelle ; que pour l'homme libre qui réunissoit à la possession allodiale, la possession bénéficiaire, elle étoit personnelle et réelle tout-à-la-fois. Autre- ment les concessions d'honneurs ou de bénéfices , non-seulement inutiles à la Patrie, mais môme à la Souveraineté, auroient été trop désintéressées. Ce désintéressement est d'autant moins vraisemblable, qu'il répugne à l'idée de la bienfaisance royale, qui, lors môme qu'elle récompense, doit avoir un objet utile et politique. D'ailleurs, plus on fait réflexion que les Francs, et môme les Gaulois, étoient Germains d'origine ; que les Germains naissoient tous soldats de la Patrie ; qu'ils s'honoroient d'ôtre les compagnons d'un Chef auquel ils se dévouoient ; que ce môme Chef anoblissoit par des distinctions, et justifloit par des actes de libéralité, un dévouement qui fai- soit sa propre sûreté en temps de guarre^ «l ea temps ce paix sa gloire : pluson trouve raiaoïinaMt de croire que les Leudes d'un Roi Franc aTOîent les mômes idées de noblesse, d'honnenr et de patriotisme que les compagnons d'un Chef de Germains; que nos premiers Rois, (îennaina eux* mômes, connoissoient ces idée» nationales; <|a*a* près leur établissement dans les Gaules, ils soaiigàrent a foriifier ces mômes idées, surtout celles qui étoient relatives à leur gloire et à leur sûreté , par des concessions à titre d'honneurs et de bénéfices. Tel paroi t ôtre le motif politique de ces conces- sions, au moyen desquelles l'obligation d'obéir lu ban et de servir la Patrie, semble avoir Aë person- nelle aux Leudes, comme aux hommes libres sans propriété l'obligation de s'aider à faire ce servîœ. On ajoute qu'un homme libre possesseur dTun bénéfice auroit été ingrat, si comme l'homme libre en général, il n'eût vu que la défense de l'Etat dans la défense de la personne de son Souverain et de son bienfaiteur. H devoit à la Patrie et au Roi, ce que l'autre ne devoit qu'à la Patrie. Enfin, nos Rois par leur bienfaisance, obligèrent saiis doute les Leudes à des services qui leur étoient personnels. Il étoit naturel qu'à raison de ces services, exigibles comme hommages de la reconnoissance, les Leudes fussent les premiers à obéir au ban, et à s'armer pour la défense du Roi et du Royaume. En l'an 610, le roi Sigebert se disposant à châtier la révolte de Raoul, duc de la Thuringe, appela d'abord à son secours les Leudes d'Austrasie. « Gum Sigibertus « regnaret, et Radulphusdux Thorin^œ vehementer « Sigiberto rebellare disposuisset , jussu Sigiberli « omnes Leudes Austrasiorum in exercitu gradien- « dum banniti sunt, etc. » Œ). Ruinart, Fredeg. Chronic. append. ad. Gresor. Turon. Hist. col. 656.) L'homme libre qui n'etoit point Leude, devoit aussi le semce militaire : mais comme on vient de l'observer, il ne le devoit qu'à la Patrie. C'étoit elle seule qu'il servoit, soit qu il marchât à une con- 2uôte, soit qu'il s'opposât à l'invasion d'un ennemi tranger, ou à la révolte d'un sujet, qui, en s'ar- mant contre son Roi, s'armoit contre ello-môme. Charlemagne veilloit à la conservation de ses défenseurs, lorsqu'à dessein d'empôcher qu'un homme libre, plus lâche que dévot, ne se fit Prêtre Eour ôtre dispensé de servir, il interdisoit aux ommes libres en général, l'entrée dans les Ordres ecclésiastiques, sans sa permission. < De liberis « hominibus qui ad servitium Deisetraderevolunt, « ut prius hoc non faciant quàm a nobis licentiam « postulent. Hoc ideo quia audivimus aliquos ex « illis non tàm causa devotionis hoc fecisse quàm « pro exercitu seu aliâ functione regali fugiendà. » (Baluz. Capitul. Reg. Fr. T. I, col. 725 et 726.) n est probable que sans la crainte de se désho- norer aux yeux d'une Nation prompte à soupçon- ner de lâcheté quiconque se dispensoit de faire la guerre, nos Prélats auroient eu plus de respect, f)our les décrets de l'Eglise, et moins d'ardeur pour a défense du Royaume. Cette ardeur guerrière ^ AR - m — AR BalareUe sans doute à pltisieurs d^eotre eux , étoit si générale sou» le règne de Charlemagne^ que le ptopltt tremblant pour ses Ministres, dont la mort ou le danger sembloii lui présager une défaite^ Sttpplia 6e FMnce d'ordonner qu'à Tavenir les Evô- qoee ne le suivroient point à Varmée. « Flexis omnes precamur poplitibus Majestatem vestram alEpiiOopl deincepS) sicut bactenus, non vexen- tur Mstibus; sed quando vos nosque in bostem MTgkmis^iptt propriis resideant in parocbiis QooeAam enim ex eis in bostibus et prœliis vulne- ralae viâûDus et quosdam périsse cognovimus NoviL Oominus, quando eos in laiibus videmus , ferror apprebendit nos, et quidam ex nostris timoré perterriti propter boc fugere soient. » Nu- Capital. Reg. Fr. T. I, col. 405.) Par la loi des Francs, tout homme libre , que les déoreta de TEgUse ou ses privilèges n'exemptoient pas da service militaire, étoit condamné à une amende de soixante sous, toutes les fois qu'il refu- aoiloanégligeoit d'obéir au ban du Roi. « Si quis «• liber, contemptà jussione nostrà, ceteris in exer- • cittim pergentibus, domi résidera prœsumpserit, "» plénum beribannumsecundùmlegem Francorum, ^ id est solidos sexaginta sciât se debere compo* _» nere. > (Capitula ad. leg. Longob. addita, an. 801, a raperii Karoii-Hagni 1.) On croit voir dans cette ex- i, secundùm legem Francoimm, une preuve CMue Tobtis^tion de servir, et la peine imposée à 1. homme Ubre qui n*y avoit pas satisfait, étoit ancienne que les premières loix faites par Francs;» lorsqu'ils s'établirent dans les Gaules. opinion semble d'autant plus probable qu'en f, c'est-à-dire, soixante-sept ans après le règne Clovis» la roi Chilpéric abusoit de cette même K. OL» en y assuietlissant des hommes que la Religion ^=:in rhumanite devoit en affranchir. « Cbilpericus ^» rex de pauperibus et junioribus ecclesiœ vel *^ batilicœ bannos jussit exigi , pro eo qu6d in mu exercittt non ambulassent Non enimeratconsue- -v* todouthi ullam exsolverenl publicam functio- « nem. » (D. Ruinart, Gregorii Turon. Hist. tit. :uvu, col. 237.) La peine prononcée contre Tbomme libre qui xi'obéissoit pas au ban, sous les Rois delà première et de la seconde race, étoit la même sous ceux de la troisième, contre l'homme coutumier qui devoit le scsrvice; militaire. « Se les Gens le Roy truevent lea hons couitumiers par les chastelleries qui fussent remès, fors ceus qui devraient remaindre^ li Roy. en porroit bien lever sus chacun soixante sols, d'amende , et li Bers ne les en pourroit garantir. » (Etahlissemens de S' Louis , livre I , chapitre: Lxi.) En attaquant la propriété ou possession allodiale derbomme libre., on ifauroit mis dansrimpossibilitë de faire- à revenir le service auquel il étoit tena commapnopriétaine ou possesseur d'alleu. Gharle»- magpe»assttroib donc lai continuation d'ua service; dans lequel consistait la principale force de l'Etat, lQB84a'iI.protécseii.coatoei la; vexaUnn: et Itinjustioe^ la propriété de l'homme libre ; lorsqu'il défendoft d'y attenter, même pour le payement de ramenai due par celui qui n'atoit pas obéi au ban ; lorsqu'il vouloit que cette amende fût p^çue en or et eâ argent, en habits, en armes, etc. « De oppressioné pauperum liberorum hominum , ut non fiant S potentioribus per aliquod malunx ingenium contra justitiam oppressi, ita ut coacti res eomm vendant aut tradant. Ideo bœc, et supra et hic, de liberîe hominibus diximus, ne forte parentes contra justitiam fiant exheredati, et regale obsequium minuatur, etc. » (Baluz. Capitul. Reg. Fr. T. I, page 427. — Id. ibid. coL 487.) «* Heribannus non exactelur neque in terris , neque in mancipiis ; sed in auro et argento , palliis atque armis , et animalibus atque pecudibus, sive talibusspeciebu5 « quœ ad utilitatem pertinent. • (Id. ibid. col. 767.) On exigeoit au reste l'amende dont il s'agit aved ' tant de rigueur, que dans le cas d'insolvabilité , l'homme libre étoit réduit à se mettre en la servi- tude du Prince, et d'y rester jusqu'à ce qu'il Teûl : payée en entier. « Si non habuerit unde illam sum- « mam persolvat, semetipsum pro wadio in sennk « tium Principis tradat , donec per tempora ipsé « bannus ab eo fiât persolutus ; et tune itërum adi « slatum libertatis suœ reverlatur. » (M. ibid. : col. 493 et 76&.) Quant à l'homme libre usufruitier ou possesseur d*un bénéfice, d*un honneur, on punissoit en lui lef reAis de service, par la perte de son usufruit , de sa possession bénéficiaire. S'il n'étoit coupable que de lenteur, il en étoit quitte pour foire abstinence de viande et de vin , autant de jours qu'il avoi^ différé d'obéir au ban du Prince. « Homo nostros « habens^ honores in bostem bannitus quotf « diebus post placitum condictum venisse compro- « balus fuerit, tôt diebus abstineat a carne et vino. > (Baluz, Capitul. Reg. Fr. T.l, col. 767.) « Quicunque* « ex bis qui beneficium Principis habent, pareni' « suum contra hostes communes pergentem dimi*- « seritr et cum eo ire vel stare noiuerit, bonorem* « suum et beneficium perdat. » (Id. ibid.) L'opinion commune, dit l'Auteur de la Glose sur le Chapitre lx de la Coutume d'Anjou, est que souer le règne de S' Louis, les Bers et Arrière*vassaux ,i qui refusoient d'obéir au ban, perdoient leurs fiefs, comme les Leudes perdoient leurs honneurs et* bénéfices sous le règne de Charlemagne. (Voyea^ Ord. T. ï, p. 154,. note (r). On chercheroit en vain dans les Gapitulaires des^ Rois de la première et de la seconde race , une: distinction entre les mots bannus et heribannus ,. semblable à celle qu'on trouve entre les mots ban; et arrière-ban^ dans les Ordonnances dea Rois de^ la troisième race*. On y voit' qu'en général bannus* signifioit. publication aune loi,. d'un ordre du Sou*- verain ; en particulier, publication d'un ordrerelatif à. la nécessité du service militak*e. Délai en nommoiLtonniie, biaunnus- dominieus^ la peine àr laquelle on condamnoit les ihfl^acteure dU/AanoudelalolpoMiéepar ordre du Seigneur AR — 112 — ftonverain ; bannnSj heribannns, la peine à laquelle on oondamnoit les hommes libres sans bénéfices ni honneurs, lorsqu'au mépris du ban ou de Tordre publié de la part du Seigneur souverain , relative- ment à l'obligation de servir, ils avoient refusé ou négligé de le suivre à Tarrnée , ou de faire quel- au autre service utile à la Patrie. 11 ne s'agit ici que e la dernière signiflcation du mot simple bannus, ^igniflcation qui étoit particulière au composé heribannuê. « Nec pro wactà, nec de scarà, nec de v^rdâ, nec pro heribergare, nec pro alio banno, heribannum Gomes exactare prœsumat, nisi missus nosier, etc. > (Baluz. Capitul. Reg. Fr. T. I, col. 767.) • lUi qui in hostem pergere non potuerintt juxta antiquam et aliarum gentium consuetudinem ad civitates novas, et pontes , ac transitus paludium operentur, et in civitate atque in marcha wactas faciant, ad defensionem Patriœ omnes sine uUà excusatione veniant. Et qui... hostem dimiserint, heribannum persolvant. >» (Id. ibid.T. II,col, 187.) La distinction que dans les Capitulaires on aper- ^it entre bannm et heribannus^ consiste en ce que le mot composé signifle particulièrement la peine, l'amende pour défaut de service militaire, et que le mot simple signifie généralement « peine , amende « pour infraction de la loi du Seigneur souverain ; « la peine, l'amende, qu'on nommoit souvent ban- « nus dominicus, • (Voy. Baluz. Capitul. Reg. Fr. T. I, col. 347, 393, passim. — Id. ibid. col. 197, 198,207,254, passim. — Id. ibid. col. 349, 371, passim.) C'est sans doute en conséquence de cette acception générale, que bannus^ banîius dominicus^ signifioit quelquefois la même chose que heriban- nus.* De Mundoburgio ecclesiarum, viduarum, « orphanorum et de minus potenlum personarum « atque et de exercitali placito instituto, ut hi qui « ista irruperint, bannum dominicum omnimodis « componant. >» (Baluz. Capitul. Reg. Fr. T. I, col. 403.) « De hcribanno diligenler inquirant « Missi : qui hostem facere potuit et non fecit, ipsum « bannum componat. » (Id. ibid. col. 474, etc.) On ajoute que dans le sens de peine, amende, non-seulement Tacceplion de heribamms étoil aussi particulière que celle de baymus étoit générale; mais Que celle acception est la seule qui paroisse justifiée par les Capitulaires. En effet, on n'y a ren- contré aucune preuve qu'il ait signifié />an, publica- tion en général ; pas même en particulier ban de Vost^ en latin hostilis bannus, le baUy la publication d'un ordre pour se rendre à l'armée, ou pour faire Suelqu'autre service militaire. C*est néanmoins 'acres l'idée contraire Qu'on a prétendu que la plus ancienne signification de heribannus^ en frant^ois heribanf hereban, étoit le cri public fait de par le Roi à ses vassaux pour l'aller servir à l'armée, et qu'ensuite le même mot avoil signifié l'amende que Jayoient les mômes vassaux pour n*avoir pas obéi la convocation. Les Etvmologistes sont en géné- ral d'autant plus attaches à cette opinion, qu'elle leur semble autorisée par la signification du mot allemand heer^ qui, réuni ft ban. forme selon eux le composé hereban, en latin heribannus. (Voj. Fauchet, Mil. Fr. p. 114. — Rabelais, T. IV, p. 218; note de Le Duchat. — Hénase, DicL Etym.) Il est \Tai qu'en allemand heer signifle armée ; mais comme le droit d'assembler une armée et de la commander, est un droit de Seigneur, il seroit possible qu'une armée eût été nommée heer^de cet autre mot allemand herr, /i^fi« en latin, en françois Seigneur. Quoi qu*il en soit, les Savans,qui ne sont pas de l'opinion générale des Étymologistes sur la composition de hereban, le croient formé, non de heer, mais de herr réuni au mot ban, (Voy. Coquille, Hist. de Nivernois, p. 121. — De la Roque, Traité du Ban et Arrière-ban, chap. xvii, p. 43. — Borel, Très, de Rech. et Antiq. Gaui. p. 508.) Cette seconde Etymologie peut être préférable à la première ; mats on n'en conclura point avec Coquille, que dans tes Capitulaii^s hereban, en latin heribannus, ait signi- fié l'ordre publié de la part du Seigneur souverain pour s'armer et faire le service militaire. On a déjà remarqué qu'il y désignoit spécialement et peut- être uniquement l'amende due au Seigneur souve- rain, par tout homme libre qui n'avoit pas obéi & cet ordre. Il paroit que cette amende étoit si essentiellement le droit du Seigneur souverain, qu'on refusoit d'en compter à tout autre qu'à ses Envoyés, même aux Comtes. « Dicunt ipsi Comités quod alii eorum « pngenses non illis obediant, nec bannum domni « Imperatoris adimplere volunt ; dicentes quod « contra Misses domni Imperatoris pro heribanno « debeant rationem reddere. >» (Baluz. Capitul. Reg. Fr. T. I, col. 486.) Ce refus de la part des hommes libres, fut autorisé par les loix de Charlemagne. « Ut haribannum, aut aliquod collectum, pro exer- « citîili causa. Comités de liberis hominibus reci- « perc non prœsumant; excepte si de palatio a nostro Missus veniat qui illum haribannum « requirat. " (Id. ibid. col. 532.) Quoique les Comtes eussent le tiers de cette amende, la concession uu'on leur en faisoit, étoit une concession de partie cl*un droit qui n*appartenoit sans doute qu'au Sei- gneur souverain, puisqu'ils ne pouvoienl recevoir le don qui leur en étoit fait, que par les mains de ses Envoyés. « Heribannum Cornes exactare non « prœsumat, nisi Missus noster prius heribannum « ad partem nostram recipiat et ei suam tertiam « partem exinde per jussionem nostram donet. • (Id. ibid. col. 707.) Lorsqu'on fait réflexion d'ailleurs, que l'homme libre à qui il étoit impossible de servir la Patrie en suivant le Roi à Taimée, étoit tenu de la servir et de travailler pour son utilité ou pour sa défense, soit en gardant les frontières, soit en aidant à bâtir de nouvelles cités, à construire des ponts, à rendre les marais praticables ; lorsqu'on a la preuve que l'amende pour défaut de travail aux ouvrages fmblics, comme l'amende pour défaut de service à 'armée, pour défaut de service militaire en général, se nommoit heribannus; on est de plus en plus au* I *j AR -114- AJ^ changées en possessions féodales, à d'autres ser- vices que ceux dûs au Roi et à la Patrie. Avant rétablissement du système féodaU toute possession, môme la possession d'un bénéfice qu'on ne tenoit pas immédiatement du £oi, n'obligeoit à aocun service distinct de celui que devoit le vassal immédiat du Seigneur souverain. En suivant à l'armée le Comte ou le Seigneur dont on tenoit un bénéfice, dont on étoit le vassal, on ne servoit que la Patrie, et l'on n*obéissoit qu'au ban du Roù Aussi a-t-on vu qu'à lui seul étoit due l'amende pour défaut de service militaire. « Omnis liber « bomo qui quatuor mansos... de alicuj us bénéficie « habet,... ipse in hostem pergat, sive cum seniore ■ suo. » (Baluz. Capitul. Reg. Fr. T. I, col. 489.) « De vassis dominicis qui intra casam serviunt, « et tamen bénéficia habere noscuntur, statutum est « ut quicunque ex eis cum domno Imperatore « domi remanserint, vassallos sues casatos secum « non retineant, sed cum Comité cujus pagenses « sunt, ire permittant. » (Id. ibid. col. 495.) « Yassi « nostri et vassi Ëpiscoporum, Abbatum, Abbatis- « sarum et Comitum, qui in hoste non fuerunt, « heribannum rewadient. » (Id. ibid. col. 618.) Mais la propriété seigneuriale des vassaux immé- diats du Seigneur souverain une fois légitimée, on vit naître et s'élever une nouvelle puissance qu'on nomma suzeraineté ; mot, dit Loyseau, « qui est « aussi étrange que cette espèce de Seigneurie est « absurde. » Alors une servitude presque générale succéda à la liberté; Tbomme de la patrie fut un bomme de fief; le possesseur d'un fief qui ne rele- voit pas immédiatement du Roi, fut le vassal d'un Seigneur suzerain et intermédiaire, et ce vassal par sous-inféodation, acquit un autre vassal qui étoit par rapport à lui ce qu'il étoit lui-môme par rapport a son Seigneur, et ce qu'étoit ce Seigneur par rap- port au Souverain. Le service militaire auquel les Seigneurs propriétaires obligèrent leurs hommes et ]aurs vassaux^ en cas de guerres particulières, a été désigné comme les corvées et autres devoirs féodaux, par le mot arban ou erban. On croit qu'il faut lire erband dans une charte de l'an 984, par laquelle Emenon, seigneur d'Yssoudun, affranchit de ce service militaire les babitans du bourg S' Martin. « Concedimus omnes consuetudines.... « ita scilicet ut nemo illorum pergat ad pugnam « quœ alio nomine vocatur eybamd, neque botta- < gium vini alicui reddat. » (La Tbaumassière, Coût, de Berry, p. 697. — Voy. Du Cange, Gloss. lat.T. 111, col. 1109.) On ne confondra point ce service militaire, per- sonnel aux Seigneurs qui forcèrent en conséquence leurs bommes et leurs vassaux à prendre les armes contre le Roi môme^ avec le service militaire qu'ils en exigeoient, toutes les fois que le Seigneur sou- verain faisoit publier son ban^ ou l'ordre de s'armer pour sa défense et celle du Royaume. Probablement que d'après Topinion générale et peu vraisemblable des Etymologistes, qui veulent q\x' arrière-ban ait été formé comme arbanj du mot heribannus, composé de ban et hère en allemand» herus en latin, en françois Sdgneur, Ton aura dît que Yarriêre-ban étoit pour les Seigneurs, pour les Nobles ou tenans fiefs, et le ban pour les roturiers. On a déjà observé que dans les Gapiiulaires, ce mdt' heribannus signifie toujours l'amende exieible par le Seigneur souverain pour défaut de service mili- taire, et jamais la publication de Tordre relatif à ce service; encore moins la publication d'un ordre particulier à une classe supérieure d'hommes, tds ![ue les Seigneurs, les Nobles ou les possesseurs de leb, pour qui l'obligation de servir la Patrie fut une espèce' de prérogative, sous les Rois de la troisième race. Sous ceux de la première et de la seconde race, c'est-à-dire, jusqu'à l'époque de la seigneurie féodale, tout bomme, quel que fût son état, pourvu qu'il fût libre, servoit ou aidoità servir le Roi et la Patrie. La publication de l'ordre auqucd^ il obéissoit en concurrence avec Thomme que la fortune et le mérite élevoient au-dessus des autres sujets du Roi, se nommoit ban; et ce ban étoit pour le Comte, pour le Leude illustré par la faveur, comme pour le possesseur obscur d'un bénéfice ou d'un alleu, pour l'homme libre en général. Il n'y avoit point alors de ban pour les Seigneurs, qu'on distinguât du ban pour les hommes libres, en le nommant hériban. Quand il seroit vrai que de ce mot hériban l'on eût fait airière-ban^ il faudroit encore prouver qu'on a eu raison de dire que sous les Rois de la troisième race, Varrière-ban étoit pour les Seigneurs, pour les Nobles ou possesseurs de fiefs en général, et le ban pour les roturiers. (Voy. Laurière, Gloss. du Dr. Fr. au mot Afrière-ban.) On imagina sans doute le mot arrière-ban ou riereban^ en latin retrobannus^ et on le distingua du ban, lorsque les Seigneurs propriétaires com- mencèrent à avoir des vassaux, qui, relativement à l'obligation du service militaire qu'ils dévoient au Roi, n'éloient plus placés sur la ligne des vas- saux immédiats du Seigneur souverain; puisquece n'étoit plus le Roi, mais ces Seigneurs intermédiai- res quils suivoient à l'armée, puisque c'étoit arrière eux qu'ils marchoient et combattoient pour la défense du Royaume. De là, on aura nommé arrière-ban^ la publication de l'ordre auquel les vassaux d'un Seigneur intermédiaire obéissoient en le suivant à l'armée, par opposition au ban, à la publication de l'ordre adresse aux vassaux immé- diats du Seigneur souverain. « Le ban étoit la con- « vocation des vassaux du Roi sans moyen; « Y arrière-ban, la convocation de ceux qui tenoient « du Roi médiatemept. » (Voy. Laurière, Gloss. du Dr. Fr.) On caractérisera encore mieux celte pre- ' mière distinction du ban et de Y arrière-ban^ en disant avec Charondas : « Le ban estoit la convoca- « tion que faisoit faire le Roy et souverain prince ; f et Y arrière-ban^ la publication que le Seigneur c appelle au ban de son Roi ou Prince, faisoit faire « pour assembler ses vassaux et arrière-vassaux, « pour l'accompagner à l'ost et armée. » (Voy. Bouteiller, som. rur. art. ixxxui, annot. p. 4860 AU -HS- At Le service militaire qu^en ce cas les Seignears nîpelés au ban du Roi exigeoient de leurs vassaux, ^t le service auquel les avoit obligés eux-mêmes nnféodation du Seigneur souverain. Quoique leurs àéb ou plein-fie&, au moyen de la sous-inféoda- tîon. fussent, relativement au Roi, changés en arriere-fieb, ce changement n'anéantissoit pas I*dbligatioa primitive qu'ils avoient contractée. liais pour y satisfaire, ils s*associèrent des vassaux qui en paroissant les servir, ne servoient réellement que le Roi, comme Seigneur suzerain de toute pos- session féodale. Il est probable que nos Rois sans eesse occupa du soin politique de rétablir les droits de la souveraineté, en faisant valoir ceux de leur suzeraineté universelle, accoutumèrent insensible- ment les vassaux de ces Seigneurs intermédiaires, ji voir comme une formalité assez indifférente, un ^rrière-ban que devoit précéder le ban du Roi, ban auquel ils obéissoient en paroissant n*obéir qu'à Yarrière^an de leurs Seigneurs. Aussi a-t-on dit 4iue le han étoit « un mandement fait à tous Gen- y^ tilshommes et tenans flefs et arrière-flefs, d'assis- « ter à la guerre du Prince. >• (Voy. De la Roque, Traité du Ban et Arrière-ban, p. 2.) Si les tenans arrière-fiefs partageoient la Noblesse avec les tenans flefs, comme ils partageoient avec eux Tobligation de faire service personnel avec armes es guerres; il faut en conclure qu'ils étoient du nombre de ceux qu'on a désignés comme sujets au ban, en disant que les Nobles seuls estoient sujets au ban. (Voy. Ord. T. I, p. 152, note (a.) — Coquille, Hist. de Nivernois, p. 119.) On pourroit, d'après celte définition du ban^ ima- Îiner que V arrière-ban fut alors une convocation es Non-nobles à la suite des Nobles, comme il avoit été la convocation des vassaux médiats du Seigneur souverain, à la suite de ses vassaux immédiats. Il est vrai qu'au temps où l'on paroit avoir confondu avec le ban Au Roi, un arrière-ban qui en étoit la conséquence nécessaire, on distinguoit encore Yarrière-ban du ban. Mais cette distinction n'étoit point relative à celle des Nobles et des Non-nobles, les uns convoqués à la suite des autres ; puisque par son bail le Seigneur souverain convoquoit tout nomme noble ou non-noble qui lui devoit un service militaire. En prouvant qu'il y avoit des Non-nobles obligés à ce service, que les hommes coutumiers, les bourgeois et habitans des villes, les hommes des Seigneurs servoient en l'ost du Roi avec les possesseurs de fiefs et arrière-fiefs, avec les Sei- gneurs, les Gentilshommes, les Nobles en général, on prouve qu'ils obéissoient à son ban, en concur- rence avec les Nobles et les Seigneurs, lors même qu'ils marchoient sous leur bannière. « Nobles et « Non-nobles qui à nous et à nos successeurs, en « nos guerres et osts, doivent certains services, « etc. > (Ord. T. I, p. 588.) « Li Barons et li bons « le Roy doivent le Roy suivre en son ost, quand il « les en semondra, et le doivent servir soixante « jours et soixante nuits Li bons coustumier « doivent être en Fost le Roy quarante jours et « quarante nuits ; et se il en venoit avant, et tl en < Âissent prouvé» la Justice le Roy en porroit bien « lever soixante sols. » (Établissemens de S' Louis,, chap. Lxi.) On ne dispensoit du service de l'ost les: Non-nobles qui y étoient assujettis, qu'autant qu'ils se soumettoient à l'imposition de certains droits^ d'aide. < Les gens des villes, ne les subgiez des « Nobles, ne seront contrainz à aller en nostre ost; « durant le temps de nostre imposition. » (Ord. T. n, p. 394, etc.) Dans le cas où le Souverain jugeoit que le pre- mier ban devoit être suivi d'un second ban, par lequel il exigeoit des Nobles et Non-nobles un autre service que celui prescrit par les loix féodales et cou* tumières, on nommoit ce ban, relativement à celui qui l'avoit précédé, arrière-ban. C'est en ce sens qu'on a eu raison de dire qu'il n'y avoit arrièrè-ban, lorsque nul ost n'estoit allé devant; que le ban étoit pour le service ordinaire, et Yarrière-ban pour un service extraordinaire. (Voy. Chron. Fr. de Nangis, Ms. an. 1338.— Laurière, GIoss. du Dr. Fr. — De la Roque, Traité du Ban et Arrière-ban, p. 2.) On définira donc Yarrière-ban ainsi distingué du ban, en disant que c'étoit une convocation itérative des Nobles et Non-nobles sujets au service féodal et coutumier, pour un service extraordinaire : défini- tion justifiée par les Ordonnances, entre autres par celle de Louis X, en date du 22 juillet 1315, dans laquelle on lit : « Que iceux Nobles et Non- nobles « qui à nous et à nos successeurs, en nos guerres « et osts, doivent certains services et bornages, « iceux services payez, demeurent quittes et francs» « sans ce que par nous, ne par nos successeurs « puissent estre contrains à autre service d'ost « faire à nous, fors en cas de Yarrière-ban qui con- « vient cstre raisonnable et de cause appârissant. » (Ord. T. I, p. 588.) Lorsque le droit de faire publier cet arrière-ban, fut un droit du Souverain, exclusi- vement aux Seigneurs qui avoient pu se l'arroger, le Souverain s'obligea par amour pour son peuple, que Yarrière-ban exposoit à des vexations, à ne le faire publier que dans le cas de nécessité évidente et après bataille; conséquemment après que les Nobles et Non-nobles auroient acquitté le service ordinaire. Rien de plus positif à cet égard que l'Or- donnance du Roi Jean, en date du 28 décembre 1355, et celle de Charles son fils aîné et son Lieutenant, datée du mois de mars 1356. « Que desores-mais « nuls ne puisse faire arriereban en nostre Royaume, « fors tant seulement nous en nostre personne et « nostre ainsné filz ; et ycelluy ne pourrons faire, « fors seulement en cas de pure et évident néces- « site, et bien conseilliez sur ce. » (Ord. T. III, p. 34.) « Que aucuns ne puisse doresnavant faire « arrierebans, fors tant seulement nostre très-chier « Seigneur et père et nous ; et icelluy ne pourrons « faire fors après bataille, et en cas de pure et évi- « dent nécessité, et bien conseillé sur ce, et eu < advis et délibération avec les Esleuz de par les « troiz Etats, se bonnement les pouvons avoir. » I (Ibid. p. 138.) [ AR — 116 - AR Il paroit que pour les Non-nobles sujets au ser- vice militaire, rexemption de servir au moyen de certains droits d'aide, ne s*étendoit pas au-delà du ban, puisqu'ils ne Tobtenoient qu'avec la restric- tion : si ce n'est à cause d'arrière-ban, si ce n*est en cas de nécessité évidente ; par conséquent, en cas de Varrière-baîi, que cette môme nécessité rendoit légitime. « Les gens des villes ou de nos subgiez, « ne seront contrains à aller en nostre ost, durant « le temps de ladicte imposition, si ce n*est à cause « de arreban fait pour bonne et juste cause, sanz « feintize. » (Ord. T. II, p. 530, etc.) Il étoit juste que pour les Non-nobles, les babitans des villes, et autres ainsi affranchis de service, Tobligation d'obéir à Y arrière-ban, fût la même que pour ceux qui ayant réellement fait le service ordinaire et exigible par le ban du Roi, n'en dévoient pas moins le service extraordinaire et exigible par son arrière-ban. On a déjà prouvé par l'article m de rOrdonnance de Louis X, datée du mois de juillet 1315, que les Nobles et Non-nobles, après avoir acquitté le service auquel ils étoient assujettis par les loix féodales et coutumières, pouvoient, en cas 6* arrière-ban, être contrains à faire un autre ser- vice, lorsqu'il étoit jugé essentiel à la défense du Roi et du Royaume. Dans Tarticle vu de la même Ordonnance, V arrière-ban est désigné par l'évidente utilité, par la nécessité urgente qui le légitimoit. Philippe de Valois interprète ce même article par lequel, s'il n'y avoit évidente utilité, ou nécessité urgente, Louis X n'exigeoit des hommes de son duché de Normandie que les services à lui dûs, en disant que ces services étoient les seuls auxquels ils fussent obligés; à moins que la publication de Yarrière-ban, après celle du ban, ne fût nécessitée par l'impossibilité de s'opposer aux ennemis qui envahissoient le Royaume, ou aux rebelles qui en troubloient la tranquillité. « In casu quo per primam semonsam seu convocacionem generali- ter factam, nos seu nostri successores, et illi qui tune essent nobiscum aut cum successoribus nostris, non essemus aut ipsi non essent satis fortes ad obviandum seu resisténdum hostium potencie, aut ad reducendum ad obedienciam subditos rebelles, absque faciendo retroban- num, fieret et fieri posset retrobannum, etc. >• (Ord. T. VI, p. 550 et 551.) Si les Nobles et Non-nobles qui dévoient le ser- vice militaire, étoient les seuls qui- dussent obéir au ban du Roi, la première semonce ou convocation généralement faite, par laquelle Philippe de Valois paroit désigner le ban, n'étoit donc générale que par rapport aux Nobles et Non-nobles sujets à ce service. Il falloit qu'il y eût nécessité de service extraordinaire, et par conséquent arrière-ban ou convocation itérative des hommes qui avoient obéi an ban et fait le service ordinaire, pour que ceux dont on n'exigeoit pas ce service, ou qu'on en dis- pensoit au moyen de certains droits d'aide, fussent ténus de suivre le Roi à l'armée et de le servir en concurrence avec les autres. La preuve est qu'im- médiatement après avoir dit qne « les Nobles et « Non-nobles qui auroient fait les services par eux « dûs, ne pourroient être contraints à faire autre. « service d'ost, fors en cas de Yarrière-ban^ » Louis X ajoute que dans le cas de cet arrièrebatif les hommes même qui ne dévoient aucun servicet seroient tenus d'y obéir. < Que iceux homes qui ne « sont tenus envers nous en aucuns certains servi- « ces, ne puissent estre contrains à aucun service ' « estre fait à nous, fors en cas dessus dit et derrai- « nement déclaré. » (Ord. T. I, p. 588 et 589.) Ea ordonnant que Yarrière-ban publié, tous y obéis- sent, Philippe de Valois réunit sans doute ces hom-. mes qui ne dévoient pas le service exigible par le ban, à ceux pour qui ce service étoit un devoir féodal ou coutumier. < In casu quo fieret • re^ro^flnnwm, omnestenerentureidemobedire. » (Ord. T. VI, p. 55i.) On ne voit pas que les hommes non sujets au ser- vice ordinaire et exigible par le ban, aient toujours été tenus d'obéir à Y arriere-ban, à la convocation itérative des Nobles et Non-nobles pour un service extraordinaire. Il paroit au contraire que Yairière- ban dont Charles VI, par ses Lettres du 8 février 1413, ordonne la publication, n'intéresse que des hommes sujets au service féodal et coutumier; puisque le commandement d'obéir ne doit être fait qu'aux Nobles, aux Possesseurs de fiefs et arrière-fiefs , aux Bourgeois et babitans des bonnes villes. Une preuve évidente que ces bourgeois et babitans des villes dévoient un service coutumier, c'est que comme on l'a déjà observé, pour en obtenir l'exemption, ils payoient certains droits d'aide. « Enjoignons qu'incontinent ces pré- a sentes veues, vous faites proclamer solemnelle- « ment à haute voix et à son de trompe, en vostre « bailliage, nostre arrière ban de par nous, en « faisant commandement... à tous les Nobles.... « qui ont accoustumé d'user et ensuivir les armes « et qui sont en état de poursuivir, et Aultres qui « tiennent fiefs et arrière-fiefs vallans par an vingt « livres tournois, et outre aux Bourgeois et habi- « tans de toutes bonnes villes et ressers de vostre . « dit bailliage; c'est à sçavoir, ausdits Nobles qui « ont accoustumé d'user et ensuivir armes, sur la « foy et loyauté et aussi le service qu'ils nous « doivent, et sur la peine de confiscation de leurs « biens, fiefs et arriére-fiefs et tenement, ils vien- « nent tantost en diligence et sans demeure, à tout « le plus grand nombre et puissance de Gens « d'armes et de traict qu'ils pourront, et ausdits « Bourgeois et hnbitans des bonnes villes qu'ils « envoyent le plustost qu'ils pourront, des Gens « d'armes et de traict devers nous, montez à cheval» « et armez, souffisamment accompaignez. » (Ord. T. X, p. 194.) S'ils n'envoyoient pas ces Gens d'armes et de traict, ils étoient personnellement tenus d'obéir à Yarrière-ban. (Voy. Ord. T. II, p. 320, etc.) Il n'y avoit donc réellement convocation générale Eour le service extraordinaire, que lorsque les ommes qui n'avoient fait ou n'avoient dû faire le AH — H7 - ÂR servicel ordinaire et exigible par le ban , étoient convoqués avec eeux pour qui ce service avoit été un devoir indispensable. Mais alors Y arrière- ban oa convocation itérative par rapport aux uns, étoit par rapport aux autres un ban ou première convo- calioQ. Il seroit possible que les mots ban et arrière- bm réunis, eussent expliqué cette double significa- tion d'arrière- ton. Peut-être aussi la réunion de ces deux mots a-t-elle été occasionnée par l'igno- rance ou par Toubli de la raison pour laquelle on les avoit distingués Tun de l'autre. Il paroit même que ridée de la distinction du ban et de Varrière- ban avoit quelquefois été très confuse; puisque dans une Ordonnance de Philippe de Valois, on lit âu*au moyen d'une aide qui exemptoit seulement u service exigible par le &an, « les Bourgeois et « habitans de la ville de Paris, ne seront tenuz m d*aller ou envoyer en Tost pour arrereban ou ^ autrement, si ce n'est en cas de évident néces- - site. . (Voy. Ord. T. II, p. 320.) On sait qu'à rétablissement des Compagnies 43'Ordonnance par Charles VII , la Noblesse brigua l'honneur utile d'y servir ; et qu'en servant dans <^e$ Compagnies à la solde de nos Rois, en temps de M^ûix comme de guerre , elle s'affranchit du service exigible par le ban et arrière-ban, « Inédit Roy •" Charles VII mit sus premièrement les Ordonnances *• de Gendarmerie.... et pour les entretenir en • temps de guerre et de paix, fit les tailles ordinaires • sur le peuple.... En ces Compagnies des Ordon- • nances n'estoienl et ne sont receuz que Gentils- • hommes qui par ce moyen ont esté exemptés de • Varrière'ban: ce qui ne semble pas raisonna- • ble quant à la contribution de la bourse. Car • c'est une charge réelle que les fiefs doivent ; et • es dites Ordonnances ils reçoivent solde pour le • service qu'ils font ù la guerre, et le reçoivent en « temps de paix aussi bien comme de guerre ; dont « le peuple du Tiers-estat est foullé de tant plus ; « car il paye les tailles pour l'entretenement de la • Gendarmerie >• (Coquille , Hist. de Nivernois , p. 119.) Alors on négligea sans doute plus que jamais la distinction du ban et de Y arrière-ban. Enfin le han ou la convocation pour le service ordinaire, fut confondu avec V arrière-ban ^ la convocation itéra- tive , la convocation générale pour un service extraordinaire; et ces deux mots souvent réunis si- gnifièrent en général « convocation pour service de « l'ost. » (Voy. le P. Ménest., de la Chevalerie, p. 199. — Delà Roque, Traité du Ban et Arrière- ban, p. 45.) C'est relativement à ridée d'amers- tan, convoca- tion générale pour service ex traordinaire, qu'on a dit : ..... Li loa ses «onsaus Que mandés fut Varierébarvs Des gens menues et des grans. Ph. Moaskas, liS. p. 256. ..... Se il m'estoit nus meôtiers De Serons ne de Cevaliers ; Tous li arrierébans Tenroit , Lues que mon mesage veroit. Id. p. i47. En doubtancc fut qu'il feroit, Et se à Àrtus se combatroit , Ou s'ariereban atendroit. Rom. de Brut, MS. fol 93, V* aol. 9. On voit que dans ces vers, le moi arrière-ban signiHe la réunion, l'assemblée des personnes gêné- ralementconvoquéespourunservice extraordinaire. En regardant cette assemblée, cette réunion comme un dernier effort pour la défense du Roi et du Royaume, on aura dit iigurémentd'un Chevalier qui réunissoit toutes ses forces et les rassembloit» qui faisoit les derniers efforts pour vaincre un rival et réussir dans une entreprise, « qu'il monstroit « Varrière-ban de sa force ou de sa prouesse ; que « l'arrière-ban de sa prouesse » venoit à son secours. « Voyant le Chevalier sauvage qu'il avoit « affaire à ung si preux Chevalier, il pensa bien « qu'il lui convenoit monstrer Yarrière-ban de sa « force. » (Percef. Vol. 111, fol. 9.) « Lyonnel du « Glar pensa que à ce jour monstrer luy con- « venoit Yarriereban de toute sa proesse. » (Ibid, fol. 126.) « Au besoing de vostre emprise, viendra « au secours Yarriereban de vostre prouesse. ■ (Ibid. Vol. V, fol. 103.] Il est encore possible que par allusion à l'espèce d'hommes qui n'étant sujets qu'à Yarrière-ban ^ venoient les derniers à l'armée, on ait désigné le courage et l'intrépidité de quelqu'un toujours prêt à marcher des premiers à l'ennemi, en disant qu'il ne faisoit pas le riereban. De s» Pol est là Gui le Conte : G lui, pour Flamens à mort rere, Raoul de Neele son frère. Cil ne sont pas le riereban. G. Goiart, MS. fol. t34, R- et V. Li quens d'Artois est à main destre... Lez lui, qu'à péril ne li tourge, Jehan de Henaut son serourge, Auquel il ot celé journée L'ordre de Chevalier donnée. Cis ne fait pas le riereban. Id. ibid. fol. «54, V et 255, R*. On n'ignore pas sans doute que pour les Vassaux^ les Hommes d un Seigneur à qui il étoit dû un service militaire et personnel, il y avoit le ban et Yarrière-ban comme pour les Vassaux, les Hommes du Seigneur souverain (1). (Voy. D. Lobineau, Hist. (i) En résumé, la propriété fut la base du service miUtaire sous les deux premières races : les hommes libres propriétaires d'an miêsaticum voisin de l'ennemi étaient convoqués par le missus, et partaient après la proclamation du ban au prône de leur paroisse. Les réfractaires payaient Vhériban, amende montant souvent à 00 sous et pouvant atteindre 600 sous. Le mot hériban reparait au temps de Philippe-le-Bel, mais on ne le comprend plus ; on le rapproche à'arban et on le Hi«»««A*.«^ Air. -.^A^ï.^., n^ — * 1 ^^A A — : :^î-.» * --—pie 6on, dout il a la signification; c'est le 6a» nobles et aux roturiers; pour guerroyer en 'argent j^ la convocation de Varrière-ban lui donnait Tun et rantre. *abu8 qui amenèrent la décadence de raurait réuni pour la dernière fois. plus que la convocation des possesseurs de fiefs qui doivent le service militaire gratuit, (n. e.) ^ ^ ^ de Bretagoe, T. n, obi. 947; tit. de 1420..— Inc. Goût, de Normaadie, fol. 66, R-, etc.) Arbaux (plur.) Du Caage, Gtoat. Ut. i. ui, ^^^n. , AiUERBBAN. Rom. de Brut, MS. toi. S, T* col. % Arabban. Ord. T. U, p. 530. Arbkrbban. Ibid. p. ^. AnniEREBAN. Ph. ÛoDBlces, MS. p. 147. Erband. Du Ganse, Gloss. lat. T. III, cot 1109. Bybamd (lisez Erband ^Li'Tba.■amaaa. C. deBenT,p.097. Hebban. Percer. VoL II, foL 50, V» col. 1. Herbault. Rabelais, T. IV, p. 219. HsHBAin. Id. ibid. p. 318 ; note de Le Duchat. Hbrbaux (plur.) Coût. gën. T. H, p. S78. Herkb AN. Coquille, Hial. de NiTomois, p. 1M. Hebiban. Fauchet, MiL Ir. p. lit USHisBAN. Borel.Dict. p. 3Ë0. Eiereban. De ta Roque, Traité de l'AirîAre-ban, p. 45. RtEHEBAN. D. Lobineau, Hist. de Bretagne, T. Il, coL H7. Arbitrage, subsï.mfuc. Pouvoir dejugercomme arbitre. Avis, jugement, volonté. La signification avec laquelle ce mot subsiste, n'est pas moins ancienne que l'acception d'après laquelle il dési^oit ■ le pouvoir de juger comme arbitre; la volonté ou ■ puissance doimée à aucun qui entreprendre le ■ vouloit, à déterminer et prononcer sur le débat • des Parties, ce que raison en donneroit. > [Voy. Bouteiller, Som. rur. liv. II, tit. m, p. 693.) Il dési- Suoit en même temps le jugement qu'en conséquence e ce pouvoir les arbitres qui prenoient connois- sancede l'affaire soumise à leur avis et inspection, prononcoient ou dévoient prononcer ; puisque le même Jurisconsulte ajoute, qu'ayant accepté, ils étoieat ■ contraints à procéder avant à Varbilrage ■ durant le temps de leur pouvoir ; lequel expiré, « Varbitrage estoit failly, et n'avoient plus de pou- ■ voir, ne plus contraindre on ne les pouvoit ne < devoil en outre , se terminé n'avoient à sentence ■ diRii: itive, ou appointement entre les Parties. ■ (Voy. Id. ibid. p. 694.) On a restreint à cette dernière acception l'usage d'un mot qui, relativement à l'acception générale du latin firbi/num,signilloil avis, jugement, volonté que détermine l'inspection ou la connoissance des cboses. C'est en ce sens qu'un criminel à ta volonté de qui on laissoit le choix du genre de mort qu'il aviseroit, qu'il jugeroit le plusdoux, étoitdit mourir àson arbitrage. • Celluy milourt(l] Anglois auquel ■ fui fait commandement, pour les crimes desquels • estoit convaincu , de mourir îi son arbitraige, > esleut mourir nayé dedans ung tonneau de • malvesie. ■ (Rabelais, T. IV, p. 146.) TiniisTGs : ARBITRAGE. Orth. lubsist. - BoutaiUer, Som. nir. p. 093. ABBrrnAioB. Rabelais, T. IV, p. 146. Arbltratenr, tubst. masc. Arbitre. Quoique les amiables compositeurs ou appaiseurs, les arbitra' tews et arbitras eussent tous le droit de connoltre d'une ilhire soumise à leur avis et inspection, ils diflëroîent cependant les uns des autres en ce que le pouvoir de la juger, plus limité pour ■ ramiable < eompositeor ou appaiseur que pour l'arbitre, • étoit presque absolu dans Varbitrateur. (Voyai Apaiseub et AnBiTnE.) En jugeant , l'arbitre obserrcAt nécessairement l'ordre de droict:''i l'amiable corn*' <■ positeur ou appaiseur • ne jii^feoit que du con- sentement des Parties qu'il mettoit en accord. (7oy. Bouteiller, Som. rur. liv. II, tit m, p. 693 et 894.) Hais Varbitrateur étoit un juge qui poavoit n% consulter que sa conscience et ce s'assujettir 1 d'aubv règle q^ue celle de l'équité naturelle. ■ Arbitraleur, si est celuy qui de la cause est « chargé à sa conscience, (ûdre de droict gardé ou. • non gardé, et peut les Parties appoincter selon ■ que bon luy semble. ■ (Id. ibid. p. 694.) Oq conçoit la possibilité que, même avec l'idée de ces distinctions, idée qui sans doute fut souvent confuse, la personne nommée pourconnottred'une affaire et la juger, fût tout-à-la fois arbitre, arbilra- teur et amiable appaiseur ou appaiaenteur. Alors la forme du jugement indiquoit en quelle qualité il éloit prononce. > Monseigneur Jehan Aubignet, > abbé de S' Jehan de Laon, arbitre, arbitraleur, ■ el amyable appaisenteur, prias et esleu par noble ■ homme Charles de Longueval, etc. ■ (D. Carpen- tier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, T. 1, col. 273 ; m. de 1489.) Arbltratlon, subst. fém. Avis, volonté. On étoit puni à Varbitralion de Justice, lorsque la Loi laissoit à la volonté des Juges le droit de prononcer telle punition qu'ils aviseroient être proportionnée à un délit. ■ Requièrent les Gens des Estais estre • remboursez de plusieurs sommes de deniers ■ payées à aucuns Commissaires particuliers ■ pour illicites exactions; et que lesdits Commis- « saires pour l'injuste exaction d'iceux soient • punis ù Varbitration de Justice. » (Godetroy, Observ. sur i'Hist. de Charles Vlll, p. 415. — Voy. et Ahbithexëht.) Arbitre, subst. masc. Arbitre compromissîon- naire. Inspection, avis. Jugement, volonté, arbitrage. Anciennement le mot arbitre, en latin arbiter, dont la signification actuelle, en termes deDroit, n'est pas moins générale que l'étoit celle du mot inusité arbitraleur, désigno.it spécialement un arbitre compi-omissionnaire, un arbitre que le compromis obligeoit de juger conformément à la règle du Droit. « Arbitre ne peut et ne doit en la cause à luy ■ submise, procéder autrement que par ordre de € droict gardé, selon qu'il est allégué ou prouvé € devant luy : car nul trai'cté n'y peut ne doit faire • non plus que feroit le Juge, ne plus ne doit avoir ■ de faveur à une partie qu'à l'autre; mais tout ■ laisser aller selon la reigle de Droict. ■ (Bouteil- ler, Som. rur. liv. Il, tit. ni, p. 693 et 694. — Voy. ARBITRATCtlR et AhBITREUS.) Ce même mot arbitre, en latin arbtirium, dans un sens relatif à l'étymologie latine, signifloit avis, inspection; jugement, volonté que détermine la (1) I (Duchesne, Hist. généal. de la M. de Bétbune, pr. p. 145 ; tit. de 1270. — Voy. ARBrnu- TI05 et Abbitrement.) L'intérêt personnel est si naturellement défiant et difficile à satisfaire, que toujours on croira rai- sonnable l'ancien proverbe : « Fol est l'homme qui « de son mantel se met en arbitre ; car de legier a • la moyctié perdue. » (Percef. Vol. IV, fol. IH.) On aperçoit sans doute avec quelle analogie de si^ification, la volonté par laquelle on se déter- mine librement à une action que l'on connolt et juge préférable à une autre, se nomme encore aujourd'hui libre arbitre. Arbltrement, mbst, niasc. Arbitrage. Le verbe arbitrer qui subsiste, n'est pas moins ancien dans notre langue que le substantif arbitrement qui en étoit formé. « Sur les amendes de ceux damages se « mistrent-il en le arbitrement de tiel et de tiel ; « les quex arbitrèrent^ etc. » (Britton, des Loix â*Angl. fol. 56. — Voy. Arbitre.) Arbitreus, $ub$t. masc, plur. Arbitres. La signi- fication à'arbitreus étoit peut-être spéciale comme celle d'arbitre^ lorsqu'on disoit : « Arbitreus^ arbi- « trateurs, ou amiables apaisenteurs. > (D. Carpen- tier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, T. I, col. 273; tit. de 1339. — Voy. Arbitre.) Arboirie» subst. fém. Arbres et arbrisseaux. Ce mot arboirie étoit un nom collectif d'arbres, de ronces, d'épines et autres arbrisseaux qui croissent en buisson ou en baye sur le bord des rivières navigables, et dont la coupe appartient aux Seigneurs parmi la terre desquels ces rivières passent. « Leurs terres et seigneuries vont jusques en l'eaue, et ont la couppure des ronsses et arboirie^ s'elle y croist où trailles de nefs (1) ne pourroien t passer : si grand arboirie n'y doivent laisser, qu'on y puisse trailler ; et s'ils ne le faisoient, les trail- leurs le pourroient faire et coupper si avant que pour leur dite traille porter. » (Bouteiller, Som. rur. liv. i, tit.Lxxui, p. 428.) On croit voir dans ce mot arboirie, formé sans doute, comme arbrorie^ du latin arbor^ en françois arbre, une preuve de la possibilité qn'arbois et arbrois aient eu une signification analoene ; et qua relativement à cette signification, il y ait une viUe de France au comté de Bourgogne, nommée Arbo^^ en latin Arborosa (2). (Voy. Arbrqrie et Arbroys.) Arborateur, subst. masc. Planteur d'arbres; Pépiniériste. (Voy. Cotgrave, Dict.) Arborer» verbe. Planter haut et droit k la ' manière des arbres. Il est probable que l'acception figurée de ce verbe est relative à la comparaison d'açrès laquelle le substantif arbre, en latin arbor^ désignoit une enseigne, un étendard. (Voy. Arrre,) On se le persuade avec d'autant plus de raison^ qu'arborer, toujours pris figurément et jamais dans le sens propre, si^nifioit « planter, dresser en pied, « sur pied, à guise d'un arbre, droit et ferme ; » comme dans 1 expression encore usitée, arborer un étendard, une enseigne, etc. (Voy. Monet, Dict.) Si l'on en croit Pasquier, c'est à l'amiral de Châtil- lon que notre langue est redevable d'une expression qu'il disoit « n'avoir jamais leue.... sinon aux < Ordonnances que fit l'admirai de Chastillou « exerçant lors la charge de Colonel dlnfanterie. • (Voy. Pasquier, Rech. L. vni, p. 662.) Arborler, verbe. Planter des arbres et arbris- seaux, comme épines, ronces, etc. Dans un sens analogue à celui du substantif arboirie, l'on a dit : Jean du Vivier a ladite voye tellement em* Seschée, levée et close que on n'y peut aller pied ny à cheval; et qui plus est s'efforce d'y planter, arborier, et nourrir baye, à fin que voye n'y ait jamais. » (Bouteiller, Som. rur. liv. i, tit. XXII, p. 111. — Voy. ÀRHOIRIE.) Arborlser, verbe. Chercher à connottre la nature et la vertu des plantes; chercher des plantes. On ne croit point qu'arboliser et arboriser soient des altérations d'herboriser et herboliser; verbes que Ménage prétend être formés de herbola (3) dimi- nutif latin de herba, comme les substantifs herboliste et herboriste, altérés dans arboriste et arboliste. ^oy. Ménage, Observ. sur la Lang. Fr. p. 31 et 32.) Il est plus vraisemblable qu'en étendant Tacception du substantif arbre, en latin arbor, à toute espèce de plante boiseuse ou non boiseuse, on en aura formé le verbe primitif arboriser, qui signifioit < chercher à connoitre la nature et la vertu des « arbres, des arbrisseaux, des arbustes et des « herbes ; chercher à connoitre la nature et la vertu « des plantes, chercher des plantes en général. « Passants par quelcques prez ou aultres lieux « herbus visitoient les arbres et plantes... et en « emportoient leurs pleines mains au logis : des- « quelles avoit la charge Rhizotome, ensemble « aes.... instruments requis à bien arbariner « S'il advenoit que l'aer feust pluvieux et intem- AR -i ■ përé,... au lieu d'arboriser visîloient les bouti- ■ ques des Drogueurs, Herbiers et Apolhecaires. > (Rabelais, T. I, p. 167, 169 et 171. — Voy. Cotgrave et Oudin, Dict.) Ainsi, le verbe herboriser tjoi subsiste, pourroit être uae altération de l'aDcien verbe arboriser. (Voy. Ahbohiste.) AHBORISER. Rabelais, T. 1, p. 171. AnBOLiSER. Hënage, Observ. aur ta Lang. Fr. p. 31 et 3S. Arbobizer. Rabelais, T. I, p. 16B. Hbrbolisbr, Uénage, Obserr. sur la Lang. Fr. p. 31 et 3S. Herboiueer. Orth. âubsist. — Honet, Ménage, Dict. Arboriste, subst. masc. Qui cherche à coa- nottre ou qui connoit la nalure et la vertu des Slantes. Il semble qu'on ait méconnu la possibilité 'étendre l'acception du substantif arbre, à toute espèce de plante, lorsqu'à raison de ce que les arbres, les arbrisseaux et les arbustes intéressoient moins que les herbes ou les simples, ta curiosité des Botanistes, on a imaginé qu'au lieu â'arboriste et d'arboriser, il falloit écrire herboriser et herbo- riste. On prouve cependant, par une citation de Rabelais, qu'arboriser, c'étoit visiter les arbres et Slantes; par conséquent les herbes, les simples, ontlaconnoissunce est l'objet plus particulier de la Botanique. (Voy. Ahboriseb.) De là, arboriste aura signifié la même chose que herbeur, herbier, el herbiste, mots formés du substantif herbe ; mais dans herboriste, on ne voit qu'une altération du mot primitif arftortstf. ■ Ber- ■ boriste qui est aujourd'hui.... le seul motd'usage « ne s'est introduit que par la réflexion qu'on a faite « que puisque c'étoient les herbes qu'on cherchoit ■ et non pas les arbres, on devoit écrire herboriste * et non pas arboriste : en quoi l'on n'a pas pris ■ garde que les deux dernières syllabes du mot sont ■ des preuves convaincantes de l'ancienne ortho- « graphe. "(Rabelais, T. I, p. 168; notedeLeDuchat.) On trouve l'ancienne orthographe arboriste (1), dans les Fables de la Fontaine (liv. v, édit. de 1678.) Un loup, feignant de croire malade un cheval qu'on a mis au vert, s'offre à le guérir en disant qu'il connoit la nalure et la vertu des simples de la prairie : mais une ruade le force à se donner à lui- même celte leçon : CbacuD à son métier doit toujours s'attacher: Tu veux taire ici VArboriisIe, Et ne fut jeûnais que Boucher. VARIANTES I ARBORISTE. ICénage, Observ. Eur la Lans. Fr. p. 31. Ajiboliste La Grant Nef des Fous, fol. 36, édit. de 1199. HKRBOLieTE. Ménsge. — Dict. Etym. au mot Herbotiter. HEHBoniSTE. Orth. subsist. — Nuits de Strap. T. II, p. iSR, Arbre, subst. masc. et fém. Bois. La substance qui forme le corps des arbres et sert à bâtir. DesouB la tour desceot el porce (3)... Rien n'i avoit qui aine tiist d'arbre; Car il estoit tos Tais de marbre. Siégc dt TUba, US. du R. a- 6W7, fol. 38, H- col. S. »- AR En se conformant à la règle d'après laquelle oi rapproche, autant qu'il est possible, uumotdetoei ceux dont il est l'origine, on auroit dû pour li rédaction de l'article entier, préférer à rorthograjAi abre, l'orthographe primitive arbre: et d'an sea coup-d'œil on en auroit vu naître arhreau, arbreê seau, arbr'oisel, abrisel; arbret d'oti le vérin arbreter; arbreus; arbri, ou abri d'où le veriM abrier; les substantifs arbrier ou abrier, arbriere arbroie, arbrorie, etc. (Voy. Abbe, Abri, Abrbs e ABRIseL.) VARIANTES : Arbreau, subst. masc. Petit arbre ou arbris seau. [Voy. Colgrave, et Rob. Estieane, Dict.) Arbresseau. subst. moic. Arbrisseau. Let orthographes arbruissel elarbraissiau sont un sup plément a l'article abrisel,oh le pluriel arbressau/a est une faute pour arbresseaulx, qu'on trouve dam Holinet (Poës. p. 177. — Voy. Abrissel.) VARIANTES '. ARBRESSEAU. Molinet, p. 177. Arbraissiau. Lettre du patriarche de JËmsalem, ttagiu Arbret, subst. masc. Petit arbre. Fût d'arbalète La signification à'arbret est la même que cellt d'arbreau, petit arbre, dans le passage suivant, > Quand vostre faucon sera fait et reclamé, toulei ■ les fois que vous le leurrerez, iettez luy le leum < en quelque arbret, ou petit buisson, afin qu'î < apreniiedesoiarrester etde prendre labraiiche. ■ (Arteloque, Fauconnerie, fol. 91. — Voy. Arbreau.) On a nommé arbrets, des branches de chêne pré parées en façon de petits arbres, pour y tendre dei gluaux et prendre les pinsons. ■ Ces arbrets at I nombre de trois ou quatre, faits en trépied auss ■ comme à dix pieds l'un de l'autre, doivent dtn * de hrancties de chêne et n'être mie si haulz qra > l'en ne puisse bien avenir au coupel (3) pour le) . gluer. » (Hodus et Racio, fol. 184-185. — Voy AftBHETER,) Quelquefois abret, comme altération de l'ortho- graphe arbret, designoit le fût d'un arbalète, noni' mée plus souvent abre ou arbre, abrier ou arbrier. . Ainsi que le Suppliant ot tendue son arbalestn I et couchée la vire sur l'abrier ne scet se 11 ■ dite vire estoit couchée sur le cours de l'abret d( . sa dite arbalestre. » (D. Carpentier, Suppl. Gloss lat. de Du Cange, T. I, col. 274; lit. de 1429. - Voy. Abre et Abrier.) VARIANTES : ARBRET. Modus et Racio, MS. fol. 18*, V». Abeuit. D. Carp. S. Gl. 1. de Du Cange, T. I, col. ÏÏ4. Arbreter, verbe. Tendre des gluaux. Prépare) en façon de petits arbres ou à'arbrets des branches «gUMS Ce mot est A la fois un archaïeroe et ud néolojzisme : le peuple l'emploie encore pour herboriste, et quelques personaei "'--'--■-'- '--^* "^ •■ /t^irH^,m\ «TBAliKiila DA.llOrm Q^ OQH DÎT dOS COlODQeS, deTBllt |M (1) Ce mot est A la fois un archaïeroe et ud néolojzisme : le peuple l'emploie encore pour h a (ont le sjnODyme de pépiniériste. (N. E.) — (3) Porche (porlictu), vestibule soutenu on d lUaes et lei palais, (n. e.) — (3) Ed bas- latin copa, branchea, sommet d'im arbre, (n. k.) AR -ï de chêne sur lesquelles on prend les pinçons, en leur tendant desgluaux. De là, l'ancienne expres- sion arbreter aux pinsons, qui signifie un de ces amasemeos qu'on nommoit les déduits aux pau- vret. (ICodas et Hacio, us. fol. 161. — Voy. Ahbrbt.) Arbrens, adj. Planté d'arbres ; garni d'arbres. Ceat en ce sens qu'on disoit, vallées arbreuêes, «rbretues forêts, bocage arbrevs. iVoy. EpiUiètes de M. de la Porte. — Poës. d'Amadis Jamin, fol. 29, V°. — Œuv. de Baîf, fol. 52, V.) Arbrlère, lubtt. fém. Arbres et arbrisseaux. Nom collectif d'arbres et arbrisseaux formant une haye. ■ Trouva quatre escus d'or, lesquelz il enterra ■ an pié d'un chesne, en Yarbrière ou haye de bois • de Pousiniere. » (D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mol Arboreta ; tit. de 1457.) Arbrlsselet, lubst. masc. Petit arbrisseau. Aitrisseau tel qne le groseillier. On a désigné la qualité aigre et acide du fruit du groseillier rouge, en le nommant arbristeiet d'aigreur. (Cotp^ve, Dicl. — Voy. Abrisel.) Arbroet, tubst. masc. Lieu planté d'arbres de Ja nature de l'auue, du saule, etc. Peut-être faut-il lire arboret, en latin arboretum ; mot qui, dans un extrait du troisième registre des Coutumes de la franche forêt de Hourmal, parolt signifier < un lieu ■ planté d'arbres de la nature de l'aune, du • saule, etc. > comme dans une charte de l'an 1402, axée par D. Carpentier, (Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, T. 1, col. 273,] le mot arboreta signifie »alicium, en francois saussaie? • Pour avoir fait m faire plusieurs laignes (Il d'aulnes, commen- « çant à l'aulnoye desseure la blanche fontaine, * depuis les aroroets venants du long trouver « Aletruyr et venant passer au bicquet Mallerir, et « d'illec aux fossez des autels; desquelles il en a « vendu aucunes, et les autres mené à ses cau- -1 fours , etc. » (Coul. de Landrecies , au Nouv. Coût. gén. T. II, p. 269, col. 1 .) Arbrole, iubst. fém. Nom collectif d'arbres formant une forêt, un bois, un taillis, un bosquet, na bocage, etc. On nommoit en ce sensorbroj/e une forêt, un bois, un taillis, etc. • Il vint.... à une ■ forest que ceux du pays appelloient VArbroye. ■ (Lanc. du Lac, T. II, fol. 65.) • Les racines qui re- ■ meslrent en la terre, engendrèrent d'eles-meismes ■ granz arbroie» autretelles comme perches. ■ (Hist. de Charlemagne, us. de la Clayette, p. 94.] Ia lune luist'parmi Vojrbrme. PvUii. ia moli, MB. lia S. Omn. fol. 163, V col. t. L'autre jour me chevauchoie De lés une mut arbroie; 8i m'mreBloie un petit. SI com dedena e^ardole , Vi pucèto Bimpte et coie Qui disoit par grant deaplt : I- AR n jtrt analt en mon lit, Nuetemeiit en mes bras ,' Li cboitis, las I & pou que je D'si tout dit ; Blai feu (2) soit il ara ; Trop eat couan. CbuH. tt, us. it BonUw, M. W, V ool. 1. Parmi cale arbroU, Cil oiseloD s'envoisent Et mainent grant baudor. Quant j'oî là leur joie, Por rien a ne mi tendroie D'amer bien smors. Adc. Fo«I. Fr. M3S. mul 1300, T. IV, p. tUS. Ces derniers vers font partie d'une chanson attribuée au comte Thibaut par M. de la Ravalière, 3 ai a écrit arboie pour arbroie. (Voy. Poës. du Roi e Navarre, T. II, p, 95.) TARIANTES I ARBROIE. Siège de Troye, MS. du Roi, n» 6967, fol. 92. Arboie. De la RavaUère, Poës. du R. de Nav. T. II, p. SB. Ahbroye. Lanc. du Lac, T. 11, fol. 65, R» col. i. Arhroler, subit, masc. Nom coUeclif d'arbres. Peut-être pépinière. « Courtieux où on fait ■ plu.>ûeurs labourages de vignes, à'arbroien, et • d'autre semence. » (Bouteiller, Som. rur. liv. II, Ut. X, p. 794.) Arbrorte, subst. fém. Bois, forêt. Lorsque la forêt, le bois ou lieu planté d'arbres étoit très cou* vert, ■ c'étoit une arbrorie espesae degrans arbres. ■ (Percef. Vol.I,fol.99.) Arbroys, subst. masc. plur. Arbres et arbris- seaux. Nom collectif d'arbres et arbrisseaux qui croissent au.bord des rivières, et dont l'eau baigne les souches et les racines. Probablement dans l'Ordonnance des Eaux et Forêts, que cite D. Car- pentier, d'après un ms. du Roi, la défense de battre aux arbroys, est relative aux moyens usités par les Pécheurs, pour attirer dans leurs filets le poisson auquel les souches et racines de ces arbres et arbrisseaux servent de retraite. - Que l'en ne batte • aux arches, ne aux gors, ne aux arbroys. ■ (D. Carp. S. Gl. lat. de Du Cange, au mot Arboreta (3).) Il est évident que le mot ables, altération du pluriel abres ou arbres, étoit de même signification qu'arbroys, lorsque Charles VI, par son Ordonnance du 1" mars 1388, défendoit • d abattre aux arches, • ne aux gors, aux ables. » (Voy. Ord. T. VII, p. 779.) L'article lxiii de l'Ordonnance de 1402, citée par D. Carpentier, réitère la même défense; mais croiroit-on, sans l'autorité du hs. du Roi, qu'au lieu de ces mots gors et arbres ou arbroys, un copiste inatlentif et ignorant ait écrit gros herbe» ou seulement herbes, comme on lit (Ord. T. Vin, p. 535 ; et Gr. Coût, de Fr. p. 73, édit. de 1598.) On sait que les gors ou gords (4) sont des pêcheries construites dans les rivières. Arc, subst. masc. Arc, arbalète. Arc de triomphe. Arcade, voûte, cintre, enfoncement cintré. Partie soQS la frarme gourdi en Nivenuis, près de Deoiie : il d oy. (N. ■.) - ( n profonds et AR - 182 — AR du corps d'un cheval, d'uu chien ; les jambes ou partie aes jambes de devant. S'il est vrai que baliste ou baleste soil formé du grec BàXXcù, Tusage de Yarc avec lequel on lançoitles traits nommés flèches, ou les pierres nommées jalets, semble avoir été désigné par l'expression arc à baleste, d'où le mot composé arbaleste. (Voy. Arbaleste.) On omettoit cette dési- gnation assez inutile, en disant arc à flèches, arc à jalets. (Borel, Rob. Eslienne et Nicot, Dict. — Voy. Arcajalet.) Les arcs à tour, distingués des arcs de main et decoips, étoient les arcs qu'on bandoit avec un tour, un moulinet, comme les arbalètes qu'on ne pouvoit bander aux reins. « Pour doubte de mort « s'enfuyrenl en Tauti^e tour à garant, où ilz firent « par force d'Archiers et Arbalestriers reculer : car « ils avoient leanz plusieurs arbalestes et ars à « tour. Si gariterent leur dite tour, etc. » (llist. de B. du Guesclin, par Ménard, p. 484.) On nommoit les arcs faciles à bander sans tour ou sans moulinet, arcs de main, arcs à main, et plus anciennement arcs maniers. Plus que ne giete un ara maniera^ Les envoient fuiant ariers. Athis, MS. fol. 79, R* col. 1. « La longueur d'un arc de main, qu'on faisoit « d'yf ou d'autre bois, étoit au moins de vingt poi- « gnées, de Tune ousche où la corde se met jusques « a l'autre. Quand Yarc étoit tendu, il y avoit entre « l'arc et la corde qui étoit de soye, tout les cinq « doigts et la paume large. La flècne ayant en lon- « eueur huit poignées, dès la bosce de la coche « derrière 'jusqu'au barbel , étoit garnie d'un fer « long de cmq doigts, et largo de quatre, au bout fc des barbiaux ou pennons. » Ces proportions n'étoient pas si invariables qu'elles ne pussent avoir plus de longueur, puisqu'on parlant de ce môme arc qu'on tendoit à la main , on a dit qu'« il « devoit avoir de long entre la coche du bout de « hault jusques à celles du bout d'embas vingt-deux « poignées, etc. » (Voy. Chasse de Gaston Phébus, ms. E. 324 et 325. — Modus et Racio, ms. fol. 72 et 73.) 'expression « faire les buissons aux arcs^ » signifie les préparatifs de la « chasse à Yarc de main, » ou tout simplement de la chasse à Yarc. (Voy. Modus et Racio, iibi supra) On a la preuve qu^à la guerre, comme à la chasse, on se servoit d^'arcs de main ou d'arcs à main. « Commencèrent à tirer « d'arbalestres et arcs à main très-fort contre leurs « ennemis. » (Monstrelet, VoLI,ch.ccxvu,fol.287.) Il est probable que Yarc de corps étoit l'arbalète, espèce a arc dont les Turcs paroissent avoir été les iaventeurs (i). Les Chrétiens, qu'on croit n'avoir connu l'usage de cet arc et ne l'avoir emprunté des Turcs qu'au retour de la première croisade, l'auront nomme par cette raison arc turquois. On ajoute qu'avec Yarc turquois, autrement l'arc de corps, on lançoitdesquarreaux, espèce de flèches pins partico» lières à l'arbalète qu*à toute autre espèce d'arc. « Les « Sergeans prindrent leurs ars turquoys (2) et s'en « vindrent tous renger devant la porte du Cnaslel « Gadiffer et le Tors, Lyriope et Lisane.... jouoient « à tables.... Mais ainsi que Lyriope jectoit les dez « sur le tablier, ung Sergent tira d'ung arc de « corps par dedans la tour, et ferit contre le mur. « Lors cheurent quarreaux sur la main de Lyriope. » (Percef. Vol. I, fol. 81, R<> col. 1.) Quant en Chippre furent venu, n recouvrèrent à planté De vivres à leur volenté ; Armes, chevaux, artillerie, Pour mettre dedenz leur navie ; Ars turquois.t angins et briquoles, etc. G. Hachittt, piise d'Aleiuidrie, MS. fol. 217. Cet arc turquois, probablement le même que Yarc de corps, difTcroit peut-être de l'arc à main, en ce que la force du bras ou de la main étant insuffisante pour le bander, on y employoit toute la force du corps. Il seroit possible aussi que par la raison qu'un arc tendu avec la main est tendu avec partie de la force du corps, on eût nommé indifféremment arc de corps ou arc de main, toute espèce d'arc qu*on bandoit sans tour ou sans moulinet. Ainsi Yarc de main dont on a parlé, étoit ciimme Yarc de corps, un arc turquois. « Puet-on « prendre les bestes à traire aux arcs, et à Tarba- « leste, et à Yarc de main que on appelle turquoys. ■ (Chasse de Gaston Phébus, ms. p. 324.) On nommoit ce même arc y un arc anglois; dénomination qui semble désigner l'adresse avec laquelle on se servoit en Angleterre de l'arc de main ou de l'arc turquois, qu'on croit être l'espèce d'arbalète propre aux Turcs, et dont les Anglois furent les premiers à renouveler l'usage interdit aux Chrétiens par les Papes. « L'arc de main que « on ap^eUc Anglois ou turquoys doit avoir de « long, etc.... Des arcs ne sçay-je pas trop : mais « qui plus en vouldra sçavoir, si aille en Angleterre ; « car c'est leur droit mestier. » (Chasse de Gaston Phébus, MS. p. 324 et 329.) L'arbaleste étant une espèce d'arc, onlacom- prenoit souvent avec l'arc de main, le même que l'arc anglois ou turquois, sous le nom simple et générique d'arc. « Les Archiers doivent avoir leurs « arcs tenduz et estre vestuz de vert, et leurs « arcs aussi verz ; soyent arbalestes ou autres. » (Chasse de Gaston Phéous, ms. p. 332.) On a comparé la santé dont on abuse, à un arc qui rompt à force d'être tendu. Santés est ars gue fols entoise (3), Qui à son besoing brisera : Or peust (4) cascuns quels il sera. Po«me de la Mort, MS. du H. n' 0967, fol. 336, R* col. i. Dans le sens figuré, on désignoit une personne est représenté sur des *au xiY* siècle , avait des ^ V coutenaient encore des proYisioDS de cornes de bœuf pour répondre à cet usage, (n. b.) - <3) D'un fréquentatif intç(n)8arei de iniendere. (N. s.) - (4) Poistf pèse, yaudrait mieux pour le sens. (n. b.) AR ^ 123 — AR toujours prête à bien dire et à bien faire, en Tassi- milant à un Archer, qui tenant Yarc tendu est tou- jours prêt à lancer son trait. De bien fere et de dire a toz jors Yarc tendu. * Fabl. MS. du R n» 7218, fol. 202, R» col. 1. Si l'on exigeoit de quelqu'un autre chose que ce qu'il avoit projeté de faire, on lui disoit : D'autre arc vous convenra traire. Fabl. MS. de S* Gcrouôn, fol. 45. V* col. 2. On blàmoit un homme trop timide pour oser ce qu'il s'éloit promis d'exécuter, en disant proverbia- lement : Coart est qui ne trait, quant son arc a tendu. ChMtie-Musarl, MS. de S. Germ. fol. 103, R* col. 2. Varc-en-ciel^ ce ciétéore qui paroît dans les nues figuré en arc et diversement coloré, s'est nommé arc celestre; comme signe d'alliance entre Dieu et les hommes, arc fédéral, en latin arcus fœderis, (Voy. Rom. de la Rose, vers 18900. — J. d'Auton, Annal, de Louis XIÎ, an. 1499-1501, p. 220.) Il semble que dans la satire dixième de Régnier, « se préconiser cousin de Varc-en-ciel signifie « s'exalter, s'élever jusqu'aux nues. » S*idoIâtre, s'admire, et d'un parler de miel Se va préconisant cousin de rare en ciel. Cette expression, imaginée par Régnier, a été copiée par Jacques du Lorens, autre poëte satirique du xvn* siècle. (Voy. Goujel, Biblioth. fr. T. XVI, p. 245.) En comparant à un arc l'espace que le soleil par- court du levant au couchant, on a pu nommer arc du jour autrement arc diurne^ le jour artificiel qui se prend depuis le lever jusqu'au coucher du soleil. (Voy. Cotgrave, Dict. — Dict. des Arts et Sciences.] L'arc,' la plus simple des armes, et sans doute la S première que la nécessité de combattre de loin ait ait inventer à l'homme, même le plus sauvage, fut aussi le premier si^ne de la victoire (1). Les monu- mensélevés àla gloiredes vainqueurs représentèrent Yarc avec lequel ils avoient triomphé des ennemis ; et ces monumens furent nommés arcs, arcs triom- phans^ aujourd'hui arcs de triomphe. « Les Reis « soleient anciennement faire lever e voldre (2) drs ki « fussent signe e à remembrance de lur victorie. » (Livres des Rois, ms. des Cordel. fol. 64, R« col. 2.) Face chasteaux qui voudra et théâtres, Arcs triumphans, thermes, amphithéâtres, Tours et dongeons, colosses monstrueux D*or, bronze ou marbre, et palais sumptueux ; Tout cela tombe et déchet en mine. Les Uar;. dé UMvff. fol. 3. V^. On ne pouvoit mieux désigner la figure de ces monumens que par l'expression voldre arcs^ en latin arcus volvere; d'où Ton a dit arc volu^ arc voultis^ arc vouUé : en un seul mot arvoulu, arvolis, arvol, arvout, et peutrêtre arbout, en latin arvoutus, con- traction i'arcus volutus. II paroit qu'en Architec- ture Yarc valu ou Yarvoulu^ désignoit généralement tout ce qui étoil figuré en arc, voûté en arc ; une arcade, une voûte, un cintre ; une galerie ou autre partie d'un bâtiment, formée en arcade, en voûte, en cintre. En un arvol d'une cortine De soie ù gisoit la mescine Se sont assis privéement. Rom. de Floiro et Blanclieflor, MS. du R. n' 6987. fui. 252, V* col. 3. Josep qui enz fu herbergiez Desouz Varvoulu et logiez, En son lit se dormoit la nuit. Coooeption de la Vierge, MS. de la Clayette, p. 461, col. 2. Quant Ulixes s*en est partis. Jus avalent les arvoUs. En lor palefrois sont monté, etc. Siège de Troye. MS. du R. n« 6987, fol. 81 . V* col. 1 . Fors des arvols del parleour Ot une place grant et lée De haut mur tote avironée. Ibid. fol. 70. R- col. 1. Quant cil de Tir le voient, sore li sont coru ; Tost le cuident avoir ochis et confondu. Alixandre s*est trais devers un arc voulu, etc. Rom. d'Alexandre, MS. du R. n* 6967, fol. 182, V' col. 2. Dans ces différentes citations qui prouvent Tac- ception générale d'arc valu, â'arvoulu en un seul mot, i'arvolis et d'arvol, il n'est pns plus facile d'en distinguer les acceptions particulières que celle d'arc voultis en cette autre citation. « Je iray ouvrir « cest huysdelà.... et vous serez en cesl arc voîfWt« « par dessus celle chambre (3). » (Lanc. du Lac, T. I, fol. 100, R* col. i. — Voy. Arvoulu.) On désignoit sans doute la forme cintrée d'une espèce d'armoire pratiquée dans l'épaisseur d'un mur, en nommant cette armoire un arc voulté, « La muraille d'icelle tour avoit bien quatorze < pieds d'espesseur.... et TAbbé qui tenoit le Conte « par la main dextré. ... le mena vers ung arc voulté « qui estoit par dedans le mur, moytié en terre et « moytié dehors, et puis luy dist : Sire Conte, vous « povez veoir ceste armairie qui est dedans ce « mur. » (Percef. Vol. I, fol. 3, V col. 2.) Il est probable que dans la Coutume de Blois, le mot arc signifie un enfoncement cintré, de même espèce que Yarmairie désignée par l'expression arc voulté. « Si aucun veut faire cheminée ou ares « en un mur commun et moytoien, il ne pourra « prendre que la tierce partie dudit mur. » (Coût gén. T. Il, p. 264. — Voy. Arcade.) Le participé voulté, voultiSj ou volu étant retranché, on disoit tout simplement arc pour arcade, voûte, etc. (Vo^. Cotgrave, Rob. Estienne, Nicot et Monet, Dict.) (hi soupçonne que par une allusion triviale et révoltante du mot breneux au nom de bemard, l'on aura désigné par l'expression arc S* Bernard, la malpropreté d une arcade ou d'une voûte obscure et favorable aux besoins naturels des passans ; et que dé là on aura dit « passer sous Yarc S* Ber- « nard » pour se remplir d'ordure, au figuré* se couvrir de honte. « Elles n'eussent osé... faire (1) Le rapprochement entre ces deux s^s est plus poétique qu'historique. Les premiers signes de Tictoire ont été déi trophées, semblables à celui que dresse Enée avec les armes de iMézence, ou des tumuli.Jjs.jR.) -^ (^),^^^i^f ^'JSSS ^ISSS^ vohUeret ' ' ' ' ' ~ '^ '* * ...,.- «.^ ^^ r*...^^ «.rv^ <»m/^ «w^^»** . tBitsa* 8, seiuDULDiBS a ceiUi que aresse Eàiiws avec ifso armes ue jnexout^f, uu uts» »u7f»ui». ^n. e..; — v'/ ww»»? , u uiio lututv ?, pour volutcure, avec u et « brefs, (n. k.; - (3) On trouve déjà dam la Chanson de Roland^rers 2503, S709, 9092 : iwèSbt^vàlHcêt *'^ m chambre à voûte ; eémeraisaxéUd ainsi le sens qu^U atrit dans Taiitàiiilté. (i/. 8.y AR -is ■ tourner un pet de sexe masculin en réminin, sans passer sous l'arc Seinct Bernard. * (Des Ac- cords, Escr. Dijon, fol. 4, V°. — Voy. Cotgrave, Dict. — Oudin, Cur. fr.) Peut-être qu'en parlant du cheval et du chien, l'on aura nommé arcs de devant et tout simplement orfTS, les jambes ou partie des jambes de devant, parce que dans le mouvement pour marcher elles se courbent en arc. • Leurs chevaulx furent en ■ l'eauejusques es ars; lors se mettent à nager. ■ (Percef. Vol. 1, fol. 51, V* col. 2.) - Estoyent... leurs ■ chevaulx tous espaullez & cause qu'îlz avoient ■ hurlé au puys, des arcs de devant. • (Ibid. Vol. Vl.fol. 19, V'col. 2.) . Il faut... seigner le chien des • deux venes qui viennent par le dedans des ■ espaulesdesjambesde devant qu'on appelle pour ■ les chevaux, les arcs. > (Du Fouilloux, Yen. fol. 80.) • A chacune sorte de galle, il est néces- ■ saire de seigner le chien des deux jarrets de ■ derrière des veines qui sont au dedans, et des - arcs. • (Charles IX, de la Chasse, page 85.) On terminera cet article en ajoutant que l'usage seul a restreint l'acception d'un mot, par lequel on auroit pu désigner toute espèce de chose dont la figure ou la forme a quelque rapport à la courbure et même ù l'idée de la courbure d'un arc. {Voy. Ârciib.) vàruntes : ARC Orth. subsiat. - L des Rois, HS. des Cordel. fol. SO. AlRC Chanson fr. HS. de Berne, d' 389, part, ii, fol. 30. Abch. Livres des Roif), MS. des Cordel, fol. 24, R* col. 1. Ahgo. Nouv. Coût. gén. T. U, p. 60, col. 1. Ark. Britlon, des Loii d'Angl. chap. lxti, fol. 104, R>. Ahs. (Plur, el sing.) A.thî3, MS, fol. 78, R* col. 3. ABT. Fabl. MS. du R. u= 7615, fol. lOi, V" col. 1. Abz. (Plur. et sing,) Rom. de PerqeTal , foL S73, V* col. 3. Arcade, SUES/, fém. Arc, demi-cercle. Enfonce- ment cintré, espèce d'armoire en cintre. Quelles que soient les acceptions usitées et inusitées du mot arcade, elles sont toutes relatives à l'idée de la courbure d'un arc. C'est dans le sens d'arc, demi- cercle, que par comparaison 'on a dit : < mettre les ■ mains en arcade sur les costes. ■ (Voy. Cotgrave, Dict.) 11 est probable que dans les Coutumes de Gorze et de S' Hihiel, une arcade est la même chose qu'un ' arc dans lu Coutume de Blois; un enfoncement cintré, une espèce d'armoire en cintre, creusée dans l'épaisseur d'un mur. < Parois commun et • métoyen peut estre creusé jusques au tiers de ■ son espaisscur pour y 'dresser tuyau de chemi- • née, armoires, arcades, ou autres commodités. • fflouv. Coût. gén. T. U, p. 1090. - Ibid. p. 1057.— voy. Arc et Arche.) TARUKTBS: Arcage, subst. masc. Courbure en arc. (Voy. Abcecrb.) Vraisemblablement, une porte d'arcaçe, étoit une porte voûtée, courbée en arc. - AR Prendent lor voiag* Vera la Cité qui estoit grans et large : Ens sont entré par le porte A'arcage. AiiHii,llS.bl.H,Il*nl.l. Arcajalet (1), subst. masc. Espèce d'art ou d'ar- balète. L'arc ou l'arbalète avec lesquels on jetoit des pierres rondes nommées jalets, et qu'on désignoit par l'expression arc à ;a/Ëï; d'oil le mot composé arcajalet, altéré dans arcanjelet queHonet définit : • espèce d'arbalète à la main, tirant à baie et à ■ trait. > (Voy. Arc et Arbalestb.) VARIANTES : ARCUALET. Ménage, Dict. Etjm. Arcanoklet. Monet, Dict. Arceau, subst. masc. Petit arc. Arc de triomphe, arcade, voâte, berceau. On courbe en petit arc la partie supérieure d'un berceau d'enfant, les deoK pièces de oois qui jointes l'une à l'autre soutiennent une selle de cheval, les rejetons des ceps de vigne provignés. De là, les expressions arceau de bert, arceau de selle, arceau de provin en ia vigne. (Honet, Dict) En termes d'Architecture, l'arc, la courbured'une voûte se nomme encore arceau. Hais il parolt que sans égard à la terminaison qui caractérise uo diminutif, la signification i'arceau étoit autrefois la même que celle d'arc, arc de triomphe, arcade, voûte, berceau. (Voy. Du Bellay, Hém. pièc. justif. T. VI, p. 366. — Alector, fol. 136. — Rabelais, T. I, p. 74.) En termes de jardinage, arceau désignoit aussi une treille disposée en voûte, en berceau. (Monet, Dict. ~ Voy. Ane.) Arceler, verbe. Creuser en demi-cercle; can- neler. 11 semble qu'on ait comparé à la courbure intérieure d'un arc, d'un petit arc, la circonférence concave d'un creux en demi-cercle, d'une canne- lure creusée sur une colonne ou sur un pilastre, lorsqu'en termes d'architecture on a dit, 1* dans le sens de creuser en demi-cercle : • Perron de mar- < bre, hault de sept piedz, de figure triangulaire, ■ et les coslez archelez en dedans en hémicycles, • faisans trois demi-rondes enfonceures. » (Alector, foI.U,V'.) 2° Dans le sens de canneler : ■ Ronds pilliers • bien arcelez, et tous faits à feuillages, selon la < mode Lombarde. > (J. d'Aulon, Annal, de Louis XII, an. 4502, p. 107.) VARIANTES : ARCELER. J. d'Auton, Annal. d« Lonis XU, p. 107. Arcubler. Alector, fol. 11, V*. Arceure, subst. Arc, cintre. IHèces de menui- serie qui entourent les meules d'un moulin. Arc, portion de cercle. Forme arquée, courbure en are. Dans le premier sens on a dit : ■ Quant ilz vindreot > a un portail.... le Roi passa devant... et veit ■ escript en l'arceur^, par dessus les deux hays. . lettres d'or. • (Percef. Vol. n, fol. 120, B* co!. 2.) Les pièces de menuiserie qui entourent les meu- les d'un moulin, étant néceasairemeot courbées en (1) HieHX écrit an^altt. VtOt, sur les ariaUie; le réramé donné pu M. liUrt, uU. au IV* vol., p. SB7B, * ooL col. 2. ÂRCHURE. Cotgraye, Dict. — Dict. des Arts et Sciences. Arcure. Ane. Poêt. fr. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1358. Archaïsme, subst. masc. Ancien mot ; expres- sion ancienne. Mot ou expression de Tancienne Langue françoise. On en trouve de cette espèce dans les Poésies de Malherbe. La dernière Ode qu'il ait faite, est celle où il y a moins de ces expressions anciennes, de ces anciens mots, que Ménage a dési- gnés par le mot archaïsme; en grec açxaicf^oç. (Voy. Observ. sur les Poës. de Malherbe, liv. n, p. 327. — Dict. de l'Acad. Fr.) Archaly subst. masc. Espèce de métal ; cuivre ; laiton. En grec, le mot composé SpéixaXxoç signi- fioit œs niontanum; le métal, le cuivre qu*on tire des montagnes, et que les Latins, à l'imitation des Grecs, ont nommé orichalcum. C'est d'après une idée dont Vossius indique la fausseté, qu'à cette orthographe primitive ils préférèrent celle d'auri- chalcum, contractée dans le mot françois arkal ou archal. Ce mot étoit de même signiflcatiou que le latin, lorsqu'on désignoit une monnoie de cuivre, une horloge faite en cuivre, en disant monnoie d'arcAai, horloge A'archal, etc. Je me gageroie Un denier d'argent ou d'orcAa/, Se Bertran et le Maréchal, etc. Fd>l. MS. da R. n* 7218. fol. 107. R* ool. S. . . . . Li tramist, se jou n'i fal (8), Uns moult rice orloge d*arkal. 1% MoiukM, MS. p.7l. On percevoit au profit du Roi, en 13i5, un péage de deux sols dix deniers pour cent de Y archal et ni d'archal transporté depuis le lieu où la Seine se jette dans la mer, jusqu'au Pont-de-l'Arche. (Ord. T. I, p. 600.) Le cuivre passé par la filière se nomme en- core (il A' archal; expression dont on abuse en l'étendant au fil de fer. Quoique les épingles soient des brins de fil A^ archal ou de cuivre, on ne diroit plus aujourd'hui : J'ai bêles espingues d'argent ; Si en ai &' archal ensement. Fabl. MS. de S* Germ, fol. 49, V« eol. i. On substitueroit au mot archal celui de laiton ; espèce de cuivre moins jaune peut-être que Varchal dont le laiton paroit avoir été distingué. J'ai fermaillez (3) d*archal dorez, Et de laiton sor argentez. Fabl. US. do S* Germ. fol. 42, R* ool. 3. VARIANTES ' ARCHAL. Orth. subslst. - Fabl. MS. de S* Germ. fol. 42. Arghail. Cotgrave, Dict. Archant. Labbe, Gloss. lat. fr. au mot Aurichalcum. Archat. Des Accords, bigarrures, fol. 30, R». Arichal. Bourgoing, de Orig. Voc. Vulg. fol. 65, V». Arkal. Ph. Mouskes, MS. p. 71. Archangle, subst. masc. Archange. En latin Archangelus. (Voy. Arche, principauté.) Archarage, subst. masc. Service d'un Archer. Ce mot qu'on trouve dans les titres féodaux, anté- rieurs à la cessation de Tusage de Tare à la guerre^ signifloit le droit qu'avoit un Seigneur d'exiger d'un certain nombre de vassaux, le service d'un Archer. (Voy. Borel, Dict. — Dict. de Trévoux.) VARIANTES : ARGHARAGE. Borel, Dict. - Dict. de Trévoux. Arcairage. Dict. de Trévoux, au mot Archarage. Arghairage. Borel j Dict. au mot Archarage. Arquairaob. Id. ibid. — Dict. de Trévoux, ubi supra. Arquairatge. Borel, Dict. ubi supra. Arche, subst. fém. Arc de triomphe. Arcade. Archipompe. Coffre, trésor, archive. Cellier ; cuve. Bâtiment de mer ou de rivière. Anciennement le mot arche, dont on a restreint l'acception relative à l'idée générale de courbure en arc, signifloit arc de triomphe. « Oid la nuvele que « li Reis ont fait voldre une ar^ft^ que fust signe « e demustrance de sa victorie e de sa glorie. » (Livres des Rois, ms. des Cordel. fol. 19, R* col. 1.) Les arches Mariennes étoient les arcs de triomjHie élevés à la gloire de Marins. « Ces arclies avoient « fait détruire les Sénateurs ; mais César les flst « r^resser et réparer. >» (Triomphe des neuf Preux, page '294, col. 2.) De là, l'expression arche triomphante, dans P. Desroy(à la suite de Monstrelet, fol. 118, R*. — Voy. Arc.) L'arcade est une voûte en arc comme Varche d'un pont. Néanmoins on ne diroit plus, en parlant (i) Le Soleil, petit-fils de Titan, flls dHypérion. (n. b.) - (3) Si je ne m*y trompe. - (3) Espèce d'agrafes. AR — 126 - AR d'édifices en général, qu'ite sont fails par arclies et piles. (Voy. Nicot, Dict.) Il semble que Varclie' d'un moulin éloit l'espèce d'arcade sous laquelle tourne la roue d'un moulin à eau. « Le saultdu moulin, « Vestancbement qui porle le moulage, soit de bois « ou de pierre; VarcheAu moulin, la maison dont « le moulage est couvert, etc. » (Bouleiller, Som. rur. liv. 1, lit. lxxiv, p. 431.) Dans un sens qui paroit analogue à celui d'arceure, archure, le mot arche signifiolt en termes de marine, arcbipompe ; une enceinte de planches, au milieu de laquelle les pompes d'un vaisseau sont élevées : « une clôture faite entour « les escoutilles des pompes pour les garantir « d'estre heurtées. • (Cotgrave et Nicot, Dict. — Dict. de Marine. — Voy. Arceure.) On a la preuve que la plupart des significations du mot arche étoient communes au mot arc, et que par comparaison l'on nommoit arc, un lieu voûté, un enfoncement fait en voûte ou en cintre, dans l'épaisseur d'un mur. Anciennement, les lieux, les bâlimens faits pour la garde et la sûreté des trésors, des titres, et autres choses qu'on y enfermoit, étoient assez généralement voûtés (1) ; les coffres bombés, etc. 11 seroit donc possible que relative- ment à l'idée de voûte, de courbure en arc, on eût désigné par le mot arche^ ces coffres, ces lieux ou ces bâtimens, et même avec extension ceux dont la structure ou là forme n'avoit rien de relatif à la figure d'un arc ; mais on trouvera peut-être cette eoDjecture moins fondée que celle des Etymologis- tes, qui rapportent à ridée de l'usage de l'arc avec lequel on eloignoit de soi Tennemi dont on craignoit d'être approché, cette signification générale du mot arche^ en latin arca, dérivé comme arc, en latin arctis^ du verbe arcere, en françois éloigner. Quoi qu*il en soit, les arches à garder des titres et papiers, des trésors, des pierreries, des habits et autres choses qu'on vouloit mettre en sûreté, étoient des coffres, des archives. (Voy. Nicot et Monet, Dict. — Ord. T. IIl, p. 437. — Valois, notice, page 453, col. 2.) D'unff Roi ly souvenoit crut ienoit si grands marches Que feist, par bel sens, taire quatre petites arches,.. Pleines furent d'espices, de pierres précieuses. Rom. de G«r. do RouMiUon, MS. p. 9$. En comparant la gloire établie sur Topinion des bommes, à une arcnef à un trésor qui n est pas en sûreté. Ton a dit : « Celé glore est vaine ke cil « prennent li uns de l'atre ! tu fols qui el sac c partusiet (2) assembles tes merz, ki ton trésor « estaulis, cuides ke ceste arche soit close et k'èle « ait serres (3). » (S* Bernard, Serm. fr. us. p. 34.) Les arches des Amans, espèce d'Officiers déposi- taires des actes publics, étoient leurs archives. « N'emporte hypothecque l'obligation passée devant « jjfotaire, que du jour qu'elle est mise en arche • d'Amant. » (Coût, de Metz, au nouv. Coût. gén. T. II, p. 399. — Voy. Amman.) On nommoit arches communes, les archives d'une communauté, d'une ville, le lieu où sont dé- posés les titres et l'argent des villes qui sont en communauté. La révolte de la ville de Montpellier lui fit perdre en 1379, « ses Consuls, Consulat^ a Maison, Arches communes^ et cloches. » (Chron. S*Denys, T. III, fol.46. Vu.) Les archives de l'Ordre de S* Jean de Jérusalem à Malte, sont les Arches de la Religion dont parle (Brantôme, Cap. Fr. T. IV, p. 17i.) On sait que Yarche d'alliance, en latin arcà fœderis, mots qu*on reconnott daos l'ancienne expression arce fédrU étoit une espèce de coffre. « Varce fédri.... en la quelle fu la verge Aaron et « les tables del Testament, etc. » (Chron. d'Outre- mer, MS. de Berne, n* 113, fol. 166, R* col. 3.) Il est possible qu'au moyen de l'extension, ou de la signification générale qu'on vient d'indiquer, l'on ait désigné en françois par le mot arche, comme par le mot arca en latin, certains meubles et bâtimens dans lesquels on gardoit, on mettoit en sûreté, autres choses que des trésors, des titres, des habits. On soupçonne même que le mot anche, comme altération d'arche, peut avoir signifié une espèce de cuve. (Voy. Borel, Dict.) Quoi qu'il en soit, il est prouvé qu'en substituant l h r dans archn, l'on a écrit en latin alcha pour arca. Peut- être qu'en françois, par le changement de r en n, l'on aura écrit anche pour arche. Il paroît d'ailleurs que dans un titre de 1262, ce mot anche (4) est de même signification que le latin alcha dan's un titre de 1253, et qu'ils y désignent l'un et l'autre, un cellier. « Li Abbés et li Convens ont quitet à Martin « une anche qui siet derier sa maison. » (D. Car- pentier, Suppl. Gloss. lai. de Du Cange, au mot Alcha. — Id. ibid. aux mots Arca et Archa. — Voy: Anche et Anse.) Enfin, il semble qu'on ait comparé à un cottve de forme bombée, l'espèce de bâtiment de mer ou de rivière, qu'on a désigné par le mot arche, sans égard à l'usage qui paroît l'avoir consacré spéciale- ment à signifier Yarche de Noé. Marchant qui par la mer marche En nef, en calane ou en arche. Percer. Vol. II. fol. 81, V* ool. i. VARIANTES ! ARCHE. Orth. subsist. - L. des Rois, MS. des Cordel., ^ 19. Anche. D. Carpentter, S. Gl. de Du G. au mot Alcha. Arce. Chron. d'Outremer, MS. de Berne, n« 113, fol. 16e. Arque. Borel, Dict. au mot Arche. Arche, subst, masc. Principauté. En grec dçxVf principatus en \2X\n. « Macédoine fut jadis nommée • Emathie, après Emathion qui en fut le premier < Roi.... En celle région étoit une arche nommée (ly On trouve- ce mode de constmcUon dans Tarchltëctufe pélasgique : le trésor d*Atrée. (n. b<) - (S) En iféc percé (pertusua), rassemble tes écus (merz ou marcs), (n. b.) - (3) Serrures ; en latin serœ, - (4) L*étymolottie ne pettAet pas de rapprocher anche d*arche, oui éveiUe d'ailleurs le sens de voûte coufbe : anche vient d'anca. forme féminine d*ancus. On nommait ainsi, dit Paul Diacre^ qui aduncum hrachium habet et exporrigi non potest (p. 19 et 25, MueU.). Anca, anehe, aigniflerait donc ooia.et aurait pour diminutif angtUus. (js. b.) AR — 128 - Âfi S . G4, titre de 1177. - Testament du O* d'Alençon, à la suite ,e JoinviUe, p. 185. Archediaques. Ane. Poêt. fr. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1349. AncHiAGON. Du Gange, Gioss. lat. T. I, au mot Archiaconus. AssEDiACRE. Cotgrave, Dict. AsTJACRE. Apologie pour Hérodote, p. 324. - Erchidiakin. Rymer, T. I, part. II, p. 109, col. % tit. de 1268. Archelet, subst. masc. Petit arc. (Borel, Dict.) • Archelette, subst. fém. Petite arche. Petit coffre. On trouve dans Cotgrave, Dict. ces deux signi- fications relatives à celles diMnot arche. (Voy. Arche.) Archeprebstre 9 subst. masc. Archiprétre. Quelles que soient les orthographes différentes de ce mot, elles ne sont rien moins qu'essentielles; puis- qu'au moyendu échangé en t;, et du ^ supprimé dans Archeprehstre (1), en latin Archipresbyter, se forme tout naturellement l'orthographe Archeprovoire ou Archeprovere, prononcé quelquefois Archepreveiie, en substituant n à la lettre consonne r. (Voy. A^CHEDIAKENE Ct AnEME.) On imagine que le Poëte , auteur d'un ancien Fabliau, intitulé Confession du Renard, songeoil à se venger de quelque désagrément personnel qu'il «voit éprouvé de la part d'un Archiprétre, lorsqu'il désignoit Tâne associé au renard dans un pèlerinage à Rome, en le nommant Bernard V Archeprestre ou V Archeprovoire, (Voy. Fabl. us. du R. n" 7218, fol. 48 et 49, R"" col. 1.) Il seroit possible aussi que ce fttt une allusion satyrique à l'ignorance des Ecclé- siastiques en général, dans les xii* et xiii* siècles. VABUNTES : ARCHEPREBSTRE. Faifeu, p. 18. Argeprestre. Ouchesne.Hist. gén. des Chasteigners, p. 28. .A^CEPREVENE. Perard, Kec. de pièces pour 1 Histoire de Bourgogne, p. 501 ; titre de 1260. Archeprestre. Fabl. MS. du Roi, n« 7218, fol. 48, R«col. 2. Archepretre. Ibid. fol. 48, V* col. 1. Archeprovoire. Ibid. fol. 49, R» col. 1. Archer, subst. masc. et fém. Qui tire de l'arc. On ne désignoit pas toujours un homme de guerre, de justice ou de police, lorsqu'en général on nommoit Archer celui « qui liroit de l'arc, qui usoit d'arc et « de flèches. » (Voy. Monet, Dict.) Kl voit venir son anemin corrant Por traire à lui grans sietes d'aicier. Bien se devroit destomeir en fuiant, S'il pooit guerantir, de Yairchier, Chant. Fr. MS. de Berne, n* 388, part. I. fol. 80. R*. Dans le Roman de la Rose, Vénus irritée contre Honte et Raison^ constamment opposées au bonheur de V Amant, combat pour lui avecl'arc et les flèches de l'Amour : Puis ainsi comme bonne Archiere, Par une moult petite arcbiere Que nature eut par grant maistrise Entre deux beaulx pilUers assise, etc. Ron. de la Rote, yen 21705-91710. Les œillades amoureuses sont les flèches dont on feint qu'Amour, à l'aide de son arc, blesse nos cœurs. De là, on a dit flgurément que les yeux étoient archers de cœur. Archers t amours. « Madame à Damp Abbez et Damp Abbez à Madame, « les yeulx archiers de cueur , peu à peu commen* « cèrent l'ung des cueurs à l'aultre traire Damp « Abbez qui de ceste queste nouvelle estoit sur tous « leplusjoyeulx.... selieve.... et revient à Madame « et de joye vis-à-vis elle se siet. Lors recomman- « cèrent leurs arcW^«(famofir« plus fort à traire. » (Saintré, p. 562 et 564.] Avant qu'on eût aboli en France l'usage de l'arc à la guerre et celui de l'arbalète, les Archers for- moient avec les Arbalétriers une milice nombreuse dont partie combattoit à pied, et l'autre servoit de Cavalerie légère. Le Roi Charles VIIl, en instituant les Compagnies d'Ordonnance dont chacune fut composée de cent Lances, c'est-à-dire de cent hommes d'armes, voulut qu'à leur suite ils eussent des Archers à cheval. Ces Archers, les mêmes sans doute que ceux à qui il ordonna de loger chacun avec leur lance (2), étoient probablement les Archers d'Ordonnance. « Le Roy ordonna que les Archers... « logeroient chacun avec leur lance. » (Mathieu de Coucy, Uist. de Charles VII, p. 610.) « Des Gens de « guerre de l'Ordonnance du Roy, mourut environ « trois cens Archiers de ladite Ordonnance, sans « les Francs-archers. » (Chron. scandai, de Louis XI, an. 1479, p. 314.) Les Franc-archers étoient ainsi nommés, par la raison qu'ils étoient affranchis de tout sunside. Fauchet, après avoir parlé des Archers à cheval, nobles comme les hommes d'armes des Compagnies d'Ordonnance, ajoute : « Quant aux gens de pied, « il fut advisé de prendre les plus forts et adroits « Jeunes hommes de villages et les faire accoustumer « a tirer de l'arc et de l'arbaleste, en donnant pris « aux mieux faisans ; lesquels enfin esprouvez « furent exempts de la taille, à la charge oe mar- « cher.... quand il seroit question d'aller par pays. « Ces gens, pour cette exemption et la sorte d'armes « que plus communément ils manioient, furent « nommez Francs-archers. » (Orig. de la Mil. Fr. p. 115 et 116.) Cette milice des Francs- archers, for- mée par Charles VII, vers l'an 1448, s'aguerrit de façon à donner de l'inquiétude à Louis XI (3), durant la guerre du bien public. « Il commença, dit « Fauchet, de mépriser Tentretenement des Franes- « archers, comme subjets des Nobles, et préféra à <1) Prebtre est le cas sujet ; presbyter, presbyterum a donné au contraire provere,prouvane. Uarchiprôtre. à Vorigine, ftit opposé au chorévéque, qu*U supplanta nientôt. Grégoire de Tours distingue des archiprétres urbains (urbam) et des ûchiprétres ruraux (pirales). De nos jours, rarchiprêtre se confond le plus souvent avec le doyen, (n. b.) — (2) Ces archers à cheval comptaient dans la lance fournie, composée de cinq à sept nommes : < Et chascune lance avoit avec, ces deux archers armés la plus part de brigandine, narnois de bras et salade, dont plusieurs estoient garnis d*argent ; pour le moins ieeuz archers avoient tous des jaques ou de bons haubergeons.... Et [avoit] chascun archer, pour luy et son cheval, sept frfuics et demi par mois. » {k, b.) «- (3) Us étaient plus ridicules que dangereux * Louis XI voulut corriger de ses sottes frayeurs c le franc-archer de Bagnolet » ; en 1469, U porta leur nombre à 16,000 honmies, partagés en quatre corps oa divisions, cBacune sous les ordres d'un capitaine-«éneral; la division comprenait huit compagnies de 500 hommes. Les capitaines étaient payés même en temps de paix : les instructeurs étaient des Suisses, (n. b.) AR — lao - AR « si liève entour eulx ung cry. * (Lanc. du Lac, T. Il, fol. 10, V* col. 2. — A'oy. Archiée.) VARIANTES * ARCHIE. Athis, MS. fol. 46, V» coi. 1. Arcie. Athis, uhi supra; Var. du MS. du Roi. Ebghib Borel^ Dict. secondes addit. Archié. g. Machaut, prise d'Alexandrie, MS. fol. i35. Archier. Gace de la Éigne, des Déduits, MS. fol. 57, R*. Arcié. Ph. Mou&kes, MS. p. 181. Archiée, subst. fém. Portée d'arc. (Voy. Archie.) Il est évident que dans Froissarl (Vol . lll, p. 244), l'ex- pression taulologique traictd'flrc/ie^ d'arc ne signifie rien de plus que le seul mot archée en ce pas- sage : « U n'eust pas ailé une archée^ que, etc. » (Lanc. du Lac, T. 1, fol. 141, V' col. 1.) Près des rens, à mains d*une archiée, Si comme on m'a fait entendant, Se vont les François esteadant. G. G«iart, US. fol. S56. R* VARIANTES * ARCHIÉE, G. Guiart, MS. fol. Î65.* R«. Archée. Lanc. du Lac, T. I, foL 141, ,V« col. 1. Archlere, subst. fém. Espèce de meurtrière, arceau, voûle. (Voy. Arcage.) Dans le premier sens, ouverture longue et étroite à travers laquelle on Souvoit, se tenant à couvert derrière les murs 'une fortification, lancer des traits avec Tare et l'arbalète. « Souvent les féroit-on de glaives par « les archières des murs. » (Cbron. de Saint Denys^ T. I, fol. 267, Vo.) .. . . Aux archières de la tour Sont arbalestres tout entour. Rom. de U Rose, vert 3848 et 9M0. ^ On a dit en parlant de la mort : Elle est tout ausi en agait, Con cbis qui à Vaixhiere trait. Bible do llugucs de Benil, US. de Turin, fol. 1, R* col. 3. Probablement, le mot archiere signifioit voûte, arceau de voûle, lorsque dans un sens analogue à celui de l'expression porte d'arcage, on disoit porte à \ archiere. Isterons de Barbastre, par la porte à V archiere. bueoon de ConuiiarchU. US. de Gégoâl, fol. 196, V* col. 9. le genre leraihin. (Voy. Ménage, Dict. Etym. etc.) S'il est de même origine que le mot arcbe, c'est par la même raison que tous deux ont signifié coffre, armoire, lieu public où l'on dépose les chartes, les anciens titres d'une ville, d*une abbaye, etc. Borel définit archifve^ coffres à tenir papiers. (Voy. Arche.) Anciennement, on écrivoit archif pour archives. « Si donnons en mandement à nos amez et féaux « le grand Seneschal de Provence, Gens de nostre « Conseil royal, Haistres ralionaux et Archivaires « de nostre Chambre et Archif d'Aix, etc. » (Gode- firoy, Observ. sur THist. de Charles VIII, p. 539.) t*^rtbographe archil n*esi sans doute qu'une alté- ration de l'orthographe archif. « Si ne puis-je fapou* « ver desquelz Roys ilz furent faictz Contes ne Ba- • rons, ne par les livres et caterves de Vurchilj ne « de la sèche de Naples, où se soaloient trouver « tous les faicts dudit Royaume. • (La Salade. foL45,Vcol. 2.) VARIANTES * ARCHIF. GodefroT, Obôerv. sur l'Hist de Charles Ylli, p. 539. Archil. La Salade, fol. 45, V« col. 2. Archifve. Borel, dict. Archivé. Ménage, Obs. sur la Lang. Fr. part. II, p. 41S. Architecteur, subst. masc. Architecte. (Voy. Argue, principauté.) Architectonique, subst. fém. Architecture. L'art de f Architecte, en grec inxitéxtaut. « Méca- « nique... estoit suivie par Agriculture, Chasse, « Pescherie, Navigation, Marchandise^ Architecto- « niqtie et Lanifice. » (Les triomphes de la Noble Dame, fol. 5, \\) Archivaire, subst. masc. Garde des archives. (Voy. Archif.) Arcipoles, subst. masc. Il semble qu'on ait dé- signé le pouvoir de Cupidon armé de son arc, en le nommant Arcipoles^ peut-être du latin arcu pollens. Arcipoles tient un arch taint en grainne, Dont si doit tret qu'un cœr perce parmi Et ce sent ceuls qu'Oiseuse ou vregier maiime. Dont portier sont les fils Mercurii. Froisêtft. Poée. USS. fol. 306^ V Arçoier, verbe. Tirer de l'arc, (Aasser à l'aro, se courber en arc, plier. (Voy. Arçomker.) On disoit au premier sens : Un jour ala li Dus kacier En sa foriest et arcoiier. Pb. Uouiket. us. p. 384. Or devroie-jou rivoiier Et par mes foriés arcoiier. Id. ibid. p. 9n. Es grans forés aloient arcoier et berser. Rom. d'Alexandre. US. du R. n* 6087, fol. i07, R* col. 3. Dans le second sens : Lances ont droites que ne ploient ; Ne si ne fraignent, ne n*archoient. Athit. US.fd. 77. V*coL1. Les lances fprosses si roidoient Que sans brif iar toutes arcfioient. Ibid. fol. 99. R' col. 3. VARIANTES .* ARÇOIER. Athis^ MS. fol. 107, Ro col. î. Archoier. Anseis, MS. fol. 21, R« col. 1. Arcoiier. Ph. Mouskes, MS. p. 237. Arçon, subst. masc. Arc. Archet. Demi-cercle ; chose courbée en arc. C'est vraisemblablement, pour la rime et la me- sure des vers qu'au lieu d'arc on écrivoit arçon. ' Commande à prendre au garçon Ses 8iû®^>9 ^ son arçon. Cil wrent les saietes et l'arc, etc. Hift. de Gomuime, Roi d*Ang.. US. du R. n* 0867. fol. 244, R* col. f . (i) Archivum, qu*on trouve dans TertuUien, vient du grec dçx^Toy, proprement demeure des magistrats supérieurs, pois dépôt des. nièces omcielles. U fut singulier et masculin au xvi**8ièel^ à cause de Féiymologte. (n. e.) AR -1 damment'J). La signiflcation de cet adverbe est figu- rée dans ces vers : Guère qi arganment Aime, ne doit reruser q'il n'otrie La volKQté, unt con soit aconplie. De BiL Damo haut et bas plainement. Aui:. Paît. ù. US. duViUcm, n- IMO, M. 143, V. VARIANTES : ARDAMMENT. Coleruve, R. Estienne et Micot, Dtol. AlU>AMUANT. Mo net, Dict, AnoAMMENT. Ane. Poûs. Fr. HS. du Vat., ii> 1400, Toi. 143. Ardunt, part., adj. el subst. Qui brûle, qui est en flamme, qui est en feu. Qui est de nature à brû- ler, à s'eullainmer, à prendre feu. Qui brûle, qui enflamme, qui fait prendre feu. Qui est couleur de feu. On a designé l'état passif d'un corps qui brûle, 2 ui est en flamme, qui est en feu, en disant au'iî toit anieni en feu, ou tout simplement qu'il etoit ardent, • Esloient villes, villaiges, cliasteaulx, • (orteressea, cliamps el foresLa, toutes ardentes en . feu. .(Rabclais.T. V, p. 181.) Il semble que pour le peuple ce soit un besoin d'imaginer des pi'Odi^es qui annoncent la mort des hommes exlraordinnircs qu'il a délestés ou aimés durant leur vie. Que peu de temps avant celle de Charlemagne, un pont de bois s'en vienne argant, c'est-à-dire, qu'il soit brûlé par un accident dont on ^nore la cause, cet accident présage la mort de ce Frince. Or oéz com Karles tu dignes, El quels miracles et quels signes Devaut su mort flst nostre Sire. . . . Uns pons k'il ot fait de fust A Haieni^, ù il mit sept ans, Quar il ert Ions et baus et graos, S'en vint urv/aril par la riviece ; Si ne sot on par quel manière. Pb. U-uikH, H3. p. aoS. Dans ces vers, la signiflcation du participe ar^ari/, iillération visible de l'orthographe ardant, est la même que celle de l'expression ardent en (eu. (Voy. Ahdahhekt.) Il y avoil déjit longtemps que l'humanité récla- moit en vain le secours de la Médecine contre l'es- pèce de maladie épidémiaue et pestilentielle qui, sous les noms de feu Sacre et de feu S'-Antoine, a désolé la Kranue à plusieurs reprises (2) ; lorsqu'avec celui de la Koi, les Ariens, c'est-à-dire les Malades qui éloienl brûlés de ce feu, obtinrent de S"-Gene- viève, vers l'an 1130, une guérisou surnaturelle, tiar un miracle dont on a perpétué la mémoire en e nommant miracle de S"-Geneviève des Ardens. La même maladie, ou une toute semblable, s'étant renouvelée en 1374, on l'appela le mal des Ardens. rVoy. Du Cange, Gloss. lat. T. I, col. 671 et 672. — Ménage, Dict. Etym. — Dict. de Trévoux.) i- AR On a nommé eau ardant el vin ardant (3), l'esprit de vin et l'eau-de-vie, comme étant de nature à brûler, à s'enflammer, à prendre feu. (Voy. Cotgrave» Dict.) Chartes~le-Mauvais, Roi de Navarre, pour ra- nimer en lui la chaleur naturelle amortie par l'âge, faisoit mettre une bvcine (Tœrain dans son lit, avec laquelle on lui • souflloit, & air volant, eau ardant. - Mais cette façon de le réchaulTer lui fut fatale un jour, • ainsi que Dieu ou les Diables le vouloyent : < car flamme ard&nt se bouta en son licl. entre ses ■ linceux, par telle manière qu'on n'y peut oncques < venir à temps, ne lui secourir, qu'il ne fust tout ■ ars, jusques à la boudiné;.... Ne Ciruf^en, ne ■ Médecin, n'y purent oncques remédier qu'il n'en « niourust. • (Froissart. Vol. III, p. 275.) C'est encore à raison de la nature inflammable de ces météores, de ces exhalaisons, de ces feux folets qui s'élèvent et paroisseut a la surface des lieux marécageux, qu'ils ont été désignés par l'ad- jectif ou participe ardent pris suinta ntivement, comme dans l'expression mal des Ardens. Quelque générale que soit aujourd'hui l'acception figurée de l'adjectif ardent, qui peint l'homme comme élanl de nature ■'i biûler. à s'enflammer, à prendre feu, 'a la vue des objets qui affectent son àme et l'échaulTenl, on ne dirait plus en parlant d'une femme qui serait de nature ù brûler, a s'en- flammer d'un amour illégitime, qu'elle est orrfen/£. 11 semble que ce soit la signiflcation ^argans en ces vers : Com li faucons qui par orguel Ne daigne nis vcir oe l'oel Puisque fecne s'en vait au cange, Sen cuer met en un lieu eslrange, No daigne aler & son oisel ; Ains B'asiet sour un Damoisel, etc. Abc rotl. ti. MS3. ouït IMO, T. W. p. OU. On expriinoit l'idée d'un feu qui brûle et enflamme l'objet sur lequel il agit, lorsqu'en faisant l'éloge d'une femme on disoit : Vos douçours est lu fontenele §ui sourt sous la plaisant graTele, ui rent Inlent as maladieus. Les morâ cuerd pcieceus et viçus EsprendÉs A'argaiit eslincete. Ane Pon. h. HS. du VUie. n' 1490. fol. IM. R-. L'effet des passions étant comparé à celui d'un feu qui brûle et enflamme, on dit figurément que la colère est ardente, que l'amour est ardent, etc. . . . Feme qui done, art et enflame D'nrooiM amours ; cai j'ai oï retratre, etc. Ane. Poh. fr. US. in VUku, »• IWO, M. In. ft>. Enfin, une soye ardente ëloit une soye couleur de feu. (Voy. Extr. des Reg. du Très, des Ch., p. lî.) Jaune, vert, sort, ardant et perse. G. fiidwtMS. M.Bis, V. _e hart, est d'origine celtique ._it de liort/ium, ardûU, ardianlem, e tme sorte d'ârjeipila geogreoeux. BUe pumtt avoir MA t) De noa Jours encon, les paysans bas-bretons l^appèUant ^in ardant, vin AR — !a4 - AR Ardons, ind. prés. Nous brûlons. (R. Est. Gr. Fr.) ArdreiU, ind. prêt. Brûlèrent. (Villehard. p. 195.) Ards, participe. Brûlé. (Rabelais, T. III, p. 268.) Ardy^ ind. prêt. Brûla. (Poës. de Molinet, p. 159.) Arge^ subj. prés. QuMl brûle ; en latin ardeat. — Fabl. Ms. de S* Germ. fol. 63.j Ars, ind. prés. Tu brûles. (R. Est. Gr. Fr. p. 64.) Ars, participe. Brûlé. (Id. ibid.) Arsent, ind. prêt. Brûlèrent. (Ph. Mousk. p. 482.) Arsimes, ind. prêt. Brûlâmes. (Livres des Rois, MB. des Cordel. fol. 39, R*» col. 2.) Arsis, ind. prêt. Tu brûlas. {Dit de Charité.) Arsisent, subj.imp. Brûlassent. (Ch. d'Outremer.) Arsist^ subj. imp. Brûlât. (Fabl. us. du R.) Arsse, participe. Brûlée (G. Guiart, ms. fol. 92.) Arst, ind. prêt. Brûla. (Livres des Rois.) Arstrent, ind. prêt. Brûlèrent. (Livres des Rois.) Artj ind. prés. Brûle. (Hodus et Racio, fol. 260.) Àr$, ind. prêt. Brûla. (Livres des Rois.) Art^ subj. prés. Qu'il brûle. (Siège de Troye.) Astrentj ind. prêt. Brûlèrent. (Livres de Rois.) Il existe eutre les terminaisons de rinflnitif des verbes françois et la formation des autres modes et temps, une règle générale d'analogie, d'après laquelle on juge que relativement à la terminaison arder, on a formé rindicatif prétérit ard^V^ji^; rela- tivement à la terminaison ardre, l'indicatif présent, ar^ arSj ard ou art; relativement aux terminaisons ardre et ardoir, l'indicalif prétérit, ardt, ardis^ ardu, ardismes, ardistes, ardirent et le subjonctif imparfait ardist, ardissent. On reconnoit au pre- mier coujp-d'œil les modes et temps dont la forma- tion est également analogue aux différentes termi- naisons de l'infinitif, ardre, ardoiron aiiter. Quant à ceux qui parpissent exactement imitatifs de modes et temps latins, tels que l'indicatif prétérit ar$t ou art, en latin ar$it; arsimes, en lalin ai'simiis; arstrent, par contraction arsent, en lalin arsenint^ on pourroit les regarder comme une preuve de l'existence de l'infinitif arsir, et dire que les modes et temps de cette espèce, comme le subjonctif imparfait arsist et arsisent, le participe ars ou arsis^ appartenoient à la conjugaison de l'ancien verbe ai^sir. (Voy. Arsrr.) VARIANTES C ARDER. Fabl. MS. du R. n» 7015, fol. 1S4, R« col. 2. Ardoir. s» Bern. Serm. fr. MSS/p. 76 et 372. Ardre. Rom. de la Rose, vers 6891. Ardeur, subst, fém, (Voy. Aroeure.) Ardeur du feu. Quoique la signification propre, comparative et figurée d^ardeiir, ait toujours été la même, depuis que ce mot existe dans la Langue^ il semble qu en parlant d'un buisson ardent, on ne diroit plus dans le sens propre : Il sembloit quUl arsist ; n*ardor ne le mehaigne. Je vueil, dist Moyses, veoir la vision. Gomment c'est qu'il me samble qu'il art sans arsion. DUb et Morditêfl. MS. de Gaipiat, fol. 296. col. 1. Au figuré, en parlant du feu de la colère : Karies Tentent, s'en ot ire et ardor, AoMii. MS. M. <8, V* ool. i. VAP.IAKTES : ARDEUR. Orth. siibsist Ardor. Dits et Moralités, MS. de Gaignat, fol. 298. Ardeure , subst. fém. (Voy. Ardeur.) Effet de Tardeur du feu. Ardeur des passions. La signification de ce mot ardure éloit la même que celle de brûlure, effet de Tardeur du feu, lors- qu'on parlant de la pierre magnétique pulvérisée, on a dit : La puklre est bone sar ardure, Et sur toute esclialdeure. llarbodM.de Gemmit. art. XIX. col. 1656. Au figuré, et par extension de Tidée particulière du mal occasionné par Tardeur du feu, à ridée générale d'un mal phvsique ou moral occasionné par le tourment de la faim, de la crainte, de Tamour, etc. .... Se li sièges auques dure, Tost auroient de fain ardure. Athit. us. fol. 60. R* col. i. Oiez par quel bonne aventure Dex les garda de ceste ardure. ibid. fol. 61, R* col. I. Quant A.mours m*a ce commandé Je luy ay adonc demandé Comment vit homme et comment dure En telle paine, en telle ardure f Ron. de la Rote, ren 9610-9617. En comparant h l'activité, à Vardeur du feu, celle des passions, on disoit figurémcnt et dans le sens de notre mot ardeur, qu'un cheval plein de feu, étoit de grant ardure-, qu'un homme ardent au combat s'y metloit par ardure \ qu'une femme brûlant d'amour séchoil d'ardare, etc. (Voy. Fabl. ,Ms. du R. n» 7218, fol. 193. R» col. 1. — G. Guiart, us. fol. 350, R° etc.) Si corn Echo çiui sert de recorder Se Qu'autre dit : et par sa sorcuidaoce No la daigna Narcissus regarder : Ains sécha toute de ardeure^ Fors de la voix qui encores U dure ; Aussi perdrai tout fors merci crier, Et secnerai de dueil et de pesance. Paucbet, Laag. eC Poêt. Fr. p. 443. VARIANTES : ARDEUHE. Fauchet, Lang. et Poës. Fr. p. 143. AiRDURE. Chans. Fr. MS. de B., part. Il, fol. 4. Ardure. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 3. Ardi, subst maso. Liard. On s'est trompé en croyant que // ardis ou li hardis étoient inconnus avant le règne de Louis XI. La fausselé de celte opi- nion est prouvée par deux titres latins, l'un de 1109 et l'autre de 14J0, cités par Du Gange, (Gloss. lat. au mot Ardicus ;) et par deux titres en françois, Tun de 1417 et l'autre de 1451, cités par son Continuateur. « Le suppliant fist bailler au tavernier sept hardiz,y « etc » (D.Carpentier, Sup. Gloss. lat. de Du Gange, T. 1, col. 285; tit. de 1417.) « Sera levé pour nous « en la ville... le droit de l'asize, qui y est acous- « tumé de lever, c'est assavoir de soixante hardi^^ « ung. » (Id. ibid. tit. de 1451.] Le cours de cette monnoie, antérieur atf règne de Louis XI, auroit commencé sous celui de Philippe- le-Hardi, s'il étoit vrai qu'on l'eût ainsi nommé, parce que ce Prince fut le premier qui en ordonna AU , - 1 Ardoise, suhst. fém. Pierre bleue et fossile. On lil que cette pierre, titconnue aux Anciens, a été nommée ardoise, en latin ardesia, ou lapiê arde- stus, later ardesius, parce que les premières ardoi- ses ont été Urées d'Ârdes en Irlande. • C'est du ■ nom de ce piiys, en latin Ardesia, que cette • pierre transportée dans toule l'Europe fut • appelée lapis ardesius, tater ardesius, ardesia ; ■ d où nous avons fait noire mot ardoise. > (Mé- nage, Dict. Etym.) Au reste, il y a sur l'origiae de cette dénomination, difTérentes opinions qu'on peut voir ibid. au mol Ardoise (\). Ardolser, verbe. Couvrir d'ardoise. (Voy. Col- grave, Dicl.) De là, l'expression cloclier ardoisé. (Epith. de M. de la Porte.) Ardolseux, adj. Qui est en ardoise. (\'oy. Col- grave, Dicl,) Ardoizin, adj. Qui est d'ardoise. On a dit en ce sens, pierre ardoizinc. Ô'oy. Rabelais, T. II, p. 244.) Ardu, adj. Haut, sublime, difficile. C'est l'ad- jectif latin ardims, francisé par nos Auteurs du XVI* siècle, qui désignoient flgurément et par compa- raison la hauteur et la sublimité des choses, et par conséquent la difllculté d'y atteindre, la difticuUé de parvenir à les comprendre el à les connoltre, en disant qu'elles étoient ardues. Nobles esprilz, ardui, scientificques. Que Bongei-vous, où avez-voua esté ? FiUni, p. I. Tes poincts sont grans, tes mètres ntesurei, Tes dits tous d'or, tes termes azurez. Voire si bauts et ardus, à tout prendre. Que mon esprit travaiUe ù les comprendre. Ciém. tUm, p. ISTdtSB. Les sciences, les connoissances auxquelles il étoit difQcile d'atteindre, étoient des connoissances, des sciences ardues. « C'est une Siûence divine et bien ■ ardue, que de scavoir jouir loyalement de son « eslre. '(Sagesse de Charron, p. ZU.) • Quelle ■ chose peut estre olus ardue et grave, qu'en si ■ grande dissimililuae d'amans et d'amantes pou- • voir discerner quelle est la figure espèce de ■ la vraye et parfaite amour. • (L'Amant ressusc. p. 79.) Ce mot, dont M. Dubois affectoit l'usage, a vieilli dès le xtir siècle. (Voy. Longueruana, T. I, p. 95.) Arduité, subsi. fém. Difficulté. On a dit fifcuré- ment : • L'Empereur ayant considéré Vardiiité de • son entreprise, etc. > (Du Bellay, Hém. liv. X, fol. 334. ~ Voyez Ardu.) Are, adj. Aride, sec, desséché. Qui rend aride, qui dessèche. Ce mot are ou aire, formé par contraction du latin aridus, signifloil aride, sec, desséché. ■ Le • pays de Champaigne est si ayre cl infertile, > qu à peine les trois quarts des terres peuvent 8- AR « porter de l'hei'be. ■ (Ane. Proc. verb. des Coût, de Troyes, au Nouv. Goût. gén. T. III, p. 293.) « Leurs viandes sont ares -et aigres, et de peu de - substance. ■ (Du Fouilloux, Vén. fol. 18, V-.) Dans UQ sens actif et analogue à celui du verbe ardre, dessécher, rendre aride, on a dit: « Le veat ■ de galerne est arre, froid, desséchant grande- « ment. • (Du Fouilloux, Vén. fol. 44. — Voy. Arir.) TARUimw : ARE. Gloss. lai. fr. dn P. Labbe, à Arefieri. AtHK. Ane. Proc. verb. des Coût, de Troyes. ARB8. Enst. Deacfa. Poâs. HSS. p. 167. Arkz. Gloss. lat h. du P. Labbe, au mot Aridm. Arre. Cbron. S> Denys.'T. I, toi. aS7, R*. Ayre. Ane. Proc. verb. des Coût, de Trojes. Are, part. Labouré. On observera qu'au moyen de l'ellipse du substantif terre, ce participe au fé- minin signifloit terre arée, terre labourée. Ancien- nement, en opposant et réunissant les terres arée* ou les arées, aux bruières, on esprimoit l'idée de lieu en général, comme aujourd'hui en disant > par > monts et par vaux. » (Voy. ârëe.) Tant a là Sarjani qui se plaingneat, Espoven table ment acertes. Que de touz lei en sobi couvertes Bruieree et terres ariea. G. GiiUn, H3. kl. n, R-. Areau (%8ubst. masc. Instrument de labourage. Espèce de charrue sans roues, comme l'araire. (Voy. Ar*ihe.) • Print... ung ayreau fourni de < coustre, etc. • (D. Carpenlier,Suppl. Gloss. Iat.de Du Cange, T. I, col. 270 ; lit, de 1457.) * Laissoient < leur areau et autres habillemens de labourage. • {Id. ibid. lit. de 1498. — Voy. Arot.} . . . Pour 8oy n'est rangé le torean Desous le joug, pour y traîner l'siresu. F >. do Bonwlbn, p. ^el. On sait qu'en prose comme en poésie, ce mot arène signiiie cirque, amphithéâtre, par la raison que les amphithéâtres, les cirques étoienl sablés ou couverts de sable. La raison pour laquelle il a si- gnifié rivage, n'est pas moins naturelle. < Quel « pays ! quelle coustume ! Voz gens empêchent que • nous ne prenions port ; que nous ne nous ra- • fraîchissions sur vostre areyne. » [L'Amant res- • susc. p. 196.) U suffit que dans la préparation du mortier, il y ait ordinairement du »abie, pour qu'araine au fé- minin, au masculin arein [1), ait signifié ciment, mor- tier ; comme en ces expressions, tables d'arguil et d'arein, mur à'araine. (Voy. Blanchandin, ms. de S" Germ. fol. 178.) • SI Deus fesoil son premier ju- <■ gcment par eawe sur l'umaigne lignage, les > tables d'arguil et à'areiit si depesceroient,e celés ■ de pierereraeyndroienL-(HistoiredelaS" Croix, MS. p. 11.) VARIANTES : ARÈNE. Crétin, Poës. p. 156. AHAiNii. Cl^omadëa, US. de Geienat, fol. tS, R° col. % Arainne. Rom. de Tiébaut de Mailly, US. de N. D. fol. 130. AR Aréneus, adj. Sablonneux, plein de sable. En '■ aretiQsua. (Voy. Abésë.) il est vieilli et n'a voy. AniNULEi'x.) TARJANTEE : ARÉNEUS. Honet, Dict. AntNKUX. Cotgrvve, Oudin et Nicot, Dict. Arénlère, subst. fêm. Sablonnière. (Voy. Cot- grave, Oudin, Nicot et Monet, Dict.) Arens, suhst. moic. plur. Espèce de manoeuvre. On soupçonne que ce mot arem désigne la ma< noeuvre, les cordages, qu'en termes de marine on nomme martinets, marticles, et quelquefois arai- gnées : dénomination peut-être altérée dans arem. Ondes reveraent et escument. Rompent butage (3) et obens 0), Et U caable etli aren«. Siégs De Trora ; US. du R. n- 6887. roi. iU. Arénuleux, adj. Sablonneux, plein de menu sable. (Voy. Cotgrave, Dict.) Arer, verbe. Labourer. Parcourir, faire route en mer. Discourir, parler. Il semble qu'en préférant à l'usage de l'ancien verbe orer, en latin arare, proprement cultiver la terre, celui du verbe labourer, en latin laborare, on ail substitue à l'idée agréable d'une culture qui féconde la terre, l'idée désagréable du labeur qu'elle exige des Cultivateurs. Cette préférence paroissoit peu raisonnable à Henri Eslienne, puisqu'après avoir observé ■ qu'en Savoie un laboureur s'en « allant labourer la terre, dit qu'il s'en va arar, il . demande si nous ne pouvons pas au besoin, en • changeant s en e, dire arer. Quant fi moi, ajoute- « t-il, je n'en ferois point de conscience. » (Précel- lence du Lang. Fr. p. 145. — Voy. Ménage, Dict. Étym.) Le verbe arer existoit de toute ancienneté dans notre Langue ; il ne s'agîssoit que de le sau- ver de la proscription. < Helyes.... truvad Ilelyseu, ■ leflzSaphath,aranf,'callresodlui.a blenjesques • duze jus de boes. ■ (Livres des itois, us. des Cor- del, fol. 114.) • Ung désert où il n'avoit onques esté . are, ne semé, etc. - (Ch. S' D., T. I, fol. 261, V°.) Li preudom, quant voit le jor né, Rêva arer en son jorné. Faïl. U». du n. n- 7ilB, (ol. 309, V* »1. 1. Li vilains sa vache Et son buet ctontc de sa mace ; Et tant les en bat, ksatîe. Que ta tière en ère et deslie. Ph. UouiliM, US. p. Wa. En comparant au labourage l'action par laquelle l'espèce humaine se reproduit el se perpétue, on a dit: (1) Nom, dans les Alpei, de grandes dratea générales de neigea on d'avalanches d'hiver. (E. Rambett, Bemu du ÙtuJi-Mondet, 15 nomnbre 1867, p. 379.) (n. k.) — (3) htines. — (3) haubans. U. 18 ÀR 1^ ÀR coDS semblent avoir formé du latin horâ metiptà. • Vous soubvienne de boire à my... et je vous plei- • geray tout aresmettis. • (Rabelais, T. I, Prolog. p. 50. — Voy. ABESHETÏ&.) Se ne pensez forment A'arer, N'est riens qui les peusl réparer. hm. Il* Il RoH, Tcn «oeto-swia Oii désignoit la nécessité de passer d'un propos à un autre, la nécessité de discourir d'autre chose, en disant : A Ce verl)e ar0r étoit pris substantivement, lorsque par allusion à l'babitude que les bœufs, ont de la- bourer, on désignoit une science acquise par l'ha- bitude de faire une chose, en disant : Plu* en scuurez que beur à'arer. ^ lloœ. d« Il Rom. len I3K4. Plus El Il est possible que relativement à l'idée de par- courir un terrain qu'on laboure, l'expressinn arer uue route ail signiflé faire une route, la parcourir en naviguant, sans comparaison même au sillage du navire, aux sillons tracés par la charrue. • Ces- ■ tuyjour.,.. ne leur apparut terre, neauUrechose « nouvelle: caraiitrefoisavoient are ceste ronlle. ■• (Babelais, T. IV, p. C.) En (liscouranld'une personne ou d'une cliose, on parcourt les objets qui leur sont relatifs. De là peut-être l'acceplion figurée â'arer, discourir, parler d'une personne avec quelque étendue. Par cy-dessus vous ay are Hoult d'Abraham 111 de Tbaré. Hitil. Jh Iroii Harict. en ven, H3. r- W. On a vu plus haut, qu'arer autre champ, c'éloit discourir d'autre chose; expression dont le sens Srésentecerlalne analogie avec l'acception d'arer(i], iscourir. VABIANTES ; ARER. Livres des Rois, MS. des Cordel. toi. 114, R* col. S. Arbir. Chsns. fr. MS. de Berne, pnrt. 1, loi. 130, V". Abbbr. D. Carpentier, S. Gl. 1. de Du Gange, T. I, cot. 270. Errer. Ph. Mouskes, MS. p. 360. Hareh. IlJst. de B. du Guesclin, par Mènard, p. ff. Ares, subst. On a cherché dans le grec ôpo, l'ori- gine de ce mot are ou ares, usité en Gascogne et flans quelques autres provinces. (Voy, Dict, de Trévoux.) Mais il est probable qu'étant de même si^iOcation que le mot ore ou ores, il esl de même origine. On esl si familiarisé avecla voyelle a, subs- tituée à la voyelle o dans la prononciation et l'ortho- graphe, qu'en are comme ea ore, on croit recon- noitre le substantif hore, en latin liora, pris abso- lument et employé comme adverbe pour signifier à-rheure-méme. (Voy. IIore.) « La Bastide criast au ■ Suppliaul: ribault, traître; ares, par le ventre • de Dieu, tu mourras. . (D. Carpentier, Soppl. Gtoss, lat. deOuCange, T. I,col.286; tit. de 1482,) 11 est évident qu'en ce passage la signification du mot ares est la même que celle du composé areS' tnetys qu'on trouve dans Rabelais, et que les Cas- (1) Ce mot s'empluia encore dans la marine, lorsque Tancre d'un vbîmwu, le tonds étant mMivalB, n'j tient poiat M are (laboure) le fond. (n. k.) — (3) A le eeni de cltcorlv aorte, de b&tcn (roir Du Cangs à CftcAa). Tnduire : f Le cherM, sulgrë le bjtton, ne se InisBa amener. > 11 a'agit Ic^ de Buc6pb«le. (n. B.) A.resmetys, adv. A-rbenre-méme. En latin horâ metipsâ ; d'où le mot composé gascon arei- tns, aresme " "' ' "' voy. Ares.) VABIAHTES T ARESMETYS, Rabelais, T. I, Prolog, p. 50. Areheti, AREflMEDts. Ce libelle nlsme de L. IVItnatt. — Utn. Dict. Etym. Aresner, verbe- Attacher par les rênes de la bride. Saisir par les rênes de la bride. Tenir en bride. (Voy. Rkskk.) On disoit au premier sens : Si descent et si se désarme : Son cheval ureatie à un cbarme. Ram, de Pernval, MS. do Djtds, n- 3St. bl.lBa, R- col.t. lUoec avoit un olivier; Il aresiia son bon destrier. Si^ 4c Thiba. US. du R. n* 6987. tal. 38. H* ml. I. Dans le second sens : N'il ne laist, por clicon i'î), le ceval amener; Tolome quidssl prendre, sel'peuet orewier. Rom. d'Akundn. IIS. du R. o- eOBT, fol. 178. V sol. S, Au figuré : Prince qui veut en triomphe régner. Boit le vouloir des esmeuz arrainer ; El n'eiploicler tout ce que chaecun cuide. Garder que nul ne se uuisae effrener. J. d'AnlRI, Anul do f^ools XU. USS. li03-l»S, fol IIS, V. VA!tiA^TÉs : ARESNER. Rom. de Rou, MS. p. 148. Arbgner. Anseis, MS. fol. 6t, V° col. 2. Aresgn'ER. Lanc. du Lac, T. 1, fol. 148. ARRAiNE:n. 1, d'Aulon, annal, de Louis XII, fol. 115. Areste, subst.Jém. Barbe d'épis. Pelite partie ligneuse de lin. Espèce d'aiguille ou d'épingle. Arête; incommodité; retard; obstacle; difncuTté; embarras. Le mot areste, en latin arista, qu'au premier sens Monet définit, • longue et menue pointe;, > comme une aiguille, à la cyme de l'épi, * est ancien dans notre langue, en ce même sens : De dolor est doloreus pains Il est fais d'orbe qui esl plaiAS De paille et poignant are»ie. klKnra du Redui dallolibn. US. da Gdgnl. fol. 311, R* col. t. On sait qu'après avoir roui, séché et broyé le tin, on le passe par le séran qui en sépare les parties ligneuses. En comparant ces parties ligneuses dn lin broyé et passé par le séran, aux barbes, aux pointes des épis, on les a nommés arestei. ■ Do • premier (llet de lin qu'elle traira de aa quenoille, « il lui entrera une areste au doy, en telle manière < qu'elle s'endormira à coup, etne s'esveillera jus* AB — 139 - AR S « ques à tant qu'elle sera succée hors. » (Percef. Toi m, fol. 115. — Voy. Ibid. Vol. IV, fol. 106.) Bilans (i) est vers, naiscens de terre.... Qaant'il est du bois arrachiez, Adonc fault qu'il soit plungiex En Feaue, et puis traiz par defors ; Puis aux raiz 02) du Souleil trôs-fors Itoit estre mis et desecliiez : 'Et lui sec, doit estre mailliez Amaillez, puis fraiez aux mains, Pais (erroiez sur le moins, Ef divisez pout les arrcstes. BiMt. Decfh. PoSc. MSS. p. SIS, col. 4. Probablement, cet ancien Poète avoit en vue le ' vnême objet de comparaison, lorsqu'on parlant de "*1 coifTure des femmes de son siècle, il désignoit ar le mot areste une espèce d'aiguille ou d'épingle dieveux. Grant merveiUe est que d'elles regarder ; Car cornes ont trop plus longues que bestes; Tant qa*om ne puet leur douTz viaire der Voir. iVop y a a'espingles et diarestCB, ^ l>e cheveulx mors, de Ibourriaux et de créâtes (3). Eust. Desch. Po«8. MSS. p. 838, col. 4. La ressemblance de la partie dure et solide de ^rtains poissons, avec les barbes ou pointes d'épi, ^t sans doute la raison pour laquelle on l'a nom- mée arute, (Voy. Ménage, Dicl. Etym.) Il semble '^■lue relativement à ridée de incommodité des jmmrètes dans le poisson qu'on mange, l'on ait dit ^^Ogurément : Vie d*omne est é'areste plaine ... Moult arestouse vie maine Cil qui maine la plus légière. ftisaranda Red. dflMoliens, HS. de Gtiraal, fol. 944. R* col. 4. Cette même incommodité des arêtes retarde celui ^ui mange, et fait obstacle à son plaisir. Il est donc Sossible que diaprés cette idée le mot areste^ pris gurément et dans un sens qui paroit se confondre avec celui du mot arrest, ait signifié retard, comme dans ces vers : Chiers pères, vouiUez moi aidier : Je doute l'excommunier. Cité sut; cy n*a os ne areste: S*argent n*ay devant cette feste De Pasque, etc. Eust. Desch. Poes. MSS. p. 43S, col. 4. Obstacle, difficulté qui embarrasse, lorsque ce même Poète disoit : n n*a cy areste ne boces ; Ne chose qui ne soit visiblo, Et trouvée en texte de bible. Id. Ibid. p. 489. col. 4. On terminera cet article en observant que par ace autre comparaison, relative à ridée des angles que forme une arête de poisson. Ton a pu nommer atesle^ rangle, l'élévation qui règne le long de* quelquçs lames d'épées ; arestes et vives arestes, les angles d'une pierre ou d'une pièce de bois éjuarrie et taillée en angle, etc. (Voy. Monel, Dict. — Dict. de Trévoux.) VARIANTES • ARESTE. Eust. Desch. Poês. MSS. p. 435. AiBESTE. Gotgrave, Dict. Arête. Monet, Dict. Arreste. Eust. Desch. Poês. MSS. p. 545, col. 1. Aresteux, ad;. Plein d'arêtes. Plein d'incom- mocUtés et d'embarras. Dans le premier sens, on a dit alose aresteuse. (Epith. de M. de la Porte.) Au figuré, une \ie arestouse étoit une vie pleine d'incommodités et d'embarras. (Miserere du Red. de Moliens, ms. de Gaignat, fol. 211. — Voy. Areste.) VARUNTES : ARESTEUX. Gotgrave. Dict. Arestous. Miserere au Recl. de M. MS. de G. fol. 211. Areur, subst. maso. Laboureur. (Voy. Arer.) VARIANTES t f AREUR. Gloss. lat. fr. du P. Labbe au mot Arator. Arbor. Vie des Saints, MS. de la Clayette, p. 8. Argent, subst. masc. Métal blanc. Monnoie d'argent. Monnoie d'or, d'argent ou d'autre métal. ' On observera qu'en général, lorsqu'on parle d'argent, on entend de l'argent fin, de l'argent sans alliage. Pour fixer la loi de l'argent fin, on le divise en douze deniers, et chaque denier en vingt-quatre grains. Cette division de l'argent fin en douze de- niers, et de chaque denier en vingt-quatre grain$, est commune à TArgent-le-Roi ; mais dans TArgeàt- le-Roi, qui n'est qu'à onze deniers douze grains d'argent fin, il entre un vingt-quatrième d'alliage. Ainsi, « lorsqu'on dit que Vargent fin est à six » deniers de loy^ cela signifie qu'il y a six parties « d'argent et six parties d'alliage ; mais lorsqu'on « dit que YArgent-le-Roy est à six deniers de loy^ « cela signifie qu'il y a six parties et 6/24 de pâr- « ties en alliage; en sorte qu'il ne reste que cinq « parties etl8/24de parties en argent. » (Ord. T. III, pref. n. cxj.) La loi de l'argent mis en œuvre par les Orfèvres devoit être la même que celle de l'Argent-le-Roî, peut-être ainsi nommé à raison de ce que nos Rois de la troisième Race accoutumèrent enfin leurs sUjjets à reconnoître en eux seuls le droit de fixer la loi de l'argent; ou qu'attentifs au moyen de réparer le défaut de mines d'or et d'argent en France, ils en favorisèrent l'importation dans le Royaume, et Tepcou ragèrent en payant l'argent qui étoit à onte deniers douze grains, comme s'il eût été à dou2e deniers. (Voy. Ord. T. Il, p. 254. — Ibid. T. IIÏ, p. 555, etc. — Dict. de Trévoux.) « Que nuls « Orfèvres... ne puissent... ouvrer argent que il ne « soit aussi bon comme celi que l'on i'iiV Argent- « le-Roi. » (Ord. T. I, p. 522.) « Nul Orfèvre ne ..(1) Byssus, lin. — (2) rayons. - (3) Ailleurs, Deschamps écrit Atoumez vous, mesdames, auUrement, Sans emprunter tant de harribouras, Et sans quérir cheveulx estrangement, Que maintes fois rongent soiuris et rats. - Vostre affubler est comme un grand cabas ; Bourriaux y a de coton et de laine. Antres choses plus d'une quarantaine, Frontiaux, filets, soye, espingles et neuds : De les trousser est à vous trop grand peine ; Rendez remprunt des estranges cheveulx ! (n. b.) AR — 140 — AR » peut ouvrer d'argent qui ne se revienne aussi bon « comme Argent- le-RoU sans les soudures, lequel « est dit argent de gros. » (Ibid; T. III, p. i2 ) Il semble que la dénomination, argent de gros^ soit relative à une ancienne façon de désigner le prix du marc, soit d'argenl-le-Roi, soit d'argent fin, Sar un nombre de gros, espèce de monnoie. Peut- tre aussi que l'argent de gros étoit de l'argent à la loi de cette même monnoie? « L'en dourra du marc d'argent fin en pièce, au pois du marc monsieur Saincl-Loys, cinquente-nuit gros tournois. » (Ord. T. Il, p. 38.) * Se aucun vouloit ouvrer Argent'le-Roy, et achetoit argent fin, et fut l'achat et la délivrance tout à un marc, il le peut faire, mes que le prix de la djélivrance et de l'achat soient considérez estre d'une valeur ; si comme qui acheteroit un marc d' Argent-le-Roy cliquante gros. Ton n'en devroit donner que cinqnante-six gros, se l'effles delivroit à Argent-le-Roy, c'est tout une valeur, car argent fin en emporte plus gue Argent-te-Roy ; et combien que il semble que il donne plus grant pris, c'est assavoir cinquante huit gros, si ne donne il pas plus de cinquante six gros argent, car il acheté argent et délivre argent ; et semble que le seurcrois de l'argent fin que il acheté, il doit rendre, puis que il délivre Argent- le-Roy qui bien se pourroit monter à tel prez demi gros. » (Registre delà Chambre des Comptes de Paris, cotté Noster, p. 205. — Voy. Du Cange, Gloss. lat. T. I, col. 687.) Probablement, Vargent en plate, dans l'Ordon- nance de Philippe-le-Bel, en date du mois de juin 1313, étoit de même forme que Vargent en mace et billon, ou tout simplement Vargent en billori^ dans l'Ordonnance de Philippe de Valois, datée du 29 septembre 1329. « L'en donrra... du marc d'argent « fin en billon.,.. cinquante six sôuls six deniers « dcsdiz bons petiz tournois. > (Ord. T. II, p. ^.) < Que tout homme puissent apporter dehors de « nostre Rovaume, à noz Monnoyes, or, argent en « mace et oillon, franchement et sans en poier, « etc. » (Ibid. p. 39.) « Que nuls Orfèvres, neChan- « geurs, ne autres ne rachatent, ne affinent... « nules monnoies d'or ne d'argent, blanches ne « noires, ne nul argent en plate, quel que il soit, « seur paine, etc. » (Ibid. T. I, p. 521.) On croit que ati argent en plate, étoit de l'argent en barre, en lingot; par conséquent de même formeque l'argent en masse ou en billon. Les Lettres de Philippe-le- Bel, datées du mois de septembre 1295, semblent prouver incontestablement qu'en latin Billio étoit synonyme d'argentum in massa. (Voy. Onl. T. I, p. 326 ; notes, col. 2. — Du Cange, Gloss. lat. T. I, au mot Billio, col. 1168. — Id. ibid. T. V, au mot Plata, col. 549.) Il paroitroit raisonnable d'en con- dure qu'on a nommé billon, la monnoie décriée, parce que cette monnoie étoit souvent fondue en masse, en barres, ou en lingots qu'on employoit à la fabrication de la monnoie nouvelle. On soupçonne que dans quelques Ordonnances, lé marc iargent en argent^ autrement nommé marc d^ argent blanc , étoit un marc d'argent ra espèces décriées ; mais non fondues eu masse, en barres ou en lingots, comme Tëtoient cdles da marc d'argent en billon. « Les Hestresde nos Mon- noies prendront pour nous le marc itarqMt en billon, Ârgent-le-Roy, au marc de Paria, pour cinquante et sept soulz tournois ; et en argent^ Argent-le-Roy, pour cinquante-neuf soalz tour- nois. > (Ord. T. I, p. 450.) « On rendra cinquante- neuf sols tournois, ()u marc d'argent blanc; et cinquante-septsolstournois,d'ar{rieii/^nbt//on. » (Ibid. p. 468.) Peut-être trouvera-t-on que la différence entrç l'argent en billon et cet aryent blanc, nommé ar- Sent par excellence, n'étoit antre qne cellç gn'oà ésignoit en disant argent noir, par opposition à argent blanc. Quoique l'argent blanc ait été dans les anciennes Ordonnances de Vargent à donze de- niers de loi ou environ, par conséquent de l'argent fin ou de VArgent-le-Rot, il semble qu'en général on ait nommé argent blanc, celui dont l'alliage, quel qu'il fût. étoit légal; argent noir, celui dont 1 alliage excédoit la loi. « Les Orfèvres payeront « par chascun marc d'argent blanc et vere, deux « deniers pour marc. » (Ord. T. II, p. 320.) Vrai- semblablement, vere est une faute pour nere od noir. « Voulons que vous faciez donner par toutes nos Monnoyes, à tous Changeurs et Mar- chans, de chascun marc d'argent tant blanc comme noir, quarante .sols tournois de creue, oultre le pris que nous y faisons donner à pré- sent : c'est assavoir pour chascun marc d'argent allaie à la loy de trois deniers, seize livres tournois ; et de tout. autre marc d'argent allaié au dessoubz, quinze livres et huit solz tournois. » (Ord. T. III, p. 18.) Les malheurs du règne de Philippe de Valois, renouvelèrent la nécessité d'affoiblir les monnoies, Sous le règne encore plus malheureux du roi Jean, on n'en fabriqua presque pointd*argent fin, et assez rarement d'Argent-le-Roi. Il y avoit presque tou- jours moitié et même plus que moitié d alliage. Mais on supposoit très-souvent, pour la fixation du prix du marc d'argent, que l'argent,* par exemple, « allié à trois deniers de loi, étoit Argent-le-Roi. » C'est d'après cette supposition, que dans un mande- ment de Charles, fils aine et Lieutenant du roi Jean, daté du 22 octobre 1356, le marc d'argent blanc, qui étoit argent fin ou Argent-le-Roi^ puis- qu'il étoit réellement « à douze deniers de loi ou « environ, » paroissoit ne valoir que sept sols tournois plus que le marc d'argent allié à trois deniers. « Qu'il soit donné à tous Changeurs et « Marchans frequentans les Monnoyes, de diiascun. « marc d'argent allaié à trois deniers de loy ^ « dit et nommé Argent-le-Roi,.... huit livres dix « solz tournçis ; et de tout autre marc d^argent « bla7ic à douze deniers de loi ou environ... huit « livres dix-sept solz tournois. » (Ord. T. III, p. 86.) La raison de cette fixation du prix de l'argent à trois deniers de loi, presque la même en apparence AR -t que celle de l'aient à douze deniers, seroit incon- cevable, «i l'on ignorait qu'en fixant â huit livres dix-sept ao)a lournoia le prix du marc d'ai^ent à douze deniers de loi, et à huit livres dix sols, celui ia marc d'ai^ieot k Irois deniers, on ne faisoit qu'iodiqaer la r^Ia de l'évatualion proportion- oelie de l'argent su;>posé Argent-le-Boi, quoiqu'il ne rût qu'i tcoia deniers de loi. Cq autre mande- neot du S3 novembre 1356, par lequel on ordon- Boit la fabrication de gros deniers blancs à quatre deniers de loi, paroit llxer le prix du marc de cet argent ainsi monnoyé, à douze livres tournois. (Vof. Ord. T. Ul, p. 87 et 88.) Hais ce seroit une erreur d'en conclure que le marc d'argent avec lequel oo fabriqua ces gros deniers blancs, n'étant composé que d'un tiers d'Argent-ie-Roi et de deux tiers d'alliage, valoit réellement douze livres. — Cela signiue seulement, quele prix du marcd'ar- •■ genl monnoyé,. supposé que la moanoye eust été — fabriquée avec de VArgent'le'Roy, vaudroit douze — livres. Or comme ces gros deniers blancs necon- « tanoieot qu'un tiers d'argent, et les deux tiers ■M d'alliage, le marc ^argent monnoyé de ces espè- « ces, ne contenoit que le tiersd'un marc ù'Argent- — le^oi ; et comme le cuivre et ralii,ige sont V comptez pour rien, il ne devoil valoir que quatre « livres qui est le tiers de douze livres, à ouoy a •m esté flxé le prix du marc d'argentmonnoye, en le - supposant Argent-ïe'Roi. > (Ord. T. ifl, préf. :». cxy.) On a étendu la siguiOcation d'argent, monnoie ■^'a^at, à (ouïe espèce de mounoie, lorsque pour ^éùgner la possibilil^ de tout conclure, de tout finir avec de l'argent, on a dit en provert>e : Adès Ddb U qui a calent. Eart. DtKlL Poli. HSS. p. 108, col ). Le pro\'erbe contraire, ■ Quand ar^nt faut, • flnaison nulle, > est particulièrement justifié par l'art. Lxn du tit. 11 de la coutume du Perche, où on lit : • Si le Vassal ayant eslésaisi, compose avec son • Seigneur du rachat et profflt de fief qu'il peut ■ devoir, et pour iceluy payer, luy est donné terme, ■ dedans lequel il n'ait payé, peut ledit Seigneur • jouyr dudit llef, ainsi qu'il faisoit auparavant, et • iceluy saisir de nouvel, si saisi n'a esté; qui est • ce qu'on dit communément, quand argent faut, • Hnaison nulle. > (Coût. gén. T. II, p. 17.=>.) Il est si rare d'être bienfaisant et de cacher sa bienfaisance, que pour signifier qu'une chose ne s'est jamais faite, on a pu dire proverbialement qu'elle B'tet fïite ■ du temps qu'on se cacha ponr ■ prester argent. ■ (Cotgrave, Dict.l Les malversations trop fréquenties dans l'admi- Distration des finances des Rois et autres Princes, ont fait dire proverbialement que ■ leur argent est ■' sujet â la pince. > (Âpol. d'Hérodote, p. 136.) ' Rien n'est plus vrai, sans doute, que le proverbe : Hivnlx TBult science qu'ortfoii. FraiUBl, Pofi. MSS. p. SW. cal. 1. Hais l'homme qui aura dédaigné l'argent pour la I- AR science, ne s'exposera point à l'afnront de s'enten- dre dire ; A l'Uis, à l'uis, qui n'a argent. Fahl. lis. ie R. a- 7HS. rat. HT, R- (01. 1. Il restera chez lui paisible, et se dira avec {)1usde philosophie que d'humeur : * Quelque sçavoirque - soit en l'homme, s'il n'a de Y argent, on s en ■ moque. ■ [Cotgrave, Dict.) Il pardonnera aux hommes qui ne le vaudront p»s, leur passion pour l'argent; passion dont on a désigné l'ardeur par cet ancien jeu de mots, ■ U • argens art la gent. » (Voy. Fabl. us. du R. n- 7615, fol. 61, R- col. 2. - Cotgrave, Dict.) Peut-être môme que forcé par ses besoins- d'être plus homme que philosophe, il reconnottra la sagesse de ce proverbe : 8ui n'a de Vtaycnt en bource, u'il ait du niiel A U bouche. Uta. da Utnlluc. T. II, p. MB. L'argent est si essentiel à la sfitisfaction des besoins de l'homme social, qu'il lui est impossible d'oublier les anciens proverbes relatifs à une véritd dont le sentiment se renouvelle sans cesse. Si on lui a dit autrefois, ■ Point d'argent, point de > Varlet > ; on lui ditaujourd'hui, • Point d'argent, • point de Suisse >. Il sentira toujours qu'il est vrai de dire : • Argent faict tout ; qui ade l'argent, < a des pirouettes; toujours argent vient à point; ■ argent comptant porte médecine, etc, ■ (Voy. Chron. Fr. us. de G. de Nangis, an. 1339. — Oudin, Cur. Fr. — Froissart, Vol. U, p. 163. — Nuilsde Sti-aparole, T. il, p. 393. — Cotgrave, Dict.) Au figuré, • prendre une chose pour argent ■ compté ou pour argent comptant, ■ c'est croire à la realité de cette chose, la regarder comme aident compté ou comptant qui est chose très- réelle. ■ On ne doit pas toujours prendre pour • argent contant tout ce qui est escrit aux « histoires, pour ce que souvent les causes qui ont < produit des efTects sont ignorées ou falsifiées. > (Disc, polit, et milit. de La Noue, p. 107. - Voy. Contes d'Eatrapel, p. 15i.) L'argent comptant, chose très-réelle, est aussi chose toujours prèle au besoin. De là, on a désigné flgurément la facilité avec laquelle Jean Bodîn trouvoit son esprit au besoin, en disant • qu'il • avoit son esprit en argent comptant. ■ (Voy. De Thou, Uist. liv. csïu, p. 701.) VARIANTES : ARGENT. Orth. subsist. - Ménage, Dict. Etym. AiROBNS. Chans. fr. MS. de Berne, part.II, fol. 29. AiHGBNT. Ibid. part. I, toi. 43, W.'. Argbant. Honet, Dict. Aroibnt. Ord. T. I, p. 46B. Ekgent. Fabl. MS. du R. n* 7615, Ibl. 253. Argentelet, adj. Argentin. (Voy. Ahgcntip.) L'adjectif argentin dont noLre Langue paroit être redevable aux Poètes du xvi' siècle, n'est pas moins' ancien que leur diminutif orpenfctef, de même si-, gnilication qu'argentin. En comparant à la blan>' cheur de l'argent, le cristal d'une onde claire et transparente, ils disoient figurémeot : • ruisseau AR -i *'^-argentelety fontaine argentelette, etc. • (Poës. de B. Belleau, T. I, part, i, fol. 103, R*. - Id. ibid. fol. i05, R*. — Epilh. de M. de la Porte.) Prez d'uns fontaiaalette, Doiicalette, arganteletle. Je tenoia, un Jour d'Esté, MaChBTlatle à mon costé. G. Dama. 1 U ulw de BonoetoiM, p. 110 A tU. Argenterie.Eubst./'iïm. Garde-meuble. Recette. Baaque. La vaisselle et autres meublesd'argent dont l'opu- IfiDce fftit un usage souvent moins utile que fas- tueux; la croix, le bénitier, les chandeliers et tous les vases d'argent que lii piété consacre au service des Kglises ; le fonds en argent que chez le Roi on fait tous les ans pour certaines dépenses extraordi- naires, se nomment encore argenterie (1). Hais ce mot n'est plus usité avec la signification de garde- meuble, lieu où se gardoit Vargenterie des Rois ou des Reines, avec tout ce qui sert à l'appareil de leur magnijicence. < LeMaistre d'hoslelde la Royne a feit promptemenl venir un Tailleur, et print des « draps en l'argenterie pour habiller le bon homme « Berger. > (J. Le Maire, lUustr. des Gaules, liv. I, page H2.) Quelquefois Vargenterie d'une ville étoit la recette, le lieu où se'versoient les deniers publics. « Preist suz raf'iren(medeCharires,soixantelivres « parisis; et sur la trésorerie de Thoulouse, ■ soixante livres parisis de rente. » (Ord. T. I, p. 765, notes, col. 2.) Il semble que dans la coutume de PonUiieu, l'argenterie d^ Abbeville éloit une des banques pu- biques où l'on faisoit valoir l'argent des Particu- liers à qui, sur lo papier de l'Argentier ou directeur dd la banque, un Greffler expédioit les contrats nécessaires h leur sûreté. • En H95, Nicolas de f Sainct Eioy, procureur, étoit greffier de Yargen- . teric d'Abbeville. » (Coût. gén. T. I, p. tJ68. — Voy. Abgentieb.) TABUNTES : ABGENTEaiE. Ord. T. I. p. 7©, notea, afi. S. ' AttOEANTBRiE. Monet, Dict. que le premier sens étoit celui d'argenture, lors- qu'en parlant de la figure que NabuchodoDosor vit en songe, on a dit qu'elle avolt, IjCB braa, le pia d'argenture. lUehHt. Poli. MBS. M. S. V «•!. I. L'argent resous en pâte par l'eau de départ (3), et destine k argenter, se nommoit aussi argenture, (Honet. Dict.) Enfin, l'argent appliqué en feuilles sur le cuivre, le bois et autres choses, étoit et est encore de l'ar- genture. (Id. ibid.) VARIANTES : ARGENTEUItE. Oiidin, Dict. Argeantuhb. Monet, Dict. Arobnture. g. M&cbaut, Pofis. USS. fol. %, V* coL 1. Argeoteux, adj. Qui est d'argent. Qui est më- langé d'argent. Qui a de l'argent. On ne trouve ce mot argenteux, expliqué au pre- mier sens, que dans Cotgrave, Dict. Dans le second sens, or argeanteut, étoil un or mélangé d'argent. (Honet, Dict.) On diroit encore dans le langage familier, pour désigner une personne qui a de l'argent : ■ Sy ■ mondit sieur de-Guetdres eust esté argenteux, * etc. • (Lett. de Louis XII, T. I, p. 98. — Voy. Cotgrave, Oudin, Rob. Estienne, Nicot et Monet, Dict.) VARIANTES : ARGENTEUX. Cctgrave, Oudin, H. Estienne, Uct. Abokamteus. Monel, Dict. Argentier, subst. masc. Orfèvre. Homme qui a une administration, une recette, un maaiement d'argent. Banquier. Homme riche, homme en argent. Quelque général que soit aujourd'hui le luxe des ouvrages en or, l'on observe que dans plusieurs lieux, entre autres à Caen, les Orfèvres se nomment encore Ai-^enfiers, relativementaux ouvrages qu'ils font en argent. En un anel d'or tout massia Fu mon signet mis et assis ; Et l'entailla raouU volentiers Uns trèe bons meslres argentUr^, Fr^imtn. Pab. ÛSS. p. 166, col. 1. On sait que dans les Maisons royales et autres grandes Maisons, VArgentier est encore aujour- d'hui un Officier préposé à la distribution de cer- tains fonds d'argent qu'il administre sous l'inspec- tion d'un Officier supérieur. Cet Officier, nommé Suekjuefois Argenteur, étoil en 1386 celui qui, dans ans la maison des Ducs de Bourgogne, • recevoit- ■ les sommes, pour payer les frais des ambassades, ■ des voyages, des habillements, de la garde-robe M) Les Archives Nalionalea conservent sous la cote KK. 18 à S7, les compleii dr. l'argniiturie du réffne de Charlei VI (d» 13nO à 1410). M. DouSt d'Arcq. y réunissant des documente plua anciens, en a donne des extraite pour la Société de l'HisIoire de France (i vol. iD-S°, 1851). Ces comptes de l'at-geitteric eoilirassent une période de six mois, du \" janvier A la Saint-Iean d'été, de la Saint-Jean au i" janvier suivant ; on y lit d'abord les fonds de recettes ordinaires et extraordinajrpa : puis viennent les dépenses séparées du roi, des frères du roi, et de la reine: draps de laine et de soie, loUes, chaussures, cbapellerie, buonx, poignes et pedgnoirs mtm», y sont détaillés par le menu ; ce compte se termine d'ordinaire par une longue éuumératioD de dettes arriéréM et de levons soldées. VHiatoire du Costume, pour la fin du Xiv siècle et la commancament du xv* siècle, est Ift tout entière; on peut voir ce qu'iL fallait d'aunes de soie pour le hennin d'n ne reine ; H. H. de Laborde a déjà déponlllé Isa comptes spatiaux de l'orfèvrerie dans le Blostaire de aa Notice »ttr le* émaxia: et H^ du Umvre (Nicot, Dict. — Voy. Abgoter.) VARIANTES : ARGOTÉ, Erooté. Nicot et ycnet, Dict. Erigotë. Monet, Dict. HEHOOTt. Nicot, Dict. Hërigot£. Nicot et Monet, Dict. Argoter, verbe. Combattre avec les ergots; lutter, combattre corps à corps. En disant d'après Golgrave et Nicot, que le verbe arffo/er désignoit la mauière de combattre qui est naturelle aux coqs, on en concluera point avec eux que par allusion à cette manière de combattre, il a signifié llgurément, contester, disputer, chica- ner dans la dispute. Il est plus probaole qu'en ce sens argoter est une altération du verbe ergoter, formé de Vergo si familier aux argumentateurs, dans les disputes de l'Ecole. (Voy. Abgoteub.) L'attitude d'un homme ferme et élevé sur ses ergots étant nalurelle h ceux qui luttent el combatr tent corps t corps, on a pu dire relativement à cette idée, même en parlant de la lutte amoureuse : • Mahilet.... print Gilet par la poitrine, et ledit • Gilet lui semblablement; et tenoient et Aar^o- • toient l'un l'autre forment. • (D. Carpentier, Sup. Gloss. lat.de Du Gange, au mot Argutio; tit. ae 1380.] " A la femme disl ces mots : avance, si • te va faire joluier, qui est à entendre harigoter. • (Id. ibid. lit. de 1403.) Peut-être la signification de ce dernier verbe harigoter est-elle relative à celle de l'ancienne expression frôler l'ortoiie d'une femme. On a indiqué la possibilité qu'argot et arigot soient de même origine que artuetl, ortueil, etc. (Voy. AReoT et Arteuu.). AR -I YANinTES : ABGOTER. Gotsme et Nicot, Dict. Hakootbb. D. Cup. S. G. 1. de Du C. à Argalio. tUaiavm. Id. Ibid. tit. de 1393. Argoteur, subsL tnasc. Ergoleur. (Cotgrave el Ktcot, Dict. — Voy. Abgoter.) Argoteare, subêt. fém. Ergots. Terme collectif d'ergots; dans une sigaincation spéciale, ■ assor- « tissement d'ergots, es chien de vénerie. ■ (Honet, Dict — Voy. Abgot.) lARIAN'TES ; ARGOTEURE. ColgrEve et Nicot, Dict. Ehooteuhk. Nicot, Dict. Ehooture. CotKTBve, Nicot et Mooet, Dict. HiRIGOTBURE. Nicot, Dict. HÉRiGOTUBE. Monet, Dict. Argonlrer, verbe. Faire des agaceries ; Tâcher par des agaceries. It semble que dans un sens rela- «if à celui d'arguer, fâcher, on ail dit; • Alizon — commaaça à se rejonir el à argouirer par paroles •V à icellui eslourmeï qui estoit sur la taule en une ■* cage de bois. > (D. Carpenlier , Suppl. GIoss. lat. ■«zie Du Gange, au mol Argutio; lit- de 1480. — Voy. Argu, sub$t. tnasc. Blâme, reproche, accusation, querelle, offense, etc. Avis, vue, idée, sentiment, ^■olonté, croyance, etc. Divination, Raison, raison- jnemenl; prétention, demande ; argument captieux, .^sophisme; subtilité d'esprit. Peine d'esprit, per- plexilé; doute, irrésolution. (Voy. Arguer.) il est possible «lue relativement à l'iaoe d'une chose claire et évidente, d'une chose clairement el évidemmenl démontée, le mot argu ait signifié blâme, reproche, accusation, querelle, oITense; signification dont on abrégera la preuve parce qu'elles sont analogues à celles du verbe arguer. t Mars est le Dieu des Batailles, et se délecte en • occisions, en contentions, en arguz et en loutes • dissensions. > (Percef. Vol. 1, fol, 102, V- col. 2.] • LeMareschal de Saint-André s'estoit... absenle • de la Cour pour quelques paroles A'argu qu'il • avoit eu avec le roi de Navarre. » (Lelt. de Pas- quier. T. 1, p. 201. — Voy. Id. ibid. T. II, p. 36. — Hist. de la Toison d'or, Vol. il, fol. ICO et iU, V*, etc. — Nicot. Dict.) Feit et chanta ung dictië plain d'arnus. ' Part, ce CrAin. p. 4&. On retrouve la même analogie entre l'acception d'arguer, éclairer, aviser, et celles d'art;», avis, vue, idée, sentiment par lequel ou est plus ou moins éclairé sur la raison de vouloir une chose ou de la croire. • Luy remonstra tellement et si sagement, ■ qu'il brisa ies argus du roi de Uongrie. ■> (Frois- sart. Vol. IV, p. 266.) • Tant considéra Messire • Pierre de Craon ses oesongnes qu'il y sublillapar (1) DIesaAtes, oHensàteB. - <3) Le Démon. AR ' mauvais argu et par l'enhortation de l'En- ■ nemy (2). « (Id. ibid. p. 140.) . S'Aimericot eust ■ tourne sesvoyes et argus en bonnes vertus, il ■ estoit bon homme d'armes, de faict et d'emprise, 1 pour moull valoir ; et pour ce qu'il en (It tout le i contraire, il en vint à maie (In. » (Id. p. 77.) Pour recouvrer le temps que i'ai perdu, Voeil de nouvel priier nouvelle maie; Je croi que j'aie un raisonnable argu Pour recouvrer le temps que j'ai perdu. Prolturl. Po». usa. p. S3l, col. I. On me dit, doot j'ai grant merveille, Que de dormir est temps perdus. Tant qu'à moi je m'en eamerveille ; Cat le dormir me vault trop plus Que le villier. C'eet mes argus: Dormir est gront aise de corus, etc. Id. ibid. p, SIS, ool. 1. Quoique la divination regardée par l'horame su ^lersti lieux et inquiet de l'avenir, comme un avis qui l'éclairé sur son sort futur, puisse avoir été désignée par ce mot argu, on croit néanmoins qu'en ce sens, argu est une altéiation à'augur, ■ présage tiré de l'observation des oiseaux. [Voy. AlIGUB.) Ne croit en songe, n'en aygu, En carroi, ne en esteinu. Bon. d-Ânudu, US. du It. n- eSgt. fol. 319, V toi. t. Si dans la fable d'un larron el d'une sorcière, us. du B. Il- 7989, fol. 173, H" col. I, on lit argu en ce même sens, un autre m. présente le mot augur, moins délîguré dans un troisième ms. où on lit argure. Qu'il ne croient, Diex, le dallent. En Htyure, n'en sorcerle ; Car trahis est qui s'i atde. Fibl. d'KKjw, US. du It. n-^ai!^, fol. 66. V col. ! ; Fabl. W. Enfin le mot argu, relativement à l'acceiition généiaie d'arguer, éclaircir, raisonner, signifloit raison, raisonnement, par lequel on croit pouvoir rendre claire cl sensible la justesse d'une idée, la justice d'une prétention, d'une demande, etc. Quel- que raisonnable que soit l'indifTéience du Sage pour les richesses , l'homme riche s'imaginera tou- jours l'humilier en lui disant : U pourc chciit qui sont mol. En voBtre argu vous souslendroient ; Car ne puent faire leur vol Aux richesses qu'avoir vouldrolent. Euil. Doch. ro». MSS. p. lOfl. col. 3. Le roi d'Aragon sollicité de prendre la défense du pape Benoisl \lll conlre le roi de France, Cliarles VI • respondità ceux qui deleziuy estoyenl: . « Guide ce orestre que pour ses argus aider à sous- « tenir, je doye entreprendre la guerre, contre le « roi de France ? on me tiendroit bien à mal-con- « seillé. • (Froissart, Vol. IV, p. 3H.) On raconte que le roi Jean ayant été fait prisonnier avec Phi- lippe-le-Hardi, celui de ses fils qu'il aimoit le plus, . Un chevalier Anglois prétendit droit à la foy du - Roy... el pour ce que le Roy ne déposa pas au gré > du chevalier demandeur, il se troubla : et cuida « Philippe le fils entendre qu'en ses argus il dé- AR -« « mentoil le Roy son père, et en la présence du • Conseil d'Angleterre... il haussa le poing, et tel « coup donna au Chevalier qu'il demeura tout ■ estourdy. » (Mém. d'Olivier de la Marche, p. 32.) L'abus de la raison et du raison nemenl, éloit désigné par le mot argu, lorsque dans le sens d'ar- gument captieux, sophisme, subtilité d'esprit au moyen de laquelle une chose fausse semble âtre clairement et évidemment vraie, on disoit : Je feroie par mon argv: Ce qui est noir devenir blsnc. Ivil. Dudi. Poil. usa. p. 113, col. I. Fane a Ireetout passé argu ; Par lor engin sont deceu Li SaKe, dès le tens Abel. fâA. HS. du H. n* "«18, (ol. 161, V «1. 1. On ne parvient pas toujours aisément à éclaircir un doute de l'esprit partagé entre des idées contrai- res, à se démontrer clairement la raison qui doit en fixer l'irrésolution. Alors l'esprit peine par l'incer- titude du raisonnement, se trouve dans une per- plexité que signifie le mot argu, dans l'expression leste pleine d'ardu. (Voy. Cotgrave, Nicot et Monet, Dict.) • Doubtant que par aucun argu ou melencolye « il fust entré en vuideur de chef, qui l'eust fait - partir, etc. • (Percef. Vol. 111, fol. 138, V° col. 2.) De ce que U Rois pense est il en grant argu. Rem. d'Akundn, MS. da It, n- SMT. loi. 198. V col. I. Arguce , subst. fém. Argument sophistique. Abus de la subtilité d esprit. (Oudin et Monet, Dict. — Voy. Abgu et Abcutie.) Arguer, verbe. Montrer clairement, démontrer ; blâmer, accuser, condamner, punir; quereller, chi- caner, importuner, fâcher, oRenser, etc. Eclairer; aviser, faire voir, avertir, vouloir; presser, hâter, éperonner ; aiguillonner, faire souffrir, tourmenter, agiter douloureusement. Eclaircir; rendre sensible et distinct ; avancer, prétendre, objecter, rétorquer ; raisonner, examiner, discuter, disputer; hésiter, douter, conjecturer ; argumenter, sopbisliquer, faire le sophiste. L'opinion des Etymologisles est que dans le sens propre arguer, en latin arguere [i], signifie montrer clairement une chose, la démontrer évidemment, la rendre claire et évidente. On a donc supposé que la raison de blâmer, d'accuser, de condamner, de punir, étoil clairement et évidemment démontrée, lorsqu'en ces significations analogues, on a dit : ( Por ceu ke cil cui il arguet et reprent, ne putst < murmurier, etc. • (S' Bernard, Serm. fr. use. p. 344.) • Li reis Saul avoit une amie e His- ■ boseth, le fils Saul s'aperceut que Abner la han- • tad;si em parlad.... e Abner se curuchad for- ■ ment.... si li dist tu as enquis, mal vers mei, • pur mei arguer pur une femme. > [Livres des Rois, ms. des Cordel. fol. 43, V col. 1) ■ Liquels de ■ TOsm'ar^ufratdepéchiert > [S' Bernara, Serm. (1) Le mot vient non d'aryuere, maie du fréquentatif arguiar*, caqueter, babiller : « Ill« mihi totia argifUai noctilnif ignea. ■ (Properce, 1, 6, 7^ Le eens primitif est quereller, rivabaer : i Itels cent mille Sarrazine od els meinent, ki de batailla iarguent e hasteient. i (Chanson de Roland, 991, 992.) Puis comme calumpuiaii (chalengcr), il change de sens et signiOa ^ipéteT en Jostics. An xrr* litete, on » rapprocha le mot du latin arguere pour Ini en attra>aer lea ai^iificatlOBa. (fi. £) t- AK fr. Mss. p. 344.) ■ Je ai péchiet à noslre Signor, ce • dist David, quant Nathan Vargueivet de adal- < teire. » (Id. ibid. p. 368.) - Sire, ce diat, H Sal- ■ mistes, ne m'arguer en ta forsennerie. ■ (Id.ibid. p. 226.) C'est le commencement du pseaume, • Domine, ne in furoretuo arguas me, ■ paj^pbrâsé dans ces vers : Las 1 en ta fureur aigu« Ne m'argue De mon fait. Dieu tout-puissant : • Ton ardeur un peu retire, N'en ton ire Ne me punie languissant. Clan. ll«t,F.MI. Le bon ami point et argue Par poignant parole et eirue. IHobtÀ ît Pvii, t U sùte d> naa. da Tatré, IB. b K. U. 48l La vieillesse est naturellement encliae à blâmer et à condamner tout ce qui n'est plus de son coût 11 semble donc qu'on aii désigné dans une vieille femme, cette inclination it bl&mer, à condamner, & quereller, à chicaner avec une aigreur importune, en disant : • C'est une vieille, seiche, aigre ar- • guant. ■ (Les quinze Joyes du mariage, p. 132) On conçoit qu'au moyen de l'extension de la cause à l'efTel, la siguillcation de ce verbe arguer peut être lu môme que celle d'importuner, fàdier, offenser, ou de tout autre verbe propre à désigner l'effet d'une chicane, d'une querelle, d'une condam- nation, d'une accusation, d'un blâme injuste et déraisonnable. * Lyonneletsescompàignonsfureni < moult dolens de ce que le desioyal traystres les ■ esloit venu arguer et mocquer. > (Percef. Vol. IV, fol, 29. — Voy. Cotgrave, Nicot et Monet, Dict.) L'amour que la fierté d une femme sensible et ver- tueuse condamne et contre lequel elle se fâche, n'en est souvent que plus dangereux. A ce que famé eet convoiteuse. Au premier se tient orgueilloaa. Com plus se deifent et argue. Tant est ele plustot vaincue. Fibl. US. da It CbT«tlc, f. VU, col. t. Il paroit inutile de multiplier les preuves de la réalité d'une extension qu'il suffira d'avoir indiquée. En montrant clairement la raison d'une chose, en la démontrant évidemment, on éclaire, on avise celui à qui on la démontre, on lui fait voir la raison pour laquelle ou veut qu'il fasse ou ne fasse point une chose, la raison pour laquelle on l'en avertit, en le pressant de se rendre à l'avis qu'on lui donne. Li ArceveskcB de Ruem Hue Vous TOUS voulez mal atomer, Quant au siècle *oulei tomer. L'Escriplure vous en argue Par celui qui tient la charme, fa tmM. MS. da R. fcL n. AR — 147 — AR Abés, tes basions par amont A humilités te semont : Mais si tu vois trop dissolus Geaus qui dessouz ta garde sont... Pour ce est tes basions agns. Que tu les poingne en parfont... Abés, esgarde la longuece De ton baston, com il se drece. n te commande adrecier l'Ordre ; Abés, tien l'Ordre sans pérece... Evesque, Abé je vous argu Dou baston courbé, droit, agu : 8*au baston ne vous contermés, Vous desserves estre batu. Dit de Qunté. MS. de Gaignat. fol. ttO. V col. S et 3. Absolument la loi argue « Et commande qu'on se marie Pour contenir, et pour lignie Avoir, sans autre entencion ; Non pas pour délectation. Entt. Desch. poët. MSS. p. 507, col. 3. Lorsqu'un homme éclairé par sa raison seule, ou Ër le sentiment d'une passion, avisoitou sentoit le ^in de faire une chose, on disoit qu'il s*arguoit, 4u*il s'empressoit, se h&toit de la faire. Ghascuns de bien férir s'argue. Rom. de Bnit, US. fU. 8. R* eol. 1. Leur compaignte vint après. Qui moult B*argue et flert adès. IbiJ.fol.g6.R*col. I. On est éclairé sur le danger de mourir, on est averti de l'approche de la mort par le senti ment des i^^ux qui en hâtent l'instant. De lu, on a dit : En Taage vient qui de mourir Vargue. Eust. Dotcb. Poét. MSS. p. 388. col. 2. Li cuers me faut, la mors m'arque. Rom. d*Am«lM. MS. du R. n* Ô987, fol. 825. V eol. 8. Li Rois euist dit mainte cose ; Mais li maus qui Vaixfue et cose, Le tenoit et hastoit do priés. rh. Mouikes, MS. p. 641. Le cheval auquel on fait sentir l'éperon, est ^Verti de hâter sa course : on hâte sa course en l'ëperonnant. De là l'expression arêtier d^ éperons; Oii tout simplement arguer^ pour éperonner. Le ceval broce, des espérons Va/rgue, Anieis. MS. fol. 81, V eol. 1 Brandist l'espiel, et le ceval argue. Uiid.foI.i8,Vcol.S. Souvent nos sensations, nos passions sont aussi ^uloureuses que pressantes. Elles font souffrir, ^lles tourmentent, elles agitent douloureusement l^omme qu'elles avertissent de ses besoins et qui les sent trop vivement. Ainsi, le verbe arguer ^S^ifloit non-seulement presser, hâter, aiguillon- tier, mais faire souffrir en brûlant, en piquant, etc. tourmenter, agiter par une douleur physique ou morale. JLins où vas ? où viens ? et quels besoins Vargue. Rom. d^Aleuodre. MS. du R. n* 6987, fol. 197, Y* col. 2. Mautalent Vargue et alise. fwb\. MS. du R. n* 7615. fol. 61. V col. 1. Lt Solaus (i) fu levés, li caurre (2) les argue. Rom. ^Alenndre, MS. du R. n* 6967, fol. 189, R* eel. 1. .... Lecberie Tespiciere Le fit delecher par angoise, Pot la poudre qui les angoise, Qui si est ardent et ague, Que leur langue prentet argue. Crie chacun, le vin, le Fin, etc. Fabl. MS. du R. ne 7615, foi 188, V* eol. S. Plus de sept fois se torne la Bêle en un tenant ; Du fort mu qui Vargue va forment tressuant. Fabl. MS. dn R. n* 7%18. fol. 847. R* eol. f . Amors si ont sor moLlor arc tendu ; Si m'ont navré d'une saete ague Qui m'est el cuer que point ne s'en remue, Ne ne fera tant com ma Dame plera : C'est s'amor qui si vcCargue. Ane. Po«t. ft-. M^. «Tant 1300, T. II, p. 657. Enfin, c'est dans la signification d*éclaircir, dé- montœr clairement une chose, la faire voir, la ren- dre sensible et distincte aux yeux de Tesprit, qu'on a défini la Logique « une science ^'arguer choses « saintes et subtiles, coalouréesde faulxargumens» « pour discerner et mieulx congnoistre la vérité < des choses entre le faulx et le voir. » (Eust. Desch. Poës. mss. p. 394, col. 1.) L'amour-propre nous persuade si aisément quela raison de notre façon de voir les choses et d'en juger, doit être claire pour les autres, que dans l'opinion de certaines personnes , avancer une chose, la prétendre, l'objecter, la rétorqua, c'est Targuer, la démontrer clairement, la rendre sen- sible, la persuader. Ainsi, Ton disoit : « Se aucun « veult arguer que je vueil faire de vieil bois nou- « velle maison, etc. » (Le Jouvencel, fol. 3, R\) Vous argués ainsi, et dites Qu'en oiseaux a plus de mérites 8u*il n'a es chiens formement, uant au déduit que l'en y pront. Cest là toute la question. Modas ut Redo. MS. fol. 151. R*. C'est ung abuS; vouloir rédarguer Femme qui est ouvrière à'arguer. Poéft. de Grelin, p. 90. On abrégera la preuve de toutes les significations A'arguer^ relatives à celle d'éclaircir les choses, les démontrer clairement, les rendre sensibles et dis- . tinctes aux yeux de l'esprit. Elles étoient aussi multipliées que le sont les difTérens verbes qui expriment les moyens plus ou moins efficaces de démontrer aux autres ou à soi-même, qu'une chose est vraie ou fausse, raisonnable ou déraisonnable, possible ou impossible, etc. Ces moyens étant le raisonnement, l'examen, la discussion, la dispute, l'hésitation, le doute, les conjectures, la justesse et la subtilité d'esprit avec lesquelles on argumente, le verbe arguer siguifioit raisonner, examiner, dis- cuter, disputer, hésiter, douter, conjecturer; argu- menter, sophistiquer en abusant de la subtilité de son esprit. (Voy. Colgrave, Nicot et Monet.) « Argou- « lant ala veoir Charles et arguèrent de plusieurs « choses ensemble. » (Triomphe des neuf Preux, p. 440, col. 1.) « Je ar^uay en moy-mesme, si je « pourrois comprendre et entendre ce que cela « vouloit dire. » (Mathieu de Coucy, Ilist. de Char- les VIII, p. 673.) « Toutesfois sur sa demande vous « arguastes, doubtant, etc. » (Percef. Vol. III, (1) Soleil. - 9) Chaleur; en latin calor. ÂR *- 148 -- ÂR fol. 85, V* col. 1.) Eii terrais d'Ecole arguer, c'étoit faire le sophiste (Monet, Dict.) GONJUG. Ârgueivet, ind. irap. Blâmoit, accusoit. (S* B. S.) Arguei%, ind. prés. Vous condamnez. (Id. ibid.) Arguet, ind. prés. Blâme, accuse. (Id. ibid.) Arguevet, ind. imp. Blâmoit. (Id. ibid. p. ii3.) Argueur, subst.masc. Arguraentateur. Raison- neur. (Voy. Cotgrave et Oudin, Dict.) Argueux, adj. Qui tient du reproche, de l'of- fense, de la dispute. Signification relative à celle de l'expression paroles d'argu. (Voy. Argu.) « Auquel « Boulet, Pierre Dubos print paroles argueuses. » (D. Garpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Argutio; tit de 1477.) Arguil, subst. Argil. (Voy. Ardille.) « Si Deus « fesoit son premer jugement par eauve sur « Tumayne lignage, les tables d'arguil et d'arein si « dépesceroient, e celes de piere remeyndroyent. » (Hist. de la S** Croix, ms. p. 14.) VARIANTES I ARGUIL. Hist. de la S»« Croix, MS. p. 11. Argoil. Ibid. Argulllonneux, adj. Enclin à chicaner, à dis- puter; plein de fausses subtilités. (Cotgrave, Dict. — Voy. Argu et Arguer.) Argument, subst, masc. Vue, idée, sentiment. Raison, raisonnement, dispute, plaidoyer, écriture, 5 réduction, etc. Les acceptions usitées et inusitées ^argument étant comme celles à'argu, relatives à l'idée d'une chose claire et sensible, on a dit au pre- mier sens : « Si monterez plus haut que je ? Par « mon chief, non ferez je fausserai vostre argu- « ment. » (Rom. de Dolopathos, ms. de N. D. n* 2, fol. 68, V- col. 1.) On raisonne, on dispute, on écrit, on produit en termes de procédure, afin d'éclaircir, de rendre sensible la vérité d'une idée, la bonté d*une cause. De là, le mot argument a signifié raison, raisonne- ment, dispute, plaidoyer, écriture, production. (Voy. Cotgrave et Monel, Dict.) « Il se flst un argu- « ment de deux Dames jeunes et biaux ; Tune avoit < chiens et Tau tre oiseaux. » (Hodus et Racio, ms. fol. 147, R'.) « Deux Dames firent un argument de « ceste matière.... et renvoyèrent au comte de « Tancarville pour estre jugie. » (Ibid. fol. 145, R*.) Les lettres apporta Au Conte à qui les présenta ; Et le Conte les prist à Ure. Assés tost commença à rire, Et dist : où est V argument f Modos et Rado. US. fol. 158, R*. Un de nos Auteurs du xvi* siècle soufTroit impa- tiemment le mépris qu'affectoient pour TEcrivain pensant et raisonnant en françois, « je ne sçay quels « bravessillogisateurs d'arguments comusy qui don- « noient la moitié plus de gloire à quelque petit « Haislre es Arts crotté, ou autre bourgeon de « scolarez, pour deux ou trois mots de latin « desgorgez en une dispute ambiguë. » (Dialog. de Tahureau, fol. 165, R- et ¥•.) Enfin ce mot argument, dont Vusaçe est toujours familier à la logique, a signifié et signifie encore preuve, indice, conjecture, sujet en abrégé d*un Ouvrage; parce que l'exposition abrégé d'un Ouvrage en fait voir clairement le sujet, et qu'au moyen des conjectures, des indices, des preuves, on se démontre les choses, on s'en éclaircit. (Voy. Argu et Arguer.) VàRIAI^TES * ARGUMENT. Modus et Racio, MS. foL 145, R». Argubment. Modus et Racio, MS. fol. 157, V*. Argumant. Monet, Dict. Argumentatlf, adi. Qui argumente, qui rai- sonne avec esprit et suotilité. On a dit en ce sens, que Maistre Angel physicien, « pari oit bel latin et « estoit fort moult argumentatif. » (Martène, Thés, Anecd. T. 1, col. 1574; tit. de 1378.) Argumentation, subst. fém. Action d'argu- menter, raisonnement. L'action d'éclaircir une vérité, un dogme de la foi, en argumentant, en raisonnant. Quoique ce mot signifie encore la manière d'argumenter , il semble qu'on ne diroit plus : « Il faut fuir toutes contentions et argumen- « tations dialectiques, et se rapporter nuement aux « prescriptions et formules de la foi. » Argumenter, verbe. Déclarer, juger. Signifi- cation relative à l'idée générale de clarté et d'évi- dence exprimée par le verbe arguer. On lit que Sophocles « fut argumenté suffisant au maniment « aes choses domestiques, contre l'accusation de « son fils, pour avoir veu Tune de ses tragédies. » (Voy. Montaigne, Essais, T. II, p. 11.) Argut, adj. et subs^ Subtil, spirituel. Subtilité, abus de l'esprit. La signification d^argut étoit la môme que celle du latin argutus, subtil, lorsqu'on disoit : « Il est, « par Dieu, sophiste, argut, ergoté, et naïf. » (Rabelais, T. Ill, p. 120.) Probablement il y avoit ellipse du substantif raisonnement , toutes les fois qu'ar^u^ signifioit comme argu, l'abus de la subtilité d'esprit, une subtilité affectée. (Monet, Dict. — Voy. Argu.) Argutie, subst. fém. Argument sophistique^ subtilité d'esprit. Trait d'esprit, saillie, bon mot, fine plaisanterie. Dans le premier sens, c'est Tabus ridicule et quelquefois dangereux de la subtilité d'esprit dans les disputes de l'Ecole. « Si ces sottes ar^^uties.... « doivent persuader un mensonge, cela est dange- « reux: mais si elles demeurent sans effet et « n'émeuvent qu'à rire, je ne voy pas pourquoi s'en « donner garde. > (Montaigne, Essais, T. I, p. 260 et 261. — Voy. Argdce (1).) (1) Argutia. avec Taccent sur gu, a dû donner argwce ; cette forme est donc la plus ancienne, bien qu^on ne la rencontra ^^au XVI* siècle. (N. s.) >- AR disoit: ■ IcéttG (tristotelisant en sa caboche à tort' ■ et à travers, veut que son advis soit receu ; cO' ■ qu'elle pense, elle veut que ce soit Evangile. ■ (Merlin Cocaie, T. I, p. 156.) Armalre, subst. masc. et fém. Lieu, meuble propr6 îi serrer des armes, magnsin d'armes. Lieu» meuble propre à serrer autre chose que des armes ; eoffpfi, bibliollièque, ctiâsse, niche, tabernacle. On a mille preuves i^a'armalre ou armoire, en laltn armarium, a signiHé en génëral lieu propre à serrer des armes; spécialement dans le langage d'une Nation composée d'hommes à qui, dans la simplicité de leurs mœurs guerrières, les femmes n'a|)por(oienl en dot que des armes , et à qui, dans- l'origine de la Monarchie françoise, le seul honneur d'être libre imposoit la loi de s'armer pour la cause commune. Il semble que, relativement à cette acception primitive et en quelque sorte nationale, on ait désigné les magasina d'armes, les arsenaux, en les nommant armoires. - Princes, hauts et ' nobles personnages,... ne tentez Dieu, ne son ■ exécutcresse fortune; ne vous liez en force de ■ chevalerie, de peuple, ne d'armoire. > (Mém. d'Oliv. de la Marche, hv. 1, p. 291.) L'obligation de s'armer, non-seulement pour la cause du Souverain , mais pour celle d'un Seigneur féodal, a été si généralesous nos Rois de la troisième Race, que les roturiers et même les serfs avoieat, comme les Nobles, besoin d'une armaire, d'un lieu ou d'un meuble propre à serrer leurs armes, d'un coffre à mettre armures (3). . Utensilessont nommez ■ les hostils qui communément courent avant lu • maison, et dont de jour se faut nécessairement • aider par errement de maison ; si comme sont ■ bancs, scabelles,... huches, coffret, custodes, soit • à menée armures ou autres choses. • (Bouteiller, Som. rur. liv. I, tit. lxxiv, p. 434.)C'estaanslesens A'armaire, coffre à mettre armures, meuble ou lieu propre à serrer des armes, qu'on trouve aumaire, en latin artnamentum, dans un Gloss. fr. lat. us. du R. n' 7684, citépar D. Carpenlier, (Suppl. Close, lat. de Du Gange, T. I, col. 296.) On croiroit que le François, familiarisé avec ua besoin dont l'idée flattoil sa passion naturelle pour les armes, se soit plu h généraliser l'acception pri- mitive et spéciale de ce mot armaire ou armoire qui a signifié et signifie encore ■ meuble, ou lieu 1 propre à serrer toute autre chose que des armes, . réservoir pratiqué en une muraille, à serrer et . garder toute chose. » (Voy. Monet, Dict.) « Relais, . ou armoires ne font marque de propriété du ■ costé dont elles sont faites, si elles ne soat ■ accompagnées de pierre de taille traversant toot < mur. ■ (Coût de Normandie, au Coût. gén. T. I, p. 1031.) Comme on a prononcé et écrit en latin armaz^im (i) Du UtJD adridere. — (3) Oa semble ici confondra «vec Zo!Qe, Ariatarque de Sunothrace, Kramiiuirien réaidaat à Alexandrie, et célèbre Burlout par ses travaux but Homère; le mot n'a dû entrer daos la langue i{a au xvi* siècle. (S. s.) — (3) Arma ne Bignifle^as seulement urmea, mais choMS qui s'adaptent; de là le sens à'armarium. Armaire n'eut pas & l'origine le lens miUlalra qu'on lui attribue : t Un almarie ki estelt el porche dol temple u l'iUD meteit les oblatlont ouméement (xu* siècle, itoii, UO). > Cet exemple, cité & '- " — ' ' — "~' '••-'• AR -* n y a nne subtilité d'esprit naturelle d'où partent les traits d'esprit, tes saillies, les bons mots, les Dnes plaisanteries qu'on nommoit aussi argutie$. (Voy. Colgrave, Dict.) Arlole, aubst. masc. Sorcier. Qui prédit l'avenir Ïar les sorts; en latin ariolusoahariolus: mot que 19 Etymologistes latins croient formé dli verbe fari, et qni par conséquent seroit d'une signification analogue à celle de fatidicus. La maladie du roi Charles VI paroissant incurable îi la médecine, on imagina que la cause en étoit surnaturelle, el les jlnoifs furent consultés. ■ Aucuns de ces Arioles • affennoyent, pour plus donner ^ toutes gens à • penser, que le Roi estoit démené par sors et par ■ charmes; et le savoyent par te Diable qui leur • reveloit cest affaire : desquels Arioles et Devins ■ il en y eut de destruis et ars à Paris et en Avi- gnon. ■ (Froi3sart,Vol.IV,p.2Ci. — Voy.ABioLLiEK.) VARIANTES : ARIOLE. Froissart, VoL IV, p. Srt*. AuRiOLE. Les Triomphes de la noble Dame, fol. SOI, R*. Arloler, verbe. Prédire par les sorts En latin ariolari ou hariolari. (Voy. Abiole.) « Autu-Gelie • Iciioit tel langage à ceux qui croyent h ce qu'ils • eiitendoient arioler, astrologiser, et mathema- • tiser: gardez-vous de vous Ticr aux Astrologues. • (Contes de Cholières, fol. 190, V'.) ArioUien, subst. masc. Sorcier. (Voy. Abiole.) • Les Arioliiens, tes Enchanteurs, les Devinaleurs ■ que l'on nommoit Saiges, etc. ■ (Ilist. de la Toi- son a'or, T. I, fol. 44, R'.) Arir, verbe. Devenir aride et sec, être desséché. IteDdre aride et sec, dessécher. Ce verbe arir, dans Kob. Eslienne et Nicot, Dict. est neutre ; neutre et ^ctif, dans Monet, Dict. (Voy. Are.) Artre, verbe. Rire (1). Le principe évident de la formalion du verbe simple rire, en latin ridere, est l'expression imitative de l'elTel d'une sensation agréable et plaisante, sur tes muscles du visage. De là, le composé arire, rire à ce qui plaît el agrée. Ha 1 Diex, s'ensi m'avoit aria, Put amiirB, une seule fois. Cèle TÏera cui j'en ai defois, etc. PriHD d'Amour. US. ds Turia, fol. 1T. V- «ri. 8. Aristarquer, verbe. Faire l'Arislarque. Ce "verbe aristarquer, formé du nom propre d'un Grammairien célèbre qui critiquoit les vers des plus excellons Poètes, semble indiquer l'époque à laquelle on prit ligurément ce nom pour désigner en notre Langue un Critique sévère (2). (Voy. Deffense pour Est. Paequier, p. 587.) Aristoteliser, verbe. Raisonner avec entête- ment. Peut-être faisoit-on allusion à l'entêtement de l'Ecole pour les opinions d'Aristote, lorsqu'on AR -) pour armarium^ il est possible qu'en fraaçois armoire ou ermoire ait été prononcé et écniartnoise ou ermoise, par le changement de r en s dont la Srononciation dans ermoise est la méoie que celle e %dan3 armazium. Probablement, c'est en parlant d'une armoire, d'une petite armoire pratiquée dans lé mur, qu'on a dit: < Prindreat ung sacliet et nne ■ bourse qui esloientenuoefi-motseoufenestre. ■ (D. Cai'pentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Cange, au mot Armaziiim ; tit. de 1455. — Yoy. Aiuiazi.) Les coffres, les meubles, les lieux propres à serrer les livres et à les rassembler en dépôt, etoient des armaires auxquelles on comparait le cœur ou la tète de rbomme. comme étant le dëpât de ses sentimens, de ses idées, de ses connoissances. Alain fist ouvrir les aumaire» (1), Et fist venir les bons gramaireB ; Lea hialoires flst aponer, etc. Ron. ds Bnt, HB. M. lit, V csL 1. Cela estoire, trouvons eacrile. Que vous vueit raconter et ratraire. En un des livres de l'Ainaire Honsnigneiir S. Père à Blauvës. Rom. d-AlBumln. HS. cilj pv Dd Ctofe. SI. M. T. !, Ml. 101. On déterminoît l'acception à'armaire en ce sens, lorsqu'on disoitarmaire à livres, armoire à met Ire Hvres._(yoy. Nicol et Monet, Dict.} Aujourdhui, l'on nommerait figurément biblio- thèque vivante, un homme dont nos Ancêtres com- paraient le cœur à une armoire pleine de livres. € Tant par-fu sages en toutes choses, et meisment ■ en la doctrine de la foi, que ses cuers estoit aussi ■ comme une aumatr£ pleine de livres. > (Chran. S" Denys, Recueil des Hist. de Pr. T. V, p. 306.) Dans un sens relatif à l'idée de celte comparaison du cœur avec une armaire àlivres, avec une biblio- thèque, la léle étoit aussi une armaire; la vérité considérée comme le dépât des principes essentiels h la législation, étoit Varmaire de toute 'oi. Dieu ne doubtent, ne prouvoire ; Cuidier est en leur aumoire. B pensay que je ne pourroye mettre au non de lui ■ plustMlle remembi^nce que de lumière;... et ■ pour ce je fïz faire ceste aujmaire que vous voyei ■ si noble et si riche, et y pendys caste lampe et ■ l'allumay en l'honneur de celluy qui est sousie- ■ nementet lumière de tout le monde. > (Percef. Vol. I, fol. 65, R* col. 2.) 4* Enfin le tabernacle oti l'on dépose le corps de Jésus-Gbrist. (Cotgrave, Dict.) Il est probable que relativement a l'idée de ce tabernacle, on aura .dit Tigurément et par comparaison, en parlant de' la S" Vierge : • Hoult ait en li très gtorious amaire Ee toute fnt plains dou Saint Eapir. Por berbergler son aaiot cors, Lt flst faire Deus, Id en li voloit hom derànir. Onu. ir. MS. lit Bon D- m, loi. W, R-. On a remarqué sans doute qu'anciennement il n'y avolt pour le genre aucune différence entre armoire et armaire. En effet, le changement de la diphtbongue ai en oi pouvoit-il altérer la natured'un suDstantif qui, sous l'une et l'aulre orthographe, fut toujours des deux genres, jusqu'à ce qu'on eût imaginé que sous celle i'armoire il étoit essentiel- lement féminin, et masculin sous celle A'armaire ? (Voy. Nicol et Monet, Dict.) On crait donc que ce féminin armoire pour lequel l'usage s'est décidé, même à l'exclusion à'armaire masculin , n'eat qu'une altération de l'orthographe primitive ; qu'ar^ maire et aratoire étant de même origine, on les faisoit féminins relativement à la terminaison qui sembloit féminine, et masculins relativement au genre du substantif latin armarium, dont ils etoient formés. [Voy. Abmarie.) VABIAHTES : ARU AIRE. Cotgrave, Nicot et Monet, Dict. Alkairb. Ph. Housk, H5, p. 893. Ammrb. Chnns. [r. HS. de Berne, part, m, M. 3Q, H*. AnHOiRB, Mém. d'Oliv. do la Harcne, Ilv, i, p. 391. AULHARB, D. Carpentier, S. Gl. lat. deD. Ciiage,k Ahnaria. AULHOIRK. Lanc. du Lac, T. 11, fol. 38, R* col. i. Aumaire. Percef. Vol. I. fol. 63. V col. 1. Aumoire. Eust. Descb. Poëa. MSS. p. 78, col. i. A08M0IRK. Percef. Vol. VI, fol. 109, V coL î. AumoïRE, Poëa. de Villon, p. i. EitHAiRE. Celt-heU. de L. Trippault. - Cotermve, Dict. ERMOtst: D. CarpentJer, S. Gl. 1. de D. C. à Armazium. Hehkaire, Celt (Du Cange, Gloss. lat. T. I, col. 697.) ■ Le comte d'Artois arme en ses • pleines êrmes, etc. > (1d. ibid.) Les armes pleines, qui pour un Ecuyerétoient le roussin, le gambeson, le chapel et la lance, éloient pour un Chevalier, le cheval, le haubert, l'écu, l'épée et le heaume. (Voy. Ane. Coût, de Normandie, m. part, u, chap. xxv, citée par Du Cange, ubi supra.] On indiquoit le service Teodal et militaire auquel assujettissott la possession d'un Âcr de haubert, en disant qu'il servoit en pleines armes, qu'il étoit tenu à ptetnes armes ; parce que le Chevalier ou possesseur de ce fief étoit obligé de le desservir armé de pleines armes. (Voy. Du Cange, Gloss. lat. T. 1, col. 697.) Il paroll que l'homme ainsi armé, étoit celui que Sar excellence on nommoit homme d'armes ; c'esl- •dire, homme armé de toutes pièces, homme ser- vant avec l'armure complète et à cheval. (Voy. Cot- grave et Nicot, Uicl.) De là, on a dit en opposant les piétons aux hommes d'armes : Piitans meuvent, cil d'arme» montent : Coiteus que leur vueil acomplis&ent, Serrëement de la ville Usent. C.Giuwt,ll3. bl.lOO, Rv Probablement, on désignoit l'épée, comme faisant parité des armes pleines AQYAvmMve complète d'un nomme d'armes ou d'un Chevalier, lorsqu'on disoit espée d'armes, l'espée d'armes étoit la même que l'espée de chevalier. (Cotgrave, Dict.) La comparaison assez fréquente des habils sacer- dotaux avec lesarmures,est une preuve entre autres que le parallèle de la Chevalerie avec le Sacerdoce Otoit familier à nos Ancêtres. C'est d'après ce paral- lèle adopté par les gens d'Eglise, qui se plaisoieni quelquefois eux-mêmes à mêler par de semblables comparaisons, aux idées saintes de leurs fonctions sacerdolales, les idées nobles de la profession mili- taire, qu'on a dit : • Armes-Dieu, Armes Nostre < Seigneur, > pour signifier habits sacerdotaux. • L'Evesque de Paris estoit revestu des armes « Noslre Seigneur, et tout le collège aussi, où ■ moult avoit grand clergé. ■ (Foissart, Vol. IV, p. 4i. — Id. ibid. p. 2-J.) « Le Chapelain se revestil « des armes de Nostre Seigneur Jesu-Christ, et • chanta la messe. ■ (Lanc, Du Lac, T. III, fol. 93, V' col. 2. — Percef. Vol. VI, fol. 127, If col. 2, etc.) Erranment a'est des amtea-Dieu veslis : Lors tu ti lieus par liii rebeoeis.,. Cbanta la messe l'Aposlote gentis. EnlUcg d'OiWr le [IBoU. US. d* GdfiHl. fol. lit, V col. J. Il est encore possible que cette façon de désigner lesornemens du Sacerdoce, ait été plusieurs fois relative à l'idée des armoiries, par lesquelles la No- l))«8se se diâtinguoit dans les tournois et les combats. 8- AR et qu'elle se rendit propres et héréditaires. (Voy. A*- NARiE.) On a nommé armes, ces marques distiuctive^ et, héréditaires de la Noblesse, parce que les Nobles en ornoient leurs écus, leurs cottes d armes, leurs bannières, leur armure en général. De là, l'expres- sion inusitée laire arme, c'esl-à-dire blasonner, peindre des armes ou armoiries. • Si tu demandée ' comment se faict arme.... je le dis qu'elle se faict ■ chacun escu de cinq couleurs, et d'un métal des- ' sus, ou le contraire... si un esca est d'argent, il • doit avoir un lion de guoulles; si l'escu est de • giieulles, un lion d'argent. Ainsi se doit faire ar- • moirie d'une couleur et d'un metail. • (Fauchet, Orig. liv. I, p. 101,) Les armes pleines ou armes pures, qu'en termes de Blason l'on oppose aux armes brisées, appar- tiennent aux aines des familles, que pour cette rai- son Ion nomme Chefs d'armes. - L'aîné des frères « a droit et prérogative à'armes plaines et pures, " au regard de ses puînés qui n'ont droit que des • brisées. • (Monet, Dict. — Laurière, Gloss. du Dr. fr.) ■ Les armes vrayes sont celles où couleur n'est " mises sur couleur, ni métal sur métal, es pièces « principultes de l'écu ; » autrenjont ce sont des ar7nes fausses. Il y a néanmoins des cas où les armes sont vraies, quoiqu'on se soit éc:irlé de la règle ordinaire du Blason, en les composant de métal sur métiil, ou de couleur sur couleur ; c'est lorsque le motif de cet écart est glorieux pour celui dont les armes ainsi composées se nommoient armes à enquerre, comme les armes chargées, parce qu'elles excitoient la curiosité de s'enquérir de la raison de cette irrégularité. (Monet, Dict.) Les artnes en quatre distinguées de l'écusson et affectées par la Coutume de Poitou à la dignité de Comte, de Vicomte ou de Daron, représentoient sans doute la bannière qu'ils avoient droit de porter à la guerre. « Peut le Seigneur, Comte, Vicomte ou " Baron, en guerre ou en armoirie, porter ses • armes en quarré, ce que ne peut laire le Seigneur châtelain, lequel seulement les peut porter en " forme d'Écusson. • (Coût, de Poitou, art. 1, cité par Laurière, Gloss, du Dr. fr. T. 1, p. 131.) On dégradoit un Chevalier coupable d'une lâcheté, d une perlidie, d'une action contraire ù la noblesse de son état ; on le vouoil à 1 infamie en renversant ses armes. Vécu de ses arjnes. Le roi Jean dans ses lettres, datées du 6 novembre 1351, dit en parlant des Chevaliers de l'Etoile : « Se il y a aucun qui • honteusement,., purte de bataille ou de besoigne > ordenée... 11 tournera l'en.... ses armes et sop • timbre, ce dessus dessous. > (Ord. T. Il, p. 466.) Les armes de Bertrand, où tant a de videur, Ont pendue laidement, ainsi come traluteur, Et traînée aussi au long d'un carrefort, Et les ont enaeraée, en monstront jiar mtnour. Que Bertrand de Glaieqiiin a cuer de boiseoiir. Cbron. H3. da B. Ou Ousaclin, Du CiBe» (Mém. d'Olivier de la Marche, liv. i, p. 195. — Id. ibid. p. 200. — Le Jouvencel, ms. p. 351, etc.) « Estoyent assignées les armes de pié entre Jehan « (le Coinnays, seigneur de Torain,.... et Anthoine « de Vaudrey seigneur de l'Aigle LedictVaudrey « fit délivrer au Mareschal de Bourgongne.... deux « haches et deux espées.... Fièrement s'assemble- « rent les deux Escuyers... et ledict de Vaudrey « donna de la pointe de Testoc au bacinet de son « compaignon. Que feroy-je.... long récit d'icelles - armes? Si se partirent à Thonneur des « Parties Je ne vey onques puis ce jour nulles « arm.es combatre de l'estoc, en aunes à pié, sans « retraitte : et qui les entreprendra, il les trouvera « dures à achever ; et furent cestes armes combatues « l'an 1113, par un jeudyhuictieme d'Août. »(Mém. d'Olivier de la Marche, liv. i, p. 203-206.) En opposant, comme a fait Monstrelet, (Vol. III, fol. 73, R') le verbe jouster à l'expression faire armes, on opposoit vraisemblablement aux armes à pied, les armes à cheval, les joutes ou combats à la lance. 11 est possible qu'on ait nommé armes par excellence, les armes à pied : ces armes ou combats, qu'il étoit si rare et si glorieux d'achever sans retraite, et dans lesquels on hasardoit sa vie comme dans les combats à outrance. On sait que dans le langage de la Chevalerie^ faire armes à outrance, c'étoit « combatre en lice, « à glaives esmoulus, iusques au mourir, ou au • rendre. » (Nicot, Dict.) Le sort des armes étant heureux un jour, un autre jour malheureux ; on en a désigné l'incons- tance, en disant que les armes étoient joumales, au'elles étoient journalières : expression qu'Olivier e la Marche, historien du xv* siècle» paroit avoir 1 AR -1 inventée, et dont l'usap semble nous avoir été Sransmis par les Ecrivains du xri* siècle. < Ainsi - qae les armes sont joumales, et les bonnes •■ aventures àladispositiondefortune, etc. * (Mém. ^'Olivier de la Marche, Uv. i, p. i9S.) Lorsque «harron disoit qu'il étoil • bon depenserauliazard • des armes qui sont journalières, » on étoil sans ■doute familiarisé avec cette expression, encore nouvelle au commencement du xvt* siècle, puisqu'on en modifloit l'usage en disant : • Les armes, s'il ■ faut que je parle ainsi , sont journalières et • sajeltes â la fortune. ■ (Diatog. de Tahureau, fol. 58, R'. — Voy. Sagesse de Cliarron, p. 434.) Que le mot arme eAtsigninéarmaire, lieu propre à serrer des armes, ce seroit une extension dont l'sbus sembleroil moins étrange que celui d'une extension au moyen de laquelle il parott avoir stguirié non-seulement une armoire, quel qu'en fût l'Dsage, mais un retrait, les lieux, les aisances d'une maison. > Lorsque d'un costé seul de la « muraille, se trouvent des potelles. armes, chemi- • nées conduits de la fumée; semblables signes ■ font foy que la muraille appartient à celuy seul ■ du coste de qui ils se trouvent. ■ (Coût, de Bru- xelles, au Nouv. Coût. gén. T. 1, p. 12C8, col.l.) • n'est licite faire chambres aysées, nommées • fosses, armes ou latrines, ou fosse de cuisine • pour tenir eau de maison auprès d'un mur < d'autruy ou moitoyen , qu'on ne laisse franc ledit mur. » (Coût, de Montargis, au Coût. gén. T. I, p. 921.) C'est par une comparaison toute simple et relative à l'idée de l'usage des armes défensives, que les défenses naturelles du sanglier ont été nommées armes. • Les dens dessus ne li servent de riens, « fors que d'aguiser celles dessoubz et celles - dessoubz appelle on les armes ou limes du san- glier. » (Chasse de Gaston Phébus, ms. p. 62.) Enfin, si le mot arme est réellement formé du lati;i armus (t), lu signillcalion se rapprochoit de l'étymologie, lorsque dans le sens de l'ancien mot énormes, on nommoit armes les courroyes qui ser- voient à embrasser Vécu, les courroyes dans les- quelles on passoit le bras pour tenir l'écu et s'en couvrir. • S'alla le Chevalier afficber es estriers et < embrasser l'escu par les armes, ire et enflammé ■ de mal talent. » (Percef. Vol. I, fol. 154. — Lanc. du Lac, T. I, fol. 74. — Voy. Eharmes.) Armé, participe el substantif . Couvert, équipé. Homme armé (2). On reconnoissoit les Chevaliers, et on les dislin- guoit à la différence des cottes d'armes et des armoiries dont elles éloient ornées. Lorsqu'ils n'avoient point de cottes d'armes sur leur cuirasse. 5-* AR sur leur armure, on disoit qu'ils étoienl « sans » nulle cognoissance et armés à cvad. « Touts cilB de l'ost Girard, sans nulle cognoisftancc, Purent armés à crud ; pour avoir ctifférence EDlre eux et les François, quant seront tuit en tourbe. Ger. ds Rouuillw. KS. p. I6S. C'est relativement à l'efTet visible du poli de l'acier, que dans le sens de l'expression être armé, à crud, l'on ù m être anné au cler, être armé à blatic. • Delez le Bourgmaislre chevauchait Jehan • Lyon; et tous ses gens armes au cler le • suyvoient. » (froissart, Vol. II, p. G8, — Id. ibid. p. 69.) Il semble que cette manière de s'armer ait été spécialement affectée à l'appareil du triomphe. Devers Gènes s'adresse Ai-mé à blanc, en triomphe et honneur, etc. J. Haut, p. 18. Dedans ia noble et granl cité de Bresse Entra Loys, de ce nom le douziesnae, Anne à blanc, triuniphant en prouesse. J. Hirol, p. m. Peut-être généralisoit-on l'idée particulière de s'équiper, se couvrir en s'armant, lorsqu'on disoit " être armé d'armeurcschières, êlre armé de toutes • armeures. ° (Voy. Abmeb.) i Se partit de leans » moult bien armé de toutes armeures, sinon de . cheval. ■> (Lanc. du Lac, T. II, fol. 130, V"col.2.) Ont jà cinq grani bataille faites. Endroit Ci Etui Enaès ctaans deusgranf G. Guun, us. fol. sot, n- tt V-. On ahusoil étrangement de l'acception générale de ce participe armé, en disant iigurement : Entrez sul en la nasse, n'I 9ai paa mon retor : Se ne me conCortez, armez sui de Tolor. F«lil. MS. du. R. n- 7îi8, M. 3(6, V col. î. Enfin, le participe armé étoit pris substantive- ment, lorsqu'on parlant de gens de pied mieux armés, mieux défendus par leur armure que les autres, on les nommoit par excellence les arm^s. ■• Ur avoient les François mis entre le premier « rang et le second un rang d'Arquebouziers > Le capitaine Villefranche , lequel avoit la charge « de la corne droite du bataillon des François, con- « sidérant que le bataillon d'Aliemans qui le venoit " aborder estoit plue large que le sien feit tirer « du derrière de son bataillon les armez des deux ■ derniers rangs dont il élargit sa teste ;. .-. si est-ce « qu'à l'aide des armes que fit la Cendarmerie • françoise conduite pai' le sieur de Boutieres. tous « les Allemnns, etc. ■ (Du Bellay, Mém. liv. x, fol. 324, B°. — Voy. Armée.) Armée (3), sKfcs(. fém. Bataille, combat. C'e.sl par ellipse que le participe féminin armée pris substan- (1).4rMieTientdu latin arma, pluriel neutre quia été pris pour un singulier fÉminln, à cause ()<; la désinence a; c'est aussi le Bort de pécore {pecora) ; Evangile ievangclia) était féminin au m. a : les Saintei Eeantjiles, — On aurait pu ajouter à l'article les locutions suivantes; armei à enquerre, armes fausses et contraires aux règles ciu blason; armet d'une pièce ou d'un lenani de blaion, qui ne sont parties ni en long ni en large, (n. e.) — (S) En termes de blason, armé s'emploie pour les oubIce, les compa, les dents, les griffes des bêtes el des oiseaux de proie, (n. e.) — (3) Armée est un mot nou.'oau, qu'on ne rencoatrc qu'aa xtv siècle : t Toute l'artnce que l'Eglise avoit ordenée. ■ (Guillaume de tfachaut, Priée d'Alexandrie.) Plus anciennement, on aur.ilt employé ost. (n. e.) AU — 156 — tivement, â signifié el signifie encore troupe armée. (Sicot, Dict. — Voy. Armé.) On altéroil la signification propre de l'adjectif terrestre, en nommant arm^^ tetrestre une armée destinée à combattre sur terre, une armée de terre, par opposition à une année de mer, à une armée navale. (Voy. Monet, Dict.) L'expression armée volante , qu'on trouve dans les Mém. de Bassompierre, (T. I, p. 129,) étoit moins figurée, et paroitra sans doute plus naturelle que celle de camp volant qu'on y a substituée. On connoil l'espèce de figure par laquelle le mot bataille signifie armée, troupe en état de combat, troupe prête à combattre : par la fiçure contraire, le mot armée signifioit combat, bataille. Puisque vous desirez Varmée , Combatez vous, quant je vous broche. Eust. Descbamps, po«8. MSS. p. 337, col. S. Armement, subst. maso. Armure. Ce mot, encore usité dans le sens d'appareil de guerre, équipement de vaisseaux, a signifié armure. De là, on msoit armement de teste pour armure de tête. S'oy. La Jaille, du Champ de bataille, fol. 17, R^ — onet, Dict.) Armer, verbe. Couvrir. Terme de Blason. Louer, flatter. Lorsqu'on disoit armer un fer de venin, on expri- moit sans doute une idée relative à l'usage mortel des armes offensives. (Voy. Nicot, Dict.) On expri- moit l'idée contraire et relative à l'usage des armes défensives, lorsque dans un sens non moins figuré Von disoit en termes de guerre, %'armer d'une rivière, pour s'en couvrir, se poster de façon qu'on fût couvert et défendu par la rivière. « Une rivière * sert à merveilles à un ost.... pourseureté.... On « passe de costé et d'autre ; on s'en arme quant on « vieult ; on garde que les ennemis ne s'en puissent « aider. » (Le Jouvencel, ms. p. i\\,) En termes de Blason ou d'Armoiries, « un escus- « son armé du Roy étoit un écusson fail à ses armes, « un écusson à ses armes. » (Voy. Mathieu de Coucy, Hist. de Charles Vil, p. 737.) Pour signifier que Robert Bruce, roi d'Ecosse, avoit dans ses armes trois oreilles d'or en un champ d'argent, on disoit qu'il « s'armait d'argent à trois oreilles d'or. » (Froissart, Vol. I, p. 25, etc. — Voy. Arme.J Si les Hérauts publioient la gloire des Ctievuliers, en blasonnant les armoiries de ceux qui entroienl dans la lice des anciens tournois, ils révéloient aussi publiquement la honte de ceux qui s'y présen- toient au risque de s'en voir interdire l'entrée : de là peut-être, l'ancien verbe blasonner, pris en bonne et mauvaise part, aura signifié louer et blâmer. Il semble que la signification d'armer soit analogue à celle de blasonner, louer, lorsque Tavocat Pathelin, tout joyeux d'avoir escroqué le drap de maître Guillaume en louant l'honnêteté de sa lamille, dit : AR Je Toi armé et blasonnê , Si qu'il me ra presque donné. ' Je luy disoye que son feu père Fut 81 vaiUant : ha t fais- je, frère, Qu'estes-vous de bon parentaige 1 Faroo de Palbelin. p. 89 et 30. Armerange, adj. Qui aime les armes, les com- bats. (Voy. Armeret.) La terminaison i'armerange est une de ces licences que nos anciens Poètes se permettoient en faveur de la rime. * Bertran de Benanges Qui est hardiz et armeranges^ etc. G. Mtchault, prise d'Alexandrie. MS. p. 397, R* col. 3. Armeret, adj. eisubst. Qui ala passion des armes et de la gloire. Espèce d'armure de tète. (Voy. Arhbt.) Anciennement, un Chevalier amoureux et arme- ret, étoit un Chevalier dont l'amour ennobli par fa passion des armes et de la gloire, honoroit la beauté, et la trouvoit sensible. « Le gentil et joly duc Wince- « lins de Boesme, duc de Luxembourc et de Brabant, « en son temps, noble, frisque, sage, amoureux et « armeret avoit esté. » (Froissart, Vol. Il, p. 260.) On désignoit cette passion des armes et de la gloire, comme étant naturelle à la jeunesse, lors- qu'on prenant armeret substantivement, on disoit : « 11 envoya... en la cité d'Evreux, devers le Capi- (Mém. d'Olivier de la Marche, liv. i, p. 195.) ■ Anthoine de Vaudrey, seigneur de l'Aigle • esloil armé pour combatre à pié, le bacinet en la " teste, ù visière levée, etc. " (Id.ibid, p. 203.) La preuve que l'flrmei ou fteûMme( néloit point un casque d'espèce particulière, c'est que dans le XVI* siècle on ledédnissoit en générai accoustrement ou habillement de teste ; armure de leste, au com- mencement du xvm* siècle (I). Il est évident nue ces définitions n'étoient pas plus propres h \armet qu'au bassinet, au cabasset, aamorion, à \a salade, il l'espèce de heaume nommé bourguignote : aussi Irouve-t-on qii'armet signifloit salade, morion, ca- basset, etc. > Je vous prie me dire qui le meut de • porter ainsi ce heaume et l'escu blancs On les ■■ jugeroit estre véritablement ou d'yvoire ou d'oz . de quelque autre animal. Je vouslediray En • ceste isie pierreuse souloit avoir un serpent... ■ contre lequel Macarée entreprint le combat, et lit « tant... qu'il le deffit et rendit mort.... De la teste « il en (it cest armet ou cabasset ; et du plus large « du corps, l'escu qu'il porte. » (D. Florès de Grèce, fol. lOG, R-. - Voy. Kauchet, Orig. liv. ii,p. HO.— Monet, Dict.) Probablement, tout casque, avec ou sans visière, fut nommé armet ou keaumet, parce qu'il éloit plus petit et moins lourd que l'an- cien heiïume auquel on l'avoit substitué. Lorsqu'on ne connut plus l'usage de ces heLiumes pesans et incommodes dont parle Faucliet (Orig. liv. n, p. 109), Varmet ou /i^awwifi devint heaume relative- ment a celui qui éloit moins grand et plus léger. Arraeure, subst. fém. Arme offensive. Arme défensive (2). Homme d'armes, Bannerel, Chevalier, Bachelier, Ecuyer. Compagnie d'hommes d'armes. Port d'armes- Quelque générale que fût l'acception du mot (1) L'armel fut, à rorigme, un casque rond à couTre-nuque, ayant sur le «lovant un masque grillé. Sous le régne île Louis XI, le couvre-nuque s'élargit et le masque emboite le menton : c'eat l'amiel de gnrijenii. Enun, sous Charles VUl et Louis XII, la mentonnière et le BorRt>rin sont articulés; un garde-vue s'avance sur la visière et fait ressembler le haut de l'arme! à une casquette. Une forêt de plumes le couronne et un panache retombe sur le dos. La mentonnière est encore plus proéminente soua François I", et les plumes atteignent les reins, (n. e.) — (2) La plus ancienne panoplie équestre de notre musée d'artillerie date du règne de Louis XI. Uoe étude détaillée des armures peut être faite avec VHiatoire du Cottume. de M. Quicherat, et avec le Costume de guerre, de M. Elemay (Mémoires de la Société des .\ntiquaires de France, 187+-1875). L'écUircissemcnt III de l'édition classique de la Cnanson de Roland (p, 40[}-4l5), de M, L. Gautier, est consciencieux et fort instructif pour l'équipement militaire du xi* siècle, (n. k.) Aa -i L'usage dece mol armet et de l'expression accous- trement ou habillement de teste avoit tellement prévalu, dans le cours du xvr siècle, sur celui de fieaume, que, si on en croit un Ecrivain de ce même siècle, il éloilridiculed'ignorerque l'armure propre à couvrir la léte d'un Chevalier, d'un homme d'armes, ne se nommoit plus heaume, mais armet, hourguignotle, accoustrement de teste. (Voy. Contes d'Eutrapel, p. 479.) Quand l'asquier, contemporain île l'Auteur de ces Contes, dit en ses Recherches (liv. vni, p. 662), qu'au temps où il écrivoit, l'expres- sion habillement de teste signifioit un heaume, l'armure que sous François 1" on avoit nommée armet, il semble qu'on doive en conclure que dès- lors le mol armet n'étoit pas moins inusité que celui de heaume, sous le règne de ce Prince. On a pourtant la preuve qu'au commencement du svir siècle, cette expression étoit encore l'explication ù'armet. (Voy. Nicot, Dict.) Quelque général qu'ait été sous François I" l'usage du mot armet, celui du mot heaume ne fut pas absolument proscrit, puisque l'Auteur d'un Koman dédié ù son successeur Henri II, disoit liidifieremment heaume ou armet. • Le Chevalier « des Flammes iuy donna si grand coup d'espée " sur Varmet qu'il demeui a si eslourdy qu'il estoit • hors de toute congnoissance, quand celuy des ■ Flammes Iuy mit le pied sus la goi^e et le • désarma de heaume, prest h Iuy mettre l'espée ■ en la gorge. » [D. Florès de Grèce, fol. 128, V°. — Ibid. fol. m, R:) Il est vrai qu'alors le mot heaume étoit infini- ment moins usité que celui à'armet, dont on se sert uncore aujourd'hui loisqu'on parle des anciens Chevaliers erruns; mais l'usage A'armet parott îjvoir été aussi commun que celui de heaume étoil rare, plus de demi-siècle avant le règne de François 1", Il est probable que les relations politi- ques de la France avec l'Italie, en occasionnèrent l'introduction dans notre Langue, vers la fin du .xiï' siècle. Dans les Mémoires d'Olivier de la Mar- che, historien du siècle suivant, le casque des Che- valiers armés pour les joutes, pour les combats à la lance, n'est presque jamais autrement nommé t\ix'armet. de l'ilalieu elmelo, diminutif à'elmo;en françois elme ou heaume, eimet ou heaumet • Se < présentèrent en la lice... le comte de Sainct- « Martin d'un costé et Guillaume de Vaudrey de - l'autre, tous deux montez et armez comme en tel » cas appartient..., Presentalionset devoirs aceous- ■ tumez furent faiclz et leuis lances baillées; dont •1 il advint que de celle première course ledit de • Vaudrey donna tel coup au clou de la visière du AR -«! arme, on la restreignoil quelquerois à c«lle d'arme offensive; c'éloit quelquefois aussi l'acception du mot armeure. • Cilz s'abesse o Varmeure qu'il • avoit apportée ; si li cope la leste ; si l'emporte. » (Rom. de Dolopathos, us. de N. D. n* 2, fol, 53.) En restreignant l'acception d'arme à celle d'arme ofTensive, on opposoit le mot arme à celui d'ar- meure, qui paroit avoir signifié plus spécialement arme défensive. « Anx portes des cités et des bon- ■ nés villes, là où ils venront ou voudront entrer et a demourer, ils mettront jus toutes leurs ajineures . et armes. • [Froissart, Vol. 111, p. 248.) En effet, cette opposition d'armes à armeures semble prou- ver qu'armure défini par Monet, couverture d'ar- mes, étoit dès-lors spécialement affecté à désigner les armes dont on se couvre, les armes défensives, telles que l'écu, le casque, la cuirasse, etc. C'est d'ailleurs ce qu'atteste Hicot, en disant qu'armures étoit plus singulier en sa signification que armes, Euisque le dernier comprenoit non-seulement les astons de guerre, les armes offensives, mais les escus, les armes défensives, les armures. (Voy. Micot et Honet, Diet.) La comparaison d'après laquelle ce mot armure a signifié différentes choses dont l'usage est relatif à celui des armes défensives, paroit si naturelle qu'il suffira de l'avoir indiquée. On nommoit figurément armeurei de fer, et tout simplement armeures, les Hommes d'armes, les Bannerets, les Chevaliers, les Bacheliers, les Ëcuyers, comme ayant le privilège exclusif de se couvrir d'une armure de fer, qui les rendoit invul- nérables. « Li cuens nous doit aidier en la tiere de « Haynnau etenla contée de Flandres, àmil armu- " res de fer as gages accoustumés en France; < c'est à savoir per le Banerech vint sols, pour le < Baceler diz solz, et pour l'Escniier cuink solz « tournois. » (D. Carpentier, Suppl. CIoss. lat. de Du Cange, T. 1, col. 296 ; tit, de 1297.) . Si estoyent . bien trois mille armeures de fer. Chevaliers et « Escuiers. • (Froissart, Vol. 1, p. 159.) » Si assem- • bla en peu de temps mille armeures de fer, et « huit mille hommes de pié. ■ (M. ibid. p. 164.) De personnes àguerre dures Ont V il. «3. B-. 11 est possible qu'en ce même sens figuré, le mot armure ait signifié Compagnie d'hommes d'armes. (Voy. Kicot, Dict.) Enfin - deffendre armwreselen tenir vérité, • c'étoit probablement défendre le port d'armes et tenir une assise, où ceux que la loi obligeoit d'y comparoitre faisoient serment de dire vérité surles contraventions à celte même défense. • Peut faire « Vicontier dedans sa lerre les bans d'aoust, et " armures accouslumez deffendre.. .. et en tenir - vérité une fois l'an. • (Bouteiller, Som. rur. page 903.) VARIANTES : Armenrerle, subst. fém. Forge «t boutique ï- AR d'armurier. Magasin d'armes. Armure. O'oyez Abu EURE.) La première signiflcalionest attestée par Gotfprave, Oudin et Monet, Dict. On n'a que Cotgrave et Honet pour garaaa de la seconde, magasin d'armes ; à moins qu'on ne veuille qu'armurerie signifie magasin d'armes, dans ces vers : .... Sans attendre aaïaulx, ne batterie. Rendirent cletz, basions, Armurerie. J.HvDi,p.i71. Mais il est plus probable qu'en ces vers, armu- rerie est le nom collectif d'armes défensives. On a la preuve que le même Poëte a dit, dans le sens d'arme deffensive ou d'armure : Voit ses Bouldars TaisaDS cbère marrye, Nudz, sans battons, n'auJcune amwurerie. J. Hbm, p. M. VARIANTES : Armeurier, subst. maso. Faiseur d'armures. (Voy. Abuoïeub,) Dans le sens relatif à l'acception spéciale d'armenre, arme défensive, ce mot armu- rier ou armeurier, signifioit celui qui forgeoit et faisoit les armes servanl à couvrir la personne, telles que le casque, la cuirasse, etc. (Voy. Nicol, Dict.) On imagine bien que nos anciens Chevaliers, qui ne dévoient souvent leur salut et leur gloire qu'à la bonté de leurs armeures, de leurs armes dé- fensives, étoient soigneux d'avoir à leur suite un bon armeurier, un armeurier preudhomme. » Pour « briefvement faire son voyage et accomplir ses « armes,.... avoit.... ung fourrier, ung mareschal « et ung a7'meurier à quatre clievaulx, etc. • (Hist. de Saintré, p. 186 et 187.) Bon paintre pour faire bannière, Pofi. U3S. p. SSa. col. 4. Armoier qui Tait haubergons Etbaroois, doit eslre preLidoms ; Car 90ubz la liance de lui. Combatent pluseurs à autrui. Id. ibid. p. 413, ni. t. VABIANTRS : ARUEURIER. Hisl. de Saintré. p. 187. Armoier. Euat. Desch. Poëa. MSS. p. 4*3, col. 3. Armorier. Cotgrave, Dict. AHHuniEn, Orth. r:tibsist, — Nicot et Honet. Dict. Armlgëre, adj. Qui expose au sort meurtrier des armes. On a déj^ observé que par opposition aux armes courtoises, à ces combats galants où l'usage des armes meurtrières étoit interdit à la Chevalerie, on nommoit armes nrmij/eres, ceux que les riva'lilés personnelles ou nationales ont trop souvent ensanglantés. Pour la Noblesse, ces com- bats qui l'exposoient au sort meurtrier des armes, étoient des fêtes armigéres, distinguées sans doute des fêtes courtoises, comme l'on distinguoit des armes courtoises les armes armigéres. • A toutes ■t lesaullresfestesrovalleselsolennellesqueleRoy • tiendra, et aussi des autres fêtes armigéres ou « courtoises, etc. • (Du Cange, Gloss. lat. T. m, au mot Beraldutf col. HOO. — Voy. Arme). AB - Germ. toi. 201. Hbrminb. Parton. de Dlois, MS. de S' Germ. fol. 173. IlEiuiiNS. Blancbandin, MS. de S' Genn. fol. 186. Armiae, sub. f. Hermine. Ou a indiqué l'ellipse par laquelle l'adjectif féminin hermine, qu'ancien- nement on écrivoit ermine, armine et harmine, a signilié et signifie encore peau d'Arménie, la peau d'une espèce de belette aussi nommée hermine, parce qu'elle nait en Arménie, où l'on traûque de ces peaux si estimées pour les fourrures. • Son »- AR ■ deslrier tout housse de très-fines armines, etc. ■• (Ilist. de Saintré, p. 330. — Voy. Abhin.) Dans l'origine de l'usage des fourrures de peaux d'hermine, on cousoit ensemble ces peaux dont lea queues noires h l'extrémité et pendantes, formoient une moucheture naturelle, mais irrégulière. On imagina ensuite de la faire plus régulière, par le retranchement de ces queues auxquelle on substi- tua, en observant les distances, de petits morceaux de peau d'agneau de Lombardie, qui est d'un noir très-luisant ; - en sorte que ce noir ainsi enlre- • mesié servoit ù rehausser la blancheur des peaux ■ d'hermine. » (Voy. Du Cange, Dissert. 1" sur Joinville. p. 131.) Prohahlenient on désignoit cette moucheture arlilicielle de l'hermine, lorsqu'on di- soit ermine mouchetée. • Les ermines mouchetées • et geneltes noires n'appartenoient qu'aux Dames • issues de Sang royal. • (Honneurs de la Cour, us. p. 77. — Voy. Abmineh.) Si l'hermine réservée par le cérémonial du XV- siècle, aux Dames issues de Sang royal, dislin- guoit les Bois et les Princes dans les grandes céré- monies, elle annonçoit aussi la supériorité du rang des Seigneurs et du mérite des Chevaliers qui, après avoir fait d'hermine leurs cottes d'armes, en firent leurs armoiries. Vraisemblablement, on fai- soit allusion h l'hermine, comme & la première des deux pannes ou fourrures en usage dans les armoi- ries, lorsqu'on parlant d'un Chevalier du premier mérite, d'un mérite supérieur, on disoit figurément qu'il étoit ■■ hermine et sable de tous Chevaliers. » De tous Cevaliers convenables EatiéH vous erminea et «ablea. Ph. Uoulia, US. p. «8. Il semble qu'en réunissant le sable à l'hermine, on ail songé ù rappeler que l'hermine en termes de Blason, est un champ d'argent, ,semé de petites pointes de sable, par lesquelles on a voulu figurer la moucheture de l'hermine. C'est par une allusion de môme genre que la première, qu'un Poëte du XVI' siècle a désigné Claude de France, femme de François!", en la nommani Armine ; relativement sans doute ù l'hermine des armoiries d'Anne de Bretagne sa mère. Puisqu'avons de la doutce armiiw Ung beau Daulphin, dueil se termine. Po«s. de Crelin, p. 161. Armiuer, verbe. Moucheter comme l'hermine. Fourrer, border d'hermine. Probablement, on désignoit la moucheture artifi- cielle de l'hermine, on assimiloit ù cette mouche- ture le poil d'un cheval gris-pommelé, en disant qu'un cheval étoit hermine de son poil, que l'her- mine étoit aminée. ° Elle estoit mont^ sur un ■ cheval tout eiminé de son poil naturellement. - (Mém. d'Oliv. de la Marche, liv. u, p. 557.) On trouve l'expression ermines arminées, dans les Honneurs de la Cour, (us. p. 34, 37, etc.) e de Mors, i (N. E.) AB — 160 - AR Dans le second sens, on disoit : « Qui voudra « fourer sa robbe autrement qu'à la commune et « ancienne guise, comme de trop longues mancbes, « ou de les faire herminer, etc. >» (Ord. T. II, p. 372. — Voy. Armine.) vâriamtes : ARMINER. Honneurs de la Cour, MS. p. 34, 37, etc. Erminer. Mém. d'Oliv. de la Marche, liv. ii, p. 5^. Herminer. Ord. T. II, p. 372. - Oudin, Dict. Armlole, subst. fém. Espèce de broc. En obser- vant que du mot latin armus ^n a formé celui ^^armillum (1), qui signifloit une espèce de vase à mettre du vin, parce qu'on le portoit sur l'épaule, on croit indiquer l'origine d'irmto/^, espèce de broc que sans doute on portoit à bras ou sur répaule. « Saicha une dague,... et la getta à ladite « femme par tele manière que, se icelle dague « n'eust encontre une armiole plaine devin, tenant « trois quartes ou environ, etc. » (D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Armillum; tit. de 1381. — Voy. Armille et Arme.) Xvmoie, subst. fém. Attirail. Peut-être que dans un sens relatif à l'acception générale d'armer, four- nir, équiper, le mot amioie formé d'arme, aura signifie attirail de pressoir, comme nom collectif de diverses choses dont il faut armer un pressoir, le fournir, l'équiper. » En la ville de Vineuf, un pres- a souer et quatre cuves. Item, une granche et les « mesons, si comme elles se comportent avecques « toute Varmoie dudit pressouer. » (D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat de Du Gange, T. [, col. 300; tit. de 1331. — Voy. Armer.) Peut-être aussi ne verra- t-on dans armoie que l'altération d'un mot de même origine que hamois. Armoire, adj, et subst. fém. Qui est à armoi- ries. Espèce de fleur. Probaolement les cottes armoriées des Hérauts ne se nommoient cottes armoires^ qu'autant que la rime ne permettoit pas de les nommer cottes d'armes. S*aToient haslées et noires Les chars en ces cotes armoires (2). Quelques vers plus bas, on lit : ... Com lasses gens et destroites, En ces cotes d'armes estroites, etc. DiU do Baudoin de Coudé. MS. de Gaignat, fol. 318, V* col. i. Gomme substantif. Armoire étoit de même ori- Sine et même signification qu'irmoin^, espèce de eur, en latin arwenw«'/Ios. (Gotgrave, Dict. -— Martinius, Lexic. Philolog. — - Voy. Armoirie.) Armoirie, sub^t. fém. Plantes de diverses espèces; bétoine; espèce de giroflée sauvage; espèce d'oeillet. (Voy. Armoire.) Quand il seroit vrai que de la Grande-Bretagne on eût transplanté dans la Bretagne Armorique, la fleur nommée armoirie^ il n'en seroit pas plus vraisemblable qu'armonca fftt, comme on Y posé, l'origine de cette dénomination. (Voy. M Dict. Etym.) On a tant de preuves du changement de dans la prononciation et l'orthographe, qu'il ( possible que du nom latin artemisia (3), en fr armoise, on ait fait armerie^ armoirie et ar Quoi qu'il en soit, l'armoise, celle dont le sont terminées par des épis de fleurs, chaqu formant un amas de petits fleurons de coul pourpre, offre une tel le ressemblance avecrar qu'on la soupçonne d'en être une espèce. Ei 1 armerie ou Yarmoirie, en latin armerius /l une plante de diverses espèces, et dont les qui naissent à l'extrémité 'des tiges, forment réunissant une touffe de fleurs d'un rouge po et semblables à de petits œillets. (Voy. Mar Lexic. Philolop. T. I, p. 56, col. 1.) ProbabU une armerie a seize pompes étoit une touffe reil nombre de ces fleurs, un bouquet formé rellement de l'assemblage de seize fleurons « vieillard. . . . luy avoit donné. . . . une armerie « pompes que elle garda et meit en sa que « pour la peur de luy. » (Arrêts d'Amours, p Varmerie étant, comme on l'a déjà observ plante de diverses espèces, il est possible bétoine, la giroflée sauvage et l'œillet qu'on moit armeries, aient été réunis comme espèa la même dénomination. On altère sans ooul thographe armerie, lorsqu'à Metz on dit af pour désigner une espèce de petit œillet si qui est ordinairement de couleur de sang, Borel, Oudin et Monet, Dict. — Gloss. des d'Amours. — Ménage, Dict. Etym. — Di Trévoux.) Peut-être l'œillet de Poêle ou de Poitou, pei aussi l'armoise dont les fleurs de couleur p* sont d'une odeur agréable et aromatique, 1 l'espèce d'armm^ que la galanterie du xv croyoit propre à exaller le sentiment de l'am à l'usage de laquelle on ne renonçoit que le falloit renoncer au plaisir de courtiser la hei Ces dorelotz, ces gorgias Menoient les meiUeures galoises. On ne sentoit que muglias, Marjolaines, armeries, bouquetz, etc. Poês. de CoquilUrt, p. 151 M . . . Quand ce viendra au lever, Que l'en met dedans ces chofTrettes, Pour en amours cueurs eslever, ArmericSy sentiers, violettes, e(c. L'Amant rendu Cordelier, p. iU Adieu roses, armeries, et boucquetz ; Adieu Déesses chantans comme seraines ; Adieu baisiers et plaisances mondaines. VifU. de Cbarlet VII, part. U, p. VARIANTES .* ARMOIRIE. Gotgrave, Ménage, Dict. Etym. ARMENIE. Ménage, Dict. Etym. Armerie. Poës. de CoquiUart, p. 158. Armorie. Gotgrave, Dict. (1) Armiliutnf non armillum, se trouve dans Isidore de SéviUe. (n. b ) - (2) C*est-à-dire les coites d'armes reo( de taffetas armoisin, c'est-à-dire cramoisi. (N. s.) — (3) Gomme Artémis secourait les lemmes dans leurs maladie planta, qui passait pour utile dans ces affections, reçut le nom de la déesse, (n. e.) AB — 161 - AR Armoiseur, subst. masc. Fabriquant ou mar- diand d'Armoisin. Il sembleFOit d'après ce mot ArmoiseuT^ ainsi expliqué par D. Garpentier, qu'on eût dit armoise pour armoisine, espèce de taffetas. « Entrèrent en la maison d'un Armoiseur et là < prindrent chacun une buvette ou capeline. » (D. Garpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Ermmnti»; tit. de 1421.) Armolsin, adj. et subst. maso. Qui est de soie, d'une étoffe légère de soie, qui est de taffetas. Etoffe légère de soie, taffetas. Qui est rouge ou pourpré. On a dit que Vespèce de taffetas désignée par ce mot armoisin^ fut ainsi nommée à cause de la toile armoriée dans laquelle on Tenveloppoit pour faire des envois. Une opinion plus vraisemblable, et que paroit justifier le mot ormti^int/s qui dans la latinité du moyen-âge signifioit une étoffe légère de soie^ est celle du savant M. Huei, pour qui armoisin étoit une altération d'ormoi«m, espèce de Taffetas venant de l'île d'Ormus. (Voy. Ménage, Dict. Etym. — Dict. de Trévoux.) Peut-être concluera-t-on de cette opi- nion, qn'Ormusinus est le nom primitif altéré dans le latin ermisinuSj l'italien ermisino ou ermesino^ et le françois armoisin ou armesin? D'ailleurs, l'expression lat. ermisintis rubeus^ en françois armoisin rouge, semble évidemment prouver que Du Gange s'est mépris en expliquant ermisinus dans le sens de cremasinus (1), en françois cramoisi ; et qn* ermisinus a signifié, comme ormusinus, une étoffe légère de soie, une espèce de taffetas, quelle qu'en fût la couleur. (Voy. Du Gange, Gioss. lat. au mot Ermisinus . — la. Ibid. au mot Ormusinus. — O. Garpentier, Sujppl. Gloss lat. de Du Gange, au mol Ermisinus.) On conçoit que la même dénomi- nation fut naturellement commune à toute étoffe l^ère de soie, fabriquée à l'imitation de Y armoisin, du taffetas qu'on dit avoir été ainsi nommé, parce qu'il venoit de File d'Ormus (2). Aussi, trôuve-t-on que comme adjectif, armoisin signifioit, qui est de soie, d'une étoffe légère de soie, qui est de taffetas. (Gotgrave, Dict.) G'est par ellipse du substantif étoffe, qu'armoisine a signifié une étoffe légère de soie, la même que par ellipse du substantif taffetas^ signifie encore l'adjectif armoisin. (Gotgrave, Dict.) Anciennement, l'on a dit taffetas armoisin; expression dans laquelle on aura imaginé qu'armot- stn, qui désigne la qualité d'une espèce de taffetas, en désignoit la couleur rouge ou pourprée. (Voy. Hist. du Théât. Fr. T. II, p. 382, etc.) G^est proba- blement d'après une idée semblable, que pour signifier le coloris brillant et solide de l'Eloquence et de la Poésie, Rabelais disoit figurément, en par- lant des Poëtes et Orateurs Gallicques : « Ils ne « traictent que gestes héroîcques , choses grandes, « matières ardues, graves *et difficiles ; et le tout en « Rhétoricque armotstne elcramoisine. » (Rabelais, T. V, prolog. p. 12. — Voy. Armoisy.) VARIANTES ! ARMOISIN. Orth. sub. - Rabelais, T. V. prolog. p iS. ÂRMB8IN. Monet, Dict. Armoysin. Hist. du Théât Fr. T. II. p. 382. Armoisy, participe. Teint en rouge ou en pourpre. Définition relative à Tidée qu'on parott s'être faite de la couleur signifiée par Taujectif armoisin, dans Texpression taffetas armoisin. « Les femmes.... qui portoient robbes de tafetas « armoisy, etc. » (Rabelais, T. IT, p. 160. — Voy. Armoisin.) Peut-être aussi qu'en ce sens, le participe armoisy et l'adjectif armoisin étoient de même origine qu*armoirie ou armoire, plante dont le nom parott une altération d'armoise ; et qu'ils signifioient une ressemblance de couleur avec celle des fleurs rou- ges et pourprées de cette plante. On fonde unique- ment cette conjecture sur la possibilité qu'à la fin du XV et au commencement du xvi* siècle, on se soit plu à comparer la couleur d'un taffetas rouge pour- pré avec celle de l'armoirie, et à la désigner par un nom qui retraçoit l'idée d'une fleur consacrée à la galanterie. (Voy. Armoirie.) Armoyep, verbe. Armorier, blasonner. On disoit en ce sens : « Ung penoncel armoyé de telle cong- « noissance comme l'escu. » (Percef. Vol.IT, fol. 99. — Voy. Armoirie, armes en termes de Blason.) Variantes * ARMOYER. Froissart, Vol. IV, p. 53. Armoier. MoDet^Dict. Armgirer. Gotgrave, Dict. Armoyrer. Du Bellay, Mém. T. VI. p. 136. Armoyeur, subst. masc. Peintre et brodeur d'armoiries. On croit qu'^lrmoi/ewr a Tune et l'autre signiflcation en ce passage : « Noble chose fust à « veoir la Chevalerie;.... car trop plus noblement « estoient parez que par avant n'avoient esté, pour « les Armoyeurs qui estoient venus à la feste pour « gaigner. » (Percef. Vol. V, fol. 81, R» col. 2) Quoiqu'il soit très probable qu" Armoyeur signi- fioit aussi Armurier, il semble que le titre de l'an 1412, cité par D. Garpentier. (Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Armeator,) ne prouve pas assez évidemment cette signiflcation : elle n'est pas moins incertaine dans l'Hist. de Gharles YI, par J. Le Fèvre de S* Remy, p. 16?. (Voy, Armeurier.) Arnaud, subst. masc. Nom propre. Quoique Arnaud ait été distingué ù'Amoul, il est vraisem- blable que dans Torigine c'étoit le môme nom. (Ménage, Dict. Etym. —Voy. ARNULnws.) Si Ton a ridiculisé le nom d'Amoul en le choi- sissant pour désigner un mari dupe et malheureux, on a rendu odieux celui d'Arnaud, en le donnant à toute espèce de garnement, d'homme malfaisant et méprisable. (Voy. D. Garpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Amaldu^.) De là, on aura nommé Gap de S* Arnaud, un Gapitaine, un Ghef de garnements, dont on feignoit que S* Arnaud étoit le patron. « Pour estre estimé Gentil-homme, aujour- (1) CremaHnus, d'où eramoiH, paraît venir de Tarabe kermès, cochenUle. (v. b.) — (2) Ou plutôt du détroit d'Ormus. (k. k.) u. 21 ÀR -« ■ d'hui il suffit qu'on ne sache d'où vous estes. Et ■ un Cap de S' Arnaud, un Pedescaux (1) de Gas- ■ cogne, le Capitaine du Buisson, de l'Espine, de la • BoQce, tous enfants d'un tiallier,.... n'auront ■ point honte de se comparer aux plus illustres • Seigneurs de France, et leur dire : je suis Gentil- • homme comme vous. • (Fauchet, Orig. liv, I, p. ioi . — Voy. Abbaudeb.) Arnaudens, adj. et subst. masc. plur. Nom d'une espèce demonnoie.Le3Sfi/s.4rnau(tens ou les ArTiaiidetts, en latin Arnatdenses [2), étoienl une espèce de monnoie connue dans les provinces méridionales de la France ; peutréire une monnoie des vicomtes de Lomagne a gui le nom d'Arnaud étoit familier; peut-être aussi, une monnoie des comtes de Carcassonne ou de Comminge. (Voy. Du Gange, Gloss. lat. T. I, col. 716. — D. Carpentier, Suppl. Gioss. lat. de Du Cauge, T. 1, col. 300.) ■ L'homme ou femme pris en adultère, doivent • courir la ville, leurs mains liées toutes deux avec ■ une corde; et le Seigneur doit avoir cinq sols • Amaudetts. • (Coût. d'Agen, au Nouv. Coutgén. T. IV, p. 903, col. 1. — Voy. Abnulfiks.). , VABIUITES : ARNAUDENS. Coût. D'Agen, au Nouv. C. k. T. IV, p. 90*. Abnaudenx. D. Cani. S. Gl. 1. de D. C. A imaUlentia. Arnaudcr, verbe. Maltraiter. Il semble qu'ar- jmuàer quelqu'un, c'étoitle maltraiter, en agir avec lui comme un garnement, comme un homme de l'espèce de ceux qu'on désignoit par le nom d'Jr- naud, en latin Arnaldus ou Amolavs. • Tu me vas ■ amaudant, comme tu fiz hier mon père que tu • affolas. > (D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, T. I, col. 3M ; tit. de 1410.) Arnoul, subst. masc. FJom propre. Mari dupe et malheureux. (Voy. Arnaud.) Qu'on parcoure les Légendes, on y trouvera plus d'un Saint dont la femme resta vierge, ou lui fut inlldële. On conserve dans la Bibliothèque du Cha- pitre de S' Pierre de Lille, une ancienne Légende manuscrite, où il est parlé d'un S' Gengoufle assez malheureux en femme, pour être comme un autre le patron de la confrérie sommée en latin, confratria Sancti Cucufli. Saint Vincent Ferriëres, dans son sermon sur la luxure, cite l'histoire d'un homme veuf que ta crainte d'être de cette confré- rie empëchoit de hasarder unsecond mariage que ses amis lui proposoient avec une jeune femme dont l'infidéliié, disoient-ils, étoit d'autant moins inquiétante qu'il s'en vengeroit en la faisant de la confrérie de Saint-Luc. • Si faciat vos de confra- ■ tri& CucuUorum vel Sancti Cuculli, facietis de ■ confratria Sancti Lucœ. • (Voy. Supplément au Gloss. du Jtom. de la Rose, p. 113 et 114.) Probablement, ce patron de la confrérie des i- AR Maris dupes et malheureux est un Saint ipjtagi pour qui l'on aoroit dû réserver l'honneur . burlesque patronnâge, sans y associer S" Ar dont on a ridiculise la mémoire, en le noôi Seigneur des Coux. On ne prétend pas décidai est ce Saint Arnoul ; si c'est celui dont la ft mourut vierge, ou celui dont la femme, mj) deux enfans, se lit religieuse du vivant An mari qui fut évéque de Metz. Peut-être faut-il attribuer au besoin de la l'association de Saint-Thibaud à Saint Af dans le serment que fait une femme de se v< des mauvais procédés de son mari. 11 est vra blable que sans le besoin de la rime elle o'i juré que par S" Arnoul, généralement re comme le Patron de la confrérie des Maris . et malheureux. Euit. Dwii. Poâ. 1 Puisqii'il briee son marïai^e, Par S' Arnoul auBsi feray-je il. tbld. p. 334, col. &, On ne croira pas sans doute, d'après Je: Heun et Coquillart, qu'il suflise d'être marié être de cette Confrérie, pour être mené à la le jour de 5' Arnoul, Seigneur des Conx (3). Par T0U8, par vostre lécherie. Suis 'je mis en la contrairie Saint Arnoul, le Seigneur des Coiu, Dont nul ne peut eatre rescoujt, Qui fenune prent, etc. RwB. d« Il RoH, i« KM «t sut. Coquine, uiays, eotz, joqueaus. Trop toat mariez en eubétauce, Seront tous menez au dessus. Le jour Sainct Arnoul, à la dânce. Pou. da CaquUlal, p. 111 1 llf. 11 semble que Molière, en nommant Arnolj principal personnage de l'Ecole des Femme songé à perpétuer l'ancien ridicule du nom noul, qui désignoit les maris même dont on fe que S' Arnoul étoit le patron. Je U voldrai coper les çova Par qui je sui Elnol et cous. Fibl. KS. da Bai», n* 1S4, fol. I5T, V col. t. On est scandalisé de l'indécence avec laqoc ancien Poète a travesti S' Mathieu qui, dan Evangile (chap. 1, vers, ivm), dit en parla Josepri, époux de Marie: ■ Gum essetdesponsî . Maria Joseph, antequ&m convenirent, invei • in utero habens de Spiritu Sancto. Joseph : ■ vir ejus, cum essetjustusetnolleteamtrad' ■ voluit occulté dimittere eam. Hosc autem et ■ tante, etc. • Dans le Poëte, c'est Joseph qui lui-même son état de perplexité , en ternu (4) Espèce de Bandoulier. — (S) Monnaie épiecopale d'Agen, frappée par Arnaud de Rovinham, évëque de cetta ^ tm A iiS&. (N. E.) — (Si Lea saints devaient donc s'estimer heureux, lorsque les esprita falots du xv* siècle s'arrêta chemin et ae contentaient de canoniser le hareng : * La vie de Sainct Harenc glorieux martyr, et comment il fut p«i Ift mer et porté i Dieppe. * Voir le Jtçcueii da Poéiic* frwf^tt*, p. p. A. de Montaigloa (1^ 3SS), (m. x.) An -168 mractérisent la grossièreté des idées religieuses de ooâ aoeôtres. Helas 1 Dolent, et que feray ? Pour ly de tous gabbez seray, Et Sire HeihMux aussi daines. HiBt. det Trois Mvies, an ybt», MS. p. 74. TARIANTBS : ÀRNOUL. Eust. Desch. Pcës. MSS. p. 410. Elnol. Fabl. MS. de Berne , n* 354, fol. 157* Hernoux. Hist. des Trois Maries, en vers, MS. p. 74. Amalftns, subst. masc.plur. Nom d*une espèce de monnoie. Monnoie de même espèce que les Amaudens ; ce qui semble justifler Topinion de Ménage sur ridentité des noms Arnaud , en latin Amaldiis^ei Amoul, en latin Amulphus. (Voyez Abuaud.) On lit que les Amulfins valoient un ducat et demi pièce ; que 98 ducats faisoient 208 liv. (Du Gange, Gloss. lat. T. II, au mot Chatus, col. 558. -- Yoy. Arnaudems.) Apo, adv. Tout-à-rheure. C'est la signification de aro (1), dans une pièce de vers, en langage de Ca- bors, citée par Borel, Dict. au mot Glouper. On en conclura que ce mot aro est de même origine que ares et ores^ altérations de hore , en latin hora, (Voy. Ares.) Arocher, verbe. Briser, mettre en pièces , ré- duire en poudre. Saupoudrer. Accabler. On a la preuve qn'arrocher et dépecer éloient synonymes ; que par conséquent la signification de l'ancien verbe françois arracher ou arrochier étoit la même que celle de l'italien arrochiare , briser, mettre en pièces. Leurs neîs aux roches dépeçait ; Maint en noioit, maint en tuoit. Rom. de Brut, MS. fol. 86, R* col. 2. Leurs nefs au perron arrochoit, etc. Ibid. Variaate du IIS. de Bombtrde. Il semble que dans un sens analogue à celui de mettre en pièces, ce même verbe ait signifié réduire en poudre par l'action du feu, réduire en cendres. eu qui furent geté el ti. Et longues i orent geu, Onques n'i furent entamé ; Ne les vesteure arrochié. Vie de s** Catherine, MS. de Sorb. chiff. lx, col. 29. Peut-être qu'à raison de ce qu'on brise et réduit en petites parties, le poivre avec lequel on assai- sonne les viandes , l'on aura dit arrochier pour saupoudrer. Li petit poucin Sont bon au sain, Arrochié au poivre. Sdomoa et Mareol, MS. de N. D. n* 2. fol. 1. R* col. I . n seroit encore possible que relativement à l'idée de briser, on eût dit arocher quelqu'un pour l'acca- AR bler en lui jetant des pierres el autres choses, Tàc- câbler en l'insultant, en l'injuriant. Li uns de torchons Varochoient ; Li autres de près le féroient. Fabl. MS. de la Clayette, p. 435, col. i. Par la grant rue tuit Varochent ; De verges le bâtent et brocent. Rom. d*Amadas, MS. du R. o* 6867, fol. 320, V* col. 3. . . . Moult Varocent et décacent, St le détirent, et agacent. Ibid. fol. 321, R* col. i. Moult fu arrachiez et gabez. En toz les leux où il venoit ; etc. Fkbi. MS. de la Clajetle, p. 4^, ool. i. La signification que ce verbe arocher conserve en Anjou et dans les provinces voisines, où l'on dît arocher une pierre à la tête de quelqu'un, pour lui ruer une pierre à la tête, est sans doute la raison pour laquelle Ménage en a cherché l'origine dans le verbe latin ruere(2). (Voy. Ménage, Dict.Etym. — Id. Orig. délia Ling. Ital. au mot Arrochiare.) VARIANTES : AROCHER. Rom. d'Amadas, MS. du R. fol. 320, V» col. 3. Aroger. Rom. d'Amadas, MB. du R. n» 0967, fol. 321. Arrocher. Rom. de Brut. MS. fol. 86, R» col. 2. Arrochier. Fabl. MS. de la Clayette, p. 435, col. 1. Apoelep, verbe. Faire rouler. Mettre en train. Rouler. On a dit en parlant de S** Léocade, dont les mira- cles mettoient à Taise l'église où ils s'opéroient : Mainz maus morteus a amortiz ; Doné nos a maint beax tortiz (3), Maint parisi, mainte roele (4) ; D'oitre roie nos arœle. Hiflt. de S** Léocade, MS. de S. Germ. fol. 33. R* col. S. II semble que dans ces vers l'expression aroeler Goitre roie, 'prise figurément , signifie tirer d'un pas mal aisé, faire rouler doucement la vie , eh mettant plus à Taise. Peut-être que par allusion au mouvement succes- sif et continu d'une roue mise en train de tourner, Ton aura désigné la disposition d'un homme en train de faire une chose et de la continuer, en disant qu'il s'arrolloit, qu'il étoit arrollé. « Delà ne se « fust remué.... que préalablement.... il n'eust « achevé dévider son fil , huchant à sa femme et « chambrière qu'elles eussent apporté le reste « pendant qu'il estoit arollé, et la corde au puis. » (Contes d'Eutrapel, p. 251. — Voy. Cotgrave, Dict.) On croit qxx'aroller et aroeler sont de même ori- gine qu arouller ; verbe composé dont la significa- tion active et neutre étoit la même que celle du verbe simple rouler (5). (Voy. Cotgr., Nicot et Monet, Dict.) VARIANTES ! AROELER. Hist. de S** Léocade, MS. de S< Germ. fol. 33. Aroller. Contes d'Eutrapel, p. 251. Arroller. Cotgrave, Dict. Arrouler. Cotgrave, Nicot et Monet, Dict. doute la môme origine que lancer en tournant, (n. b.) sens de roelle : fais rouler yers nous d'autres roues (semblables à ces roelles). (n. b.) - (5) Rouler a été fait sur rotulare, qui vient lui-même de roMuê (ôrle) ; roeler, an contraire, est un dérivé dé foeùe (roièlla). {U. e.) AR — 164 — AR Aroidi, participe. Qui est fait roide. {Voy. Aboit.) Les lances sont aroidies f Ne sont polies, ne gauchies ; v Parmi les cors outrepassent. AthU. IIS. fol.9e, R'ool. 1. Aroidier, verbe. Etre roide ; être en érection. (Voy. Fabl. ms. du R. n« 7218, fol. 333, Y^ col. 1.) Aroit, partie, ou adj. Qui est roide ; qui est en érection. En latin arrectus. (Voy. FaW. us, du R. n* 7218, fol. 230, V* col. 2, et 231, R« col. 1.) Aromas, subst. mase. Aromate ; odeur, parfum. (Voy. Aromatique.) En grec àçoof^a, chose odorifé- rante. Cette dénomination des herbes et drogues odoriférantes étant devenue commune à plusieurs espèces d'une odeur désagréable, l'expression bon aromas désignoit le parfum , Todeur agréable des premières. En ma chambre a bon aromas De cynamon, mirre, aUoé (1)» Qu'espandu ay et aÛoé. Enst. Desch. Poët. MSS. p. 530, col. A, Aromaticité, subst, fém. Odeur aromatique ; goût aromatique. Odeur, goût agréable. (Cotgr. Dict.) Aromatique, adj. Odoriférant. Une preuve qu'aromate signifioit quelquefois une odeur désa- gréable, c'est que pour désigner le parfum d'une chose odoriférante, on disoit qu'elle « estoitaroma- « tigm de bonnes odeurs. » (Voy. Modus et Racio, MS. fol. 309, R».) Aromatiquement, adv. Avec des aromates. Le Roi Louis XII étant mort le 1" janvier 1514, « son corps fut aromatiquement embasmé. » (P. Desrey, à la suite de Monstrelet, fol. 118, R'.) Aromatisement , subst. mase. Aromate. En parlant de Jésus-Christ ressuscité et comparé au Phénix, cet oiseau fabuleux renaissant de la cendre du bûcher qu'il allume de ses ailes, après les avoir remplies de douces odeurs des vergetés des Libans, on a dit flgurément: « Puisque li fénis a poesté de « mortéfier soi et revivre, ne se doit nus nxerveil- « 1er de la parole que Diex dist : j'ai poesté de « mestre (2) m'ame et de reprendre la. Car, quant il « descendi des Cieus, il raempli ses èles de trois « dous aromatisemenz. Les èles , c'est li noviaus « testament, et li viez qu'il raempli des aromutis- « men%. »» (Bestiaire, us. de la Clayette, p. 46, col. 2. — Voy. Aromas et Aromatizer.) VARIANTES : AROMATISEMENT, Aromatisment. Bestiaire , MS. de la Qayette, p. 46, col. 2. Aromatizant, adj. ou partie. Odoriférant ou embaumant. (Voy. Aromatizer.) La cueult à plaln marjolaine et lavande Et de ces deux, ainsi comme est dictant, Faict ung boucquet en beaucoup méditant, Que la doulceur si aromatizante, etc. Poês. de CréUn, p. 955. Aromatizer, verbe. Embaumer. (Voy. Aroma- tizant.) On connoit Tacception usitée du verbe aromatizer y qui plus anciennement signifloit (rem- plir d'aromates un corps mort, Tembaumer pour le garantir de corruption. C*est en étendant faccep- tion de baume à toute espèce d'aromate , de dbose odoriférante et propre à cet effet, qu*au verbe aro- matiser on a substitué celui d*embaumer. Le corps flBt aromatizer D'olngnement qu'on doit moult prisier, Faiz par manière si soubtive Qu'elle semble encore toute vive.. 6. MMiiaot. PoM. MSS. id. 906. R* ad. 1. ÂTant qu'il fust ensevelis, L'orent Dien aromatifié, Et le ventre del cors sacié (3). Siège de Troye, MS. du R. n* 6987. fol. 99. V* col. 3. VARIANTES * AROMATIZER. G. Macbaut, Poës. MSS. fol. 306, R* col. i. Aromatisibr. Siège de Troye, MS. du R. n» 6967, fol. 99. Aronde, subst. fém. Hirondelle. fVoy. Arondel et Arondéle.) En latin hirundo ; d'où l'ancien nom françois aronde qui n'est plus usité que par com- paraison, lorsqu'en termes de fortification ou de charpenterie, on dit que deux pièces de bois sont assemblées en queue cTaronde, qu'un ouvrage à cornes est fait en queue d' aronde. On peut voir aans Martinius, Lexic. Philolog. combien les opinions varient sur l'origine du nom latin. /itrt^ndo. Il seroit possible qu'il fît allusion au babil, au gazouillement perpétuel de Varonde^ de l'hirondelle. Probablement, on désignoit une idée relative à i'importunité du babil perpétuel de cet oiseau, en disant : Je me plaing de lingua doloaa. Que comparer puis au chant ae Varronde, Suit. Detch. Poét. MSS. p. 34. col. 3 . Il semble qu'on en désignoit la monotonie aussi vaine qu'importune, lorsqu*en parlant de choses désagréables et auxquelles il n'y a aucun change- ment, de choses inutiles et qui ne produisent rien, on les comparoit au chant de Varonde. Nous sommes trop subtilz aux choses de ce monde. En congnoistre, en acquerre, tant que tout surabonde. Et si sommes certains aue ce ne vault une unde : Ains repaire à néant ; c est le chant de Varondo. i. de Mean. Cod. ton i4i3-14!e. Ghascun double l'escorcherie. Vérité fault, Loy est périe : Par -tout voit le chant de Varonde. East. Deseb. PoH. MSS. p. S73. ool. 4. Preschier n*y vault ; c'est le chant de Varonde. Id. iUd. p. m, col. i. VARIANTES : ARONDE. BesUaire, MS. du R. fol. 181. Arronde. Eust. Desch. Poës. MSS. p. 34, col. 3. Eronde. Ménage, Dict. Etym. au mot Aronde. Arondel, subst. mase. Petit de l'hirondelle. Hirondelle. (Voy. Arondéle.) Du nom aronde s'est formé le diminutif arondel ou arondeau qui signifioit petit d'hirondelle. (Voy. Cotgrave et Oudin, Dict.) On persuada à Philippe Artevelt, élu souverain capitaine de Gand, que pour gouverner les Flamands : « On ne doit entre (1) Aloès. " (2) Meaire a le sens de mittere, abandonner, (n. b.) * (3) Mettre hors: voir Du Gange à Saccare. (n. ■.) AR — 165 - A* « eux tenir conte de vies dTiommes ; n'avoir pitié « d'eux, non plus que A^arondeaux ou d'allouettes « qu'on prend en la saison pour manger. » (Frois- sarl. Vol. II, p. 428. — Voy. Arondelet.) Ainsi, c'étoit avec tautologie que pour désigner les petits de l'hirondelle, on disoit petits arondiaus. > On a esprouvé ke quant on emble à l'aronde ses • petits arondiauSy s'on lor crieve les iex, et on les « remet el ni, jà pour ce ne demourra k'il ne voient, « anchois k'il soient parcreu ; et pense on bien ke « l'aronde les garist : mais on ne sait comment, ne « par quel mâicine. > (Bestiaire d'Amour^ ms. du R. n* 7534, fol. 276. — Voy. Arondeuer.) On oublioit sans doute qn'arondel étoit un dimi- nutif; et cet oubli est peut-être la cause pour laquelle, en comparant à la rapidité du vol de ITiirondelle, la rapidité de la course d'un cheval, on disoit que c'étoit un arondeU une aronde; qu'il « couroit plutost que ne vole arondel ou aronde, » Plus tost court que ne yole aronde. Fabl. HS. du R. n* 7611, fol. 191, R* col. 1. Plus tost cort qvL^arondel ne vole. Estrobert. Fabl. MS. du R. n« 7996, p. 64. El ceval sist, c'om clamoit arondiel. Anse», MS. fol. 30, R* col. 2. VARIANTES : ARONDEL. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 249. Arondeau. Froissart, Vol. II, p. Iffî. Arondiau. Bestiaire d'Amour, MS. du R. fol. 276. Arondiel. Anseis, MS. fol. 16, R« col. 2. Arondèle, subst. fém. Hirondelle. On obser- vera que le peuple, en Normandie, prononce éronde pour aronde. (voy. Ménage, Dict. Etym.) Il semble que Vaugelas adoptoit la prononciation normande, en préférant l'orthographe hérondelle à toutes les autres ; même à celle dont l'usage a prévalu, et qu'on trouve dans Rabelais, (T. IV, p. il]; et dans Nicot et Monet, Dict. Ainsi l'orthographe nirondelle n*est point nouvelle dans notre langue ; mais elle est bien moins ancienne que l'orthographe aron- délie, espèce de diminutif féminin dont la formation parolt avoir le même principe que celle du mascu- lin arondel. On a la preuve que le diminutif aron- de/ comme arondelle signifloit aronde, (V. Arondel.) Quoïqu" aronde fût moins usité qiïarondelle, on disoit assez indifféremment arondelle, ou aronde, (Voy. Bestiaire, ms. du R. n» 7989, fol. 181, V* col. 2. — Ibid. fol. 482, R* col. 1 . — Eust. Desch. Poës, mss. p. 310, col. 3. — Id. ibid. p. 320, col. 3. -^ Clém. Marot, p. 31 et 228. — Id. p. 26, etc.) Anciennement, on désiroit d'être arondelle y comme aujourd'hui l'on désiroit d'être petit oiseau, pour satisfaire à l'impatience de voir la Beauté qu'on aime. Varondelle étoit même la messagère des Amans. Oeus 1 c*or Itist mes cuers arondelle Por tost Toleir, s'ou yairait celle Por oui me covendroit morir, Se vertus n'i puet avenir. Cbani. fr. MS. de Berne, n* 389, part, n, fol. 3. V*. Vole, mi arotidèle, La Blondete saluer  qui tous mi penser sont ; Hélas ! je n'i ose aler : S'en sospir de cner parfont. Ane. Poét. fr. MSS. vmi 1300. T. H. p. 644. Si l'hirondelle obtenoit quelquefois la préférence sur le rossignol pour les messages amoureux, c'étoit sans doute par la rapidité de son vol, à laquelle on a comparé le ravissement de la joie dont on étoit - transporté, en disant : ...... Ma joie est plus isneUe Qu'en l'air ne vole arondelle, Tant soit vive. Froissart, PoSs. MSS. p. S60, col. 1. On faisoit encore allusion à la rapidité du vol de l'hirondelle qui attrape sa proie et la mange en vo- lant, lorsque pour designer le goût rapide et volage ' de la Chevalerie errante et de la Jeunesse, dans la jouissance du plaisir, on disoit : « Sont les amours « du Chevalier errant, comparables à V arondelle qui « prend sa proye en voilant. » (Percef. Vol. V.,|fol. 43) Sur le printemps de ma jeunesse foUe Je ressemblois Varondelle qui voile Puis çà, puis là : Taage me conduisoit, Sans peur ne seing, ou le cueur me disoit. Clém. Marot, p. 96. La signification de ce proverbe, une hirondelle ne fait pas le printemps, étant connue, il suffît de remarquer qu'on le trouve dans les Poës. d'Amadis Jamyn, fol. 193. On disoit aussi : « une arondelle « n'ameine point l'Esté. » (Contes de Cholières, fol. 107, Y».) On attribue beaucoup de vertus à la pierre i'aron- délie, autrement nommée chelonite (i), du nom [grec de l'hirondelle, et chelidoine en ces vers : Célidoine est bone, nun bêle : El ventre creist de Varundelle. Marbodas, de Gemm. art. xvu. col. 1654. Qui t'aura pierre d'arondelle ; Ce sera vous garde ûdelle Des honneurs de la chasteté. Car en vous les bontez extrêmes, Les vertus et les grâces mesmes, Ont basti leur féUcité. Poés. de R. Bellean, T. 1. part. I. fol. 59. V. Il est évident ({xx! arondelle. dans les significations relatives à ridée de rond, est le même que rondelle. (Voy. Rondelle.) VARIANTES : ARONDËLE. Bestiaire, MS. du Roi, fol. 1S2. Arondelle. Chans. fr. MS. de Berne, n* 389, p. ii, fol. 3. AuRONDELLE. Eust. Desch. Poës. MSS. p. 488, col. 1. Arundelle. Marbodus, de Gemmis, art. xvii, col. 1654. Harondèle. Monet, Dict. Harondelle. Âpoloffie pour Hérodote, p. 491. Hérondelle. Dict. de Irévoux, au mot Hirondelle. Htrundelle. Cotgrave, Dict. Arondelet 9 subst. masc. Petit d*hirondelle. Diminutif à*arondel qui signifloit aronde, (Voy. Arondel.) variantes : arondelet. Cotgraye, Dict. AnoNDBLAT. DiCt. de Trévoux. Arondelaz. Gloss. lat. fr. du P. LAbbe, au mot Trundinus. (1) La chelonite est une tortue pétrifiée, tandis que la cfiélidoine est une agate, (n. e.) AR JUÈA Jft Arondelier, adj. Qui est propre à Thirondelle. (Voy. ÂRONDEL.) On prétend \\xe Teclair est propre à la guérison et au recouvrement de la vue des petits de rhirondelle, en grec xeiiâol>y. De là cette herbe nommée chélidoine ou éclaire arondeliêre. Là 8*habiUoit de bleu Tôclaire ttrondelière, PoM. d*Aiiuidb JamjB, fol. ^18. R*. Arontéement, adv. En faisant route. En cou- rant, en allant rapidement. (Voy. Arouter.) Il est probable que dans Texpression « chevau- « cher aroiitéement sur Teaue, » l'adverbe arou- téement signifie en faisant route sur le bord de Feau, le long d'une rivière. « Chevauchèrent tant « aroutéement sur Teaue, qu'ilz choisirent Engloiz « de l'autre part : et adonc Caraenloet hasta moult « ses geus^ pour double que Engloiz n'entrassent « les premiers sur le pont. » (Hist. de B. du Gues- cUn, par Ménard, p. 474.) Ce môme adveri)e a signiQé la rapidité avec laquelle on alloit, on faisoit route. Ne puis n*i ot resne tenue ; Ains s'en Tient aroutéement, etc. mtt. de GidllMiM. Rot d'Aofl. MS. du R. •• 6087. M. f46. Aronter, verbe. Faire route, cheminer, aller, marcher. Mettre en roule, faire cheminer, faire marcha*, conduire; se mettre en roule, s'achemi- ner. Suivre en faisant même route. Mettre à la suite. Déduire, proposer par ordre. Ordonner, mettre en ordre, disposer, assembler. On désignoit la rapidité avec laquelle on faisoit route, lorsque dans le sens de Tadverbe aroutée- ment, en courant, on disoit : Es vous Garlon yenu tout abrieré ; Et yit llàrsUes venir tout arouté. liSM.65,R*ed.l. Plus généralement, le verbe arouter signifioit aller, marcher, se mouvoir d*un lieu à un autre en faisant route, eu cheminant, en marchant. Ainz figdt sa bataiUe arouter. Et tous ceux de pié qui là furent : ArtMklesUers premiers s*esmurent. 6.Grârt.llS.f»l.SS4.V. QmsA li bnalsrt de RoussiUon Qui là sus sTest slé bouter, Les Toit contremont arouter, etc. Id. aiid. feL Sit. V. Si|[nor, dist AUxandre, metés vos al cemin. Faites ortmlcr l'osl, les somiers, le carin. Rom. rAtanodr*. MS. da R. ■• OTI, fol. iOB, R* c*L I . C*est dans le sens de mettre en route, faire che- miner, £Eiire marcher, conduire, qu'on lit : « Ber- « Iran mena toutes ses gens à Chalon sur la Saosne, « et delà les arouia vers Avignon. » (Hist. de B. du Guesclin, par Ménard, p. 174.) Sllkit U Rois buder Caroêti soient caietes et sonùer. Aucb, MS. foL se, V col.1. On trouve arrouter avec la signification, mettre en route, dans Cotgrave, Nicot et Honet. Dict Sa oe sens, le verbe arouter étoit souvent réciproque. Jusqulau foiis*du fossé s'artmlent Li bardi qui méhaing ne doutent. G.G«iiirl,]B.fol. 11,V^. Elle voit une «rosse route De gens, qui aroit vers lui s'oroufe. Gaœde U Bign, des Dédaht, MS. fol. 6S.T*. Après aus tout droit s'arouta, Adonaues U\ en moult grant doute ; Jusqu à Paris sivi la route. Vifl dM SainU. MS. d« la Gb^alU, p. SO. Ml. t. Il semble qu'arouter ait signifié suivre, p qu'en tenant la route de quelqu'un, en fài même route, en s'aroutant après lui, on le soit marche à sa suite. En tel manière se franehirent. Après cest fait, d'eus se ^Mulirent, Les uns les autres aroutantt Vint et trois mU hommes ou tant. 6.Gaivt,llS.fol. 141,V^. Dans une signification analogue, on aura dit des chevaux étoient aroutés lorsqu'ils étoient n la suite les uns des autres ; que des chasseur leurs chiens étoient aroutés à un cerf, et tout ; plement aroutés lorsqu'ils étoient mis sur la ^ et par conséquent à la suite du cerf. « Se dép « rent d'Ouzac... et se meirent au chemin... tej « arroutés leurs chevaux, comme marchans v « riers. » (Froissart, Vol. III, p. 282.) « Au< « chiens couranz sont qui crient et janglent, q « sont lessiez courre, aussi bien quant ne « aroutéSj comme font quant sont aroutés. » (Cb de Gaston Phébus, ms. p. 128,) A un ^rant cerf sont arouté ; Et li cien furent descouplé. Fabl. MS. dn R. n- 79». fol. 48. V^ edl. 1. Au figuré, arouter des faits, c*étoit les ééA\ les mettre à la suite Tun de l'autre, en les dé sant, en les proposant par ordre. Un Qer i ot qui lor raconte Les cas, les griex et les meffiûi Qui d'Engerrant estoient fez Cil un & un les ar routa; Engerrant moult bien Teseonta. Hist. de Fr.«BTen.àUntttodaBom.deF«nrel.llS. diiR. irSSIi»! Les idées d*ordre et de suite étant analo^ est possible qu'en généralisant la signifia à^arouterj mettre de suite, on ait dit, i* en nai d'une compagnie dont la marche étoit noblei ordonnée, qu'elle étoit noblement aroutée : Lors est la route acheminée, Et moult noblement aroutée : Deus et deus moult bel chevauchoient, Dames et ChevaJiers chantoient. CléoiMdèt. HS. &» Gdfiwl, fol. 57. R- €tL 2* En parlant d*une troupe mise en ordr bataille, aune troupe disposée et assemblée marcher et combattre en ordre, qu*elle étoit i iée : « Bertran.... prist dix mil Espaignolz.... ( « arouta sur une rivière qu*i1s avoient au d (Hist. de B. du Guesclin, par Ménard, p. 200.) Puceles tait arouter Parmi les prés : lances porter Lor a fut cent. (Ta pas trives demandé : Sans arester, vait, por jouster Droit à lour gent. AM.PoM.fr.llSs!. «▼. 1300, T. m. p. iiK flC IK 3* En parlant d'une flotte disposée et aasea Ml -»< en ordre pour faire roule, qu'elle étoit ajoutée : > Ils tirèrent leurs voiles amont,... et nagèrent ■ Unt en mer.... qu'ilz viudrent en Flandres. Si • amnilerent leurs vaisseaux , et les meirent • en bon convenant, et vindrent assez près de . Cagant. • (Froissart, Vol. I, p. 40.) 4* Enfin , par une extension singulièrement abusive, le verbe arouter a désigné une disposi- tion, un assemblage de fleura, pour le plaisir de la vue et de l'odorat. .... En beaux raiaeeauB vers et gens De gTouselJers, Dcbent et boutent Lea violettes et arroulent. Pour mieulz veoir et oudourer. Pniun^, Poû. HSS. p. 4». col. 1. On terminera cet article, en observant qu'il est possible que le mot route ait signifié troupe, parce Su'une multitude de gens attroupés étoit regar- ée comme faisaut roule et marchant ensemble, comme faisant route et marchant dans un certain ordre. (Voy. Boute.) àROUTER. Cléomadès, MS. de Gaignat, toi. 66. Arosteh. Rom. d'Alexandre, MS. du R. n° 6067, toi. 170. AnO'n». Rom. de Floiremont, MS. du R. (ol. 7. Ahrouter. Villebard., p. 46. — Froiesart, vol. III, p. S8S. Aroy, subst. masc. Instrument de labourage. Espèce de charrue , comme l'areau. • Le cinge < ne garde point la maison comme ung chien; il • ne tire pas Varoy comme le bœuf; etc, » (Rabe- lais, T. I, p. 255. — Voy. Areau.) Arpent, subst masc. Etendue mesurée de terre, de bois, de pré, de vigne, etc. Rôle, feuillet d'écri- ture. Les orthographes d'ar'aptfnnis qu'on altéroit en écrivant agripennis, agripentum, arvipendium, etc. ont varié comme les opinions sur l'origine de ce mot que, d'après le témoignage de Columelle(lj, on croit être Celtique, et par conséquent commun aux Gaulois, aux Teutons, aux Flamands, etc. On trouve dans les îoix des Wisigolhs et des Bavarois, dans les œuvres de Grégoire de Tours, dans les anciennes formules, etc. qn'arpenlum, aripennis ou arpennis signifiotl ce <|u'(%n langage flamand signifie le mot composé aerpant, que Volssius définit en l^tin, relativement a l'étymologie Teu- tone et Gauloise : • Quicquid certo termioo circum- • seplum, certus terrœ ambitus. > (Voy. Du Cange, Gloss. lat. T. I, col. 624 et 625, au mol Arapennis. ~ Spelman, Gloss. Archaiolog. au mot Arpennis. — Pasquier. Recherches, liv. viu, p. 657. — Ménage, Dict. Etym. — M. Court de Gebetin, Dict. Etym. de la Lang. Pr. — Volssius, Etym. Ling. Lai. au mot Arvipendium. — Dict. de Trévoux.) On sait combien l'étendue, la mesure de terre 3u'on nomme or/jcnt. diffère d'une province à l'autre u Royaume. La coutume plus forte que la raison, s'est si opiniâtrement opposée à ce que la mesure Itxée par le Souverain devint générale, qu'on déses- f- AR père de voir s'accomplir le vœu de Beanmenoir, jurisconsullfi du xm* siècle. Il se plaignoit de oe que la ■ droite mesure du Souverain étoit corom- < pue en pluriex lieux, par acoustumancbe et par > soulTranche de Seigneurs, qui avoient baillé leur» ■ hiretage à cens ou à rentes, et les avoient livr^ • par convenances à leuis tenans, & une mesure . différente de V arpent le Roy, contenant cent • verges de vingt-cinq pieds la verge. C'est, disoit-îl ■ U drois arpent le Roi; et à tel arpent deusl-OB • mesurer tous les hiretages qui par arpent se > mesurent : mes les acoustumances de lonc tans ■ le corompent. ■> (Voy. Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, chap. xxvi, p. 135 et 136.) La même Coutume Jusliflela remarque de Spcd- man sur l'usage du mol arpent, restreint à la signification de mesure de bois, de pré, de vigne, de jardin, lorsque la mesure de terre labourable étoit désignée par des noms relatifs à ceux de la mesure de grain nécessaire pour ensemencer une certaine étendue de champ. • 11 semble mer- « veille, dit Beaumanoir, que l'en fit ancienne- ■ ment la mesure de terre selon la mesure dou • grain. Car aussint comme l'en conte douze mines ■ de bled pour un mui de bled, tout aussint l'ea • conte douze mines de terre pour un mui de terre; • et si voit-on clerement que, peu s'en faut, l'en > semé une mine de terre de une mine de bled. • Ainsi la mesure de terre suit celé dou bled. • Quant aux bois, vignes, aulnois, jardins et prés, ■ on les mesure communément par arpens, et nos « par minées, comme les terres. • (Voy. Coût, de Beauvoisis, chap. xxvi, p. 135, — Spelman. Gloss. Archaiolog. — Du Cange, Gloss. lat. T. I, col 625.) Cette distinction à laquelle on se conformoit assez généralement, dans les temps dont parlent Spelman et Du Cange, étant négligée, on a déQnï l'arpent ; > certaine étendue de champ, vigne, pré, • bois, de diverse mesure, ei) divers lieux de ' France, la grande mesure par laquelle sont rae- • surées les terres, vignes, prez, î>ois et autres ' héritages. » (Voy. SicotetMonet. Dict.jLa- mesure royale, ou Varpent tel que l'ont flxé les Edits d'oc- tobre 1557 el de mars 1566, à cent perches, et la pejche vingt-deux pieds, qui font deux mille deux cents pieds en carré. II est probable que relativement à l'idée de l'éteo- due en carré de Varpent en général , on aura désigné par ce mot arpent, un rôle, un feuillet d'écriture, • Touttes escriptures comme d'infor- ■ mations, éxaminations, demandes, responses, • replications, raisons de droit; d'un ar^enl d'es* ■ criture, douze deniers. > (Etat des Ofilc. des D. de Bourgogne, p. 305.) Arpentaqe, mbst. masc. Hesurage de terres. La mesure faite ou prise d'un terroir, d'un héri- tage (Cotgrave et Nicot, Dict. — Voy. ARpraTEUitT.j rt) An Uttb V, chapitre \". On peut encore voir l'Anthologie latine de BurmaDU, U, 650, et ForcsUioi. Va auteur dw -* .,™.™, AR -^166-^ jm Arondelier, adj. Qui est propre à l'hirondelle. (Voy. Arondel.) On prétend ^|ue Teclair est propre à la guérison et au recouvrement de la vue des petits de l'hirondelle, en grec x£Xiâ6y, De là celte herbe nommée chélidoine ou éclaire arondelière. Là 8*habiUoit de bleu Téclaire arondelière. PoM. d'Aouidb lamyn, fol. \18, R*. Aroutéement, adv. En faisant route. En cou- rant, en allant rapidement. (Voy. Arouter.) Il est probable que dans l'expression « chevau- « cher aroutéement sur Teaue, » l'adverbe arou- téement signifie en faisant route sur le bord de l'eau, le long d'une rivière. « Chevauchèrent tant « aroutéement sur Teaue, qu'ilz choisirent Engloiz « de l'autre part : et adonc Caraenloet hasta moult « ses geus^ pour double que Engloiz n'entrassent « les premiers sur le pont. » (Hist. de B. du Gues- cUn, par Ménard, p. 474.) Ge même adverbe a signifié la rapidité avec laquelle on alloit, on faisoit route. Ne puis n'i ot resne tenue ; Âins s'en vient aroutéement, eto. Hist. de GulUmme. Roi d'Angl. MS. du R. n* 6987. fol. f46. Arouter, verbe. Faire route, cheminer, aller, marcher. Mettre en route, faire cheminer, faire marcher, conduire ; se mettre en route, s'achemi- ner. Suivre en faisant même route. Mettre à la suite. Déduire, proposer par ordre. Ordonner, mettre en ordre, disposer, assembler. On désignoit la rapidité avec laquelle on faisoit route, lorsque dans le sens de l'adverbe aroutée- ment, en courant, on disoit : Es TOUS Garlon venu tout abrievé ; Et vit Mtursiles venir tout arouté. AoMW, BIS fol. 65, R* ool. I. Plus généralement, le verbe arouter signifloit aller, marcher, se mouvoir d'un lieu à un autre en faisant route, en cheminant, en marchant. Ainz fait sa bataiUe ajouter. Et tous ceux de pié qui là furent : Ârbalestiers premiers s'esmurent. G.Guiart. MS.fol.254.V. Quant li bastait de RoussiUon Qui là sus s'est aie bouter, Les voit contremont arouter, etc. Id. Ebid. fol.2ii. V*. Signor, dist Alixandre, metés vos al cemin, Faites arouter Vosi, les somiers, le carin. Rom. d*Alenndr6. MS. do R. n* MOT, fol. SOS, R* ool. 1. C'est dans le sens de mettre en route, faire che- miner, faire marcher, conduire, qu'on lit : « Ber- « tran mena toutes ses gens à Ghalon sur la Saosne, « et delà les arouîa vers Avignon. » (Hist. de B. du Guesclin, par Ménard, p. 174.) Si fkit U Rois hucier Caroité soient caretes et somier. Ansds, MS. fol. 59, V* col, i. On trouve arrouter avec la signification, mettre en route, dans Cotgrave, Nicot et Monet, Dict En ce sens, le verbe arouter étoit souvent réciproque. Jusqu'au fonz'du fossé B'aroutent Li hardi qui môhaing ne doutent. G. Giiivt,MS.fol. 17,V. EUe voit une ffrosse route De gens, qui droit vers lui a'aroute. Gaœdô la Bign, des Dédaht, MS. fbl. «(, V. Après aus tout droit s'arouto. Adonaues fit en moult grant doute ; Jusqu à Paris sivi la route. Vie dM SainU. MS. ds la GlqfalU, p. M, flol. %. Il semble qn'arouter ait signifié suivre, parce qu'en tenant la route de quelqu'un, en faisant même route, en s'aroutant après lui, o& le suit, on marche à sa suite. En tel manière se franchirent. Après cest fait, d'eus se ^Mulireat, Les uns les autres aroutant^ Vint et trois mU hommes ou tant. G.Gaivt,MS.fol. i4i,V*. Dans une signiflcation analogue, on aura dit que des chevaux étoient aroutés lorsqu'ils étoient mis à la suite les uns des autres ; que des chasseurs ou leurs chiens étoient aroutés à un cerf, et tout sim- plement aroutés lorsqu'ils étoient mis sur la voie, et par conséquent à la suite du cerf. < Se départi- « rent d'Ouzac... et se meirent au chemin... tenans « arroutés leurs chevaux, comme marchans voitu- « riers. » (Froissart, Vol. III, p. 282.) « Aucuns « chiens couranz sont qui crient et janglent, quant « sont lessiez courre, aussi bien quant ne sont « aroufes, comme font quant sont arou^es. «(Chasse de Gaston Phébus, ms. p. 128,) A un ^rant cerf sont arouté ; Et li cien furent descouplé. Pabl. MS. du R. n* 7980. fol. 48. V col. 1. Au figuré, arouter des faits, c'étoit les déduire, les mettre à la suite l'un de l'autre, en les dédui- sant, en les proposant par ordre. Un Cler i ot qui lor raconte Les cas, les griez et les meffaiz Qui d'Engerrant estoient fez Cil un k un les arrouta; Engerrant moult bien Tescouta. Hist. de Fr. oo Ten, à la tuito du Rom. de FauTel, MS. dnR. Q* G8li, fol. 87. Les idées d*ordre et de suite étant analogues, il est possible qu'en généralisant la signification A'arouter, mettre de suite, on ait dit, i* en parlant d'une compagnie dont la marche étoit noblement ordonnée, qu'elle étoit noblement aroutée : Lors est la route acheminée, Et moult noblement aroutée : Deus et deus moult bel chevauchoient, Dames et Chevaliers chantoient. Cléomadès. MS. de Gaignat, fol. 57. R* col. 9. 2» En parlant d'une troupe mise en ordre de bataille, d'une troupe disposée et assemblée pour marcher et combattre en ordre, qu'elle étoit arou- tée : « Bertran.... prist dix mil Espaignolz.... et les « arouta sur une rivière qu'ils avoient au doz. » (Hist. de B. du Guesclin, par Ménard, p. 260.) Puceles tait arouter Parmi les prés : lances porter Lor a fait cent. N'a pas trives demandé : Sans arester, vait, por jouster Droit à lour gent. Ane. Poét. fr. MSS. aT. 4300. T. III. p. 1286 et IMT. 3* En parlant d'un^ flotte disposée et assemblée Ml -« en ordre pour faire roate, qu'elle étoit aroutée : • Ils tirèrent leurs voiles amont.... et nagèrent ■ tant en mer.... qu'ilz vindrent en Flandres. Si • arrovlerent leurs vaisseaux , et les meirent < en bon convenant, et vindrent assez près de • Cagant. » (Froissart, Vol. I, p. 40.) 4' Enfin , par nne extension singulièrement abusive, le verbe arouter a désigné une disposi- tion, un assemblage de fleurs, pour le plaisir de la vue et de l'odorat. .... En beaux rtinBeaue vers et gens De grouselierB, fichenl et boulent Les violettes et orrovtent. Pour mieulz veoir et oudourer. Fraiuwt, roâ. MSS. p. 131, col. I. On terminera cet article, en observant qu'il est possible que le mot roule ait signifié troupe, parce Îu'une multitude de gens attroupés étoit répar- ée comme faisant route et marchant ensemnle, comme faisant route et marchant dans un certain ordre. (Voy. Route.) VARIANTES : AROUTER. aéomadès, MS. de Oaignst, toi. 65. Aroster. Rom. d'Alexandre, US. du R. a°6967, fol. 170. AHOTBR. Rom. de Floiremont, MS. du R. (ol. 7. Abroutkr. Villehard., p. 46. — Froissui, vol. III, p. 98S. Aroy, subst. masc. Instrument de labourage. Espèce de charrue , comme l'areau. • Le cinge . ne garde point la maison comme ung chien; il • ne lire pas l'arotj comme le bœuf; etc, ■ (Rabe- lais, T. I, p. 255. — Voy. Abeao.) Arpeot , mhst. masc. Etendue mesurée de terre, de bois, de pré, de vigne, etc. Rôle, feuillet d'écri- ture. Les orthographes A'arapennis qu'on altéroit en écrivant agripennis, agripentum, arvipendium, etc. ont varié comme les opinions sur l'origine de ce mot que, d'après le témoignage de CoIumelle[l], on croit être Celtique, et par conséquent commun aux Gaulois, aux Teutons, aux Flamands, etc. On trouve dans tes loix des ^Visigollis et des Bavarois, dans les œuvres de Grégoire de Tours, dans les anciennes formules, etc. na'arpentum, aripennis ou arpennis signilioit ce qu'f^n langage flamand signifie le mot composé aerpanl, que Volssius définit en I^tin, relativement a l'éLymologie Teu- tone et Gauloise : • Quicquid cerlo lerminocircum- • septum, certus terrœ ambitus. ■> (Voy. Du Gange, Gloss. lat. T. I, col. 624 et 625, au mol Arapennis. — Spelman, Gloss. Archaiolog. au mot Arpennis. — Pasquier. Recherches, Uv. viii, p. 657, ~ Ménage, IMcl. Etym. — M. Court de Gebelm, Dict. Elym. de ta Lang. Pr. — Volssius, Etym. Ling. Lat. au mot Arvipendium. — Dict. de Trévoux.) On sait combien l'étendue, la mesure de terre 3u'on nomme orpen(, diffère d'une province à l'autre a Royaume. La coutume plus forte que la raison, s'est ai opiniâtrement opposée à ce que la mesure fixée par te Souverain devint générale, qu'on déses- f- AR ^re de voir s'accomplir le vœu de Beaumanoir, jurisconsulte du xm* siècle. Il se plaignoit de œ que la » droite mesure du Souverain etoit corom- ■ pue en pluriex lieux, par acoustumanche et par •■ souffranche de Seigneurs, qui avoieut baillé leur» • hiretage à cens ou à rentes, et les avoient livres > par convenances à leuis tenans, à une mesure > différente de Vatpent le Roy, contenant ceot ■ verges de vingt-cinq pieds la vei^e. C'est, disoit-ii • li drois arpent le Roi ; et à tel arpent deust-OD ■ mesurer tous les hirctages qui par arpeat ae ■ mesurent : mes les acousLumanc-es de lonc tans ■ le corompent. > (Voy. Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, chap. xxvi, p. 135 et 136.) La même Goulume justifie la remarque de Spel- man sur l'usage du mot arpent, restreint à la signification de mesure de bois, de pré. de vigne, de jardin, lorsque la mesure de terre labourable étoit désignée par des noms relatifs & ceux delà mesure de grain nécessaire pour ensemencer une certaine étendue de champ. • 11 semble mer- < veille, dit Beaumanoir, que l'en fit ancienne- ■ ment la mesure de terre selon la mesure dou • grain. Gar aussint comme l'en conte douze mines ■ de bled pour un roui de bled, tout aussint l'en • conte douze mines de terre pour un mui déterre; « et si voit-on clerement que, peu s'en faut, l'en < semé une mine de terre de une mine de bled. • Ainsi la mesure de terre suit celé dou bled. • Quant aux bois, vignes, aulnois, jardins et prés, • on les mesure communément par arpens, et noB , > par minées, comme les terres. ■ (Voy. Coût, de Beauvoisis, chap. xxvi, p. 135. — Spelman. Gtoss. Archaiolog. — Du Gange, Gloss. lat. T. I, col 625.) Cette distinction à laquelle on se conformoit assez généralement, dans les temps dont parlent Spelman et Du Cange, étant négligée, on a défini l'arpent ; « certaine étendue de champ, vigne, pré, ■ bois, de diverse mesure, eq divers lieux de • France, la grande mesure par laquelle sont me- • surées les terres, vignes, prez, bois et autres > héritages. > (Voy. NicotetHonet. Dict.)La mesure royale, ou l'arpent tel que l'ont fixé les Edits d'oc- tobre 1557 et de mars 156C, à cent perches, et la peiche vingt-deux pieds, qui font deux mille deui cents pieds en carré. Il est probable que relativement à l'idée de l'éten- due en carré de l'arpent en général, on aura désigné par ce mot arpent, un rôle, un feuillet d'écriture. ■ Touttes escriptures comme d'infor- • mations, éxaminalions, demandes, responses, « replications, raisons de droit; d'un arpenl d'es- > cnture, douze deniers. ■ (Etat des Ofllc. des D. de Bourgogne, p. 305.) Arpentage, subst. masc. Hesurage de terres. La mesure faite ou prise d'un terroir, d'un héri- tage (Cotgrave et ISicot, Dict. — Voy. Arpkntehbnt,) AR -I Arpentement , subst. masc. Hesurage Tde lerres. La mesure qu'on fait on prend d'une terre, l'action de la mesurer par arpents, (Cotgrave, Dict. — Voy. Abpestace et Abpentehie.) ■ Arpenter, verbe. Marcher à travers champs; marcher vite et à grands pas. On marche à travers le champ qu'on arpente, qu'on mesure en le par- courant; et naturellement on marche vite et à grands pas. De lu, le verbe arpenter encore usité en style familier dans le sens de courir, parcourir, aura* sigaifié relativement à l'idée de marcher à ■ travers champs, et à grands pas, le désordre et la vitesse de la fuile des Vdnilieus et des Milanois, après leur défaite par te roi Charles VIII, à la journée de Fornoue. « Tous fussent tuez ou blessez, ■ s'ils n'avoient plutosl arpetilé, en se sauvant à la ■ fuite, que ceu?; qui les chassoient de si près; et ■ mesmement ceux de cheval, ausquels la meilleure • pièce... de tout le harnois qu'ils portoient, fut... • la pointe de leurs éperons. > (André de la Vigne, Voyage de Naples de Charles VIII, p. J07.) Arpenterie, subst. fém. Art de mesurer les terres. Mesurage des terres. Ce mot que Nicot définit au premier sens, art et science de mesurer les terres, signifie la même chose qu'arpentemeni, mesurage des terres, dans Cotgrave, Dict. Arqnebusade, subst. fém. Coup d'arquebuse, Portée d'arquebuse. Arquebuse. Anciennement le mot arquebrisade signifloit non seulement, comme aujourahui, coup d'arquebuse, l'envoi d'une halle d arquebuse, mais la blessure faite par le coup d'arquebuse. (Voy. Monet, Dict.) La portée d'une arquebuse se nommoit aussi arquebusade. (Voy. Mémoire de Monlluc, T. f, p. 142. — Essais de Montaigne, T. HI, p. 504, etc. — Monet, Dict.) G'elott par ignorance ou par oubli de la première signification de ce mot, que plusieurs Ecrivains, et même des Gens de guerre, disoient arquebiKade pour arquebuse. • Soudain qu'il fut hors de la tren- ■ chée, fut.... frappé d'un mosquet ou arquebtisade — à croq. ■ (Du Bellay. Mém. liv. i, fol. 309, R-.) En disant coup â' arquebusade, on s'exprimoit, dit Brantôme, très-improprement ; car le coup d'arquebuse se nomme arçue(tti5a(/e. > Les Italiens ■ et les Espagnols desquels nous avons appris et ■ emprunte le mot arquebusade, ne font tetles in- « congruitez; mesme je les ai veu faire à aucuns de ■ nos gens de guerre. > (Brantôme, Cap. Fr. T. IV, p, 328. — Voy. Arquebuse.) VARIANTES : ARQUEBUSADE. Orth. eubsiat. Nicot et Monet, Dict. Arqukbousade. CoUrave, Dict. Ahouebuzade. EasEus de Montaiene, T. III, p. 504. Harquebousade. Harquebusadb. Cctgrave, Dict. Arquebuse, subst. fém. Espèce d'arme à feu. L'arme à feu que dans le cours du ivr siècle, on nommoit encore assez indifféremment hacquebute Ou arquebuse, parolt n'avoir été connue flans le IV siècle que sous le nom de hacquebute. On a B- AR même quelques raisons de croire que ce fut un nom primitif auquel on substitua celui d'arçuefttue. Dans les Œuvres de Holinet, poète du ir* siècle; dans les Annales de Jean d'Auton, an 1500 et 1507 ; dans les Lettres de [..ouïs XII, an 1510 et 1511 ; dans l'Histoire du chevalier Bavard, an 1524 ; dans les Poésies de Jean et de Clément Harot, etc., on ne trouve que le nom de hacquebute. Si quelques Ecrivains du ïïi* siècle ont usé alternativement, comme Rabelais, des noms de hacquebute et à'ar- quebuze, c'est qu'ils étoient à cet égard plus indif- fërens qu'un Auteur contemporain pour qui c'étoit une peine de voir que harquebuse prévaloit sur hacquebute. • C'est piLié, s'écrioit-il ; il faut à ceste heure dire harquebuse. • (Voy. Contes d'Eutrapel, p. 315.) Le nom de hacquebute étoit donc un nom primitif, relativement à celui â'arquebuse ; comme l'atteste d'ailleurs le président Fauchet, de qui l'on apprend qu'à la fin du xvi* siècle, < la hacquebute ■ avoil pris le nom de Hai'quebuze, que ceux qui • pensoienl le nom estre italien lui avoient donne. • (Voy. Fauchet, Orig. liv. Il, p. 122 et 123.) Il est probable que faute de connoitre l'origine et la signification de ce nom hacquebute, on aura cru devoir y substituer celui d'arquebuse, en imi- tant les Italiens qui nommèrent arcobugio, la hacquebute. On chercha dès-lors à justifier la préfé- rence donnée à cette nouvelle dénomination, en disant qu'elle étoit propre fi une arme à feu dont la partie courbe du fût sur lequel étoit monté le canon, figuroit une espèce de demi-arc ; à une arme à feu dont la poudre s'enflammoit par le trou, par la lu- mière du canon, et avec laquelle les combats s'enga- geoienl, comme ils s'éloient plus anciennement engagés avec l'arc et l'arbalète, (Voy. Ménage, Dict. Etym.) C'est d'après ces idées que non-seulement on adopta le nouveau nom â'arquebuse, en italien arcobupio, c'est-à-dire, arc-à-trou ; mais qu'on italianisa l'ancien nom de hacquebute, en écrivant harquebute, arquebute Probablement, ces idées étymologiques auroient paru moins vraisemblables, si l'on eût fait réflexion que t'usagede l'arc el da l'arbalète subsista long- temps après l'invention de la hacquebute et de l'arquebuse; que pour la figure, \a hacquebute ou Varquebuse à croc, plus ancienne que la hacquebute ou I arquebuse à rouet, ne put être raisonnablement comparée à l'arc et à l'arbalète. En efTet, la hacque- bute ou Varquebuse à croc, telle qu'elle est figurée par le P. Daniel, étoit une arme à feu sans crosse, el par conséquent sans aucune ressemblance de courbure avec l'arc el l'arbalète. C'étoit une espèce de petit canon plus ou moins long, monté sur un afTiit en forme de trépied. On le nommoit hacque- bute ou arquebuse à croc, à cause d'une espèce de croc qui étoit fondu avec la pièce. (Voy. Daniel, Mil. Fr. T. 1, p. 462 et 466.) On ol)servera qu'il auroit été bien plus simple de conserver i cette espèce d'arme à feu, de moyen calibre entre les plus petits canons et le mousquet, le nom plus ancien de hacquebute, qui, s'il est AR - iw- AH réeUement formé des mots allemands hacke et buchse, comme le croient quelques Etymologisles, signifiot seul canon-à-croc. (Voy. Skinner, Eljrm. ling. Anglic. au mot Harquebuss. — Ménage, Dict. Etym. au mot Haguebute.) Il est possible que Tigno- rance de cette signification littérale ait fait imagi- ner que hacquebute étoit synonyme d'arquebuse, en italien arcobngio ; et que comme on disoit ar- quêbtise à croc, il falloit dire haquebute à crochet. « Après avoir gaigné le haut des tours et de la mu- ■ raille, feit si bien son devoir à coups d'arquebuse * et d'arquebuse à croq, etc. « (Du Bellay, Mém. liv. vni, fol. 262.) « Pistoies sont petites arquebuses « qui n'ont environ qu*un pied de canon ; et tire « l'on avecques une main, donnant le feu avecques « le rouet, » (Id. ibid. liv. x, fol. 334, V ^ — Fauchet, Orig. liv. II, p. 123.) « Sur les murailles de la ville, « es creneaulx, y avoit quatre cents pièces de hoc- « quebutes à crochet^ toutes montées. » (Du Bellay, Mém. T. VI, p. 347.) « Les aucuns avoient picques; « les autres, hallebardes ; les autres haqu€butes et « espées à deux mains. » (Id. ibid. p. 342.) « Suy- » voyent les jeunes enfans Marchans de la ville,.... « la hacquebute à Tarçon de la selle. » (Id. ibid. p. 378 et 379.) Il résulte de ces différons passages, qu'au com- mencement du XVI' siècle, on n'avoit déjà plus égard à la signification étymologique du nom hacquebute^ cest-à-dire, canon-à-croq, et qu'on le confondoit avec celui d'arquebuse, c'est-à-dire, arc-à-trou; puisqu'il désignoit les arquebuses à mèche, les ar- Suebuses à rouet, même les pistolles ou pistolets arçon, et que pour signifier une arquebuse à croc, on croyoit devoir dire hacquebute à crochet. (Voy. Hacquebute (1).) variantes i ARQUEBUSE. Orlh. sub. - Colgr., Nicot et Monet, Dict. Arquebouse. Rabelais, T. I, p. "lia vjpoiogie pour Hérodote, d. « Harqebuse. Du Bellay, Mém. liv. x, fol. 334, V«. Arquebutte. Mém. de R. de la Marck, MS. p. 127. H ARQUEBOUSE. ApoIogle pouF Héi'odote, p. &Q. Harquebutte. Id. ibid. liv. vu, fol. 330, R«. Harquebuze. Nicot, Dict. au mot Haquebute. Arquebuser, verbe. Tirer une arquebuse. Tirer de Tarquebuse. Le verbe arquebuser, dont l'accep- tion encore usitée se trouve dans Colgrave et Mo- net, signifloit aussi tirer une arquebuse, tirer de l'arquebuse. (Voy. Cotgrave, Dict.) variantes : ARQUEBUSER. Orth. subsist. - Monet, Dict. Harquebuser. Cotgrave, Dict. Arquebuserie, subst. fém. Nom collectif d'ar- quebuses. Nom collectif d'arquebusiers. On a la preuve que les arquebuses, même les arquebuses à croc, dont le canon étoit si gros et si pesant (2) qu'on ne s'en servoit guère que pour tirer de derrière les murailles d'une place, n'étoient point comprises sous la dénomination générale d'artille- rie, et qu'on lesdistinguoitdes pièces d'artillerie, des pièces de batterie. (Voy. Mém. de Rob. de la Marck, Seig»- de Fleuranges, ms. p. 127, 420 et 421.) Delà, arquebuserie, comme nom collectif d'arquebuses, distingué d'artillerie. « On ne tirera l'artillerie, har- quebuserie, ny autres choses, l'un contie l'autre. » (Brantôme, Cap. Fr, T. I, p. 413.) « Estoient les a maisons de la ville assez près des murailles où « les Suisses avoient înis toute leur arguebutterie « et quelques pièces d'artillerie. >» (Mem. de Rob. de la Marck, Seig' de Fleuranges, ms. p. 174.) C'étoit aussi le nom collectif d'arquebusiers, comme en ces passages : « Le Mareschal de Biron... « débanda son arquebuserie pour l'attaquer. » (Brantôme, Dames illustres, p. 264.) « Furent défaits « par l'Infanterie et Ilarquebuserie, pour s'estre.... « engagez.... dans certains petits marêts.... où « Ton les tiroit comme à canards. » (Id. Cap. Fr. T. m, p. 56 ) On croit nouveau Tusage d' arquebuserie, dans le sens de métier d arquebusier. (Voy. Arquebuse.) VARIANTES I ARQUEBUSERIE. Brantôme, Dames illustres, p. 264. Arquebutterie. Mém. de Rob. de la Marck, MS. p. 174. Harquebuserie. Brantôme, Cap. Fr. T. I, p. 413. Arquebusier, subst. masc. Les acceptions usi- tées d arquebusier ayant toujours été les mêmes, depuis que ce mot existe dans notre langue, il suf- fira de renvoyer à l'article Arquebuse, pour savoir d'après quelles idées on a pu imaginer d'altérer le nom de hacquebute et de l'assimiler à celui d arque- buse, en écrivant harquebute, arquebute ; d'où ar- quebuterie pour arquebuserie, et harquebutier pour arquebusier. (Voy. Arquebuse et Arquebuserie.) Si Ton en croit Cotgrave, la signiflcation de harque- butier et harquebusier étoit quelquefois la même a ne celle d'arquebusade, coup d'arquebuse. On in- iquera quelle peut être la cause d'une explication qui paroit hasardée. (Voy. Hacquebutier.) VARIANTES : ARQUEBUSIER. Orth. sub. - Nicot et Monet, Dict. Harquebousier. Rabelais, T. I, p. 264 et 289. Harquebusier. Cotgrave, Monet, Dict. (i) Le mot primitif était haquebute, dont Tétyroologie est indiquée au courant de l'article: Haken, croc, et Bûchse, canon d'arme à feu. Haken a encore donné hache, et Bûchse est une altération du mot latin pyxts, qui lui-même est devenu boite. Les Italiens transformèrent haquebute en arco bugio, arc à trou ou arc creux (Arioste, au chant IX de Roland furieux, rappelle ferro bugio). Enfin, pendant les guerres de Charles VIII, de Louis XII et ae François I*% nos soldats se mirent à récole des Italiens pour rapprendre le français, et ces braves, qu'on n'appela plus « li proz e li vaillanz, » nommèrent leur haquebute, arquebuse, comme leur haubert, cuirasse. La haquebute apparaît pour la première fois aux mains des Suisses et des Allemands qui aidèrent les Lorrains à défendre Nancy, en 1475 (voir Chronique de Moulinet, de 1474 à 1504). Comines la commencement du xvi* siècle apparaît Varquebuse à mèche, transformée plus tard en arquebuse à rouet ; enfin , môme •après radoption du fiîsil, on employa, pour le tir à la cible, Varquebuse butière. (n. b.) — (2) En plaine, on se servait d'un chevalet pour épauler Varquebuse; les chasseurs tyroliens, pendant la campagne de 1859, usaient encore d'une fourchette pour appuyer leur carabine, (n. b.) u. 22 AR Harqcebuzier. Nicot, Dict, au mot Haqxiebuficr, Arqain, subst. masc. Fonte. Métal composé de cuivre, d'élain el d'antimoine, li semble que Rabe- lais faisoil allusion à l'usage de l'aiilimoine, (Rabelais, T. II, p. 279 et 281. — Voy. Alquimi et ALorisioLE.) Arrabler, verbe. Tirer avec force et violence; ravir, piller. Lorsqu'on a la preuve qa'arable, en latin arabilis, s'est prononcé et écrit araule, on ré- pugne moins à croire qa'arauler pourroit être une altération d'arabler, en ces vers où le verbe arauler paroit désigner la force et la violence, avec les- quelles un taureau perce de ses cornes le ventre d'une bête monstrueuse, el en tire les entrailles. Bien trois quartiers ou quatre du ventre li desmaule, Que toute sa coraille (1) à terre U araule. Fibl. lis. ta R. n- 7118. fol. 3U, »• col. 1. Quoi qu'il en soit, le verbe ai-ablei- que l'on croit altéré dans arauler, signifioit tirer avec force et violence; au figuré ravir, piller. (Voy. Colgrave, Dict. — Contreditz de Songe-creux, fol. 24, V-.) .... Preste, par la grande ardure D'avoii conquerre et arrabter. C'eat celle qui eemont d'embler, etc. Hom. de l> Rote, dlé pv Boni. Dict, p. 10. On voit dans arrabter un de ces verbes qui pei- gnent naturellement les idées de force et de vio- lence, comme arraper et autres, tels qu'arracher qui subsiste, arroger, etc. (Voy. Arapeb.) (2) VARIANTES : ARRABLER. Cotgrave, Dicl. Arableh. Contreditz de Songe-creujt. fol. 24, V°. Arauler. Fabl. MS. du Hoi, n" 7S1B, fol. 344, R° col. 1. Arractiler, verbe. Arracher, déraciner. J'ai ung arbre do la plante d'amours, Enraciné en mon cueur proprement, Qui ne porte fruits sinon de dolours, Feillead'ennuj et fleurs d'encombrement;... Et ei ne puis, pour toute ma puissance, Autre planter, ne celui arrachier. Poil. ■ Il 1. de ViUm, p. 61 el U. Il semble qu'on ait comparé les pattes d'une ancre aux racines par lesquelles un arbre tient à la terre, lorsque pour lever les ancres, on a dit esragier les ancres. Lor ancres ont fors cêragiet. Et lor voiles al vent drecies. Fh. KoukM, HS. p. 4tt. Dana le sens général de notre verbe arracher, ou disoit : ■ Piètre tira une dague.... Le Besgue qui • Vit icelle dague.... lui courut tanlost à la main, et >- AR ' lui £«rac/ia > [Hist. deB-duGuesclio, par Nénard, p. 371.) Ains me laii'oio à cbevax traire El tous 4es membres arraigier, Morir, el la leste tranchler. Aibig, ICS. fol. s. Vcol. I. Probablement, cette acception générale est une extension de l'idée de violence avec laquelle on arrache un arbre ou une plante qui tient â la terre par la force de ses racines (3), (Voy. Auhableh et Arrager.) variantes : ARRACHIKR. Poës. A la suite de Villon, p. 63. Arechier. Fabl. HS. de Berne, n> 354, fol. 141, V* col. 1. Abrager. Fabl. MS. de S'-Gerra. fol. M, R» col. 3. Arraigier. Atbis. MS. fol. 5. V< coi. 1. Arrecheb. Eust. Desch. Poës. MSS. p. 538, col. 4. Arrescheb, Id. ibid. p. 6G, col, 1. EsRACER. Ane. Poës. Fr. MS. du V. n° 1490, toi. 1S8, R*. EbRACHRR. Lanc. du Lac, T. I, fol. 158, V° col. 3. Ebrachier. Ane. Poës Fr. MS. du V. n" 1523, fol. 152. EsRAOïER. Ph. Houskes, M 5. p. 423. Arrager, vei-be. Eniager. [Voy. Arragerie.) On a designé l'homme méchant que la mort arrâte dans le progrès de aa méchanceté, en disant proverbia- lement et par comparaison : Dans le sens figuré, le verbe arrager êloit l'ex- pression rapide et forte de la violence de certaines passions physiques el morales qui nous agitent et nous transportent. Le mal de dents est une rage. Quant il espoint, il convient erragier, Entl. Deuh. roét. USS. p. 117 col S. En graot torment Siii ; trop la truis sauvaige. Si l'aim durement Ane Potl. 1/i. ilSS. mal IWO. T. Ul, p. IW7. VARIANTES : ARRAGER. Briton, des Loix d'Angleterre, fol. 17. Araoer. PartOD. de Blois, MS. ds S<-G. fol. 166. Erbagier. Eust. Descb. Poës. MSS. p. 217, col. 3. Erbajeh. Ane. Poës. Fr. HS. du V. n' 1490, fol. 66. Erbaigieb. Ane. Poët. Fr. MSS. avant 1300. T. 111, p. 1007. ESRAIOEB. Id. T. III, p. 1047. IV. 1300, T. IV, p. 1304. Arragerie, subst. fétn. Rage. Ce mot, qu'on trouve au propre dans Gace de la Rigne. des Déduits, MS. fol. 78, signifloit au figuré l'effet rapide el vio- lent d'une passion telle que la colère, le désespoir, etc. • Courroucez estoienl durement de ce que les • Escossois avoient ainsi victoire Si avoient • ainsi comme par airaigerie tait attacher, etc. • (Percef. Vol. 1, fol. 116. — Voy. Esragerie.) VARIANTES : ARRAGERIE. Gace de la Bigne, des Déduits, HS. fol. 7a Abraigehie. Percer. Vol. I, fol. 146, R* col. S. Arramie, subst. fém. Obligation, gage de ba- taille, combat judiciaire. Tencon, combat d'esprit. (1) La cofirée, c a oerlaines provinces, (n. k.) — <3) Arrabler ei n dérivé de râble, barre de fer q«i _._ r... ^ , ,_ ,^^^ classique m, swfouette, AR -> Défi, rivalité, amour-propre, désir de supériorilë, ■ aniraosité, colère, haine. Engagement serment, promesses, garanlies. elc. (Voy. Arramir.) On connoit l'ancien usage de ces combats judi- ciaires dont l'événement a longtemps et trop souvent décidé les affaires criminelles et civiles. L'obligation de combattre se contractoit par les Parties, en donnant et acceptant réciproquement leur gage; et cette obligation ainsi contractée, même le combat auquel on s'étoit ainsi obligé, se nommoit arramie. « Faisons cognusaant à tous.... • que des arramies des champs et des batailles, • nous avons recogneut..., c'on ne les doit faire . aillors, maiques en la Court de l'ostel nostre - signour l'Evesque de Metz. ■ (D. Carpentier, Suppl. Glosa, lat. de Du Caiige, T. I, col. 75; tit. de 1299.) • Requist as Mareschaus aue il fust recreu à . revenir k une certaine journée pour poursiever « les dis gages et le dite aramie, liquele recréanche . li fu faite. » (Beaumanoir, Cont. de Beauvoisis, notes, p. 450; tit. de 1319.) Il est évident qu'en ce même titre, raamie est une fafule pour aramie, dont arannie paroit être une autre altération. Probablement les Poètes qui s'obligeoient, en présence des Juges des Cours d'Amour, à prouver dans leurs tenions, la vérité ou la fausseté d'un principe en galanterie, auront désigné ces tenions ou combats d'esprit par le mot arramie, en les comparant aux déns de nos anciens Chevaliers, à cescombatsdans lesquels ils s'obligeoient à prouver Êar la supériorité de leur courage, celle de la eauté qu'ils servoient. Damoiselln Œude enseignie, isn. Col. leo, H* *nt 1300, T. II. p. M3. Les défis, si usités dans les tournois et dans les combats, en annon^^ant une rivalité qu'on s'obligeoit à justifier par le sort des armes, intéressoicnt l'amour-propre, irritoient le désir de la supériorité, tixcitoiont l'animosité, la colère, la haine. De là, les acceptions analogues du mot arramie qui aura signifié en général, haine, animosité, colère, désir (le supériorité, amour-propre, rivalité, défi. Por Keu certes net (az-je niie ; Aine le faz par fine aramie. Et OÊX BraDt ira et par onui. nbl. US. do R. D- 7118, M. 1, n- col. 9. Andof s'en Tiea«nt iriâ, par ai _ , Gnns cols ee flërent, ne s'épargnierent a Anwb, US. M. W, V- sol. 1. Et li Grilois cevalcent irié, I- AR Cil cor sonent, par aramie. Que mes n'i Tace couardie. _--^ ^ 3^ d* ThihM, MS. do R. n- BWI. rsl. SI, V ool. i. On croit'que dans les trois demièies citations," l'expression par arramie signifie à l'envi, à qui mieux mieux : par conséquent, des idées relatives à la rivalité, ù un désir de supériorité. L'animosité el la haine sont malheureusement si naturelles ft l'un et à l'autre, qu'où a souvent raison de douter si le mot arramie, dans nombre de passages, dési- ç;ae la rivalité, ou la haine des rivaux ; te désir de la supériorité, ou l'animosité de ceux qui se la disputent avec l'ambition de l'acquérir, ou de la conser\er. C'est relativement aux différentes façons de con- tracter une obligation, qu'arramtë sigoifioit enga- gement, serment, promesse, garantie, etc. Là assemblent entrent detis rens, Sanz aramie de parans; Et li tornoiement assamble. Fibl. HS. du R. ■■ 7015, roi. IIM, R' CBl. S, Ma très douce amie, es fait VI Etjï. Dix a: ■1.316, n-col-l. it iné, par aramie. llâ.dan7B^- «n, rid.lOt,H- ' pain deservi. MlratlMileN. D. HS. du R. n- 6987, .... Ensi l'ai con fol empris: Avec ce je l'ai si apris K'ensiment en fai arannie .- J'ain miex morir par bien amer, Arramier, verbe. Contracter l'obligation de faire une chose. S'obliger, s'engager à une chose, la garantir en Justice. (D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, T. l, col. 75 ; tit. de 1267. — Voy. Ahramih.) Arraminc, subst. fém. Terme de procédure. On soupt^onne que c'est une faute de copiste, qui aura lu airamine pour arramme, dans une Ordon- nance de Philippe V, oti la signification de ce mot est sans doute la môme que celle d'arramme dans les Coutumes de Clermont et de Valois. « Li Prevo« « de Compiegne ne pourra lever que soixante soU • de la plus grosse amende Item, sept solz six . deniers pour une arramine. • (D. CarpentiOT, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange. T. I, col. 75. — Voy. Ahbamme.) Arramtr , verbe. Contracter l'obligation judi- ciaire de combattre, s'y engager; s'obliger, s'en- gager à une preuve par le combat judiciaire. S'obliger, s'engager à faire une preuve en Justice. Engager, attaquer. Faire des efforts, s'efforcer. Jurer; faire serment, promettre avec serment, pro- mettre, engager sa promesse, son honneur, etc. (Voy. ÂBRRR.) On sait que dans les principes de la Jurisprudence militaire et barbare» a laquelle la raison fut long- AH -I temps assujetlie, les gages de bataille étoient comme les arrhes de ces combats judiciaires, par le sort desquels on croyûit prouver la jiisUce ou l'injustice d'une action criminelle, même d'une action civile. De là , l'expression arramir nne bataille, ou an-amir un giige de bataille, qui dans un sens analogue à celui du substantif arrhes, dont le verbe arramir semble être formé, signifloit contracter l'obligation judiciaire de combattre, s'y engager; garantir l'obligation d'une preuve par le combat judiciaire, la cautionner par un gage. " Quant jugement est faussés, et cil ki le fausse ne ■ le piiet prouver par bataille tele coume il l'a ■ aramie; ains en kiet : on doit moult regarder de • coi li plais estoit ; ou de mueble, ou d'irel^e, ou • de crime, ou de servage. » (Conseil de Pierre de Fontaines, chap, xxi, n" xi, p. 120.) • Comme Tho- ■ mas Danoeeust arramiun ^.ige de bataille à l'isle, < contre Mathieu Datin, par devant tes Mareschaux . de France; etc. ■> (Beaumanoir, Coût de Beau- voisis, notes, p. WO; lit. de 1319.) <■ Se gages sont . pouraucunesbarresdequerele.... li vainquierres ■ ne gaaigne fors le barre pourquoi li gages furent ' donné Se un bons demandoit à un autre • cent livres, et chil disoit que cbis jours ne seroit ■ pas venus devant un terme que il nommeroit ù " venir, ou se il allifroit respil, liqaels teiines ou > respit li seroit niés dou demandeur, et chil Vara- • missoit à prouver et li demandierres le véeroit ■ un des tesmoins; se il vainqueroit, il gaaigneroit ■ que li jours seroit venus de le dete; et se il estoit ■ vaincus, chisauroitle respit. • [Id. ibid. chap.Lxi, p. 309.) Lorsqu'à la preuve par le combat judiciaire, on préféroit la preuve par serment, par témoins, ou par écrit, on disoit par extension, quelle que fût la manière de s'obliger, de s'engager à prouver une ctiose, qu'on arramissoil h la prouver, qu'on i'arror missoit à prouvei'. iVoy. Akramme.] « Quicoiique • assaut aulrui de plet, et aramist à prouver les • resons par coi il veut avoir se demande, et aprez « faut de prueve; il faut ù se demande, et est li • deffendierres délivrés. - (Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, chap. xxiix,p. 217.) • Pierres si proposa ■ contre Jehan, que il li devoit dix livres. Jehan • alligua paiemant, liquel paiemans fu niés de ■ Pierres ; et Jean Varami & prouver. Li dis Jehan > amena ses prueves et prouva, etc. • (Id. ibid. chap. xLiii, p. 237.) On généralisoit sans doute l'idée des obligations pour sûreté desquelles on donnoit des gages, lors- (|u'on disoit arramir un tournoi , airamir une joute ; expressions qui semblent désigner les défis Ipar lesquels nos anciens Chevaliers s'atlaquoienl et engageoient leurs combats. Quant il lient l'escu ft s'enarmes. Et il Mt entre deus rens mis, Alni qne tomois soit aramU ; etc. F*bl. HS. «■ B. tf 7SIS, (dT. 164, R* col. I. AR Si tosl com il La joste Tu rooutt aramie. SKp>di!Tni]«»H5. daft n- 0987. Icri. in, V col. t. Il seroit possible que dans un temps où l'on étoillrès-familiarisé avec les idées de ces attaques chevaleresques, on eût affecté de parler le langage de la Clievalerie, en disant (igurement et dans le sens d'attaquer, qu'un homme étoit airami de dou- tatice, que son cœur étoit arrami de meschef. Chevaliers versent en la bourbe, • Con sent de doulance (1) ai-amie; Mes M quens d'Artois n'i va mie. G. Guurt. HS. (01. KO. V. Au grant besoing voit aon amy L'homme ; et ce tray-je i my ; Car cueur de meschet etramij Puis conforler. Pfmr, Vol. U. M. M, R- ul. 1. En proposant un défi et en l'acceplant, on s'eaga- geoit a faire des efforts pour obtenir l'avantage sur un rival. De là le verbe arramir ou s'arramir anra signifié s'efforcer, faire des efforts pour l'exécution d'une chose îi laquelle on étoit engagé, quel que fût le motif de cet engagement. (Voy. Ahhamie.) Il faut lire arami ^oiir aranli dans ces vers : De bien jo-iter sont rii'auli ; . Des écu3 n'ont Dule merci ; Ains i lièrent tant rudement, etc. AUiB. HS. M. H. R- col, i. Là veissiez cevax de tost corre aramir. Et les barons de Gresse durenient enaigrir. Rom.d-Alnuiln, M3. du B. B-W8T. fol. ISO. V al. 3. Les promesses, les sermens, les juremens au nom de Dieu étant regardés comme gages des obligations qne l'on contracte envers les autres ou envers soi-même, on aura dit arramir, pour pro- metlre, promettre avec serment, faire serment : Arramir Dieu et le jurer, pour jurer Dieu, faire serment, s'engager en jurant Dieu, en faisant ser- ment au nom de Dieu, comme on s'engage en promettant, en donnant sa parole. > Se it veut ■ arramir ou jurer que, etc. ■ (Ord. T. 1, p. 275.) . . . Li payens se lont bien arami N'en partiront, a'aront le mur saisi. Anini, MS. M. IT. V »l. 3. Moult les oissiei aramir, Serement faire, et plevir Que por roorir ne ly Tauldront. R.un. d> Bnil, US. M OS, H- col. i tti. ARRAMIR. Du Canae. GIobs. lat. T. I. col. 159. Aramih. Rom. de Brut. HS. toi. 95. Abantib. (Corr. .iramir). Athis, MS. fol. 48, R* col. % Eramih. Roi» ds Rou, MS. p. 303. EsBAMiB. Percef. Vol. II, fol. 8t, R' col. 1. Arramme, subst. fêm. Obligation judiciaire de faire une preuve : action qui oblige à faire cette preuve. On a défini arramme ou aramme : • défaut ■ que fait le deiïendeur de comparoir it l'assi- ' gnation qui lui est baillée par devant le Juge, à la o requête du demandeur; ou congé de Cour que AR — 173 — AR « le deffendeur séjourné obtient contre le deman- • deur, à faute de se trouver à la même assignation « pour soutenir sa demande. » (Voyez Laurière, Gloss. du Dr. Fr. T. I, p. 393.) On démontrera la fausseté de ces déHnitions, en citant les articles mêmes des Coutumes dont on s autorise pour les juslifier. » Quand une personne noble adjournée « par devant le Baillif, gouverneur de Clermont, ou « autre Juge, se laisse mettre en un ou plusieurs « defaux, tel défaillant est tenu payer dix sol parisis « pour chacun défaut, es lieux et jurisdictionsoù le « roturier paye cinq sols parisis; et quinze sols • parisis, es lieux où le roturier paye sept sols six « deniers parisis ; et autant pour chacune erramtne, ■ et pour chacun reclain. » (Coût, de Clermont, au Coût. gén. ï. I, p. 356.) « Es chastellenies et pre- ■ vostez de Crespy et la Ferté-Milon, les amendes « ordinaires sont de soixante sols nerets, qui valent • trente-six sols parisis; et de sept sols six deniers « nerets, valans quatre sols six deniers parisis, « pour la petite amende des reclains, dcfauUs, et « arammes, et du cens non payé. « (Coût, de Valois, ubi supra, p. 391.) Quoique Tamenae soit la même pour les défauts et les arainrnes, on ne peut en conclure que Varamme soit un défaut obtenu par le demandeur contre le défendeur qui ne comparoit pas en Justice, puisque dans Tarticle iv de la Coutume de Clermont, comme dans Tarticle vu de la Coutume de Valois, elle est évidemment distinguée du défaut. Ce n*est point un congé de Cour obtenu par le défendeur contre le demandeur, puisque Tarticle iv de la Coutume de Clermont ne prononce d'amende que contre le défendeur ou la personne adjournée. La différence entre Varamme et le reclain parois- soit si peu sensible h Laurière, qu'il a cru possible cfue Du Cango les ait confondus, en définissant Varamme, une action par laquelle on répète une chose, avec obligation de prouver par serment, ou par témoins, qu'elle nous appartient. (Voy. Du Cange, Gloss. lat. T. I, col. 158, au mot Aremia,) Varamme, dit Laurière, « est proprement le « deffaut de payement pour lequel le débiteur qui « s est obligé par serment envers son créancier, et à « jour .certain, doit payer Tamende. *^ Il cite en preuve de sa définition Tarticle ccxxn de la Coutume d'Amiens, où on lit : « Quand aucun est obligé par « lettres obligatoires passées souz seel royal, ou « pardevant le Seigneur dont Tobligé est subjet, « pour deniers payables à jour et à terme; et le « créancier après le terme se retire à la justice du « Roy, quand Tobligation est sous le seel royal ; ou « ù la justice du Seigneur, quand Tobligalion y est « passée et l'obligé y est demeurant ; ledit obligé « doit sept sols six deniers parisis d'amende au • Roy, ou au Seigneur auquel on se retire à faute « de pavement. » (Coût. d'Amiens, au Coût. sén. T. 1, p. (S04.) On ne voit pas qu'en cet article de la Coutume d'Amiens, il soit question de Varamme. Autrement, il paroltroit en résulter qu'elle ne diffère aucune- ment du reclain; c'est-à-dire, « de la plainte qu'un « créancier fait en jugement, de ce que e^luy qui « est son débiteur par contracts faits et passez sous « le seel royal ou authentique, ne luy a payé au « jour jpréfix et marqué, la somme qu'il s étoit « oblige par serment de luy payer. » Dans la Cou- tume de Montereau, h la suite des Coutumes géné- rales de Meaux, on lit : « Au Roy nostre Sire ^ appartient, et a droit de prendre de chacun « reclain des lettres et contrats faits et passez « souz le seel royal de ladite ville et chastellenie, « la somme de sept sols six deniers tournois , pour « l'amende de la fraction de la promesse faicte par « serment, par les debteurs, lesquels s'obligent en « la main du Tabellion ou Notaire. » (Coût, de Meaux, au Coût. gén. T. I, p. 89.) Cet article de la Coutume de Montereau étant rapproche de l'article ccxxn de la Coutume d'Amiens, on jugera s^ms doute que dans la Coutu me d'Amiens, l'action de se retirer à la justice du Roi ou du Sei- gneur, à faute d'un payement que, par contract authentique, un débiteur s'est obligé de faire à terme, à jour préfix, est réellement une même chose que le reclain, dafis la Coutume de Monte- reau. Si l'une attribue au Roi « le droit de prendre « de chacun reclain, la somme de sept sols six « deniers tournois pour l'amende de la fraction de « promesse par le débiteur; l'autre condamne le « débiteur à sept sols six deniers parisis d'amende « envers le Roi, ou envers le Seigneur auquel on « se retire à faute de payement. » Ainsi l'article de la Coutume d'Amiens, supposé qu'il y fût question deVa7*amme, ne justilieroit aucunement la distinc- tion de Laurière. Il semble plus propre à démontrer l'identité de Varamme et du reclain, qu'à en prouver la différence. Les Praticiens que Laurière avoit consultés sur la vraie signification daramtne, lui ayant répondu que c'est « une amende qui se paye par celuy qui «c succombe en cause en laquelle les parties ont été « appointées contraires, soit le demandeur quand il « n obtient pas, soit le défendeur quand il est « condamné sur les preuves ; » on ne conçoit pas la raison pour laquelle il s*est cru plus exact que Du Cange, dans la définition de Varamme. A la vérité, ce n'est point une amende, puisque l'article iv de la Coutume de Clermont et l'article vu de la Coutume de Valois, fixent l'amende de Varamme. Mais la réponse des Praticiens autorise-t-eile Laurière à dire que Varamme, distinguée du reclain, est le deffaut de payement pour lequel etc. (Voy. Laurière, Gl. du Dr. Fr. T. I, p. 393-395.) Il semble qu'en rectifiant cette réponse, plus favorable à la définition de Du Cange qu'à celle de Laurière, on peut en conclure que Varamme n'est ui une amende, ni un défaut de payement ; mais une obligation judiciaire de prouver par serment ou par témoins la justice d une demande. Si la demande étoit prouvée juste, le défendeur payoit l'amende à laquelle étoit sujet le demandeur, lorsqu'il manquoit la preuve qu'il s'étoit obligé de AR — 174 - AR faire, qu'il avoit garantie, en formant sa demande. Ainsi, Varamme paroit être Tobligation judiciaire d'une preuve par serment, ou par témoins ; Taction qui oblige à cette preuve. L'analogie de ce subs- tantif airamme avec le verbe arramir, contracter Tobligation d*une preuve en Justice, semble indiquer cette signification et la justifier. (Voy. Arramir.) VARIANTES .* ARRAMME. Cotgrave, Dict. Aramme. Du Gange. G. lat. T. I, col. 158, à Aremia. Erammb. Laurière, Gloss. du Dr. Fr. au mot Erraitw. Errame. Laurière. Gloss. du Dr. Fr. Erramme. Coût gen. T. I, p. 356. * Appe, subst. fém. Chose obligatoire; gage, assurance, garantie. On ne conçoit pas quelle a été au commencement de ce siècle, la raison de croire qu'au sens figuré il falloit dire arrhes, et erres au sens propre. L'ancienne langue françoise n'offre aucun exemple de cette distinction attestée par le Dictionnaire Universel, où on lit qu'au propre on prononçoit erres, lors même qu'on écrivoit, comme au figuré, an*hes. « Se aucun met ses erres en « aucun gaige qui se vend au marchié, gardoir soy « bien se li gaige vault ; car puis qu'il a mis ses « etres^ prendre le doit et païer. » (Ord. T. II, p. 349.) « Qui se parjure, il a grant erres de vilenie « avoir. » (Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, p. 12.) a II y a une future béatitude;.... à la consécution a d'icelle Dieu a ordonné aucuns moiens conve- « nables; et le principal est grâce qui est . « appellée vie éternelle, parce que c'est le gage ou « erre d'icelle »» (Triomphes de la Noble Dame, fol. 336, V% et 337.) Maies heures, ami, reçui, Maie estraine quant vous connui : Âinz puis ne soir, ne jor ne fui Sanz grant paine et sanz ennui. I^yrame et Tysbé, MS. de S. Germ. fol. 99. V« col. 2. Oroison est l'euverre Que Dieu prent d*homme pour erre De le remettre en son erre. AU Chartier, de l'Espérance, p. 384 et 385. On voit qu'anciennement on disoit erres au figuré comme au propre. On prouvera d'ailleurs que rela- tivement à l'un et à l'aufte sens, il n*existoit aucune distinction entre erres et arrhes. Il est même pro- bable que l'orthographe arrhes est postérieure à l'orthographe erres ; la seule qui paroisse avoir été usitée tant au singulier qu'au pluriel , jusqu'à ce qu'on ait songé à la rendre plus conrorme à Téty- mologie, en écrivant au propre comme au figure, aires, arres, arrhes, en latin airhœ. Ce mot qui n'est plus d'usage qu'au pluriel, signi- fioit au singulier, comme erre formé du latin arrha (1), chose obligatoire, gage qui oblige à Texé- cution d'une chose, gage qui en assure et garantit rexécution.; dans le sens propre, gage pour assu- raficed*un marché. (Voy. Monet,Dict. au mot Arr^.). L'acception de ce mot arre éloit figurée , lorsqu'on disoit: « Il lui sembloit bien que desaccouslumant « les ennemis de vaincre et les François d'estre « vaincuz, il donneroit assez bon commencement « et auroit suffisantes arres pour la future et désirée « victoire. • (Du Bellay, Mém. liv. vu, fol. 209, R^ — Voyez Arrer.) Il est possible que comme on dit aujourd'hui, sur ces entrefaites, pour désigner Tinslant présent où se fait une chose, on ait dit, sur ces arr^: expres- sion figurée d^ins laquelle, ainsi qu'en Tadverbe maintenant, il semble qu'on ait comparé cet instant présent à celui où l'on se lient la main , où Ton donne et reçoit des arrhes, en signe d'un marché présentement fait et conclu. « Advint... que sur ces. « arres les Marchands venans des foires de Lyon, « et qui s'estoient basiez pour estre à temps à celle « de Strasbourg, arrivèrent les uns après les « autres. » (Du Bellay, Mém. liv. vi, fol. i77, R*.) VARIANTES : ARRE. Du Bellay, Mém liv. vi, fol. 177. AiRB. Loisel, Institut, coutum. T. II» p. 276. Erre. Beaumanoir, Coût, de BeauvoisiSi p. 12. Herre. Pyrame et Tysbé, MS. de S» Germ. fol. 99. Arrenneiit, subst, masc. Moyens juridiques de satisfaire à Tobligation d'une preuve en Justice ; preuve faite par ces mêmes moyens. Action d'arrher. Gage d'amour, engagement amoureux, promesse d'amoureux retour. (Voy. Arramie.) Nos Ancêtres, familiarisés avec l'idée des arra- mi^s, des gages de bataille, de ces combats judi- ciaires pour lesquels ils donnoient et acceptoient un gage en signe de Tobligation réciproque de prouver, par le succès heureux ou malheureux du combat, la justice ou l'injustice d'une action crimi- nelle et même civile, paroissent avoir pris plaisir à retracer cette idée et à la perpétuer, en comparant aux gages, aux arrhes de ces combats judiciaires, et en nommant arrements , airements , ou erre^ ments, les moyens de satisfaire à Tobligalion d'une preuve, selon les loix de la Jurisprudence civile. On assure « qu'à Timitation des gages de batailles, « les procédures en matière civile ont été nommées « É{rr(?m^ns du plait ; c'est-à-dire, gages ou aires « du plait. » (Voy. Loisel , Institut, coutum. T. II, p. 276.) Encore aujourd'hui les derniers erremens sont, en style de pratique, les dernières procédures : procéder suivant les derniers erremens, c'est conti- nuer des poursuites qui ont été commencées , pourvu que l'instance ne soit point périe. (Voyez Laurière, Gloss. du Dr. Fr. T. I, p. a96, col. 1. — Nouv. Dict. de Droit.) En effet, il paroit constant qu'en l'ancien style, lorsqu'à la preuve par gages de bataille, par arra- mies, on préféroitla preuve par écrit et par témoins, les productions, les procédures, en général les (1) Du latin arr?ia ou arra (Grég. de Tours), et aussi arrhabo (dipl. de 879), du grec d^faSaty. Calvin et d'Aubigné, au xvi* siècle, employaient encore ce mot au singulier. La prononciation errhes a duré jusqu'au xviP siècle, et c'est Bouhours ^,; -«.^^ :« — T^-. Ai,, u a * ^* 1 . r. j 1-. — u* « SSttS dOUtS On a dû V. ^«.^» .« wv... ww- ^.w.^..«. ..^^ , w- ormô en un e fermé. [pliqaer que dans le français aire et dans le provençal pttire, (n. b.) AR — 175 — AR moyens juridiques de satisfaire à Tobligalion de cette preuve, se nommoient par comparaison, a;T6- mens ou erremens du plait. (Voy. Arrer et Erremen- TER.) « Se on demande à aucun pour soi et pour « autre, il a droit, se les preuves qui ont esté faites < en comun soient monstrées, si ke on puisse savoir « ke il afiert à se partie. Cil par devant qui leparolle « est trnitie commandera ke li aimment et li co- « mun escrit soient regardé pour faire foi de « vérité. » (Conseil de Pierre de Fontaines, chap. XII, n* 7, p. 90.) « Nus n'est tenusàaporler en jugement, « Lettres, ni Chartres, ne En'^m^ns qui sont contre « li. » (Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, chap. vu, p. 49.) « Quant l'en fet pès d'aucune querele , et • aucune amande est escheue par Veirement dou • plet, etc. » (Id. ibid. chap. xxx, p. 160. — Voy. Laurière, Gloss. du Dr. Fr. T. I, p. 396, col. 1.) En opposant à la preuve autorisée par Tancienne Jurisprudence militaire^ celle que prescrivoit la Jurispiudence civile, on disoit qu'une cause se jugeoit sur erremens de plet, sur eiremens ; et non par gages, par bataille, par gages de bataille. « Doit « estre li apiaus démenés par le Seigneur à qui le • recort de la Quemune apartient, non par gages « de bataille, mais par les eiremens dou plet, » (Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, chap. li, p. 271.) « 11 sont deux manières de fausser jugement, des- « quèles li un des apiaux se doit démener par « gages;.... l'autre se doit démener par erremens " sur quoi li jugemens fu fès. » (Td. ibid. chap. lxvh, p. 337.) « Se aucuns veut fausser jugement en païs • là où faussement de jugement afiert, il n*i aura < point de bataille; mais li cleim, li respons, et li « autre errement du plet seront rapportés en nostre « Court. » (Ord. T. I, p. 113.) Les claims et respons, dans les Establissemens de S* Louis (liv. i, chap. vi), éloient sans doute ce qu*aujourd*hui Ton nommeroit écritures. Quoi qu'il en soit, on les comprenoit sous la dénomination A' erremens rf^p/ai^. Probablement les erremens de plet, autres que les clains et res- pons, étoient « les preuves par témoins et par « Chartres, les preuves bonnes et loyalles » dont il est fait mention au chap. y des mêmes Establisse- mens ; en général, les preuves faites par des moyens juridiques et conformes aux loix de la Jurispru- dence civile. Notre conjecture sur la signification des clains et respons compris sous le nom d*^rre- m^ns, paroit d'autant plus vraisemblable qu'on. a mille preuves qu'errement désignoit toute espèce de procédure, toute chose essentielle à l'instruction d'un procès, comme plaidoyers, mémoires, requê- tes, etc. (Voy. Assises de Jérusalem, chap. xi, p. 19. — Ibid. chap. ccxciii, p. 195. — Beaumanoir^ Coût, de Beauvoisis, passim,) Peut-être Tacception de ce mot éloit-elle relative à celle ai errement, formé A^erre, course, allure au propre ; au figuré procédé, conduite, lorsqu'en par- lant de la façon de se conduire et de procéder en Justice, on disoit : « Pour commencer aux premiers • erremens de pratique et postulation de Cour laye, • je veux dire et monstrer les erremens qui y sont « requis l'un après l'autre. » (Bouteiller, Som. rur. T. I, p. 2. — Voy. Errement.) C'étoit évidemment le même (\\karrement, formé (yarre, en latin arrha, lorsqu'il signifioit « action « à'afrher, arrêt de marché par le moïen des erres « ou arres. » (Monet, Dict. — Voy. Arre.) Enfin, il paroit qu' errement, dans un sens analogue ù celui A'aramie, gage, engagement, pro- messe, s'est dit au figuré pour gage d'amour, enga- gement amoureux, promesse d'amoureux retour. Ki bien sauroit les erremens Qu'éle m*a tes jors eslongié ; etc. Ane. Poct. Fr. MSS. avant 4300, T. III, p. 1018. VARIANTES ! ARREMENT. Coterave, Dict. ÂiREMENT. Laurière, Gloss. du Dr. fr. T. I, p. 395. AiRREMENT. Coiiseil de Pierre de Fontaines, chap. xii. Arrhement. Cotgrave, Dict. Erremant. Monet, Dict. Errement. Gr. Coût, de Fr. liv. II, chap. xli, p. 272, Appep, verbe. Obliger à l'exécution d'un marché, à une livraison de marchandises. Prendre à gages, engager. Procéder en Justice. On observera, d'après M. Court de Gebelin, que le verbe Ararbe auquel il fait remonter l'origine du substantif arre, arrha en latin, en grec a^SaSày, signifie nouer, serrer, lier, etc. (Voy. Dict. Etym. de la Lang. Fr.) C'est en adoptant ridée de ce sens physique, nouer, lier, qu'on a cru pouvoir définir le substantif arre et le verbe arrer, relativement à ridée générale d'obligation; idée qui se retrouve dans les significations du verbe arramir et des substantifs arramie et arramme. En effet, arrer ou eirer un marché, c'est s'obliger à l'exécuter, en assurer l'exécution en donnant et acceptant des arrhes: Arrer ou errer des marchandises, c'est s'en assurer la livraison, obliger le vendeur à les livrer à l'acheteur dont il accepte les arrhes. (Voy. Monet, Dict.) On s'assure du service d'un homme, on l'oblige à servir, en le prenant à ses gages : de là le verbe errer dans le sens d'engager. « Est grant ennemys « des Suisses, combien il dissimule assez avec « eulx ;... et peult estre, c'est pour ce qu'il ne les « peult errer à luy. » (Lett. de Louis XII, T. IV, p. 210.) Il est évident que dans la CoutumedeBerry, l'ac- ception d'errer est relative à celle d'errement, procédure. « Quand deux personnes se entreplai- « dent, là où le demandeur deffault, les erremens « rompent, et convient venir à nouveaulx erremens» « se il plaist au deffendeur : car aulcune fois déf- it fault le demandeur par fraude là où il voit que il « a mauvaisement conduicte sa cause> ou délaissé « de ses témoings à amener, ou autrement errer, » (La Thaumassière, Coût, de Berry, chap. xxin, p. 261 et 262. — Voy. Abre et Arrement.) VARIANTES * ABRER. Cotarave et Monet, Dict Errer. La Thaumassière, G. de Berry, ch. xxm. p. 302. Arrérage, subsL masc. Retard de payement » débet. Eloignement. (Voy. Arrére.) AR — 176 — AR Il semble qu'ayant préféré à Torthographe arrere celle i'annère, on devroil écrire arriérage ; ortho- graphe que Ménage a condamnée en raisonnant 8 lus d'après l'usage que d'après Tanalogie , dont icot indique la règle en disant: Le droit mot est arriérages, mais le françois le syncope (1). (Voy. Nicot, Dict. au mol Arrérage. — Ménage, Rem. sur la Langue, p. 299.) Anciennement, le mot arrérage qui n'est plus usité qu'au pluriel, l'étoit au pluriel et au singulier. On a désigné ce qui est dû , ce qui est échu d'une rente, d'une pension, d'un loyer, d'une ferme, etc. par le mol airérageou arrérages^ relativement à l'idée générale être arrière, être après. « yl rré^ra^^, ou arr^rflg'^s sont reslats, termes « escheuz et non payez de rentes constituées , ou « autres censives et pensions ; et vient de arrière^ « par ce que les payements n'ayant esté faits au jour « qu'ils échéoient... sont demeurés en arrière, » (Nicot, Dict. — Nouv. Dict. de Droit.) Telle est l'origine de la significption encore usitée de ce mot, qui dans un sens analogue à celui de l'ancienne expression, être à Varrière de deniers, signifloit retard de payement ou débet. Lorsque les Receveurs des impositions royales , sous le règne de Charles VU « estoyent négligents ou mauvais « mesnagers, et tomboient en arrérages , on y en « commettoit d'autres. » (Eloge de Charles VII, p. 7.) Probablement, tomber en arrérages étoit la même chose que demeurer en arrérages ou en arriérage. (Voy. Nicol et Monet, Dict.) On croit que l'acception d'ameVa^^ étoit relative à celle d'arrière, loin, quand pour signifier qu'on se trouvoit éloigné du but de ses désirs, on disoit : Se j'eusse songié Mes désirs que tu m'as paie, N'en truis en moi fors qu'ameragie, Famine^ accroissement de rage. Fabl. MS. du R. n- 7218, fol. 209. R* col. i. VARIANTES : ARRÉRAGE. Orth. subs. - Cotgrave et Monet, Dict. Arérage. Nuits de Straparole, T. II, p. 396. Arriérage. Cotgrave et Nicot, Dict. Arriraghe. Duchesne, H. g. de la M. de Guines, pr. p. 291. Arrérager, verbe. Déposséder. On connoît l'acception usilée de ce verbe, qui présentoit un sens analogue à celui de Texpression figurée être arrière de son droit, en être dépossédé, lorsqu'on disoit : « Se les Parties qui pledent, de leur assen- « tement requièrent délai jusques à autre journée, « en autel estât li Sires ne leur doit pas véer, se il « n'est ainsint que le guerele touche le Seigneur, « et que il ne fust arrieragiés de son droit, pour le * délai des Parties. » (Beaumanoir, Coût, de Beau- voisis, chap. lxv. — Voy. Arrére.) VARIANTES : ARRÉRAGER. Orth. sub. - G. de Bourbonnois, T. IIj^. 393. Arriéragier. Beaum. G. de Beauv. chap. lxv, p. 3&. Arrère, adv. et prépos. Arrière, en rétrogra- dant, en reculant, en retournant. Derrière, après» loin. Derrière, près, dans, chez, auprès, contre. Anciennement, on écrivoit dans un même titre, arriens ou arriers, parce qu'en prononçant, il est naturel et très-ordinaire de substituer n à r; lettre dont on semble avoir évité la prononciation rude, en disant aiere et aier pour arier et ariere^ arer et arere. 11 est possible qu'en retranchant la dernière syllabe à'arrere on ait écrit aire, dont Ve final et muet paroi t être le principe de l'orthographe areus^ arreuso en langue Limousine. Per aqui (2) monten cent mirl (3) auzeUo (4); Alquant (5) s'en tomen aval arreuso. hnftn. ois la Vie de Boèce, MS. de S. BenoU-sur- Loire, p. S74. Peut-être qu'en certains cas, hareu étoit de même origine que arre , dont Torlbographe erres est sans doute une variation. (Voy. Hareu.) Il semble du moins que eires et hareu signifioient arrière, lorsqu'on disoit avec ou sans ellipse : Erres^ erres^ vos ni dormirés mie Entre mes bras, jalous ; etc. Ane. Poet. fr. MSS. avant 1300, T. Il, p. 921. J'ai mis mon coer en un lieu puis un peu. Ma dame dist : fuies, fuies hareu. Quant recorder je li voeil mon afaire Froilsart, Poet. MSS. p. 925, ool. 1 On soupçonne d'ailleurs arrié, espèce d'excla- mation vulgaire, et probablement la même que arré en Normandie, d'être comme arrie%, une altération de l'adverbe arrère ou arrière, et d'avoir une signification relative à celle de l'expression reswardeir ayere. « Ne nos covient mies rester ; et « molt moins nos covient ^ncor reswardeir ay ère. • (S*-Bernard, Serm. Vr. mss. p. 340.) Ainsi, ce seroit avec ellipse, qu'à l'occasion d'une surprise agréable ou désagréable, les gens du peuple disent arrié ou arré, comme s'ils disoient regardez arrrière; comme s'ils avertissoient de se tourner arrière, de tourner la tète en arrière, de retourner la tête, de se retourner pour voir ce qui leur plait ou déplait, et pour en juger. C'est peut-être aussi la signifi- cation de hareu en ces vers : HareUf hareu, jou la voi là, La riens el mont qi plus ma mis en desconfort : N'onques ne voi déport. Ane. Po€s. fr. MS. du v'alicaD, n* 1490. fol. 116, R*. Lorsqu à la vue d'une personne ou d'une chose pour laquelle on se sent de l'aversion et de la crainte, on en exprime le sentiment en criant arrière, arrière de moi la chose qui se présente, ou la personne qui s'avance, arrière n'est point, comme on l'a dit, une préposition. (Voy. Dict. de Trévoux. J II est adverbe, et signifie avec ellipse, allez arrière, rétrogradez, reculez; éloignez-vous de mOï en allant arrière, en rétrogradant, en recu- lant. Il étoit l'expression d'un sentiment d'aversion pour une chose à craindre , lorqu'on disoit : « Arrière, ce sera une mauvaise besoigne. » (Contes de Despériers, T. I, p. 74.) (i) Si re de rétro est considéré comme étant en position, il reste piur, et du composé ad rctro on fait ari^ere ; si Ton tient e«npte de la liquide r, U est bref, se diobifaongue en ie, comme dans Pierre (Petrum), et ron fait arrière. (N. B.) - (S) Par-là. - (3) MiUierB. - (4) Oiseaux. -"^(5) Quelquespuns. Voir le texte publié par M. P. Meyer et mentionnéploa haut. (m. b.) AR -i Cest donc par impératif supprime qu'en criant ^Liriëre, on rompt des chiens en défaut; que l'on commande >i un homme, à une troupe, à des che- vaux de harnois, de reculer. (Voy. Hicol, Dict.) Si crient les Veneurs, arrière, Amere cbiens, amere, arrière. Aitoncq se mpctent en requesle Cbit^OB, Dour mieulx retrouver leur beste, G« da !■ BlEDe, .te Mibilli. US. M. lU. Rv Lorsqu'en suivant une affaire on s'étoit un peu ^cartJâ au but, et qu'en parlant de cet écart comme peu dangereux en la suite de l'affaire qui n'avoil avancé ni reculé, on disoit tlsuiément, • pour un • petit n'avant n'arriére, » iîyavoit ellipse d'un verbe, comme en l'expression • avant et arrière ; • c'est-à-dire, de toutes façons. On lit; • pour un • petit n'avant n'arriére, • dans Gotgrave, Dict. En étendant à toute espèce de façons d'agir diffé- rentes, les idées contraires de l'action d'aller avant et arrière, de la façon de se mouvoir avant et arrière, on a dit : Rejgastolent en tel maniu^ Saint Yglise, avantel arrière. G. Gslirt, US. loi. lOt B*. Tant que tu te plaindras et avant el arrière, Aura c«le entendu ta voix et ta proiere ; Ne t'en chaut a'au premier est orgueilleuse et flere. ?Sil.l Dans ces expressions ob l'on reconnolt sans doale l'ellipse du verbe qui désigne te mouvement, la signilicalioo de l'adverbe arrière, propre ou flgui'ée, est donc la même qu'en mille autres expressions, telle que arrière aller, ou aller irriere, tourner arrière, venir arrière, entrer arrière, mener arrière, carier arrière, arrière porter ou porter arrière, envoyer arrière, bouter arrière ou arrière bouter, elc. • Les prièrent k'il > allassent arere, e Irenchassent de cel fust six • cotées, e de celé partie feissent une croix. • (Bist. de la S" Croix, us. p. 16. — Fabl. us. de Berne, n* 3.M, fol. 23. — Eust. Desch. Poës. hss. p. 240. col. 3, etc.) Pères, fet-il, tomet arrière... Or vous raz-je seignor ei mestre De mon oatel, i. toz ion nais. Se ma tame ne veut la pais ; etc. Fitil. MS. Tele mGlady luy ■ pi'ist en tiheminaunt vers ceste court que il ne • poil avauiit pur gayner, ne pur perdre : eins se ■ fist carier arrere à sa meson. » (Britton des Loix d'Angleterre, fol. '281.] > Cumandad David que l'um < portas! l'aj'che ariere en la cited. • (Livres des Rois, MS, des Cordel. fol, 60.) Sire, ret il, que ce sera? Je cuil que il meconvenra Le mantel arrière porler. Fabl. JITS. duR. a-7Blï, fol. IIS, R'col. I. Dans le sens de renvoyer un criminel, de le faire retourner au lieu de la Seigneurie dont il est justi- ciable, on lit : • Tuil Gentis-hons qui ont voirie « en leur terre, pendent larron de quelque larrecin ■ que 'il ait fait en leur terre : mes en aucune Cbas- « lellerie les mené l'en jugera leur Saingnour. Et • quand li Sires les a jugiés, si les envoie arrière; ' et cil en font la justice. . [Ord. T. I, p. 135 el 136.) C'est relativement à l'idée d'une force à laquelle on cède en rétrogradant, en faisant un mouvement arrière, que dans le sens de repousser on disoit > botter ayere el arrier bouter, • d'où, peut-être, notre verbe rebuter. • 0! tu chaitive chars, ke c feras-tu, s'il avient que tu de ceste glore soyes • bolteie ayere, et jugieie à non digne. > (S' Bernard, Serm. Fr. «ss. p. 46.) Petit nous ont douté Paien, quant sont de Homme la cité Issi ainsi. Fait ont grant foleté, Quant si sont trait fors de leur fermeté. Si radement (2) Boienl arrier boulé. Qu'il ne nous iiengnent mie pour enprunté. SnlMia d'Ofisr la Db»^, HS. da G«pM, M. IM. On ouvre une porte, une barrière, un huis, en les poussant, en les faisant mouvoir en urriere : de la, l'expression, • ouvrir arrière un huis. » A l'uis vit droit o l'Aversiere Fu apuiei; si l'uture ariere. Fatl. HS. do H. d- 701$. (al. 118, V cal. 1. Lorsque, par ce mouvement, une barrière ou une porte étûit ouverte autant qu'elle pouvoit l'être, lorsqu'elle étoit poussée en arrière tant que se pouvoit, on disoil comme on le dit encore aujour- d'hui, qu'elle étoit ouverte toute arrière, qu'elle • étoit arrière ouverte. ■ (Voy. Froissart, Vol. IV, p. 35. — Cotgrave, Oudin et Monet, Dict.) Cheoir par d'ayer, c'étoit cheoir par un mouve- ment en arrière, tomber à la renverse. > Kl mont ■ volt seoir li anciens serpens mordanz les ungles > del cheval, por ceu ke cil ki sor siel, chacetpar I, moqoar, bîre bontel (N. K.) - ÂR - 178 - AR « (Tayer. » (S* Bernard, Serai. Fr. mss. p. 3i6.) La même idée de mouvement en arrière se retrouve encore dons les expressions, « couper teste arrière « bras, ferir à arriere-main, » c'est-à-dire, couper, lirapper de revers ; frapper, couper en faisant un «ouvement de bras ou de main en arrière. « Si le « fiert de Tespée à arriere-main, tellement qu'il « rabatit. » (Lanc. du Lac, T. I, fol. 80.) « Toutes « les fois qu'il sentoit les Chevaliers si près de « luy.... il leur coupoit les testes arrière bras » {Percef. Vol. I, fol. 58. — Voy. Arrikre-main.) Peut-être regardoit-on les choses délivrées, rendues, redemandées, reconquises, etc. comme faisant ou devant faire un mouvement par lequel elles alloient, elles retournoient aux personnes à qui on vouloit qu'elles revinssent, lorsqu'on disoit: !• délivrer arere : « Soit comaundé as Coroners et « à lour heires que ilz deliverent as Justices lour « roules puis le dareyn eyre : et volons que les « Justices les enselent aesouth lour sealx, et « tauntost, saunz nul examinement les lour d^'/tre- « rent arere. » Brillon,desLoix d'Angleterre, fol. 9. 2* Rendre arrière : Tout Artois conquist celui Hue... Puis ot des siens si grant prière, Qu'il le rendi au Conte ariei^e. 6. Gaiart, MB. fol. 147. V. A la naorte rendi arrière L'ame el cors ; et sus se leva, etc. Miraclet, MS. de la Clayette, p. 456, col. i. .... Firent li Normant proiere Que Dieux rendist l'enfant ariere. Oiés coument il fu garis. Pb. MouAkes, MS. p. 374. S» Demaunder arre^ pour redemander « Si ascun « eyt lessé à terme des ans son tenement que il « avéra tenu à terme de sa vie, ou à greynour « terme des auns, et demaunde arre sa seisine, « demeyne après le terme del leès ; etc. » (Britton, des Loix d'Angleterre, fol. 267.) 4* Conquérir arrière^ pour reconquérir : Jherusalem fut des Turcs trette . Par Charlemaine et Constantin (i), Qui les chacierent en la fin Hors de celle Saincte Cité. Es mains fut de Crestienté... A. mille ans llllu un mains, Sarrazin i'osterent des mains, Des Crt^stiens qui la perdirent. A cent après la cot^quirent Arrier Godefroy de Buillon, etc. Eust. Deftch. Po«fl. MSS. p. 57S. eol. 1. 11 semble « qu'entendre arrière à quelqu'un, > c'étoit avoir un retour de bonne intention pour lui, retourner à lui par le mouvement d'une passion contraire à celle qui en avoit éloigné. « Après ce « que le Duc de Julliers eut entendu arrière à son « oncle le Duc de Brabant, et quitté et délivré de « sa prison, ils furent assez bons amis ensemble. » ((•roissart. Vol. 111, p. 272.) Peut-être encore s'est-on figuré les personnes et les choses qui redeviennent ce qu'elles étoien t, qu'on remet et pose où elles étoient^ comme retournant et revenant à leur place, à leur premier état, par un mouvement semblable à celui par lequel cm revient et retourne au lieu d'où l'on est parti. On croit que d'après cette comparaison, l'on aura dit : !• Poser arrière, metti-e arrière, arrière mettre, pour remettre, rétablir: « Comme plusieurs Ser- « geuts... ayent esté pour leurs meffais... privei « pour tousiours de leurs Offices et ils soient « arrière mis en leurs Offices, qu'icel en soient « derechief oslé à touz jours. » (Ord. T. 1, p. 559.) « Que la chose me soit mise arrière en pesible « estât. » (Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, chap. xxxiï, p. 167.) Gelériere, Alez ; et si soit mis arrière Là donc il fut osté et pris. Fabl. MS. du R. n- 7615. fol. 147, V col. i. Puis le flst-on poser anHere En son Siège de Cantorbiere. 6. GoiaH, MS. fol. 13, R*. 2" Devenir arrière, pour redevenir : » Les « Romains... après la perte de plusenrs consulz .. « devinrent arrière victoriens. » (Instruction de Chevalerie et exercite de guerre, ms. fol. 4.) 3* Estre arrière, pour revenir à son premier état, redevenir ce qu'on étoit : L'omme duira Sanz mourir, puis la mort première Que cendre le fault estre arrière. Eust. Deech. Poe». MSS. p 477, éd. 1. 4° Arrier -mourir, pour revenir à l'état de mort : Et fussent tous ressours en propre vie, Je croys que tuit vouldroient arrier-mourir, Â.ins que de voir de ce monde Tenvie. Eiut. Desch. poCs. MSS. p. 4, col. 1. 5" Arrière se coucher, pour se recoucher. (Voy. Athis, MS. fol. 6 et 26.) QuUl suffise d'avoir indiqaé par quelle comparaison, dans une infinité de verbes composés et d'expressions dont l'énumération f»aroitroit sans doute aussi ennuyeuse qu'inutile, 'adverbe arrere aura signifié assez naturellement une idée de retour, non-seulement à un état, mais à une action ou à une parole, à une chose qu'on a déjà dite ou faite. En effet, redire une chose, commje la refaire, c'est y revenir, y retourner en la com- mençant arrière, en la réitérant, en la recommen- çant. « Qui redit une chose, semble reculer à ce « dont sa voix est partie. » (Nicot, Dict. au mot Arrière.) Ce mouvement sembloit propre à la chose même qui recommençoit, lorsqu'on disoit : Si commença la guerre arrière, De Bresse et Henri l'Emperiere. HUt de Fr. en yen, à U luite du Rom. de Faatd. MS. dti R. fol. 77. On avouera que l'analogie de signification rend assez vraisemblable l'opinion de Priscien, qui croyoit possible que l'adverbe latin rétro, en fran- çois riere, arrière, fût le principe de la particule r^, dans nombre de verbes latins de l'espèce des verbes françois, recommencer, remettre, rede- mander, rebuter, renvoyer, reporter, remener, rentrer, revenir, retourner, etc. Il est évident qu'en (1) C'est un récit fait d'ainrèB le oyclt oamHniJun «i non d^pptal'ttilolrs. (n. b«) AR - 1»^ AR ces verbes, re signifie la même chose que arrière» dans les expressions arrière tourner, arrière venir, arrière entrer, arrière mener, arrière envoyer, et autres ; c*est-à-dire, une idée générale de retour, propre ou figurée. (Voy. Arriere-cuarte.) Quelle que aoit donc Torigine de cette particule, c^étoit avec réfiNétitition de la même idée, que dans le sens (M aller arrière ou araler, tourmer arrière ou areioumer, venir arrière ou arrière venir ^ porter arrière^ botter arrière, demander arrière, con- quérir arrière, remettre arrière, etc. on disoit remettre arrière, arrière recouvrer, redemander arrière^ reboter ayere, reporter et raporter arrière ou ayere, arrière retourner, arrière revenir ou revenir arrière, ayere raleir eu raleir ayere, etc. Î^oy. S' Bernard, Serm. Fr. mss. p. 66 et 339. — nseis, ms. fol, 14. — Chans. Fr. ms. de Berne, no 389, part, ii, fol 102. — Fabl. ms. de la Clayette, p. 432. — Vie de S* Patrice, ms. de N. D. n'* 2, fol 98. — S* Bernard, Serm. Fr. mss. p. 339. — G. Guiart, MS. fol. 148. — S' Bernard, Serm. Fr. mss. p. 267.— Fabl. MS. du R. n" 7615, fol. 20». - S* Bernard, Serm. Fr, mss. p. 280. — Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, chap. vu, p. 47. — Enfance d'Ogier le Danois, ms. de Gaignat, fol. 109. —Rom. dePer- ceval, MS. de Berne, n' 354, fol. 234, etc.) En rétrogradant. dH faisant un mouvement en arrière, on passe après celui devant qui ou à côté de qui Ton étoit, avantqu^on eût fait ce mouvement en arrière, que paroit signifier l'expression par derrière ou par d^ayer, comme on lit en ce passage : « Adam se volt covrir contre nostre Signor, de la femme par cui il avoit péchiet ; assi cum il par » d^ayer son dos se volsist eschuir de la saette. » (S* Bernard, Serm. Fr. mss. p. 373 ) Une façon très-naturelle ae marquer son indiffé- rence pour les personnes et les choses, ou la pré- férence donnée aux unes sur les autres, c'est de jeter arrière dos, de mettre ariiere dos, de mettre arrière, de faire passer après celles qu'on juge préférables, ou moins indifférentes, celle qu'on met de côté, qu'on néglige. Ainsi, Ton disoit figurément : « Tons ses affaires erriere mis, conclud entrer en « Aragon. » (Hist. de la Toison d'or, Vol. 1, fol. 92. — Voy. Rob. Estienne, Nicot et Monet, Dict.) « Oncques pour prospérité, ne pour bien que nostre « Dieu nous envoyast, nous ne le regratiasmes « Aincois le meisme arrière dos, tout ainsi que si « nous n'eussions besoing de lui. p (Percef. Vol. I, fol. 61. « Est si entenduiz en aquaster, k'il l'onesteit « et lo deleit met ayer dos, » (S* Bernard, Serm. Fr, ■ss. p. 106.) « Avons parfaitement mis ayer dos les « choses terriennes. « (Id. ibid. p. 215.) « As fait « ydles e simulachres à tun oes.... e mei as getté « arrière dos; pur ço des ore enveierai mais, e « anguisse, e travailz sur tei. » (Livres des R. ms. des Cordel. fol. 102.) Le possesseur d'un flef relevant immédiatement d'un Seigneur suzerain étant son homme proche, celui qui possédoit médiatement, à un ou deun; degrés de vasselage après le premier, étoit rhomme arrière, l'homme après celui qu'on nommoit l'homme proche du Seigneur suzerain. « Ne peiit « le Seigneur poursuivre son homme proche oa » arrière, par sa Cour, des obligations et contracls « que le Seigneur diroit avoir faits avec soft « homme. » (Coût, de Bretagne, au Coût, gén T. IL p. 758.) C'est relativement à l'idée de cette féodalii$ graduelle, et à la si^niflcation de radvert)e arrière» employé comme préposition dans cette expression elliptique homme arrière, qu'on a dit arriere-vassalf arriere-vasseur. Seigneur arriere-feudal, arrière^ fief, fonds arriere-censif, etc. On observera que non-seulement le prei^Lier vassal, mais le second, le tiers, et ainsi infiniment, avoient tous le droit iï arrière fie fer (Voy. Bou- teiller, Som. rur. tit. lxxxui, annot, p. 487.) Il f avo;t donc tel vassal médiat, à plus de trois degréi arrière ou après le vassal immédiat, à qui la déno- mination d'arriere-vassal ou de Seigneur arrière* feudal, étoit commune avec celui qui n'étoitqu'av second ou au troisième degré de vasselage. « La « Seigneur arriere-feudal ou Tar. iere-vassal, qiû « se dit à la différence du premier vassal , est celui « qui tient un arriere-fief mouvant par moyen du « fief de quelque Supérieur. • (Voy. Laurière, Gioa». du Droit Fr. — Monet, Dict.) Il en est de l'arriere-fief (1) comme de Tarriere- vassal ou du Seigneur arriere-feudal. Ainsi, loi^ qu'après avoir dit que tenir en arriere-fief « si ^gt « si comme quand on tient aucun fief par second « ou par tierce-main, » Bouteiller ajoute qu'il est « plus pertinent d'appeller le tiers fief » arriere- fief qu'il n'est le second ; non-seulement il particu- larise la signification d'arriere-fief, mais il borne au tiers vassal, le seul que d'après son raisofin- neraent on nommeroit arrière vassal, la faculté d'arrierefiefer. Ce raisonnement, conforme sans doute à la disposition de quelque coutume, est contraire au droict des feudes, par lequel « le tiers « vassal peut refiefver. » (Voy. Bouteiller, Som. rur. tit. Lxxxni, p. 485. — Id. i'bid. annot. p. 488.) C'est donc en un sens aussi étendu que l'étoit la faculté d'arriere-fiefer, que l'arriere-fief, à la diffé- rence du proche fief, du fief sans moyen, est un fief servant et dépendant de fief sans moyen, de proche flef, de fief dominant. (Voy. Laurière, Gloss* du Dr. Fr. — Nicot et Monet, Dict.) Les fonds tenus en arriere-fief se nommoient fonds arriere-censifs, relativement au cens, au surcens que Tarriere-vassal, le vassal médiat devoit au proche vassal, au vassal immédiat du*Seip:neur suzerain. On a défini « le fonds arriere-censif, un « fonds tenu en arriere-fief, qui doit cens, censi ve (2), « surcens au proche vassal, au premier vassal « duquel le Prince exige le chef-cens. De là, tes (4) Varrière^fUf relevait directement du flef dominant, intelmédiaire entre Varrière-vas^l et le suzerain, maid a'atait aiicon fief dans ta dépendance. j[N. e.) — (S) li ne faut pas nous étonner de voir ici confondre le fief et ia censive ; la (U peut être une terre roturière^ et jusqu'au xvm* siècle, en Normandie, fUffer une terre était la donner en eensWe. (n. ii«) AR -480 — » rentes arrière-foncières, dues pour , un fonds « trriere-censif, pour un fonds tenu en arricre- « fief. » (Voy. Laur. Gl. du Dr. Fr. — Monel, Dict.) Par la raison qu'en tenure féodale on a dit arriere- fief, on a dit arriere-ceusive en tenure roturière. (Voy. Cotgrave et Nicot, Dict.) On supprimera presque en totalité la liste alpha- bétique d'une inunité de semblables composés, Iiareeque Ton croit avoir démontré suffisamment a possibilité de ramener à Vidée générale « être après, » la signification propre ou figurée de mots tels que « arriere-cense, arrière-chambre, arriere- « coureur, arriere-flls, arriere-fossé ou arrier-fossé, « arriere-garand, arrière-germain, arriere-guel ou « arrier-guet, arriere-juveigneur, arrière-louage, « arriei'e-neveu , arrière - panage , arrière- taille , « trriere-vendage, etc. » (Voy. Coût, de Uainaut, ta Nouv. Coût. gén. T. Il, p. 434, col. 2. — Du Bellay, Mém. T. VI, p. 363. — Monstrelet, Vol. II, fol. 22. — Monet, Dict. — Eust. Desch. Poës. nss. Î. 88, col. 1. — Le Jouvencel, ms. p. 56. et 67. — . Chartier, Hist. de Charles VII, p. 36. — Nicot, Dict. — Bouleiller, Som. rur. tit. xum, p. 215. — Cotgrave et Monet, Dict. — Coût, de Gand au Nouv. Coût. gén. T. I, p. 1019. — Eust. Desch. Poës. mss. p. 88. — Id. ibid, p. 237. — Le Jouvencel, us. p. 58. — Chron. Scandai, de Louis XI, p. 71. — La Thau- massière. Cout.de Berry, chap. xxviii, p. 35. — Monet, Dict. — D'Argentré, Coût, de Bretagne, S. 841 et 842. — Laurière, Gloss. du Dr. Fr. — tonel, Dict. — Laurière, Gloss. du Dr. Fr. — Cotgrave, Dict. — Coût, de Hainault, au Nouv. Coût. gén. T. II, p. 122, etc.) Quoiqu'en certains composés, de l'espèce de ceux qu*on indique, arrière paroisse signifier moins l'idée d'être après une chose que celle d*y retourner, on peut, dans l'explication, substituer très- naturellement à l'idée de retour, celle d'après; puisque retourner à une chose, la réitérer, c'est la faire après l'avoir déjà faite une ou plusieurs fois. C'est ainsi qu'arriere-ban I signiHé convocation d'arriere-vassaux, et convo- cation itérative pour service militaire. (Voy. Arban.) On se flguroit sans doute un temps passé, une chose passée, et on se les figure encore comme ayant devancé une chose présente, un temps pré- sent, lorsqu'on les désigne par l'expression ellip- tique, ci-devant. On voyoit au contraire le présent comme ayant arrière lui, après lui le passé, Jorsque, rétrogradant en idée et renvoyant du présent au passé, on disoit : 1* au temps ça en arrière^ au temps (Ten arrière. (Voy. Miserere du RecI. de Mo- liens, MS. de Gaignat, fol. 211, R» col. 1.) Soufert avons au temps ça en arriére. Bnst. Deicli. PoH. IISS. p. t87, eol. 8. ^ Ça en arrière ou çay en arriers ; %aen ayer ou %ay en ayer. (Voy. Ord. T. I, p. 520. — Perard, Hist. de Bourgogne, p. 503: tit. de 1261, etc.) « Estoit très oscure nuiz et très espasses ténèbres « sor tote la terre, quint nostre peire honorevent • %a en ayer Deus faîtis. » (S* Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 98. — Id. ibid. p. 198, paaaim.) 3* En ariere ou en arere ; en arer ou en aner; et tout simplement, arrière. (Voy. S^ Bernard, Serm. Fr. mss. p. 110. — Loix Norm. art. xvii et xxxiv. — Rom. d'Amadas, ms. du R. n* 6987, fol. 325, etc.) « As oid co que fait ai an arrière. Grant tens « ad puisque, elc. » (Livres des Rois, ms. des Cordel. fol. 146.) « Asseurerent la convenance, si com vos « l'avez oï arrière^ par sairemens. » (Villehardouin, p. 37.) Probablement, la signiflcation d'arrière étoit encore relative à l'idée d'être après ce qui est de- vant, dans Tordre successif des temps et des choses, lorsqu'on disoit : ConseU arrière vaut petit. Rom. (U Rou. MS. p. 919. Jehan second fils du Roi de France Si (ùt marié, puis arrière, A une fille d'excelleuce Du duc Guillaume de Bavière. Vifil. de Charles VU. pert. l, p. 6. Cils dit ; nuls ne la rit puis &arrera ni devant. Mais qu'une sienne fiUe : fais-là venir devant. Gcr. de RoimUloo, MS. f . 101. Il est évident que l'expres^on arrière trespassé étoit une répétition inutile ae l'idée d'un passé, que signifloit arrière seul, ou avec le mot temps. « Nostre Père... avoit otroié que il ne ses Sergens « nulles mains-mortes ne requéraient qui devant « sept ans arriérer trespassez avandraient. » (La Thaumassière, Coût. d'Orléans, p. 464; tit. de 1137.) On a déjà vu mettre arrière ou arrière mettre, dans le sens de rétablir, faire retourner à un pre- mier état : sens très différent de celui dans lequel on disoit, « se mettre arrière de ce dont on étoit « avant. > On a vu aussi que « mettre arrière ou « arrière mettre, » c'éloit faire passer après, mettre de côté. (Voy. Arrière-boutique.) Il semble que rela- tivement à cette dernière acception, l'on ait dit : 1* en parlant d'une chose qu on met de côté et en réserve, pour n'en user qu'après avoir usé d'une autre : Cest le coraiU (i> de nostre porte, Qui Tautre jour fù adiré. Je cornant qu'il soit bien gardé... Je voil qu'il soit arrière mis. FM. MS. du R. B* 7615, fol. 147, R« eol. S, H V- eel. I. 2* Au*flguré, en parlant d'un père qui, mettant de côté son bien-être personnel, et le faisant passer après celui de ses enfans, leur abandonne tout ce qu'il possède, tout ce qu'il a, sans possibilité de le recouvrer : Ne fêtes mie en tel manière ; Ne ne vous metez mie arrière De ce dont vous êtes avant. Ne donez tant à vostre «nfant, Que vous n*i puissies recouvrer. Pièl. MS. de R. n* 7918, fol. 151. V eol. 1; al ISI, R- «eL !.. (1) Voir Du Cange à Corale. On Ut au registre JJ. 194, p. 345 (4471) : c IceUui Guionnet de toute sa force frappa audit huyi teuament qu'U rompit le courreU d*iceUui et se ouvrit ledit huys. > On dit encore, en Seine-et*Oise, canton de Chtnmàm crmMIêr une porte, pour la fermer au verrou. (M. s.) AR — 181 — AR En disant qu'un homme étoit arrière d'une chose, on se le représentoit encore comme passant iprès« comme étant après la chose qu*il avoit eue avant et qu'il n'avoit plus. (Voy. Arrière-charte.) « Li Héritiers ne sont pas arrière dou droit de la « rescousse, pour le testament. > (Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, chap. xn, p. 69.) « Dieu me t ^ard de... approprier chose à moy, dont aultre t puist estre arrière de son droict. • (Percef. Vol. VI, fol. 35. — Voy. Arrérager.) Cétoit probablement en se formant une idée semblable de la position d'un débiteur, par rapport à une somme de deniers qu il n'avoit pas et dont il avoit besoin pour payer, qu'on le disoit à V arrière de deniers. • La guerre fut longue ; et par ce moyen « fut à l'arriére de deniers, et en grand somme. » (Méra. d'Oliv. de la Marche, liv. ii, p. 655. — Voy. Arrérage.] Dans un sens relatif à l'idée d'être plus ou moins éloigné de la personne ou de la chose après laquelle on est, après laquelle on a passé en rétrogradant, arrière aura signifié loin, dans le sens le plus gé- néral « S'il n'est plus de deux lieues arrière, etc. » (Coût, de Clermont, au Nouv. Coût. gén. T. II, p. 871.) « Mouroit hors de son pays, arrière de sa « bonne femme. » (André de la Vigne, Voyage de Caiarles VIII, p. 183. — Voy. Rob. Estienne, Nicot et Monet, Dict ) Plus souvent et plus anciennement, arrière signi- fioit près, auprès, contre; signification qui, pour être opposée à celle de loin, n'en est pas moins de même origine. On a la preuve qu'en style figuré, être avant d'une chose, c'étoit l'avoir, la posséder. Le possesseur, ainsi représenté dans une ()Osition aussi naturelle qu'avantageuse à la sûreté de sa possession, avoit après lui, mais près, tout proche, auprès, tout contre, la chose dont il étoit d'autant plus sûr qu'elle étoit moins éloignée. Il est possible que selon cette façon de voir, on ait dit « avoir en » ayer soi une chose » pour l'avoir, la posséder. • Ancor n'en ay-je mies en ayer mi chose ke ju vos • poie mettre davant : Si demanderai-ju Saint Be- • noit trois pains dont je vos poie pastre. » (Saint Bernard, Serm. Fr. mss. p. 314.) • Si j'ausserecoillit « lo sanc nostre Signor, ensi cum il decorreitde la • croix, et si ju Vavoye en ayer mi en un vessel de « voire, etc. » (Id. ibid. p. 29.) C'est dans un sens analogue, qu'au xvii* siècle on désignoit encore une possession illégitime, en disant : « Il a beaucoup • du mien arrière soi. » (Monet, Dict.) L'idée de proximité, quel qu'en soit le principe, étant généralisée, l'acception i'arriere fut aussi étendue que celle de la préposition latine apud, à laquelle il répond en quantité de passages, où il signifie dans, chez, auprès^ etc. « 0! cum bien- « aurons le cuer, chier Sire, en ayer cui tu feras « mansion. » (S» Bernard, Serm. Fr. mss. p. 26.) « Li poures en ayer cui ie fui harbegiez, me fist pi- « iiet. » (Id. ibid. p. 45.) « Est li sapience de cest • Munde, sottie en ayer Deu. » fïd. ibid. p. 261.) Peut-être que, comme avec ellipse, on désignoit un conseil qui venoit après chose faite, en disant que c'étoit conseil arrière, on aura désigné la Jus- tice dont on étoit toujours près d'être secouru, en disant que c'éioïi justice arrere. Or fut-il aiffle très notable. Qui ne voulut tondre, ne rere Ses oyseaulx : mais ^ar justice arrere Leur est tous temps secourable. Eust. Descb. Poés. liSS. p. 331, eol. i. ' Quelle que soit au reste la signification d'arrere en ces vers, on croit qu'être arrière de faire une chose, c'étoit être près de la faire. Quant je vi premièrement Ma très douce Dame chiore ; Sa grant beauté fu arrière De moi navrer tellement, Que se pité, n'i entent ; etc. Froissart, Poes. MSS. p. 9», col. 8. Il semble même qu'en ces vers, c'étoit approcher par derrière et le plus près possible, afin d'être plus sûr de son coup. Il est probable que, relativement à l'idée de s'opposer en s'approchant tout près, tout contre et par derrière, on aura dit d'une per- sonne qui nous étoit contraire et opposée,^ qu'elle nous étoit arrière dos. Dont li redist li fel Prevoz ; Pourquoi m'es-tu arrière dos ? Vies de SdnU. MS. de la Clayette, p. 39, col. 2. On termine cet article, sans autre preuve qu'ar- riere a signifié des idées d'opposition entre per- sonnes ou choses contraires, parce qu'il paroît suf- fisant d'indiquer l'analogie de celte signification avec celle d'après et auprès. VARIANTES I ARRERE. Britton, des Loix d'Angleterre, fol. 281. AiER. S» Bernard, Serm. Fr. MSS, p. 356 et 374. AiERE. LI. ibid. p. 280. AiHER. Eust. Desch. Foës. MSS. p. 217, col. 1. AiRiERE. Siège de Thèbes, MS. du R. n» 6987, fol. 40. AiRRiER Chans. Fr. MS. de Berne, part, i, foi. 53. Arer. Loix Norm. art. xvii et xxxiii. Arère. Britton, des Loix d'Angleterre, fol. 12, V«. Areus. Marbodus, de Gemm. art. vu, col. 1646. Arier Chans. Fr. MS de Berne, part, ii, fol. 102. Ariere. Livres des Rois, MS. des Cordel. fol. 146. Ariers Fabl. MS. de la Clayette, p. 432, col. 1. Ariez. Fabl. MS. de Berne, n« 354, fol. 26, V« col. 1. Arre. Britton, des Loix d'Angleterre, fol. 267. R». Arrers. Ger. de Roussillon, MS. p. 101. Arreuso. Frag. de la v. deBoece, MS. de S< B -s.-L. p. 274. Arriens. Perard, Histoire de Bourgogne, p. 503. Arrier. Enfance d'Obier le Danois, MS. de Gaisnat, fol. 92. Arrière. Orth subsist. — ViUehardouin, p. 3/. Arriéres. La Thaumassière, Coût. d'Orléans, p. 464. Arriers. Perard, HisL de Bourgogne, p. 5(â. Ayer. S» Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 29, passim. Ayerr. Id. ibid. p. 66, passim. Ayers. Id. ibid. p. 38 et 43. Erres. Ane. Poët. Fr. MSS. avant 1300, T. II, p. 921. Erriere. Hist. de la Toison d'or, Vol. I, foL 9§. Hareu. Froissart, Poês. MSS. p. 325, col. 1. Arrérer, verbe. Mettre en arrière, reculer, éloi- gner, différer, retarder. Priver d'une possession. Endetter. Il semble que, par contraction du verbe arrérer ou arriérer, formé de l'adverbe arrière ou arrere^ on ait dit arrer devises, pour reculer les bornes qui divisoient deux possessions voisines l'une de 1 autre. « Si devises entre voisins soit arres par un AR -*i ■ des veisins, udonques lient lieu cestc assyse à r&- • dresser ses devises jesques eo lour droit cstate. • (BrilLoii, des Loix d'Augleterre, toi. 112, R'.) C'est relativement à l'idée générale de mouve- ment en arrière, et de la position où l'on est en conséquence de ce mouvement, que s'arriérer a signilié se reculer, rester en arrière. (Voy. Oudin, Dict.) En trop hast«r n'a nul avancement ; Et tels 80 cuide arriérer qui s'avance. Amoara, j'ai bien de tout ce aentement : En trop haster n'a nul avancement. FnUun, Pon. HSS, fol. 31S, «1. 1. Quoiqu'arrierer subsiste comme vertie récipro- que, on ne dirait plus arriérer une affaire, pour la mettre en arrière, la reculer; arriérer un ouvrage, pour le reculer, en éloigner la Un ; arriérer un jugement, pour en éloigner l'exécution, la différer; arriérer un amour, pour en éloigner la récom- pense, la retarder ; arriérer le cuidier de quelqu'un. pour reculer son espérance, l'éloigner, etc. (Voy. tett. dePasquier, T. 111, p.5i5. — Cléomadès,»ts. de Gaiïnat, fol. 52. — Lanc. du Lac, T. I, fol. 132. — Percef. Vol. VI, fol. 83.) Cis coups a moult Brunamon desvië, Et son cuidier durement arriéré. EnTuKa iVgiti la Duoii, US. da Gtifiial, h\. SS, V* col, 1. Les acceptions propres ou figurées de ce verbe, sont toutes analogues à celles de l'adverbe arrière. Dans l'expression être arrière d'une chose, c'est-à- dire, n'avoir pas une chose, en être dépossédé, en Ôlre privé, on trouve l'origine de la signification à'aiTiérer, en ces veis : . . . Quant il est desatiriet El d 'aucune chose arririe:, Si diet ; se j'estoie à harnas, Et je eussu uns linges dras. Ou tel chose que il n'a mie ; etc. Fibl. US. lia H. n- TIIH, fol. (36, R- co). 1. Enlin. par la raison qu'on a dit: être à l'arriére de deniers, le verbe arriérer a signilié endetter, • Il nevouloil que le Roy fusl embesongné de le • festoyer, ne aussi que les Gentilzhommes en fus- • sent arriérez de les festoyer, cliascun selon sa - valleur. . (Percef. Vol. II, fol. 144.— Voy. Oudin, Dict.) C'est dans un sens relatif qu'on dit encore qu'un fermier s'arriére. (Voy. Arrére et Arrêragb.) ARRËRER. CtéomadËs, MS. de Gaignat, fol. 5, V* col. 3. ARRKn. Brilton, des Loii il'\nglfiterre, fol. 112, R». Arbiereh. Percer. Vol VI. fol. 83, V» col. 1. Arririeb. Fabl. MS. du R. n= 7218, fol, 2S6, R» col. 1. Arrérlssement, subst. masc. Délai ou priva- lion. On croit que, dans un sens analogue à celui du verbe airérer, priver d'une chose, ou la différer, on a dit : « Soit enquis de alliances de jurors par • entre nos Ministres et eux, ou par entre veisin et » veisin, en arrerissement de droiture. » (Britton, des Loix dAnglelerre, fol. 38 — Voy. Arréheb.) Arrest, subst. masc. Chose qui arrête, obstacle, empêchement ; arrêt de lance; partie d'une lance, i- " AR la poignée; détermination, d(%me, décret, sen- tence, jugement. Stabilité, constance; stalioB, pause, repos, demeure, détention ; étal d'une per- sonne arrêtée; étal d'une chose sur laquelle on a fait arrêt. Action d'arrêter ; cessation, délai, relard. (Voy. Arrestance, Arhestbe, ârrestsmeat et Arrks- Toison.) Eo supposant que l'adverbe riere, en latin rétro, soit le principe de la particule re dans nombre de verbes, tels qu'en françois râler, retourner, rebu- ter, on pourroit dire que de rétro itare, eslre ou ester riere, s'est formé le verbe latin reslare, ea frani;ois rester; etqu'arr£Sfer(i]estde même origine qu'arater, areloumer, et autres que l'on croit être formés de l'adverbe composé arrière. Peut-être ju- gera-l-on raisonnable une supposition faite d'après l'analogie évidente des siguilications de l'adverbe et de la parlicule. (Voy. Arrëhe.) Quoi qu'il en soit, on avouera la possibilité d'expliquer dans un sens relatif à celui de J'ad- verbe arrere, le verbe arresler et le substantif arrest, en disant que • faireun arrest ^quelqu'un, ■ ou Yarrester, c'est le forcer d'être arrière, de rester plus ou moins loin du lieu ou de l'objet qu'il veut joindre et vers lequel il s'avance. Anciennement, < faire un arrest a quelqu'un, > c'étoit l'arrêter, l'empêcher de passer outre, faire obstacle à son passage. . . . Quant l'en voit une personne, Tant Eoit saige, qui mal se vest ; L'en lui a tost fait un arre$l. Et daflandu qu'avant ne passe. Eut. Deidi. Po«L IJSS. p. i50, cal. t. Dans le sens général de chose qui arrête, le mot arrest auroit désigné mille choses propres à ce même effet, si l'on n'en avoil, comme aujourd'hui, particularisé l'usage. Pour nos anciens Chevaliers qui n'avoient point d'arre/s de lance, ■ parcequ'ils ' n'eussent scu où le clouer sur leurs nauber-s de > mailles, mettre la lance en arresi, ou la coucher > sur Varresl, ■ comme on lit dans l'Histoire de Saintré, p. 41f9; c'éloit la coucher sur la selle, en appuyer le gros bout contre l'arçon de la selle de leurs chevaux. (Voy. Fanchet, Mil. Fr. liv. n, p. MO.) Ainsi, l'on pouvoit alors nommer arrest toutcequi tenoii lieu de la pièce de harnois, du petit fourreau de cuir qu'on imagina depuis pour arrêter la lance du Gendarmcqui rompoit en lice ou dans un com- bat. ' Pierre de Bayard empoigna une lance < d'un des Espaignols; et malgré lui, la lui meit ■ hors de Vairest, tant qu'elle lui demeura. • (Aunot. sur l'HIst. du Ch" Bayard, p. 23. — Voy. Dict. de Trévoux.) L'opinion du Président Fauchet est que les lances, originairement toutes unies depuis lo fer jusqu'à l'autre bout, ainsi que les javelines, n'eu- rent point de poignées avant l'an MCCC. (Voy. Mil. Fr. liv. n, p. HO.) 11 semble donc qu'avant l'usage de la pièce de harnois, spécialement nommée arrest, ce mot ait signifié ^ignée de lance ; soit 1} Arrêter vient de adretUire et a pour aubstantU veriul arrtt, (m. b.) AR — f83 - AR parc« qne cette poignée s'appuyoit à Tarçon de la ^elle, ou à autre chose qui Tarrétoit ; soit parce Suétant évidée, elle formoit un arres^ pour la main e celui qui en étoil armé. « Les lances seront « d'une mesure, depuis la poincte du fer jusques à « Varrest. » (Monstrelel, Vol. II, fol. 199.) « LeChe- « valierEspaignol rompit sa lance de pleine atteinte; « et fut rompue par Varrest. *» (Mém. d'Oliv. de la Marche, liv. i, p. 187.) « Fut ledit Michaut blécé en « la main dextre du commencement; mais il se • blécea luy mesme à son arrest en couchant sa « lance. » (Id. ibid. p. 309.) Peut-être dira-t-on qu'en ce dernier passage le mot arrest désigne une pièce du harnois où l'on arrêtoit sa lance ? Mais on reconnoitra sans doute que dans les deux précé- dens, il désigne une partie même de la lance, pro- bablement la poignée. (Voy. Arresteul.) La preuve qu'arrest signifioit en général chose qui arrête, c'est qu'au défaut du nom propre à dé- signer particulièrement une chose de cette espèce, on disoit : « Ung airest qui tient une longete.... « attachée au lacz. » (Moduset Racio, fol. 81.) « Si « va.... pour se seoir sur le perron; mais il ne « trouvast point d'arrest ; si va cheoir les jambes « levées en ung flos qui derrière luy estoit. » (Per- cef. Vol. II, fol. 32. — Voy. Arrestise et Arestie.) Il est possible que relativement à cette acception générale, le mot arrest ait signifié figurément, dé- termination, dogme, décret, sentence, jugement; en général, chose qui arrête et détermine la façon politique et morale de se conduire, chose qui arrête et fixe les prétentions légitimes ou illégitimes de Parties opposées, jugement qui arrête le cours d'un procès. « Or entrèrent le Roy de Castille et ces Ba- « rons et Chevaliers de France en parlement pour « avoir certain arrest. ei avis comment il se main- « tiendroyent. » (Froissart, Vol. III, p. 186. — Cotgrave, Rob. Estienne, et Monet, Dict. — Voy. Arrestâl.) Anciennement, les Jugemens que les Cours Sou- veraines des Parlemens, rendoient sur procès par écrit, et sur enquêtes faites par l'un des Juges qui devoiten faire le rapport à sa Chambre, étoient les seuls jugemens qui fussent ainsi nommés. Le mot Arrest (1), en \2itin Arrestum, étoit la dénomination spéciale des Jugemens rendus publiquement, en la Chambre des Plaits, différente de la Chambre des Enquêtes, sur les plaidoyers des Avocats. La for- mule étoit : « Quibus rationibus utriusque partis « bine inde auditis, dictum fuit per arrestum « Curiae, etc. — Voy. Du Cange, Gloss. lat. T. I, au mot Arrestum^ col. 682. — Idem, dissert. 2, sur l'Hist. de S* Louis, p. 143.) Quelque plausible que paroisse l'opinion de plu- sieurs Etymolo^istes et Jurisconsultes, qui ont cru ![U*en ce sens il falloit écrire arest, comme étant orme du grec aXçeciç, placitum en latin, en françois fiait, on pense que l'ancienne formule des Arrêts avorise le sentiment de Nicot. « Les Parlemens et « Cours souveraines, dit-il, n'usent point de ces « mots, il nous plaist, ou car ainsi nous plaisl; » d'où il conclut, avec assez de vraisemblance, qu'au figuré le substantif « arrest ^ prins du verbe « arrester, » a signifié et signifie le jugement d'une Cour souveraine, parce qu'un pareiljugement arrête et fixe les prétentions légitimes ou illégiti- mes des Plaideurs, parce qu'il arrête le cours d'un procès, parce qu'il est « l'extrême closture et fer- « meture aux appellations et au cours d'un « procès. » (Voy. Nicot, Dict.) C'étoit aussi le senti- ment d'Henry Estienne, qui a dit : « Au lieu que le « temps passé les An'ests faisoient arrester les « procès.... maintenant on a trouvé l'invention « qu'au lieu de les arrester, il les font tant mieu» « courer : car nous voyons des procès sur lesquels « ont esté donnez jà dix arrests, et toutes fois, c'est « encores à recommencer. » (Apologie pour Héro- dote, p. 257.) Ce mot a signifié et signifie encore l'état d'une personne qui reste en place, qui s'arrête à une chose; l'état d'une personne constante et stable dans sa façon d'être physique ou morale; puisqu'on parlant de celle dont l esprit ou le corps ne peut s'assujettir à cet état habituel, on a dit qu'elle n'avoit point d'arr^/, « qu'elle n'avoit non plus « i'arrêt qu'un jeune veau. » (Cotgrave, Rob. Estienne et Nicot, Dict. — Voyez Arrestable et Arrester.) Plus souvent, il désignoit l'état accidentel d'une personne qui s'arrête en un lieu pour s'y reposer, y demeurer ; station, pause, repcTs, demeure, dans les Dict. de Nicot et de Monet : l'étal d'une personne arrêtée, sa détention en ce passage : « La Reine « mère avoit été arrêtée le malin Peu après « Madame la Comtesse divulgua l'ûrres^ delà Reine « mère. » (Mém. de Bassompiere, T. IV, p. 141 et 145.) En ce sens, le mot arrest distingué de prison fer- mée dans la Coutume de Bretagne, fol. 171, n'est plus usité qu'au pluriel, en termes de discipline mi- litaire. Anciennement, on disoitd'une personne qui obéissoit à Varrest fait par un Officier de-Justice, qu'elle restoit en arrest; qu'elle forvoioit Varrest^ si elle y désobéissoit. « Se aucuns estoient arrestez « par mi, ou par men kemant, souffisamment par « raison de Visconté, et il forvoioit Varrest^ il « l'amenderoit par l'esbart du Maieur et des Eske- « vins. » (Ord. T. in,p.295; tit.de 1291.) « Quicon- « que trouve son débiteur, ou sa débitrice « n'estant point frère ou sœur de Loy de la mesme « ville, peut le faire arrester par l'un des Officiers « establis par le Seigneur pour le payement de sa «( dette, ou pour autre prétention : et celuy qui est « arresté, est tenu de rester en arrest, ou d'establir « caution. » (Coût, de Poperinghe, au Nouv. Coût. gén.T. I, p. 943.) On ne multipliera point les preuves q\x*arrest i signifié en Justice, l'état non-seulement des person- (1) A« FsrieBMat de-Parts, le mot arrêt désignait exclusivement les sentences rendnes par la Grand'Cbambre. (n. b.) AR — i«-- nés, mais des choses arrêtées : état sur lequel pro*- nonçoit une Jurisdiction établie dans certaines Villes avec le litre de Jurisdiction des arrests. • On est dans l'usage de cinq sortes de JuVis- « dictions; de la Chambre, des Mandements, des « Arrests^ etc.... Aux Arrests, les Eschevins con- « noissent à la semonce du Prévost ou Escoutette, « de toutes les exécutions civiles, détentions, « arrests, appréhensions, appositions ou saisies « faites dans la Ville et TEschevinage; comme aussi « des causes et actions pour lesquelles ils sont < faits. > (Coût, de Bailleui, au Nouv. Coût. gén. T. I, p. 974, col. 1 et 2.) Les Villes où l'action d'arr^^^r un débiteur étran- Ser et ses effets mobiliers, étoit autorisée comme roit de Bourgeoisie, se nommoient par cette rai- son Villes (T Air est. Ce droit; particulier à certaines Villes privilégiées, fut octroyé en ii34, par Louis le Gros, aux Bourgeois de Pans, « qui sans cédule ni « obligation, pouvoient procéder par voye d'arrest « sur Tes meubles de leurs débiteurs forains, qui « étoient les justiciables du Roi et non les justi- « ciables d'autres Seigneurs. » (Voy. Laurière, Gloss. du Dr. Fr.) Par Lettres de 1430, les habitans de Montargis. obtinrent du Roi, que leur ville seroit « Ville d'Arrest, au regard de leurs debteurs, « comme les Villes de Paris, Rouen, et autres bon- « nés villes. » (Voy. La Tbaumassière, Coût, de Berry, p. 412. — Stille de procéder au Parlement de Normandie, fol. 82, R° col. 2.) C'est sans doute conformément à ces Lettres, que dans la Coutume de Montargis, on lit : « La ville de Montargis, par « privilège, est Ville d^Airest; et les Bourgeois « manans et habitans en icelle, peuvent faire arres- • ter dedans laditte Ville et Fauxbourg, les biens « meubles d'aucun Estranger et Forain y trouvez, « pour raison des dettes à eux deues tant par obli- Îation qu'autrement. » (Coul. gén. T. I, p. 927.) e droit d'Arrest, exercé en certaines Villes sur Ids effets mobiliers du débiteur étranger, s'exerçoit en d*autres sur la personne même du débiteur. « La ville de Brusselles est une Ville d'Arrest; « et il est permis à un Créditeur, trouvant en icelle « ou sa franchise, son Débiteur, de quelle qualité, « condition ou estât il soit, n'estant bourgeois, ny « y tenant fixedomicile, faire arrester par l'Amman, « son Lieutenant ou Sergeants jurez, pour le tirer « en droit devant le Magistrat de la Ville, afln « d'avoir satisfaction de sesdebtes ou prétensions. » (Coût, de Brusselles, au Nouv. Coût. gén. T. I, pagel240, col. 1.) Probablement, Tadministralion des Villes, qui ne jouissoient pas du privilège des Villes d^Arrest, s' oo cupa des moyens d'en généraliser l'utilité, en per- mettant aux Bourgeois, et même à ceux qui ne rétoient pas, d'assurer leur créance par la voie de VArrest d'estranger. « Sont réputez arrêts d'es- « trangers, lorsqu'un Bourgeois ou estranger fait « arrest sur dettes ou sur des effets trouvez dans la « Ville et l'Eschevinage, appartenants à un Estran- « ger. » (Coût, d'ipre, au Nouv. Coût. gén. T. I, 6. 882.) Peut-être rEstfanger qui partageoit avec le ourgeois, le droit d^Arrest a^Sstranger, devoit-il être domicilié, ou associé aux privilèges de la Bourgeoisie ? La franchise des arrêts étoit le droit de s'opposer aux arrêts, tels qu'on les permettoit à l'égard d'un débiteur étranger; droit réservé aux seuls Bour- geois, à moins qu'ils ne le communiquassent à d'autres, pour quelque raison de politique ou de commerce. « Un créancier peut.... arrester les « biens de son débiteur ou de sa débitrice, qui n'est « point frère ou sœur de Loy ; desquels arrests « sont exempts ceux avec qui la Ville a fait alliance, « ou avec qui elle la pourroit avoir, portant la « franchise des arrests. ^ (Coût, de Poperinghe, au Nouv. Coût. gén. T. I, p. 943, col. 1 et 2.) C'est dans le sens propre d'Arrest^ action d'arrê- ter^ qu'en parlant de Chevaliers à qui Ton avoit défendu de se laisser arrêter par des enchantemens, de s'y arrêter y on a dit : « Seigneurs , mal vous « souvient de Zéphir qui hier au soir vous deffendit « Yairest de telles décevances : allez vous en avant « d'icy. » (Percef. Vol. iv, fol. 155.) Le mouvement cessant par l'action d'arrêter, c'est sans doute avec extension de l'idée de cette cessation de mouvement à la cessation d'agir en général, et même de parler, qu'on a dit flgurément : « Elle n'avoit arrest de dire piteusement, etc. » (Percef. Vol. iv, fol. 21. En comparant l'affaire dans la suite de laquelle on ^'arrête y l'action qu'on diffère ou retarde, à un objet ou à un lieu en arrière duquel on reste, et vers lequel on doit ou veut s'avancer, l'on aura dit arrest dans le sens flguré de retard, délai. (Voy. Monet, Dict.) Si 8*enala Tout tantost, sans nul point d*orre«ly grant foi Cbk>iD«dès, MS. de Gdgntt. fol. U, V* col. % Par dessus une errant fbrest. VARIANTES * ARREST. Cléomadès, MS. de Gaignat, fol. 52, V« col. 2. Arest. Rom. de Perceval, MS. de Berne, n« 354, fol. 217. Arrestable» adj. Qui est en état de tenir ferme. C*est probablement en ce sens 9 relatif à celui d*arrest, stabilité, qu'on a dit : « Je cuide que ung « homme jeun ayt meilleure voulonté et vertueuse « force, engin, discrétion et propos, et bien ferme « de faire son honneur, et répute preud*homme et « arrestable en la bataille que celui qui a beu et « mangié. » (L'arbre des batailles, ms. fol. 176. — Voy. Arrest.) Arrestal» subst. masc. Séjour. Ordre. (Voy. Arrest) Dans le sens analogue à celui d'arrest, station, pause, repos, on disoit : faire arrestal^ pour séjour- ner, se reposer en un lieu, s'y arrêter. (Voy. Anseis, MS. fol. 30.) Au figure, ce mot signifioit ordre, comme arrest a signifléchose qui fixe etdétermine ce qull faut faire: Gaudisse fait crier son arrestal. Qu'en lor nés entrent tout, main et communal. Audt. MS. fol. S». V Ml. t. ÂR — 185 — AR VARIANTES *. ARRESTAL. Anseis, MS. fol. 30, R« col. 3. Arkstal. Ibid. foL 35, V« col. 1. Arrestance, subst. fém. Chose qui arrête; obstacle, empêchement. Lieu où Ton arrête, où l'on s'établit; demeure fixe, domicile. Retard, délai. (Voy. Arrest.) On est arrêté par les obstacles; on reste en arrière de son but, lorsqu'on les rencontre. De là, le mot arrestance aura signifié obstacle, empêchement; en général, diose qni arrête. Lors m'escriai à haut ton ; Sens point d'arestence, lÀ loua enporte un mouton. Et Robina s'avance, etc. CbnM. Fr. MS. de Berna, n« 389, part, u, fol. 8. R*. Savés qu'ele est la provance D'amor et de son pooir ? Mal n'i velt faire arrestance De cortoisie faite oir. Ane. Poél. fr. MSS. aTtnt 1300, T. III. p. 1055. Dans le second sens, arrestance signifioit domi- cile, demeure fixe ; en général, lieu où Ton s*établit, où l'on s'arrête. • Se aucuns le vient accuser de « larrecin, il le doit accuser par devant le Seigneur « dessous qui il est couchans et levans, se il narres- « tance : car se il n*a point de chertain lieu là où il « demeure, si coume moût de gens qui nont point « A* arrestance^ etc. » (Beaumanoir, Coût, de Beau- « voisis, chap. xxii, p. 166.) Querez vostre arrestance aiUours ; Ci ne sera plus vos séjours. CléomaJès. MS. de Gaif ut, fol. 55, V* col. 8. Par la raison qu'on est arrêté, retardé par les obstacles, on ne se méprendroit guère en expli- quant par obstacle le mot arrestance, lors même qu'il signifieroit retard, délai, comme en ces vers : Celi jure bien et aûe ; Et Cléomadès la siance En a prise, sans arrestance. Cléomadèe, MS. de Gwgnat. fol. 39. V col. i, VARIANTES .* ARRESTANCE. Laurière, Gloss. du Dr. Fr. Ahesten'CE. Chans. Fr. MS. de Berne , part. II, fol. 8, Ro. Arrestée, subst. fém. Délai. Doute. (Voy. Arrest et Arrester.) C'est peut-être le participe du verbe arrester, qui par ellipse d'un substantif féminin, comme action du corps et de l'esprit, signifloit délai, lorsqu'on disoit : Dans Englebers monte, sans areslée. Anseis, MS. fol. 54. R* col. i. Au second sens, doute par lequel l'esprit est arrêté et dans lequel il reste. ... Se tant l'ose atendre, que se gens soit venue ; S'avoir puet aflance sans nesune arestuCy etc. Rom. d*Alexandre. MS. da R. d* 0087, fol. 186, R* oo). S. VARIANTES * ARRESTÉE. Enfance d'Ogier le Danois, MS. de G. fol. 74. Arestée. Anseis. MS. fol. 54, R« col. i. Arkstue. Rom. d'Alexandre, MS. du R. fol. 186, Arresiement, subst. masc. Séjour, prolonga- tion de séjour. Action d'arrêter, cessation de marche, d'action ; de différer, de retarder. Dans un sens analogue à celui du verbe arrester, rester, séjourner, demeurer, on a désigné la liberté 3u*avoit une personne de s*arrêler dans un lieu, •y rester, d*y prolonger son séjour, en disant qu'elle avoit « liberté touchant son arrêtement. » (Voy. Mém. de Villeroy, T. VII, p. 81.) Plus souvent, l'action d'arres^em^n^étoit relative à celle d'arrester, rester en arrière, cesser de mar- cher, par extension, cesser d'agir. Tantost a mis le pied à terre, En disant qu'il veult aller querre Son faulcon, sans arrestement. Gaoo de U Bigne. des DédoiU, MS Ibl. 25, R*. ... La tMûsai, sans nul demorement : Le gieu d*amors U vuell faire Sans nul arestement. Sire, que volés-vos faire ? Ane Poét fr MSS. aTint 1300. T. IV, p. 1489. On a indiqué ailleurs la comparaison d'après laquelle arrestement et arrestoison peuvent égale- ment signifier cessation d'agir et action de retarder, de différer. (Voy. Arrest et Arrestoison.) VARIANTES : ARRESTEMENT. Cotgrave, Dict. Arestement. Ane. Poët. Fr. MSS. av, <:îOO, T. IV, p. 1489. ÂRRÊTEMENT. Mém. de ViUeroy, T. VU, p. 81. Arrestement, adv. En arrêtant. Dans le sens propre, on a dit : « Un Lévrier tout seul ne pourroit « prendre arrestement un de ceschaz;.... car il a « les ongles comme un Lyepart. • (Chasse de Gaston Phébus, ms. ç. 81.) Au figuré, airestément signifioit en arrêtant, en fixant ridée qu'on doit avoir des personnes et des choses. « Congnoistre au vray et arrestement « qui est vray ou faint amy, etc. ^ (Hist. de la Toison d'or, Vol. II, fol. 19. — Voy. Arrester.) Arrester, verbe. Rester en arrière, cesser de marcher, cesser. Rester en repos, séjourner, demeu- rer, se fixer, s'établir, se poster, rester ferme; résister, être ferme, de pied-ferme ; être fixe, stable, constant, posé, etc. Faire rester en arrière, empê- cher. Il semble, dit Nicot, (\\x' an*ester ou ^ arrester (1) soit composé deTadverbe arrière et du verbe simple ester. Ainsi, il signifieroit littéralement, rester en arrière d*un lieu vers lequel il est possible d'avan- cer, si on ne cesse le mouvement par lequel on avance, si on ne cesse de marcher. • Je scay qu*ilz « ïCarresterent en cest nuyt de chevaucher ; ne ilz « iVarresteront tant qu ilz viendront où ilz doivent « aller. » (Percef. Vol. II, fol. 106.) « Uuant il vint en une tertre dehors Jérusalem, « son asne s'aroista : Balaan le féri, et Tasne « recula. » (Martène, Ampl. coll. Contin. de G. de « Tyr, T. V, p. 604.) Plus on réfléchit à Tidée de Nicot sur la formation de ce verbe arrester, plus on la trouve vraisem- blable. En cfTet, « en cessant de marcher outre et (1) Voir plus haut à Arrest, n. 24 AR -* » suivre sa route, on demeure arriete, eu égard au ■ progrès du chemin qu'on eust fait, si Ton ne se •c lust arreslé. • (Voy. Nicot, Dict.) On a généralisé sans doute l'idée particulière de la cessation du mouvement par lequel on pent avancer vers un but physique ou moral, lorsqu'on a dit arrester ou ^'taretter, pour cesser d'agir, de parler, de penser, etc. (Voy. Arhestbment.) Peut-être faisoil-on abstraction de l'idée rester en arrière, lorsque dans unsensqui parolt relatif à l'idée générale, cesser d'agir, de se mouvoir, le verbe arrester ou s'arreiter signilloit rester en repos, séjourner, demeurer, se nxer, s'établir, se Îioster, rester ferme, résister, être ferme, de pied- erme, être fixe, stable, constant, posé, eic. S'à mon ostel fusse aretivt, A pieace ne lusse Teitue De loube d'escarlatte nueve- En la foreat cri aretlatiK, Là où ti ancUuB monana Avoit la seue forterece. FM. KS. (te R. B* 7«e, Tel. ÏM, If < A Rome ertmes Siro arrêtons; Là estoit riches et m&iun*. CUMudèi, 113. (!• Gilful, toi. M, V. ad. 9. Le Roi de France a déjetè Juis: mes il sont arreU ~ (oingne, et en mairie tam. Ea^or Bortfoi__„_._, _. _ JU. ta Fmc* M nn, à ta vUtt da Kam. it Fond, US. _ A. ii>Wll.fiil. TS. R'col. I. Lorsqu'une troupe postée avantageusement res- toit ferme dans son poste, on dîsoit qu'elle estoit arrettée sur son advanlage. • Si on alloit com- • battre ainsi arrestés sur leur advanlage, on ■ se metloit en très-gi'and péril . • (Froissarl, Vol. J, p. Î74.) C'est probablement par extension de l'idée de la fiosition où l'on reste, lorsqu'on se fixe et s'établit, orsqu'on se poste, que le verbe an'ester, comme en latin rettare, a signifié résister. (Vov. Règle de S' Benoit, Lat. et Fr. us. de Beauvais, cnap. litui.) 11 semble inutile de multiplier les preuves de l'ac- ception propre et figurée a'arrester, résister, estre ferme, etc. (Voy. ARHESTABLE.t Qu'il sufflse d'ajouter qu'on paroll avoir désigné, 1* l'état, l'ordre lixe et constant dans lequel, un jour de bataille rangée, l'on combattoit k son rang et de pied-férme, en disant que cette bataille éloit vne journée arrestée, une bataille arrettée. • Regardèrent longuement ■ quel cry pour la journée ils crieroyent, et à quelle • bannière ou pennon ils se trahiroyent : Si furent ■ grand temps sur tel estât que de crier Nostre ■ Dame, Auxerre; et de faire le Comte d'Auxerre . leur Souverain, pour ce jour. Mais ledit Comte... . s'excusa... en disant : Messeigneurs, grand merci ■ de. l'honneur que me... voulez faire... -Je suis • encore trop jeune pour enchaîner si grand fais • et tel honnenr; car c'est la première journée < arrettée où je fu oncques. ■ (Froissart. Vol. 1, p. J78) . H a eue victoire en bataille arrestée, sur ■ ses ennemiz, luy estant en très grant joeunesse. • (Hist. de B. du Guesclin, par Ménard, p. MS.) S- AR 2* La fixaUou de la valeur d'une moonoye qui devoit rester toujours la même, le pri;itflze et cons- tant pour lequel on en étabi issoit le cours, en disant qu'elle étoit monnoye arrestée, qo'elle devoit arrester en mime état. ■ Avons ordonné de faire ■ monnaye arrestée etestable. » (Ord. T. III, p. 424.) • Pour le fait et gouvernement de noa monuoyes. ■ ailn qu'elles pnissent et doi«it demourer et < arrester en bon et deu estai, etc. .■ (Ibid. p. 51.) 3* La constance d'un courage querienn'ébranle, en disant que c'étoit un couraçe arretté. Prouesse fait aux Nobles atsavoir.... Que nul ne peull pur elle pria »roir, N'eslre receu à sa grant court planiera. S'U n'a en lu; trop plus tait que manière. Et àl'aiploit, conauitetbaraement. Ferme propos et arrêté couraa: Al. Cbutiv, BrAin dH Ntèln. p. US. 4° L'état physiqiie et moral d'uu homme posé, sa façon d'ébre paisible et constant, en disant qu'il étoit homme arrêté ou arresté. (Mcot et Honet. — Voy. Arrest.) On pourroit citer nombre d'nutres expressions dans lesquelles la sigaifîcaUon neutre ou active d'arrester, est analogue ù ces mêmes idées de constance , de stabilité, d'état fixe , d'état de repos. En disant arrester dans le sens actif d'établir, fixer, déterminer, on faisoit, comme pour le sens neutre, abstraction de l'idée de position en arrière : idée à laquelle parolt être relative l'acception de ce verbe lorsqu'on dïsoit flgurément arrester quelqu'un d'une chose ou d'une action. En elîet, arrester tTune trahison, par exemple, c'étoit empêcher d'aller en avant celui qui se pré- paroit à trahir; littéralement, le faire re^r (a arrière de sa trahison. * Pensa de cette trahysCHi • faire comme elle lui avoit mis sus. Mais on l'avoit • desavancée, quant ceulx qui l'apperceurent , • Varrestèrent de trahyson; et s'enluyt. = (Lanc. " du Lac. T. 1, p. 127. — Voy. Arrest.) coMue. Arestace, subj. prés. Qu'il arrête. A petit vait ne a'amiaee Por remirer encor sa face. SUge àm rnjt, US. du B. n* «WI, M. 101, R- coL I. Arestad, indic. prêter. Arrêta; en latin Sletit. (Livres des Rois, ms. des Cordel. fol. 8.) Aresteue, pnrticipe. Arrêtée. (Rom. d'Amadas. Ms. du R. n- «S87, fol. 319.) Aresteus, participe. Arrêté. [Albis, ms. fol. 128.) Avestit, indic prêt. Arrêta. Fabl. ms. du R.) Arrestoie, ind. imp. J'arrétois. (Cbans. Fr. du lur siècle.) Arretturent, ind. prêt. Arrêtèrent. (L. des R.) Arestut et Arresta, ind. prêter. Arrêta. En un boii t'arettui; et sa gent B'arata. Ikn.dtRw. Hap.US. Areituz, partie. Arrêté. (Alhis, ms. fol. 8.) àrrestu, partie. Arrêté. (Cléomadês, fol. 26 ) Arrestut, ind. prêt. Arrêta. (Fabl. ks. de S' G.] Arrestut, subj. imp. Arrêtât. [L. desH. M. 68.) AR -U7- AR VARIANTES : ARRESTER. Cotffrave, Jlob. Estienne et Kicot, Dict. Arbstbr. Bestiaire, MS. da B. fol. 178; Fable 72. Aroistbr. Mart. an^. coll. 6. de G. deTyr, T. V, col. 604. iRBBTBR. Mtonet, Diot. Artbr. VigU. de Charles VII, part. I, p. 164. E&BStEB. Atliis, MS. fol. 100, Y* col. 2. Arr^steult subst. mas(^. Partie d'une lance, la jM>ignée. (Voy. Abrest.) Signification relative à celle Narres!, chose qui arrête. Lee are$teulê des lances font en Vaigne fichier, Pour ateindre le fona : mais ni posent touohier. GaitocUo de SiMoigm, MS. deGaijpMi. fol. S37^ R* col. S. ... Sa lance ioma, derrière Le fer et Tares^ué/ devant. RooL d*Sne «t dEidde. MS. daR. n* 0987. fol. 9», V eol. 8. C'est eu tournant ainsi sa lance , qu'un ennemi sénéreux frappa d'arestol un vieillard à qui le désespoir d'avoir vu périr son fils, faisoit chercher une mort certaine dans un combat inégal. Qnant U Dux voit que mais ne peut, VUnie ou non, jouster l'estuet ; D*un arestal Ta féru, Que del destrier Ta abatu. Li'gentilz Dux le fist lever, etc. Rom. da Fldraraont, MS. du R. n* 6073, fol. 88, R* col. i. VARUNTE5 ! ARBESTEUL. GuitecUn de Sassoigne, fol. 237. Arbsgusl (corr. AreatueL) Borel, Dict. Arestoel. Rom. d'Amadas. MS. du R. n« 6987, fol. 327. Arestol. Rom. de Floiremont, MS. du R. n« 6973, fol. 33. Arkstusl. B. d*Brec et d'Enide, MS. du B. 6967, fol. 2B9. Arrestous» adj. Qui s'arrête. Qui recule. (Voy. AarÉSTER et ÂRRÉRE.) Le premier sens est celui d'are$teus^ qui reste en arrière. ... eu n'est pas aresteus; Ains est partout : léens. alez. A chascun dtst : levez, levez, CldoniHlèir MS. de GaipHl, fol. 57, R* col. i. Probablement, rétif esl^ de même origine {que l^î^ncien adjectif ar^fjs, qui recule. li oisel qui volent par Tair, Ne volent plus del paleftroi. Et si n*est pas de grant effroi ;... Qu'il n*est ombrages, n'arestis. Rom. d'Erec et d Enide. MS. U8c'al tref AUxandre n'i font areêtiêon, Rom. d'Alexandre, MS. du R. n* 6081. fol. m V«. Fai-le venir avant, dist 11 Sire au garçon ; Et cil i est venuz sans plus d'arestisorK FaU. MS. du R. n* 7218, fol. 84S, V* eol. S.' VARIANTES ' ABRESTOISON. Cléomadès, MS. de Gaignat, fol. 10. Arkstison. Anseis, MS. foL 3, V* col. 2. Arbstizon. Anc.Poët. Fr. MSS. av. 1300, T. II. p. 856. Arrestion. Fabl. MS. du B. n» 7218, fol. 347. Arretison. Enfance d'Ogier le Danois, MS. de G. fol. 107. Arrière-boutique» subsi. fém. Réserve. Dans le sens littéral et subsistant, boutique qui est arrière, après la première. Probablement, c'est par allusion à Tusage de mettre de côté et en réserve, de cacher en quelque sorte dans les arri^re- boutiques , dans les secondes boutiques, les mar- chandises dont la vue pourroit nuire k la vente de celles qu'on expose dans les premières, qu'en parlant d*un homme qui se réservoit des moyens d'agir, contraires aux dispositions qu'il faisoit voir, on a dit flgurément qu'il avoit une arri^r^-ftoM^igii^. (Voy. Cotgrave, Dict.) S'il n'étoit pas lîiservé sur les motifs qui le faisoient agir, s'il ne les cachoit pas, s*il ne les tenoit pas secrets, on disoit qu'il agissoit sans arrière-boutique, a Ceux qui favorisoient sans arrière-boutique le Dauphin, etc. » (Pasquier, Rech. liv II, p. 59. — Voy. Arrére et Arriére-pensée.) Arrière-change 9 subst, masc. Intérêt des intérêts. (Voy. Monel, Dict.) Littéralement, change ou intérêt qui, relativement au change ou à l'inté- rêt du principal, est arrière, après. (Voy. Arrére.) Arrière-charte, subst fém. Charte de renon- ciation réciproque à des possessions, à des deman- des, à des prétentions. On sait qu'Edouard III, roi d'Angleterre, satisfait des renonciations auxquelles le roi Jean et son fils Charles V, Régent du royaume, souscrivirent par le traité de Bretigny, « renonça lui-même par ce « traité à toutes les demandes qu'il faisoit ; spécia- « lement au nom, au droit, aux armes, et au cha- « lange de la Couronne et du Royaume de France, « à riiommage, souveraineté, et domaine de la « Duché de Normandie, de la Duché de Touraine, « etc. » Il semble donc qu'un traité par lequel on renoQçoit réciproquement à des possessions, à des demandes, à des prétentions respectives, ait été nommé arrière- charte^ dans un sens analogue à celui de l'expi^ession être mis en arrière, être débouté, être dépossédé. Peut-être aussi que dans arrière- charte y l'adverbe arrière ne signifie rien de plus qu'une réciprocité de renonciations faites en retour l'une de Taulre. (Voy. Arrère.) Uiioi qu'il en soit, c'est du traité de Bretigny que parle Frois- sart, lorsqu'il dit : • Quand ceslo arrière-charte « (qui s'appelle Lettre de renonciation, tant d'un «t Roy comme de l'autre) fut cscrite, grossoyée et « séellée, on la leut et publia généralement en la « Chambre du Conseil, presens les deux Roys. » l (Froissart^ Vol. 1, p. 249.) Ar -1 Arrière-femme, subst. fém. Concubine. La traduction de la Bible en françois, par Sébastian Castalio, scandalisa Henri Estienne. Il lui reproche l'indécence avec laquelle il avoit déHguré le langage de l'Ecriture Sainte, ° appelant Arrière- femme, • comme on dit arrière-boutique, celle que le mari ■ entretient avec sa femme ; au lieu de Prépuce, • Dsant de ce mot d'Avant-pcau; au lieu de Cir- ■ concis, disant Rongné; au lieu d'iocirconcis, . Empellé. • [Apologie pour Hérodote, p. 128. — VOy. AftHËRB.) Arrtëre-foiD, subst. masc. Regain. (Cotgrave, , Dict. — Voy. Abrére.) Arrière-garde, subst. fém. Garde-noble de mineur d'Arriere-vassal. Le mol airiere-garde daigne encore aujourd'hui la dernière partie d'une armée marchant en bataille; el, en ce sens, il est brès-ancien dans notre Langue. C'esL relativement à l'idée de l'Homme arrière, du vassal noble qui étoil arrière ou après l'Homme proche, le Vassal immédiat d'un Seigneur suzerain, qu'il a signifié ■ garde noble de mineurs d'Arriere- « vassal, la garde qui appartient au Roi ou autre •> Seigneur feudal, pendant que le mineur d'ans est « en sa garde, si ceux qui tiennent fief noble du " mineur, tombent en sa garde. (Voy. Laurière, Gloss. du Dr. Fr.) • Pendant que le mineur d'ans • est en garde, si ceux qui tiennent Hef noble de lui • tombent en la garde, la garde en appartient au « Seigneur gardain dudil mineur; et où ledit mineur < seroit à la garde du Roy, il a pareil droit h Var- • ricVe-pardc que les autres Seigneurs, • (Cout.de Normandie, au Nouv. Coût. gén. T. IV, p. 70. — Voy. AnnÉHE, homme arrière.) Arrlere-Jeu , subst. masc. Dessert; lin du repas. On observe, d'après Le Duchat, que Rabelais faisoit allusion au jeu de Toutes-lables, en désignant par le mot composé arriere-jeu, l'usage Anglais et Ecossois de boire le vin au dessert, ou sur la fin des repas, dans les bonnes tables. " Angleterre, Escosse, • les Estrelins seront assez mnutvats Pantagruelis- » tes. Aultant sain leur seroit le vin rjue la bière, • pourveu qu'il feust bon et triant. A toutes tables, » leur espoir sera en Varrierp-jen. • (Rabelais, T.V, pronostic, p. 19.— Voy. Arrëhe, après.) ArrIere-maiD, express, adv. el snbst. Arrière, après coup, en relard. En rétrocédant. En faisant un mouvement de main en arrière. Coup d'arriore- main, revers. Il est possible que relativement il l'idée d'une main prête à saisir ce qui s'avance, on ait désigné ce qui reste arrière, une chose tardive et venant après coup, en disant fîgurément qu'elle étoit arrière-main, en arriere-main. « Voyant.... que • longuement ne pourroienl tenir, et secours leur ï- AR « estre en arriere-main, se rendipent. • (J. d'Anton, Annal, de Louis Xll, an. 1499-1501.) Conaelt arriere-main n'eat preiu. Prit, du ViUln, M9. da S' Gvniia, (si. M, R* ai. f. Probablement, l'acception d'arriere-main étoit analogue à celle de l'advertte arrière qui si^ifioit figurément le retour d'une chose à un premier pos- sesseur, lorsqu'en parlant de l'espèce de rétroces- sion par laquelle une possession féodale retournoit aux mains de celui qui l'avoit inféodée, on dîsoit : < Si tenant en taile fait un felTement â son uncle, ■ et puis l'uncle fait un felTement en fée ovesque • garranty à un auter, et puis le feiïée del unde ■ enfeoffa areremaine l'uncle en fée, et puis l'uncle • enfeffa un estrange, etc. ■ (Tenures de Littleton. fol. 168.i Il semble qu'on se soit figuré la chose dont on étoit dépossédé, comme ayant fait un mouvement en arrière ; et la main de celui qui recouvroit sa ftossession, comme faisant un pareil monvement, orsqu'on a dit : ■ Corne plusurs assises de ceo • soient par eux arainés, si coviendra primes ter* > miner l'assise arraine de la mort le dareyn seisi, • et issi de seisine en seisine arrerem^y», jesques • à tant que le droit de la possession soit joint par • jugement al droit de la propreté. • (Britton des Loix d'Angleterre, fol. 'iOi.) Au 'l'esté, c'est dans un sens relatif à celui de l'expression ferir à arriere-maiîi , en faisant un mouvement de main en arrière, qa arriere-main, pris comme substantif, a signifié coup d'arrière- main, revtjrs. (Cotgrave et îiicot, Dicl. — Voy. Arrere.) variantes : ARRIERE-MAIM. Cotgrave el Nicot, Dicl. Ahèhb-maine. Tenures de Littleton, fol. 168, V*. ARiER.MAiN. Fabl. MS. du R. n° 7615, fol. 138. Arrere- M BYN. Brilloii. dea Loix d'ADgleteire. fol. 9M. ARRIERE-MEIN-. Fabl. du R. n* 7t>15, fol. 193. Arrière-pensée, subst. fém. Pensée secrète de vengeance ; ressentiment caché. Dans les subs- tantifs composés, tels ([u'ariiere-pensée, arrière- sens et autres de même espèce, 1 adverbe arrière Saroil signifier des idées analogues ù celles qu'il ésignoit liguiément dans le composé arrière-bou- tique. (Voy. ARRiERE-ROt'TiQre.] Quoi qu'il en soit, on a dit en parlant de Charles IX, dont le ressentiment fut si funeste aux Calvinistes : < Il leur garda tous- « jours une arrière-pensée. - (Disc, de la Soue. p. 731. — Voy. Arhiere-sexs.) Arrière-sens, subst. masc. Secrel d'une affaire. Il semble que ce soit le sens dans lequel on a dit : • Chacun se mutine, si on luy cache le fonds des • affaires auxquels on l'employé, et si on luy en a • dérobé quelque arrière-sens. » (Essais de Mon- taigne, T. m, p. 10. — Voy. AflRlEHE-PfLNSËE.) Arrivage, subst. masc. Rive, rivage, lieu où l'on aborde et débarque. Transport par eau. Abord, débarquement. Droit pour abord el débarquement, droit d'arrivée dans un port. La signification de ce mot étoit la même que c^e AR -i de rivage, formé de rive, lorsqu'on disoit : • Toutes ■ et quantes fois que auscuiis basteaulx, nefz ou - nasselles vuides ou cliaigées, inenans denrées ou ■< marchandises.... arrivoienl à port sur ladite terre • et arrivaige, et que les marchands bastelliers, • voituriers menans et conduisans iceulx bas- > teaulx... afTichoient eu ta dite terre, rivaige , • aucuns pieulx, etc. - (Du Gange, Gloss. lai. T. V. col. 28; lit. de 1442. ~ Voy. Arbivuleii.) Il est probable (]u'arrivage sigoirioit transport par eau. relativeinenl à l'idée de l'abord et débar- quement de choses ainsi transportées. • Sera tenu • ledit preneur de faire à ses dépens tous les ■ arrivaiges et chariages pour les réparations ■ dudil lioslel et ferme. • (D. Carpentier, Suppl. (iloss. lat. de Du Gange, au mot Arrivagitim; m. de 150!.) Les lieux à'anivagc éloient sans doute les lieux de l'abord et débarquement, des marchandises. ■ l.esVicontes ou Receveurs feront rabat sur ce que • il devront pour leurs marchiez desdis cent « molle.... sur les lieux AeVarrivage. » (Ord, T. VI, p. 228. — Gr. Coût, de Fr.,chap. vi, p. 51; lit. de 1402. — Monet, Dicl. — Dict. de Trévoux.) De là, l'acception ligurée (['arrivage, droit pour abord et débarquement de marchandises, droit d'arrivée dans tiii port. <• Seront frans et fjniles de • rouage,..,, de pelage, de passage, A'atrtmge, et • de loutes autres coustumes. ■ ;i>u Gange', Gioss. lal.T.I, aumot.lmi'ai7i»m,coll60;lit.del320.(l).) AanivAiGB. Du Cange, Gl. lat. T. V, col. 28. lil. de 1442. Arrivée, subst. fém. Approche de la rive, abord. Dans le sens propre et littéral, on a dit d'arrivée, poursigniller ù I approche de la rive, en abordant. ■ Ne trouvèrent le moyen de passer la rivière que ' par le bac passager accoustumé; mais voulant • les hommes d'armes passer ii la foule, s'en noya " d'arrivée cinq ou six. Quoy voyant le passager.... - et que nostre armée estoit séparée, à st^avoir la - Gendarmerie d'un costé de l'eau et les Gens de - pied de l'autre s'en alla aveciiucs le bac aval - i'eau droit ù Pavie. ° (Du Bellay, Mém. liv. Il, fol. 38, R'. — Voy. Mcot et Monet, Dicl.) La signincation d'arrivée éloit relative à celle d'arriver, dans l'expression arriver à une personne, aborder une personne, l'approcher lorsqu'on diso'it: Les doulx re([ardi, les parolles privées, Les entretiens, les doulces arrîi'^a. Pki. daCntin, p. ITS, Quoique ce mol désigne encore l'instant oti l'on iirrive, on ne diroitplus llgurément, d'arrivée pour d'abord, dès le premier instant, dès l'instant de l'arrivée. • Ne luy servit cette inslilu lion que • de le faire enjamber d'arrivée aux premières )- AR ■ classes. ■ (Essais de Montaigne, vie de l'Auteur, p. 6. — Voy. Abbiver.) Arrlvement, subst. mase. Action d'approcher de la rive, d'amver, d'aborder. Approche, venue. L'acception propre de ce mot, qu'on trouve dans Cotgrave, Rob. Estienne et Monet, est ancienne dans notre Langue. .... Un Serpens U avait mort. Droit k Varivement del port. Si^'. Fibt. US. du R. D- 7118, kl. 187, R- cel. 3. La signiUcalion neutre à'an-iver n'est pas moins ancienne que la signiûcalion active de ce verbe. Quelquefois il étoil réi;ipro [Cbron. d'Outremer, us. de Berne, ir 113. fol. 145.) Mais plus souvent il étoit actif ou neutre; et dans le sens neutre, il signifioit, comme aujourd'hui, aborder, débarquer, par extension du sens littéral approcher de la rive. ■ S'en vindrent arriwer an . havre de Dourdrec. • {Froissart, Vol. ni, p. 236.) Tant ainglérent et tant nagiërent SU'ilB arrioérent el peuîs ui eetolt A lor anemis. SUis di Trij», HS, du R. a- SWI, M. », V col. 3. El) étendant celte acception.^rôpre et littérale, obole d'arivage, et se en la porte à col, si ne doit point de conduit, i en 8il dans une cbarte de S> Victor de Haneille (D. Bouquet, t. VIII, p. 97S) : vanlentUnu, quœ ad «undain eccleatam atripçre Tidentnr. i (n. s.) ( La trousa fdoit] six deniers de conduit, «t %Arnvcr Tient de ari-ipart, qu'on troufc e Von et tlteloaiuia dé nanbui ab UaM approcher de la rive, parvenir au rivage, y aborder, on a dit arriver, dans le sens général d'aborder, Sarvenir, approcher en allant, en venant par lerre. uelle que soit encore aujourd'hui cette extCRsion, on ne diroit plus arriver à un étendard, s'arriver contre un cadavre, pour en approcher, s'en appro- cher; arriver à une personne, pour aller, venir, parvenir à elle, l'aborder, l'approolicr, etc. » Les ■ gens du Roy, qui venoient à terre comme nous, .... • nous escrierent que alissions arriver à l'enseigne • Saint Denys. Mais je ne les en voulu croire ; ains < alasmes arriver devant une grosse bataille de . Sarrazins. ■ (Joinvilie, Hisl. de S' Louis, p. 29.) ■ Le Héraut dit.... tout en pleurant priez Dieu • pour rame de très excellent.... prince le Roy « Charles Vil et ayant dit cela ^arriva ■ contre le corps en la fosse. • [Mathieu de Coucy, Hist. de Charles VII, p. 738.) ■ Je arrivay à ung • marchant qui estoil , etc. • {Oer, de Nevers , part. (, p. 125.) L'abus de cette extension étoit autrefois tel, qu'en parlant d'une personne qu i s'approchant d'une autre et l'abordant, en étoit mal venue, on disoit qu'elle en étoit mal arriuee. ■ Se misrent par les < vignes où les Prancoys estoient logez, dont iceulx > coureurs furent si mal arriver que presque tous > y demeurèrent. ■ (J. d'Auton, Annal, de Ixiuis Xlt, an. 1503-1505, Ms. fol. 61.) Si [u dc9 Roys Cel Evesque mal txrrivê ; De son temporel fu priva, Et granl temps en Tu en prison. Hiil. de Fr. ra ten. El* iidls du II. &d Fin». US. du R. n- 6S1>, M. 7t. Peut-être aussi qu'I/rc mal arrivé de quelqu'un, c'étoil en être mal mené. On supposeroit, alors que par extension du sens actif, faire approcher de la rive, mener au rivage, mener à oord, le verbe arriver auroit signillé mener aussi généralement qu'il signilioit approcher, parvenir, par extension au sens neutre aborder, parvenir au rivage, appro- cher de la rive. C'est relativement à l'idée d'arri- ver, approcher, parvenir dans le sens le plus géné- ral, approcher, parvenir en allant, qu'au figuré l'on a dit d'un corps de Cavalerie qui n'alloit pas ù certain nombre de chevaux : ■ Toute sa Cavalerie • n'arrivait pas à mille chevaux. » (Dict. de la Moue, p. 739.) l\ est possible qu'en se retraçant les idées dont on se sent naturellement affecté ù l'instant qu'on voit une personne ou une chose approcher de la rive et parvenir au rivage, on ait comparé à celte Tiqnvée, la venup récente ou inopinée d'une per- sonne, un événement heureux ou malheureux dans le eours des choses physiques et morales. Probable- ment, c'est d'après une semblable comparaison, qu'encore aujourd'hui, on dit d'une personne qui ne fait que da venir, qu'elle arrive; qu'elle nous arriue, lorsqu'elle nous survient: au ligure, qu'il lui arrive bonheur ou malheur, s'il lui vient l'un ou l'autre, si un événement la rend heureuse ou malheureuse. On voit comme autant d'événemeus toutes les aidons possibles d'un homme, lorsqu'on tl- AR a dit : s'il arrive qu'il fasse telle chose, s'il lui arrive de la faire; expressions encore usitées, et qui sont très-anciennes dans notre Langue. ■ Il est • accordé en cesle pez, que se il arivoet que ledit « Olivier méfeist a nous le dit Comte, etc. • (D. Horice, preuv. de l'Hist. de Bretagne, T. 1, C0l.981;tit. de 1261.) VARIASTES : ARRIVER. Orth. eubs. - Nicot et Honet Dîcl. Ariveh. Siège de Troye, MS. du R. a* 0967, fol. 116. Arrivouer, subst. masc. Bive où l'on aborde et débarque. On a dit eu ce sens : < Prindreul.... le • cbemin droit à.... Varrivouer d'Avenieres.... et > quant ilz eurent passé la rivière, trouvèrent â « 1 arrivouer de l'autre costé d'icelle. etc. • (D. Car- penticr, Suppl. Gtoss. lat. de Du Cange, T. 1. col. 294; til. de 1470. — Voy. AimivACE.) Arrogatif, adj. Adoptif. Signification relative a celle du suhstantifarroga- tion. < Le Roi René..... mort le duc Jean de Cala- < breson Tils, restant de sa lignée seule Hon- • sieurCharles d'Anjou,.... lit en son vivant ledit « Monsieur Charles son lllsarroffa/i/el légitime, le ' déclarant son héritier universel, et l'intitula Duc « de Calabre. ■ (Godefroy, Obscrv. sur l'Hist. de Charles VIII, p. 479. — Voy. Abbocation.) Arrogation, subst. fém. Adoption. Dans le Droit Romain, l'adoption à laquelle on demandait que lé Peuple consentit, se noiumoil arrogalio, ttàrogatio, parce qu'elle se faisoit per populi roga- fion^m. (Voy. Aulu-Gell. lib. v, cap. 19. — Marti- niu3, Lexic. phtlolog.) C'est d'après l'idée de celte espèce d'adoption, qu'en parlant de celle de Louis, duc d'Anjou, par Jeanne, reine de Naples, on a dit : < Elle arrogea et adopta Louys due d'Anjou et « de Touraine, comte du Maine, fils du roy Jean de « France, lequel elle fit son fils et héritier après le • delTaut d'elle en ses Royaumes et Seigneuries;.... • de laquelle arrogation.... le pape Clément, etc. ■ (Godefroy, Observ. sur l'Hist. de Charles VHI, p. 478. ~ Voy. Arilocatif et AuROCEn.) Arroger, verbe. Adopter. Arroger. Abroger. (Voy, AnGiiPii, éperonner) Le premier sens du verbe arroger, en latin arrogare, adrogan; est relatif à celui du substanlif arrogation, en latin arrogatio, adjvgatio ; aclion par laquelle, en demandant, on obtenoilceluiqu'on desiroit de faire passer dans sa famille, !i litr' (Godefroy, Annot. sur l'Hist. de Charles VI, p. 625.) Il parolt évident qu'arrof^uer est une faute pour ar^er, éperonner, dans ces vers : Hosneui son cheval arrogtia. Et vint vers moy ; ai m'arresla En mov demandant, qu'avex faitz? G*o( d* Il Kcôa, te Dtiuti. HSS. M. U, Rv AR L'idée particulière de cette disposition, sur une ou sur plusieurs lignes, étant généralisée, on aura désigne par le substantif arroy, comme par le verbe arroyer, toute espèce de disposition relative à la guerre, aux combats, aux opérations militaires. ■ Quant arroy eust esté mis en ces trois batailles, > tout se meut, et picquerent sur les champs. > (Joinville, Hist. de S' Louis, p. 99.) • Feit le Roy de ■ France son airoy, et prit avec lui tous ses hauts . hommes. • (Du Cange, Gloss. lat. T. I, coI. 723, au mot Arramentum.) Les banieree en haut levant, Sa TODl aux plains clums easerant : D'eus ordener font leur arroi. G. Giiivt, US. loi. m, V. Lea servicea de* pals 8ue chascnii deToil faire au Roy uant il clievauchoit en orrou Pour sa guerre ei pour la deften^. De soD reime, etc. E«l. Dott. PMl MSS. p. «I. oL Ï. Quand le Comte et Bourguignons virant Son oat, sea gens et aon arroy; Derrière une eaue, se enctoireni Mvn.fvt. i,r iw. . Noi povrea cneura TABIAIITES : ABROGER. Godete. obe. sur IHist. de Charles VIU, p. 478. Aroguku. QninUt. censeur, p. 338. Arbooukr. Godetr. annot. Gurl'Uiat. deOiarles V[,p.635. Arrol {2), $Hbst. masc. Ligne, trait, figure. Ligne, rang, disposition sur une ou sur plusieurs lignes, disposition relative à une opération militaire. Règle, arrangement, disposition régulière et convenable, préparation, assaisonnement, préparatif, équipage, habillement, parure, appareil convenable, cortège, pompe, convoi. Rang, ét»l, position. Il est possible que de l'ancien mot ray, on ait formé le composé array ou arroy, et que dans nn sens analogue k l'idée de raye, de lignetirée à l'imi- tation d'un ray ou rayon, de ligne en généra), on ait désigné une conformité de linéamens, de traits du visage entre un fils et un père, en disant qu'ils étoient d'un arroy, d'un même trait, par conséquent de même figure. - . . • Des oreilles. Du lias, de la boucbe, des yeulz, OaC enfant ne resBembla mieulx A pore. Quel menton IbrchÈ 1 Vraynunt o'estea \-ous tout poché... Car quoj 7 qui tous auroit crache Tons datât encontre la paroj. D'une niatière et d'un arrtyy Sicnez-vous sans diUérence. Fma it Pub*Ua, p. II. Ce mot arroy, par lu même analogie, aura signifié ligne, rang, disposition d'une troupe rangée sur une ou sur plusieurs lignes. < Chevauchèrent en • trois arrois et en trois batailles : et ne pouvoyent •- aller que le pas, pour les gens de pié que le Boy • menoit. • (Fïoissart, Vol. III, p. 208.) Probablement, vaincre par arroy, c'etoit vaincre en gardant sa ligne, en combattant sans sortir de son rang. .... Qoaet par Me bardiesce, Uns Cberaliers par aa prouesce VoiiU plut vaincre que par arroy, etc. Enri. DbA. Pett. HSS. ^ U*. col. i. (1) Ce mot se trouve dès le xiv siâcle dans le Minagier de Part* (I, 6) : • Qne vous ne tùjn arrogant se repliq;aant contre caUuy qui sera vostre mari. > (h. x.) — (S) On veut taira venir ce mot de l'aUcmasd nAl, conseil, aaeowa, prgviilons nni à U prépcnltion ad. (n. m.) Eust trespercé par a... „ Alpes et rocB ; et que aux Lombardea pUlnes Vins campéger, (l'ennemis toutes pleines. f. Ihrai. p. IS3. Et s'il veut dire avmr vaincu les Roya Dare et Pyrrhus, par militans arroyi, etc. Clan. Mm», p. 188. On conçoit, d'après ces dilTérentes citalions, quelle pouvoit être l'extension du verbe arroier, former en ligne, disposer sur une ou sur plusieurs lignes, rangeren bataille. (Voy. Abhoier.) C'est vraisemblablement en généralisant et modi- fiant de mille façons différentes l'idée de raye, de ligne tracée pour diriger et servir de règle, que dans le sens de mettre en règle, régler, arranger, on disoit ■ mettre en arroy un discord. > Brief ledit Duc si vint au Roy, Et profoist à son bon plaisir Repparer et maître en arroy Le discord, selon son deair. VI|U. da ChvlM VII, pifi. n, p. IW. En termes de fauconnerie, mettre en arroy un oiseau de proie, c'étoit l'arranger, le mettre en règle pour voler, l'armer, l'équiper de chaperon, de jets, de sonnettes. (Voy. Hodus et Racio, «s. fol. 110, R- et V. — Ibid. fol 136, R* et V.) Dans le sens de régler, diriger, on disoit > mettre arroy en desduit d'oiseaux : > Or t'ay dit quelz oiseaux auras Quant Emperiere ou Eoj seras... Ayes ung homme avec toy, Qui mecte en toa desduvt arroy. Gm il It B1|M, da DUAt, US. M. 11. V Mettre an-oi en son corps, pour en régler passions et les diriger vers l'honnêteté et la vertu. AR — 192 — AR Je te conjur de Dieu le Roi Sue en ton cors me tes aroi. uaDt Marie ot parler de Dieu, etc. FablTuS. dn R. o* 7S18, M. 9». R* col. i. Si les vertus qu'on aime dans un homme, étoient la règle invariable de ses actions , « on le trouvoit « de grand arroi. » Brichemer est de bel afere : N*e8t pas un bon plain de deroi. Douz, et cortois, et debonere Le trueve'On. et de grant aroi, Fabl. IIS. da R. n* 7615. fol. 7«. R* cul. S. Pour signifier que la mort ne garde point de règle en frappant les Rois comme les autres hommes, on a dit qu'elle n'a point d^arroy. Tu n*as point d*aiToy : Espargnier Prince, ne Ro^ Ne veulx ; tant y es orgueilleuse. Ëust. Decch. Poéa. MSS. p. 348. col. 3. En réfrénant les passions, la Foi et la Religion préparent et assurent l'observation des règles qui tendent à une liberté paisible dans les Républiques ; dans les Monarchies, à une salutaire dépendance. Ce sont les règles que paroît désigner le mot arroi, dans les deux citations suivantes. « Ainsi que le « compte/que Ton fait de l'honneur divin, et Ten- « tretien de la foy maintient les Républiques en « arroy ; aussi le mépris d'icelle est cause de leur « dernière ruine. » (Machiavel , Disc, sur Tite- Live, p. 77.) Girart est homs le Roy. Toute les Subjects du règne a ly Roys en arroy : Si ne peut-on le Roy mais qu'à tort ffuerroyer. Gor. de RoustiUoo. MS. p. 34. Telle est l'extension par laquelle ce mot arroy exprimoit toute idée relative a celle de raye, de ligiie tracée pour servir de règle ; une idée géné- rale de règle, de convenance, lorsqu'il signifioit, i« arrangement, disposition régulière, disposition conforme à l'usage du cérémonial qui règle les rangs. « La plus belle pucelle du monde ser- « voient deux pucelles qui se assirent l'ung à ung « costé et l'autre à l'autre sur ting siège, non pas. « si haut que elle. Quant Bennucq.... veit cest « arroy, tantost congneut, etc. » (Percef. Vol. IV, fol. 151, R- col. 2, et V* col. 1.) 2"* Disposition convenable pour faire une chose. Je vous voi si bel pourveues De sens, d* arroi et de manière Que vous receviés ma proiere. FroitMot. Poét. IISS. p. 5, coL 4. .... Sus li n'a tache, visce, ne blasme ; Mes sens, et bien, et arroi de parler Àrréement, mieuls que nulle aultre famé. id. ibid. p. 317, col. 1. 3' Préparation, assaisonnement de mets : Dieux scet le service et Varroy Des mes, et les maulx que j'endure Après disner : se du vin boy, Tantost fault payer, c'est droiture. Eust. Desch. Poet. MSS. p. 360. col. 4. 4* Préparatif d'une fête : Riens qui apartiengne à arroi De feste estorée pour Roi. Cléomadès. MS. d« GaiffiMt, fol. 09, R* col. 2. 5' Préparatif, équipage convenable pour une expédition militaire, pour un siège, une conquête. « Quand Philippe Roy de Macédoine entreprint « assiéger.... Corinthe,' les Corinthiens.... advertis « que contr*eulx il venoit en grand arro\( et exercite « numereux, etc. > (Rabelais, T. III, prolog. p. 5. — Voy. Arrounce.] 6*" Equipage, habillement, parure, appareil convenable, corlége, pompe, convoi. (Voy.. Mathieu de Coucy, Hist. de Charles VII, p. 710. — Régnier, Satyres X et xvin, p. 74 et i34. — NicotetMonet, Dict.) .... Après sa mort, son vrai Seigneur et Roy Lui ordonna ce beau funèbre arroy. Qéak. lUrot, p. 147. Il semble qu'on se soit figuré les grâces et les vertus convenables à une belle femme, comme formant son cortège et ennoblissant son triomphe, lorsqu'on a dit : C^cst ung chef-d'osuvre de beaulté, Ung trïumphe de noble arroy : Sa prudence et sa loyaulté Vallent ravoir d*ung petit Roy. MoUinel. Poés. p. 131. En parlant d'un homme qui s'annonçoit d'une façon convenable, par la beauté de son équipage, de son habillement, de sa parure, on disoit qu'il étoit de bel arroy. Bel fut. gent, et de bel arroy : Il sembloit estre filz de Roy. Rom. de la Rose, Ten 1214 et liSS. Quoique l'équipage des personnes ne soit pas toujours conforme et convenable à leur état, on juge si communément de l'un par l'autre, qu'il parott tout simple qu'a/roy ait signifié l'état , le rang, la position relative des personnes dans l'ordre politique et social. Le chien a Macaire trouvé Séant à la table du Roy ; Car estoit homme de grand arroy. Gace de la Bigno, des Déduite. MS. fol. 74, R*. Soit Sa Majesté contente De m*y laisser en mon premier arroy ; Soit de sa chambre, ou sa loge, ou sa tente, Ce m'est tout un, mais que je sois au Roy. Clém. Marot. p. 387 et 388. On a même désigné l'état des choses, par exemple, le mauvais état d'un jardin, en disant qu'il étoit en piteux arroy. (Voy. Poës. de Charles, Duc d'Orléans, Ms. du R. p. 97, col. 2.) VARIANTES * ARROI. G. Guiart, MS. fol. 262, V». Aroi. Fabl. MS. du R. n» 7615, fol. 72, R» col. 2, etc. Aroy. Modus et Racio, MS. fol. 110, R« etc. Array. Poës. de Ch., duc d'Orléans, MS. du Roi, p. 97. Arroy. Ger. de Roussillon. MS. p. 34. Erroi. Fabl. MS. du R. n* 7615, fol. 71, V» col. 1. Eroy. Ger. de RoussiUon, uhi supra ; Var. du MS. de la Cathéd. de Sens. Arroiance, mbst. fém. et maso. Arrangement, disposition, préparatif. Significations analogues à celles d'arrot, arran- gement, disposition, etc. Sire, fet ele au Roi, vous veez bien comment La chose ne vint pas de mon arréement. Bsrte M gram piée, MS. de Gaignat, foL 18$, V* col. f . ÂR — 193 — ÂR Lors D*ot cure de plus tarder Que Varroiance ne pourvoie Comment tost soit mis à la voie. Cléomadès. MS. de Gaignat, fol. 31. R* ool. 3. Ârréée fu Varréance De la feste, sans oubliance. Ibid. fol. 69. R* col. 2. On trouvera dans nos anciens Auteurs l'adverbe 4irréementf arrément ou aréemenU dont les accep- tions ne sont pas moins évidemment relatives à celles du substantif arroi et du verbe arroier. (Yoy. Arroi et Arroier.) VARIANTES : âRROIANCE. Cléomadès, MS. de Gaignat, fol. 31. Arréancb. Ibid. fol. 62, R» col. 2. Arrêement. Berte as grans pies, M S. de Gaignat, fol. 133. Arroier, verbe. Tracer une raye, la tracer en ligne droite comme un rayon. Former en ligne, disposer sur une ou sur plusieurs lignes^ ranger en bataille. Ranger, arranger, régler, mettre en règle ; diriger, disposer ; armer, équiper, habiller, parer, préparer, assaisonner. Etre rangé, être à son rang, garder sa ligne. (Voy. Arroi.) 11 est probable que le verbe composé arrayer est de même origine que le verbe simple rayer^ en latin radiare ; et que dans un sens relatif à la comparaison d'après laquelle, en termes d'agricul- ture, un sillon se nomme encore raye ou rayoriy en latin radius^ on aura dit : « Si ne doit-on abanner < terre qui marcisse au grand chemin, que ce ne « soit en retournant la terre en sa roye de l'ahen- « nage faisant au costé de la terre, et non pas sur « le chemin à trois royes de ahan près, afin que la « terre ne gaigne sur le chemin Maisl)ien peut « le ahenneur sur le chemin tourner sa charue pour « arroyer sa roye, sans melTait. » (Bouleiller, Som. rur. tit. Lxxxv, p. 497 et 498.) On figure naturellement les rayons qui émanent d'un corps lumineux, par des lignes qui partent d'un centre; par des lignes droites qu'on nomme rayes : dénomination qui semble attester l'imitation des rayons par des lignes, et la comparaison de ces lignes à des rayons. On croit que le verbe arrayer ou an^oyer^ par extension du sens littéral tracer une raye, une ligne, aura signifié ranger une troupe, la former en ligne, la disposer sur une ou sur plusieurs lignes, la ranger en bataille. Et ^^arreoerent U conroy Moult bellement Tun de lès l'autre. Merlin cité par Rorel, Dict. Et 11 Vassal furent aroié Com por bataiUe conrée. Siège d« Troye. MS. du R. n* d987, fol. 97, R* ool. 3. Celli qui scet gens d'armes airoi/er, etc. Eust. Desch. Poé». JHSS. p. 192, col. 3. Le changement de la voyelle i en la consonne g^ n'est pas si extraordinaire qu'on ne puisse croire qu'arréger est une variation de 1 orthographe arroieTy que peut-être on écrivoit arreier. On n'a point sous les yeux la preuve de cette dernière orthographe : mais elle est d'autant plus naturelle à imaginer, qu aireier paroît contracté dans arréer^ comme arraier dans arraer. Au reste, il est possible qu'on trouve plus simple de croire qu'arr^'fif^r est une faute pour arrenger: mais ce verbe arrenger n'auroit-il pas l'origine qu'on suppose être celle i'arreger, comme variation de l'orthographe aireier? Si du verbe latin rodere s'est formé le françois ronger, il n'est pas plus extraordinaire que le françois rangier, ranger (i), se soit formé du verbe latin radiare^ au moyen du g substitué à d, et de la voyelle simple rendue nasale. Il seroit aisé de citer mille exemples de pareille modification de voyelles, et de pareil changement de consonnes. Peut-être trouvera-t-on vraisemblable celte étymo- logie du verbe simple ranger, qu'anciennement on écrivoit rangier, rengier, renger. Il paroitroit alors assez naturel d'en conclure la possibilité que le composé arrangier, arrengier ou arrenger, soit de même origine qu'airayer, dans lequel on croit reconnoître évidemment le composé du verbe simple rayer, en latin aradiare. Que les verbes arrayer, arranger et ranger nient une origine commune, on le soupçonne avec d'autant plus de vraisemblance que les significations de ranger et arranger ont été et sont encore celles de l'ancien verbe arrayer ou arroyer. On a vu qu'arroyer gens d^armes, c'étoit les ranger en oataille, les former en ligue, les disposer sur une ou sur plusieurs lignes, lie lu, le substantif arra/our, qui, relativement a cette acception d'arro^^r, signi- lioit un Officier de l'espèce de nos Maréchaux de Camp. « Le Roy as tous arraiours et mesnours des « gents d'armes et de pic, etc. » (Du Cange, Gloss. lat. au mot Arraiator; tit. de 1326.) On généralisoit sans doute l'idée particulière d'une ligne, d'une raye tracée pour diriger et servir de règle , lorsqu'on disoit airayer ou arroyer dans le sens le plus étendu de régler, mettre en règle, diriger, ranger, arranger. « Quant Garniers ot « einssi sa besoigne arée, il manda ; etc. » (Chron. S» Denys, Rec. des Ilist. de Fr. T. III, p. 267.) « Si « descendit le Roy au palais qui estoit arroyé et « ordonné pour luy. » (Froissart, Vol. III, p. 238.) Va ; si aroie ta maison. Fabl. MS. du R. n* 7989. fol. 212. R* col. 2. Son palefroi flst enceler, Et ses charretes aroiner. Fabl. MS. du R. n* 7615, fol. 124, R* col. 1. Celte orthographe aroiner, à laquelle paroit être analogue celle du verbe an*uner, est une nouvelle preuve du changement des voyelles simples en voyelles nasales. (Voy. Arruneb.) 11 paroit vraisemblable que, d'après la même idée de ligne, servant à diriger vers un but, on se figuroit comme étant sur cette ligne, une personne arrangée ou s'arrangeaut pour faire une chose, disposée ou se disposant à la faire, lorsqu'on disoit qu'elle en étoit arroiée ou s'y arroioit; dans le (i) Ranger est dérîTé de rang, venu du haut allemand hring, cercle, rangée circulaire ; ronger vient de rumigare (ruminer, dans Apulée), (n. e.) n. 25 AR -4 sens de diriger, que ses pensées s'y arroioient, ■ Hz sont Gens d'Ordonnance, bien advertiz et bien « atTOi/ex de ce qu'ils doiTenl faire. » (Le Jouven- cel, Ms. p. 577.) S'acesment, et perent, Et ai-réent d'aler souper ; etc. ClHDiadti.llS. lia Gii[iul, M. 71, V «I. 9. Cbasciins de li serrir s'arrée. DiU d* BudoviB da Coudé, US. da Giifiul, /ol. 313. V col. t. Probablement, arroier un règne, c'étoil arranger, régler le plan de l'administration, le tracer d'après les règles d'une saine politique, en diriger toutes les parties vers k même but et, pour ainsi dire, les aligner. C'est relativement ù l'idée générale de certaines règles de convenance, d'après lesquelles on s'ar- moit, ou s'équipoit pour combattre, que l'on aura dit : • Il qui tient par un Tee de service de Cbivaler, • covient eslre ove le Roi par xl jours, bien et ■ convenablement array pur le guerre. ■ (Tenures de Litlleton, fol. 20, R°.) D'armea et de cheval bien et bel B'arréa. buBiHHi iê Comnurcbia, MS. de Giiiiul, loi. Wl. V- mI. I. Il est des règles de convenance pour l'équipage, l'babillement, la parure des personnes; pour la § réparation des choses à certains usages: règles ont on retraçott l'idée, lorsqu'on disoit, 1° en par- lant de princesses équipées, babillées et parées d'une façon convenable a leur naissance, qu'elles étoient bien araées : Furent bien araée». Et en Lombardie menées Au Roi Slivium leur parent. Qui les maria moult richement. RoB. dgBrvI, US. Mil, H'col. 3*(V-col. I. Quant Clarmondine l'eutendt, Uoult durement ti abeh... Les puceles D'atar|;ent mie ; Aina ont la beeuigno avancie. De ce que il i conveaoit. Dieu et bel, et tost et adroit, L'ont pourveue et arrée. CMomidéi, 113. d* G*I(ul (01. », R- cal. S. 2* En parlant de mets préparés, assaisonnés, qu'ils étoient arréés. ((iloss. lat. fr. du P. Labbe, au mot Condire.) 3° En parlant de peaux préparées pour certains usages, qu'elles étoient aroiées. K toirer cotes F*h1. US. du R I' 1318. M. Iffi. R- col. 1. Notre verbe corroyer, qu'anciennement on écri- yoii conroyer, signille encore préparer des cuirs, les apprêter. Cette analogie de signification prou- veroit, s'il en étoit besoin, qu'il est de même oïl' ginequ'arroi/er(l). (Vov. Cokroier.) Enfin, lorsquon dfôignoit un jeune homme l- AR rangé, en disant qu'il éloit arréé, on se le Dguroîl, sans doute, comme gardant la ligne d'après laquelle la sagesse régloit ses démarches. De joeue borne arrei; Pris pou la Salnteé : Souvent avons veu Qu'il a el cors la rage, Quant il est en l'aage Qu'il a le poil cbeau. Pm. do VUaiii, IIS. de GdgntI, (ni. fit. » et. t. Il semble en etfet que, relativement à l'idée de garder sa ligne, être a son rang, on ait dit llguré- ment faire arroier quelqu'un pour faire qu'il soit à son rang dans l'ordre social, lui faire giarder la règle élablie pour le maintien de ce même ordre. Droia Rois est qui son règne arroie, Et les des roi s lait arroiier. Mt de Chuild, US. do GilfUi, roi. 317, V cul. I. VABIANTES : ARROIER. EuBl. Deach. Poës. MSS, p. 111 AHAsn. Rom. de Brul, MS. fol. 12, R* col. S. AnÈEH. aëoaudès, US. de Goignat, fol. 32. Aheger. Dorel, Dict. Aaoier. Siése de Trove. MS. du K. a' 69g7, foL 97. Aroiner. Fabl- MS. du R. n» 7615, fol. 124, R* col. 1. ARRAVEn. Du Ganse, Glosa, lat. au mot Arraiare. AhiUer. Clèomodes, MS. de Gaignat, [01. 30. AnnoUER. Dit de Charité, MS. de Gaignnt, toi. 217. Arroïer, Bouieiller, Som. rur. tit. Lxxxv, p. 498. Arroqucr, verbe. Presser, accabler. (Voy. Arhocuer.) On soupçonne qu'airoguer est une va- riation d'orthographe du verbe arrodier, mettre en pièces, accabler ; et que dans un sens analogue on a dit d'un sanglier pressé par une meute de chiens qui l'accablent et le mettent en pièces, qu'il en étoit arroqué. Se demealant ainsi d'une presse Bueiriere Qu'un saBglier arcuyui;, dedans une fondrière, D'une meute de chiens, escumant, hérissant. Qui de hure et le dents se fait vove en pouasant. Berpnuddt. BJIod, 1. I, p. UB. Arrousable, adj. Propre â arroser. Propre à être arrosé. Dans le premier sens, on disoit: fontaine arou- sable. (Voy. Fabl. us. du R. n* 7-218, M. 301, R°.) On trouve arrousable au second sens, dans Cotgrave, Dict. VABIANTES : Arrousage, subat. muse. Arrosement, (Voy. Cotgrave et Oudin, Dict.) Arrouseinent, subst. masc. Action d'arroser. Quoique la signification d'arrosement soit encore aujourd'hui la même qu'en ce passage des Serm. fr. MSS. de S' Bernard, p. 129, où on lit que « usai- « ges des awes est li arroscmens ; • on ne diroit plus, en parlant d'un jardin qu'ai'roseroit une fontaine, que ce jardin est • deleitaules par l'arro- > semeni de celle fontaine. ■ (Id. Ibid. p. 130. — Voy, Arrouser.] I tt ad, unies à redum (arrangement), qui rappelle le ilamand Att — 1Ô5 - AR VARIA Nl'ES ! ARUOUSEMENT. Cotgrave, Nicût et Monet, Dict. AimosEMENT. Orth. subs. - S« Bernard, S. F. HSS. p. idfjf. Arrouser (1), verbe. Inonder, entourer, environ- ner, assiéger. La rosée qui coule sur les fleurs et les embellit, est une image si naturelle des larmes qui coulent sur le visage d*une personne intéres- sante par sa douleur, qu'on se la flgure encore anjourahui, comme ayant « la face de larmes piteu- t Bernent arrousée. » (Voy. J. Marot, p. 32.) Ce verbe arrouser^ dit Nicot, signifie « jetter de « Teau par plusieurs petites gouttes au coup comme • rmisée, > (Voy. Arrousoir.) Si Teau qui < coule et « se répand en rosée. » est insuffisante pour hu- mecter la terre et vivifier les plantes, on la « ré- « pand et on Ta fait couler avec une abondance », que par extension désigne le même verbe arrow^^r. (Voy. Nicot, Dict.\ En comparant a l'effet de cette abondance arti- ficielle, celui d'une fontaine qui coule dans un jardin, d'une rivière qui coule dans une campagne, on dit qu'elles les arrosent. Mais on ne diroit plus qu'une place fortifiée par des fossés inondés d'eau, est arrosée. L'idée de foss^ ainsi inondés paroit avoir été si familière dans les siècles de l'anarchie féodale, qu'en parlant d'une armée qui inondoit les environs d'une Ville et l'entouroit pour en faire le iriége, on a dit qu'elle l'arrosoit, sans doute comme Peau qui en inondoit les fossés. Son bien proisiez à deux cents mile Qui tuH assiéent en Murel Symon le Conte naturel. i^ymon le uonte naturel. Biurel que celé cent arouse, Siet en VEveschié de Thoulo Thoulouse. 6. Guiart. MS. fol. 98.V. Ce seroit par un abus singulier de cette signi- . . . Bien et honneur Varouaa; Trois nobles Dames espousa. G. GttlMi, IlS.tol. 11,R». 2* En parlant d'un cœur qu'assiège une passion amoureuse. Si je repose de fere chançon, S'amor qui arose mon cuer environ, etc. Ghans. ff. du xiii* stôcle, MS. de Bouhier, fol. 47, V*. col. i. Peut-être Irouvera-l-on qu'en ces derniers vers, arroser signifie l'abondance du plaisir qui inonde un cœur amoureux ; dans les premiers, une abon- dance de biens et d'honneurs répandus sur la tète de celui qu'on disoit en être arrosé. (Voy Arrou- $EMEJHT,) VARIANTES : ARROUSER. i. Marot, p. 32. Aroskr. Chans. Pr. du xiii* siècle. MS. de B. fol. 45. AnousER. 6. Guiart, MS. fol. 11, R<». AimKusBR. Rom. d'Audigier, MS. de S^-Germ. fol. 66. Arroser. Orth. subs. - S^Bernard, S. Fr. MSS. p. 129. Arrousoir, subst. masc. Arrosoir. Vase d'où * l'eau « s'écoule et se répand en forme de rosée. » (Cotgrave, Nicot et Monet, Dict. — Voy. Arrouser.) Arrudir, verbe. Rendre ou devenir rude ; ren*» dre ou devenir insensible. (Voy. Rude.) On sefiguroit les sens et l'esprit comme étant d'une rudesse qui s'opposoit à l'impression des objets propres à affec- ter, lorsqu'en parlant de 1 insensibilité d'une per- sonne pour ces mêmes objets, on disoit qu'elle s*arrv4is80it, qu'elle avoit les sens tout arrudii^ que son engin étoit tout arrudi. « Mon petit engiii « qui étoit tout an'udix, etc. » (G. Machaut, ms. toi. 172, V col 3.) Dame Nature ayant les yeux mourans, En force pleurs et larmes décourans, Le chef baissé, les sens tout arudis^ etc. i, fe Maire, à la suite de niloaCr. dee Ganlet, p. 400. Tant ïiCarrudisse Que mon bon seulement perdisse, G. Hachaut. MS. fol. 471, V col. 3. VARIANTES ! ARRUDIR. Cotgrave et Oudin, Dict. Arudir. J. le Maire, à la s. de riUustr. des Gaules, p. 400. Arpuner, verbe. Arranger, équiper, etc. Arran- ger la cargaison d'un navire. Régler une Carte marine. Il est possible que les substantifs rang et ray, comme les verbes arrayer et arranger, soient de même origine ; et que la différence de Tun à l'au- tre soit Teffet d'un son nasal au moyen duquel rag aura été prononcé rang^ reng^ rurty etc. De là, le verbe arruner de même signification qu'arroyer^ arranger, équiper, etc. « Chevaliers et Escuyers... « qui désiroyent les armes, montèrent une fois sur < leurs chevaux, sur les meilleurs et plus aspres « qu'ils eussent, et les mieux gouvernés et arru- » nés. 1» (Froissarl, Vol. Ilï, p. 244.) Le Peuple en Normandie prononce encore aujourd'hui run pour rang; et, pour arranger, dit arruner. (Voy. Cotgrave et Nicot, Dict. — Ménage, Dict. Etym.) On pourroit douter qu^arrimer et arrumer fussent de même origine qu'arrwner, si l'on étoit moins familiarisé avec le changement des voyelles u et /, et des consonnes nasales n et m qui dans la prononciation se substituent souvent Tune à l'autre ; et si Ton n'avoit la preuve qu'en termes de marine, arruner^ arrumer, ou arrimer, c'est arranger la cargaison d'un navire, et que dans un sens ana- logue, on a dit arrimage, arrumage, ou arunage. (Voy. Aubin, Dict. de Marine, p. 46. — Dict. de Trévoux, col. 603 et 606.) Enfin, la signification d^arrumer, la même que celle à*arruner, qu'on croit être une altération d'arranger, se rapprochoit sensiblement de la signi- fication étymologique du verbe arrayer, tracer une raie, une ligne droite comme un rayon, lorsqu'eù parlant d'une carte marine sur laquelle sont tra- cées les raies, les lignes droites qui règlent la division et subdivision des vents, on disoit qu'elle étoit arrumée. Les rums ou rumbs de vent étant des raies ou lignes qui figurent sur les cartes ma- (1) Arroser Tient du latin adrorare {arroser, dans MarceUus Empiricus). (N. B.) AR -< riaesles Irente-deuxvenisqui servent à la coDduile d'un vaisseau. ■ Selon ce on dit arrumer une « carie, ;iO',.rîire;' cniccllc lesdils rums[l). » (Sicot, Dict. — Voy. AnwiEr.,) TARIANTES I ARRUNER. Froisaart, Vol. III, p. W. Arrimer. Dict. de Trévoux. - Dicl. de l'Acad. Fr. Arrumer. Cotgrave, Nicol et Hooet, Dict. Aps, 5u(jsï. mascp/wr. Partie de devant du corps d'un cheval, d'un cerf, etc. Ais, planche. En termes de manège, on dit : ■ saigner un che- ■ val des quatre an. » (Voy. Dict. de Trévoux. — Dict. de l'Acad. Fr.) Cette expression paroll relative à l'idée que ce mot ars est formé du latin artus, en françois membres; et qu'on a désigné les quatre membres du cheval, en disant ars de derrière, par opposition aux ars de devant. Mais nulle preuve 3ue, comme on disoit ars de devant, l'on ait dit ars e derrière; et supposé qu'il en existe, l'étymologie reste douteuse. Anciennemenl, on écrivoit ars pour arcs, en latin arcus; et l'on noramoit arcs de devant, ou tout simplement arcs, les jambes de devant d'un cheval. Cette définition, qu'on a hasardée sur la foi du Seigneur du Fouilloux, paroit inexacte. Quelques citations ajoutées à celles qu'on trouve sous le mot Arc, partie du corps d'un cheval, semblent prouver que cette partie designée par le pluriel arcs ou ars, est celle où finissent les épaules du cheval et où commencent les jambes. Au reste, la significatioii i'ars et arcs en ces mêmes citations, est évidem- ment la même. • Altaindirent son cheval es arcs de < devant, de telle puissance que ledit cheval mons- < tra bien comment il esLoit attaint au cueur ; car il « cbeutlanstost à la terreroort. « (Percef. Vol. VI, fol. 19.) « Le Ter duglaivetuy fiertés oj's de deuani si « eu parfont qu'il iuy saillit hors par derrière ; dont • cheutlecheval tout plat. [Ibid.Vol.l, fol. 51.). Le • porc qui estoit esctiauffë.... consieut de la dent le « cheval de Thelamon, et Iuy va fendre le ventre, « des ars jusques es rains derrière. » (Ibid. Vol. II, fol. 9.) ■ Les deux chevaulx avoient chascun une « lance qui leur avoit esté fichée es ars; et leur • sorloient hors l'arcon de devant la selle. • (Ibid. Vol. ill. fol. 2.) Ce mot ors ou arcs signifioit non-seulement partie de devant du corps d'un cheval, mais une partie semblable du corps d'un cerf, et même d'un chien. • Passelion s'estott enveloppé de la peau d'un ■ cerf...... au plus gentementqueil avoit peu : car ■ il avoit audessus de la teste les cornes qu'il faisoit • venir sur son dos; si venoit à quatre piedz. • Hais il ne mist hors de l'épinoy, fors la moitié ■ du corps; si que la vieille Iuy véoil les ars de • devant et les cornes » (Percef. Vol. V, fol. 100.— Voy. Akc, partie du corps d'un chien.) Probablement, on nommoit arcs ou ars, partie de devant du corps d'un chien, d'un cerf, on la M- AK vovoit comme formant une espèce d'arc. On l'assi- miloit à la partie de devant du corps d'un cheval ; partie dont la forme nécessite celle ae l'argon d'une selle. (Voy. Arçon.) Quoique les ais dont l'assemblage formoit les Ecus de nos anciens Chevaliers, fussent de figure bombée et par conséquent imitative de la courbure d'un arc, il est peu vraisemblable qu'on ait comparé ces ais à des arcs, et qu'en ce sens on ait dit : ■ La beste Iuy courut sus, de grant randon. en Iuy ■ prenant son escu aux dens; tellement qu'ilz - entrèrent bien parfond dedans les ars. ■ [Percef. Vol. III, fol. 89.) . lU s'en vont férir es escuz des • lances telz coups qu'ilz faulcérent les ars et les « haubers. • (Ibid. fol. 105.) = Couchèrent leurs lan- « ces ; si commencèrent les joustes de toutes pars, • dont les éclatz des lances rompirent les ars à très ■ grant effort. » (Ibid. fol. IW.) Peut-être trouvera- t-on plus de vraisemblance à croire que le mot ars, dont la signification en ces passages paroit évi- demment relative à celle des mots aès et ayes, dans les expresssions • faire voler les ayes d'un escu, • en fendre les aès, • est moins une variation d'or- tograpbe du pluriel arcs, qu'une corruption du mot ais, (Voy. Aïs.) Ars, participe et substantif. Mis au feu, jelé au feu. Brûlé. Incendie. Il semble qu'ars, en latin arsus, participe du verbe ardere, d'où le françois ardre, signifioit mis au feu, jeté au feu, lorsqu'en réunissant ars et bruslé, on disoit : <■ Si fut la Ville arsc et bruslée - en un grant feu. • (Ger. de Nevers, part, u, p. 127.) Dans le sens de brûle, le participe ars désignoit les effets de l'activité du feu, sur ce qui avoit été ars ou rais au feu. (Voy. Ardre sons Arder.) De là, on a dit, 1° en parlant de l'elfel chimérique de l'ardeur du feu sur le jais : Quant est ara mult estmirabtes : Cbaice Serpent, desiruit Diablea. Hariiului. de GemiB. in. mn. cal. ieï(. S" En parlant des effets de l'ardeur do soleil en Espagne : ■ La terre leur sembla trop arse. > (Chron. S' Denys, T. I, foL 143.) 3° En parlant de l'effet de 1 ardeur, du tempé- rament du lièvre lorsqu'il est en amour ; ■ Gete les - fumées plus arses et plus menues. » (Chasse de Gaston Phébus, hs. p. 43.) Enfin, ce participe ars, pris substantivement comme le verbe ardoir, action de brûler, d'incen- dier, a signifié l'effet de cette action, l'incendie même. • En demandes qui sont fctes pour cas de ■ crime se convient il fere partie, et dire en < tele manière : Sire, veslà Jehan qui a fait tel ■ meurtre, ou tel traïson, ou tel homicide, ou tel ■ rat, ou tel ars, ou telle roberie. * (Beaumanoîr, Coût, de Beauvoisis, cbap. xi, p. 38. — Voy. Arsis.J Arsenal, subst. masc. On doutoit encore, au (1) Tous ces mois, arruner, ». . va danoia rummei, en allemand / -, arrimer, ont pour êtjmoloKie rum, rumb, qui siRDJBe cale, fond de nafire, espac», 1. (N. E.) AR — 197 - AR commencement du xviii* siècle, s'il falloit écrire arsenac ou arsenal. Enfin, Torthographe amenai a prévalu, malgré le pronostic de Ménage, qui croyoit qu'arsenac obtiendroit la préférence. L'opinion la plus vraisemblable sur l'étymologie d'arseim/, est que ce mot a été formé de Tarabe Mr-senâuhli)^ en retranchant le dpour la facilité de la prononciation. Il est évident que les signifi- cations parliculières et usitées d'arsena/, sont ana- logues a la signification générale du mot arabe, traduit en lajin par domm opiâciU en françois atelier, magasin. (Voy. Court de Gebelin, Dict. Elym. delà Lang. Fr. —Ménage, Dict. Etym. — Dict. de Trévoux.) VARIANTES : ARSENAL. Orlh. snbs. Bourg, de Oriçf. Voc. Vulg. fol. 11. Arcenac. J. Marot, d. 76. — Borel, Dict. Arcenal. Mém. de Ph de Ck>mmines, T. Il, p. 612. Arsenac. Rabelais, T. III, p. 251 et 272. Arsenic, sabst. masc. Poison brûlant et prompt. En langage oriental, alzernig{;2): mot composé de zer^ brûler, mordre, et de neg, être prompt, se hâter. (Voy. Court de Gebelin, Dict. Elym. de la Lang. Fr.) En adoptant celte étymologie du mot arsenic, on avouera sans doute qu'il signifie très- énergiquement l'effet d'un poison tel que \ arsenic sublimât j probablement l'orpiment sublimé. « Il est t une chose qui se apppelle arsenic sublimai : se «^ un homme en mangoit aussi groz que un poiz, « jamais ne vivroit. » (Confession de Vourdreton, tébi supra.) Cette espèce d'arsenic sublimé plusieurs fois avec le sel marin, se forme en une masse très-pure et cristaline, qu'on aura désignée par le mot rocher, en disant arsenic rocher. En réa^al, en arcenic rocher^ En orpigment, en salpestre et chaulx vive, etc. Villon. Poês. p. 68. VARIANTES I ARSENIC. Orth. sub». Alssiony. Du Bellay. Mém. T. VI, p. 3(M. Arcenic. ViUon, Poés. p. 68, Arsigny. Du BeUay. Mém. T. IV, p. 261. Arsep, verbe. Brûler. Briller. Ce verbe arser, formé du participe ars, comme les substantifs arseure et arsion, étoit de même signification qvCarder, brûler. (Voy. Ane. Poët. Fr. Ms. du Vatican, n* 1490, fol. 153. — Gace de la Bigne, des Déduits, ms. fol. 44, etc.) On a désigné la facilité de rallumer dans un cœur le feu d'une passion dont il a déjà brûlé, dont il a éprouvé Tardeur, en le comparant à un tison arsé, Gnr Varaéa tisons Est plustost en calour et en vie, Quant est prés del flu mis Que li vers bastons De qui caure ne fu ains sentie. Ane. Po«t. fr. lis. du Vatican, n* 1490. (61. 36, R*. La comparaison de Tardeur physique de l'amour avec celle du feu, semble si naturelle, qu'il est pos- sible qu'au figuré le verbe arser signifie brûler, être en feu, dans le Moyen de parvenir, (p. 66 et 376) quoiqu'on puisse 1 y voir comme une con- traction d'arresser. Cet ancien verbe airesset^ qu'on trouve dans Rabelais, T. II, p. 222, et dans Cotgrave, Oudin et Nicot, est de même origine et de même signification qw'aroidier, être roide, être en érec- tion. (Voy. Aroidier.) On assimiloit à TeiTet de la flamme du feu, celui du poli de Vacier, lorsque dans le sens de briller, on disoit, » faire ai^ser une épé. . »^ (Regp.ier, Satyre vni, p. 53. — Voy. Arder.) Arseure, subst. fém. Ardeur du feu. Ardeur d'une passion. Brûlure. Chose brûlée. Brûlement, action de brûler, d'incendier. Dans le sens propre, arseure signifioit l'ardeur du feu : De celé seconde closture Grant est la pueur et Varsure, Et hydeus li embrasemenz. G Guiart, MS. fol. 80, V*. .... coume Varsure Fait kanq'ele atalnt bruir ; Fait mon cors taindre et pâlir Sa douce regard ure. Ane. Porrs fr. MS. du VaUc. a* 1490, fol. âO, R*. Au figuré, l'ardeur d'une passion : Mais Blancheflor le rasseure, Dont il sent Tangoisse et Varseure, Floire et Blancheflor, MS. do S. Germ. fol. 202, V* col. 1. Par extension , Varseure étoit l'effet de l'ardeur du feu, une brûlure : « Mes oignemenz est bons - pour routure, por arsure, etc. » (Erberie, ms. de S*-Germ. fol. 89. — Voy. Ardeure.) Quelquefois même, la chose brûlée : Li tombeaul fut chargic de charbon et d'arsure Pour le feu qu'out esté; fut tout chargié d'ordure. Ger. de RooMlllon, MS. p. 148. Enfin, ce mot arsure pareil avoir signifié brûle- ment, l'action de mettre le feu à une chose, l'action de brûler, d'incendier. « De arsure l'on prant « mort et tuit li bien sont le Roy. » (Ane. Coût. d'Orléans, p. 168. — Voy. Arsion.) VARIANTES I ARSEURE. Chasse de Gaston Phébus, MS. p. 225. Arsure. Chron. S»-Denys, T. II, fol. 463. Arsili, subst. masc, plur. Espèce de barques. C'étoit des barques plates, si l'on en croit Borel qui cite Villehardouin (3), au mol lissiers. Peut-être seroit-il plus vrai de dire que ces barques, nommées arsili, étoient des brûlots? Arsin, subst. masc. Chose à laquelle on a mis le feu, chose brûlée. Effet du feu, brûlure, incendie. Brûlement, action de mettre le feu, de brûler, d'in- cendier. (Savaron, Traité contre les duels, p. 37.) Peut-être faut-il lire arson pour arsen? (Voy. Arsion.) VARIANTES : ARSIN. Du Gange, Gloss. lat. T. I, coL 735. Arsbn. Savaron, Traité contre les Duels, p. 37. Arsiôn, subst. fém. Effet de l'ardeur du feu; brûlure, incendie, embrasement. Brûlement, action de mettre le feu, de brûler, d'incendier. Dans le premier sens, qui est le sens propre, on a dit, en parlant du Buisson ardent, qu'il araoitsans arsion, (Dits et Moralités, ms. dé Gaignat, fol. 298.) En parlant de Clercs que Dieu sauva miraculeu- sement des effets de l'ardeur du feu, qu'il garantit d'être brûlés : Ne daigna lors cors oublier ; As Clers rendi lor gaerredon, Et lor gari de Varson. Tout remesent bel et entier ; Ains li flamme n'i pot touchier. Vie de S* Kalerine. MS. de Sorb. chliT. LX, eol. 30. On s'est figuré les Diables occupés en Enfer à faire éprouver successivement aux damnés « les « effets du feu et ceux de la glace, la froidure et « Yarsion, » (Voy. Fabl. ms. du R. n- 7218, fol. 222.) Après la grant arson, si èrent plus Mlous. Rom. de Tiebaut de Mtilly. MS. de N. D. n* B. 6. fol ilt. Il semble (m'arsion ou arson signifloit les effets de l'ardeur du feu, tels que l'incendie, l'embrase- ment, lorsqu'on disoit faire arson, véer arson, etc. Dans les principes abusifs du système féodal, les Seigneurs étant légitimement en guerre Ic^s uns contre les autres, pouvoient se faire un Jeu réci- proque des embrasemens, des incendies, des arsons. C'étoit un privilège de Gentilbomme, d'en être quitte pour une amende. « Tout soit-il ainssint « que li Gentilhoumes par nostre Coustume puis- « sent guerroier l'un l'autre, hors de trieve, « hors de asseurement; pourche ne pueentilpas... « ardoir li uns seur l'autre;.... et se il ardent li uns « seur l'autre, il meffont aux Seigneurs de qui les « choses sont tenues ; par quoi ils sont tenus à res- « torer les damages au Souverain et à li « amander de l'amande de soixante livres. Mes « arson fere.... hors de tans de guerre, emporte « plus grant peine; car li cors en dessert à estre « justiciez. » (Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, chap. xxxui, p. 173.) Maisons et Villes flst ardoir : Le feu en pout le Roi veoir. Puis flst à Mante un arson ; La Ville mist tout en charbon. Roman de Ron, 118. p. 383. Les arsons et les proies fist véer et lessier. Ibid. p. M. Peut-être trouvera-t-on qu'en ce dernier vers, arson signifie brûlement, action de mettre le feu. (i) C*est un dérivé de îter, confine erre: il les fit brûler gtan^erté, belle erre. {H. h.) AB -« de brûler, d'iDceuâier, comme dans BriltOD. (Loix d'Anglelerre, fol. 16. — Voy. Arselre.) VÂHUNTES : ARSION. FaM. KS. du R. n- 7318, UA. im.^ „ AmcoN. Rom. d'Alexaodre, HS. du R. ii> 6087, fol. 198. AnsON. S>.-Bemard, Seraa. Fr. M5S. p. 109. JUISOUH. BrittoR des Loi:i d'Aogleterre, Toi. 16, V*. Arsis, sub$ masc. Chose brûlée, embrasée, incendiée. Brûlé, odeur de brûlé. On a remarqué, à la Un de la conjugaison du verbe arder, plusieurs temps et modes qui semblent uUe&ter l'existence de l'ancibn verbe arsir, formé comme arser, du participe ars, en latin arstis. (Voy. AnsEH et Abdbb.) Peut-être jugera-t-on cette exis- tence sunisammenL prouvée par celle d'orats, que l'on croit être le participe il'arsir, qui, dans la Cou- tume de Saint-Palais signilie, comme substantif, la même chose q\i'arsim dans quelques autres Coutumes, des bois brûlés? (Voy. La Thaumassière, Coût. loc. de Berry et de Loiris, p. 113 eH17.) Il seroit possible qn'arsins, au ntoios en ce sens, ne «liftéi-àt d* arsis que par le changement de la voyelle simple en voyelle nas^ale; changement qui étoit Irès-ordinaire dans l'ancienne prononciation. (Voy. Absin.) L'acception â'arsius, bois brûlés, étoit une accep- tion particulière à'arsis, qui signilioit en général, ehoses brûlées, embrasées, incendiées. Guillaume- le-Conquérant ayant réduit en cendres la ville de Mantes, éprouva, en la traversant à cheval, un acci- dent qui causa sa mort. Panny la TiUe treepassout Sour un cheval qui moult amout Ëoun araii mist sea deux piex, etc. Kon. 6t Km, HS. p. 384 cl 3». ' Raportent ecos b\ vcrteveles , Verrous et cloua, et tiex bereles Qu'il orent truuvei eu la cendre Des unii, et les veulent vendre. G. GuUt!, MS. fol. 3U, R-. Anciennement, la signification û'arsis étoit la même que celle du pjirtioipe brûlé, pris substanti- vement dans l'expression usitée sentir le brûlé, lorsfiu'en ce sens on disoil, flairer farsiz. Es nés des flamens plus procMinee, Où de gent ot enseiûble tant, l.ee vont embrasées gelant, Si que le plus d'eus Varsi: flairent. G. Guitrt, HS. tal. Sl«. V-. On dit à Beaune, que le vin sent l'arsi, quand il a un certain goût brûlé. (Ménage, Dict. Etym.) VARIANTES : ABSIS. Du Canfle, Glosa. Ut. T. I, col. 735. .Sbsbiz. La Thaumassière, Coût, loc- de Berry, p. 113. Ansiz. G. Guiart, AIS. fol. 81, R> , et 301, V>. Arssiz. Id. iWd. fol. 81, R". \rt,subat.ma$c. et fém. Culture de l'esprit, pro- duit de cette culture; Logique, Rhétorique, etc. Moyen d'opérer, de faire valoir les choses en opé- rant d'esprit DU de corps , habileté, adresse, finesse, subtilité, artiUce Produit de la culture des talens. 11 paroitroit assez naturel (|ue le nom de la Terre, Arz, Art, Htrtha dans les langues d'Orient, dans celles duNord Airtha, ^^d,£ar {A, eûldésigné I- AB la culture à laquelle cette mère nourricière de tous les Etres doit sa fécondité. Ainsi le mol art, ar* en lalin, signifleroit culture de la terre, le premier des arts ; art sans lequel tous les hommes, esclave» de la nécessité de pourvoir à leurs premiers besoiiM en travaillant de eorps, auroient vécu toujours courbés vers la terre, sans possibilité de s'élever en travaillant d'esprit, à la sphère du Génie créx- teur des arts libéraux, des bons arts, des arts par excellence. On a dit, en parlant de Clodion, roi des Francs, qu'il étoit preudom ei sages det an ; en parlant du philosophe Calislhène, qu'il éloil homme de très bons ars. (Voy. Ph.Mouskes, us. p. 10. — Triomphe des neuf preux, p. 191.) J'estois assis au nùUeu des Neuf Sœurs ;... Si commença A chanier l'une d'elle*:... Assemblez -vous, dit elle, ô Proresseius Des bonne» Art» et des Scieacas belles. Po«. d« H. ds S'-Gelù, p. 77. Ces bons arls, ou bonnes arts comme l'on disait eu égard au genre de ce mol dans la langue latine, étoienl sans doute les Arts libéraux, ainsi nommée, dil un de nos anciens Poètes, - pour ce que ancien- • nemenl nul, se il n'estoit libéral, c'est li dire Dis ' de noble homme et astrait de noble lignie, n'osoil ■ aprandre aucun d'iceulx ars. - [Voy. Eust. Desch. poës. hss. p. 304.) Quoique la culture de l'esprit ait réellement été interdite à l'Homme que le despotisme féodal asser- vissoit à la culture de la terre, il semble plus vrai de dire qu'en génénil les Arls libéraux sont les Àrls utiles et agréables, dont la profession, quel- queftiis lucrative sans être servile, rend libre l'Homme né pauvre et roturier qui s'en occupe, et l'associe à la liberté honorable de l'Homme né noble ou riche qui s'en amuse. En honorant la cullure de l'esprit d'une liberté si propre à consoler du défaut de fortune et de naissance, la Société n'admet à cet honneur que les Arts pour lesquels elle se passionne, par le senti- ment de plaisirs ou de besoins dont la satisfaction, ou la jouissance, est le produit de la culture de l'esprit inventeur de ces mêmes Arls. Les besoins et les plaisirs pour la jouissance et la satisfaction desquels l'esprit invente et travaille* étant aussi variés dans les Sociétés que les causes physiques, politiques et morales qui en modifient le sentiment, et chaque société se passionnant na- lurellemenl, d'après celte modification, pour les Arts qu'elle sent lui être plus agréables et plus utiles, on conçoit qu'à raison des causes qui diffé- rencient ce sentiment ou celte passion, iea Arts lu béraux aient été différens pour chaque Société ; que l'une a pu honorer comme libéral, un art que l'au- tie dédaignoit comme servile. On sait de plus que chaque Société, aussi variable dans sa passion pour certains arU que les causes mêmes de celM passion, a souvent transporté des uns aux autres les qualifications d'Art» serviles et à'Arts libéraux, ennoblissant ceux qu'elle avoil avilis et avilissaat ceux qu'elle avoit anoblis. AB -'. C'est ainsi, par exemple, que l'Érudition, aussi estimée dans le xti* siède qu'elle l'est peu dans le XTni* d£i l'utililé en est moins sentie, évite à peine l'espèce de mépris auquel l'expose une pas- sion presque exclusive pour la Philosophie, dont les Beaux-arls,é\i xvu* siècle ont accéléré le règne 8 réparé par l'Érudition même. C'est ainsi que la oblesse, éclairée par cette même Philosophie sur les avantages de la culture de l'esprit, se montre jalouse de partager des travaux qui, dans les siècles d'une ignorance dont elle s'est longtemps enor- gueillie, lui (laroissoient une muiardie, un amuse- ment frivole et indigne d'un Gentilhomme, dévoué par su naissance aux travaux militaires, aux tour- nois, aux duels, à \'Art militante. On pourroit croire que l'expression ^rf mi/t/anfe signifie \'Art militaire, aussi essentiel à la défense des Sociétés, que l'Agriculture, le premier des arts, l'est à leur subsistance, si l'on n'étoit averti que le fanatisme du point d'honneur en a abusé pour signiHer les duels, les gages de bataille, qui ont trop souvent privé la Patrie de ses plus braves défenseurs. ■ kouU de notables hommes se cognoissans en « Yart mililanle s'esmerveilloient que leurs ■ devant-passez n'avoient plus cscrit de tout ce « qu'il appartient à faire, touchant ce pesant fait ■ de gage de bataille. ■> (Hardouyn de la Jaille, du Champ de bataille, fol. 57.) On flattoit l'orgueilleuse ignorance des Nobles, en nommant Musards ces hommes qui, exclus de l'honneur de servir la Patrie en exposant leurs corps pour sa défense, la servoient peul-étre aussi utilemeat en cultivant leur esprit, en s'adonnant aux Arts et Scievces par lesquelles Eustache Des- champs, poëte du XIV* siècle, disoit le Monde gou- verne. Ces Arts et Sciences, qu'il nomme Arts libéraux, étoienl la Grammaire, la Logique, la Rhétorique, la Géomëlrie, l'Arithmétique, la Musi- que et l'Astronomie. (Voy. Eust. Descb. Pocs. hss. p. 394.) II semble que, non moins sensibles à l'utililé de la Médecine qu'à celle de l'Arithmétique ou de la Grammaire, nos Ancêtres auroient dû l'admettre au nombre des Arts libéraux, comme elle paroit admise à celui des Arts spéculatifs, des Arts de théorie, dans une Ordonnance de 1360, par laquelle le roi Jean octroyoit aux Juifs ° que ils pussent . faire et exercer leurs mesliers, leur fait, cour- « rateriesel autres euvres; ou Ars spéculatives, ■ pratiques, méchaoiques, ou autres. ° (Voy. Ord. T. III, p. 476.) L'Editeur observe dans une Note, Î n'entre autres Arts spéculatifs exercés par les Dife, la Médecine étoitleur science l^avorite ; science que probablement on a jugée trop conjecturale S Dur mériter le nom à'Art. On s'occupa sans doute u moyen d'en prévenir l'abus, en obligeant les Juifs qui vouloient exercer la profession de Méde- cin, à prendre leurs degrés dans les Universités. Quelle que soit une science, pratique ou spé- culative, quel que noble qu'en soit l'objet, on a pu la désigner par le mot Art, comme étant le produit 0- AR de la culture de l'esprit. Aussi voyons-nous que les hautes Sciences, telles que l'Astronomie, la Géomé- trie et l'Algèbre, qui font partie des Mathématiques, ont été comprises sous la dénomination générale à'Arts libéiau3;,a\ec]s Logique, la Rhétorique et la Grammaire, qui dans les Ecoles ont été et sont encore les j4r(s par excellence. On sait que les Mathématiques sont la science, non-seulement des quantités, mais aussi des pro- portions. Le sentiment des avantages qui résultent de cette Science des proportions, pour l'utilité et l'agrément des Sociétés, est une passion à laquelle la Musique, la Peinture, la Sculpture, l'Architecture civile et militaire, la Marine, et autres .4m à la perfection desquels les Mathématiques sont essen- tiellement nécessaires, doivent la qualification d'^r^s libéraux, quoiqu'ils soient lucratifs et en partie mécaniques; quoiqu'ils soient Ars profita- bles, comme on lit dans Rob. Estienne et Nicot. Dict. En se conformant à la distinction usitée des Arts el Sciences, on dira que la Théorie caractérise les Sciences, lors môme que le Savant fait succéder la Pratique, comme la Pratique caractérise les Arts, lors même que l'Artiste fait précéder la Théorie. Qu'un Art soit agréable et utile, que l'utilité et l'agrément de ce même Art soient sentis, it ne sera néanmoins Art libéral, qu'autant que la Théorie en anoblira la Pratique, de façon b exciter et justifier la passion de la Société aux yeux de laquelle il paroitra moins un ouvrage servile de la main, que le produit libre de la culture de l'esprit. C'est sans doute faute d'être assez affectés de'la théorie qui préside aux Mécaniques, à une science qui, comme partie des Mathématiques, est aussi h;' pro- duit de la culture de l'esprit; c'est faute de n'en voir que la pratique, communément abandonnée à des hommes de qui l'intelligence se borne aux seuls ouvrages de la main et du corps, que nous avons dit Arts méchaniques, par opposition aux Arts libéraux; assimilant ainsi les Arts que Robert Estienne et Nicot ont défini. Arts qvi se font d'esprit et de la main, à des Arts serviles, tels qu'étoienl probablement ceux qu'anciennement on nommoit Ai-ls des mains. Ces Arts, que le préjugé avilit et dédaigne comme serviles, ont sur les Arts libéraux l'avantage réel d'être plus universellement et plus constamment uliles et nécessaires ; par conséquent celui d'assu- rer, en tout temps et en tous lieux, à VArtisan qui travaille pour les besoins essentiels de la Société, une subsistance au soin de laquelle VArlifite el même le Savant font quelquefois le sacrifice de leur liberté. C'est pour obvier à la nécessité de ce sacri- fice, que Rousseau, philosophe enthousiaste d'une indépendance peut-être idéale, aurait souhaité qu'en faisant apprendre un Métier, un Arides mains aux enfans, à ceux même qui nés riches peuvent mourir pauvres, on leur procurât les moyens de subsister, en n'obéissant qu'à la Nature qui nous sollicite au travail par le désir de vivre. ÀR -'■ Vidée de proposer l'apprenlissage d'un Métier, d'un Art dex matjis, commele moyen le plus propre à Dous tranquilliser sur la conservation de notre liberté, n'est pourtant pas une de ces idées singu- iîferes qui n appartiennent qu'à notre Philosophe moderne; elle lui est commune avec un ancien Poëte moral qui a dit : .... Eureiu esl qui aprent, dés s'enAmce, A servir Dieu, et aucun Arl des maint Pour soi chevir ei vivre k sa pl&isance. Eiu4. DeKh. PoiL HSS. p. ÏSI, cal. t. Vart, comme produit de ia culture de l'esprit, «st le moyen d'en étendre les facultés naturelles et de les perfectionner, moyen général qu'on parti- cularise en le nommant Logique, Rhétorique, etc. On a daigné l'abus de ces mêmes Arts, de ces moyens particuliers d'ajouter à la Nature, lorsqu'en se plaignant de ce que trop souvent on lui préfère \Art, on a dit : « Nous eschivons tous à elle ; nous • la laissons dormir et chommer, aimans mieux ■ mandier ailleurs nostre apprentissage, recourir ù • l'eslude et à VArt, que de nous contenter de ce < qui croist elles nous... Nous fermons en plein • midy les feneslres et allumons les chandelles. • Geste... folie vient d'une autre qui est que nous • n'estimons point les choses selon leur vraye et • essentielle valeur, mais selon la monstre, la • parade, et le bruict. * (Sagesse de Charron, p. 252 et 253.) Dans réloge que le même Auteur fait de Socrate et d'Arislote, l'opposition de l'Art à la Nature marque la di^érence de leur fa^on de philosopher : •• Un grand maistre et admirable docteur en la Na- - tnre a esté Socrates, comme en \',\rt et Science « Aristote. Socrates par les plus simples et naturels • propos, par similitudes et inductions vulgai- • res, fournit des préceptes et règles de bien " vivre...... que tout Xari cl science ne s^auroil ■ inventer. . (Sagesse de Charron, p. 252.) Il est évident que VArt ainsi opposé à la Nature, signifie en général culture de l'esprit, produit de la culture de l'espril, moyen qui en facilile les opé- rations naturelles et les dirige, tel que la Logique. la Rhétorique, etc. Si la Logique asouvent olTusqué la raison naturelle qu'elle devoit éclairer, la Rhéto- rique l'a souvent trompée en lui faisant illusion. Aussi Montaigne a-t-il dit d'un Rhétoricien qui nvouoitque • son mestier estoit de choses petites • les faire paroistre et trouver grandes : On luy • eust fait donner le fouet à Sparte, de faire profes- 1 sion d'un Art piperesse el mensongère. • [Essais de Montaigne, T. 1, p. 517.) Quel que soit un Art libérai ou servile, quelle qu'en soit la dénomination, l'on peut dire qu'il esl un moyen de faire servir la Nature aux besoins et aux plaisirs de l'homme; un moyen de faire valoir et d'améliorer les talens naturels du corps et de l'esprit en les cultivant; comme le premier des Arti, la culture de la terre est le moyen d'en rendre les productions naturelles, meilleures et pins fécondes. L'habileté, l'adresse, la nnesse, la subtilité, sont rt- AR autant de moyens par lesquels on opère conformé- ment à ses idées, à ses vues. En regardant ces moyens d'opérer, et autres qui s'acquièrent par la culture des talens naturels de l'esprit et du corps, comme le produit de cette même culture, on les a désignés tous en général par le nom d'.lrf, et l'on a dit d'un homme habile, adroit à faire une chose, Sn'il . avoit main el art à la faire. ■ [Voy. Poës. de retin, p. 64.) Pour signifier que l'habileté, la souplesse, le savoir-faire, sont tes moyens de tirer parti de la Société, on a dit proverbialement: • L'homme qui • a de \'Art, possède sa part. • (Cotgrave, Dict.) Ces moyens, lorsqu'ils servoient à tromper et à faire des dupes, lorsqu'ils nuisoient à (a Société, étoient de ^ru Arts, comme on lit dans les Mai^. de la Marguerite; (fol. 115, V.) Ils éloient de maie» Arts, de mauvais Arts, ou tout simplement des Arts dont on désigne aujourd'hui l'abus, en les nommant artifices. • l.i très-voisols serpenz ' les ockesons de péchiet apparaillet; par mil ■ Ar% por grever ne finet de templeir. » (S' Bern. Serm. fr. mss. p. 330.) « Tous ceux à qui les Art» • de l'un n'estoient encore bien logneuz, eussent • imputé le retardement de la S" expédition à " l'autre. • (Du Bellay, Mém. liv. iï, fol. 287.) ■ Tant estoit.,.. plain de mauvais Art.queoncques ■ en Cannelou n'en eust autant. » (Ger. de Nevers, pari. I, p. 7.) Quant le vit venir, li Vieillors Qui plein estoit de maies /1r/«;etc. Fibl. «S. de S' (knn. fol. 7, V col. S. La famé tipnt bien 1' Tant com i Et quant n fol et pour musart... que donner, ce] conmande à la hart. Fibl. MS. ia H. n- 78tS, M. ItD, V,' col. 1. On croit avoir suffisamment prouvé qu'un Art, quel qu'il soil, esl le produit de la culture des talens naturels de l'esprit et du corps ; que ce produit est un moyeu d'opérer d'une façon plus ou moins conforme à la Nalure; qu'enfin les accep- tions particulières du nom Art, sont toutes relatives à l'idée générale de moyen. En eiïet l'Art, dans le sens de Grammaire, de Logique, est le moyen de perfectionner la facullé naturelle de parler, de raisonner, comme il est un moyeu de tromper, dans le sens d'artifice, finesse; un moyen de pré- voir, de se conduire avec prévoyance, dans l'ex- pression se conduire par art d'avis. ■ Je leur iray " au devante puissance que je m'y conduise par art ' d'avis el de très-bonne ordonnance, pour eux . combattre. » (Froissart, Vol. IV. p. 230.) Enfin, les moyens de subsister étant assez géné- ralement le produit des talents cultivés, il est Kossible que par celte raison l'on ait dit qu'un omme est d'un Art, pour signifier qu'il cultive un talent, qu'il subsiste au moyen ou talent qu'il cultive. C'est par allusion aux effets de cett* jalousie trop naturelle aux rivaux dans les Art», dans la culture des mêmes talens, qu'on a dit pro- verbialement. - L'Art est moqué de l'Art- • (VOy- Nuits de Straparole, T. II, p. 441.) AR AR TIMANTES : ART. Orlh. subsist. Rob. Esl. Nicot et lloaet, Dict. &RS. (Plur.) Pb, HouEkee, MS. p. 10. AIU. (Plur.) S'.-Bern. serai. Fr. USS. p. 390. Arteller, sub&t. tnasc. Atelier. Dans ua titre latia de l'an 1360, artiliaria signille atelier. (Voy. D. CarpeatitT, Suppl. Oloss. lat. de Du Cange, T. I, col. 317.) Cette signification d'arliliariaelVorlho- ffrapbc artelier \i), paroissent indiquer l'origine et l'étymologie de noire mot atelier, qu'anciennement on écrivoit • astetier, astellier; liçii où l'on s'oc- ■ cupe de certains Arts ; lieu oCi l'on po&e les outils • «t macbines propres à ces mêmes Arts. • Il sem- ble que ce soit relativement 'a cette dernière accep- tion, qu'en parlant de l'ancienne façon d'honorer le passage de nos Rois dans les Villes de leur royaume, on a dit qu'au lieu de tapisser tes rues < on les ■ parodd'attelîiers bien garnis d'armes et d'espées.» (Savaron, de l'Espée francoise, p. 16] C'est dans un sens relatif à la première, que l'on aura dit figuréaient : ■ Aristole et les aulres l'hilosophes ■ tiennenlque le vray passage pour poster à la mort, • ast de s'exercer souvent il Varlelier de Venus. • (CoDtes de Cholières, p. 1)4 ou 115.) VARIANTES : ARTEUER. Conles de ChoMèrea, p. lU. AsTKLiER. Rabelais, T. Ul, p. 26i. AfiT8Li.iEH. Colgrave, Dicl. Attelieh, Savaron, de l'Ëspée françoise, p. 23. Attellier, Id. ibid. p, 1G, Habtellieh. Gr. Coût de France, livr. I, p. 58. Hatelibb. Cotgrave, Dict. Arteus, adj. Qui opère avec art, adresse, habi- leté, prudence, etc. Qui opère avec artifice, ruse, finesse, etc. Oq n'étoit qu'adroit, habile, prudent, lorsqu'on étoit arteus sans être blâmuble. Pirtsa. du Bloii, US. dg 3. G«nn. sont preu ElCbevalierinoullbon, f " eucrignox. (oL.M, VioLÎ, Si l'on étoit blltmable en opéianl avec art, la signitication à'arleus étoit la même que celle de mal-arleus, arlilicieux, rusé, fin, etc. Houtt inal-artou$ Et de parler moult engignoua. Bien BQeot troubler une raison, Et eemouvoir une tenem. RoD. de Bral, MS fal. IB. H- »1. i. Eaflo, dans un sens analogue à celui de l'adjectif composé mal-arteus, on disoit d'un homme à qui l'arlifloe étoil habituel, qu'il étoit Enarté de mal ou MaUnarté. (Fabl. ns. de S'-Germ. fol. 6 et 7. — Toy. Aai.) VARIAKTBS : ÀATEUS. Parton. de Blois. MS. de S-.-Gern.bL 154. AtiTous. Rom. de Brut, US. fol. 16. R* col. S. Artox. ï^iton. de Bloii, MS. de S'.-Genn. fol. 198. Artlftliser, verbe. Rendre artificiel. Oa voudroit pouvoir encore dire avec Montaigne, qu'altérer la Nature par l'Art, c'est yartialiser, la readre arti- ficielle. < Les Science» traitlenl les choses trop • finement, d'une mode artificielle et différente de > la commune et naturelle Si j'estois du mes- • tier, je naturaliserois l'Art autant comme ils > artialisent ta Nature. • (Essais de Montaigne, T. 111, p. 157. — Voy. Abt.) Article, iubst. masc. et fém. Chose jointe à une autre, point de croyance, article de foi. Moyen de fait on de droit. Chose distincte d'une autre, point distinclif. Terme de Grammaire. En termes d'Anatomie, la signification A'artiele, jointure, en latin arliciiliis, est aujourd'hui aussi générale que l'éloit anciencemenl celle d'arteil. altéré dans l'orthographe orteil. 11 semble qu'en celte signiiication le mot article ait été substitué â celui d'arteil, lorsque l'acceplion à'arteil a été res- treinte il celle A'arlicle, jointure de doigt de pied. (Voy. Artueil.) Il est probable que d'après l'idée des articles, des points où se joignent les unes aux autres diffé- rentes parties d'un corps, comme parties iiilégranles d'un tout, on aura nommé figiiremenl article, un point de croyance en matière de Beligion, une vérité faisant partie de la totalité de celles qu'il faut croire, et que l'on désigne encore aujourd'hui comme étant jointes les unes aux autres, en les nommant Articles de foi. Trës-doiiU Dieu, com cv a très-doutce vision, Où l'en voit tnceA lace Dieu sans division!... Sacremena et Article seront là descouvert. Qu'à noslre congnoiasance n'y aura riens couvert. ). da Ueuni. C«d. v«i IB33-t8t«. En rassemblant dans un Ecrit les moyens de fait ou de droit qu'on a pour demander ou pour défen- dre en justice civile ou criminelle, on en forme un tout dont le molarlicle, quelquefois féminin, signi- floit les parties jointes les unes aux autres, comme il signifie encore les parties d'un mémoire, d'un compte, d'un truite, ce qui fait partie d'une vérité, d'un raisonnemenl, d'une proposition, elc. Dans le style de notre ancienne procédure, • pf^ndre arfic/es contre quelqu'un, » c'étoit saisir les moyens de fait ou de droit par lesquels on avoit action contre lui : donner par écrit ces mêmes moyens. c'étoit faire articles. « Luy feut respondu qu il se ■ conlentast de raison Raison? (dîsl Janotus] • nous n'en usons poinct céans. Traistres malbeu- • reux, vous ne valez rien Aces taotaprindrenl • articles cQolre]uy. Luy del'auUre costé les feit • adjounier. . (Rabelais, T. 1, p. 127 et 128.) ■ Les- ■ dis Evesques, Do'ien et Chapitre ont piecà fait pour iMoire l« fractures ; le seni B'ut eit»uUe ét«ndn. Of . ■■) AR -S liS-lSl-) Oq dési^oit probablement l'omissioD ou raddition du premier article, aflirmatif de l'accord des Pai lies sur la rédaction des articles de leur demande et défense, en disant que les articles en éloieat accordés ou descordés. [Voy. Article.) \\ semble q]ï articuler une Coutume, c'étoit en citer les articles. « Aucun.... ne doit estre receu à ■ alléguer, poser, ouârticu/fraucunesCoustumes, ■ autres que celles qui sont escriles et arreslées. • (Coût, de Paris, au Coût. gén. T. 1, p. 22.) D'ailleurs, ce pouvoit être l'expression dequelque idée relative à l'obligation de ■ se fonder d'aucune majeur de > Droict ou de Coustume, > lorsqu'on articulait sa demande, spécialement en la manière par faits contraires. (Voy. Bouteiller. ubi supra, p. 113.) Articuliérement, adv. Par articles. La signi- fication A'articuliêrement étoit analogue à celle à'articulément, lorsqu'on parlant d'une informa- lion, on la disoit faite articuliérement. {Voy. D. Carpentier,' Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Arttculariter.) Articuleur, subst. mase. Rédacteur de deman- des fondées sur moyens de druit ou de fait. Signi- fication relative ik celle ■■ d'articuler une demande ■ par escripl • ; ce qui étoit - un des notables faicts ■ pati'oniciens d'Advocacerie. » (Bouteiller.) » Sen- « tenchiers,.... Articuleurs, Notaires, Auditeurs, et . Appariteurs desdites Courts. • (D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Cange, T. 1, col. 3i6 ; tit. de 1403. — Voy. Articuler.) Artien, adj. et subst. masc. Savant dans les Arts de l'Ecole. Artiste. C'est reliitivement à l'idée particulière des Arts enseignés et appris dans les Ecoles , qu'ancienne- ment celui ■ qui vaquoit à ces Arts dansles Univer- • sites-, oui les y apprenoit, ou qui les ayant appris étoit reyu a les y enseigner, se nommoil un Clerc artien, ou tout simplement un Artien. {Voy. Rabe- lais, ubi supra. — Colgrave et Monel, Dicl) Chariot, tu ns toutes les Lois ; Tu es JuiC et Creetiena ; Tu es Chevaliers et liorgoia, Et quant tu veus, Clercs arcieim. Pibl tIS. du R. H- 7318, M. i^. ïi' ul. î. Hé 1 Arcien, DecrestrîBtre, Fisicien, Et vos la geut Justinien, etc. F«M. M8. ilu. B. n- 791S. fol. 70, V col. î. Il semble qu'en ces vers, Artien ou Clerc artien, signifie Maitre-ès-Arts, On restreignoit néanmoins la signilication à'Artien à celle du Professeur de logique et de philosophie, d'Etudiant en philoso- phie, de Logicien, lorsqu'en distinguant VArtien du Clerc grammatical, du Grammairien, on disoit: . Clercs grammaticaulx valent bien un Artien. » (Fabri, Art. de Rhétorique, liv, 11. fol. 46.) ■ Seront . 20 escoliers enfent en Gramaire, et 30 en Logi- ■ que et en Philosophie, et 20 en Théologie ou en • Divinité. Si aura chascun Gramarien par semaine • - AR ■ de sept jours nn s. par. Li Artiien vi s. par. et li > Théologien vui s. par. > (D. Carpentier, Supp). Gloss. lat. de Du Cange. T. I.col. 314; lit. de 1304.) Que la signification à'Artien ait été la mémeque celle d'Artiste, on n'en a pour garant que le Dic- tionnaire de Colgrave. {Voy. Art.) Artifice, subst. masc. Art, effet de l'Art , chose artificielle. Art, profession d'un Art. Instrument propre Ji un Art. On a nommé artifice ce que l'Art humain fuit pour ajouter à la Nature, quetiopsouvenlon altère en voulant la perfectionner. «Les vanités, folies. » et desbauchesqui sont au monde sont addi- • lions tiennes. Ce n'est pas de Sature, maisdeton ■ propre arli/ice. » {Sagfisse de Charron, p. 316.) Ce que fait le même Art, ce qu'il opère d'utile ou d'agréable, relativement aux besoins de la société, s'est aussi nommé arli/ice. Dans un poëme de Salluste du Bartas, les artifices sont les Arts inven- tés pour les besoins de l'homme. (Voy, Goujet, Biblioth. fr. T. XIII, p. 312.) En disant ar/i/îce a /*!?». on désignoil un effet de l'Art, une composition artiflcielic de matières faciles às'ennamnier,commequandnousdi9ons oriiyï ce(I), feu d'artifice. ■• Luy fust baillé certains arliftees à • feu. On lui faisoit entendre qu'ils brusleroient les • pilliers, si on les y allachoit. • (Comment, de Montluc, T. I, p. 178. — Voy. Artificiel.) Quoiqu'on exprime encore aujourd'hui l'efTet de l'Art avec lequel une machine est composée, en disant qu'elle est d'un arlipce merveilleux, il sem- ble qu'en parlant d'une statue, comme d'un chef- d'œuvre de l'Art, on ne diroil plus qu'elle est d'arti- fice accompli. ■ On a trouvé aux ruines de Rome ■ une statued'arW/tcctanlaccomply qu'il est eslimé = divin. " (Bouchel, Serées, liv. HI, p. liO.) Il est des femmes artiDciellcs, des femmes dans lesquelles lout ce qu'on idolâtre est non-seulement artiliciel mais dangereux, de qui l'on pourroitdire avec un de nos anciens Poètes : Ce sont arl.efice et ydoles ; Venin portent en lor fioles, ^iti et MonlitiSt. MS. do Giigiut. fcL ï»3, R- coL 3. La profession qu'on faitd'un Art, est un moyen de vivre, un Art que signilioit quelquefois le mot artifice. (Voy. Art.) . Les Maistres de tous les mes- • tiers et ar/(^ws qui sont et seront à Laon, etc. •■ (Ord. T. 11, p. 78.) • Font r&islance a Lintlaer • namaud, de poser le moulin servant à son arli- • fice, en la deuxième arche du Pont-neuf. >■ tMcm. de Sully, T, VI, p. 447.) Enfin, l'on a nommé artifices \es instru mens faits pour art, propres .'i un art. - Uorceaulx de cuivre ■ à fourme de gettons non signez, et autres ferre- • mens et artifices fi faire monnoye. » (D. Carpen- (1> Ces Il XVI* siècle seulement que le mot fut pris dajta ce sens. (n. e.) AR -a lier. Suppl. Gloss. lai. de Du Cange, T. I, col. 316; Ut. de 1394.) VARIANTES : ARTIFICE. Onii. Biibsiat. - Ord. T. II, p. 78. Arxefice. Dits et Horaliiés, MS. de Gaignat, fol. 298. Artificiel, adj. Qui se Tait par art. Qui se fait avec art, adresse; avec lloesse, arlifice. Qui fait unecliose avec art, adresse ; avec llnesse , arliflce. La vicissitude des ténèbres et de la lumière qu'é- Srouve la Terre en faisant un tour sur son axe ans l'espace de vingt-quatre heures, est l'effet d'une loi de la Nature, d'après laquelle ce même espace de temps a été nommé jour naturel. En regardant comme opposée à la Nature la distinction de la nuit comprise dans ce jour naturel, on a dit qne l'espace du temps où la lumière du Soleil éclaire l'horizon, éloit un jour artiliciel. • Jour . naturel.... emporte 24 heures, et te jour ar/iyîcie/ • est appelé entre le poinct du jour et jour fail- . lant. . (Gr. Coût, de Fr. liv. III, p. 310.) Celte dis- tinction paroU néanmoins si conforme à la nature des choses, qu'on aura cru avoir raison de s'écar- ter des idées astronomiques sur le jour naturel, sur un jour qui rtSunit les ténèbi'es à la lumière, en le nommant jour artiliciel. • Il y ad jour soler et ■ jour luner, solonc ceo que Dieu devisa clarté de • ténèbres, et ceux deux jours fount un jour arti- . /icielqueestrîiitdel jour et delà nuytsuiante, et ■ contient xxuii houres. ■ (Dritton, des Loix d'An- gleterre, fol. 209, Rv) On oppusoit encore à l'idée de ce qui est naturel, l'idée de ce qui est artificiel, de ce qui se fait par art, en distinguant deux espèces de Musique, i'une artificielle et l'autre nalurelle • Musique natu- • relie.... est une Musique de boucbp en proférant • paroules métrillëes;.... el jà soit que les faiseurs • a'icelles ne saichent pas communément la Musi- • que artificielle, ne donner chant par art de notes ■ a ce qu'ilz font, toutes voies est appellée musique • cesie Science naturelle, » (Eust. Desch. Poës. Nss. p. 395, col. 2.) Qaoiqa'arlificiel signifie en genéial ce qui se fait Sar art. on ne diroil plus /eu ac/j^cie/. pour arli- ce, composition artificielle de matières faciles à s'enflammer. • Attacha ses feux artificiels aux pil> • liers. ■ (Comment, de Monlluc, T. I, p, ■178.) Dans un sens relatifùceUii d'art, adresse, linesse, artifice, on diroit encore moins que ce qui se fait avec art, avec artifice , est artificiel. (Voy. Rob. Estienne. Nicotel Honet, Dict.) En ce sens, il désignoit môme celui qui faisoit une chose avec art, avec adresse ; avec fl nesse, avec artifice. (Monel, Dict. — Voy. Artifice et Art.) VARIANTES : ARTIFICIEL. Orth. subsisl. - Nicot et Monet, Dict. Ertifficiei-. Du Bellay, Mém. T. VI. p. 1)08. Artlflclellemeat, adv. Artistement, adroite- ment; finement, artillcieusement. Significations re- 5- AR lalives à celles de l'adjectif arUficiel, qui se fait avec art, avec adresse, qui se fait avec finesse, avec arti- fice ; mais différentes de celle qui est encore usitée, lorsqu'on parlant d'une chose artificielle, d'une chose qui se fait par art, on dit qu'elle se fait arti- ficiellement. (Contreditz de Songecreux, ubi suprà. — Rob. Estienne et Moncl, Dict. — Voy. Artificiel.) VARIANTES : ARTIFICIELLEMENT. Orth. sub. - Rob. Estienne, Dict. Ahtifficialement. Contreditz de Songecreux, loi. 80, R*. Artificielemant. Honet, Dict. Artlficieres, subst. masc. Celui qui fait profes- sion d'un arl. En latin .4rft/i3.i;. • Les seaux nient • encore parfitement enlailliez loons jà alsi " comparfiz, lesquels nekedent encor esgardet li • virfi^cifres, et si les limet. » (S' Grég. Dial. fr. Mss. liv. IV, chap. xïii. — Voy. Artillier.) Artifler, verbe. Faire avec art ; faire avec arti- fice. (Voy. Art. — Voy. Cotgrave, Dict.) Bue vault piper. Dater en trahisoR, u«ster, mentir, afTermer sans flance, Forcer, tromper, artiper poison I Œu>. d'Aï. Cluitier, |i, lU. ArtlHor, subst. masc. Celui qui fait profession d'un art, qui travaille d'un arl. En latin Artifex. « La Glisc del bienaurous Lauroel lo martre, des • Lombards fust arse, laquelle li Hom Deu covoi- ■ tant restoreir, plusors Artefiors et pluisors minis- - Irans ouvriers i ajostat. » (S' Grég. Dialog. fr. mss. liv. Hl, chap. xxxvn. — Voy. Artificieres.) ArtIoe(Il, subst. fém. Montagne, colline nouvel- lement cultivée. On lit artigé pour artige, dans la Somme rurale de Bouleiller ; ce qui aura fait croire à Barbasan t]\i'artigé éloit le participe d'un verbe francois artiger, de inéme signification que le latin artigare. C'est visiblement une méprise occasion- née par l'accent, qui lui aura fait méconnoitre dans artigé le substantif artige, le même qu'artigie, comme ou lit dans la Note marginale de l'Editeur, qui ne l'auroit pas expliqué par artifice, s'il eût su que dans la basse latinité artigia ou artiga signi- fioit montagne, colline nouvellement cultivée. ■ Novalles sont les places et les lieux qui ancieii- - nement n'ont esté par coustume labourez ne « cultivez, paniuoy semenceou usufruiclpeutvenir < dont dismc peut eslre payée ne deue, si comme < des anciens bois et places, en bois où il vient < bois et croist, sans ce qu'ils ayent esté à ce pour- < plaiule ; en arllgé, ou si comme en terre et place • qui onques n'auroit esté labourée, et on le met- ■ Iroit de nouvel à ahan et ù semence. > (Douteil- 1er, Som. rur. liv. II, lit. x, p. 7i9. — Voy. Du Cange, Gloss. lat. au mot Artiga. — D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Cange, aux mots Artigia, Artiga et Artigare.] a de lieu : L'Artige (Haute-Vie n latin .ii-tlgia. D'outre part, Ariegiœ (690) a AR ABIAKTB Bniiu&. DvuivuiQf) t^^iiini. rar. u*. m* h** », i iRTiaiE. Id. ibid. Note marginale de l'Editeur. Artillece, mb«t. fém. Art, Science. Scienoe acquise par art. (Voy. Art.) Seltnic sa KentlUece, Qu'il ait vigor et arlilltee De vivre au siècle hODestoment. F*bl. us. du R. n* mt, M. Ut, R- col. *. Artiller, verbe. Munir d'artillerie. Equiper. Parer avec art. Opérer avec artifice. (Voy. Art et Abtiiibuï.) Dans le premier sens, artiller une ville, un châ- teRu, c'étoit les munir d'artillerie, de machines que l'art avoit inventées, pour les mettre en état de défense. (Voy. Artillerie } • La ville est bien artillée • et bien garnie de vivres. • (Le Jouvence!, «s. p. 162.) • Elle estoit murée, fossoyée, tourée, et ■ artillée mieux qu'aucune autre ville. > (Jaligny, Hist. de Charles Vlll.p. 38.) • Lavilleet lechasteau ■ estoient merveilleusement bien artille%. » (Mém. de Hob. de la Harck, ks. p. 426.) Près de la Marche, sor la mer, Avait Tet un diaatel fermer, Qui moult estoil bien batilliez, Oa disoit d'un Homme d'armes, équipé de ceque l'Art mettoit en usage pour l'attaque et la défense, qu'il éloitar/tite'{l), ■ Fut conc!ud....degaingner le • pas, et y faire une très forte bastille, et y ■ laisser ung bon nombre de genz bien artillez. • (Le Jouvencel, «s. p. 5H.) •■ Le Roy... trouva.... les • cens d'armes qui estoient malades , k pié et ■ désarmez....' Si les habilla, remonta, arma, et ■ artilla le Roy au mieulx qu'il peut le faire. > (Al. Chantier, Hisl. de Charles VI et Charles VIT, page 112.) Si les monta et artilia Le teu Roy, selon son désir; Et grandement les rabilla. Vi()l. ds Chirlei VII, pirt. I, p. ISS. Plus anciennement, on avoit dit d'une femme qui s'éqnipoit de ce que l'art metloit en usage pour sa;parure, qni se pareil avec art, qu'elle s'artilloit. Les Dames es cambres a'ai'tillent, De si loing comme venir voient Le Cbevauer qu'il conniasoient. Rom. iSnc, US.du R. !■• «HT. fol. MS. R- ni. 1. Entin artiller, dans le sens d'opérer avec artifice, signifloit l'abus de l'art, de la culture et de l'exer- cice des talens de l'esprit. Mult e'eetudia d'arlilhier Por ((u'en le teist eseilhier. Lm IV FUIm Ja Rai.llS. d> TuiB, M. 19, B* col. t . Artillerie, siibst. fém. Anciennes machines de »- AB guerre ; anciennes armes oEfensiTes et dëfeaslres ; armes de trait. Convoi d'ancienne artillerie. En nommant Artillerie les anciennes machines de guerre, les anciennes armes offensives et déAn- sives, spécialement les armes de trait , on désignoit l'art qui les avoit inventées, comme on désignoît le génie qui avoit présidé à l'invention de ces m£inM armes et machines, en les nommant engins. dO laUn ingenium. On a mille preuves qu'avanl l'usage du canon, les machines propres a l'attaque et défense des villes et châteaux, étoient toutes com- prises sous le nom à'Artillerie. (Voy. Borel, Dict.) Le commandement de cette ancienne artillerie apparlenoit au Grand-maître des Arbalétriers, qoi pouvoit, comme l'observe le P. Daniel, être appelle Maître de V Artillerie dès le temps de ces anciens règnes qui précédèrent l'invention du canon et des autres armes à feu ; puisque dès lors on nommoit Artillerie, toutes les machines de guerre dont on usoit dans les sièges, soit pour la défensive, soit pour l'offensive, et tout ce qui y avoit rapport. (Voy. Mil. Fr. T. 1, p. 195.) Quoique Artillerie paroisse avoir signifié spécia- lement les armes dé trait, il n'en est pas moins vrai qn'au commencement du xiv siècle, artillerie étoit un nom collectif non-seulement d'armes de trait, mais d'autres armes offensives eldcfensivcs, comme lances, targcs, etc. • Recueillirent.... bien la valeur < de deux tonneaux pleins à'artillerie, espéciale- « ment de sayetles qui furent tirées en la Ville. » [Froissart. Vol. Il, p. 248.) > Les Castillans vindrent • sur eux; et commencèrent à lancer et jelter < dardes, et tant que les Castillans eurent employé - toute leur artillerie; et ne savoyenl mais de • quoy lancer ne geller. » [Id. Vol. III, p. 107.) (Voy. la citation suivante, où les larges, les lances font partie de ce qu'on nommoit Artillerie.) On apprend de Guiart, historien romancier, qu'à la suite des Armées marcboil une Artillerie, c'est-à-dire un convoi d'ancienne arlillerie , au moyen duquel ceux qui éloient sans armes pou- voient s'équiper de lances, de larges, d'arbalètes, de dards, etc. ArtillcrU est le cborroi, Qui par Duc, par Conte, ou par Roi, Oa par aucun Seigneur de terre, Est cbargiè de quarriaus en guerre. D'art») estCH, de darda, de lancea, £t de targes d'unes semblances. De tiex bernois là prendre seulent Li deagarni qui prendre en Teulent, G.CMut.HS. M. 341. R-. Cette déltnilion de l'Artillerie ancienne prouve évidemment que l'acception de ce mot s'étendoît à d'autj>es armes offensives et défensives qae \(» armes de trait. L'us:ige de ces armes, spécialement de l'arbalète et autres armes de trait, subsietoit avec celui du canon et autres armes à feu qn'an fcft non moins destructeur y a substituées, lorsque pour distinguer la nouve1ieAr{ti/ert«deraDCie*M, on la nommoit ^r/t^/erie à poudre. ■ Les Gantois.--. (1) An xviii* siècle, les n Il ne diMient pu un vaissemi armé, mais un niaseaa artlili. (H. S.) AR — »7 - AR • yssîreiii 4e leur si^ et vindreot en belle ordon* « nance, moult bien garnis de picques et Sariille' « rie à pauUtre. » (Moustrelet, Vol. III, fol. 42.) Tant que Tusage de Tune n*a pas exclus celui de l'autre. Artillerie signifloit tout instrument de trait, soit de féu ou autre. (Voy. Nicoi, Dict.) Lors de eette exclusion, vers la fui du xvt* siècle, le nom d'Artillerie fut restreint aux instrumens qui pour opérer sont aidez de pouldre faite de charbon de saulx et de soufre allumé par le feu. (Voy. Faucbet, de la Mil. Fr. p. i21.) En termes de Marine^ les canons ou pièces de fonte de gros calibre, étoient YArtilerie cardinale. (Voy. Cotgrave et Nicot, Dict.) C'est par allusion au clou qui, enfoncé dans la lumière d'un canon, en empêche l'usage, qu*on a dit figurément : « Une once de douleur gastera une « mer de plaisir : cela sappelle Vartillerie en- • clouée. » (Sagesse de Charron, p. 605.) VARIANTES : ARTILLERIE. Orlh. subs. - Froissart, VoL II, p. 248. Arteillerie. D. CarpenLier, S. Gl. L de D. C. T. I, coL 317. Artilleux, adj. Qui se conduit avec art, avec artifice. (Voy. Artilleb.) Lorsque l'art dont on usoit dans sa conduite doit nécessaire, artilleux signi* fioit qui se couduit avec art, avec adresse, avec habileté, même avec ruse et finesse. Touz rengiez cèle part alerent ; Mes quant de près les esgarderent. Il connurent qu'o eus avoient Tiex V tanz de genz qu'il n'estoient, Serrez en lieu comme .4r(t7/^w«. G.Guiart,IIS.fol.302,V*. S'est Telamonz, preuz, et ValUanz, Et artilleua, et conbatans. AlhbUS. fol. 109. R* col. 1. Si Ton abusoit de cet art pour tromper et nuire, artilleux signifloit qui se conduit avec art, avec artifice, avec une adresse trompeuse et nuisible. Ha t feme, corne es enginneuse, Et decevans, et Artilleuse. Rom. d'Amadas. US. da R. n* G987, fol. 339, V* col. 2. Feme est si Artilleuse qe ne sai que je die ; Quar feipe par nature est plaine de boisdie. CbasUe-Musart. MS. de S. Gcrm. fol. 405. V* coU 3. . . . C'est bien la manière de félon orgueilleux. Que com plus lo prions, plus se fait Artilleux. Ger. de Roussillon, MS. p. 113. VARIANTES * ARTILLEUX. Ger. de Roussillon, MS. p. 206. Artileus. Modus et Racio, MS. foL 238, R». Artilleus. g. Guiart, MS. fol. 302, V*. Artilleuz. Athis, MS. fol. 109, R° col. i. Artillos. Borel, Dict. Artllller, subst, ma$c. Ouvrier qui travailioit à Taneienne et à la nouvelle Artillerie. Anciennement -et longtemps avant Tinvention du canon et autres armes à feu, on nommoit « Artilleurs ou Artilliers « les faiseurs d'arcs, flesches, arbalestes et autres « instruments de ject, > parce que, dit le Président Faucbet, « il falloit avoir.... deTar^ pour faire et « composer ces ouvrages subtils. > (Voy. Mil. Fr. p. 131.) « Quiconque.... Youldra estre Artilleur.... « en la ville et banlieue de Paris : c*est assavoir, « faiseuir d*aro8, de flèches, d*arbalestes ; etc. » (D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Artillator.) Lorsque les armes à feu furent inventées^ tant qu'elles n'exclurent pas l'usage des armes de trait, on confondit sous la même dénomi- nation les Ouvriers en ancienne et nouvelle Artil- lerie. Les anciens Artilleurs ou Artilliers , les faiseurs d'arbalètes et autres armes de trait, firent aussi tous artifices de feu. (Voy. Nicot, Dict.) « Le « Maistre Artiller qui est celuy qui se mesle de « faire des arbalestes, des traits et des flèches,.... « se mesloit aussi de faire des fusées. » (Brantôme, Cap. Fr. T. IV, p. 42. — Voy. Artillerie.) GesArtU- tiers ou Artilleurs, comme faiseurs de* fusées et autres artiflces de feu, étoient probablement alors ce que sont nos Artificiers appartenant au Corps de l'Artillerie. On particularise, aujourd'hui, la signi- fication d'artificier, autant qu'on a généralisé celle d'Artificier es. (Voy. Artificierbs.) 11 paroit que VArtillier ou l'Artilleur, que Monet définit Intendant d'Artillerie, étoit une espèce d'of- ficier tel que « l'Artilleur de la bastide S* Anthoine « en 1415, ou l'Artilleur du château du Louvre en « 1364. » Le Roi, par ses Lettres du 26 Avril de la même année, institua « Jehan de Lyons, Artilleur « du Chastel du Louvre. » (Voy. D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Cange, au mot Artilliator, col.. 317.) On sait qu'un Artilleur n'est plus aujour- d'hui qu'un homme servant dans l'Artillerie, à l'Ar- tillerie. (Voy. Dict. de l'Acad. Fr.) VARIANTES : ARTILLIER. Fanchet, de la MUice Fr. p. 121. Artiller. Brantôme, Cap. Fr. T. IV, p. 42. Artilleur. Etat des Offic. des Ducs de Bourgogne, p. 65. Artimage, subst. Art magique. (Voy. Artimaire.) Le grand art, l'art d'opérer des choses qui parois- sent surnaturelles. Tous les Ydles que Sarrasins Fisent, Mabon, ne Apollin,.... Destruit Karles fors une ymage Ki fu faite par ar limage. Pb. liouckes, MS. p. 160. VARIANTES .* ARTIMAGE. R. d'Amadas, MS. du R. n» 0987, fol. 319. Arcimage (corr. ArUmage.) Siège de Troye, MS. du R. no 6987, fol. 96, R» col. 3. Artimaire, sii^s^ Art magique. (Voy. Artimage.) Le grand Art, en latin Afs inajor, le même qu'i4rW- mage, Art magique. U ot devant le sale un pin Dont les brances furent d'or fin, Tresjetées par Artimaire, Par Ingremance et par Gramaire. Siège de Troye. IIS. Ju R. n* 6M7, fol. 81. R* col. i. ... Si sait meint beau geu de table. Et d*entregiet et d*Artumaire, Bien sai un enchantement faire. Fabl. MS. du S' Germ. fol. 70. R* col. 3. VARIANTES : ARTIMAIRE. Fabl. MS. de S> Germain, fol. 64, col. i. Aatmairk. Siège de Troye, MS. du R. nfi 6967, foL 116. Artumairb. Fabl. MS. de S^ Germ. fol. 70, R« col. 3. Arttque, Adj. Articulaire. Il semble évideni qn'artétique , artique et même arreticle^ sont des altérations ii arthritique^ en grec iqe^juwti^. Ea AR -a terine& de Médecine, arthritique, de même signifi- cation qu'articulaire, en latin articuiaris, désigne une douleur sensible aux articles des pieds, des mains et autres articulations du corps. (Toy. Article.) Ainsi, l'on aura dit goutte arli^Uf, goutte arreticle, parce que la goutte est une fluxion d'tiu- Dieur acre sur les articles, et qu'elle les rend très- douloureux. • Se l'en est accoustumés de maladie • qui vient soudainement, comme de goûte arreti- • cie, ou de avertin, etc. ■ [Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, ctiap. lu, p. 308.) • Les mains avoit • noeuses et reirailes de goûte arlique. • (Uist. de Charlemagne, hs. de la Clayette, p. 91.) • Le Comte € Guillaume de Haynaul.... gisoit malade de goûte » aTletique et de gravelle. ■ ^Froissart,Vol. I, p. 36.) VARIANTES : ARTIQUE. Hist. de Charlemegne, HS. de la Abreticlb. Beaum. Coût, de Besuv. chap, ArtéTiqub. ïYoiBsart, Vol. 1, p. 36. AnTHÈTiQUE, Cotgrave et Oudin, Dict. .91. Artisan, subst, viasc. Artiste. Anciennement, jirtisansignirioit non-seulement • Ouvrier dans un ■ Art où la main seule opère, mais quelquefois • aussi Ouvrier dans un Art où le génie dirige ■ l'opération de la main. • (NuitsdeStraparole,T. I, p. 418. — Voy. Abt et Artiste.) C'est dans un sens relatif à l'aoccption inusitée de ce mol qu'on a dit figurément : « Le Sage est un • sufflsan artisan gui faict son proflct de tout. De ■ toute matière il forme la vertu, comme t'excel- ■ lent peintre Phidias,toutsimulachre.>(Sagessede Charron, p. 3:21.) Artiste, subst. et adj. Artisan. Adroit en la pra- tique d'un Art. En définissant Artisan ou Artiste, par le latin Artifex, Opifex, Nicot paroil attester que l'Artiste étoit quelquefois un Artisan, comme l'Artisan éloit un Artiste. [Nicot, Dict. — Voy. Ahtisan.) Une autre preuve qu'on ne connoissoit pas alors notre distinction de VArtisteel de l'Artisan, c'est Îu'Artiste, comme adjectif, signifioit l'adresse d'un luvrier quelconque en la pratique de son Art, lors- qu'on disoit Artiste ouvrier. Artiste main d^ouvrier. De là, l'adverbe artislemenl qui a désigné et désigne encore l'art, l'adresse, l'industrie avec laquelle un ouvrage est fait et travaillé. (Voy. Monet, Dict.) Artttien, subst. masc. Savant dans les Arts de l'Ecole. Espèce de diminutif que Rabelais semble û'avoir imaginé que pour ridiculiser les Artiens. « De beau plein jour, et ce èsescholesde Feurre, • en face de touts les Artitiens sophistes, etc. • (Rabelais, liv. 11, p. i73. — Voy. Artien.) Artre, subst. masc. et fém. Insecte d'espèces différentes. Espèce d'Alcyon. On lit dans Laurière, (tiloss. du Dr. h'r.) au mol Artisonnê, qu'un Artre étoitun Artisor,, un insecte ou petit ver qui s'engendre dans le bois et le perce avec son bec, comme avec un foret. (Voy. AiiTuison.) C'étoit aussi un insecte de l'espèce de la Teigne ou de la Gerce qui ronge les étoffes, les papiers, etc. «- AR • Ce m'eusl... esté chose très agréable de délivrer ■ de l'outrage des rats, souris et artret, les ■ noms de leurs ancestres. • (S' Julien, Mesl. Hist. p. 328.— Voy. Cotgrave, Dict.) On nommoit Artre de Bouletiffier, une espèce de Sapillon ou d'insecte blancqui vit dans les moulins blé cl dans tes maisons des Boulangers. (k>lgrave, 3ui définit ainsi Vartre de Boulengier, faisoit artre u genre féminin, en disant que ïartre grise des bois éloit la cloporte, le porcelet de S'-Antoine, en anglois Wood lowse. (Voy. Cotgrave Dict.) Selon le même Cotgrave, l'Artre est une espèce d'Alcyon nommé communément Hartinet-pécheur, par allusion, disent les Etymologisles , à ce que cet oiseau prend des poissons, et qu'à la S'-Marlin il abandonne les bords où il est arrivé au mois de Mars. (Cotgrave, Dict. — Dict. des Arts. — Dict. de Trévoux. — Ménag. Dict. Etym.) On prétend que cet oiseau desséché, étant suspendu dans un maga- sin d'étoffes, de draps, en éloigne les Artres, les Teignes. Peut-être que d'après cette idée on l'aura nommé Drapier, et Artre par anti-phrase. Artuell, subst. masc. Article, articulation. Arti- cle de doigt du pied et de la main , doigt du pied et de la main, doigt du pied. Gros et petit doigt du pied, gros doigt du pied. Articulation ; doigt, ongle de patte de loup, de chien, etc. Il est possible que du latin articulas, en francois article, on ait formé artueil, ortueil, au pluriel ortaus, artaulx, ou artoz qu'on soupçonne d'être altéré dans argoz, arliculalions qu'en parlant d'un cheval on nomme boulet. (Voy. Argot.) L'opinion des Etymologistes sur l'origine i'ar- tueil, ortueit, est d'autant plus probable, que la signification de ce mot étoit la même que celle d'article pris dans le sens propre et général d'arti- culation, jointure des os, (Voy. Article.) ■ La pierre • le vint frapper au travers des reins, et lui rompit ■ tout le gros orteil de l'eschine. ■ [Hist. du Ch" Bayard, p. 398,) C'est par décence qu on supprime quelques autres preuves decette signification géné- rale, en renvoyant aux Ane. Poët. fr. hss. avant 1300, T- VI, p. lail; au Moyen de Parvenir, p. 249. etc. (Voy. Abgoter.) Il est néanmoins vrai de dire qu'ortueit ou- artueil, signilioit spécialement article du doigt du pied et de la main, doigt du pied et de la main, comme dans les Poésies mss. d'Eust, Deschamps, §. 8r>, col. 3; et plus spécialement encore, articlede oigt du pied, doigt du pied. « Ne me demeure • orteil en pied, ne doigt en main dont le sang ne . saille. • (Percef. Vol. IV, fol. iO?.) . Tous les • orteiz des piedz lui chéoient, fors les poulces. • (Lanc. du Lac, T. 1, fol. 51.) On distinguoit le pre- mier et dernier doigt du pied, en nommant l'un petit artueil, et l'autre grand artueil. < Luy descou- « vrit les piedï et le tira par le grand artueil; de • quoy la créature se troubla. • {Percef, Vol. IV, fol. 26.) ' Lecoup...,cheut en bus sur le petitartueil « du pied senestre. » (Ibid. fol. 37.) Il semble que le petit artueil et le frand arttuil. AR - a Vidée de celle altération semble assez natarella, pour faire soupçonner que D. Carpeutler s'e«t mépris eo cliercbaal dans le ffrec â^iœ, Vori^oe iCartuit, et en supposant à ce mot une siguiflcaUoa analogue à celle a'artis dans le Celttiell. de h. Trip- pauU, ou ù'arton dans le Dict. hs de Sarbasan. Ces mots formés, dit-on, du grec s^toç, sîgifient paiD,ea langage Argotique. Il n'est peut-être aucun Diction- naire qui ail été si souvent imprimé que le Dic^ tiohnaire de l'Argot. On Irouveroit néanmoins dans cinq ou six ballades de Villon, de quoi en faire une aouvelle édition plus complète que les anciennes. Après en avoir averti les Maîtres en Argot, qu'on nous dispense d'allier à l'ancienne Langue iran- çoise • un jargon que Harot a laissé à corriger et ■ exposer aux successeurs de Villon en l'art de la ■ pinse et du croq. » (Voy. Œuv. de Villon, préf. de Marot, p. 5.) Artus, subst. masc. Nom propre. On lit dans le roman de Lancelot du Lac, qu'Artus, roi de la Grande-Bretagne, après la perte d'une bataille ofi tous ses Chevaliers de la Table-ronde, & la réserve de Lucans et de Girflet, étoient morts en combattant avec lui contre Mordrec son mortel ennemi, se retira seul vers une rivière, des bords de laquelle il disparut, enlevé sur une nef par sa sœur la fée Horgain (1). Cette fable, adoptée par les Bretons sur la foi de leurs anciens Romanciers, fut sans doute le {irincipe d'une croyance vulgaire attestée par Guil- aume de Halmesbury, qui dit en parlant â'Artus : « Arturis sepulchrum nusquam visitur; unde • antiquilas nœniarum adhuc eum venturum fabu- « latur. ■ Le témoignage de cet Historien prouve évidemment qu'au temps où il écrivoit, les Bretons tfopiniàtroient encore a espérer de revoir leur bon roi Ar/HS, et à l'attendre. Il suffit que le merveilleux d'une fable paroisse flatter l'amour propre d'une Nation, pour qu'une Nation rivale en plaisante. Aussi voit-on qu'ancien- nement une espérance incertaine, une vaine attente, rftoient pour un François l'attente du roi Artus, l'espérance de le revoir. Petit iroie prisant Mon tormeiit, S-Artu rereoie. Clmi. Fr. US. d> B«iia. n- 389, pvt, U1. toi. 10, V. De Toi avoir a grant talent Cit qai s'afols S escient, Et qui son preu oe veult entendre. Avec les Bretons peut atendre Arlu qui jamés ne vendra. Vis d« Pini. HS. lia li CUjalK, p. ISS, toi. 1. On comparoit à l'attente des Bretons, celle des babitans de Valenciennes , qui ne vouloient pas croire, en 1225, à la mort de Baudouin, comte de Flandre. »-^ AR A Valeociennes ralant-oo, Aussi comme tant li Breton Arlu qui j& ne nneon. : Traetout enai leor «renTa, Pb Moukw, MS. p. «M. Probablement, c'est par allusion à l'attente d* Îuelque merveille vainement espérée par le boa t<à rtus lui-même, qu'un amant incertain du succès de son amour, disoit : Maix trop redous ke n'aie emprie Ceu k'en BrelaiKne Artut rotent. CkvL ». KS. de Btm, nr W, fBt. I , U. U, R-. Enfin, il est possible que par continualion de ces anciennes plaisanteries, si naturelles k la rivalité, on ait désigné les Acteurs qui dans certaines fêtes bouffonnes établies en plusieurs Villes du royaume, jouoient tes rôles de Princes et de Rois, par < le • nom de royAr(«s, et leur Compagnie par celuy Je ■ Chevaliers âe la Table-ronde. Il y a encore, dit le « P. Méneslrier, des jeux et des plaisanteries que ■ l'on nomme du Roy Arttti. « (Voy. Ménestrier, de la Chevalerie, p. 255.) Arvau, subst. mmc. Arcade, voûte. D. Carpen- tier avertit qu'au lieu de aman, il faut lire arvau dans un titre de 1451(2), qu'il cite. [Suppl.Gloss. lat. de Du Cange, au mot Arvoutvs. (Voy. Ahtoulo.) Arve, subst. fém. Champ. En latin du moyen âge, arva. « La ruisselëe qui est entre nos vignes . de Rouséea et l'arve (3) Thoraassin Geelin. » [D. Cai*- pentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Cange, T. I, col. 318; lit. de 1326. — Du Cange, Gloss. lai. au mol Arva.) Arvouln, subst. masc. Arcade, voûte, cinti'e. Uu latin arcus volutus, en françois arc voulté, arc voultis, arc valu, on a formé par contraction les mots composés arvoulu, arvolis, arvoU, arvol, arvout, arvou et arvau, qui tous signifioient arcade, voûte, galerie, ou autre partie de bâtiment faite en arcade, en voûte, en cinlre. (Voy. Abvau) Devant la Tor fête à ciment. En un arvolt qui moult ert gent, (1) Arthur, nenterm ou chef des Bretons insulaires, ae défendit avec un battirent et le'uèrent en 543, sans qu'on ait pu retrouver son corps. La Légendi poëmes anglais qni le célébraient passèrent avec ses sujets émigrés dans la ] poëmes anglais cmi le célébraient passèrent avec ses sujets ëmlgréi mêlèrent les traditions orientales importées par les croisades, '* " GhfiTaliera delà Table-Ronde, (n.e.) — (3) Au registre JJ. 1S5, liai Diex, ge voi noslre maison. Les fenestres et les arvoui. Dont ge me parti comme lolx. CortDit d'ArlDli, HS. il* S' Germ. t«l. Sï. R- col. 1 eli. On retient la poussée d'une voûte par des arcs boutans, par des ;)iliers qui finissent en demi arc, et qu'en Limousin on nomme arvouts arbouts. (Voy. Du Cange, Gloss. lat. au mot Arvoutus.) En supposant (luarbout ne diffère â'arvout que par le changement d'une lettre de même organe, on pour- roit en conclure qu'an;ouf, prononcé par les Limou- sins arbout, est le principe de la formation de notre grand courage contre )ee Sax .astre, au moment de sa aaissance. On sait arec qaelle folie on a cru aux. Astroloçies qui disent qu'en ce moment l'astre aaeembuU influe puissam- ment sur la destinée heureuse ou malïieurause des hommes. C'est par allusion à cette vaine croyance, qu'un Poëte du m* siècle, espérant tout de la libé- ralité du Roi Henry II), disuit : Je n'ay Boucy soub quel astre ateendanl J'aye iiib quelque heureuse influaDU } En supprimant le nom de la planète, du signe, ou de l'astre auquel on attribuoit tant d'influence sur notre destinée, le participe ascendant aura signifié, comme substantif, l'état et la disposition du Ciel et des astres au moment de la naissance de quelqu'un, sa naUvité, son horoscope, sa destinée dépendante de l'astre, de la planète , ou du signe qu en ce moment il avoit à roicendant. Si par quelque raiton Votre lucendant k l'hymen voua expose, N'épouseï point d'Honneata, s'il m peut : N'a pas pourtant une Honneeta qui veut. Li FoBtiIiia, coula île B«l|Mfor. Peut-être trouveroit-on dans l'amour-propre, forcé d'avouer la supériorité de certains hommes sur l'esprit, sur la volonté, sur la fortune même de ceux qui semblent faits pour être leurs égaux, la raison pour laquelle on a nommé tucendant cette supériorité. C'est une espèce de consolation de n'y voir qu'un effet de l'influence d'un astre plus heu- reuxque celui qu'au moment de sa naissanceon a eu à ratcendant ; influencequel'on a crue irrésistible. TARIAHTES : ASCENDANT. Orth. snba. - Poës. d'Amadis Jamyn, toi. 9. AaçAHDANT. Honet, Dict. Ascendre, verbe. Monter, s'élever. (Voy. Ascev DAMT.) Dans le sens propre, monter, gravir au haut d'une montagne élevée: • Cil levaunt par nuit, ■ ascendi el mount Sinai, com nostre Seignor ont > comandé. • (Trad. de la Bible, Ëxod. chapitre xxnv, y. 4.) Par extension de cette acception particulière, monter, se mouvoir de bas en haut, se transporter par ce mouvement en un lieu plus haut, plus élevé que celui d'où l'on pan. • Jeo fériroi totes tes con- ■ trées des raines, lesqueux ascenderont et entre- ■ ront ta maisoun et la couche de ton lit. ■ (Ibid. chap. vm, f. 2.) Dans le sens flguré, monter, s'élever aux hon- neurs, à la fortune : Petit boiQ n'aiei en despit - Car celi k'ore est vil et petit, Si com «venu est sourent, k ricbMces et honors tuceni. Fiml|ii«in«i il'AiWaU, NS. Ascension, $ubtt. fém. Fête de l'Ascension. Vite de l'Assomption. L'usage du substantif a$cênsion, en termes de Phyùque et d'Astronomie, parolt nouveau dans notre Langue, relativement à celui d'après lequel il a sigttiflé et signifie encore l'élévation miraco- l— AS lense de Notre Seigneur, lorsqu'il monta an lorsqu'il > ttscendit à la clarté gloriflée, ■ com dit J. de Heung. (Testam. vers 754 et 755. — AscraDHi.) 11 est probable qu'anciennement on faisoit procession publique et solennelle le jour de cetuian, puisqu'on a désigné une multitude ït pie que la curiosité attiroit sur le passage Chevalier, en disant : Et qoant ore de la Ville isBi, Si ot autel procession, Com s'il lUst ion A'Acentioti. Hoa. d* Pemnl, MS. ia D«rM, o- 3U, CUL M, R* m4 Le terme auquel l'Eglise a lixé cette fête, éb même tous les ans, c'est-à-dire de quarante après Pâques, on a imaginé, dès le xit* sièclt comparer à l'/lsceruion, les choses et mém Sersonnes qui sont toujoursdans les mêmes tei ans le même état. (Voy. Oudin, Dict. — Die Trévoux.} A moy payer est tout le monde lent ; L'en ne me sert que de locution, L'en paye ailleurs : je suis VAscentiou Qui en un point m'a fait son prisonnier. Eoit, D(kIi. Fd». IISS. p. SST, col. 3. On aasimiloit à l'élévation miraculeuse de Seigneur l'enlèvement de sa Hère au Ciel, en i Ascension poiir Assomption. • Qu'ils reçoive « précieux corps de Nostre Seigneur aux bc • restes annuelles el à l'vtsfËmton Nostre-Dao (Hist. de Paris, pr. T. III, p. 748 ; tit. de ISIi Voy. AssimPTiON.) VARIANTES : ASCENSION. Orth. subsist. - Chron. S' Denjs, Rsi Hist. da Ft. t. X, p. 311 ; Var. msrgin. ACBNSION. R. de Percevoi, MS. de Berne, n' 351, fol Assertion. Vie de ThéopMIe, HS. du R. n'&Ki}, fol Asctent, subst. maac. Avis, sens, conaoiss raison, volonté. On obser\'era que dans le xv ivi' siècle, on a dit scient, avec la signiflcatio participe latin gcwrw.(Voy.SaENT.)C'estdecei participe latin que plus anciennement s'étoit f ascienl, moins commun dans notre Langue c cient. On prononcoit et l'on écrivoit ensient modiflant par le nez le son de la voyelle ini comme dans ensienteus ; variation d'orthogi de l'adjectif escienfeuj, le même que scientey scientieux, formé du substantif science, esd en latin scientia. (Voy. Science et Scientieux.) Il est évident que c est par ellipse d'un nom pre à désigner la faculté ae voir, de sentir, de noilre, de raisonner, de vouloir, qa'ascien escient, le même que scient en françois, en seiens, a signiflé avis, sens, connoissance , ra volonté. • Pour emender à ior pooir et àlorw * les assises et les usages doudit Royaume , f (Assises de Jérusalem, ch^. m, p. 15.J • S'i < hors à'escient, come s'il estoit yvre, loul, o > cenné, il doit avoir administrateur. > (Ane. de Bretagne, fol. 123, Vv) Pécher vilainement Huet de foible eicient. IbroaltlSiloaMa. MS. ii« S-te^i. M.II7, R'col.l AS Q^ noolt voit et n'aprant, W» pu gnOLÉtei^nL n. fcl. 1». T- «1. 1- itttDO, T. m, p.)tll. Enfin, a^^roQ parler ■ en y mettant escient, & •■ boa etdent, à son escient, > en latin barbare vuo .seimM, c'étoit agir ou parler avec connoissance ije casse, d'après son sentiment et son avis, comme l'on voyoit et sentûit. (Voy. Beaumanoir, Coût, de BeauToisis, p. 9, etc. — Ménaee, Dict. Etym.); • Si • je pensois que parlassiez à bon escient , je m'en ■ tieodrois toute glorieuse. > (Nuits de Straparole, T. n, p. 380.) « Avant ce que à chief venist de son • emprinse, à mon escient, plustost auroit conquis • toutes les Allemai^nes. • (Ger. de Nevers, part, i, page 9.) Et satu meire nul eaciant, Ont lui eslit par jugEmeat. Pvtoa. da^loli, ItS. ite S. Gcnn.tol. 18), R- al. 3. En supprimant la préposition dans l'expression imon escient, on disoil mon escient t pour à ma connoissance, à mon sentimeni, à mon avis. (Voy. ASCIBNTBE.) « j'euBse Caui talent Et je s'euasa trecier ; Mieux m'en fuat, mon ei Ane. Poil. b. h M 1300, T. U, p. Ml. On a VU que « parler à bon escient, » c'étoit par- ler comme Von sentoit réellement. 11 semble qu'on ait généralisé cette idée de réalité, lorsqu'en oppo- sant aux combats à la barrière les combats réels, on a dit : ■ U y faut venir à bon escient. » (Bran- tôme, Cap. Estr. T. I, p. 304.) Si l'on agissoit avec la volonté de nuire ou de tromper, si l'on voyoit et sentoit, si l'on connoissoit et raisonnoit la possibilité de réaliser cette volonté, on agissoit d escient. ■ I^e Cbevalier faignant à > essient de dormir, etc. • (Percef. Vol. V, fol. 51 .) • Gauvain fut bien honteux du coup qu'il avoit fait, - et dit à Lancelot : baa! Sire, panlonnez-raoi , et ■ acachez que je ne le feiz point à mon escient. ■ (Lanc. du Lac, T. III, fol. 30, V col. i.) PcMT ceu ne ma puis de celi partir Ke à oMiant me fait mal senttr. Mail se d'un baissier me voloit merir, Tout li perdom'oie. Chut. fr. US. da Bvnt.r 380, pot. i, fol. T3, Rv Dans un sens plus général, l'expression à escient signifioil volontairement, avec une volonté que détermine la façon de sentir les choses et de les raisonner. « Y a eu non seulement plusieurs aveu- ■ gles, grands et scavans; mais d'autres encores ■ qui se sont privés de veue à escietit, pour mieux • philosopher. >> (Sagesse de Charron, p. 81.) VARIANTES : ASCIENT. Athia, HS. CoL 96, R* col. 3. AflSiANT. Ch. Fr. HS. de Berne, n* 389, part, i, fol. 73. - Ehsient. AtbiB, MS. fol. U, V° coL t. EsciANT. Ane. Poët, Fr. HSS. avant 1300, T. 1, p. SI. EsciBNT. Ortta. Bufas. Bom. de Rou, HS. p. 03. 1- AS EseiANT. Qi. Fr. MB. de Berna, n* 380, part, n, fo). 77, T*. VmBwn. Ane Poët. Fr. HSS. avant i9n, T. U, p. BOt. A&dentre, subit, et adv. En avisant, avec coo- DoiBsance, volontairement. Avis, coanoissaEice, volonté. (Voy. Asciest.) De l'adverbe latin scienter, s'eatfbrmélefrançois ascientre, qui, dans un sens analogue à celui du participe ascient, eu latin sciens , signirioit volon- tairement, avec connoissance, en avisant, • Si vos ■ wardeiz désormais k'aucuns de vos ne tignettit • petit, cura petit k'il assiantre forfaicet. • (S' Ber- nard, Serm. Fr. mss. p. 251.) C'est sans doute par ignorance ou par oubli|de l'ori^ne de l'adverbe ascientre, qu'on s'en est servi comme d'un substantif, et qu'onaditàmonoACien- tre, ou mon ascientre en supprimant la préposition, pour à mon avis, à ma connoissance, à ma volonté. (Voy. Rec. de Perard, p. 515 ; tit. de 1266.) Mais L Rois ot metlar conrort ; Car d'Englois ot plus de lx. Et lendemain, mon enaiantre, Ot-il Saintes à son voloir. Pfa. Houdut, HS. p. BU. VARIANTES : ASCIENTRE. Rec. de Pérard, p. 515 ; tit. de 1366. Assiantre. S> Bernard, Senn. Fr. USS. p. 361. Eksiantre. Ph. Houakes, HS. p. 846. Asclasser (s'), verbe. Tomber de lassitude. II est possible qu'en aspirant gutturalement le verbe alasser, on l'ait prononcé et écrit adosser, aselaS' ser, etc. " Cesaanes sunt voz : sis ai menez pur • co que vos enfanz les munlent; e cest vin, ■ que ces en Iwivent ki se otosseranf. par aventure, • al désert. • (Liv. des Rois, hs. desGordel. fol. 60.) A ice mot un pou B'aaelaaae; Car de travail est endormie. AUd), HS. fol. lie. V- col. ï. Cette analogie de signification semble justifier notre idée sur asclasser, le même qa'aclasser dont on a cru voir l'origine dans le verbe latin cadere, s'il o'étoit une altération du françois accoiser. (Voy. ACLASSER et ACASEXEDT.) ESCLASSER (e^. Atbia, MS. (ol. 119, V> col. 3. Alasseh (s'). LtTrea des Rois, HS. des Cordel. pat*im. Ascon, stibt. masc. Nacelle (1). Selon Eccard, nacelle de cuir, en latin ascta, ose en Anglo-saxon. S'il est vrai que ces noms soient form^ du grec dçxiç^ en françois outre, acon est une altération i'ascon, qu'en certaines provinces les pêcheurs de marais et d'étangs prononcent nascon. (Du Cange, Gloss. lat. T. I, col. 757. — Ménage. Dict. Etym. - Voy. Acoti,} Ascouter, verbe. Ecouter. Prêter l'oreille, en latin auscultare, d'où le francois ascouter, ascuter. aseolter, etc. < Les cuers des ascutans encitat al < amor del céleste paTs. > (Dial. de S' Grégoire, us. • liv. 1, chap. IV.) On auroit réuni escoufer sous ascouter, comme AS -» aHératioa d'orthographe, s'il eût été possible d'en rapppodier tous les noisB dérivés, tels qvfeteout vus lequel on trouvera ascoutt eicoute ; esccute- ment sous lequel on trouvera accoustement et accoutement ; escoutère ou etamteur sous lequel ou trouvera accowteur et accouteur ; etcouterie, $KOUtet, etc. (yoj. Escout et EsconreR.) TABUHTSS : ASGOUTER. Nieot, Dict. an mot AcoMter. ABSC01S.TES. D. Caip. S. G. 1. de Dk C. au mot AbtetMare. AcconsTBH. Colerave, Dict. AccouTKR. NicM et Honet, Dict. i.COUTER. Nicot, Dict. au mot Aeeouier. &SCOLTER. DiaL de S' Gtég. HS. liv. Ul, obap. xzzrn. AscUTBH. Ibid. Uv. I, chap. ir. Ascrlptices, $ub$t. masc. plur. Espbce de Serfs, En latin Mcriptitii ; dénomination qni semble rela- tive à l'usage d'inscrire m album Mcribere, les Colons ou Vilains qui, passant d'un village dans un autre , oblenoient du Seigneor , à charge de services, la permission de s'y fixer comme servi glebœ, comme attachés à la glèbe. Dans les Statuts iiss. de Charles I" roi de Sicile, chap. cxlix, on lit : ■ Les Âscriptices, c'est assavoir ceux qui sont tenus • de labourer les terres de lours Signors, et ne se • peuvent partir de céans, sans lor commande- . ment. . (Voy. DuCange, GIoss. lat. T.I, col. 756.) As^TiGKs. là. ibid. Asiniqnement, adv. A la façon d'uo âne. Dans le sens figure, juger asiniqmmetU, c'étoit juger bêtement comme feroit un Ane. ■ Il avoit esté < (MtntçFfemffntjugé parle Juge, à quo bien appelle < par l'Appellant. • (Bigarrures du S' des Accords, fol. 57. — Voy. AsHBSQUB.) Asma. subt. masc. Asthme. En grec s«9/ia, d'où atma, le même que asme, > Quand vous tirez un • oiseau de la mue. ne le portez pas par temps ■ chaut car par chaleur lui vient Vasma. ■ (Arteloque, Fauconnerie, fol. 91.) < Les signes que . l'oiseau a Vasme, autrement pantais, sont quand ■ il ne peut avoir l'haleine, etc. ■ (Fouilloux, Fau- connerie, fol. 80.) TABUnTES : I- AS • qui entendent miens que Vaine. » (Voy. Bouchet, II' serée.) Cette finesse d'ouïe parott être l'origine de ta fable du roi Midas, ft qui les Poètes donnoient des oreilles d'âne , pour signifier qu'il avoit la sage ouriosité de tout entendre et tout savoir dans son royaume. Elle est, dit-on, l'effet naturel de cetts longueur d'oreilles, désignée, comme le croit Court de GébeUn, par le nom à'asne. (Voy. Dict. Etym. de la Lang. lat, au mot Aus, en françois OTeitle.) On sait gue si les oreilles d'âne éloi^it pour quelques Poêles le signe d'une curiosité sage, pour d'autres elles étoienl celui d'une stupide igno- rance. Quelque général qu'ait été et quesoit encore notre mépris pour rasxe (f), cet animal si laborieux, si Eatient, si frugal, par conséquent si utile comme été de somme et comme monture, les Cabalistes l'ont proposé ■ pour marque et enseigne de sagesse • et sapience : à laquelle quiconque aspire, doit > endurer patiemment la peine, estre humble et ■ sans malice comme l'asne. ■ On lit que fidèle i l'allégorie cabalistique, ■ Ammonius Alexandrinus > bailla it Origène et à Porphyre ses disciples, un ■ asne pour compagnon d'escole. » [Voy. Bouchet, XI* serée.) Dans un sens relaUf à l'osn^, béte de somme et monture, on a dit proverbialement : 1' • La seur- ■ somme abat l'asne, ■ pour signifier le danger d'une imposition excessive sur le Peuple, en général le danger des excès. (Prov. mr. et vulg. ms. de H. D. n' 2, fol. 12.} â* • ik dui orgueilleus ne chevaucheront bien un • asne, * pour signifier que l'union est impossible entre deux hommes orgueilleusement rivaux l'un de l'autre dans la possession ou dans la poursuite d'un bien qu'ils souffriroient impatiemment de par- tager. (ProT. du Vilain, us. de S'-Germ. fol. 377.) Trop aeroit fort, à verte dire, Deux orgillBx un tune ealire SefBwBt par lor ctaerauchier. S'oCuiestliosnes, s'eltiengneparlacoue, -pour signifier la nécessité de veiller aux affaires qui n'in- téressent que nous-mêmes. (Prov. rur. et vulg. us. deN. D. 0*2, fol. 10.) 4* • Pour un point, perdi Gibbert son asne, ■ pour signifier qu en affaires, comme au jeu, il n'y Asmattque, AdJ. Asthmatique. Du substantif * souvent qu'un point de la perte au gain. (Prov. Ama, asme. (Voy. Arteloque, Fauconnerie, fol. 91.1 '^^: et vulg «s de N. D. n* 2, fol 13.) ' ' Il est probable que si Cardan eût su que long- Asne, subat. masc. Ane, béte de somme, mon- temps avant le xvr siècle, • pour un point, Giberl turc. Ane, animal lascif. Ane, animal stupide. ■ perdit son asne, * il en auroit conclu qu'au nom On a dit ■ que de toutes les bétes il n'y en a point de Gibert on avoit depuis substitué celui de Martin. (1) Elle aérait curieuse, au point de vue de la langue, llùatoire de eu animaux domeatiques que d'abord on évita d'otirir Ink yeux, et qu'aosuite on couvrit d« périphreaea et d'épithètes pour en rendre U tqb auppartabla. Homàre oomparsit •NU htaa Aiax à un âne; Lamotte traduisit l'animal utîte qu'outragent no» diiiain$. Itoeset voulut tenter r«rentura, mais' ■eutant dëfvlUr son audace, il se contenta de dire arac bauteur : ■ Que es nom mipriai défiraderait bm vers. ■ II eraignait d'uJleure de faire de la peine an mulat, c dont Torya^l rougirait si Je nommais son père, i Campe&on, plus hardi, demanda Ikpenmsstondele citer dans une énumëration ; t ... Et mSme enfin ai l'itri« osait varaltre. i Delille eut enHn la bravoure de le nommer sans pèripbrase ni précaution oratoire. U aurait su les [élicitationa de Sainte-Palaje et de Mouctiet: oependAnt 1« public s'étonnait, et Josepb Cbénier pouvait écrira : c Un àne soua les yeux de ce rimeur maudit, Ne peat passer tranquille et sans être déeiit. i faisoit allusion k quelque conte ou fabliau postérieur à celui dans lequel Gibert n'étoit pas plus chanceux que Martin. Un pauvre homme, dit Cotgrave, gagea son âne qu'il étoit tout blanc ; mais celui contre lequel il gageoit découvrit un poil noir, et le pauvre homme, sans doute nommé Martin, perdit son gage : de là, le proverbe • pour un poil Martin perdit son asîië, • le même que pour un point, etc. (Voy. Cotgrave, Dict.) L^ Frères de l'ordre de la Tnnilé, institués en 1198, première année du Pontificat d'Innocent in, furent nommés « Frères aux otnes, • parce que leur Règle ne leur permettoit en voyage d'autre monture que Voêne. (Voy. Asnon.j Si les Trinitaires de Fontainebleau, dans un compte de 1330, cité par Du Cange, [Gloss. lat. T. I, col. 761), sont encore nommés ■ les Frères des asnes de Fontainebliaut, c'est que longtemps après qu'il leur fût permis de monter à cheval, on affecta l'usage de cette allusion maligne à l'humilité de leur Règle primitive. Cette permission an'ils obtinrent, en 1267, du pape Clé- ment, a fait dire à un de nos anciens Poêles : Cil de la Trinitâ ont grent fraternité. Bien K lont aquité, d'anti ont fait roncin ; ete. tM. tlS, du K. tf 7B15, fol. W, V col. I. Vi'ame, (lui pour ces Religieux étoit une humble monture, étoit pour les Bourgeois une monture aussi ridicule ei déshonorante que la jument pour les Chevaliers. • Quand on veut faire une grande • ignominie à quelqu'un , on le mené pourmener > par toute la ville sur un oêne. • (Bouchet. w serée.l Ainsi, < mener l'osne, > c'étoit dans le sens figuré jouer un rôle dé^onorant et ridicule, comme ceux que l'on exposoit à la risée et à l'ignominie publi- que, en les promenant montés sur un aine, en leur faisant ohevaitcAer roane. ■ Comment!.... tout le - monde chevaulchera et je mesneray l'asne f » [Rabelais, T. II, p. 221.— Voy. Poésies de Coquillart, p. 169. — Oudin, Cur. Fr.) '- AS Suivant une ancienne coutume, on désbonoroit publiquement les Banqueroutiers, on les puniaaoît Ignominieusement en les promenant par la ville montés sur uniune, le visage tourné vers la queue : de là, ■ monter sur Vaane ■ signifloit faire cession, faire banqueroute. (Oudin, Cur. Fr. — Cotg. Dict.) En certains pays, on a déshonoré de la même façon les femmes adultères et les maris mimes de ces femmes, en les menant, en les promenant sur un asne. [Bouchet, ïm* et lu' serées.) Les maris qui se laissoient battre par leurs fei&- mes, éloient publiquement ridiculisés et ehevcM- choient l'asne. ■ Si une femme a battu son mary, ■ on en chevauche t'asne. > (Bouchet, xi* serée.) .... Se ceste femme a toucbé Son marr, U chÉvauchera L'Asnt, tout BU long du marcbâ ; Ainsi cnascun s'en mocquera. Po(i. da C«|iiilliii, f. 10. On auroit peine à croire que cette punition ridi- cule ait été commune aux maris qui battoieot leurs femmes, si le seigneur des Accords n'affimioît qu'à Dijon, en 1583, il avoit été spectateur d'une pareille farce, exécutée avec un appareil superbe. « A Dijon, • au mois de mav, chacun an, l'on a coustume, par • privilège exprès, de mener sur l'asne les maris • qui battent leurs femmes, où il se fait très-belle ■ assemblée de plusieurs voisins et autres masques ■ en fort brave appareil. Or il s'en fit un aai • fut fort superbe, l'an etc. • [Bigarrures du S' aes Accords, liv. i, fol. 50. — Voy. Assée.) Peut-être trouveroit-on l'origine de cet usage dans l'anciea esprit de galanterie qui se renouveloit tous les ans le premier jour de Mai, et se manifestoit par toutoe que le désir de plaire aux Dames faisoit imaginer de plus flatteur. Elles auroient sane doute été flat- tées de voir que, pour la punition des abus de la puissance maritale, la galanterie cboisissoil le moie dont le premier jour éloit consacré si spécialement aux hommages de l'amour. L'asne, si avili comme monture, a des qualités auxquelles on opposoit celles du cheval comme très dilTérentea et plus estimables, lorsqu'on disoit pro- verbialement, • revenir ûet asnes aux chevaux, > pour signifier que dans une conversation l'on pas* soit d'une idée, d'une chose aune autre absoinment différente. (Voy. Boucbet, u' serée.) En disant qu'il ne < falloit pas lier les asnes avec tes chevaux, > oa vouloit faire sentir la différence de l'homme noble à l'homme roturier, au vilain, au rustre que l'on nommoit ■ asne de plat pays, et rimpos.<>ibilité 1 d'aucun rapport raisonnable entre des Etres aussi < méprisés que les autres étoient estimés. > (V07. Prov. rur. et vulg, is. de N. D. a' 2, fol. 13. — . Cotgrave, Dict. — Moyen de Parvenir, p. 200.) Poor signifier qu'il est difficile d'inspirer à un homme tes vertus guerrières qui ne lui sont pas naturelles, on disoit : ■ il est mal aisé de déguiser un asne en un . coursier. . (Voy. Du Bellay, Mém. liv. X, fol. 317.) On trouve à Vasne une mauvaise grâce à laquelle on comparoit celle d'un vieillard qui a'avisant, à AS ^Ut -^ AS 8on|âge, de faire apprentissage de ramour, ressem- bleroit à YAsinus ad lyram des Latins. Qui n*ama de jouene eage, Ci'est U asnes c'on aj^ent A harper contre droiture. Ane. PoéC. Fr. VSS. araot 1300, T. U, p. M. Enfôs de cent ans, n*est pas bel De joene cuer souz vielle pel : Hoi semble, quant viellars révèle, Que ce soit asnes qui vièle. Miterere da R«d. de Mdieoi. MS. de Gaignat, fol. 213, R* col. I. Dans le Songe du Vieux Pèlerin , ouvrage allégo- rique et moral que Philippe de Maizières, mort vers la (in du xiv* siècle, composa pour Tinstruction des Enfans de Charles-le-Sage, l'Auteur semble avoir désigné Charles YI par le « faucon blanc, à bec et « à pieds dorés; et par le cerf blanc volant, » Louis, duc d*Orléans son frère. Probablement, Eustache Deschami)s , contemporain de Philippe de Haizières, adoploit une allégorie qui lui étoit connue , lorsqu'il menaçoit du « cerf volant, Yasne « pesant prêt à saillir d'Albion. » Vasne pesant sauldra hors d'Albion ; D'un des costez courra la founniere. Ck>mbatre doit encore le Lion : Là doit Bruthus estandre sa bannière. Le cerf volant^ à la teste subtUe, Quant il sçaura Yasne sur le pastis. De son bestail fera venir maint mille. Bost. Desch. Poët. MSS. p. 389, eol. 4. On croit que le roi d'Angleterre ainsi désigné par le Poète, est Henri lY, proclamé roi le 20 Décembre i399, après la déposition de Richard II ; et que le cerf volant si redoutable à Vasne^ est Louis duc d'Orléans, qui dans les premières années du règne de Henri gouvernoit le Royaume au préjudice du duc de Bourgogne à qui il avoit enlevé la Régence. Trop occupe des moyens d'étouffer l'esprit de révolte qui agitoit l'Angleterre, le nouveau Roi ne Ïouvoit guère songer à profiter des troubles de la tance. Peut-être le même Poète désignoit-il cette impossibilité, en disant : Vasne est en s'estable. Qui espargne buef, vaches et brebis. Ses pastures, aliez et subgis. En deffendant que nulz hors d'iceubc n'aille. Biut. Detch. Poes. MSS. p. 139. col. 2. On ignore si ce nom à*asne étoit l'expression d'un sentiment de haine nationale, ou une allusion à quelque vice ou défaut de ce roi d'Angleterre. Mais lorsqu'Edouard lY, que l'Histoire représente comme un prince cruel et débauché, s'avisa de sommer le roi de France de lui restituer les pro- vinces de Guyenne et de Normandie, et qu'en réponse à une sommation que les circonstances politiques rendoient vaine et ridicule, Louis XI lui envoya un asne, un loup et un sanglier, on imagine Îue ce présent, dont la singularité offensa vivement douard, étoit un reproche de son avide cruauté et de sa débauche effrénée. (Voy. Chron. Scandai, de Louis XI, p. 216 ; an 1474.) En disant que Yasne^ consacré à Priape à cause de sa lascivité, « semble se moquer quand il desnue < ses dents, » on se le figure avec certains traits de la physionomie du Satyre, être fabuleux que le^ Poètes ont doué de qualité qui l'assimiloient ft Yasne. (Voy. Bouchet, xi* seree.) Comme animal lascif, il étoit le symbole de la partie animale de l'homme ; et pour signifier que cette partie devoit être modérée par la partie raisonnable, que 1$ corps devoit être l'esclave de l'âme, on disoit figurément : Quant entre nos bras gist le mors, De l'ame soit tunes li cors ; Si le face en tel liu loier U U ait mains de ses depors. Poëme de U Mort, MS. du Roi. n* 0067, fol. 3M. V* col. 2. Dans les vers suivans, Yasne est le corps qui tombe dans la fange, et qu'on relève avec moins de peine que l'âme tombée dans l'ordure du péché. Asnesy quant trop grand fais li grieve, S'il chiet, U est prest qui le lieve De la boe, et qui le relevé : Ame, quant par péchié meschieve^ Poi trueve mais qui la relieve. Dit de Charité , US. de Gaignat. fol. «i, R* ool. t. Il semble qu'on ait désigné l'avilissement auquel expose la recherche des plaisirs sensuels, en disant proverbialement : Qui asne quiert, à asne tent. Por cou mis (1) à Diu seulement Servir de cuer plus que ne soel (2). Poème de la Mort. MS. da R. n* 6087, fol. ZH, R* ool. 3. On exprimoit sans doute son mépris pour une femme galante jusqu'au libertinage, lorsque pour signifier qu'elle avoit plusieurs Amans, on disoit que pour elle « il y avoit plus d'un asne a la foire. » (Voy. ASNESSE.) Amis, por Dieu, c^est chose voire Qu'il a plus d'un asne à la foire : Car vo Dames a plusieurs acointes, Joennes, jolis, appers et ceintes, Qui la vont visiter souvent. Poéa. de 6. Maetiaut. IfS. fol. 9Ùi, R* ool. 2. Vasnef si enclin à l'amour, parolt être pour tout le reste d'une indifférence stupide. « A cause que « Yasne est la beste la plus stupide de toutes les « autres, il est pris pour l'ignorance. » (Bouchet, xr serée.) Ainsi, l'on a dit proverbialement : Roy sanz Lettres comme un asne seroit ; S'U ne savoit Tescripture ou les Loys, Chascun de ly partout se moqueroit. Butt. Desch. Poêa. MSS. p. S63, eol. i . Roy sans Lettre est comme asne couronné. ld.{bid. p. 3t8.ool. f. Ce proverbe plaisoit tant à notre Poète, qu'on le trouve répété, (ibid. p. 550.) C'étoit probablement d'Eustache Deschamps que parloit Alain Ghartier, lorsqu'après avoir observé que « se homme a « excellence sur les bestes par sçavoir, bien doit « surmonter les autres hommes en science, qui sur « les hommes a seigneurie, » il ajoutoit : < si ne « sçauroye reprendre celuy qui dit que le Roy sans « lettres est un asne couronné. » (Œuv. d'Al. Char- tier, p. 316.) Peut-être ignoroit-il l'ancienneté d'un proverbe qui vengea Foulques III , comte d'Anjou, (l)^Je demande ; en latin rogo. - (3) J'ai coutume; en latin êêleo. AS - 217 — AS des plaisanteries que Louis d*Outreiner et ses courtisans avoient faites de lui, parce qu'ils l'avoient vu, dans Téglise de Saint-Martin de Tours, assis parmi les Clercs, habillé comme eux, et chantant l'Office divin. L'Auteur des Gestes des premiers comtes d'Anjou, raconte qu'offensé de ces plaisan- teries , Foulques écrivit a Louis en ces termes: • Régi Francorum, Cornes Andegavorum. Noveritis, « Domine, quia inliteratus rex est asinus coro- € natus. » Si on l'en croit, le Roy avoua la vérité de ce proverbe. « Quibus literis perlectis, Rex « Francorum vero proverbio tactus ingemuit, « dicens ; verum est, etc. » (Voy. Duchesne, Annot. sur les Œuvr. d'Al. Chartier, p. 853.) C'étoil donc tin ancien proverbe françois, trop oublié des Princes €t Chevaliers des xm*, xrv* et xv« siècles. Aussi, disoit-on, en parlant d'eux : Noble ne scet engin, ne art, Ne qu*iin des asnes de Senart Qui bucbe porte. Fabl. MS. du R. n* 7615, fol. 101. V* col. i. Quelque piquans que fussent les traits avec lesquels on attaquoit Torgueil du Noble ignorant, une fausse opinion Vy rendoit insensible. Cette opinion étoit que « bien lire ou bien escrire, étoit « reprouche de gentillesse, et que Noble homme ne « devoit sçavoir les Lettres. » (Voy. Œuv. d*Al. Chartier, p. 3i6.j Comment les Lettres n'auroient- elles pas été dédaignées comme inutiles, par des hommes à qui, pour se faire honorer et aimer, il suffisoit de combattre pour les Dames et leur Sou- verain ? La force leur tenoit lieu de tout, même de la Justice. On a dit que les vertus occultes auxquelles les Philosophes ont eu trop souvent recours, pour éviter l'aveu de leur ignorance, étoient \epont aux asnes. « C'est le pont aux asnes de recourir à ces « vertus ocultes. » (Bouchot, xi* serée.) C'est par allusion aux effets ordinaires de l'igno- rance, qu'en parlant de personnes et de choses auxquelles il étoit sot et imprudent de se fier, on a dit qu'il y avoit de Vasne, « Il y aura ici de Yasne^ • je le prevoy Andouilles sont andouilles, < tousjours doubles et traistresses. >» (Rabelais, liv. iv, p. 153 et 154.) « Disoit que lesdictz masqués, « par les propos qu'ilz tiennent ausdictes damoy- « selles, tascnent à les desgouster de leursdictz « marys;...^ aui est cause que quelquefois il y ha « de Vasne eiQe\a mule esdicles femmes. » (Aresta amorum, p. 408.) On disoit d'un homme qui dérai- sonnoit avec une sotte confiance , qu'il « faisoit de « Vasne; » expression proverbiale qui signifioit aussi faire le sot, feindre d'être sot. « Garasse.... « fait de fasne, tout ainsi qu'il s'est donné la per- « mission de dire à Pasquier.... qu'il fait du veau : « car puisqu'il avoit envie de prouver qu'il n'est « point Espagnol, il ne debvoit nous donner à con- « jecturer le contraire par ses paroles. * (Défense pour Pasquier, p. 246. — Voy. Cotgrave, Dict. — Oudiii, Cur. Fr.) On comparoit à la stupidité de Vasne , celle d'un homme insensible à ce qui devroit toucher son II. cœur et l'attirer, ou flatter son esprit et le séduire, en disant que faire pour lui des choses agréables ou utiles, c'étoit « chanter à Vasne, faire ses chants « au cul de Vasne. » (Voy. Eust. Deschamps, Poës. Mss. p. 22, col. 3, — Cotgrave, Dict.) Chantez à Vasne , il vous fera des pès. Eust. Deschamps, Po68. USS. p. 23, col. 3. Il est possible que dans un sens analogue à celui de l'expression « chanter à Vasne, y» on ait dit « prendre les asnes à la glus, » en général perdre sa peine. (Voy. Id. ibid. p. 22.) VARIANtES : ASNE. Prov. rur. et vulç. MS. de N.' D: fol. 13. ÂDNE. Livres des Rois, M S. des Cordel. fol. 10. Ahne. Assise de Jérusalem, p. 212. Aisne. S* Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 315. AiSNES. Id. ibid. p. 257. Ane. Fabl. MS. du R. n» 7615, fol. 66. AsGNE. Journ. de Paris, sous Charles VI, p. 97. Asnes. Dit de Charité, MS. de Gaignat, fol. 221. Asnée, subst. féni. Charge d'un âne. Espèce de cotisation. On nommoit asnée, la charge d'un âne, quelle que fût la bêle de somme qui portoit cette charge. « Avoit contraint ledit Renel de composer à lui à « XX asnées, et ledit Gauvain à vm asnées de Vin. » (D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot A«sina^a; tit. de 1377.) « Unam asinatam seu « chargiam Vini, quam desuper equum vel jumen- « tum ducebat, abstulerunt. » (Id. ibid. — Voy. Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis.) Dans les villes où Ton chevatichoit Vasne pour avoir été battu par sa femme, ou pour l'avoir bat- tue, cette punition ridicule et deshonorante étoit sans doute ordonnée par celui que les Nouveaux Mariés élisoient entr'eux chaque année, pour veiller et faire veiller à Tobservation des devoirs mutuels du mariage. « Detoute ancienneté Ten a acouslumé « à Ermenonville le jour de la My-Karesme que « les jeunes gens nouveaulx Mariez en Tannée « prouchainement précédent font certaine feste et « eslisentrun d'entre eulx qu'ilz appellent le S^i- « gneur de Gisant, lequel fait par chacun an certains « procureurs pour refformer et corriger par ebas- « tement tous ceulx dudit lieu qui se sont mal gou- « vernez ou portez en leur mariage durant ladite « année. » (D. Carpentier, Suppl. au Gloss. lat. de Du Cange, T. I, col. 804; tit. de 1460.) Non-seule- ment les nouveaux Mariés, mais les autres, et même les garçons, payoient, à certain jour de Tan- née, un droit à ce Seigneur de Grant, c'est-ù-dire, au Seigneur de la Grant terre , autrement nommé le Seigneur des Chetifs, ou le Maire de la Chetiveté. Probablement on se cotisoit pour se réjouir tous ensemble, et pour égayer le spectacle bouffon que donnoient le même jour les Maris condamnés par « le Maire de la Chetiveté à chevaucher Vasne , à « être promenés sur un asne, à être chariés ». comme on lit dans un titre de 1377. < Le Maire de « la Chetiveté a ordonné que tu soies charie%; car « tu Tas desservi pour ce que ta femme t'a batu. » (D. Carpentier, ub% supra.) « En la ville de Avise ea 28 AS — ^21»-« « Champagne,... le Maire des Cliesti% faisoit « contraindre les nouveaulx Mariez à payerchacun « cinq solz, et les autres Compaignons nouveaulx « venus ou autres estons à marier, à payer chacun « une somme au dessoubz de cinq solz. > (Id. ibid. lit. de 1469.) « En la Ville de Sueil sur Ayne et au- « très Villes circumvoisines, de tous temps etd'an- « cienneté, les Gens mariez ont acoustumé par « forme de récréation eulx assembler le jour de « Caresme prenant, disner ensemble , et les nou- « veaulx Mariez d'icelle année payer leur bienve- « nue, et faire obéissance à l'un d'eulx qui se dit et « nomme par forme d'esbatement le Seigneur des « Chetifz ou de la Grant terre. » (Id. ibid. tiL de 1472.) Ainsi, « payer sa part de Yasnée ou de Vasne , « payer par forme d*as7ie, » c*étoit vraisemblable- ment se cotiser pour la dépense de ces jours de fêtes boufTonnes, se cotiser comme il étoit usité en ces jours de fêles, égayées par le spectacle ridicule des Maris qui chevauciwient Vasne. « Pour payer « leur part de ladilte asnée ou dudil asne, etc. » Îy. Carpentier, Suppl. au Gloss. lat. de Du Gange, . I, col. 326 ; tit. de 1447.) « Pour payer leur escot, « les Supplians promisdrent payer par ffyrme d'asne « inr tourteaulx de Guesde. » (Id. ibid. — Voy. AsifE, chevaucher Vasne.) Asnerie, subst. fém. Exercice de la profession d'Anier, de Meunier. Anerie, ignorance de ce qu'on croit bien savoir. D. Carpentier ne se seroit-il pas trompé en défi- nissant asnerie, droit seigneurial payé par les Meu- niers qui reportoient la farine à ceux à qui elle appartenoit? « Les Fermiers, Muniers ou Asners « desdiz moulins.... paieront chascun an.... aus « rentiers ou aus fermiers qui tenront les rentes « ou fermes de ladite Ville de Meleun quatre livres « de parisis; et pourtant seront quite, franc et « délivré.... de toutesautresserviludespaier, quant « pour raison d'asn^m. » (D. Carpentier, Suppl. au G)oss. lat. de Du Gange, au mot Asinitas; tit. de 1308.) On soupçonne que dans ce titre, asnerie signifie l'exercice de la profession d'Anier, de Meu- nier, parce que les Meuniers ou Asniers se sont toujours servi d^asnes plus communément que d'autrfts bêtes de somme, pour apporter le blé au moulin et en rapporter la farine. (Voy. Asnier.) On a nomme plante des Asnes , la férule ; par allusion sans doute au goût des Anes pour cette Elante, que Pline dit être mortelle à toute autre ête de somme. Les tiges de cette plante sont hau- Vds, légères et moelleuses ; par conséquent propres à faire naître l'idée de l'usage fabuleux qu'en fit Prométhée. « On a feint qu'il déroba le feu du Ciel « qui nous anime par le moyen de la plante des « Asnes qu'on nomme férule; pour dire, ce me « semble, que nos plus hautes connoissances sont • des asneries. » (La Mothe le Vayer, T. X, p. 12. — Voy. AsuE, animal stupide.) Asnesque» adj. Stupide, ignorant. Stupide comme l'Ane. (Cotgrave et Oudin, Dict. — Voy. AsNSy animal stupide.) VARIANTES : ASNESQUF. Cotiprave, Dict. ASiNESQUB. Ouditt» Dict. Asnesse, subst, fém. Anesse. Le sens figura dans lequel on a dit que. « de petit aguillon point-on « grant asnesse, » est d'une obscénité grossière, dans les Prov. du Vilain (ms. de S' Germ. fol. 75, R* col. 1. — Voy. AsNE, animal lascif.) » Asnier, subst. masc. et adj. Anier, conducteur d'ânes. Ignorant, lourdaud, sot, stupide. Quelle que fût la dénomination particulière de ceux qui par leur état sont destinés à conduire des ânes et autres bêtes de somme, comme les Meuniers, les Muletiers, il est possible qu'on les ait compris sous celle dWsjiier, conducteur d'ânes. (Voy. Cot- grave, Oudin, Nicot et Monel, Dict.) Erinenfrois sera li mausniers, Et aire Bauduins asniers. Ane. Poét. Fr. liSS. avant iSOO, T. IV. p. 1391. Une preuve q\i* Asnier peut avoir signifié Mule- tier, c'est que les François , ayant attaqué le 12 Mai 1511, et mis en déroute l'armée du Pape et des Vénitiens devant Boulogne, nommèrent cette « dé- « route la journée des Asniers, pour ce qu'il y eust « tant de mulets pris dedans les fossez, sur le grand « chemin et autre part. » (Voy. Mém. de Rob. de la Marck, sieur de Fleuranges, ms. p. 111.) Il sembleroit qiïAsnier. conducteur d'ânes de moulin, fût synonyme de Meunier, lorsqu'on disoit : « Muniers ou Asîiers des moulins paieront chas- « cun an, etc. » (D. Carpentier, Suppl. au Gloss. lat. de Du Gange, au mot Asinitas; tit. de 1308. — Voy. Asnerie.) C'étoit dans le sens de Meunier ou de Conducteur d'ânes de moulin que, pour signifier les malheurs de la disette dans une ville, on disoit proverbialement : « Dolente la Vile que Asniei*s poi « voit. » (Prov. du Vilain, ms. de S' Germ. fol. 74.) On s'est moqué de l'ignorance de l'homme qui croit tendre â un but, lorsqu'il est dirigé vers un autre par celui qui le conduit, en disant proverbia- lement : « Une pance li asnes, et Tautre li asniers. » (Prov. rur. et vulg. ms. de N. D. n* 2, fol. 12.) « Ung « pansse ly asgne, et l'autre ly asgnier; et Dieu « qui mua le propos de Oloferne, tourna leur joye.. . « en tristour. » (Journal de Paris sous Charles VI et Charles VII, p. 97.) Le proverbe « à rude asne rude asnier, » pro- verbe dans lequel ou aperçoit le principe de la for- mation et signification de l'adjectif rudanier^ dési- gne la nécessité d'être rude à l'homme indocile ou rébelle à la volonté de celui qui doit le conduire et s'en faire obéir. On désignoit la nécessité de ruser avec celui qui rusoit pour se soustraire à la con- duite et à la volonté d'un maître, en disant prover- bialement : « Contre viseuz asnon, viseuz asnier. » (Voy. Prov. rur. et vulg. ms. de N. D. n* ?, fol. 12, V* col. 1. — Cotgrave, Dict.) C'est relativement à l'idée d'asne, animal stupide et lourd, qu'asnier a signifié lourddut, stupide^ sot, AS ^î« — AS ignorant. (Voy. Contes dTlutrapel, p. 126. — Bigarr. du Seig' fies Accords, fol. ii, R* etc. — Cotgrave et Oudin, Dict.) Que voulez-vous que je vous die? 7e suis pour utig asnyer tenu Qui vouldra, pour moy estudie : Trop tart je m'y suis entendu. Es aemîers jours de ma vie. Poet. de Charles duc d*0rléan9, IIS. p. 97, col. i . Rabelais, plaisantant sur la connoissance abusive des Dét^rétales, fait dire à Homenaz : « Qui faict en « plusieurs pays les Escoliers badaulx et « asniers ? Leurs précepteurs n*estoient décre- « talistes. > (Rabelais, liv. IV, p. 226.) Dans le xvi* siècle , une sotte excuse étoit une ^excuse asniere. « Je ne m'émeus pas une fois l'an « des fautes de ceux sur lesquels j'ay puissance: « mais sur le poinct de la beslise et opiniastreté de « leurs allégations, excuses et défenses asnieres et « brutales, nous sommes tous les jours à nous en « prendre à la gorge. » (Essais de Montaigne, T. III, p. 257. — Voy. AsNE, aniinal stupide.) VARIANTES : ASNIER. Ane. Poët. Fr. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1361. Anier. Monet, Dict. AsGNiER. Journal de P. sous Charles VI et Gh. VII. p. 97. ASNER. D. Carpentier, S. au G. 1. de Du C. au mot Àsinitas. Asniers. Prov. rur. et vulg. MS. de N. D. n« 2, fol. 12, V». AsNTER. Poês. de Ch. duc d'Orléans, M3. du R. p. S7. Asnière, subst. fém. Lieu où Ton élève des ânes. De là, tant de Villages en France nommés Asnière (1). C'est par allusion à la stupidité de Fane, qu'on disoit d'un ignorant, d'un sot, « qu'il étoil « logé à Asnieres, qu'il avoit étudié, qu'il avoit fait « son cours à Asnieres. » (Voy. Oudin , Dict. et Cur. Fr. — Défense pour Est. Pasquier, p. 573. — Dict. de Trévoux.) Asnine, adj. et subst. fém. Charge d'un âne. (Voy. AsNÉE.) En termes de Pratique, on dit encore Béte asine. Il est posible qu'en supprimant le subs- tantif charge ou somme, Tadjeclif as^m^ ait signifié la même chose que somme asnine, la charge d'un âne. « Pour cause de ce ont veu païer aux fermiers « d'iceuls Religieux jpar plusieurs fois 4 a%ines de « blé. » (Du Cange, Gloss. lai. au mot A%ina.) .... Tant a robe lange et line Ou*ele_poise une somme asnine. Miserere da Recl. de Moliens. MS. de Galgiut. fol. t07. V eol. 3. VARIANTES ! ASNINE. Miserere du R. de Moliene, MS. de G. fol. 207. AziNE. Du Cange, Gloss. lat. au mot Azina. Asnon, subst. ninsc. Anon. (Voy. Asne, mon* ture.) La monture des Trinilaires, dans l'orieinede leur institution, paroissoit si humiliante, qu un de nos anciens Poètes salyriques a dit : Ains c'on m'apiaut ftrere à Vamot}, Ara moût pieu et venté ; etc. Description et plaisaooe det Reli^ioDi, MS. de N. D. fol. 16. Aspection, subst. fém. Aspect, spectacle. .... Vit des Cieulx Vaap^ction, Et le fllz au père m«>n^é, ' Estant à son dextre co^té. J. de MiHing. Tcsl. Ton 1180-1189. Aspée, subst. fém. P.poe. (Livres des Rois , ms. des Cordel. passim. — Voy. Espée.) Asper, adj, et subst. Rude. Bâton noueux. L'adjectif fl^pers ou asper, au féminin aspère^ étoit évidemment le même que a^pre, en latin asper ^ aspera, rude au goût, rude au toucher, lorsque sans transposition de Té, on disoit flgurément : S^oncques à ses subjects fut aapers, ne grevable ; A touts leur est courtois, et doux et favorable, 6cr. do Roussillon, MS. p. 80. Jupplter père, Qui tout tempère, Paix nous octroyé, et guerre asph'e Eslongne de nostre Emysfere. PoAe. de Crétin, p. 144. C'est sans doute par ellipse d'un substantif^ que l'adjectif asp^r signiPioit une espèce d*arme, un bâton noueux, par conséquent rude au toucher. Tient un aper que il paumoie ; Si est saillis enmi la voie. Fabl. MS. du R. n* 7il8, fol. 191, V* col. i. Le Forestier m'a truef, si a tret son asper (2), Et a batu mon test, la paule et le costet. Ibid. fol. 190. R* col. S. Peut-être aussi qu'as;;^r ou aper en ces vers, est une altération d'épié, espié, espiel^espieuoixépieu. VARIANTES I ASPER. Poës. de Crétin, p. IGV Aspers. Ger. de RoussiUon, MS. p. S9. Aper. Fabl. MS. du U. n« 72ib, fol. 491, V» col. 1. Asperague, subst. masc. Espèce de plante. Les jeunes pousses de cette plante cuisent si promp- tement que, pour signifier la promptitude extrême avec laquelle on devoil faire une chose, l'on a pu dire qu'elle devoit être faite, « pluslost que ne sont « cuits asperges ; expression proverbiale, familière a à l'Empereur Auguste. » (Voy. Rabelais, liv. V, p. 30. — Id. ibid. Note de Le Duchat.) Cette terminaison d'asperge étant féminine en apparence, on a dénature le genre d'un nom origi* nairemeiit masculin en françois, comme asparagus en latin, en grec danàçayoç. L'opinion des Etymolo- gistes, à qui ces noms offrent une analogie de signification avec celle de l'adjectif latin asper, en françois aspre, paroîtra peut-être d'autant plus vraisemblable que : « f^a coustume fut jadis en « Boëcie, que les bonnes et honnestes Matrones « approuchantes pour devoir coucher la nouvelle « Mariée, luv faisoient ung chappellet sur la teste de « branches de asparages aspres et mal gracieux» « voulans dire qu'il faloit endurer les rudesses du « mary. » (Voy. Borel, Dict. i'" add.) VARIANTES ! ASPERAGUE. Borel, Dict. AsPARAGE. Id. ibid. l^^" add. AS Aspératlf, adj. Apéritif. (Voy. Aspbe.) On aura désigné la qualité âpre des apéritifs, ea les nom- mant aspéraiifs. Toutes choses laxatives Et qui seront atpiralive» VueiUez user communément ; Si en vivras plus lonnuement. EiHI. DgiÂ. rD«. H33. p. US, eol 1. Aspérer, verbe. Rendre ûpre, rude. Au figuré, exaspérer, rudoyer ; en latin asperare. [Colgiave, Dict. — Voy. AsPBiB et Asproier.) Aspergement, subst. masc. Action d'dpandre par petites gouttes. Dans une signification plus générale que ne l'est aujourd'hui celle d'aspersion, l'on a dit : « Arroser, en forme d'aspergement avec ■ la bouche, d'un peu d'eau nette et fiesche. > (Du Fouilloux, Fauconnerie, fol, 49. — Voy. Asperger.) Aspepgeolr, subst. tnasc. Aspersoir. (Voy. Inventaire des Joyaux et Meubles de Charles V, à la suite de son histoire par Choisy, p. r)25.] Asperger, verbe. Epandrc par petites gouttes; arroser. L acception de ce verbe, presque restreinte à l'usage religieux des aspersions, étoit autrefois plus étendue. Dans le sens général d'épandre par Setites gouttes, on disoit : asperger àe l'eau sur les eurs, asperger du vinaigre sur les viandes, les asperger de vinaigre ou d'eau, pour les en arroser. (Honet, Dict. — Voy. Akpergdhlnt et Aspersio:*.) Asperges, subst. masc. Aspersoir. On croitque par allusion à Vasperges me liyssopo du psaume Miserere, l'on aura désigné un aspersoir par le mot iztin asperges, altéré dans aspergets. ■ Ùasperges - remply d'eau-béniste, etc. • (J. Chartier, Ilist. de Charles VU, p. 298. — Voy. Bob, Estienne, Nicotel Monet, Dict.) VARIANTES : Asperser, verbe. Epandre par petites gouttes; arroser. Du participe latin aspersus, s'est formé le verbe françois asperser, de même signification qu'asperger, en latin aspergere. (Voy. Cotgrave et Oudin, Dict.) Aspersion, subst. fém. Action d'épandre par êetites gouttes ; action d'arroser. [Voy. Rob. stienne, Nicot et Monet, Dict.) Asphodèle, s^&s^ masc. Genre de plante; la fleur, ta racine de celte plante. En lalin asphodelus ; d'où asphodèle, par corruption asphrodile, aphro- dite, afroàile; genre de plante dont la racine a la forme d'une botte de navels. On a vu des Peuples, particulièrement ceux des Provinces méridionales, manger comme des navets les racines de Vaspho- dèle, ea tiire une espèce de pain dont ils se nour- rissoient en temps de disette. L'usage de cette nourriture semble remonter à la plasbaute aotiquité, puisque les Anciens croyoient )- AS pourvoir à celle des mânes de leurs parens|et|ami8, en plantant la mauve et Vasphodèie autour de leurs tombeaux. Dans les temps où la superstition faisoil ù l'amitié et à la nature un devoir de songer aux besoins physiques d'une vie future, il est probable qu'un traite sur la mauve eiVaspItodèle, n'étoit pas aussi frivole qu'on pourroit se l'imaginer, en lisant que ' les plus grands personnages se sont amusez ■ à traicter des frivoles et légères matières; • comme Hésiode, la malve et Vaphrodile. > (Voy. Des Accords, Bigarr, ubi supra.] C'est par allusion ù cette prétendue nourriture des mânes qu'on a dit : • Ne pensez que la béatitude des • Heroes et Semidieux qui sont par les Champs ■ Etysienâ, soit en leur Asphodèle, ou' Ambroisie, « ou Nectar. • (Rabelais, liv. 1, p. 83.) L'asphodèle esi de deux espèces. Celui dont les fleurs découpées en six parties, sont extérieure- ment rayées de lignes purpurines, est vraisembla- ment Yaphrodille mâle, aislinguë de Vaphrodille femelle, qu'on soupçonne être celui dont les fleurs et les racines sont de couleur jaune, mais de même forme que celles de Vaphrodille mâle, autrement nomme aphrodille blanc. (Voyea Cotgrave et Nicot, Dict.) VARIANTES : ASPHODÈLE. Orth. sub. - Rabelais, Uv. I, p. 83. ArnoDil.E, Konet, Dict. nu mot Asphodèle. Apiirodii.e, Des Accorda, iiigarr. avis eu Lecteur, p. 3. Apiiciodille. Cotorave, Nicot et Klonet, Dict. AspoDÈLE. Dict. de Trévoux, au mot Aiphodile. AsPiiODiLE. Coigrave, Rob. EslieDue et Nicot, Dict. Asphrodile. Cotgrave, Dict. AspHRODiLLP.. 1(1. ibid. Asplrenicnt, subst. masc. Action d'aspirer, de respirer. Action d'inspirer. (Voy. Aspiueh.) Dans le sens figuré de respirer unechose, y aspi- rer, la désirer comme étant aussi essentielle à la satisfaction d'un besoin, que l'est à la conservatioD de la vie l'air qu'on aspire et respire ; on a dit de personnes qui toutes vouloient et désiroient la même chose, qu'elles étoient < toutes d'un aspire- ' ment et d'une volonté. » (Voy. Chron. Fr. us. de G. de Nangis, an 1096.) En comparant à l'action de l'air sur le poumon, l'action invisible du souffle divin dans une Urne qu'il inspire, on disoit : Aspirer, verbe. Aspirer ; respirer. Quoique aspirer soit d'usage en Physique dans la signiflca- tion d'attirer l'air, le respirei", on ne diroit plus « aspirer son haleine; aspirer la mère goutte, • Ear une comparaison assez naturelle de l'action de Dire à celle d'aspirer l'air. • Le cerf aspire ■ son haleine en la fraischeur et humidité de la • terre. ■> (Du Fouilloux, Vénerie, fol. 42, R*.) .... En atpirarti la mère goutte. Et la savoura bien et «ouste. t. do Mnint. Tal. nn 160 M ISI. Anciennement, comme aujourd'hui, l'on distin- puoit aspirer, de respirer. (Voy. Hist. de la Toison AS d'or. Vol. I!, fol. 87, R° col. J, etc. — R et .Nicot, Dict.) Recelons petit à petit, Sam trop manaier, noatre appétit ; Sani tro(> empUr le conduit. Pour atpirer et respirer. Eiul. Dndi.Fiili. HSS. p. «8, wl. h. Cette distinction n'étoit pourtant si constamment ol)sen'ée, qu'aspirer n'ait signifié respirer, attirer lair dans sa poitrine et l'en repousser par le mou- vement des poumons. • Se cet bomme aspire ■ encor, ergo il n'est pas mort. « Fabri, Art de Rhétorique, liv. I, fol. 66. — Voy. Monet, Dicl.) Asporter, verbe. Transporter. En lalin aapor- tare, porter d'un lieu fi un autre. • Se par.... bonne - garde et diligence, il est bien obvié aux malices • des portansbillon, ou ds^Hirtaiu fausses etcon- - trefaites monoyes, etc. - (Ord. T. III, p. 150. — Yoy. Porter.) Aspre, adj. Raboteux, inégal. Stérile, aride. Rude a sentir, rude au goût, au tact, à l'odorat, à l'ouie et à la vue. Ardent, actif, liardi. Selon plusieurs Etymologistes latins, du grec âanoçof s'est formé le latin asper, qui, dans le lan- Kage des anciens Agricoles, désignoit un sol pier- reux et aride, par conséquent stérile et inculte. (Voy. Vassius, Etym. ling. Lat.) Lorsqu'on parlant (l'un lieu raboteux et inégal, on disoit qu'il étoit aspre et rude, comme on lildans le Dictionnaire de Nicot. il scmbleroit que, dans un sens relatif h i'étymologle du latin asper, le franç&is aspre eût sigTiifié pierreux, inculte : stérile, aride, lorsqu'en parlant d'un pécheur qui ne porte aucuns fruits de Eénitence, on le comparoit au figuier de l'Evangile, ancelot ■ ayant oui une voix qui l'avoit appelle < plus dur que pierre, plus amer que (lel, et plus • aspre que ung figuier, > consulte un Hermite sur le sens de ces paroles. L'IIermile lui répond qu'étant ■ du tout desgarnyde fueilleset de fleurs, ■ c'est-à-dire, de toutes bonnes œuvres, il étoit plus • aspre, plus stérile, plus aride que le figuier • dont est faicte mention en l'Evangille du Jour • de la Pasque flourie, • puisque ce figuier que dessécha Jésus-Christ, parce qu'il ne portoit point de fruits, étoit du moins « bien garny de fueilies. • (Voy. Lanc. du Lac, T. m, fol. 76. — Ibid. fol. 78.) On a la preuve que la stérilité d'un sol, probable- ment aride et pierreux, a été désignée en latin par le sahsiaalit asperitat. (Voy. D. Carpenlier, Suppl. Gloss. lat. T. I, col. 329.) Il seroit possible que par analogie l'on eût nommé firuits aspres, les fruits que produit naturellement un sol aspreel inculte; même ceux dont la culture adoucit plus ou moins l'àpreté originelle. De là l'adjectif aspre, qui semble d'ailleurs inventé pour peindre l'etiet d'une sensation désagréable au goùl, auroit pu signifier, par extension, ce qui est désagréable et rude à sentir en général. • Cil ki ■ morz est, despeitet assi bien les sueys choses de > cest munde cum les aspres. « {S' Bernard, Serm. fr. MU. p. 311.) i- AS Dans ce même sens, on a dit : aspre faim, aipre torment, etc. [Uodus et Racio, ms. fol. 115, R°. — Cbans. fr. vs, de Berne, n* 389, part, m, fol. 34.) Cette acception générale étant parUcnlarisée, aspre signifioit rude au tact : Que vaut la blanche char, plus i)ue e'ele fust bleue. Quant ne leseez E^entir e'ele est aspre ou sueue? Pibl. us. du R. a- -)3ie. toi. 3B8. V col. 3. .... Quant cars est disciplinée, Aupi-e drap, pcvre cuisinete, Travaus, velljers, pensée nete, L'ont tost de grasse enluminée. PoâiH ie la Karl, US. du H. n- «m, fol. 337. R* col. t. Peut-être, rude à la main, difficile à manier, lorsqu'en parlant d'un cheval, on disoit qu'il étoit aspre. Moult troiivoit aupre Le cbeval sor quoi it séoii. . Moult troiivoit ai or quoi it séol CiîoiuiUt, HS. da Grigul. roi. 3, &• col. S Au figuré, rude; qui n'a point l'esprit maniable, qui a de l'aspérité, de l'àpreté dans le caractère, qui est rude en sa façon, en ses mœurs. (Rob. Eslienne, ?4icot et Uonet, Dict.) Tex a veslue l'&spre haire, Qui aaprca est et de maie aire. Vie de TbMpblle, Eriqua, US. du R. n- 6997, fol. 313, V cd. 4. Enfin, l'adjectif aspre désignoit non-seulement ce qui est rude au goût et au tact, mais ce oui est rude à l'odorat, à l'ouïe et à la vue ; par conséquent ce qui est rude ù sentir en général. (Rob. Estienne, Micot et Monet, Dict.) Probablement, on assimiloit à l'action de l'àpreté sur nos sens, à l'effet de l'Âpreté d'un feu ardent, ce que fait sentir à l'àme l'ardente activité des pas- sions, lorsqu'en parlant d'une personne ardente h vouloir et à faire une chose pour laquelle elle se pas- sionnoit. on disoit qu'elle y étoit aspre, qu'elle etoit ' aspre à recouvrer liberté; aspre à escrire contre • lesvices. '(Rob. Estienne et Mcot, Dict.) • Si fut.... « aspre de s'en vouloir venger. ■ (Percef. Vol. VI, fol. 40.) < La bonne Dame estoit jeune, aspre et • désirant de tous maulx destourner. ■ (Ibid, fol. 87.) Cil Arcevesques Bobiera Ki moult fu valians et aprié». Al tiëre a une femo priât - Contre l.oiB et Decresie Ast. Ph. HouikH, HS. r. 3«7. Il résulte de ces divers passages que, si les objets pour lesquels on se passionnoit ardemment ëtoient louables ou regardés comme tels, l'adjectif aspre étoit un éloge. Aussi, disoit-on d'une Princesse ardente à l'étude et passionnée pour les Sciences, qu'elle étoit saçans et aspre : d'un homme ardent a la chasse et au vol, et passionné pour les oiseaux et les chiens, qu'il étoit aspre ; d'un valet passionné pour le service de son maître, ardent à le servir, qui! étoit aspre, etc. (Voy. Ph. Mouskes, as. p. 619. — Gace de la Bigne. des Déduits, vs. fol. 153. — Lanc. du Lac, T. 1». fol. 34, elc.j Il est possible, comme on l'a déjà observé, qu'on ait nommé cheval aspre, un cheval que son ardeor naturelle rendoit difflcUe à manier. Hais plus sou- vent on faisoit l'éloge de cette même ardeur , si utile au besoin lorsqu'on sait en être le niattrei en AS -3 disant qu'un cheviil étoit aspre. • Honla sur son * cheval qui esloit fort et aspre, où l'en se devoit . bien ner aubesoing. - (Lanc. du Lac, T.III, fol. 30.) Enfin, l'ardeur guerrière qui est naturelle à cer- tains tiommes, l'nctivité , la hardiesse qu'inspire le sentimentdc cette ardeur, et que laflgure annonce, étoient désignées par radjeclif aspre , lorsqu'en parlant de ces hommes , on disoit qu'ils étoient aspres, qu'ils étoient de chère aspre, qu'ils avoient les chères aspres. * Si avoient les chères si vives et ■ si aspres.... que combien qu'ilz fussent dessoubz ■ aages d'hommes, leur visage demandoil l'escn et ■ le haulbergeoii. • [Percef. Vol. 11, fol. 35.) < Ung • jouvencel ainsy comme de dix huit ans, grant el ■ corsu;..... de bonne chère, fl«;>re et vigoureuse. ■ (Ibid. fol. 106.) • Lyonnel est ung des plus aspres ■ Chevaliers que l'en saictie. • (Lanc. du Lac, T. III, fol. 6.) Pelit apriés moru Liascres, Qui moult estoit vaUans et aspres. Ph. Ilouikat, HS. f . «tS. VARIANTES : ASPRE. S> Bernard, Serm. fr. HSS. p. 311. &IPRE. Cbanii. fr, MS. de Berne, part. i. fol. 8, R°. Apre. Bestiaire d'Amours, US. du R. n> 7534, fol. Z77. Apries. Pb. Houakea, MS. p. 387. Asprelle, subst. fém. Espèce de plante. Plante dont les liges sont aspres, rudes au toucher, et qu'aujourd'hui Ton nomme prèle, en altérant l'an* (denne dénomination asprelle. (Voy. Asphe, rttile au tact.) Il semblerait qu'autrefois Vasprelle fleurie étoit une parure dans les fêtes champêtres, et que, comme la rose, elle annoni^oit le printemps. L« Mai qui tait le lys Croistre et l'cùprelle; Et fait venir la rose belle. Et toute joie renouvelle. Fniiun, PoM. MSS. p. n, col. 1 Caecuns ot chapiau à'auprellc. Ane. PoH. fr. HS. da Ville. »• 1400, fol. IIS. V-. VARIAMES : ASPRELLE. Cotgrave et Nicol, Kct. Aprellb, Cotgrave et Monet, DIct. Abprelb. Honet, Dict. Asprement, a Carde que tes paroles ne ■ soient grevables à autrui,... tiris sans asprece,... ■ ti pas sans noise. > (Prov. de Seneke, us. de Gai- gnat, fol. 320.) ■ Icellui escuier doubtant rigour et « asprece de Justice; elc. (D. Carpentier, SuppL Gloss. lat. deDuCange, au mot Asperitas; tit.de 1372. (Voy. Aspre et Asprement.) C'est aussi dans le sens A'aspre, rude à sentir en général, qu'asprece signiiioit rigueur, tourment, peine, mal, elc. Pour Diou, or ne vous soit paresse D'asBSvourer com grant aspresse Oieu soufTrit en aa passion. J. da Houng, T«l. nn 318-311. A tout mètre à la mort esirivent, Sanx merci quant qu'il aconsivent : A flamens Tont maintes aspraces. G.6il1>rt.ll3.W.tM,V. On a indiqué l'espèce de comparaison d'après laquelle aspresce dési^noit l'ardeur de la jeunesse : .... Siii pris au premier buillon. Tout droit en la verde seson, Et en l'aspreace de Jovent. Priil. HS. du H. E- TilB. fol. IM. R- col. i. L'ardeur des passions : .... Renaut de Bouloingne Fist par courrouz et par asprèee Crav«nter une Torterèce. AS — aas — ASl nfin, les effets de cette ardeur, dans ranimai ime dans Thomme, Tactivilé» l'agilité, la har- se, l'opiniâtreté, etc. « Fut combatu par une erveilleuse ardeur et aspresse. » (J. Le Maire, 5tr. des Gaules, liv. III, p. 301.) « S'assemblèrent isemble vigoureusement et de grande aspresse; ; à ce rassembler atteindil le Chevalier.... de la ague. » (Mém. d'Ol. de la Marclie, liv. I, p. 325.) Voist s*en au Tomoi pour savoir Quel force il peut en lui avoir, Et quel asprèce et quel vigour. Cléomadès, IIS. de Gaignat, fol. OS. R*. col. 1. Artus fut de grant asprèce^ De graut vigour, de grant proesce. Rom. de Brut, SiS. fol. 71, V* col. i. n a dit en parlant d'un chien agile, ardent et dli à la chasse : .... Fu il bien esparmentez, Et à granz bestes esprovez De hardement et d'isnelesce, De tôt engig, de tôt asprècCf Tant ert délivres et legiers, Qu'an soit peut avoir bons lévriers. Pariou. do Bloii, MS. de S* Germ. fol. 165, V* col. i. VARIANTES I SPRESCE. Liv. des Machabées, MS. des Cordel. fol. 193. ?PRESGE. Eust. Descb. Poës. MSS. p. 285, col. 1. 'PRESSE. Id. ibid. p. 76, col. 4. PRESSE. Œuv. de Baïf, fol. 29. Ro. SPRECE Prov. de Seneke, MS. de Gaignat, fol, 320. iPRECiiE. Lucidaires, M S. de Gibert, fol. 74, R». JPRESCHE. Ibid. fol. 6, V«. IPRESSE. J. de Meung, Test, vers 350. Lsprete, adj. fém. Diminutif d'àpre. Dans le s (ïaspre^ rude a Touïe, Ton a dit, voix aspretre. Guiarty us. fol. 23i, — Voy. Aspre.) iispreté, subsl. fém, Âpreté. Peine, douleur, vée pénible. Ardeur, animosité, opiniâtreté h ibattre. (Voy. Aspre et Aspresce.) M latin asperitas s est formé par contraction le içois aspreté^ plus ancien et plus usité dans re Langue qu'aspérité. La signiHcation en est Durd'hui moins générale, puisqu*on ne dit plus été d'odeur, comme Ton a dit et dit encore été de goût, etc. (Voy. Monet, Dict.) « Tu desires ar aventure la santeit ; mais tu redotes Yasjjre- Ht de la médecine. (S* Bernard, Serm. fr. mss. .07.) *6St relativement à Tacception générale i'aspre, e à sentir, qu'aspérité, comme aspreté, et rece, a signifie peine , douleur : « Que dis-tu de ou que li boin home sont besoignex, et oniaspreté i maladie ? » (Lucidaires, ms du Roi, n** 7989, 224.) La mort de Dieu-vous fût mort pour jamais, Quant vous veistes sa grant aspérité Ëust. Desch. Poës. MSS. p. 117, col. A, .a douleur de la circoncision en ce passage : ote ceste aspreteit nos at osteit li nostre Jh. C. i cum li très sueys agnels. > (S' Bernard, Serm. iss. p. 220.) es corvées pénibles de la servitude féodale : oar cause de ost, de chevauchée et de toute « autre aspreté ou manière de servitude. » (Ord. T. VI, p. 63.) Au figuré, l'ardeur, Topiniâtreté avec laquelle on combattoit pour la victoire. Sont par force et aspretez Leur ennemis de cbamp getez. G. GuMrt.US. fol.270,R-. VARIANTES .' ASPRETÉ. Rob. Estienne et Nicot, Dict. Apresté. Règl. de St-Benoît, MS. de Bouhier, p. 13. Apreté. Mouet, Dict. Aspérité. Eust. Desch. Poës. MSS. p. 117, col. 4» Aspreteit. S<-Bemard, Senn. fr. MSS. p. 107. Asprcur, subst. fém. Apreté, rigueur. Ai^deur. Animosité. Dans le sens propre, on a dit : La chaleur n'y peult rien, n'y l'a«pi;eur des hyvers. Du Verdier, Bibliolb. préf. p. 28. Au figuré : « Pour la grsini aspreur et chaultcou- « rage qu'ilz avoient Tun contre Tautre, etc. » (D. Carpentier, suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Asperitas ; tit. de 1456.— Voy. Aspre et Aspreté.) Asprir, verbe. Rendre âpre; devenir âpre. (Voy. AsPBE, rude au iact^ et Aspre, ardent^ hardi,) De là les verbes Enaspbir etËNASpRiER. (Voy. Aspérer.) Dans le sens propre, ou a dit : « Le maniement de « la nége asprit le cuir des mains. » (Monet, Dict. Ësloigne-toy de brandon de Cypris : Ceux qui contre le vent des Aquilons osptHs Endurcissent leur peau, luy font mieux résistance. Poes. d'Ainadis Junyn, fol. 160, V*. Au figuré : N'est-ce assez que je brûle, et que rextrôme ardeur Du feu qui me détruit, devient encor plus forte ; Sans qu'un vent de soupirs à chaque moment sorte, Pour en soufllant asprir et doubler sa fureur ? Pocs. d'Amadis Jamyn, fol. 140, V*. On exprimoit sans doute une idée relative à celle de hardiesse, d'intrépidité, lorsqu'en parlant de Blancheflor, qui, sa prière faite à Dieu, se résigne courageusement à être brûlée, on disoit : .... Blancheflor s'est aspéric : Et le tapis ont apporté Li Serjan ; furent apresté Por la pucele el feu lancier. Floire et Blancbenor, MS. de S. Gcrm. fol. 106. R* col. 8. VARUMTES : ASPRIR. Cotgrave, Oudin, Rub. Estienne et Nicot, Dict. Aprw. Monet, Dict. AsPERiR. Floire et Blancheflor, MS. de S^ Germ. fol. 196. Asprissement, subst. maso. Action de rendre âpre. Du verbe asprir. (Voy. Cotgrave, Dicl.) Asproler, verbe. Traiter âprement, tourmenter; Soursuivre, presser avec ardeur. (Voy. Aspre.) Signi- cations analogues à celles de l'adjectif aspre. Or vieng proier A TOUS Dame, et merci crier Que ne gart Peure qiCasproier Me viengne cil Qui m*a mis à si grant exil Fibl. MS. du R. n* 7S18, fol. SOI. R* col. i. Tant m'a Amors percié et mors, S'ensi me tient, et si ïn*(utproie Longhement, vivre ne poroie. Siège de Tn^, MS. do R. n* 6967, fol. 1M« R* toi. t. AS -3 On disoit d'ua homme que pressoit une 'faim âpre, que la faim Yasproioit. (Voy. Les XV signes du Jugement, ms. du R. n° 7089, fol. J07.) Dans les vers suivans, asproier désigne l'ardeur, la vitesse avec laquelle un faucon presse et poursuit sa proie. Et se met à la droite voie, El BOQ premier oisel aiproie. EspnoiER. Fabl. MS. du R. fol. 190. Aspron, subsl. masc. Espèce de petit . n ressemble au goujon, et ne se pèche que dans le Bliiïne, entre Lyon et Vienne. On a désigné l'aspé- rité de ses écailles en le nommant aspron. (Cotgrave et Nice!, Dicl. — Voy. Aspbe.) Assabler, verbe. Remplir de sable. Echouer sur le sable. On le trouve au premier sens dans Cotgrave, Dict. ■ La mer avec le temps a assablé le port ■ d'Aigu emortes. » (Dict. de Trévoux.) Dans le second sens, on a dit de frégates échouées sur le sable et engravées, qu'elles étoient assablées. fVoy. Pélisson , Lett. hist. T. I, p. 107. — Cotgrave, Hicot et Monel Dict — Dict. de Trévoux.) Assablissement, subst. masc. Amas de sable, bauc de sable. (Voy. Cotgrave, Dict.) Assagir, verbe. Rendre sage, raisonnable; devenir sage, raisonnable. [Voy. Ashagirsexent.) Dans une fligniUcation analogue h celle du verbe latin sagire, bien sentir, l'adjectif sage, très-ancien dans notre langue, désigne un homme qui goûte bien les choses, qui les sent et les connoît bien, un homme que le goût, le bon sens guide dans la con- Doissance raisonnée de ce qui est bon ou mauvais, au moral comme au physique. (Voy. Sagr.) C'est en ce sens que le verbe assagir signifloit rendre sage, raisonnable. • Il nous faut abeslir pour nous a3sa- ■ gir, > {Essais de Montaigne, T. II. p. 288.) . Les ■ conditions de la vieillesse ne m'advertissent qjie ■ trop, m'assagissent et me preschcnt. De l'excez ■ de la gayeté, je suis tombé en celui de la sévé- . rite ; etc. - (Id. ibid, T. 111, p. 95 et 96.) Robes de vair, ne da gris, n'ont puissance lyanixgir nul : mais puisque le sens as, De robes vestus, pour ce ne le perdras. Eut. Ducta. PoM. US&. p. W. col. 4. Son douli parler m'aaiagiitoit Par le bien qui de lui issoil. Pota. do G. l(Mh»l, MS. loi. 181, V- toi. t. Dans les vers suivans, il sembleroit qu'assainir une jeune innocente, c'étoitlui donner de l'esprit, dans le sens de certain conte de Lafontaine. Je senc jà que ton coer y tent. Car je Toi U coulour rougir ; liés un peu te voeil astagir. FraiiHrt. Pdô. SI38. h\. 3Ï, «t. I. Ce verbe est réciproque dans le passage suivant : ■ Qui ne remue son esprit, il s'ènrouilleet demeure • aot : et de tout il doit.... prendre advis et conseil, ■ tant sur le passé pour ressentir les fautes qu'il a AS faict, que pour l'advenir afin de se reigler et s'assagir. • (Sagesse de Charron, p. 539 et 540.) 11 étoit neutre, lorsqu'on disoit : • Vieillir n'est pas assagir , n'y quiter les vices ; mais seulement les changer, et en pires. » (Sagesse de Charron, >. 158.) Assaglssement, subst. masc. Action de rendre sage, raisonnable. On a dit : ■ L'affinement des ' esprits n'est pas Vassagissement. > (Sagesse de Charron, p. ilO. — Voy. Assagir.) Assai, subst. masc. Mesure d'essai. Dégustation, essai. Epreuve, connoissance. On voit qu'Essai n'est pas moins ancien dans noti'e langue qu'Assat; en latin barbare Assagium, Essaium et pr(ibablement Exagium, lorsque ce der- nier mot signifioit figurément, comme Essef et Essief dans les coutumes d'Anjou et du Maine, mesure d'essai, mesure publique servant à essayer, à éprouver, à connoitre si les mesures particulières sont telles que le prescrit la Coutume ou la Loi. (Voy. Du Cange. Gloss. lat. T. III, au mot Exagium, col. 196. — Id. ibid aux mots Essaium et Essayiim, col. 158. — D. Carpentier, Suppl. Gloss. latin de Du Cange, au mot Assagium, col. 330.) • Ont.... ( Movens justiciers droit de bailler mesures à blé ■ et a vin, du patron et essief du Seigneur dont ils ■ tiennent leur Justice. • (Coût. d'Anjou, au Coût, gén. T. II, p. 6i.) ■ Vessief, ou esse/ comme on lit • dans la coutume du Maine (ibid. p. 112,) est le • patron sur lequel on règle et on essaye les autres t mesures. • (Voy. Laurière, Closs. du Dr. fr.) C'est une acception particulière à Essefo» Essief, que l'on regarde comme une altération d'Essai ou Assai, qui dans le sens propre de l'Italien Assaggio, signifie dégustation ; par métonymie essai, appreste de pain , ou tranche de pain préparée pour faire la dégustation, l'épreuve des viandes servies :i la table des Rois. (Voy. Nicot, Dict. — Dict. de Trévoux.) L'Essai, la dégustation qu'aujourd'hui l'on fait des viandes et du vin devant le Roi, se faisoit ancien- nement -ez cours etmaisonsdeRoys, Ducs, Princes . et de leurs femmes. On goûtoit, on faisoit Vessay - des épices, l'essoy à la coupe, des essays tout • tranchez de pain, pour faire la crédence à chacun < plaide vianae.... posé sur la table. Il eût été ridi- ■ cule ez maisons de plus bas degré, de faire essay, « crédence de vin, ne des viandes. Q'oy. Honneurs de la Cour, us. p. 49, 72 et 76.) On a remar-qué comme une preuve singulière de confiance récipro- que, que l'Archiduc Maximilien étant venu en 1501, voir Louis XU ù Blois : ■ eulxdeux, plusieurs • fois l'un devant l'autre, beurent à table et maii- • gèrent ensemble et sans essay. ■ (J. d'Auton, annal, de Louis XU, an 1499-1501, p. 323.) En essayant les personnes et les choses, en les goûtant, on en éprouve les qualités bonnes ou mauvaises, on les connoit. De là. Essai ou Assat, par extension de l'idée d'épreuve, de connoissance faite et acquise par le goût, aura signifié toute AS — 225 — AS espèce â*épreuve, de connoissance physique et morale, faite et acquise par les sens en général; même par le sentiment bien ou mal raisonné qui natt des sensations par lesquelles l'âme est affectée. Nous convient envoyer devant Gens saiges et de grant esaay. Eust. Descfa. Poet. MSS. p. M4, eol. %. Ses sorceries, ses assah  fiait par li et ses carais (1). Siëge de Troye. MS. du R. n* 0967. fol. 146. V col. 3. On disoit que Ton étoit à Yassaiy en l'essai d'une chose qu*on éprouvoit pour connoître si elle étoit raisonnable et possible. (Prison d'amour, ms. de Turin, fol. 17, R* col. 2, etc.) : Bien le sai ; Car jou ai esté à Vasaai. Hist. de Job. MS. de Gaignst, fol. 174, R* col. 9. Hom, dont venis, ou es, dit ai. Où iras-tu ? Car je ne sai Se tu gaaignes, ou se tu pers. Garde-toi, tu es en Vassai : Si com tu veux, mal ou bien fai ; Tu auras chou que tu désers. Miserere, MS. deN. D. strophe xvi. Pitié dort et raison larmoyé ; Convoitise est en son esaay. East. Deecfa. Po«s. HSS. p. 410, col. 4. Probablement, c'est dans le sens d'épreuve physique et morale, que l'on a dit : Dame on connott à Vasai, Ane. Poës. €r. MS. du Vatican, n* 1490, fol. 75. R* col. 8. ... Je la truis tant doucete et de bon assai. Et de vilanie nete, que jà ne m'en partirai. Gbans. fir. MS. de Bouhkr, fol. 483. V*. Un amant qui se plaint des épreuves auxquelles on met sa constance, dit : Por vos soffrerai ; Mais trop sunt grief vostre essai. Ane. jPoet. Fr. MSS. avant 4300, T. I, p. 478. On faisoit une chose sans assai, lorsqu'on la fai- soit sans nécessité d'éprouver sa force, peut-être sans éprouver de résistance. S'adrecierent parmi Rousie ; Si l'ont çraée (2) et deiroisie, Et ne sai quante autre cité Dont pas ne me sont recordô Li non, ne recorder ne sai : Mais moult destruisent sans asai. Ph. Mouakes, M8. p. 883. Les Joutes auiiquelleslesEcuyers éprouvoient les uns contre les autres leur force et leur adresse, la veille des tournois, étoienl des essais ou éprouves. {Voy. Mém. sur l'anc. Chevalerie, tom. I, pag. 33.) C'est en parlant de ces épreuves ou essais que l'on a dit : Amours trouva premier haulx instrumens, Chansons, dances, festes, esbatemens, Joustes, essaiz, bouhors et toumoyemens. Poës. d'Alain Ghartier, p. 566. Enfin, c' étoit sans doute avec les mesures de l'espèce de celles que par métonymie désignoit essef ou essief^ qu'on faisoit Yassay^ l'essai, l'épreuve des mesures particulières. « A faire « Vassal/ des poids et mesures, ly menstraulx doi- « vent avoir de chascune ayme(3^undenir. » (D. Car- pentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Cange, au mot Assa0ium; tit. de 1355. — Voy. Assaiement.) VARIANTES I ASSAI. Ane. Poêt. fr. MSS. avant 1300, T. lU, p. 1048. Asai. Ph. Mouskes, MS. p. 823. AssAY. Percef. Vol. V, fol. 112, R« col. 1. EsAi. Chanson du O* Thibaut, MS. p. 99. Essai. Orth. subsist. Poës. d'Alain Ghartier, p. 566. EssAT. Eust. Desch. Poës. MSS. p. 414, col. 2. Essef. Coût, du Maine, au Coût. gén. T. II, p. 122. EssiEF. Coût. d'Anjou, ibid. p. 64. Assaiement, subst, masc. Action d'essayer. (Voy. AssAi et Assagir.) L'action d'éprouver si une chose est possible. « Sis conseaus et son ossar^ment « fu trové vains. » (Livres des Machabées, ms. des Cordel. fol. 169.) « Après plusieurs assauts et « essayements d'avoir la place, etc. » (Juvenal des Ursins, Hist. de Charles VI, pag. 163. — Voy. Assai et ASSAIER.) VARIANTES .' l ASSAIEMENT. L. des Machabées, MS. des Cordel. fol. 169. EssAiEMENT. Anc.Poêt. Fr. MS. av. 1300, T. II, p. 634. EssAYEMENT. Juvenal des Ursins, Hist. de Ch. vl, p. 163. Assaier, verbe. Goûter, éprouver, connottre. Rendre sensible à un goût amoureux, à un goût raisonnable. On observera qu'en Latin barbare, assaiare^ en françois essayer, étoit le même que assaghare. (Voy. Du Cange, Gloss. lai. tom. I, col. 766. — D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Cange, tom. I, col. 330.) C'est probablement ainsi qu'assa;er étoit le même qu*assaier. On croit que la signification propre i'assajer^ assaier^ essaier^ est celle de l'Italien assaggiare; que par extension de cette signification encore usitée, lorsqu'on dit essayer d'une chose pour y goûter, l'éprouver, la connoître en la goûtant, ce verbe aura désigné toute espèce d'épreuve, de connoissance qui peut être acquise par les sensations, et par la réflexion sur ces mêmes sensations. « Cum il out l'aspée « ceinte alad e asaiad s*il se peust cumbattre, si « armez. » (Livres des Rois, us. des Cordel. fol. 23.) La Dame connut bien le ploi. Ses cuers estoit en grant esfroi ; Car volentiers i asaiast, S'ele peut et ele ossast. Fabl. MS. du R. n* 7980. fol 53, V col 4. Je ne eai rien de tel ahan, Ne ne Vassaierai avan. Ibid. fol. 61. V* col. 2. S'un seul jour vos soullas cusaiote, Puis m*en degetissiés en Vautre jor, Lors m'averiés doublée ma dolour. Ane. Poêt. fr. IISS. ar. 1300. T. 11. p. 806. Bien ont amors asaié Se J'ai loiaument amé. Ane. PoCt. Fr. MSS. avant 1800. T. 111, p. 1170. Cil qui à giUer s*avoie, Vait une et autre asaiant : A chascune fait semblant Que por li morir se doie. Id. ibid. p. 1051. (1) SortUége ; voir Du Cange à Caraula ; Vorigine est sans doute hébraïque : gara^ lire. (n. e.) — En latin pïxedata , piuée. (N. s.) — (3) Mesure. II. 29 AS - 3 UooU est uuTBJe Ia rneBchine qu'il n otojre. A« Dames hit muer congé Se il s'an poine. Filil, 113. de Brm, n- 3U, M. 131, V- «oL t. 11 est évident qu'en ces vers, asajer est de même signification que asaier, éprouver une femme, la connoitre, peut-être la rendre sensible à un goût amoureux. On soupçonne que, dans un sens relatif à celui à'assagir, le verbe assatier a signifié rendre sensible à un goût raisonnable. !S requestes honteua. Si je fai bien, si m'en paiièa ; Si je ftti mai, si Bï'a$saiii». froinm, Poâ. USS. p. », ggl. f. ASSAIER. Ane. Poët. fr. MSS.aT. 1300, T. U, p. «80. AsAixR. Livres dee Rois, MS. des Cord. toi. @, R<>col.1. AeAjER. Fabl. US. deBerne. n-'SSt. rol.l31,V opposées. • (Henestrier , des tournois, etc. p. 194. — Voy. âssailleur.) Assailler, verbe. Assaillir: Le prétérit assail' lièrent dans Villehardouin, ubt supra, prouve sans doute que l'on a dit assaillier comme assaiUer. ■ Parce que.... les avoient assaillen et trouvez ■ d'assez meschante deffence, se férirent, etc. ■ (Monstrelet, vol. Il, fol. 46. — Voy. Assaur.) fABUHTEB : Assailleur, subst. maac. Assaillant. Dans la signitlcatioû relative à l'ancien usage des combats en champ clos, le roi Franf^isI", parlant au héraut de l'Empereur de Charles-Quint, dit : ' - Héraut, ■ porte-tu ta seureté du camp tetle qu'un assail- ■ leur, comme est ton maistre, doit bailler à un ■ defTendeur, tel comme je suis. > (Gage de bataille de François I" et de Charles V, fol. M. — Voy. Assaillant et Assailu.) Assailli, participe. La signification propre et figurée de notre proverbe: ■ bien attaqué, bien défendu, ■ tient sans doute à l'idée que l'ancien spec- tacle des combats en champ clos et des tournois avoit rendu si familière à nos ancêtres, que rien n'étoit dIus commun que ce proverbe: ■ bien • déTenoii, bien oisailli ; bien aasailli, bien défendu 6- AS ■ ou bien soutenu. ■ (Eusl. Descb. poës. ns. pag. 366. — Poës. de Charles doc d'Orléans, >8. dn h. pag. 68. — Id. ibid. pag. 69. — Poës. d'Alain Chartier, pag. 785. — Coquillart, pag. 123, etc.) • Le Roi Tist débattre ces matières devant luy Bien assailly, bien defTendu. > (Le Jouvencel, he. page 451.) Très fort tous avei combata. Et j'av mon yieillart bien tenu- C'eat beau débat que de deux bons ; Bien at$ailly, bien deffendn. Chmi al déint d'Anoiin. p. SIS *l (10. On disoit aussi proverbialement : > homme « assailli, à demi vaincu. * (Cotgrave, Dict. — Voyez AssALiB.) Assal, subst. inasc. Assaut, attaque. Cette orthographe assaut n'est pas moins ancienne dans notre Langue, que celles à'assau et asaut formées â'asalt et assal par le changement si ordinaire de al en au. Si l'on a dit proverbialement - qu'homme • assailli étoit à demi vaincu, c'est qu'on est eu ■ lieux et si souldainement prins aucunes fois que . en l'estat en quoy on se trouve, il se fault def- ■ feudre. > Aussi disoit-on qu'assaillir, avoir l'as- saut, comme on lit dans le Jouvencel, ns. étoit un avantage ; et que par cette raison ■ il falloit fuir un > assaut de cent fieues et chercher une bataille de • cent. ' (Discours polit, et milit. de la Noue, pag. 303. — Le Jouvencel, us. page 491. — Voyez Assailli.) On a iait l'éloge du chevalier Bayard, en disant qu'il avoit ■ assaull de lévrier, deffense de san- • glier, et fuite de loup : trois qualités essentielles > a l'homme de guerre, qui doit assaillir aussi har- > dimeot que fait un bon lévrier : s'il est pressé de ■ combattre, imiter le sanglier, et s'acculer contre ■ maison, baye, fossé ou buisson et là soustenir ■ Yassaut, en advisant de grande hardiesse à pas- > ser à travers les assaiilansj comme le loup, > garder l'haleine de luy ou de son cheval, dans le ■ cas de possibilité d'une retraite. ■(Voy. Du Pouil- leux, Vén. fol. ii7. — Hist. du Ch" Bayard, p. 4M.) Dans une signification relative à celle û'assalir, attaquer, en général, on a dit : ■ L'en fait suite < à'astaut et de paix brisée en diverses manières, € selon la diversité des lieux ; car l'on suild'oMau/; > de cbarue, â'assauU de chemin, d'assault de > maison, â'assault de champ, etc. ■ (Ane. Coul. de Normandie, chap. 75, fol. %, citée par Du Cange, Gloss. lat. 1. 1, col. 161. — Voy. Assalir.) TARIAHTW: assal. Siège da Tror». IIS. du R. d< 6887, toi. 107. AissAus (pwr.) Poëme de U Hort, HS. du R. strophe m. AsALa. VitlAûdoilin, p. 99. AaALT. Loix Nonn. art. xxx. Abaut. VUlehardovln, MS. da R. p. 114. AssAULT. Le Jouvenoel, HS. p- «n, ato. A&SAus (plur.) Poëme de la Mort, HS. dn R. strophe zn. AssAX (plur.) SItee de Troje, MS. du R. fol. 107. ESSAUT. Ane. Polt. tt. MSS. avant 1300, T. I, p. S8. AssALm.) L'action d'assaillir l'ennemi dans ses ra- tranchemens, dans son camp, en faisant une swUt : AS 227 =. AS « Si vindrent.... devant Archadicole, si commen- « cèrent Tâssau grant ; et il se deffendirent mult « bien. Si ouvrirent lor portes; si fisrent une « assaillie mult fort grant. » (Villehardouin, us. du R. page 124.) L'action d'assaillir Tennemi dans une Place, en y donnant l'assaut. Puis le Conte Dunoys nng jour, Et les gens de sa compaignie, S*en tirèrent devant Harcourt, Guidant Favoir par (issaillie. Viga.de Chartes Vn. p. U. VARIANTES : ASSALIE. Siège de Troye. MS. du R. n» 6987, fol. 88. Assaillie. VigU. de Charles VII, part, ii, p. 44. Assalir, verbe. Saillir. Assaillir, atteindre, atta- quer, surprendre, presser, agiter, inquiéter. Elever, exalter. Les orthographes assaudre et assauter (1) ne diffè- rent entre elles que par la transposition de la Toyelle e, et par la substitution de d à ^ lettres de même organe. Elles ont donc la même origine ; et cette origine est le changement de al en aw, comme lorsqu'à l'indicatif présent du verbe assalir ou as- saillir, on disoit Vassaus, tu assatis , il assaut ou assaute, (Voy. Fabl. us. du R. n- 7218, fol. 302. — Rom. d'Alexandre, cité par D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot assaldare, — Villon, p. 101, etc. — Dict. de Trévoux.) De là le verbe assauter ou assaulter, le même qu'assaillir. Dans la signification de saillir, verbe qui signifie l'accouplement de quelques animaux, on a dit : Mayne la jument sans deCTaulle, Et lay que mes chevaulx Vassaulte. Eu8t. Desch. Po6ft. IISS. p. 48&, ool. S. .... Si dit-on communément Que s'un homme a une jument, Que quelqu'estalon qui VtMsaUle, Que droit li est acquis sans faille, etc. Id. ibid. p. 568, col. 8. Il est évident que le verbe assaillir^ assauter ou assaudre f formé de la préposition à réunie au verbe simple saillir, en latin satire, signifle toute idée relative à l'action de sauter, faire un mouve- ment par lequel on se hausse, par lequel on se met à la hauteur de l'objet qu'on veut attaquer, atteindre. li vUains à l'esquiele prise, n apoia à un postel, Et uent en sa main un coutel Ke le bacon veut asalir, Fabl. MS. du R. n* 7969. fol. 91. R* eul. i. C'est particulièrement dans un sens relatif à l'idée de sauter, faire un mouvement par lequel on s'élève à certaine hauteur, que l'on a dit assaillir une Cité, une Tour, un Château, y assaillir, pour y donner Tassant. « Uns estores de Sarrasins vinrent par « mer ; si asalirent au castel , si le prirent par « force. » {Fabl. us. du R. n* 7989, fol. 79. — Voy. Rom. de Perceval, ms. de Berne, n* 354, fol. 258.) « Yiotjesq'àla cited Rabba ; si Yassaillid, si la « prist. » (Livres des Rois, ms. des Cordel. fol. 55:) « Ainçois que Salahadin asausist la cité de Jerusa- « lem, manda à ceux de dens, qu'il li rendissent. » (Martene, Ampl. coll. T. V, contin. de G. de Tyr, col. 613.) « L'un parloit de Tassiéger, et l'autre de « Yassaillir, » (Hist. de B. du Guesclin, nar Ménard, Ç. 430. — Id. ibid. p. 5i6. — Mém. de Villeroy, . IV, p. 2, etc.) Àl castel vindrent, si Vasaîent; Mais fors estoit ; au prendre falent. Fabl. MS. du R. n- 7989. fol. 5^, R* col. i. On a comparé une femme vertueuse à un Château fort, à un Donjon que les Amans ordinaires n'osent assaillir, attaquer. . . . . Li félon desloial parçonnier Qui font samblant d'amer par traïson, Nasauront jà fort castel, ne donjon; Car n'ont pas cuer de nului gerroier U ne puissent entrer à abandon. Ane. Poet. fir. MS. du Vatic. n* 4490. fol. 56. R* col. 1. En assaillant quelqu'un, en sautant sur lui , on l'attaque à Timproviste , on le surprend , on le presse avec avantage, on l'agite et l'inquiète. Delà, ce verbe assaillir^ assauter ou assaudre, a signifié par extension, soit au propre, soit au figuré: i* attaquer à main armée : « Ses bons n'est pas « tenu à li aider à autrui assaudre hors de ses « fiés, etc. » (Coût, de Beauvoisis, ms. ch. ii, p. 7.) 2* Attaquer en justice , lorsqu'on disoit assaillir de plet : « Quant femme plaide, ou est assaillie de < plait, elle puet bien essonier sans jour, se elle < est grosse ; etc. » (Coût, de Beauvoisis, ms. chap. m. — Voy. Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis.) 3" Attaquer à l'improviste , surprendre : « Si « pensa que el samedi Vessaudroit, et li Jui qui od « lui aloient por errer. » (Livres des Machabées, MS. des Cordel. fol. 193, V col. 2.) Anemis qui les bons assaute, Ot fet à m'ame geter faute Dont mors estoie. Fabl. MS. du R. a* 7218, fol. 309, R* col. 2. Jà ne gardera Feure que la mort Vasaudra ; Car poor de bien faire plainement te faudra. Fabl. MS. du R. n* 7615. fol. 142. R* col. t. 4* Attaquer, presser afin d'obtenir l'effet d'une demande : .... Trestoz li fromanz failU ; Et la Dame l'a asailli Por viande à son porcelet. Fabl. MS. dt BeriM, n* 354. fol. 65. V eol. 1 . 5* Attaquer, agiter le corps et l'esprit, inquiéter. « Li malignes Esperiz le Rei Saul plusurs feiz « assaillid e traveillout. » (Livres des Rois, ms. des CordeL fol. 21, R* col. 2.) Savez qui Vassailloit forment : Ce qu'il ne véoit tour coument Sa chose en mauvais point ne soit. Cléomtdës. MS. de Gaignat, fol. 27, V* col. 2. Enfin, une preuve évidente de la signification (1) Assalir vient de adsalire. avec Vi long de la cniatrième conjugaison ; assaudre vient de adsalere, avec r<; bref de du fréQnientatif adsaltare ; u est à remarquer que la première conjugaison a seule conservé la troisième; assauter vient du fré^entatif adsaltare ; û est à remarquer que la première conjugaison a seule conservé son domaine ; les autres se mêlent au moyen<^kg8 et ne sont plus mûntenant d*aucun usage : tous les verbes nouveaux sont de la première conjugaison, (n. k.) AS AS primitire i* assaillir [i), c'est qu'on a dit « s' assaillir « en haut lieu » pour s'y élever, comme on s'élève en sautant ; assauter, pour exalter, élever. De mon fin cuer me vient à gran^ merveUe Ki de moi est, et si me veult occire ; K'à assiant en si houet leu Veasaille, Dont ma dolor n'oseroie pais dire. Cbans. Fr. MS. de Berne, n* 389, péri, n, fol. 6, V*. VaiUance la renommée, Sera de moy honorée, Et loyauté confortée : Le bienfait asaauterai. But. Detcli. Poto. MSS. p. 901, éd. S. (Voy. AssALiE et Assal.) Peut-être faut-il lire ossau- cerai pour assauterai dans la dernière citation ? Alors ce seroit, comme assattciery une variation d'orthographe i'essaucer, essaiLciery etc. » (Voyez AsSAUaER.) GONJUG. Aceut^ indic. prés. Assaille. (D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Assaldare.) Asalu, part. Assailli. (Anseis, us. fol. 20, R*col. 1.) Asatidra^ ind. fut. Assaillira. (Fabl. us. du R.) Asauraj ind. fut. Assaillira. (P. d'Esope, ms. du R.) Asauroit^ subj. imp. Assailliroit. (F. ms. du R.) Asausisty subj. imp. Assaillît. (Ghr. d'Outremer.] AêsalomeSy imp. Assaillons. (Rom.de Blancandin. Assalrons, ind. fut. Assaillirons. (R. d'Alexandre.^ Assasirent, ind. prêt. Assaillirent. (R. de Flor^.) Assaudroit^ subj. imp. Assailliroit. (D. Garpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Assaldare.) Assauldra^ ind. fut. Assaillira. (Le Jouvencel.) AssatUdroit^ sub. imp. Assailliroit. (R. de la Rose.) Assauras, ind. fut. Assailliras. (G. de Roussillon.) Assaut, ind. prés. Assaille. (Rom. d'Alexandre.) Essaudroit, sub. imp. Assailliroit. (L. desHachao.) VARIANTES : ÂSSâLIR. Triomphe des ix Preux, p. 542, col. 1. AçAUDRE. D. Carpentier, S. Gl. 1. de D. G. T. IV, col. 6. AcBUDRE. Id. ibia. col. 7. AsALiR. Fabl. MS. du R. n» 7969, fol. 54 et 79, R« col. 1. AsALLiR. Athis, MS. fol. 78, V* col. 1. AsARDRE. Borel, Dict. AsAUDHE. D. Garpentier, S. Gl. L de D. C. T. IV, col. 49. Assaillir. Livres des Rois, MS. des Gordel. foL 31. AssAUDRE. Coût, de Beauvoisis, MS. chap.ii, p. 47. AssAULTER. Eust. Desch. Poês. MSS. p. 69, col. 3. AssAUTKR. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. S02, R» coL 2. EssAiLLB. Chans. fr. MS. de Berne, part, n, fol. 01. V*. EssALTRE. Livres des Lois, MS. des Cordel. fol. 120, V*. EssoiLLiR. Chans. fr. MS. de Berne, port, n, foL 111, V*. AssarteVf verbe. Essarter. En latin barbare, assartare; variation de l'orthographe Exartare. (Voyez Du Gange, Gloss. lat. T. III , col. 204. — M. Court de Grebelin, Dict. Etym. de la Lang. fr. col. 436.) « Soitenquis le boys combien dies- « eu ne acre vault par an pour tenir à boscage , ou « pour assarter, ou pour curtiver. » (Britton des Loix d'Angleterre, fol. 184, V«. — Voy. Essart.) Assasié, participe. Ensemencé, fertilisé, fertile. Satisfait, fortuné, heureux. (Voy. Assasier.) Dans la supposition qu'entre l'adverbe latin satis et le substantif pluriel sata, il existe une an; telle que l'indique H. Gourt de Gebelin (Dict. < de la Lang fr. col. %6), il sembleroit naturel raison de cette même analogie, le participe m àonisatis (2), en françois assez, est Torigine, eût fié dans le sens propre, ensemencé, fertilisé, fi Une valée Qui moult est riche et assasée, Rom. de Brat, MS. fol. 30, R* col. t. De là, par comparaison de l'homme agricole, fait de la jouissance d*un champ fertile, l'homme que satisfait ou doit satisfaire la jouis d'une fortune, la jouissance d'un bonheur pb) ou moral, on auroit encore pu dire : Un riches hom moult asazez^ Menoit assez près de lor mez. Fabl. MS. de Berne, n* 354, fol. 116, R* ooL ! Uns haus hom Tôt fet fere manans et assasiez. Fabl. MS. du R. n* 7218, fol. 3U. V m Tuit sont riche et asessei. Ghâin. fr. MS. de Berne, n* 389. pari, n, fol. 414, B Me fais-jo liez quant plus sui d*ire espris ; Et por ce chant qu'à chascun soit avis Que j'aie en moi aucune bone estance ; Que noms aasaiiez recuevre plus d'amis. Ane. Poét. fr MSâ avant 1300, T. I, p. 18 Ensi me plaist, cornent k'il m'en avaigne : Par tel raixon seux poures asezeis, Quant ceu me plaist dont je seux plux greveis. Cbans. fr. MS. de Berne, n* 389, part, i, foL 105, VARIANTES : ASSASIË. Fabl. MS. du R. n« 7218, fol. 344, V» col. 3. ÂCEZEis. Gh. f^. MS. de Berne, n» 389, part, i, fol. 10 ASASÉ. Siège de Troye, MS. du R. n» 6967, fol. 109, H AsAZEZ. Fabl. MS. de Berne, n« 354. fol. 116, R» col. AsEissEi. Ch. fr. MS. de Berne, b9 389, peirt. ii, fol. * AsEZEis. Ibid. part, i, fol. 105, R«. AssAsé. Rom. de Brut, MS. fol. 30, Ro col. 2. AssAZÉ. Floire et Blancheflor, MS. de S« Germ. fol. 9 AssAZiÉ. Ane. Poêt. fr. MSS. avant 1300, T. I, p. 189. Assasier» verbe. Satisfaire, fournir, rass (Voy. AssAsiÉ.) En fertilisant la Terre, en Ten» çant, on la prépare à satisfaire, à fournir aux \h de la vie. De la, on aura dit d*une terre qui pi les choses essentielles à la satisfaction de ces a besoins, qui en est fournie, qu'elle étoit assas La tère trueve riche, assaaée, et plentie De moult boine viande et de grant manantie. Rom. d'Alexandre, MS. du R. n*G9S7. fol. 171, R* ool. 1 Qu*un homme fût fourni des biens de la for tellement qu'il dût ou crût devoir en être sat on disoit figu rément qu'il en étoit assasié. Riches bons iert, et asasez D'or, et d'avoir, et de deniers. Hbt. de la fête de la Conception. MS. de la Clayette, p. 466, ool De grant avoir est assasez. Fabl. MS. duR. n* 7218. fol. 233. R* ool. 1. Est et beaus et preus assez, S*il est riches et aasaséa. Ane Poet. fr. MSS. avant 1300, T. III, p. 1S71. On désignoit même la satisfaction d*étre fo doué des qualités de l'esprit et du cœur, en dii Douce dame, bien sai de voir Ke ki de vos veult estre ameis, (1) Le mot se trouve déjà dans la Chanson de Roland dana le sens de sauter : c Son corps demene, moult fler< MoM, » et dans celui d'assaillir: c Nous asaldrum Olivier et Rolant. > (▼. 739 - v. 947) (n. b.) - (â) Ou plutôt adsatiata. • AS -3 T1 U ooTÎent en li aToir Fin cuer 6t bone volenteit ; GarniB en aeuz et luezei*. Cbuu. b. US. ^ Btrna. n- S89,pwt. m. M. 10. R> On as9a$ioit un désir, une passion, l'oa s'en assatioit, od s'en faisoit assasié, lorsqu'on les satls- faisoit, lorsqu'on Tournissoil le moyen d'ylsâlisfaire. Qnl donc vooaist hennins et pailes d'Oriant, G. GoiBt, MS. fol. 80, R-. Nns roloira n'lï. TABIANTES : ASSASIER. Fabl. US. du R. n' 7218, fol. 3W. A8A9KR. Siège de Troye, US. du R. n» 6967, fol. »f . Â3AS1EB. Ane. Poës. fr. MS. du Vatican, a» 1490. fol. U. AsAZKR. Ane. Poët. fr. HSE. avant 1300, T. I, p. 334. i. Cbans. fr. US. de Berne, part, m, fol. 10, R°. ~R. Bible en franc. MS. du R, Deut. chap. viii,t. 10. __i, Rom. d'Al. US. du R. n'a987, fol. 171, R« col. î. ASSAZER. Guit. de Sasa. US. de Gaig. fol. 2U, V« col. 1. AzAsesit. Daacript. et plais, des Rellg. US. de N. D. fnL 344. Hasaziibr. Pli. Houskes, US. p. 91. AssRsonneT, verbe. Mûrir; préparer. 11 semble que la signification de notre verbe assaisonner, pré- parer une viande ou autre chose à manger, soit relative) à l'idée des saisons (1) qui préparent la matu- rité des fruib de la terre ; maturité sans laquelle ils manquent de cette saveur naturelle à laquelle on aura comparé celle que l'on donne aux choses à manger, en les assaisonnaat. On a dit, en parlant de blé non mûri, qu'il n'étoit point assaisonné. ■ Comme ilz se feussent assemblez pour cueillir et ■ amasser le blé qui estoit au dedenz d'icellui ■ cbamp, combien que icellui blé nefeustmie pour • lors attempresé, ne assaissotmé; etc. * (D. Car- pentier, ubi supra; tit. de 1407.) En regardant le Printemps, comme la saison qui '- AS prépare notre Ame au sentiment de la'joie et des plus douces jouissances, on disoit : Quant oaiet la Qour en la prée, Que l'erbete et la rousée Contre le SoUail resplont ; Lors doit joie estre menée De la gent qui d'Amors ont grant talent. Quant la seiion est tocnée En rejevenissement. Et est joie assasonnée A ceus qui maintiennent jovent ; Endroit moi noméement, N'ert ele jà oubliée ; Car ne af "' "'-" ■ liids. MS. dg Bo^ilar. fol. 47, R', sol. t. VABIAKTES : ASSASONNER. Ch. fr. du XDf siècle, US. de BouH. fol 47. A8SAi990NNEn. D. C S. Gl. Ut. de D. C. au m. tuaaxonart. Assassin, subst. masc. Assassinat. Dans les langues Orientales, Assassin signifloit ce qu'en notre Langue il signifie encore aujourd'hui. (Voy. Assassins.) Il parolt qu'au xvi* siècle l'usage n'en éloit point familier; qu'il étoit nouveau môme pour les Savaos qui sans doute l'introduisirent {2). • Depuis > que la France, disoit Henri Etienne, (liv. I, p. 263, ■ de l'Apologie pour Hérodote,) a eu appris le style • d'Italie en matière de tuerie, il a fallu trouver • des termes nouveaux pour la nouvelle meschan- ■ ceté; ■ et l'un de ces nouveaux termes étoit celui d'iss/usin, qu'on ne trouve point dans Rob. Es- tienne. Dict. C'est par oubli de la vraie signification d'./lssa5Sin, que dans le sens d'assassinat, l'action d'un assassin, l'on a dit : • Qui jettera l'œil sur • les meurtres et assassins que les Princes faisoient € faire par leurs favoris, etc. » (Pasquier, Rech. liV. I, p. 21. — Voy. ASSASSINEMENT.) Assasslnateur, subst. masc. Assassin. Du mot Assassinat, meurti'e de guet-apens, meurtre de- l'espèce de celui qui est défini liv. I, chap. mv des Etatilissemens de S' Louis , s'est formé le nom d'As- sassinateur, de même signification que celui d'As- sassin, meurtrier de guetTapens. • Le!) obscures « forests..... réceptacles de brigans et meurtriers^ < taupinières A'Assassinateurs, ofHcines de faulx- ■ monnoyeurs, eto. • (Rabelais liv, HI, p. 13.) On trouve Assassinat et assassinateur dans Cotgrave, Nicot et Monnet, Dict. —Dict. de Trévoux. (Voy. Assassin.) Assasslnement, subst. masc. Assassinat. Du verbe Assassiner. (Voy. Du Bellay, Hém. liv. IX, fol. 247. — Laurière. Gioss. du Dr. Fr. — Cotgrave. Nicot et Monet, Dict^ — Dict. de Trévoux.) Assassineur, subst. masc. Assassin. En disant Assassin pour Assassinat, et Assassineur oour assassin, le Peuple parle comme Pasquier et Henri Estieune, savans du xvi' siècle, où l'on disoit indif- féremment Assassin, ou Assassineur, du verbe Assassiner. ■ A propos i'Assaasineurs et tueurs à (1) Attaiionner est dériva de tationem, action de semer : le premier sens est mettre à point, mettre k la saison. (N. E.) — on Le mot se trouve sous la forme omocî* dans JoinTiUe : l'origine est l'arabe liatchUeh, poudre de feuilles de chanvra. Cett cette poudre que le Vieux de la Uontagne Eàiaalt prendre A ses /eûlaun,- ils avaient des visions, et, dés tors, se croyant prèa dn pandis, ils allient tuei les peraonosgeB ennemis qu'on leur désignât (toIf plus Iota l'article sur la secte), (n. i.) AB - 230 — AS « gages comme estoyent ceux desquels je vien de « parler, etc. » (Apologie pour Hérodote, p. 261. — Voy. Assassin.) Assassins» siibst. masc, plur. Nom de peuple. On croit que pour se former une idée vraie des Assassins, que la Martinière et Moréri ont nommé Assassiniens , comme si Assassin étoit un nom de pays, il faut lire dans le xvn* Volume des Mémoires de Littérature, p. 127 et suiv., une Dissertation de M. de Falconet, pleine d'érudition et de critique, sur Torigine, la religion et les habitations de ce peuple homicide par fanatisme. Les sectateurs d'Ali, partagés en cinq principales sectes, qui, bien que toutes ne reconnussent qu'Ali pour premier Iman après Mahomet, différoient de croyance relativement à la succession de l'Imamat, virent naître au milieu d'eux les Ismaéliens. La haine leur donna le nom A'AssassinSy qu'ils justi- 'fièreut par leurs attentats. Ismaël, fils aîné de Giafar-al-Sadek, le sixième des Imans admis j)ar les Perses, étant mort avant son père, les Ismaéliens, ses sectateurs, prétendirent que les descendans de cet Ismaël avoient succédé à la dignité d'Iman, préférablement à la ligne colla- térale. On vit ces mêmes descendans, vers la fin du troisième siècle de l'hégire, s'emparer de TEgypte, où ils régnèrent près de trois cents ans. Guillaume, Archevêque de Tyr, remontoit sans doute à Tori- Sine de cette secte, lorsqu'en parlant des Assassins e Syrie, dans son Histoire, liv. XX, chap. xxxi, il disoit : « Illi etiam quadringentis annis Saraceno- « rum legem eteorum traditiones tanto zelo colue- « runt, ut omnes alii respectu eorum prœvaricatores « judicarentur. » En datant de la mort de Giafar, {tèred'Ismaël, vers le milieu du second siècle de 'hégire, environ l'an 770 de notre ère, on trouvera Îu'au temps où écrivoit cet Historien, peu après 170, la Religion des Assassins, la même que celle des Ismaéliens, avoit quatre cents ans d'antiquité. Les dogmes principaux de cette Religion étoient la Métempsycose et la descente de l'Esprit-saint dans la personne de leurs Imans, à qui par cette der- nière raison les Ismaéliens croyoient devoir obéir aveuglément, comme à Dieu même ; soit qu'ils les armassent du poignard de la vengeance et de la trahison, soit qu'ils ei^igeassent d'eux le sacrifice effrayant de leur propre vie. Ces dogmes étoient 'Communs à plusieurs autres Enthousiastes, tels que les Dararioun, les Carmathes, etc. Les sectateurs de Kersah, nommé Carmalh, du lieu de sa naissance, croyoient avec l'imposteur Hakem et les Zenadecah, à la Métempsycose et à la •divinité des Imans. Ils ne voyoient dans toutes les -nouvelles observations légales prescrites par leur chef, que le symbole d'une obéissance aveugle. Leur 'domination en Arabie ayant été détruite, ils restè- rent dispersés pendant plus d'un siècle dans la Syrie, dans la Perse et même dans l'Egypte, où ils «e mêlèrent avec les Dararioun et les Ismaéliens, sous la dénomination générale de Batbéniens, c*est- à-dire illuminés; de l'oriental Bathen, science inté- rieure. En effet, les Ismaéliens se nommoient aussi, du moins en Egypte, Bathéniens. Les Bédouins, de qui nous parlerons à leur ordre, sont d'une origine différente. Aussi chercheroit-on inutilement le nom de Bédouins dans le Manuscrit original de Joinville, publié par M. Capperonuier. Quoiqu'il se trouve en trois endroits de l'Histoire de S'-Louis, édition de Du Gange, il n'en est pas moins certain que ce ne fut jamais le nom des Assajssins : « C'est, dit M. Fal- « çonnet, une ignorance de Tinterpolateur de Join- « ville, répétée par Pasquier, Bergeron, par Case- « neuve et autres ; et ce qui est plus dangereux, < par les derniers Dictionnaires, celui de Moréri, « celui de la Martinière, et le Dictionnaire uni- « versel. » Si les Carmathes, réunis en partie aux Ismaéliens d'Egypte, se nommèrent Bathéniens, ce nom ne fut pas moins naturellement celui des Dararioun, secte formée dans le sein même de l'Egypte. Ce fut à la persuasion de Darari, leur chef, que l'Iman des Ismaéliens d'Egypte, le troisième Khalife Fathimite, affecta de se .croire Dieu. Les Dararioun, assez nombreux en Egypte pour que Hamzah, successeur de Darari, tué en l'an 408 de l'hégire, crût devoir en faire passer dans la Syrie, reconnoissoient, ainsi que les Carmathes, les dogmes principaux des Ismaéliens : mais ils admettoient la transfusion des âmes entre les vivans, proscrivoient toute espèce de culte divin et autorisoient Tinceste. Probablement ces sectaires furent persécutés par les Ismaéliens, à la mort du Khalife qui les avoit protégés. Quoi qu'il en soit, ils abandonnèrent l'Egypte, sous la conduite d'Hassan*Sabah. Les Ismaéliens de Perse, les Carmathes et les Dararioun répandus en Asie, s'étant réunis à ceux d'Afrique, leur Chef les établit sur le Gebal de l'Irak persique, dans le Kouhestan de la Perse, c'est-à-dire l'habita- tion de la Montagne. Il jugea sans doute que, haïs partout où ils étoient dispersés, il falloit les ras- sembler dans un pays montueux et presque inac- cessible, d'où ils pussent braver la haine de leurs ennemis. « C'est ainsi, dit M. Falconet, que sur la « fin du Y* siècle de l'hégire, se forma la Dynastie « des Ismaéliens, dont Hassan fut le premier chef ; < homme d'esprit, versé dans la Géométrie, la « Magie et autres Sciences. » Cette Dynastie, qui subsista jusqu'à l'expédition d'Uolagou contre les Ismaéliens ou Assassins de Perse, détruits quelques années après le milieu du VII* siècle de l'hégire et du xui* de notre ère, étant affermie par Hassan-Sabah et ses successeurs, leurs vues politiques s'étendirent aux Dararioun, aux Carmathes et aux Ismaéliens de Svrie. La commu- nication avec ceux de Perse étoit lacile par la voie du Kurdistan. Aussi Thomas Hyde, dans son Histoire des Perses, observe-t-il que le Liban étoit habité par grand nombre de sectaires, Kurdes d'ori- gine. Ces sectaires et autres, tels que les Nossairioun AS -2î )u Nazerini de Pline, répandus dans les environs l'Antioche et d'Apamie, étant réunis tous par quelque conformité de croyance aux dogmes essen- tiels de la religion Ismaélienne, se soumirent sans peîDe à la domination d'un Prince, que le Cardinal Jacques de Vitri (Hisl. Orient, et Occid. liv. I, chap. m), qualifie primus et summus eorum Àbbat. Ils sentirent qu'ils agrandiroient leur existence et la rendroiem plus imposante à leurs persécuteurs, en ne formant qu'un seul et même corps avec les Ismaéliens. les Carma tlies et les Dararioun de Perse. En conséquence, ce Prince des Ismaéliens ou ABsassins de Perse, leur envoya des Vicaires ou Lieutenans, comme l'atteste M. Polo dans son ffistoire, en Italien (T. Il, liv. i, chap. 2.) Lorsque I9 Cardinal Jacques de Vitri, dans son Histoire, liv. m' de l'édition de Martëne, dit que * le primus • et summus Abbas des Assassins de Syrie, étoit le • chef de leur religion superstitieuse, que tous • leurs autres Princes lui étoient soumis et lui > obéissotent, > il semble raisonnable d'en conclure que ces autres Princes étoient les Vicaires ou les Lieulenana du Prince des Assassina de Perse, et qu'ils le regardoient comme leur Souverain. Son nom oriental Scbéikh, éloit de même signification que Senior en Latin barbare. C'est donc par igno- rauce qu'on l'a nommé Senex, Senex de Montanis, comme H. Polo, liv. 1, chap. xstui de son Histoire ; Sexmontius, par corruption de Seitex monlium, comme Haïton, chap. uni de son Histoire orientale. 11 est vraisemblable qu'une révolution insensi- Uë, mais deslfuctive de la souveraineté du Prince des Ismaéliens ou Assassirts de Perse, avoit pré- paré l'indépendance de ses Vicaires ou Lieutenans ea Syrie, avant la ruine totale de leur Dynastie, par Uolagou. Guillaume de Tyr, qui écrivoit plus vun demi-siècle avant celte époque, dit, liv. XX, dtap. XXXI de son Histoire, en parlant des Assassins de Syrie: ■ Hî Magistrun non hoereditarift succes- • sione, sed meritorum prœrogativâ soient eligere, ■ quem Senem vocant. ■ Le témoignage de cet Historien, dans lequ^ H. Falconet a vu une preuve qu'en Syrie le pouvoir du Chef des Assassins éma- noit d'un pouvoir souverain, parolt autoriser notre amtiment sur la possibilité des révolutions qui mbardirent insensiblement les Assassins de Syrie k s'élire un Chef indépendant du Prince des Ismaë- liens ou Assassins de Perse. Les mômes raisons pour lesquelles ces Assassins de Perse avoient fixé leur habitation dansle Konbes- tan, snr le Gebal de l'Irak persique, déterminèrent •ans doute ceux de Syrie a habiter le pays mon- taeux du Liban et de l'Anti-Liban. On a nommé Gebal, le mont Liban, le pays montueux de ces Assassins, en le confondant avec le pays montueux, le Gebal, des assassins de Perse. Probablement, le nom oriental du Prinee de ces mêmes Assassins, (ut aussi celui du Chef des Assassins de Syrie: mais l'ignorance de la vraie signification de Schélkh, fut cause que ce Seieneur de la montagne, en latin Senior mentis, a été nommé comme le Prince des AS Assassins de Perse, • Senex, Senex de Montanis, « Vêtus de Montanis, > en françois, le Vieux de la Montagne. • Si a une manière de Sarrasins que ■ on apele Hassesis. Lor Sire a non li viex de la » Montagne. » (Lelt. du Patriarche de Jérusalem, Ms. de Berne, n° tl3, fol. 175.) Li Vûnis de la Montagne oî Dire que li Hois ert croieiée : Deux sieus Hakesins apiela. Et deux coutiaus si leur bailla. Pour le roi Loeys tuer. Ph. Uonstsa, HS. p. 109. Quoique les attentats de ces Assassins, sur le Marquis de Montferrat, sur les Rois Philippe- Auguste et S' Louis, ne soient peut-être pas aussi réels qu'on le croit sur la foi des HisLoriens suspects à M. Lévôque de la Ravalière (Mémoires de Litté- rature, T. XVI), on ne peut doulerque les Croisades n'aient excité la fureur de leur fanatisme, toujours armé pour la défense d'une Religion plus odieuse f eut- être aux Musulmans qu'aux Chrétiens mêmes. Is aiguisoient sans cesse contre les uns et les autres les poignards dont parle Ph. Mouski^s, sans doute d'après Guillaume de Tyr, qui avoit dit, liv. XXI, chap. xisi de son Histoire: • Si quos habent Princi- • pes odiosos, data uni de suis sica, etc. * Ce même Historien ajoute que les Sarrazins, comme les Chrétiens, les nommoient Assassins, dénomina- tion aussi usitée en Perse qu'en Syrie, puisque M. Polo, parlant d'Alaêddin, le tu* prince de la Dynastie des Ismaéliens de Perse, dit liv. II, chap^ xivin de son Histoire en latin : • Prînceps pessimus < Senex de Montanis.... quosdam sicarios, quos • vulgo Assassinas vocant, sibi adjunxit ; et, per • illos, quoscumque volunl occidunt. ■ Le nom à^Assassin, en Latin barbare Assassinus, de même signification que Sicarius, est donc Orien- tal d'origine. C'étoit probablement l'expression d'un gentiment de baine et d'horreuç pour les attentats d'un Peuple fanatique, de qui le primus et summtis Abbas étoil nommé par les Sarrazins Magister cultellorum, comme le témoigne le Carainal Jacques de Vitri, liv. IH* de son Histoire Orientale et Occidentale, édition de Martëne. On anroit pu désigner de même le Vieux de la Mon- tagne ou le Sire des Hassesis, comme on lit dans la continuation de Guillaume de Tyr, (Ampl. CoUeot. de Martëne, T. V, col. 639,) puisç|ue sa résidence ordinaire étoit sur le mont Assikkin, sur la monta- gne du Couteau ou du Poignard. Lorsqu'on a la preuve qu'en langue Orientale sakin ou sikhin sl^ifie poignard ou couteau ; que le latin cuiter ou sica est la traduction de sikkm; Sue les Assassins, Assesis, Hassesis ou Hakesins^ loient nommés en latin Sicarii, ou Cultelliferi comme dans Mathieu Paris, et leur Souverain Magister Cultellorum, on penche à croire que le nom oriental du poignard ou couteau, dont leurs Princes les armoient pour l'exécutioD de leurs ordres sanguinaires, est une ori|^e assez naturel!* de celui d'^luossm : mais c'est ua penchant dont. AS - 232 — Falconet s'est défié. La vraie étymologie lui S'àroît être celle qu'indique Thomas Hyde, en isaiit: « AssassinU siçniflcat trucidatores, occiso- « res. » Du verbe Arabe Hassa, Chassa^ CMsasa, entr'autres simincalions tuer, vient, dit-il, le par- ticipe actif Cnâsis, au pluriel Hâsisin, Châsisin, Oecidentes, tueurs, Assassins. (Voy. Acgides.) 11 attribue à l'ignorance de nos Auteurs occidentaux, ou à la faute des Copistes, la cause de tant de varia- tions dans l'orthographe du nom des Assassins, ({ue l'on a crus originaires de la secte juive des Esséens ou Esséniens. D'après cette opinion, Ton aura nommé Esséniens les Assassins; d'autant mieux en apparence qu'entre l'une et l'autre secte, il y avoit une ressemblance essentielle de dogmes et même d'observations légales. En effet, la couleur blanche de l'habillement des Esséniens, étoit un point d'observation légale, qui semble avoir été commune à plusieurs sectaires compris sous la dé- nomination d'Assassins, et que Ton appeloit les Vêtus de blanc, les Habillés de blanc. Au reste, ce nom d'Esséniens, comme M. Falconet l'observe, ne ressembloit pas moins à celui ù'Assassitis, que ceux ù'ArsacideSy Assayiites et autres, que diné- rens Auteurs leur ont donnés, suivant diverses idé^ étymologiques également frivoles. Il est très-probable que la puissance des Assassins de Syrie, déjà fortement ébranlée par la destruc- tion des Assassins de Perse, s'afroiblissoit de jour en jour par les efforts mêmes qu'ils faisoient pour la rendre redoutable à leurs ennemis. Le fana- tisme qui les animoit, s'amortissant insensible- ment en proportion de leur foiblesse, on eut moins à craindre de leurs attentats. Le dernier qui soit à notre connoissance, est l'assassinat commis en la personne d'Edouard fils de Henri III, roi d'An- gleterre, dans la ville d'Acre. « Un Hassassis navra « sire Odouart en la chambre. » (Contin. de G. de Tyr, Ampl. Collect. de Marlène, T. V, col. 746.) La blessure de ce Prince, assassiné en 1271 ou 1272, ne fut pas mortelle, puisqu'il succéda à son père, et régna jusqu'en 1307. On ignore s'ils furent cou- pables d'auties attentats religieux et politiques jusqu'en 1280, époque à laquelle Abulféda fixe leur destruction totale, par les Lieutenans de Bibart, w Sultan de la seconde Dynastie des Mamluks. S'il existoil encore des Assassins en Syrie, au commence- ment du XIV siècle, ils y vivoient sans doute errans et vagabonds, et ne formoient plus un Peuple. On sait qu'un des principes les plus actifs du fa- natisme de ce peuple Assassin, etoit l'espoir d'un Paradis où les plaisirs qui flattent le plus délicieu- sement nos sens en cette vie, se renouvelleroient sans cesse avec la faculté de les goûter après la mort, et de toujours les désirer. L'idée de ce Para- dis, etoit la même que celle du paradis de Schédad, ancien Roi de l'Arabie heureuse. « Ce Prince, dit « M. Falconet, voulant persuader ses sujets oi? «^ « divinité qu'il s'attribuoit, imagina de renfermer < dans un jardin tout ce qu'il y avoit de plus « propre à flatter les sens, et y introduisoit, oomlne < dans le vrai Paradis, ceux qu il en jugeoit dignes. > Un profond sommeil, causé par certains breuvages, préparoit leur illusion et la favorisoit. C'est par une illusion semblable, que le Prince des Assasêins les disposoit à braver la mort et même à la désirer, comme le commencement d'un bonheur dont l'avantpgoût les avoit séduits et enchantés (1). VARIANTES ! ASSASSINS. Pasquier, Rech. liv. VIII, p. 689. Arquassins. Mém. de Littérature, T. XVII, p. 165. ÂssAssiNiENS. La Martinière, Dict. Géogr. AssASiNS. Laurière. Gloss. du Dr. fr. AssEsis. Martène, Amp. CoL T. V ; c. de G. de Tjr, c. 796. AuQUASSiNS. Mém. de littérature, T. XVII, p. 165. Hakesins. Ph. Mouskes, p. 709. Hassasis. Mart. Âmp. Col. T. V ; c. de G. de Tyr, c. 746. Hassesis. Id. ibid. coL 639. Haussacis. Annal, du Régne de St Louiaj;>. 206. IlAUSSAsis. Du Gange, Gl. lat. T. I, coL 768, au m. Msaêini. Heissesins. Id. ibid. Assavanter» verbe. Mettre en état de savoir. Rendre savant. Du latin sapiens, participe du verbe sapere, saver en ancien françois; par le changement si ordinaire de p en v, l'on a fait savant; d'où le verbe assavanter^ mettre en état de savoir et de oon- noitre, dans un sens qui n'a rien de relatif aux connoissances et aux goûts qui caractérisent un Savant. « Lesquelz compaignons, pour assavanter « les autres ou ilz estoient, semblablement siffle- « rent. » (D. Garpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Cange, T. III, col. 726; tit. de 1481.) « Quand au- « cun acquiert aucun héritage, ou droit censé et « réputé pour héritage, par contract de vente, « le lignager.... peut.... les attraire à luy par « retraict,.... en offrant payer le sort principal et « loyaux coustemens, luy asçavanté des loyaux « coustemens. » (Coût, de la Rochelle, au Goût, gén. T. Il, p. 640.) « Les débats qui sourdent entre « le mai7 et la femme ont esté de telle conséquence « entre les Athéniens, qu'ils avoient des « Magistrats n'ayans autre chai^ que d'appointer « le mary et la femme, avant que le Peuple fût « asçavanté de leur dissention. > (Bouchot, Serées, liv. 1, p. 98.) Lorsqu'on a la preuve qu'un nombre de mots tels que Sergent, en latin Servieyis, le g est substitué à V, et qu'en nombre d'autres il est changé en c, pro- noncé k ou eh, l'on est tenté de croire que sachant, anciennement écrit sacant, est une altération de savant, en latin sapiens (2). Aussi la signification du verbe assavanter, forme de savant, est-elle relative à celle du participe sachant, dans les citations pré- cédentes . Selon Cotgrave et Oudin , il signifioit également rendre savant, mettrep; a4SL).«*Aâ8ei' ; k pensa;... Bioreain à« celle cbos^,, seavoir mMI^ ^ c s'ellé la diroit a son frère la Roy. • (Lanc. du Lac» T. III, fol. 125.) ^ , En supposant àonci ce cpxh paroll afisea^ vraiéemi^ blable, qui» mon, imitUe'dàns Texpressioif sarvoivf mon-si, comme partfcule intërit>gative; soir une altération de mont, en latin muUwn, on ponrPoU dire qu'en cette môme-expiression, inon est adverlii de quantité;, .et de même sîgniflcalion oue bien da&t; : cetle nouvelle phrase si analogue à 1 ancienne : je . voudrois bien savoir si, etc. Or, cet adverbe Meir a< : signifié et signifie encore la môme chose que beau» coup'Substitué à moU ou moult; sans qu'ont voye». dilla Bruyère, par où beaucoup l'emporte sur luL C'est donc avec assez de vraisemblance qu'en plu^ sieurs façons de parler affirmatives, telles que oe» suis-mon, c'estes-mon, c'est-mori et autres ; Robert Estienne a pensé que ce mon^oit une altération de moult dans la signification de Tadverbe bien ou beaucoup.' (Voy: Id: Gram. Fr.) • Toute femme « varie... C est mon vrayemenl : ne vous en pense£ » pas mocquer: » (Brantôme , D" Gai. T. II, p. 2331) « Il se repentira par ^près dé s'y estre amusé. C^est « mon : mais il s y sera toujours amusé. » (Essais de Montaigne, llv. IIÏ, p. 882.) « Ce seroit trop « grant dommage. Certes, Sires, ce seroit mon. ■ (Lanc du Lac, T. I, fol. 5.) « Certes ouy« dist-elle, « se aymée suis.... Par ma foy, Dame, distOurseau^ < c'estes mon : car autre femme n'ayme au monde « que vous. » (Percef. Vol. IV,. fol. 138.) « Celuy « Roy... luy dit; tu es venu de Tost des Tartarins. «» Sire, fist-il, ce suis mon. » (Joinville, Hist. de S'. Louis, p. 92.) Quand il est prouvé que, non-seulement on a prononcé et écrit mont pour molt ou moult, mais que dans ce» façons de parler affirmatives, mon semble être le même que mant, d'autant plus qu'il y est de même signitlcalion que bien, beaucoup, moult, en latin multùm ; on trouve peu raisonnable la distinction de Nicot entre c'est mon^et c'est mon. Après avoir reconnu dans mont l'adverbe latin multùm, il le méconnoit dans mon, qu'en ce oas il croit être le ^^ des Grecs. (Voy. Nicot, Dict aux mots mott^ et Assavoir^mon (l)) Il est possible que nos Auteurs des xv* et xvr .siècles, flattés d'une idée d'érudition, aient cru parler grec, en disant: « Asçavoir mon des deux, I « si c*est vostre faulteou la nostre. » (Rob. Estienne et Nicot, Dict.) C*est luy, c'est mon, c*est luy qui d'art subtil Fort bien s'aydoit de la plume et oustîl Des Orateurs. Crolio, p. 53. > ' Cependant, ils parloient notre ancienne Langue, comme la parlent encore les Paysans du Berry, de la Bourgogne et de la Champagne, lorsqu'ils disent: c*est mon, assavoir mon; expressions: anciennes et (i) La particule grecque /ucôy, et la particule scandiDave mtin, qu'on a encore proposée, sont dubitatires, interrogatives^ et mùn renforce une amnnation : c Sire, ce sui mon > ; je le suis vraiment. Diez su^i^se que mon vient de mwidè, mont de mundum; de puretnenê^èk certainement la traosiUon est facile. (H. a.) deronues populaires, dans toaquelles on affAotoil de Toir l'interrogatir^ûf et VarOrmatif >m>- des Grées. - Teut-étre voudra-t-on eacore que mon, dans'les ftvases iaterrogattves , soit L'inveraion du latin ■rnumî II semble néanmoins que d'après notre ObierraticHi sur ta possibitUé que ce fnon signifie -^Dtiiine duwe dans asadvoir-mon'Si, non comme SarUonlB interrogative, mais C(»ime adverbe de uantilé, l'on pourroit soupçonner 8?ec nous que, soit qu'on interrose en disant assavoir-mon^i, soit qu'on affirme en disant c'est mon, 11 est de même origiDe et de même signiflcatioD que mont; varia- tton des orttio^aphes mott, moait, mult, en latin muUùm, qu'aujounThui l'on rend en b-ançois par l'adveriw bien ou beaucoup. Au moins ne doulera-t-on pas que ce ne fftt . réellement la ngniflcatioo de mon, lorsqu'on disoit : C'est mon, pour c'est bien ainsi, dans les Poês. de -■ Crétin, p. 68; Agardez mon, itour regardez bien. dans les Contes de Desperiers, T. T, p. 274 ; Ce fait mon, pour je le fais beaucoup, je le fais bien ; Ce cuidemon, pour je le crois bien ; Sçay mon, atlérépeut-étreaanssemon.pourje le sais bien, etc. ■ Meesieors les Médecins, vous en sçavez et bites < de bonnes ; et mesmes vous Monsieur qui en • venez parler comme maistre. Il respondit, en • baissant la teste: Mmon, semon, ouy, ouy, nous ■ en sçavooset en faisons de bonnes. ■ (Brantdme, D" Gai. T. II. p. 54 et 55.] • Mamie, moult avez eu • de pourete depuis que ne vous vis. Helas ! dist la • Dame, sçay-mon. » [Rom. de Galien restauré, cbap. Lxxv.] Ne pOTToit nua, ce cuit mon, mîeuK eelire. Am. fou. Fr. HBS. iml IMO, T. I. ^4M. TTon et T Tore et Stlemon Ooi jou plorer. Voire, ce fos Dton ; Quar il nirent buen Cevelier. 1%. HoHiLku, US. p. IIS. Dit avei Que mon vololr n'I eetrardex. Bien TOi que ce ne ne faites mon. Putim. da BIdLi, H3. ds 3. Gorm. toi. IM, H* rul. 1. Quoiqu'au premier ooup-d'œll l'altération de zeatj'mon , dans temon , paroisse assez vraisembla- ble, il seroit possible que l'expression scay-mon ou tay-mon, comme on lit (Rom. de Mabriant, chajp. xxviii, cité par Ménage, Dicl. étym. T. Il, p. 21 7, col. 2), fût elle-même unealtéralion dese-aiz-mon,' c'est- ft-dire, ai en ai-je bien, si en ai-je beaucoup. • Où « t'en va, Ribaux, lu en as.... S£ atf mon voirepent: • et ailoncquesse partirent » [D. Carpentier, Suppl. Gloss, lat. de Du Gange, T. III, col. 756.) La signifi- cation de scay-mon, dans la citation du Roman de tialien restauré, ubi S((/?ra, est évidemmentla même que celle de se-ay-mon. On pense donc qu'avec ellipse du verbe dans ces phrases, se-ay-mon, ce-faii-mion , ce-cuide-mon , c'est-mon et autres, on aura dit ce-mon, semon. Du moins semble-t-il probable que c'est par ellipse du participe dit ou fait , qu'en affirmant ironiquement une chose, l'on aura dit ce-Ormon, c'amon. Dans la <1) IlTautmieux écrire: Ça nwm. (n. b.) ComAdie du Soui^eois' Gentilhomme, ifad'iouidaîn blàm&la mante ridicule de son mari, en lui dîSMt: ■ CaTTum (1) vrayement ; il y a-fort à gagner à -M- ■• quenter vos Nobles. > (>Acte III, soëne ii.j .... Bien «onrent en leacris moequerie. 8i l'on dlsoU, en oyant on aennon. Il ft bien dit : je respondcûe ; re a mon. La lUrg. da U Uirc. M. », H'. La signification de c'amon nVtoit pas toujours ironique. Dans le Malade imaginaire, Toinette, aervanle d'Argant qui lui a dit de se taire, répond en feignant de s'être blessée: « Camon; ma Kjy, • j'en suis d'avis, après ce que je me suis fait. ■ (Act. I", scène ii.) On croit que c amon en ce pas- sage n'est pas plus ironique qu'en nombre d'autres c'est-mon; quoiqu'on ait oit quelquefois avec ironie: Voire, c'est-mon. (Voy. Monet. Dict.) Peut-être nous approuvera-t-on d'avoir placé sous assavoir, nos ooservalions sur l'unité possible d'origine et de signification de la particule num, dans ce-a-mon, c'amon, semon, say-mon, ce aiiâe mon, ce fais mon, c'est-mon; savoir-mon, assavoir- mon, en voyant que dans l'expression interrogâUve assavoir-mon ou savoir-man, si familière a nos Ancêtres, c'étoit une espèce de particule enclytique. Si ToQ veut qu'en cette dernière phrase mon soit l'inversion du latin num, au moins reconooitra-t-on que dans c'est-mon et autres expressions, il est comme mont une variation de molt, moult, mult, en latin mullùm ; adverbe de quantité, auquel nous aurions renvoyé pour mon, si l'on eût dit savoir moult, comme savoir-mont, savoir-mon. (Voy. MoiXT ou Mult.) On finira cet article en disant que assavoir, comme adverbe, a signifié sagement, parce que le verbe simple savoir, goûter les choses, les sentir tant au physique qu'au moral, les connoitre, pris substantivement, a signifié sagesse, le goût, le sentiment moral, la connoissance des choses utiles et agréables. Firent bien a. £t prant^ris durent cil avoir Qui escrEBtrent premièrement. HoB.daBaa. US. p. I VARIAITTEB : Assavourement, subsl. masc. Goût. La faculté de goûter, de sentir, de discerner les saveurs : « G'est il ki as oyls donoit la veue, as oroilles l'oye, • àlalanguelavoiK,àpa!aisr(Msat)OKfCTnenï,etc. - (S' Bernard, Ser. Fr. mss. p. 44. — Voy. Assavodber.) Assavourer, verbe. Goûter, essayer, sentir; ressentir, éprouver, connoitre. Sentir, éprouver de ta douceur; être doucemenW affecté. Savourer, goûter avec plaisir, aimer, affectionner. Ragoûter, affecter agréablement le goût. Rendre savoureux et ragoûtant; affecterd'une sensation, d'un sentiment agréable. AS 2M — AS Du latin sapor^ en françois savor^ savonr^ saveur^ s'est formé le verbe simple savourer ; d*pù le com- posé assavourer, goûter une chose, enpûter, en essayer : par extension de Tacception goûter, sentir en goûtant , sentir d'une façon quelconque , physi- que on morale; ressentir, éprouver, connottre. (Voy- ASSAIEB.) Dans Te sens propre on disoit: « Cumevintal « mangier, e il eurent le pulment asavured^ etc. > (Livres des Rois, us. des Gordel. fol. 127.) « Appro- « cheons à la taule, chier frère ; et d*nn chascun de « ces maz assaverom al moens, eu m petit que «soit. » (S' Bernard, Serm. Fr. mss. jp. 350.) « Certes nuls ne reupet de celé chose dont il gosteit « nen at, ne de celé chose mismes cuy il nen at « mais Vassavoerie (1); en latin: sanè nemo quod « non gustavil, sed neque quod tantùm gustavity « éructât. » (Id. ibid. jp. 23; Serm. lat. col. 730.) Au propre et au figuré, dans les expressions assavourer la saveur de chasteté, la douceur de f)ureté, la douceur d'un spectacle, assavourer le ruit du salut, etc. « ! cum est bien-aurez cil « cuers ki est traiz par lo fruit de salveteit, k'il « assavoreit at. » (S" Bernard, Serm. Fr. mss. p. 51.) « Isseiz fors. Filles de Syon, et si eswardeiz le Roi « Salemon en la corone dont sa mère l'at coroneit. « En-josk*à-or aveiz vos esteit senz ces délices: « cestedouzor nen os^votiro^/^s vos onkes mais. > (Id. ibid. p. 206.) « Nos semont.... ke nos.... assavo- « riens.... la douceor delà parfaite purleit. » (Id. ibid. p. 312.) < Qui est nuls de vos.... ki nen ait « assavoreit la savor de cliasteit ? » (Id. ibid. p. 233. — Voy. Savour.) Il semble que dans un sens analogue à celui d*assavourer la douceur, la saveur d'une chose, on ait dit : Douz en bouche Est amours, et si savorez Que, quant plus est assavorez , Tant est-il ae metllor savor. Amour, quant je bien Vasavor, etc. Fabl. MB. du R. n* 7615, toi, i9f, V* eol. 1. Dans la significalion de ressentir, éprouver, sentir, connottre, on disoit iigurëment : « Ceux qui « vous ont conseillé le département du Concile, « n*entendoient mie les griefs maulx qui en pour- « roient naistre. l?\e\xstkDie\x(i\ïi\sassavourassent « et entendissent la fln comme, etc. » (Honstrelet, Vol. 11, fol. 74, R».) Là se rendent Chevalier Qui ont le siècle asavoré, Et ont tout veu et tout tasté. Bible GuioC. dtét par D. Carpentier, S. Gl. 1. da Da G. tu mot Adsoporare. Desconfiz se metent à voie ; Angoisse et paour asaveurent, Li meiUeur Hestre ocis demeurent. G. Guiart, MS. fol. 214, V*. Leur grant meschief asavonrant, S'en vont après François courant ; N*esgardent fosse ni bruière. Id. fol. iiO. R*. Ces deux dernières citations prouvent coitabien étoit étendue racception û'assavourer^ sentir. (Voy, Savourer.). . En désignant par assavourer^ une sensation , on sentiment désagréable, on abusoit sans doute d'un verbe qui, comme expression ordinaire de senti- mens et de sensations agréable^, signifloitseuttr, éprouver de la douceur ; être doucement affeoté da sentiment intérieur de la paix de Tâme, en cesTers : U cuers qui mal aime, maus oure : Sovent soQsptre, gient et plove. Com plus en orison demore , Plus sent, et gouste, et asêavore. FdU. MS. dv R. n* 7118. fbt 19S. V* eol. I. U est naturel qu'étant affecté d'une sensation douce en goûtant une chose. Von en réitère ressai, la dégustation, répreuve, pour en connottre mieux la saveur. Si, d*après cette épreuve réitérée, l'on y reconnolt la même saveur, si le goût en est aussi doucement affecté, on la goûte avec plaisir, on l'aime. C'est encore la signiflcation du verbe simple savourer ; et c'étoit celle du composé assavourer. Nul ne sçalt qu'est bon vin , qui bien ne Vanaveure. Dans le sens d'aimer, affectionner, on disoit en général : « Celés choses que desor sunt, assavou- « rez; ne mie celés ki sunt sor terre. » (S* Bernard, Serm. Fr. mss. p. 61.) « La (lo de ceux qui assavou* « rent les choses terriennes, est la mort. » (Jean, de Saintré, p. 50.) Rien ne m*est bon, n'autre bien n*as8aueure, Fors seulement Tattente que je meure. Poës. d'Aï. Chartier. p. 596. On a même désigné le sentiment doux et affec- tueux que Ton éprouve à l'idée d*un Dieu bon, à la vue d'un homme pour lequel on se sent du goût, de l'affection, en disant flgurément : « Fors est « issus cum giganz por corre la voie : si nos cestui « assavourons, et nos adès lo mattons d'avant < l'eswart de nostre cuer ; dons corrons nos ligiére- < ment et tost, trait par son odour. • (S* Bernard, Serm. Fr. mss. p. 340.) Atsavowona bien Dieu, et si desirons Fheure Que nous soyons au lieu ; car trop plus nous demeure Que mestier ne nous fust : mais péchiénous court seure. i. da Meunff, Cod. vars ieOS-4004. C'est relativement à l'idée de saveur par laquelle le goût est agréablement affecté, que dans le sens propre de ragoûter, on a dit : « Ne me a^avure ne « délite mais, ne beivre ne mangier. » (F^ivres des Rois, MS. des Cordel. fol. 67.) Enfln, assavourer les choses, c*étoit les rendm savoureuses et ragoûtantes, les rendre propres à nous affecter de sensations agréables au goût, par extension à l'odorat, à la vue. On a dit en parlant de S* Louis : « Il menjoit moût de foiz potage mal « assavourer duquel un aulre ne menjoit pas volen- < tiers; car il n'estoit pas savoureus. » (Joinville, Vie de S* Louis, p. 367.) Comande que U face Savors teles dont gré II sache, Et sauces molt Msavourées. Fdbl. MSS. é« S* Gara. p. 107. (1) Personne ne crache (respuit) ce dont il n'a godté, ni même oe & quoi U n'a fait que goater. (n. e.) AS — 287 — AS Yoaa qui aToe eu octroy d*Amye, ^ Vuydez du boys la joUyette sente, Vuydex le gand (1) et la verde tueilUe, : Yayte les près asMivowrezé» mante : . Us seuil nostre oue Amours desirans, etc. / , . Percef. Vol. VI. fol. 90, B- ool. 1. Au figarétl*P.Q àisoit' d'une jeune personne de Shytibaornie ragoûtante et propre à nous affecter 'iia sentiment anonreux, qu'elle étoil Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 61. ASAVEURER. Fàbt. MS. de S> Germ. fol. 39, V« col. 1. ASAVOREIR. Chans. Fr. MS. de Berne, n» 389, part, i, fol. 18. AsAVORER. Prov. du Vilain, MS. deS' Germ. fol. 75, yo col. i. ASAVOURER. Ane. Poêt. Fr. MSS. avant 1300, T. III, p. 1376. ASAVURER. Ut. des Rois, MS. des Cordel. fol. 127, V^ col. 1. AssAVBRER. S> Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 350. AssAVBuaER. J. de Meung, Cod. vers âOOi. AssAVOKRiR. St Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 23. AssAVORBR. S> Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 45. Assanriller, verbe. Flétrir, déshonorer par la mutilation des oreilles. Curer les oreilles ; Gratter l'oreille. (Vôy. Assoleiller.) Quoique Assoriller ait, comme Assauriller^ une signification particulière, ces verbes, si Ton en croit D. Carp^tier, ont une commune origine. 11 est évident qu'Assauriller, dans le sens de flétrir, déshonorer par la mutilation des Oreilles, est une altération de Fancien verbe Essaureiller^ Essoreillery etc. (Voy. Essaure^ler.) « Justinian fut chassé par Leonoe Patrice, lequel, lui ay.ajdt fait couper le nez et les oreilles, l'envoya en exil. Le même Léonce chàstié dépareille peine..... fut emprisonné par Tibère qu} occupa sur luy TEmpire. Toutesfois Léonce et Tibère pris par Justinian, il les fit tous deux mourir; et luy tout assaurillé et enazé qu*il estoit, réintégré en jsa Couronne. » (Pasquier, Rech. liv. III, p. 150.) Mais il n*est pas aussi évident que le ver^ s* Assoreiller ou s' Assoriller soit de même origine que Assaurillerj et qu'il ait signifié se curer les oreilles ou se gratter l'oreille , comme font les Gueux qui s'occupent de leur misère, assis au coin d'un bois, sur le bord d'un chemin. (Voy.D. Carpen- tier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, T. I, col. 393. — Id. îbid. T. IV, col. 510.) On soupçonne donc que dans les vers suivans, môme dans ceux que cite D. Carpentier, le verbe s'Assoreiller^ ne diffère de s* Assoleiller y se chauffer au soleil, que par le chan- gement de / en r ; lettres de même organe. Grés d*une puant VieUette, Cornent ele é'asorilloU, Et comme mi les cane s'espouUloit. Notica en vers de R., de Viea de SaloU. etc. MS. da R. n* 6087« fol. U. Il cheTauckolt toute une lande ; Si viet une vieiUe Truande Oui 9*asoreUle à un buisson. Fabl. MS. da R. n* 7989, fol. S89, R* col. t. VARIANTES l âSSAURILLER. Pasquier, Rech. Uv. III, p. 150. ÂSOREILLER. FabL MS. du R. n» 7969, fol. 239, Ro col. 2. ÂSORELLER. Fabl. MS. du R. n* G987, fol. 295, V» col. 2. AsoRiLLER. Notice en vers de Romans, Vies de Saints, etc. MS. du R. n« 6987, fol. 34, R» col. 3. AssoREiLLER. D. Garp. S. Gi. lat. de Du G. T. I, col. 303. Assauvagir» verbe. Devenir sauvage et farou- che. Rendre sauvage et farouche. Rendre sauvage et stérile. On trouvera dans les variations d'orthographe de l'ancien substantif Selve, en latin Silva (2), Torigine de Tadjectif Sauvage; d'où s'est formé le verbe as- sauvagir ou s*assauvagir, devenir sauvage, prendre quelque chose de l'humeur sauvage et farouche des habitans des bois, s'effaroucher comme eux, en cette première citation. « Le Cygne s'eslongna un « petit en avant tout privéement sans soy assau- « vagir^ comme par semblant de luy vouloir mons- « trer le chemin. » (J. Le Maire, lUustr. des Gaules, liv. III, p. 312.) Par la doucour de doulz nourrissement S'apyrivoisist mainte beste sauvage, S'adomesche : par dur gouvernement S'asauvagist, et mue son usage, Bust. Descfa. Poês. MSS. p. 19, toi. 4. Quant lo chat est bel, Et luisant la pei, Lors aaauvagiat. Fdbl. MS. da Berne, n* Si. fol 98, R* col. 8. Kar si chescun feist ses volentez... Tut estuie fraternité guerpir, Et cume beste la gent ensalvagir. Rom. des Romans, flr. 8i9. Dans le sens de rendre sauvage, rendre faroucht (1) Lisez gaud, bois, bocage. — (3) Sauvage vient en effet de ailvaticua et non de solivagus, comme on Ta prétendu en ces dejrniers temps, (n. e.) AS -1 et peu sociable, oa disoit : > Le séiout des boi? l'a • asaauvagi. • (Honet, Dict.] ^'Au fleuré, oisauvagir quelqu'un de ne plus eller daus une mai^u, c'étoiL le rendre tàroucbe et défiant. l'efTarouclier, le rendre timide à y fréquen- :ter. ■ Dist au .Suppliant qu'il donneroU audit « homme deux soumetz bien assiz, pour le ansau' ■ vagir de plus n'aler à sa maiso». • (D. Garpen- tier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Sylva- En ^parlant de terres que la proximité des bois rendoît stériles, on a dit qu'elles etoient assauvagies ou assauvagiêes. ■ Les terres sont toutes tusauvO' « giées et. environnées de bois. • (D. Garpentier, Suppl. Glôss. lat. de Du Gange, au mot Sylvaticits ; ,-tit. de 1406.) ■ Ferme... assiste eu bois et bruyères > qui ont gagné et assauvaçi grant parties dés • terres labourables. » {Id. ibid. — Voy. Sadtaoe ) AsAUVAQiE). Eust. Dcach. Poës. HSS. p. 89, col. 4. Absauvaoier. d. C. s. g. lat. de D. C. au mot SytvatieuM. Ensalvagir. Bom. des Rom. str. 180. Asséable, adj. Sujetaux impositions. Significa- tion relative à celle du verbe As$éâr, au figuré imposer les tailles, etc. ■ Personne noble faisant et ■ exerçant acte dérogeant à sa noblesse, est ■ asséable, tailtable et contribuable à toutes tailles, « aydes, subsides et antres imposts. ■ (Coût. d'Ar- tois, au Coût. gén. T. 1, p. 752. — Voy. Coût, de Lille, ibid. T. If, p. 921.) Asséage, subêt, masc. Posage. Dans un «ens . relatif à celui du verbe Asséer, poser, mettre en place : ■ Chacune queue de vin doit v deniers, tant ■ pour l'encavage que pour rasséaff£. >(Statutsdes £schevias de Matsière-sur^Heuse ; Biblioth. de Cangé. — Voy. Asséer.) Asséant, participe. Séant, qui' est convenable. Signification analogue il celle du verbe Asséer, poser, placer convenablement. • Je l'envoie ces • dons bien asséans à ta Hautesse. - {I. he Maire, Illustr. des Gaules, liv. II, p. 181 et 182. — Voyez ASSËER,) Assec, subst. masc. Etang à sec. Part dans te sol d'un étang à sec. C'est par ellipse au nom de la chose à sec, qu'en Bresse le composé assec signifie un étang qui demeure à sec, après qu'il a été poché. (Laurière, Gloss. du Dr. fr.) Dans le second sens, c'est une pari, une portion dans le sol de ce même étang: portion qui est ordi- nairement marquée par des bornes ou des pieux, et que chacun va reconnoitre lorsque l'étang est des- séché, mis h sec. < Celui qui a assec en un étang, ■ quelque petit que soit Vassec, a droit de parcours • au même étang pour son bétail. ■ (Laurière, Gloss. du Dr. fr.) Assécher, verbe. Sécher, dessécher, rendre sec, mettre à sec. Devenir à sec, être à sec; arriver, aborder, prendre terre. Sécher, devenir sec. 8- AS On peut voir, sur l'orieine Celtique fit priealale de l'adjectif aec, en latin sicem,Mii\ nrie simple sécher, en latin siccare, H. Court daGëb^in (Dict. étym. de la Lan;, fr. col. 995:) Le verbs assécher^ de même origine que sécher, dessécher, étoit de même aignificalton, lorsque dans le sens étymoloççni^ on dJioit : < Les chaleurs ont asseiebé oob« roatz&e ■ et notre puis. > (Monet, Dict.) ■ Ils entr^p^- • drent de divertir la rivière avec des toilleg, OlQt- ■ tans en avant qu'estant divertie et Ip cours Q8«i- « ché, etc. . (Du Bellay, Mém. liv- 11. fol. 26.) Dans ce dernier passage, c'est l'effet de ll'art, assimilé à celui de la chaleur du Soleil. En com- parant à l'effet naturel delà chaleur sur rhanûÂHé, celui qu'opère sur les boyaux du faucon la grosse chair, une chair difficile a digérer, on a dit: ■ Geste > chair, et la puanteur d'icelle li(y vient à estrain- ■ dre et assécher les boyaux, ae façon que les < fumées et vapeurs montans à la teste, etc. ■ ^u Fouilloux, Fauconnerie, fol. 13.) Dans la signification devenir a aec, on disoit en parlant d'un havre d'où la mer se relire: ■ Si > ainsi est qu'ils soient eu un havre qui asseiehe, > ils sont tenuz de mettre balis à leur ancre, que > apièrent au plain de la mer. > (Coût. d9 la lier, art. xTii. — Voy. D. Morice, Preuv. de J'Hist. de Bretagne, T. I, col. 790.) Les Marins disent encore qu'une terre ou une roche assèche, lorsqu'elle sort de l'eau et que la mer, en se retirant, la laisse voir étant à sec. (Voy. Dict. de Marine.] Dans un sens analogue, on aura dit qu'en un havre d'où la mer se retire, les ancres assèchent, qu'elles deviennent et sont à sec, lors- qu'elles paroissent hors de l'eau. ■ Deux nefis ou > plusieurs sont dans ung havre où il y a ^oy • d'eaue, et si asseiehe l'ancre d'une nefT; le < Haistre de cette neff doit dire au Haistre de l'an- • tre, etc. ■> (Coût, de la Mer, art. xvu. — Voy. D. Morice, Preuv. de l'Hist. de Bretapie, T. I, col. 789 et 790.) En regardant un vaisseau abordé au rivage, comme étant à sec, on aura dit dans la signification d'arriver, aborder, prendre terre : Moult veîssiez neï atournar. Nez BtBchier, nez afiocrer, Nei atseehier, et dge floter. Rom. de Bnil, 113. fui. ffi. H- ml- 1. Les attB sont à un port toniées ; Toules sont eDaemble arrivées ; Toutes sont ensemble accostées ; Toutes aoDt ensemble aancrées ; Et ensemble toutes atiéchièivnt. Et ensomble lez descbargiërent. H«n.d«ItiM.IIS.p.l91. Enfin, c'est dans le sens propre et relatif & l'idée de l'effet de la chaleur sur l'humidité, qa'assécher, enséchir, ou s'assécher, signifloit sécher, devenir sec: ■ Une.... manière de pantais advient aux « Oiseaux.... quand ils se baignent aux champs en ■ volant, el puis après ne sont.... mis en lieu sec < et chaut ou l'humidité par eux accueillie se puisse ■ esparer et assécher. ■ (Du Fouilloux, Faucon- nerie, fol. 30, V'.l AS — 23a — AS Par* oompardifiOBf sëcber, devenir seo, comme le d^ént notre cerveau V lorsque rage en diminue llmmiâité^ « LeB-^dTancés en aage prévalent en « éntèflâèrnentsur les jeunes^ d'autant plus que le « cerceau s'e^ye ^ s^asieche toujours jdus.» (Sagesse de Charroiï, liv. V, p. 90.) S^ber, devenir sec, par la dissipation de Thu- mide radical : « Quant un des^ membres de home « enêechtit et se pert,.... il covient que iV le face « couper, ke les autres de porrjssent. » (Moralités; us. de N. Dame, p. t26.) « Les vers qui font' nostre • soye, on les void comme mourir et assécher^ et « de ce mesme corps se produire un papillon, et « delà un autre ver. » (Essais de Montaigne, liv. II, p. 388.) VARIANTES ! ASSÉCHËtl. Cair. S« D., Rec. des Hist. de Fr. T. V, p. 231. AssÉCHiER. Hom. de Brot, MS. foK 85, R^ col. S. AssEiCHBR. Perœf; Vol. IV, f61. 22, R* ool. îl Enséchir. iConlités, MS. de N. I>ame, p. 126. Asséement^ subst* masc. Action de s'asseoir ; séance. Action d*asseoir, déposer; position. Action d'asseoir, d'imposer; imposition. Dans le premier sens asséement ou a^iement, formé du verbe o^ier pu ass^'er, signifioit séance, l'action de s'asseoir, en latin sessio (1). (Rob. Estienne, Nicot et Honet, Dict.) Au second sens, position, l'action de poser, d'asseoir, dans les Dict. de Cotgrave et d'Oudin ; l'action d'asseoir un camp,, la position d*un camp, lorsqu'on Iraduisoit, ■ pro iniquitate vidi tentoria « iEthiopiœ » dans le Cantique d'Habacuc, en di- sant: « Je vi les assayemens d'Etfope, pour ma « félonie. » (Bible en françois, us.) Dans le sens figuré, l'action d'asseoir, d'imposer, ioiposition. (Oudin et' Monet, Dict. — Voy. Assêer.) YARIAI^TES : ▲SSËEMENT. Oudin, Dict. ÂssAYEMSNT. Bible, en françois, MS. Cantique d'Habacuc. AssEiEMANT. Monet, Dict. AssiBMENT. Cotgrave, Rob. Estienne et Nicot, Dict. Asséer, verbe. Faire asseoir, faire reposer. Asseoir, poser, placer. Asseoir, imposer. Assiéger. Préposer. Du verbe latin Assidere se sont formés, par la suppression de la lettre d, les verbes Asseer ou Asster, Asseoir ou Asseir. On auroit réuni sous le même article Asseoir et Asséer comme variation réciproque d'orthographe, si Ton n'eût cru voir dans la conjugaison une différence de modes et de temps, relative à la différence de terminaison. 11 semble qu'anciennement on ait conjugué asseoir ^ en latin assidere^ comme veoir ou voir^ en latin videra. C'est d'après l'idée de cette analogie que l'on a composé la conjugaison d*(isseoir très-cis* tincte de la conjugaison d'asséer. En jetant les yeux sur celle de notre verbe Asseoir^ telle qu'elle existe aujourd'hui dans les Dictionnaires et les Grammaires, peut-être reconnoitra-t-on que, pour la compléter, on emprunte des modes et temps Tqui j^aroissent' être propres à l'ancien verbe Asseeri Asseier ou lissier ; tels ehtr'àutres que y assiérai.^ du î'asseyetaiy ynsséyerois ou i'assierois? Il seroir l^ossible aussi qu'à raison de ce qu'avant le xvip Siècle on écrîvoit presgue toujours i voyelle pour f\ consonne qui tient lieu de g dans les Manuscrits des xn* et xiii* siècles, on crut devoir lire asséjer pour asséier, et qu'on regardât cette orthographe* comme une variation i'Asséger, Assiaiery etc. Au reste, l'origine n'en seroit pas moins la même que celle A'Asséer et Asseoir, puisque Assigier ou Asséger est aussi formé du \evhe latin Assidere. toute la différence entre ces trois verbes consiste en ce que le d supprimé dans la formatioad'o^^otr et asséer, est changé en g dans celle i'assigier ou asséger &). On pourroit citer plusieurs exemples dé ce changement, et s'en autoriser pour prouver une identité d'origine qui semble d'ailleurs justifiée par l'identité de signification. (Voy. Asseoir et Assiéger.) Dans le sens de faire asseoir, faire reposer^ on a dit : Mes les Angles de Paradis Nous tramete le Roi celestr^, Et toi nous a9siée à sa destre En la grant joie perdurable Avœc son père esperitable. ra>l. lis. àm R. n* 7218.' fol. M. V ool. 3. 11 semble inutile de prouver que s'asséer a si* gniflé s'asseoir^ se reposer sur une chose, s'y poser: mais on remarquera un abus singulier de la signification de ces mêmes verbes s'Asséer et Asséer. Le repos étant une cessation de mouve- ment, on aura sans doute vu les choses qui ces- soient de se mouvoir, comme s^asséunt, se repo» sant, et l'on aura dit de pierres dressées et tombées dans une nef, qu'elles y étoient assises; de dards lombes sur le visage de ceux à qui on les avoit lancés, qu'ils v étoient assis; d'une pomme tombée dans la main ae celui à qui on l'avoit ietée, qu'elle y étoit assise ; de flots de sang qui s'écouloient en tombant dans une rivière, qu'ils s y assey oient; etc. Entre flamens chaiUoz oBsieet En la nef. jaunes, bis et ven, Tant qU*ii en sont comme couverz. 6. Guiut, MS. fol. 393, R*. Là veis&iez quarrlaus voler Qui s^assiéent en pluseurs places Sus visages nuz et sus faces. Id, ibkl. fol. 847. R*. . . . . U getoit droit en la main De l'home d'Esté tout à-plain La pomme que tenue avoit... CbaBcune main ert si bendée De fer, et si bien atomée, Qu'ele brisier ne povoit, Qant la pomme en U s^asséoit. Gléemadès, MS. de Gdgiiat, loi. 7, V eol. 3. . . , Tant en ocient Qu'au desouz, uneUeue entière, En ert sanglante la rivière ; Si con U sano sH asseoit, G. Goiart, MS. fol. «7S, R*. Cest par extension de l'idée faire asseoir, faire (1) L'étymologie serait a$Hdementum, (n. b*) - (S) Aêêêgier vient d'une forme supposée aasediare, (n. b.) AS -^ reposer, mettre dans un état de repos, qu'oss^fr a signifié asseoir, poser, rendre immobile dans une position : ■ Doit estre son arc si aisé et si doux ■ qu'il se puisse tenir tout entesé longuement, et < convoier la besCe tant qu'elle soit un pou contre ■ lui, en oêséant sa main et en tenant son corps < tousjoura le plus droit et serré contre son fust ■ qu'il pourra. • (Modus et Racio, us. fol. 74.] L'orthographe essaier, qu'on trouve (ibid. fol, 79,) est évidemment une altération d'asséer, comme celle d'assayer dans Modus el itacio, impr. fol. 43.) En général, asseoir, poser, placer, mettre dans une position conforme à certaines vues de stabilité, de sûreté, de convenance, de proportion. « Ces ■ dis basses, od luz ces dis Vaissels, fist li Reis • aséer en le aitre ki plus fud prucein al temple. ■ (Livres des Rois, us. des Cordel. fol. 89.) Si l'on dit asseoir une rente, et si plus ancien- nement on a dit l'asséer, ou Vasier, comme on lit Uist. généal. de la H. de Guines, p. 283, lit. de 1241, c'est dans une signification figurée: signifi- cation de laquelle on sembloit abuser, lorsqu'en parlant d'un Créancier dont la position étoit peu sûre vis-à-vis de son Débiteur, on disoit qu'il en étoit mal asseyié. * Se il faisoient ausdiz Marchans ■ bailler leurs denrées à gens dont il fussent • mal asseyiés, lesdiz marchans, etc. » (Ord. T. Il, p. ï36.) On exprîmoit une idée de convenance dans la position des choses, lorsque dans le sens de placer, on disoit flgurément eo parlant de cet ancien proverbe. Est Saul entre les Prophètes: • L'um le ■ puet là bien asséer, ù l'um veit alcun de bas • parage sudéement venir à haltesce e à barnage; • là l'um veit que li fols, cume sages, entre sages ■ s'embat. » (Livres des Rois, us. des Cordel. fol. 12. — Voy. ASSÉAKT.) Dans la signification d'asseoir, imposer, le verbe Jsseer auroit toujours été l'expression d'une idée de proportion, si l'imposition des charges publi- 2ues eût louiours été proportionnée aux facultés du iloyen sur la tête duquel pose une partie du poids de ces charges. ■ Eshrons siques a douze homes ■ d'iceux, qui seront les meilleurs iclielle taille • asséer; et les autres, etc. • (Ord. T. 1, p. 180.) On assied, on posel^n camp devant une ville que l'on veut prendre, ou forcer à se rendre. De la, le verbe Asséer, dans un sens relatif à l'idée générale de position conforme à certaines vues, signifloit assiéger. . Vint Nabugodonosor li Reis de < Babilonie, à tute se ost, à Jérusalem, si l'aseiad, ■ e ses engins i levad. > (Livres des Rois, hs. des Cordel. foi. 153.} Sainne passent, !& vUIe assiéent. Qui lors esioit bel alermée, De doue paire de murs fermée. G.GuiâTl.MS. (gl. B- — Enfin, le verbe Asséer, dans le sens de préposer, semble retracer une idée très-ancienne d'après laquelle on désignoit assez naturellement la supé- riorité d'un homme en le faisant asseoir, en le représentant assis devant ceux à la conduite des- >- AS quels il étoit préposé. < Gungie les Reis lu vindrenf • à ta aïe e retien lur Chevalerie, eossicGnaes- ■ tables sur tute Chevalerie. > (Livres des Rois, n. des Cordel. fol. 115.) • Noz Ouvriers et Monaoyera • astee% et ordonnez pour ouvrage et moaaonce. . etc. . (Ord. T. II, p. 535.) COWDG. Aseiad, ind. prêt. Assiégea. (Livres des Rois.) Asieche, subj. prés. Qu il asseye. (Hist. généal. de la H. de Guines, p. 383; Ut. de 1241.) Asséon, ind. prés. Nous asseyons. (G. GuiartJ Assièce, subj. prés. Qu'il asseye. (Fabl. de la Vieillette, us. du R. fol. 295.) Assiessent, subj. prés. Qu ils s'asseyent. (Lanc. du Lac, T. Il, fol. 27.1 Assie^toi, imper. Assied-toî. (Rob. Estieane.) VARIANTES I ASSËER. Rom.' de Cliget, US: du R. n* 6987. foL 380. AsËER. Uv. des ftois, HS. des Cordel. fol. 99, V*. AsiKR. Hist. géDéal. delaU. de Guines, p. 383;tit. delUl. AsSATER. Uodus et Racio, impr. fol. 43, R*. AsSBiEH. Villebardouin, p. i3t. ASSKYIER Ord. T. Il, p. 136. AsBiftER. Fabl. MS. du R. a' 7318, fol. SB3, V* coL S. AssiER. Liv. des Rois, MS. des Cordel. fol. 115, ¥■ col. 1. Eesaier. Uodus el Racio, US. toL 79, V*. mpose. Espèce de luge, d'Arbitre. Dans un sens relatif à l'idée générale û'astéer, asseoir, poser, onnommojlAsse'eur, unOfflcierdes Rois d'Angleterre et probablement des Ducs de Bre- tagne, qui posoit les plats sur leur table. (Voy. Glosa, de l'Hist. de Bretagne. — Du Gange, Gloss. lai. T. I, col. 77G, au mot Assessor.) Le même verbe Asséer ayant signifié asseoir, imposer, on a nommé Asséeurs ceux qui imposoient les fouages, ceux à qui l'on confloit la répartition des impôts en général , des charges publiques. ■ Asséeurs des.... fouages.... seront éleui par les • habitans mesmes des villes et paroisses ; les- ■ quelz Asséeurs entendront diligemment à l'assiete « faire sur eulz et les autres. » (Ord. T. VI, p. 444.) « Les Impositeurs, Conneslables et Asseun sont • tenus d imposer tous les residans et habitans les • maisons de leurs paroisses selon leur estât, > leurs biens, leur commerce et exploitations. • (Cûut. de Bergh S'. Winox, au Nouv. Coût gén. T. I, p. 537.) ■ Nuls Chefs ou Asséeurs ne pourront ■ exempter personne dans la Ville et la Junsdiction, ■ et le tenir franc des frais du pays ou de la • paroisse. ■ (Coût, de Forne, ibid. p. 655.) Probablement, on reprochoit à celui qu'on disoit être un Asséenr (Tescoz, ua Asseuerrede cul%, quel- Sue injustice de l'espèce de celle d'un Asséeur qui, ans la répartition des impôts, n'observoit pas réa- lité et la proportion prescrites par les Coutumes et les Ordonnances. • Reprocha et dist audit des Pou- ■ lies que il n'estoit que un Asséeur d'escoz. » (D. Carpenlier.'Suppl. Gloss. lat. de Du Cange, T. I, col. 341 ; tit. de 1357. On lit Asseuerres de cut%; Id. ibid. au mot Assidalor; tit. de 1385.) En choisissant un Juge, on Arbitre, od met ses AS — S42 - AS Nous disons encore a8se%^ pour suffisamment, à suffisance, en quantité suffisante. C'est évidemment la même signification dans les expressions plus qu'assez, tant qu'assez, ne plus ne moins qu'assez ; et dans celte autre expression elliptique, assez le jour, Taisant assez jour, étant suffisamment jour^ le jour étant encore suffisant. L'autre revint, asséa le jour, Partonopeu joindre en l'estour. Siëge de Tbèbes. MS. du R. n* 0987. fol. 53, R* col. 4. En faisant abstraction de cette idée de suffisance, on désignoit une quantité quelconque, lorsqu'au sens physique on disoit : « Avoient de l'artillerie « Mais elle n'estoit pas souffisante assez pour mec- « tre en subjection la ville. » (Le Jouvencel, ms. p. 499.) « Ces exemples semblent assez suffisans « pour justifier, etc. » (Mém. de Séguier, p. 324. — Voy. Rom. Bourgeois, liv. II, p. 71. — Fauchet, Lang. et Poës. fr. p. 37, etc.) Au moral : « Je ne suis point suffisante assez « pour vous desservir d'ung hault guerdon. » (Percef. Vol. IV, fol. 17.) Il semble évident qu'en l'expression suffisant assez ou assez suffisant, comme en celles de assez plus ou plus assez, de moins assez ou assez moins, l'adverbe assez signifie en quantité. Certes, fet-ele, je voudroie Avoir assez mains que ne doie, S'il fust selonc ma volante. Fabl. US. du R. n* 7218. fol. 350. R* ool. 9. • N*ay-ie pas la moitié partout? Nennil, je n'en ay qu'a un bout, Moins assez c'une cnamberiere. Eust. DeBch. Voët. MSS. p. 5(H , ool. i. Bien ayt hanaps d'or amassez, Cent mille marcs, ou plus assez, Rom. 06 la Rose, vers 19725 et 96. n assemble grands gens et très grand baronie. Plus assez que devant, et mieux appareillie. Ger. de RouMiUon. MS. p. 418. Nous avons meilleurs gens et plus que n'ont assez. Ibid. p. 133. .... La profondeur des fossez Vingt toises ot et plus assez. Fabl. MS. du R. n* 7218, fol. 359, col. 2. Mil ans seront et plus assez. Rom. de la Rose, vers 1440. Aujourd'hui Ton substitueroit bien ou beaucoup à Tadverbe assez, dans ces phrases. Peut-être même faudroit-il dire, d'après Tusage moderne, qu'en ces mêmes phrases il signifloit non-seulement en quan- tité, mais en grande quantité. C*étoit réellement la signification Amassez, lorsqu'on disoit proverbiale- ment, « assez parents, assez tourments ; » ou lors- qu'on ajoutoit a rénumération de plusieurs person- nes ou de plusieurs choses, en disant , « et autres « assez, et des autres assez. » (Voy. Cotgrave, Dict. — J. Le Maire, Illustr. des Gaules, liv. III, p. 305. — Hist. de B. du Guesclin, par Ménard, p. 41, etc.) « Si pristrent le Cuens de Flandres et des Fla- « mens grant partie, et des autres Chevaliers assés. » (Martène, ampl. coll. Contin. de G. de Tyr, T. V, colonne 679.) Si Tusage s'oppose à ce qu'on interprète assez^ autrement que par bien, beaucoup, trop, toutes leà fois que la signification en est morale, il n'en 6st pas moins vrai que cet adverbe , dans le sens de bien, beaucoup, exprimoit toujours, quoique figu- rément, une idée analogue à celle d'une quantité physique, d'une grande quantité, même â*une quantité plus que suffisante, lorsqu'il signiQoit trop. Il semble qu'on ait dit en ce sens: « Ledit « Seigneur Juge doit entendre en quoy gist le dif- « ferend ; et tel rapport en faire, que les pleiges ne « soient si ne tant grevez drossez. » (Hardouyn de la Jaille, du Champ de Bataille, fol. 64, R* et ¥•.) Tu doiz estre plains de largesce ;.... Ce qu'as donner à chiere lie. Promettre ce auo tu n'as mie Ne te chaiUe amassez donner. G. Machaut, MS. fol. «t». V* eol. I. Plus souvent on disoit assez pour beaucoup, comme en ces expressions: « d'assez^ plus Amassez, « trop d^assezj piTed'assez, mieux d'assez on d'assez « mieux, etc. » (Voy. Rom. de Cliget, us. du R. n* 6987, fol, 27i, V" col. 1, etc. etc.) Ne courut pas sitost Passez Comm'il souloit ; trop fu lassez. Confession du Renard, MS. do N. D. coU N. foL 21, V* od. 2. Chil qui sa Dame prie Cou dont ses cors peut estre vergondés N'aime pas tant comme U autres d'assés. Ane. Poés. fr. MS. du Vatican, n* 1400, fol. 440, R*. Sachiés que plus vous ain que ne faz moi drossés, Buenon de Commarchies, MS. de Gaignal, fol. 491, R« ool. I, .... Est de trop maie corroie Feme ki faucement otroie, Et li hom fait pix ke derveis : Maix la feme est pire d'esseis. Chans. fr. MS. de Berne, n* 389. part. l, foL 87, R*. L'espargnier miex d'assez vaudra. G.Gaiart,MS.fol.W,R*. D'assez miex aim vivre et manoir. Fabl. MS. du R. n* 7218. fol. 158. R* od. i. Quoique Tadverbe assez, dans l'expression « assez « plus ou plus assez, » et autres prises au sens physique, signifie en quantité, en grande quantité, dans les mêmes expressions prises au sens moral, il faut l'interpréter par bien, beaucoup, en se con- formant au langage moderne. « Plus gloriouse « chose et plus profeitaule m'est assez que je soie « offerz à ti, que, etc. » (S* Bernard , Serm. fr. MSS. p. 269.) Je avois mis tost mon cuer En une Dame que je amoie; Et assez plus de moi l'amoie. Fabl. MS. du R. n' 7615. fol. 183. R* col. 9. Se ne l'amoie plus que une autre assés. Ce ne seroit pas droite loiautés. Ëofaoce d'Of 1er le Danois, MS. de Gaignat. fol. 98. R« col. 1. Celé meisme poesté, Que Dex t'a seur les tiens donné, Aura li Anemis sor toi, Et plus assez, si comme ce croi. Vie de S* Katerine. MS. de Sorb. chiff. LX. eoL 35. 11 en est de même pour ces façons de parler, « assez meilleur, assez mieux ou mieux a$se%y pire « assez, » et autres dans lesquelles rinterprëtation bien ou beaucoup est indifférente. « Si se leva en- « contre luy et luy demanda : quelles nouvelles? « Dame, dist-il, bonnes. Dieu mercy , assez ineil- AS — 244 — AS être trouvera-t-on qu'il faut lire à semblance pour assemblance, dans ces vers : Assemblance d'omme iriez et destroiz M'a fet amors et ydropique et mu, etc. Ane. Poct. Fr. MSS. arant 1300, p. 077, Assemble, adv. et subst. Ensemble. Tas. En tas. Au premier sens, Tadverbe Assemble désignoit la réunion de personnes faisant la même chose dans le même temps et dans le même lieu. « Quant... « tuit orent iail assemble lor prières, etc. » (Livres des Machabées, Ms. des Cordel. fol. 187, R* col. 2.) Pris substantivement, il peut avoir signifié tas, l'ensemble de choses réunies dans le même lieu, et entassées les unes sur les autres ; en latin exagge- ratiim. (Gloss. fr. lat. ms. du R. n" 7684, cité par D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, Tom. I, col. 335.) Mais plus vraisemblablement, assemble signifloit en tas, comme adverbe. On se permet cette conjec- ture d'après le doute avec lequel assamble est expli- qué par exaggeratum vel exaggeratim, dans le Glossaire que cite D. Garpentier, ubi supra, VARIANTES : ASSEMBLE. L. des Machabées, MS. des G. fol. 187, R». Assamble. D. Carpentier, S. Gl. lat. de D. C. T. I, col. 335. Assemblée, subst. fém. Union licite ou illicite de rbomme et de la femme. Réunion de personnes, d'animaux et de choses ; troupe, troupeau, amas. Espèce de foire. Gombat, mêlée. Troupe de Ghas- seurs ; Ghasse. Mandement, Gonvocation. Anciennement Tunion licite ou illicite pour laquelle l'homme et la femme sont formés d'espèce semblable, se nommoit Assemblée, (Voyez Assem* BLAILLE, ASSEMBLISON.) ... Ne savez-Yous que Diex fist, Et home et famé ensemble mist^ Pour ce que li bons conneust La famé, si corne il deust. Tele assemblée bien avient. U Vie des Pères, MS. de U Cliyelle, p. 384, col. 2. . . . Gaufrois a la Royne espousée, Henris Flandrine, à bonne destinée. Grans fu la feste de la leur assemblée. Enfance d'Ogier le Danois. MS. de Gaignat, fol. 110, R* col. 2. Molt vient or mielx que soit emblée A ceux de fors nostre assemblée. Fabl. MS. de S* Germ. fol. 81. V* col. t. Mais on qualifioit d'assemblée dampnée^ l'union criminelle d'homme marié avec femme mariée. « Fut engendrez et nez de assemblée dampnée; c'est « assavoir de homme marié en famé mariée. » (D. Carpenlier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Assembleia, co\. 335; tit. de 1331. — Voyez ASSEMBLEMENT.) Gette première idée d'union étant généralisée, le mot Assemblée signifloit et signifie encore la réunion de nombre de personnes en un même lieu et pour le même dessein. (Voy. Froissart, Vol. I, E. 199, etc. etc.JDe là, Tancienne expression, à assem- lée : c'est-à-dire, en troupe. - Ne pevenl lesdiz « Supplians peschier à assemblée, ne autrement. » • (D. Garpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Assembleia, col. 335 ; lit. de 1367.) Si l'on ne dit plus de gens réunis en troupe, que c'est une assemblée, on diroit bien moins encore assemblée d'animaux, assemblée de poissons, en parlant de poissons réunis en troupe, d'animaux réunis en troupeau. L'extension de cette acception étoit telle que la réunion de plusieurs choses à flnir dans un jour, l'amas de quelque chose, étoit une assemblée. On disoit en ce sens, « faire assemblée « de beaucoup de choses en un jour, faire assemblée « de quelque chose. » (Rob. Estienne, Nicot et Monet, Dict.) On particularisoit l'acception générale ù^assem- blée, réunion de nombre de personnes dans un même lieu, en nommant Assemblées, ces Foires qu'autorisent de toute ancienneté les Fêtes de Paroisses, et où le plaisir, bien plus que le com- merce, rassemble et réunit plus ou moins grand nombre de monde. On a distingué ces Assemblées ou Foires, encore ainsi nommées en Normandie, non-seulement des Foires établies pour le commerce d'une Province ou d'un Royaume, maisdes Marchés établis pour celui d'une Ville ou d'un Bourg. (Voy. Du Gange, Gloss. lat. T. IV, au mot Mercatum, col. 681.) Dans la Goutume de Ghàteauneuf, les Assemblées n'étoient ni Foires, ni Marchés, quoi- qu'on y vendit les mêmes menues denrées. On n'y faisoit commerce, ni de grains, comme dans les Marchés, ni de chevaux et bestiaux, comme dans les Foires : aussi en faisoit-on la distinction. « Le « Seigneur prend pareils droicts aux Assemblées « qui se font ez Parroisses estans au dedans des'... « Seigneuries, qu'es... Foires et Marchés dudict « Chasieau-neuf, sur les non-Bourgeois d'icelui « Ghasteau-neuf, vendans esdictes Assemblées, « pains blancs, gasteaux,... et autres menues den- - rées. «(LaThaumassière, Goût, de Berry, p. 164.) Dans les siècles brillans de la Ghevalerie, les Tournois, ces spectacles militaires si pompeux, où s'assembloit l'élite des Ghevaliers unis et divisés par l'amour de la gloire, étoient des Assemblées dlionneur. Ges Assemblées dlwnneur, ou Gombats de plaisance, comme on lit dans La Golombière (Theût. d'honneur, Préf. p. iv), étoient une vraie image de la guerre, dont les combats sanglans ne furent aux yeux d'un Ghevalierque des Assemblées comme les Tournois. Aussi, dans nos anciens Auteurs, Poètes, Romanciers, Historiens» une Mêlée, un Gombat est une Assemblée. « A VAsam- c blée que Grestien et Sarrasins firent devant « Arssur, fu Jakemes d'Avesnes, li bon chevaliers, « ochis. » (Ghron. d'Outremer, Ms.de Berne, n'U3, fol. 146. — Ghron. de Saint Denys, T. I, fol. 227. — Golgrave et Nicot, Dict. — Voy. Assemblaille, Assem- BLEMENT Ct ASSEMBLER.) G'est par une espèce de métonymie connue des Grammairiens, que le mot Assemblée a signifié et signifie encore aujourd'hui en termes de vénerie le Lieu où se réunissent les Ghasseurs, avant que d'aller au laisser-courre ; mais plus naturellement AS -! il&ignifloilla réunion des Chasseurs en ce même lieu. Troupe de Chasseurs. (Voy. Cotgrave et Sicot, Dict.) S) par une autre espèce de métonymie, il a signifié la Chasse même pour laquelle les Chasseurs setoient réunis, alors l'expression de ce qui pré- cède devenoit celle de ce qui suit. En ce sens, on a dit de Catherine de Médicis : • Quand le Roy son • mari vivoil, elle alloit quasi ordinairement avec « lui à VAssembiée du Cerf, et autres Chasses. • (Brantôme, Dames iUustr. p. 47. — V. Nicot, Dict.) Enlln, par cet^e même espèce de métonymie, l'eupression de ce qui suit devenoit celle de ce qui (ffécède, lorsqu'/l ssemb/e^ signifioit ■ Mandement, • Convocation de Gens de guerre pour eux assem- ■ bler en quelque lieu, et de-là yssir et marcher en « campagne. ■ (Cotgrave et Nicot, Dict. — Voyez ASSEHBLEMËNT et ASSEMBLER.) ÏABEASTES : ASSEMBLÉE. 0. subs. - L. du Lac. T. [, (o\. 45, R- coL 1. AsAUBLÈE. Chron. d'Outremer, MS. de Rerne, fol. 116. Asserabléement, adverbe. Ensemhle, en com- munauté ; ensemble, de compagnie ; ensemble, d'un commun avis. On a fait l'éloge de la parole, en disant que par sa vertu, • Peuples farouches, et • çà et \k espars, furent unis assemblément, et « invitez à ceste société civile. ° ;i*asquier, Ubi tupra.) • Prindrent assembléeinent\e chemin droit • à ung arivouer. » (D. Carpentier, Ubi supra.) • Comme pour la nécessité apparissant il soit • accordé asscmbliemeiit de plusieurs de noz... • Prelaz et Barons, avec nostre Conseil, que, etc. » (Ord. Ubi supra. — Voy. Assemble.) VARIANTES : ASSEM6LËEMENT. D. Carpentier, S uppL Gloas. lai. de Du Cange. au mot Aeêeiiibtcia, coL 3S5 ; tit. ae i470. AssEHBLtHENT. l'asguier, Œuv. moaL p. 263. A&sBHBLiBMENT. Ord. T. I, p. 347. Assemblément, sufcst.masc. Union del'homme et de la femme. Héunion de nombre de personnes; réunion, rencontre de dcu\ Armées; mêlée, com- bat. Réunion, mélange de plusieurs choses. Convo- cation. C'est dans le proverbe, qui se ressemble, s'assem- ble, qu'il faut chercher la raison pour laquelle assemblément a signifié union de l'homme et de la femme. - Sont les deux Vierges mis ensemble... ■ et ce dont ilz n'avoient rien sceu, leur apprent ■ Nature. Si se entre approuchentsi charnellement ■ que les Heurs de virginité sont espandues;... et ■ pour ce que cest assemblément fut fait par péché - et par ygnorance, etc. » (Lanc. du Lac, T. II. fol. 30.) On qualiUoit l'inceste, à' assemblément illi- cite avec parente, alliée, ou religieuse. (Rob. Ëstienne et Nicot, Dict. — Voy. Assemulaille, Assamblée, Assem- BLER, ASSEHDLISON.) Par extension, la signification A'assemblement étoit la même que celle d'assemblée, réunion de nombre de personnes en un même lieu et pour le même dessein. On disoit : i Lu ot moult grant ■ assemblément de genz. > (Fabl. us. de la Clayette, fi- AS p. 456. — Voy. Rob- Ëstienne et Nicot, Dict.) Mais on particularisoit celte acception générale, en dési- gnant parce mot la réunion de deux Armées, et môme leur rencontre suivie d'une mêlée, d'un combat, que l'on nommoit Assemblément. (Rob. Ëstienne et Nicot, Dict. — Voy. Assemblaille, Assem- blée et Assembler.) > Le Roi Louis envoya à H. de • Nemours la puissance générale sur toulel'Armée, ■ et pour estre Gouverneurde Milan; lequel oss^m- « blemetit desdiles deux Armées par lui entendu, ■ diligence fut d'assembler la sienne. • (Mém. de Rob. de la Mark, Seigneur de Fleuranges, us. p. 114 et115.)« Sitostque l'Arclieprestre veit Vasamble- ' ment de la bataille, el que l'on se combatloit, ■ il se bouta hors des routes. • (Froissarl, Vol. I, page 275.) Piétons queurent, cil d'armes brcchent : De toute? pars communément Doulereuaest Vassembl^nenl. c Guivi, US. roi.es. V-. En parlant de choses dont la réunion, et même le mélange, forme un ensemble, un corps, un tout, on disoit < assemblément d'onguents ; assemblément • de choses qui se prennent ensemble et s'endur- • cisscnt; assemblément bien ordonné des mem- « bres. • (Rob. Ëstienne et Nicot, Dict. — Voyez AssEKEiLER.) Dans le sens physique et moral, assem- blément étoit souvent le même que notre mot assemblage. " Qui croira, selon Démocrite et Epi- . cure, le Monde et ce qui est en iceluy contenu, - avoir esté composé par Vassemblement fortuit de • petits corps indivisibles qu'ils appellent atomes. > {Dialog. de Tahureau, Epit. p. xiv.) . Hui, saverez e que nostre Sires venral.... Si est cil assemble- <• menz de paroles plus forz ke ne soit li premiers » eslaulissemenz des paroles; et bar avanture de ' tant plus fors de tantcum il at plus grant desse- - vrance entre la ligure et la vénteil. • (S' Bern, Serm. fr, us. p. 69.) • La fortune et la vertu ne • s'assemblent guères souvent ensemble, depuis « ces braves Romains de jadis qui en firent et ache- ■ verent Vassemblement. - (Brantôme, Cap. Estr. T. U, p. 28C. — Voy. Assemblage.) Enfin assemblément, que Rob. Ëstienne et Nicot expliquent par convocation, est une preuve qu'as- sembler peut avoir signifié convoquer. (Voyez ASSEHDLER.) VARIANTES : ASSAHBUIMENT. Rom. de N Assembler, verbe. Assimiler, faire semblable. Assembler, unir, réunir, former un tout, un ensem- ble. Se confondre, être confondu. S'assembler, être assemblé, être réuni. Approcher, joindre, jouter, attaquer, se mêler, combattre. Faire un mouvement vers l'ennemi, aller à lui, fondre sur lui. Convo- quer. De l'adjectif latin Similis s'est formé le verbe Simulare, le même que Similare, en fii-ançois faire semblable. (Voy. Martinius, Lexic. Pliilolog. — Du AS -2 Cange, Gloss. lat. T. VI, col. 522.) Il aeroil donc possible (lu' assembler, de même origine que le com- posé la^D assimilare ou assimulare, eût signifié tisimiler, faire semblable (1). Recoy ton Amadis ; pour tout jammis reçaj Celui qui t'aimera d'iaviolftble foy... Si ton amitiâ douce à la mienne s'astemble. De meame à tout jamais nous re»iTron8 ensemble. PoH. d'AïuiUi imart, M. 73. V-. Mais il existe uiie analogie si naturelle entre les idées de ressemblance et d'unité, qu'en ces vers la signiQcation d'assembler peut élre relative à celte d'anir. Ce verbe, dans les passages suivans, dési- gne l'union pour laquelle l'homme el la femme ont été formés d'espèce semblable. • Adana... ploura • Abel que Cayn eût occis; et oncques puis ne vaut ■ s'a£an/erfisefame.>(Lucidaires,Ms.du R. n°7989, fol. 219, R' col. 2.) Com je voua oi chi deviser De lui et de moi axsambler. Jamais n'aurai autre Signor. Ron. d'Amidu, M3. du K. a- 6961, bl. 331, R-mI. 1. En parlant del'union hypoatatiquedu Verbe avec la Nature humaine dans le mystère de l'Incarnation, l'on a dit : « Tôt ensi cum nostre foyaules moye- • nières Jhesu Criz assemblai par Irès-racrveillous « Sacrement, en une personne, la sostance de Deu < et de rOmme, etc. > (S'. Bernard, Serm. fr. mss. p. 385.) C'est par extension de l'idée de ressemblance à celle de convenance, que ce verbe a signifié et signi- fie encore l'assemblage, l'union, la réunion- de choses différentes, mais convenables pour former un tout, un ensemble. Quelque usitée que soit cette acception d'assembler, spécialement en termes de menuiserie et de charpenterie, on ne diroit plus que • les hommes sont assemblez et conjointz de vei- • nés, nerfs et os. » (Voy. Rob. Eslienne et Nicot, Dicl.) On oublioil sans doute le sens primitif et littéral d'assembler, lorsqu'on parlant de personnes ou de choses réunies, on disoit qu'elles étoient assemblées ensemble. (Voy. Rob. Estienne et Nicot, Dict.) « Le 1 Roy Alexandre et celuy d'Angleterre et d'Es- « cosse qui s'estoientassemblez ensemble, s'alerent ■ tirer plus près du trépigny pour mieulx veoir les « grans chevaleries. ■ (Percef, Vol. 1, fol. J31, V° col. 2.) " Li Chevaliers de la Terre, et li Templiers, et • li Hospitaliers s'assemblèrent ensemble, et pris- . trent conseil à *cui il porroient donner la demoi- • selle.» (Contin. de G. deTyr; Martene, Ampl. Col. T. V, col. 680.) ■ Osle une coiffe de gresse ijui « eslappelléefoullie(2).etrosteavecquesrautreque « tu trouveras es bouiaux; si les mesie et assem- o ble tout ensemble. • IModus et Racio, ms. fol. 30.) On abusoit de ce même sens, lorsqu'on croyoit peindre le ciel se confondant avec la terre, un pont fondant et s'écroulaut dans l'eau, en disant qu'ils assembloient ensemble. 6- AS • ... Do tonnerre à la reonde Toute ten-fl senti trembler. Je Guidai bi^i-que atiembler Fêlât Dexciet et terre entamble. FAI. MS. i» H. n' 1819, toL lU, V col. 9. . , . L'eve les fesoit trwnbler Si tort qu'il sembloit qti'iuiambUr DeussentpODtet eaue entamble. FAI. US. de n. B- 'niS, fol. StO, n* Ml. I. C'est par abstraction de l'idée de cette convenance, au moyen de laquelle plusieurs choses, quoique dis* semblables, peuvent âtre réunies el former un tout, que le verbe assembler, neutre dans ces vers, aura signifié une idée de confusion ; idée très-différente de celle d'union, réunion, si naturellement expri- mée par ce même verbe. Dans les passages suivans, il désigne la réunion de plusieurs Chevaliers contre leurs adversaires; la réunion de deux Armées ennemies dans un lieu où elles se joignent pour combattre; la réunion de Elusieurs personnes qu'un état ou un intérêt sem- lable, appelle dans un même lieu, el pour le même dessein. < Gaheriet sitostcommentilTut assem- • blé avec Hector et Monseigneur Gauvain,.... si se • travaillèrent tant entre eulx trois.... qu'ils arres- • terenl toute la force au Roy Claudas. • (Lanc. du Lac, T. ni, fol. 45.) < Devant un chastel con apele « Arssur... asamblerent li Creslien et li Sarrasins, . etsecombaltirent. • (Chron. d'Outremer, us. de Berne, nH 13, fol. 146.) Il tt»»ambUirei\t K purloment- ai esgarderent Qu'entr'eux deussent avoir Roi. Filil. d'EH|H!, us. da R. a' TSW. roi. ITI. V col. I. Aujourd'hui ce verbe est actif ou réciproque, dans le sens de se réunir, ou de réunir en un même lieu plusieurs personnes ou plusieurs choses; et en ce sens il n'est pas moins ancien dans notre lan- gue, qu'au sens neutre être réuni. (Voy. Chron. d'Outremer, ms. de Berne, n- 113, fol. 120. — Cot- grave, Rob. Estienne, Nicot et Monet, Dicl,} Nos ancêtres, familiarisés avec les spectacles militaires, ont pu trouver nature! de présenter une mêlée, un combat, sous l'idée d'union , de réunion, en les comparant aux Joules el Tournois où la Che- valerie se réunissoil pour faire montre de force et d'adresse. Pour eux, combattre c'éloitassfimWw; approcher l'ennemi, le joindre, jouter contre lui, l'attaquer, le combattre, c'étoit assembler à lui, %'assemble.r, etc. « Puis ?,' assemblèrent ensemble « vigoureusement et de grande aspresse. ■ (Mém. d'Olivier de la Marche, liv. I, p. 325.) > Quant les . quatre batailles furent venues et assemblées aux • Gens de Monseigneur Gauvain, lors commença la • destresse de la Chevalerie. * (Lanc. du Lao, T. m, fol. 45.) • Le Soudan emprint hardiesse qu'il • pouroit assembler îfoai à front à tous les Cres- « tiens. ■ (Chron. de S". Denys, T. I, fol. 261.) fl) Le mot est fort ancien : on le rencontre déjà dans ta Chanson de Roland : i ÂsembUt s'est as Sarrazins messages > , T.36T;nousaommesdoncraveDUsau3eDaétrmolo2iquedej'muI, mettre ensemble, se rejoindre, (n. e.) - (S) Vient d'une forme latine foUieula, (n. e.) AS -'- toient un héritage, qui en iudiquoient les tenans et aboutissans, qui les faisoient connottre, étoient des ariens. (Voy. Asscker ) < Anciens fossez et blanches • éspines sont reputez assens entre héritages cir- « convoisins. • (Coutume de la Siille et Bailliage de Lille, au Coût, gén, T. Il, p. 921.) • Pour deuement ■ mettre bonnes et a^ens entre deux confins de • maisons et héritages, est requis faire évoquer et » adjourner sur le lieu, le Prévost de Lille ou son ■ Lieutenant, quatre Esuhevins du moins et les « Héritiers circonvoisins. ■ (Coût, de Lille , au Coût. gén. T. i, p. 779.) . Prescription n'a lieu pour » emprinse d'héritages circonvoisins. contigoz et • joindans l'un l'autre, pour quelque longue jouis- « sance ; n'est qu'entre lesdits héritages y eust « bonnes, asseni, ou séparations notables. < (Ibid. page 769.) Il seroit possible qu'on eût nommé ossens, les sentiers d'une forêt, parce qu'ils indiquent la voie pour en sortir. « Sire, nous sçavons mieulx les • assens et contrées de la forest que vous ne faic- ■ tes ; il nous convient aller devers Soleil levant » pour aller à Trinouant; et vous en yrez au con- « traire. » {Percer. Vol. I, fol. 40, R* col. 1.) C'est dans le sens de voie, sentier, au figuré voie, moyen de sortir heureusement d'une entreprise, qu'on a dit : Qui raison croit, droiture et sens, £1 chemin et ou droit aêiten$ D'oDDOur avoir, est embaluz. Alin ds Cunbnf. Hanl. US. d< G*igiul, ta\. IW, H* ool. I. Sut set les dis, et les aa»eni e dire el de biaus moa trourer, Volentiers se doit esprouver En raison et en vérité. Id. ibId. fal. l41,R-co1. 1. Il semble que dans le sens de circoDstance, on ait dit : A cet Uns et en cel mens, Itoru promons li quena de Sena- Henaus, ses Rua ot la Conté, En qui il n'ot foi, ne twnté. Pli.Ha«kn,IIS.p.4». Seroit-ce parce que les circonstances d'un fait, d'un événement, indiquent l'idée qu'on doit s'en faire, qu'elles hmitent cette idée et lu déterminent? Alors celte acception figurée seroit relative à celle A'aasem, indication de tenans et aboutissans. Nous disons figurément d'un homme qui sait toutes les circonstances d'une affaire, qu'il en sait tous les tenans et aboutissans. Enfin, seroit-ce parce que la prévoyance indique la voie, le moyen qui peut conduire au but où Ton vise, que dans le sens de prévoyance, on auroit dit, en parlant de Charlemagne : Ce fu cil qui paraongrant sens, Par sa proaics et par oaten», GouTema le règne de France. Pb. lIoaikn,ll3.F.e5. Peut-être jugera-t-on qu'en ces vers aswn» est de même origine et de même signiUcation qu'en ces (1) Mmt. -<8)llerrsin. 8- AS expressions encore usitées dans la basse Norman- die, agir d'assens, parler iTassens. [Voy. Assehs.) TABUNTBS : ASSEN. Fabl. HS. du R. n* 7G15. foL 170, V* coL 3. A3EN9. Ph. Houskes, HS. p. 415. AssEiN. Cbasse de Gaston Phebua, US. p. 173. AssENs. Alars de Cambrai, HorvUtéa, US. de G. fol. 146. Assenai, subst. ma$c. Chose enseignée ; con- noissance acquise. Part, portion assignée. Doa par lequel un Père assigne à des enfans de qnoi s'établir, se marier. Domaine, héritage assigné pour le payement d'un cens, d'une rente. Domaine, héritage assigné pour sûreté de douaire et autres droits matrimoniaux. Assignation de rentes, d6 dettes, sur héritages. On croit que parler d'une chose par asseniata, c'étoit en parler d'après quelques renseignemens. d'après quelque connoissance acquise. (V. Assehb.) Cil baalart Jongleour qui vont par ces vîliaue, Chantent de Guiteclin, aussi par atseniaut. Hais cil qui plus en set, en est tout fins muiauB <1) ; Car ii no sevent mie les riches vi '• — On exprimoit une idée relative à celle du verbe assener, assigner à quelqu'un sa part dans une chose, lorsque dans la Coutume de Lorraine, Tit. x¥, on disoit : « U y a règlement au bois de maro- « nage(2); scavoirqueceluiquiadroit d'enprendre « pour baslir, n'en pourra coupper et abattre qu'il ■ ne lui soit marqué et assigné Aussi, estant ■ par l'usagier, ou de sa part, l'ossif/nal demandé < pour bois de maronage, en est tenu le bailler • dans vingt quatre heures; à faute de quoi pourra < ledit usagier, etc. • (Coul. gén. T. Il, p. 1074.) De li), l'expression, prendre bois de maronage par par assignai. (Coût. gén. Ibid.j C'est en ce même sens d'assignation de part dans une chose, de part assignée dans cette même chose, qu'on a dit : Or lor ferai un mont bon assenai. Ane. PoiL fr. 1139. «Mil 1100, p. 17S. Le don par lequel un Père faisoitpart de son bien à ses fils puînés ou h ses filles, en leur assignant de quoi s établir, se marier, étoit un asiinat et plus anciennement un assené. • Les termes assenne et • advis qui sont anciens, signiHent ce que nous t disons à présent assinat ... don faict el assigné > par le père à ses enfans puinez, ou à ses (llles • pour les marier, » (Bouteiller, Som. rur, Tit.irr>, notes, p. 412. — Voy. Asseneb.) Dans In Coutume de Bourgogne, chap. u, un do- maine, un héritage sur lequel on avoit assi^ro^ an cens, une rente, étoit un assignai. • Le Seignenr ■ censier, ou rentier d'aucune chose, peut adressa < et a son action pour les arrérages a iuy deuz de c la censé ou rente, contre Vassignal et contre le • Tenementier d'icelui, sans ce qu'il soit tenu de ■ discuter l'action personnelle contre le principal « obligé ou ses hoirs. ■ (Coût. gén. T. 1, p. 848. — Voy. Laurière, Gloss. du Dr. Fr. T. I, p. 80.) AS -W dans la Coutume 6e Lille, citée par Du Gange, (Gloas. lat. au mot assenatto, ool. 773.) . La Dame « ou la Damoiselle n'a droit de douaire, si le mary ■* revoit en mariage avancée d'aucune chose, oo • assenée desur son héritage; car deux douaires ' ne peut-elle avoir ensemble. Mais il convient • qu'elle se tienne auquel qui mieux lui plaira ; ou ■ a Vassenne ou au douaire coutumïer. > (Bouteiller, Som. rur. liv. 1, lit. xctii, p. 555.) De I&, « les assen- « nfs. ou avancemens de mariage, sur terres non ■ nobles et tenure de mainTerme, encore distingués ■ des douaires appartenans aux Dames ou Damoi- ■ selles, pour cause des fiefs et nobles tenemens. ■ (Voy. Id. ibid. tit. icviii, p. SGâ. — Voy. Asserkr.) Assené, partie, et subsl. masc. Ce qui est assigné pour douaire etautres droits matrimoniaux. Celui qui a un assignat. Celui qui est désignécomme ayant cause. But designé, but auquel on doit viser. C'est par ellipse d'un substantif masculin ou fémi- nin, comme rente, béritage, que ce qui éloit assigné à une femme pour son douaire et autres droils'étoit un assené, une assenée. -Les Dames et Damoiselles, • et autres ayans renoncé, auront... tous et quel- ■ conques les héritages venans de leur costé,... et ■ leurs assennées, s'aucuns elles en ont.... Tels ■ assennes se pourront faire... sur fiefs, alleuts, ou ■ main-ferme, soit devant ou après espouser. > [Cûut. de Hainaut, au Coul. gén. T. 1, g. 803.) - Une ■ femme peut renoncer aux biens et dettes de son ( mari, et soy tenir à son assentié conventionnel. • (Goût, de Lille, ibid. p. 777. — Laurière, Gloss. du Dr. Fr. — Voy. Assené et Assignai.) Dans le second sens, un assené étoit celui qui avoit un assignat, à qui l'on avoit assigné un flef, une aumône. • Les receveurs.... payeront fiez et ■ aumosnes aux assenés, et en monoie tele comme « il recevront de nos Fermiers. • (Ord. T. 1, p. 713.) Les Assignés, en latin Assignati, que les Loix d'Angleterre distinguoient des Heirs, en latin Hœredes, éloient ceux que par cession, donation, ou par quelque autre titre, on désignoit comme ses ayans cause. ■ Purrouut plusurs purcbaser encom- < mune à eux et à iour tieires et a leur assignés.... • Et si un nequedent se lesse morir seisi de sa ■ partie avaunt la devision de sa partie, ele acrest ■ a ses parceners et à leur heires, et issinl de tres- ■ tous jusques al dareyn ; et si le dareyn moei^e • sauns heire et sauns assigne, adonques serraie « hérilago al Seignour. . {Britton, des Loi^ d'An- gleterre, chap. XXXV, fol. 91.) •> Si home psrchace ■ terres par ceux parolx, à aver et tener à lui à • touts jours ; ou par tielx parolx, à aver et lener à ■ luy et à ses Assignés à touts jours ; en ceux deux • cases il n'y ad estale forsque pur terme de vie, ■ pur ceo que il faull ceux parolx, ses Heires ; les- ■ queox parolx tant solement font l'estate d'enhé- ■ ritauncc. ■ (Tenures de Littletoo, chap. i, fol. i. >- AS — Yoy. Du Cange, Gloss. lat. au mot Assignalus, col. 782.) Enfin, une chose désignée comme le but auquel t il falloit viser, étoit une assegnée. • Cellui qui • meltoit la bille plusloiog (D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Cange, au mot Assiela, col. 342 ; tit. de 1383.) Après avoir prouvé les acceptions du participe assené, pris comme substantif, on ajoutera mie relativement k l'idée du signe, du win dont les monnoies sont marquées, on a dit d'une monnoie frappée en 14^, qu'elle Satasennée. C'est ainaiqu'il faut lire en ce passage : • Fut monnoie noire de ■ trois tournois la pièce.... Pour ce que celle -de < deux tournois estoit blanche, et celle de trois • tournois noire, le Peuple en fut si mal content ■ que la convint lai.sser; et si estoit tant aasentrie.' (Journal de Paris sous Charles VI et Charles Vil. p. 94.) C'est probablementdans un sens analogue àcelui du verbe assener, indiquer une chose b qmlqu'un, la lui désigner, la lui assigner pour le rembourse- ment de frais, que l'on aura dit ; . Si voloit estre ■ assenés, s'il al règne m'étoit nul cost, où il s'en ■ tenroit. > (Chron. d'Outremer, hs. de Berne, n* 113, fol. 128. — Voy. Assener et AssensB.) On croit que dans les vers suivans, ascené est une variation d'orthographe du participe assena, cod- traction d'assense : .... Franc vouloir arbitre de pensée Puet sur les cours, par raison aseenie, Seigneurir par vertu vertuenM. Eul. DtKh. Pg«h MSS. p. tM. wl. 1 . VARIANTES : ASSENE. Laurière, Gloss. du Dr. Fr. Abcenë. Euet, Desch. poëa. MSS. p. 130, col. 1. ASSENNË. Coût, de Hainaut au Coût. géo. T. I, p. TW. AssiQNt. Britton des Loiz d'Angleterre, ctaap. xu, tvà. 406. AsSEGNÈE, partie, et uuhit. fém. D. Carpeutier, Stip. GI. Ut. de Du C. au mot Attleta. ASEKNME. (Liaei Assennée.) Jour, de P. a. Charles VI, p. 94. AsBENNÉE. Coût, de Hainaut, au Coût. gén. T. I, p. aoB. Assenement, subst. masc. Action de faire signe; signe, indication. Action d'assigner part ou portion; donation par laquelle on assigne de quoi subsister; don par lequel un j^re assigne à son fils de quoi vivre comme chevalier; assigna- tion de douaire. Assignai, Assignation d'une dette, d'une rente sur un héritage. Action de placer; position ; disposition. Saisie ; main-mise. On ne prou- vera point ici l'analogie et la réalité de ces accep- tions, parce que les acceptions du verbe amener nous semblent être une preuve suffisante de celles du substantif Assenement (Voy. Asssnbr.] Dans un sens analogue à celui d'usscMAHcnJ, signe, indication . on disoit que le bàillaMent, comme signe du besoin de se coucher, étoit ane assignation de couche ; en parlant d'une jeuae iîlle dont les yeux indiquoient le désir, qu'elle donnoit des assignations ; par une allusion aaaw ridicule, qu'elle étoit fille de Sergent, qu'elle avoit 'les ^x AS -s pleîQB d!a$sigaatioi)s. (Voy. Oudia, Cur. fr. — Id. itrid. Additions.) TABIAN1ÏS : ASSENEMENT. G. Guiart. MS. fol. 352. ACEHBMBNT. Psrton de Bloia, MS. de S'-Germ. fol. 151. ASKNEMKNT. Ph. HouBkM, US. p. 987. ASSAINBXENT. D. Carp. S. Gl. I. de 0. C. i Attenamentum. AssiGNBMENT, S'-Beraard, Serm. tr. HSS. p. 78. Assignation, s. f. Orth. subs. - Oud. Cur. fr. Assener, verbe. Faire signe ; appeler en faisant signe, appeler de la voix. Faire apercevoir par signe, indiquer, Caire connoitre, donner connoissanoe, désigner; enseigner, donner des renseignements. Assigner, destiner ; assigner en partage. Partager en assignant de quoi vivre; pourvoir, douer. Pla- cer, introduire en faisant signe; placer, marier, établir, préposer, déposer. Frapper en visant, frap- per juste ; blesser en frappant ; frapper sans viser ; adresser, toucher, atteindre, parvenir. Mettre un signe de saisie; saisir, mettre en sa main; réunir en vertu de saisie. On observera que dans notre langue, assener et assigtier [i] sont de même ancienneté, comme ils sont de même origine. Ou dlsoit assener de la main, de la tête, de l'œil, pour faire signe de l'œil, de la tête, delà main ; appeler en faisant signe de la main, de ta tête, de l'œil. ■ S'en vint le Chastelain sur les ' carneaux, qui aciieva (lisez achena) de la main; • et Bertran monta à cheval, et ala parler à lui sur ■ les fessez. • (Uist. de B. du Guesclin par Hénard, p. m.) ... Se (t'estoie en Puadis, Et la Belle m'acenast fors, 8ue g'aim plus que m'ame et mon cora, u de chiei, on d'ueil, ou de doi ; TosI m» tuwt venir à soi. PvtoD. de Bli^, MS. daS. Gmb. (ol. Itl. V-. eol. 3. En général, assener quelqu'un, ou l'assigner, c'étoit l'appeler en lui faisant un signe, un geste auquel il pAt connoitre qu'on l'appeloit. Il est mônie vraisemblable que, par extension, c'étoit l'appeler de la voix, comme du geste. < Quant il ■ orent hardoié,... si trast d'une part un clieva- ■ tiers Sarrasin, et ac^na un Turcople qu'il alast « parler à lui. » (Chron. d'Outremer, us. da Berne, ji* 113, fol. 126.] > Si voit ung de leurs Escuyers;... • il le assigne, et oeluy vient. > (Lano. da Lac, T. I, fol. 145.) Un Damoisel à lui acetne. Par le flrain Le ckenL U test, etc. sage ds Troia, MS. , H* eol. 1. Au figuré, quelle que fût la manière d'indiquer a»t chose, de la faire connoitre en la désignant aax yeux de l'esprit, en l'enseignant, c'étoit Vaase' <1) Aêiener et atiiçner viennent tous deux d'asiignare; mais attigtier, quoiqu'oi d*(Mwiation sa*But«. Le a de assigner neflepronoDcatt pas au XVII* siècle, non pi . . .._ . _,. l'on trouve atilnare. La F^ntoine, au livre Vl, fable SO, dit ; t L'auberge enfin de l*bi]iiéaée Lui fut pour maison oitenée. > CtûlDei le remartioait encore dans s« grammaire française, publié^ «a 171)0. (|t. R,) 1- AS ner ou l'auj^ner. On diroit encore aujourd'hui, avec Gace de là Bi^ne, assigner des raisons, pour les indiquer, les faire connoitre. (Voy. Poëme des Déduits, «s. fol. 134.) Anciennement, assener quel- qu'un d'une chose, et même d'une personne, ou. l'en assigner, c'étoit la Igi faire connoitre, lui en donner connoissanoe, lui donner des renseigne- mens sur cette personne, ou sur cette chose. > Dictes-moy plus clerement aucune' chose du « Chevalier, pour veoir se vous en sçauroys assi- • gner. • (Percef. Vol. II, fol. 79.) . Voicy cestui ■ qui te peut assener de ce que tu quier. ■ (Lanc. duLac, T. I, fol.9fi.) Haistre, moult par te doi amer. Qui de tôt me ses assener. Luddilm, US. 'Ifl Clbdrt, M. tO, V. Dans la farce de Palbelin, le Juge ne pouvant rien connoitre à la demande du Drapier, qui dit drap, lorsqu'il faut dire moutons, s'écrie : Véoi! suis -je bien atsené f IL ne cessera huv de braire. Fvca da Palbalin. p. 9E. Si l'on désignoit des greniers pour certains usa- ges, c'étoit les assigner, quelle que fût lu manière d'en indiquer la destination. (Coût, de Bretagne, art. ccLxvi, citée par Lauriëre, Gloss. du Dr. Fr) Dans ce même sens général de désigner, on disoii assigner ou assener le temps de faire une chose; en termes de procédures dans les champs da- bataille et les cours de justice, assener jour aux parties. < Si assenèrent [aliàs assignèrent) jour de ■ partir au roi Sigebert, ou à ceute que il i vouv ■ droit envoier. > (Chron. S' Denys, ttec. des Hisk de Fr. T. III, p. 301 .) " Furent tuii oceiz en la nuit ■ qui fu assenée pour faire si grant cruauté. ■ (Ibid. p. 292.) « h\ juge assenait jour aux parties, ■ etc. ■ (Coût, de Beauvoisis, cbap. xiiis.) < Le ■ Seignor doit le gao;e recevoir, et a8se;ter le jour • de bataille, etc. » (Assises de Jérus. chap. i.ïiiu. - Etablissemens de S' Louis, liv. II, chap. «ii, etc.) De là sans doute notre verbe assigner dans le sens d'ajourner. Anciennement, asstffrter une chose ù quelqu'un, c'étoit la lui désigner comme son partage, quoi- qu'elle ne lui fût pas absolument propre. • La • Fontaine assigne al Peire de cuy U Fils naist, et • de cuy ist li Sainz-Bspiris. La lumière assigne i\ - Fit, etc. La paix assigne al Sainz-Espint, ete. • Ceu ne dis-je mies assi cum ces choses soyent • propres h un chascun ; car li Peires est agsi la- ■ mières, etc. • (S' Bernard, Serm. fr. «ss. p. 95.) ■ Fontem assigna Patri ex quo nascilur Filius, - etc. ■ (8' Bernardi opéra, T. I, col. 77R.) Encore aujourd'hui l'on dit assigner des terres, des rentes à quelqu'un, pour les lui désigner comme destinées aux besoins de 33 vie, ou à T'ac- quit d'une dette, les lui désigner comme son par- AS -*. iage, ou comme destinées à lui tenir lieu de ce mènie partage. C'étoit aussi une ancienne accep- tion d'assener le même qu'assi?n«r. • Diront... les • sommes assenées pour vivres, et pour douaires. » (Ord. T. I, p. 463.) • Li Abbés et li Covens nous ■ prièrent ke nous lor tornismes de lor à unne ■ part; et nous à lor prières.... lor assenâmes « pour lor partie del boa, unne pièce de bos ili toulle • fa terre qui est divisée par certaines bousnes. > (Ductiesne, Hist.généal. delà H. de Béthune, pr. p. iSl. tit. de 1213.) • Geste terre que mes freires « m'asanne et assènera por l'eschoite mon Trère, « tang-je de lui en fié lige. » (Ductiesne, Hist. généal. de la H. de Bar-le-Duc, p. 31 ; tit. de 1249.) • Il tint sens nul reclain, bien aix ans ou plus, ce » que li fil assegnei en partie; et de cèle terre ■ qui li fu assenée et asisse por sa partie, reçut < Hesire Renais les hommages. • (Id. ibid. p. 30.) De là, on aura dit assener quelqu'un pour le partager en lui assignant de quoi vivre, en lui assignant des rentes pour lui tenir lieu de sa part dans les hérilages: acception particulière que semble indiquer 1 opposition â'asseTier à ireter dans le passa^ suivant: > Safadins ot iv fix, dont il dona ■ as TU irelages, et as vui rentes Or avés oi des ■ VII flx Saphadin, cornent il Turent ireté ; or vos ■ dirai comment li vui Turent asenés. ■ (Lett. du Patriarche de Jérusalem, mss. de Berne, n* 113, fol. 175.) C'est par comparaison d'un Roi à un Père, qui doit partager ses enfans et les pourvoir, en leur faisant part de son bien, en leur assignant, es leur donnant de quoi vivre, qu'un ancien Poète a dit allégoriquement : Si tet le ChieT contre nature ÎuftDt à sea membres norreture oat (1), qui les deust luienr. BU. da n-. m TOI, k !• iidia du Hom. lU fmmi. M. 74, V «ol. ). Anciennement, ce don d'un père k ses fils puînés M à ses flltes, se nommoit assené, comme l'espèce de donation par laquelle un mari assignoit a sa femme un douaire sur ses biens et héritages. Jdnst, l'on disoil d'un mari qui douoit sa Temme, Îu'il Vassenoit sur son héritage, qu'il Vassenoit de oaaire. (Bouleiller, Som. rur. tit. icviu, p. 562 et 56S. — Voy. Assené et Assenal.) Si l'on pourvoyoit â l'administration d'un Royaume en la partageant, en assignant à difTérens Officiers une part dans l'administration de ce même Royaume, c'etoit l'assener. ■ Ricbars en ala en « Engleterre, et porta corone à Londres, et rechut ■ ses bornages de chiaus de la terre. Après si laissa ■ ballius«t gardes en Engleterre Quant il ot < ensi faitement assenée sa terre, etc. • (Chron. d'Outremer, us. de Berne, n° 113, fol. 143.) L'extension de cette acception à'assener, par- tager, pourvoir, étoit telle qu'on disoit d une troupe pourvue d'armes et d'habillemens de luxe, qu'elle etoit assennée d'atours et tfarmeures ; d'une femme pourvue de mari, qu'elle en étoit assenée ; *■- loUU — (S) Rofaume ; en l«tiii Regnvm. d'an homme pourvu de maltresse, et p^_ toutes les qualités propres à s'en faire aimer, qu'u en étoit as (Les Quinze joies du Mariage, p. ICO.) Si li ai mon cuer doné ; Bien le tieog atiené. Chu», fr. la If lUel*, US. d* BoaUr, f*l. IIB, V. On disoit d'une femme, ou d'un homme qui pla^oit son affection en la personne désignée pour objet de son choix, qu'en cette personne ils seroient bien assenés. • Elle seroit en vous bien assenée. « d'avoir ungtel amoureux. ■ (Petit Jean de Sain- tré, p. 127.) le la voudrai marier bien. Ne bbI Prince dedena ceat R^ne<3), Ne de ci jusqu'en Loberaini;, Sui, tant soit preudom et aenei, e m en li bien assenez. F*b1. US. du n. n- 7MS, fcl. SU, H- «1. t. L'acception générale ù'assener, placer, étant particularisée, l'on a dit, dans un sens relatiT à celui de cette dernière expression, assener une fille, ou l'assigner pour la marier, l'établir en la donnant à celui quon lui désigne pour mari, el auquel elle est destinée pour Temme. Encore au- jourd'hui, placer une fille, l'établir, c'est la marier, la donner en mariage à un homme. • On ne pou- € voit mieux, ne plus hautement aligner Madame ■ Bietrix de Portugal, qu'au roi d'Espaigne. ■ > (Proissart, Vol. Il, p. 171.) > Ma fille, si Dieu plaiit AS -s « sera assenée h tel homme dont elle recevra hon- « neuf. . (Percef. Vol. V, fol. 108.) Cil siens oncles U flst mener A un chaatel, tant qa'atiener La peust à aucun preudomme ; El TOUS &avex, ce est la somme. Pihl. MS. da H. n- 7M8, fol. Î8B, V- mI. t. On disoit absolument, assigner une fille, ou l'assener, pour la marier, l'établir, la placer. > Sire, « vous congnoissez bien tous les Chevaliers et les > Dames aussi ; si les assenez, si comme droit « est. » {Lanc. du Lac, T. 11, fol. 29.) . Quant vous « mariastes les autres, se vous eussiez esté cour- « tois, elle ne eust pas esté oubliée : car elle est > plu3 vaillante que nulles des autres ; si deust « eslre la première assignée. • (Ibid. fol. 30.) Marier vueil, tout sans respît. Ete vous toutes sui li ainsnëe ; Si doi premiëra eslie assenée. Fibt. «S. dn n. n- TMS, (ol. ÎST, V «1. «. Peut-être jugera-t-on qu'en ces derniers passages, comme en plusieurs autres, il faudroit rendre assener, ou assigner, dans un sens analogue à celui de l'expression assener de mari, pourvoir de mari. Car si l'on dit d'une fille mariée, qu'elle est placée, qu'elle est établie, on dit aussi qu'elle est pourvue. Le verbe Assener parott susceptible de 'l'une et l'autre explication aans les vers sui- vaos: Ouficune Tu si lutenée. Que grandes dames toutes trois Fdreut : ce tu raisons el drois. Cltaudèi, US. d* GiffM, M. «, V sd. I. La fièvre quarte et U double tiercaine... Puiat aToir qui marï me donna ; Et pendoz soU qui oinsy m'asêena Enit. Dauli. Poô. HSS. p. MD, col. t. En nommant k une place, on désigne celui qu'on y établit, qu'on y prépose. C'est donc encore rela- tivement a l'idée générale i'assener ou assigner, placer, que dans Te sens de préposer, on a dit : « A la garde de mesmes les terres, desut le Boy ■ nostre uncle avantdit, avum ossi^n^letionorable - père Waut, éveske de Everwyk. » (Rymer, T. I, part. 2, p. «5, col. i, lit. de 1270.) Enfin assener une chose, dans le sens propre, (^éloit désigner le lieu où elle seroit placée, la pla- cer, la déposer en ce même lieu. On a feint que Ciiarlemagne, pour obtenir de l'empereur de Cons* lanUnople et du patriarche de Jérusalem, quelques inslrumens de la Passion de Jésus-Christ, leur fit cette promesse : Si m'en donnés, S'iére noblement tueni*; Et a'en iert moult France onorée. Ph. lIoukH, US. p. tes. On se trompe en croyant que Iç verbe Assener, encore usité dans le sens de frapper, exprime la violence du coup. C'est parce qu'il en exprimoit la justesse, que Joachim du Bellay, dans sou Illuslra- tion de la Langue françoise, fol. 30, le meltoit au noihbre des mots antiques dont il recommandoit aux Ecrivains de son siècle de renouveler l'usage, comme propre à • donner grande majesté tant aux »- AS ■ vers qu'à la prose. > Il semble que, conformément à sa déflnitiou A'assener, frapper où l'on vise, par conséquent frapper juste, Brantâme ait dit : ■ II • faloit bien que celuy fut asseuré qui ne bransloit ■ sous son coup, tant il sçavoit bien et trës-k-pro- • pos, el à temps le donner, ou ainsi que l'on diaoit • anciennement asséner. > (Brantôme, Cap.'fr. T. Il, p. 162.) On ne frappe juste qu'autant que l'on adresse au point désigné par l'œi), au point où l'on vise. (Voy. ÂssEGNËE.) C'est donc en passant de l'idéelde ce qui précède à l'idée de ce qui suit, qu'on a dit assener, le même qu'assigner, dans le sens de frap- per, frapper juste, nlesser en fraiipant. ^ Il assegna ■ le bras de l'enfant, et le brisa en deux moytiâ. > (Chron. S' Denys, T. Il, fol. 13.) . U faillit le chien, ■ et assena le maître du chien. • (Honet, Dict.) Sache l'espée Fort dure et encienne, Et il un Persant en asanne. Pvtea. da BloU, US. da S* Geno. fol. lU, V- ul. t. Cis fu assenez laidement En l'yaume, sus la visa^iére. D'un alenai parmi Tuilliëre. . . : Ueeaire Gauvain l'a«ane En son escu, desot la pane. nom. da Pinavil, US. da^ania, n- 354, toi. UB. V ool. 3. Amours à point ce dart lança, K'à un coup deux cuera auena. CUaoBdta, 113. dg Gligart, M. 13, V col. 4. Ung vlreton que l'en tira, La vint en la jambe aaaener, etc. ^rll. d* Clurlw vu, part. I, p. lit. L'artillerie adonquea c'est monstrée. Hala une pièce est rompue et oultrée. Dont il advint trop merveiUeux dommatge ; Car elle occist ung gentilhomme et paige, Par les esclata dont lurent luaignei. Œm. da J. lUm, p. U. Il résulte de ces divers passages, qu'assigner ou assener, ce n'étoit pas toujours frapper en visant, en adressant au point désigné par l'œil ; mais que, par extension, c étoit frapper, frapper sans viser. Peut-être n'a-tron dit assener pour frapper, qu'en particularisant l'acception générale d'ass£n«r, adresser, toucher, atteindre. Soit que les personnes ou les choses, auxquelles on adressoit, on touchoit, fussent désignées ou indiquées par la vue, soit qu'on y adress&t, qu'on y touch&t de la main sans les voir, on disoit qu'on les ossenott, qu'on y assenait. < Avons... ordené et ■ establi que toutes les armeures es menues gens, ■ soient ensemble mises... en lieus sehurs etcon- ■ venables,... et que chascun mette v>n seing et ■ son brevet en ce qui sien sera; et que toutes ces ■ chosessoientsiseurementgardées, que chascun... ■ peust au sien assener, et le prendre. ■ (Ord. T. I, p. 636. — Voy. Rassenkr.) .... Par le* cbenlles aloit li chevaux, anal part c'oa vouloit. Vers U poitrine retasta ; A une cnevUle astena, Qui en tel fourme laite estoit, etc. niiaiaili, MB. da Ç^gt, tH. U. H'mJLt. AS -S U prieufl U va boutant ; Ub petit la euide atener : Can otet soc le iA6 dn piler. r^L US. du fl. a- nw, (ni. 80. V cel. t. Tant caniulerent qu'il tuMnerent Au mcMne ; et quant il trouvereot Le froc, caacunB a'est merrelliés. U uns «sene retrs les pies, etc. "^ Au flguré, assener à amie, c'étoit adresser k une fevrae qui nous aimoit. On disoit du cœur qui s'adressoit à elle, qu'il ne pouvoit mieux ^axsener. (Voy. Fabl. us. du R. n* 7218, fol. 182.) Houl devrcHt bien par droite cortolaie, Leaux uuors et faire et establir Qu'ele vouBiat sea biens à droit partir ; Que fins amis ataenast à amie. Aae. Poil. fr. 1133. imt 19M. p. tn. t'amour a un bol auquel tout amant vise; s'il y adresaoit, s'i! l'attei^oit, on disoit qn'il « afroit bien ■ assené. > (Cléomadës, hs. de Gaignat, fol. 17.) En visant a une chose, en dirigeant se» vues vers elle, on y parvient; de là, l'expression figurée assener à paix, c'est-Ji-dire parvenir à la paix que l'on a en vue. ... A ses aouglez commande Que s'a paJE Teuleot asiener, Facont des Daioaooia mener A Pieiregort un certain noinbre. 6. GnlBt, US. toi. au, V. On disoit même, assener à une maison, à un lieu, ou en un lieu quelconque, pour y parvenir en diri- geant ses pas, en les adressant vers ce lieu, vers cette maison, etc. (,Anc. Poët. fr. hbs. avant 1300, E. 176. — Fabl. xs. du R. n" 7615, fol. 165. - G. uiart, us. fol. 287, etc.) . Li quens Henria, ai manda ■ un sien servant qui de la terre e^oit nés; si li • demanda s'il saveroit aler en la ptece de terre où ■ la bataille avoit esté : et cil li dist, oil moult ■ bien ; et bien saveroit assener en la pièce de ■ terre où li Rois fu pris. . (Chron. d'Oulremer, M. de Berne, n* 113, fol. iU, E* col. 2.) Tant las mena Que il droit au Uaa atama OA U s'estoit de li partis. CMiDuata. HS. de (Mgiul, M. 13. V eoL I. Au figuré, l'on a dit proverbialement de l'bomme qui parvient sûrement, mais lentement, à ses Ans : « U vient lard, mats il assené bien. ■ [Oudio, Cur. friBÇ.) On sait que nos anciennes Coutumes varioient lflB.Bigne3 de saisie, de main-mise. Si le signe de main-mise, de aaiaie, étoit un brandon, on disoit Sue l'héritage saisi et mis en la main du Seigneur (oit brandonné ; qu'il étoit assené, dans le sens Îénéral de saisir, (voy. Laurière, Gloss. du Dr. fir. . I, p. 76 et 186.) Quelle que fût la manière de sai- sir, cétoit pDobaJ)lemeDl dans un sens relatif à l'idée de quelque ancien signe de saisie, qu'on disoit assigner, ou assener à un fief, en latin assi- gnare ad feodum, pour saisir ce nef, te mettre en M main; littéralement mettre un signe de saisie, à ce môme fief. > Si hoc noa tacereoi, dominus Rex, « sine mesfacere, posset assignare ad omne illud ■ quod de eo teneo; et tenere in manu suâ, '- AS ■ quousque, etc. • fLabbe, Alliance Chronol. T. H, p. 652 ; tit. de 1218.) • Li cuens s'est obliçie&.k ■ ladite contesse de ces covenances fere lenih ■ Et se Gaucher ne sa famé en aloient encontre, eAe ■ porroit assener à la conté de S' Pol que il tient de ■ lui en fié et en demaine, et tenir la, sa«8 soy ■ mesfaire, jusqu'à tant que ce fusî amendé. ■ (Duchesne, Hist. génëal. de la W. de Chastillon, pr. p. 46 ; tit. de 1236.) > Se il arrivoet que ledit Olinw • mefeist à nous ledit comte, nous le comte « pourrions (Msc«er aux fiez queceluy Oliviwtiefit « de nous, jusques à tant que, etc. • (ft. Moriee, Preuv. de l'Hist. de Bretagne, T. I, col. 981 ; tit. de 12S1.) Philippe-Auguste, mécontent du roi d'Angle- terre, son vassal, ■ proposa ensoncueuràossif^nfl* • au ftef, et à entrer en sa terre à ost bannie. ■ (Chron. S' Denys, T. Il, fol. 13.) On voit dans les Etablissemens de S' Louis, liv. Il, chap. ixii, que le llef possédé par ie Vassal n'en étoit pas moins le fief du Seigneur. C'est par cette raison que Voa disoit : ■ Se aucuns Gentishons assené à son fié • par défaut d'orne, ou de rachat, ou de roncin de • service, ou por autre chose, en usaut de son • droit, et cil qui est li domaines, s'avoe biea à ■ tenir la chose de luy, li Sires li rendrais seue . cbose. . (Ord. T. I, p. 276.} On croit apercevoir dans l'expression assener oa assigner à un fief, la raison pour laquelle on aura dit assigner ou assener, dans le sens géqéral de saisir. Il est néanmoins possible qu'en cette même expression le sens 6'assener ou assigntr, soit rela- tif àcelai de toucher à unechose, y mettre la main; et que de là on ait dit : • assigner sa main au fief < de son Vassal, assigner et mettre sa main sur un • héritage, • pour saisir un héritage, saisir le fief de son Vassal. (Voy. Laurière, Gloss. du Dr. fr. T. I, p. 76, au mot Assener. ~ Cotgrave, Dicl.) Enfin, la réunion des domaines d'un vassal as. llef de son Seigneur, étant une suite de la saisie de ces mêmes domaines, il a pu sembler nâtnrel d'ét^dre l'acception à'assener^ saisir, à celle de réunir eo vertu d'une saisie. • Il saisi tontes les ■ rentes, et les assena à la soie rente. • (Cbroa. d'Outremer, hs. de Berne, n° 113, fol. 153.) C'est en ce même sens qu'on lit, • assigner à son Oef le» • t«rres de son Vassal, • dans Cotgrave, DicC Conjug. Acenist, inàic. prêter. Indiqua par signe. [Rom. de Brut, MS. fol. 2, R'col. I.) Aisseneis, pari. Placé. (Chans. fr. «s. de Berne.) Assegnei, participe. Assigné. (Duchesne, Hist. généal. de la M. de Dar-Ie-Duc, pr. p. 30.) vARiANTcs : ASSENER. Orth. subs. - Assises de lérusalMa, p. 170. AcKNER. Anseis, HS. fol. 7. AcBtnntn. Atbis, VS. fol. 113. R* col. 3. AcEsmni. Si^e ds Troie, HS. du R. m* 6067, toi. 0&. ACKBVER. (Lises Aehener.) Hist. de B. du Guesclin. Mf Uauard, p. lU. AjtsSNKR. Loix Normandes, Art. ZLII. AlserBNBtn. Chans. tr. HS. de B. n* SSO, part, 1, fol. Ift -«5 — AS Abehbir. Cbans. fir. MS. de Berae, part. % fol. 90, R*. lAaSNBR. Pb. MoQskes, MS. p. 288. ASKNNER Fabl. MS. S«-Genn. fol. 53. V» col. 3. ÂSSEGNER. Chron. S»-Deny8, T. II, fol. 13, Y». AssEiGNER. Chron. S»-D€ny», T. V, p. 277. AssENNBR Athis, MS. fol. 91, R* col. 2. - Cotgrave, Dict Assigner. Orth. subs. - S^Benuurd, Senn. flr. MSS. p. 96. Assenete» subst. fém. Copeau, ou bardeau. On a écrit aselle pour aiscelle, ais, bardeau : et peut-'étre usuelle. De cette deruière variation d or- thographe, que Ton suppose avec tant de vraisem- blance, on aura formé le diminutif asseletef et même assenete, par un changement de lettre de même organe. (Voy. Assenne.) Quoi qu'il en soit, Tacception A'assenete paroit être relative à celle d'aisceau, ou d'aiscelle, dans ces vers où des bardeaux, des copeaux, choses de nature très-combustible, paroissent avoir servi d'objet de comparaison au Poète, pour rendre sen- sible ridée de la vitesse avec laquelle le feu prenoit à des villes que Ton vouloit réduire en cendres: Plus vistement qu'aus asse^ieles (\) "" ' it les feus par les viUetes. G. Guiart. MS. cité par D. Carpontier. Soppl. Glota. lat. do Fichent les feus par les viUetes. l. MS. cité par D. Carpontier. Soppl Du Caoge, aa mot Auieta, col. 841. Il nous semble que D. Carpenlier s*est mépris en disant qu'assene^^, en ces vers, est de même signi- fication i\\xa^egnée, but désigné. (Voy. Aiscelle et ÂISCEAU.) Assenne, %ub^t. fém. Ais, bardeau. On a la preuve que aiscelle, ais, bardeau, s'écri- voit aiscièle, aiselle, aselle, essele. Ces variations (f orthographe une fois prouvées, quiconque étudie les anciens monumens de notre langue, saura bien, étant guidé d'ailleurs par Tidentité de signification, réunir sous Tarticle aiscelle , toute orthographe de même terminaison que assielle, asseillej et autres à peu près semblables, que ses lectures peuvent lui offrir. C'est un de ces supplémens qu'on se platt à flaire soi-même, et duquel nous nous serions dis- pensés comme de plusieurs autres, si nousn'eussions craint que Ton n'eût eu quelque peine à reconnottre le mot aiscelle , aisselle, aselle ou essele, dans les orûiographes essalle^ essaule^ ou aissaule^ essanne; (Uisenne ou assené , d'où probablement s'est formé le diminutif assenete. (Voy. Assenete.) Cependant les voyelles a et e. comme les con- sonnes / et n, sont si communément substituées l'une à l'autre dans la prononciation, qu'avec un peu de réflexion,, il semble aisé d'apercevoir que essaUej essanne^ et aissenne sont des va- riations d'orthographe du mot aiscelle, comme aisselle^ esselle, ou essèle. Enfin si l'on réfléchit que al prononcé au, est pour le moins aussi fréquent dans notre langue que el ou en prononcé al ou an^ peut-être avouera-t-on sans peine l'identité d'ats- saule ^ essaule, essaulne, et même à'essaugne, eschaugnCy avec essalle^ essanne ^ aissenne; les mêmes qn*aisselle, esselle, ou essèle. D'ailleurs elle semble justifiée par l'identité de signification. « Es- « tienne Noquin dist que s'il avoit une petite « essaulne de boys , qu'il retourneroit bien ioutes « leurs flèches. » (D. Carpenlier, Suppl. Gloss. I^t. de Du Cange. au mot Essana, col. 277 ; tit. de 1488.) On trouve essaugne et eschaiigne , avec le même sens, dans un ancien Cartulaire, cité ibid. « Icelle « maison estoit couverte d'essil ou û'essaule « vieille. » (Id. ibid. tit. de 1436.) « Voull frapper « Jehan Blandel d'une essalle, laquelle il print en « la couverture de la maison. » (Id. ibid. Ut. de i483.) « Monstroit.... une essanne de bois, dont il « avoit fait la semblance d'un coustel. » (Id. ibid. tit. de 1374.) « Comme Jehan Auberi eust acheté « certaine quantité A'aissenne^ etc. » (Id. ibid. T. I, col. 134, au mot aissella; tit. de 1389.) « Comme « les supplians eussent marqué ou sigaé de la « marque contrefaite deux charges de aesou assenr « neSy etc. » (Id. ibid. col. 96 ; tit. de 1412. — Voy. Aiscelle.) VARIANTES l ÂSSE.NNE. D. Carpentier, S. Gl. 1. de Du G. au motAès. Aissenne. Id. ibid. au mot Aissella, col. 134; Ut. dei9|9. AissAULE. Id. ibid. au mot Aessella, col. 97; tit. de i^i. Aselle. BouteiUer, Som. rur. p. 8^. Asseille. d. Carp. S. G. 1. de D. G. nu mot Aacella. Assène. Id. ibid. au mot Aé«, oeL 96 ; tit. de 1413. Assielle. Id. ibid. au mot Aissella, col. 134^tit. de 1470. Escuaungne. Id. ibid. au mot Essaftq, col, iTJ, Essalle. Id. ibid. col. 377 ; tit-. de 1483. Essanne. Id. U)id. col. 377; tit. de 1374. EssAUONB. Id. ibid. col. 277 ; tit. de 1431. EssAULE. Id. ibid. col. ^7; tit. de 1436. Essaulne. Id. ibid. col. 377 ; tit. de 1467. AssenSy subsl. nuise. Sentiment d'après lequel on croit, on veut, on se confie, on consent, on acquiesce. Droit féodal, espèce de cens. Le peuple, en basse Normandie , dit encore au- jourd hui : agir et parler à'assens^ pour agir et par- ler de bon sens, avec le sentiment de la raison qui dirige nos paroles et nos actions. (Voy. Assehsé.) Telle est probablement la vraie signification du mot assens^ expliqué ailleurs par celui de prévoyance. (Voy. Assen.) En général , ce même mot assens désignoit le sentiment d*après lequel on croit, on veut upe chose avec plus ou moins de raison, avec plus ou moins de confiance dans sa façon de sentir, ou dans celle des autres. IceUe, selonc mon assens, Estoit Rétorique apelée : Sage eatoit et bien enperlée. Fabl. MS. éa R. n* 7318. fbl. tt8, R* «•!. I, Ma suer ait ; c'est bien mes asêens, GléonuKlèt. MS. da Ga^, fol. 0, R* eol. 8. A ce ot tornô son assens Que mais de là ne mouveroit Tant que èle vivre porroit. Ibid. fol. 4e, V* eol. 8. Quelquefois c'étoit le sentiment raisonné d'après lequel on se confioit en quelqu'un, comme dans ces vers où Charlemagne dit, en parlant de son neveu Roland : Boins ceraliers et de grant sens, A TOUS estoit tous mes asens. Ph. Movtkot, MS. p. 8fl • (1) Âssenetes est ici une faute de lecture ; il Cauft aiselUUes pour rimer avec fUlettes. (iv. X.) AS - KW — AS Mais plus souvent c'étoit le sentiment d'après lequel on se confioit en sa propre raison, pour vou- loir une chose, y consentir, y acquiescer. « Les « ordonnances touchans le commun prouflt de la « ville, soient faites... par Vassenz des trois con- « cistoires. » (Ord. T. V, p. p. 376.) Nos seigneurs sont d'assens De mettre, et tenir en leurs mains. Tous leurs privilléges aux mains. Senteocet de Liège, i la s. du Joarn. de Paris, soos Charles VI, p. 3T7. ... Si fisent, par buen aacnSf En tous lius despondre (i) lors sens, Por avancier crestientet. Ph. Moaskes, MS. p. 73. On jugera sans doute qu'en ces trois derniers passages, il étoil plus simple d'expliquer le mot o^eris par celui de consentement: mais la signifi- cation de consentir est-elle bien la même que celle û'assentir? Quelle qu'en soit l'analogie , a-t-on eu raison de confondre ces deux significations ? Il semble qn'assentir à une chose, c'est la vouloir, y acquiescer d'après un sentiment que l'on conçoit comme nous étant particulier ; au lieu que consen- tir à celte même chose, c'est la vouloir, y acquies- cer d'après un sentiment que l'on conçoit , comme nous étant commun ou avec plusieurs autres. Quand cette distinction seroit purement idéale , au moins est-il prouvé qu'en certains cas la significa- tion ffassenter differoit de celle de consentir. (Voyez Absenter .] Il seroit possiole que dans une signification figu- rée et relative à celle A'asscns , sentiment d'après lequel on consent^ on acquiesce à une chose, on eût nommé assens^ certains droits féodaux consen- tis au profit de seigneurs de forêts ou de châteaux, pour exemption de service, ou pour concession de glandée, de pacage. Hais lorsqu on a la preuve que l'on a écrit sens pour cens, et assenser pour acen- ser, il paroit plus vraisemblable de dire que, dans les Ordonnances des Ducs de Bretagne et dans la coutume de ce Duché, Vasscns étoit un droit féodal, une espèce de cens que le seigneur d'un château ou d'une forêt exigeoit de ses vassaux, soit pour concession de droits, tels que ceux de pacage et de glandée, soit pour exemption de service, tel que le guet. (Voy. AcENSER et Cens.) « Combien en plusieurs parties de nostre Duché y aitpluseurschasteaulx, places et forteresses démolies et abatues, ou par avant la démolition d'icelles les subgitz d'iceulx à qui appartiennent les dictes places avoint ac- coustumé à faire guect et poier assens: ce que » depuis ycelles démolitions a esté tiré a consé- quence, et les a l'en contrains à ceulx assens poiez. » (Ord. des D. de Bretagne, fol. 225.) • Les bois de haute fustaye, forests,.... et autres bois non accousiumez d'estre émondez, en partage d'eutre frères et sœurs et autres parents nobles, ne seront estimez, et n'entrent en partage ; mais seront estimez les pasnages, glandées, assens^ et autres émoluments accoustumez et provenans « desdites forests. > (Coût, de Bretagne , au Goût. Îfén. T. II, p. 769. — Voy. Laurière, Gloss. du Dr. r. — r Cotgrave, Dict.) VARIANTES : ASSENS. Garpentier, Hist. de Cambray, pr. p. 91. AsBNS. Ph. Moaskes, MS. p. 73. AssENZ. Ord. T. V, p. 376. Assenséy participe. Pourvu de bon sens; sensé. C'est en cette signiflcation qu'on disoit d'un homme fait pour agir et parler d'ossens, qu'il étoit assensé. « Le suppliant qui estoit tout assensez^ « homme de raison, et personne notable, etc. • (D. Carpentier, ubi supra. — Voyez Assens et Assenser.) Il semble évident qxi'assené est une contraction d*assensé, dans ces vers : Trop me tendriez, je croi, peu assenée^ Si, selon vostre conseil, j'estois atinée (3). Peroef. Vol. VI. fol. 83, R* ool. f . .En parlant déjuges iniques et prêts à se laisser corrompre par des présens, on a dit : Une fois font leur jugement Éstroit, d*autrefois largement. Chil sont de conseil assené, Qui font à lor main ongement (3). Rom. de Charilé, ttropbe xm. VARIANTES * ASSENSË. D. Carpentier, S. Gl. l.'de Du C. à Sensatuê. Assené. Hist. des trois Maries, en vers, MS. p. 309. Assenser, verbe. Faire part , instruire. Parta- ger, douer. (Voy. Assener.) On observera qu'anciennement l'on disoit, ap- S rendre sens : expression qu'il étoit assez naturel 'abréger, en disant assenser^ pour rendre sensé, pourvoir de bon ^ens. (Voy. Sens.) Quoique l'exis- tence ô! assenser, avec cette signiflcation, soit encore pour nous sans preuve , elle peut du moins être § résumée d'après celle du participe assensé, pourvu e bon sens, sensé. (Voy. Assensé.) En prononçant et écrivant assené pour assensé, on s'est exposé à confondre deux mois essentielle- ment différons par l'élymologie : confusion d'autant moins sensible, qu'ils exprimoient des idées quel- quefois très-analogues, puisqu'avec le bon sens on acquiert la connoissance des choses. En consé- quence, l'on aura cru que si Ton disoit a«sen^ pour assensé, l'on pou voit dire assenser pour assener. C'est relativement à la signification de ce dernier verbe assener, indiquer une chose, la faire connoi- tre, qu'en parlant de la Ha^deleine qui fit part aux onze Apôtres et les instruisit de la résurrection du Fils de Dieu, on a dit : De la nouvelle a assensés Ceaux qui remèsent en l'onzaine. Miserere du Kecl. d« Mob'eits. MS. de Gaignat. fol. 224. R* col t. Enfin, la signification i'assenser étoit la même que celle d'assener, assigner une chose en partage, partager, douer, lorsqu'on disoit : . . . Si as ta langue dorée, Et de grant vertu attsetisée. Qui de tôt me sçais raison rendre. Luddaires. MS. de Gibert. fol 49. R*. (1) Exposer. — (S) Hâtée, pressée. - Onguent. AS -a Assent, subst. ttuuc. Consentement. Il sem- ble qu'en certains cas la distinction entre les substantifs assent et consent, ait dû être la même Î n'entre les verbes consenter et assenter. (Voyez ssKnTEB.) Hais quelque réelle que puisse ètro Ja différence de signification entre aasentir et con- tenlir, difTérence indiquée au mot Assens; on dira qu'a«S£n(Bignifloitconsentement, sentiment d'après lequel on acquiesce à une chose, soit que ce senti- ment fût particulier à une personne, soit qu'il lui fût commun avec d'autres. ■ Il ne me semble que - la bataille puisse demorer, puisque les gages sont • donés et receus.... par Vassent et la volenté des > trois parties. • (Assises de Jérusalem, chap. xiv.) ■ Avons les Leys.... fait mettre en escript;.... save ■ à nous.... de amender à loutzies foilzque.... bon • à nous serra, par Vassent de nos Countes et de ■> nos Barons. > (Brilton, des Loix d'Angleterre, fol. i.) • Se aucuns de mes homes ou de mes fa- ■ mes.... viennent pour demorer en la communilé • de Bar-sur-Saine,... n'en porront aucun retenir, ■ se n'est par mon assent et par ma volenté. » (Bec. de Perard, p. 430 ; tit. de 1235.) . Bemis li • Archevesque de Bourges mourut : Suplices fu « après li en la dignité, par Vassent le Roy Gon- • trans. ■ (Chron. de S' Denys , Rec. des Hist. de Fr. T. III, p. 237.) La signification d'assence ou acence, étoit la même que celle à'assent dans ces deux derniers passages, lorsqu'on disoit : « Ne pourront fes Mais- ■ très d'iceulz floslelz- dieux , bailler leurs diz ■ Hostelz à ferme, pour brasser et faire brasser • cervoisea, el les vendre en iceulz,,,. se eulz ou • autres ne le faisoient par nostre congié el acence.* [Ord. T. V, p. ^3. — Voy. Cotgrave, Dict.) VARIANTES : ASSENT. Rec. de Pererd, p. 430 ; tit. de 1S34. Absent. Chron. S' Denvfl, ftec. des Hiet. de Fr. T. III, p. 237. Absence, lubat. fèm. CotsTave, Dicl. Agence, Acensb, aubtt. fera. Ord. T. V, p. 323. Assentateur, subst. mase. Celui qui acquiesce servilement au sentiment d'un autre. En latiDUSsen/ator. C'est une desépilhètesdumot parasite dans H. de la Porte ; et ce n'est pas la moins juste. * Afin de scavoir mieux discerner les ■ opinions libres d'avec celles des assentateurs et ■ blandisseurs, etc. > (Du Bellay, Mém. Liv. VII, fol. 204. — Voy. Borel, Dict.) Assentation, subsl. fém. Acquiescement ser- vile au sentiment des autres. En latin assenlatio- On a dit qa'assentation est « adjutrice de toute méchanceté.» [L'Amant ressus- cité, p. 134.) . Combien que.... l'adulation et assen- • talion soit fort pernicieuse, si ne peut-elle nuyre, « sinon à celui qui la reçoit. » (Ibid. p. 137. — Voy- Cotgrave et Oudin, Dict.) Assentement, substantif masc. Consentement. Chose ^laquelle ou consent. Chose sensibleà l'odorat. ï- AS Au premier sens, Assentement désigne, cxiaaab assent, le sentiment particulier ou commun d'après lequel on acquiesce à une chose. (Voy. Asseht.J U est évident que la sentensce est une faute d'oruo* graphe, el qu'on doit lire Vassentence, avec la signi- ncation d'assentement, dans la Chron. de S'-Denys, Bec. des Hist. de Fr. T. III, p. 307. • Si che ke parle ■ otri e le assentement de l'avantdit Eley nostre • père, avum ordiné et establi, etc. ■ [Bymer, T. I, part. Il, p. 114, tit. de 1270.) ■ S'il avenoit que au- < cuns de mes homes... venoient por demorer en la < commune de Chasteillon et de Dormanz, li Bcr- ■ jois... n'en porroit nuz retenir, se n'est par mon ' assantement, ou par ma volante. ■ (Hist. généal. de la M. de Chastillon, pr. p. 14; tit. de 1331.) • Nous, à lorpritrres, par consel de bonnes gens, • et par le gré et V assentement Jakemon de Coadë, • etc, • (Hist. généal. de la M. de Déthune, pr. p. 131, tit. de 1243.) > Viel et commans,orassen/0- ■ ment et o la propre volenté de ladite Thomasse, • etc. • (Hist. généal. de la M. de Hontmorency, pr. p. 38'7 ; lit. de 1265.] II est évident qu'en ces deux derniers pasSE^M, la signification d'assentement est analogue à celle de l'expression commun assentement dans cee vers : D'aaientement commun li distrent Que plus delà ne séjournael ; Mes en France s'en retorDast. G. Gulwt, us. roi. 96, V. C'est par une espèce de métonymie très- familière aux Grammairiens, que ce même molasseniement a signifié chose à laquelle on consent ; par exemple, une donation faite du propre consentement du dona- teur. • Tel ottroit et tel assentement ke me Dame > me mère fîst à l'abeie de Biaupret,... de treize • livres et de quarante sols de parisis de parme- ■ naule rente, etc. > (Hist. généal. de la H. de Béthune, pr. p. 144 ; tit, de 1265.) Enfîn Vassentement (1) ëtoil une chose sensible à l'odorat, lorsqu'en terme de vénerie on disoit en parlaut des corpuscules qui émanent du corps des lièvres, des cerfs, etc. ■ Lièvres de leur nature por- < tent d'assenlement plus les uns que les autres, et t pour ce les chiens assentent mielx des uns que « des autres; ainsy comme une rose a plus de fiai- « reur que une autre. • (Chasse de Gaston Phébus, us. p. 45.) • Quant le cerf fuit aval l'yeaue, et les - chiens sont au-dessus, l'yeaue emporte tout Yaa- - sentement du cerf contre aval devant eulx. • (Id. ibid. p. 239. — Voy. Assentiuent et Assentir.) Assantement. Hist. aén. de la U. de Oiastillon, pr. p. M. AssoNTEUENT. Ord. T. III, p. tf" AS -* Assenter, verbe. Acquiescer par un Beatiment de justice. Britton distinguoit asunter de cotwm- ter : distincUon suivant laquelle contenter à une présentation de bénéUce, c'étoit y acquiescer, lors même qu'on y avoit quelque droit ; au lieu qu'Oâten' ter à celle même présentation, c'étoit y acquiescer après s'y éire opposé sans droit quelconque, y ac- quiescer parunsentimentde justice. -Une chose est 4 assenlËr.et une autre consenter.^ssenter est corne % ascunquin'ad nul droit de présenter, dit aprësceo r que il avéra mys desturbaunce ; jeo me assente à ■ ce présentement, sauve mon droit après. Et tel • assent n'est mye préjudiciel al verrey patron ; ne « rien del droit par taunt ne acrest al desturtMur. ■ Consenter est come ascun qui est en seisine de • avowson, consent al présentement celuy que ad •■ plus de droit car l'un purra estre en seisine del ■ droit possessory et l'autre de la propreté ; et qui ■ plus ad dans ta propreté, plus ad del droit. * Îlritlon des Loix d'Angleterre, fol. 225. — Voy. BBENTEKEM.) Assentiment, subst. masc. Sentiment. En ter- mes de vénerie, impression que le loup et autres inimaux reçoivent par t'odorut. • Le loup n'ira « contre le vent, s'il sent que les lévriers y soient ; a et aval le veut n'en peut avoir aucun assenti- ■ ment. • {Du Fouilloux, Vénerie, fol. 118. — Voy. AssEMiR.) C'est par métonymie que les corpuscules mêmes qui occastooneat celte impression sur le sens de l'odorat, ont été désignés par le mot ossen- tement. (Voy. Asskktemekt.) Assentir, verbe. Sentir en tàtant, en flairant, Aie. Pressentir, prévoir; savoir, connoitre. Ressen- tir. Rendre sensible, affecter d'un sentiment, paa- BÎonner. Réunir au même sentiment, rendre con- forme en sentiment. Cousenlir, acquiescer. Rendre consentant. (Voy. Assent.) Du verbe simple sentir, avoir connoissance de son être et de ce qui y esl relatif, par l'action interne et externe du principe moteur de ce même être, l'on a fait le composé assentir qui signifioit tâter, sentir QQ tàtaot : En l'estable s'en vient tout droit, Où li prestreB repus eatoit. Tout Bans lumiËre et sans chandeilie, Les brebis eschace et esveille; Et va querrant et atsentant Où li presires ert estupant. Fifal. MS. du R. If 7118, ti>1. 14S, if Ml. 1. En termes de vénerie, flairer, sentir en flairant : ■ Si les chiens y mettent les nazeaux pour assentir, • la poudre entre dedans, qui les estouppe et osle « le sentiment. . (tiu Fouilloux, Vénerie, fol. 43.) . Cerf fuit les voies dures et saiches, affin que les ■ cbiens qui léchassent, ne le puissent assentir ; ■ et puis va à l'eaue pour soy baigner, affIn qu'il ■ perdent le sentir de luy. Ainsi doit fouir homme ■ quant le Dyable léchasse... et courre... à l'eaue ■ oenoiste, affin que le Dyable ne sente et cong- ■ noisse sa trasse. > (Hodus et Racio, fol. 38.) C'est en ce même sens qu'on disoil d'un chien, bon pour la quête du cerf : »- AS . . . Ne M bint pas de qauit Si en pourra riens auentir. (Uh lia 11 BlcM, da MliiiU. MS. bl. IM , If at V. En supprimant le mot riens dans cette expres- sion, < riens assentir d'un cerf, > l'oa aura dit qu'un chien assentoit d'un cerf, ou d'une aalre bête. (Voy. Gace de la Digne, des Déduils, ». fol. 72. — Dict. de la Chssse, us. du R. n* 7936, p. 142, etc.) ■ Quant le cerf sort de l'eau,.... les chiens n'en • pourroient avoir aucun sentiment; mais i dix ou • douze pas loing du bord, ils en pourroient assen- • tir plus aisément. > (Du Fouilloux, Vénerie, fol. 44.) • Quand les chiens cuident assentir de la • beste qu'ils chascent, le flaireur et l'oudeur des ■ herbes leur osle moult... l'uEsentir de leur beste. • (Chasse de Gaston Phébus, hs. p. 129.) Dans ce der- nier passage, assentir pris substantivement, est de même significatioii que assentiment. (Voy. As6bn- TIMENT.) 11 seroit possible qu'assentir eût désigné toute impression faite sur notre âme pai; le moyen des organes de nos sens ; et que dans un sens analogue à celui de sentir en voyant, il eût signifié pressentir une chose, la prévoir, la savoir, en avoir connois- sance avant qu'elle se réalise. Telle est l'accepUoD à'assentir dans les passages suivans. > Avoit^... • envoyé le dit ambassadeur du Duc devers Dostre • dit Sainct-Pcre , pour assentir de lui la vérité. ■ (Lett. de Louis Xll, T, IV, p. 293.) - Nous avons ■ Oêsenti et appris que. etc. • (Négociations de Jeaonin, T. II, p. 187.) > Prièrent Balian d'Ibelin ■ qu'il alast à Saletiadins, por asentir quel pais il • poroient faire. » (Chron. d'Outremer, hs. de Berne, n- 113, fol. 138.) Dans un sens physique et moral , assentir un* peine, c'étoit la ressentir. Por li me convient assentir Les maus c'on apele d'amer: Une eure doux, et autre amer. F*!i1. HS. Ju R. n- 71IS, M. «7, V Ml. t. Si l'on étoit sensible, si l'on s'affectoil d'un senti- ment d'amour pour Dieu, si l'on se passioonoil pour une personne ou pour une chose, on disoit que l'on s'y assentoit. Cil pape Gerbers Ne tu pas en la Ùa bobiers ; Mais del tout à Dien ê'asseiili. Si que pour mari vie senli. Ph. Ucaiktt, IIS. p. Wt. N'est droii qu'à autre araer m'a»* Puisque j'aim personne si aente. Cbui. fr. à la HiU du H. de Fui. MS. du R. n etii.k Que je voos die sani mentir. Cornent on se doit assentir Â. chevalerie embracier. L'en doil en sus de li chacier Tous les vice* et tous Les maus. Fibl. HS. du R. n-TeiS, foI.IMV-Ml. S. On exprimoit la réunion de plusieurs personnes au même sentiment sur une chose, une conformilé de sentiment entre elles sur cette même chose, en disant : AS AS Tous communément s'assentirent K'à Cléomadès offerroient^ K'à ses besoins le serviroient. Cléonudèt. MS. de Gaigoat, fol. 35, V eol. i. Si la chanson d'un amant n'étoit pas conforme aux sentimens de son cœur , on disoit que « la voix « au cœur ne s'assentoit. » En plorent me convient chanteir : Et si le doi faire ausiment. Laissier deusse lou chanteir, Quant la voix à cuer ne 8*a»ent. Chant, nr. MS. de Berne, n* 889, part. 1. fol. 66. R*. Le verbe assentir^ dans la signification de con- sentir, désignoit le sentiment particulier d'après lequel on acquiesçoit à une chose, lorsqu'on disoit : Chevalier se doit contenir En Testât où il veut fenir , Et doit vivre honnestement. Il ne doit jurer, ne mentir, Ne à nul malfait asentir; Et doit faire bon jugement. Modus et Rado. MS. fol. f2i , V*. Enfin, s'assentir à une chose, c'étoit s'y rendre consentant, y acquiescer d'après son sentiment par- ttCQlier. « Se... ne se voloient assentir à ceste < devise, come il seront en aage, il porroient de- « mander leur droiture, et leur devise demorroit. » (Hist. généal. de la M. de Chastillon, pr. p. 57; tit. de 1246.) Bien s'assent à ce mariage. CMomadèa, MS. de Oaignat, fol. 47, R« eol. i. CONJUG. Asenti (s'), indic. prêter. S'aflfectad'un sentiment. (Ph. Mouskes, ms. p. 405.) Asentist (s ), indic. prêter. Se rendit consentant. (Poes. à la suite du Rom. de Fauvel, fol. i.) Asentu, partie. Senti en flairant. (Modus et Racio, Ns. fol. 67, V.) Assent, Asent (m'), indic. prés. Je m'affecte d'un sentiment, je m'y conforme. (Fabl. ms. du R. — Ane. poët. fr. Mss. avant 4300.) Assentus, partie. Rendu consentant. (Beauma- noir, Coût, de Beauvoisis, chap. xv.) VARIANTES : ASSENTIR. Gotgrave, Oudin, Nicot et Monet, Dict. Absbntir. Modus et Racio, MS. fol. 221, variante d^Asantir. ACCENTIR. Id. ibid. fol. 63. AsANTiE. Fabl. MS. du R. n« 7615, fol. 165. Asentir. Chron. d'Outremer, MS. de B. n» 113, fol. 138. AssANTm. Fabl. MS. du R. n« 7615, fol. 163. Asseoir, verbe. Faire asseoir, faire prendre séance. S'asseoir, prendre séance. Mettre dans une position fixe et stable, établir, fixer ; établir, fixer en évaluant, en assignant, en enchâssant, etc. Poser, déposer, disposer. Seoir, être séant, convenable. Toucher, adresser. Imposer. Préposer. Entourer, environner, assiéger, enfermer. (Voy. Assiéger.) L'orthographe asseoir , encore subsistante, n'est pas moins ancienne que les autres, dans notre lan- gue. En retranchant la voyelle o. Ton écrivoit asseir; orthographe qui semble indiquer que la prononciation i'asseoir étoit quelquefois différente 4e la nôtre. Ne aai coument on puis! cuer asetr Plus hautement qu'amours m*a (ait coisir. Ane Poêfl. fr. MS. da ValieM, n* 1100. fol. ^V». Au moins est-il évident qn'asseir se prononçoit comme assir; autre variation d'orthographe qui prouve que le participe assis appartient à la conju- gaison du verbe asseoir, de même origine et sou- vent de même signification qn'asséer. (Voy. AssiER.) C'est par ellipse d'un nom féminin, et quelque- fois masculin, que ce participe assis, au féminin assise, s'est pris comme substantif. « Hugues de « Borgoigne.... nos doit asseoir cinc cent livres « de terre de tornois de rente,... à laquelle assUse < li dux Robertz s*est consentiz. » (Rec. de Perard, p. 514 ; tit. de 1266. — Voy. Assis et Assise.) La signification d'asseoir étoit la même que celle d'asséer, faire asseoir, faire prendre séance, lofs- qu'on disoit : Certes moult grant enor vos flst, Quant il de lez lui vos assist, Rom. de Pereerd, MS. de B«irne, n« 354. fol. 937, R* eol. 1. Tuit estoit iUec déUvre, Et assis sanz faire dangier ; Sans eulx demander, au mangier. Dont estes vous ? Qui vous a assts f Bett. DeMb. Poëe. MSS. p. 4 encore quitté et quittons au Seigneur à qui elle • se donra, ou dessouz qui elle se asserra, ou ma- • riera, tout le droit... que nous avons. • (D. Car- pentier, suppl. au Gloss. lat. de du Gange, au mot Atselare ; tit. de 1293.) Au fi^ré, se fixer h un avis, comme dans le pas- sage suivant ; à moins qu'on ne dise que se assei- rent est une faute pour se assenlirent. > Les com- ■ Daignons de la Tabie ronde., demandèrent l'ung ■ a l'autre que ils feroient : et monseigneur Cau- ■ vain deist ;... donnons à celluy qui a vaincu, en • signe de victoire, ceste couronne de laurier ; et « se asseirent tous. » (Lanc. du Lac, T. III, fol. 38.) On exprimoit toutes idées relatives à celles d'éta* blir, de fixer, lorsqu'on disoit flgurément : asseoir jour pour une cbose ; asseoir rentes ^ conils, en fixer l'évaluation en argent ; asseoir un échange, un partage , une loi ; asseoire une cause , une affaire devant un Juge, etc. ■ Oblatiuns faire, e sacri- ■ fieras jurs asis e par la Lei establiz. » (Livres des Rois, us. desCordel. fol. 1.) • Quia renies de conils, > le connil se assit pour douze deniers. • (Coût, de Bourbonnois, au nouv. Coût. gén. T. III, p. 1228.) « Noz rement par ceste pez loz les demaenes que • iceli Herveu avoit o Bosic; li an donant < égange an notre terre demaene au Plogastel, au « dit monsignor Salomon... et Ermallon de Tre- • gurn... qoidevent, sur les choses que iceli Her- « veu le vodra apprécier, Vasifeir léaument, ausi • ben por celi Herveu corne por noz. » (D. Morice, preov. de l'Hist. de Bretagne, T. I, col. 984; tit. oe 1262.) ■ Furent pris bones gens por les parties ■ asseoir; et bien apertqueles parties furent faites « au grei monsignor Benaut;,.. et de celé terre qui « li fu assenée et asisse por sa partie, reçut mesire ■ Renalz, les homages. > (Duchesne, Hist. de la H. de fiur-le-Duc, p. 30 ; tit. de 1249.) <1) Demandeot ; en latin, rogant. — (3j Hors ; en latiD, extra. AS . . . TeiU est la loi euise. Ke la feme soit conquise Pues K'elle ait l'orne conquis. et», b. US. laBanM, a* 3W, p ... Je l' fia par leal Jostice Quie ^"^ ■ - En portant une cause, une afTaire dans une Cour de justice,' on l'y établit de façon que te juge puisse fixer les droits ou les torts respectifs des parties. De là, on aura dit: • Se il avenoitque... tançoDfût > entre eulz,... et le fait et tançou soit tel... par ' quoy,homme ou femme en doie recevoir mort, • nous voulons que il soient recreus par pièges.... « pour astre à droit assise par devant le Prévost,... < et d'ilecques par appel, par devant les autres ' juges. ■ (Ord. T. III. p. 574 et 575.) . En la Court ■ de céans, s'est assis un procès entre les héri- • tiers, etc. • [Arest. amor. p. 203.) Dans un sens moins figuré, asseoir, une fille, c'étoit l'établir, fixer son état en la manant. > Quant ■ le Duc vit que... sa fille ne se vouloit déporter • d'aimer Gérard, il se penaa en lui-mesme qu'il lui < donneroit à mariage, en lui semblant que mieulx ■ ne povoit estrc assise. > Gér. de Nevers, part. Il, p. 22 et 23.) On établit quelqu'un, on fixe son état, en fixant ce qui doit lui être assigné en terres, en rentes, ou en autres choses. De là on aura dit : • Livreisun li asist ; si Tout à tut son vivant. • (Livres des Bois, Ms. des Cordel. fol. t.'>4.) Suivant Yasise, l'état de la maison du roi Salomon ; < à sun pestrin « furent chascun jur asiz nuefcenz muis de flur • deliéement buletée,ediseuitcenz muis de farine • de altre baillie ; e à sa quesine furent asis chas- > cun jur dis bues gras de guarde, e vint ki veneient > de la cumune pasiure ; e cent multuns, estre (2j ■ la veneisun. » (Ibid. fol. 83.) « Por quatre-vius- " livrées de terre, lesquelles je devoye asseoir à... . mon Signer Thomas de Coucy, etc. ■ (Duchesnc, Hist. de la M. de Bar-le-Duc, p. 28; tit. de 1243.> • Les trois mile livrées de terre que Jehan auroiL • assises, ou devroit asseoir à Huet, etc. • (Hist. de la M. de Chastillon, p. 56; lit. de 1246.). > Qui assit • rentes de terres, il faut qu'il baille les deux par- " lies en bleds, et la tierce en deniers. » (Coût, de Bourbonnois, au Nouv. Coût. gén. T. 111, p. 1127.) Cent sospirs fais chascun jor ; Et le bien que j'ai d'amours. Adc. Poët. Fr. USS, »*nt 1300, p. U. La signification de ce même verbe asseoir cessoit d'être figurée, lorsqu'on disoit, asseoir une chose en or et en argent, pour l'y fixer en l'enchâssant; d'où l'on aura dit d une couronne d'or en laquelle étoicnt enchâssées des pierres précieuses, qu'elle en étoit assise. (Voy. Livres des Bois, ks. des Cord. fol. 55.) Li Clerc de Rouen son cuer prislrent, 1 argent assùtrent, it un sainludre. G. Giiùn.HS. rol.H, V-. Qu-i COD AS — 201 - AS Asseoir sa main, pour la flxer, la tenir dans une position flxe : « Arc de quoy archier doit traire à « fust, doit estre plus doux et moins fort que... « celuy de quoi on lire à veue.... Il ne peult asseoir « sa main, ne tenir ferme, se Tare est trop fort. » (Modus et Racio, impr. fol. 42. — Ibid. ms. fol. 76.] Asseoir le dé, pour le fixer en l'arrêtant, en le rompant (1) ; peut-être aussi en fixer la position dans le cornet, en jouant sans l'avoir remué. Hoche le dé ; ne Vassie mie. Fabl. MS. du R. n* 7818. fol. 335. V ool. 1. Encor ne vos poez tenir De dez changer et asseir, • Fabl. MS. de S'-Gerni. fol. 46. R* col. 3. Quant on ne fait sa volenté, Si dit c*on li assiet le dé. Ibid. ubi supra. . . . Diex fet-il) j*ai là six. Va^ si te pent ; tu Vas assis. Fabl. MS. du R. n* 7218, fol. 235, V col. f . Lorsqu'on donnant un baiser, la bouche se fixoit, on disoitque le baiser étoit bien assis. « Geste dame « sera tenue.... de donner à son amy... demy dou- « zaine de baisers bien assis, et dont chascun « d'iceulx pourra durer autant qu'on mettroil à dire « un De profundis. » (Arest. amor. p. 203.) On étendoit racceplion d'asseoir, mettre dans une position fixe et stable, à toute espèce de ma- nières de poser les choses, de les déposer, de les disposer, en disant : Asseoir une couronne sur la tête de quelqu'un ; asseoir une herbe sur sa plaie ; asseoir l'oriflamme dans un trésor; Apurement asseoir la vérité dans une histoire ; asseoir des tables pour manger ; asseoir des étaux dans un marché ; asseoir pieds et mains pour bien danser, etc. (Voy. Livres des Rois, ms. des Cordel. fol. 55.— Rom. de Perceval, ms. de Berne, n** 354, fol. 265. — G. Guiart, ms. fol. 30. — Idem. fol. 261.— Fabl. ms. du R. n*» 7615, fol. 147. — Jean de Saintré. p. 172. — Ord. T. V, p. 512. — Danse des Aveugles, etc.) C'est dans le sens général de poser, qu'on disoit asseoir ]e guet, asseoir une embusche, etc. « Lesdits « clers dudit office de clergie de- guet... asserront, « mestront, et envoleront ledit guet des gens de « mestier, es lieux, etc. « (Ord. T. III, p. 670. — Voy. Rob. Estienne et Nicot, Dict.) Si l'on a désigné la saisie du fief d'un Vassal, en disant que le Seigneur asseyait sa maiUy c'est sans doute relativement à l'idée de poser la main sur une chose pour s'en saisir. « Il n'est loisible au • Seigneur féodal d'asseoir sa main (2), n'empescher « le fief de son Vassal décédé, jusques à quarante « jours après le décez de son dit Vassal. » (Coût, de Troyes, au Coût.' gén. T. 1, p. 414. — Voy. Laurière, Gloss. du Dr. Fr.) En termes de fauconnerie, on disoit d'un oiseau de proie bien posé sur ses pieds, qu'il étoit « ne « trop haut assis, ne trop bas. » (Modus et Racio, Ms. fol. 109. — Ibid. fol. 135.) On observera qu'en ce dernier passade, le parti* cipe assis désigne une idée de proportion, de iuà- tesse, de convenance qu'exprimoit en général le verbe asseoir dans le sens de disposer. On faisoit l'éloge d'une bouche bien proportionnée, en disant qu'elle étoit bien assise. (Voy. Ane. Poët. Fr. mss. avant 1300, p. 1140.) La signification d'asseoir étoit relative à des idées de convenance, de proportion en naissance et en fortune, lorsqu'on disoit : Si j'estois fix à Roi, S'asseriés vous bien à moi. Fabl. MS. du R. n* 7988. fol. 75. V col. S. Il semble que dans un sens relatif à une idée de justesse dans le coup d'œil et dans le mouvement du bras, ce même verbe asseoir ait signifié toucher en visant juste, adresser, toucher droit où l'on vise. Quoiqu'il en soit, dans les joutes ou dans les com- bats à la lance, courir sans asseoir, c'étoit courir sans adresser, sans toucher. « Le Chevalier esclave « se trouva mal armé de sa veuue, et lui fut advis « qu'il courroit sans asseoir, et pourroit faire per- « are le temps aux autres coureurs. ^ (Mém. d'Ol. de la Marche. Liv. II, p. 555.) On disoit du Chevalier qui avoitété touché, qu'il étoit assis; que la lance même de celui qui avoit adressé, étoit assise « Si « assemblerons desdictes lances une fois; et assis « d'icelles lances, ou non assis, chascuns estera sa « targe à part luy, et prendra son espée sans ayde. » (Monstrelet, Vol. I, fol. 7.) « Ils dévoient faire armes « à cheval , d'abondant de lances et d'espées ; c'est « à sçavoir l'un contre l'autre ; chacun d'une seule « lance, fust assise ou non. » (Mathieu de Coucy, Hist. de Charles VU, p. 555.) Dans l'imposition des tailles, des charges publi- ques, on doit garder certaine proportion que sem- ble désigner le verbe asseoir, lorsque dans le sens imposer, on dit asseoir les tailles, les gabelles, etc. Quelque usitée que soit cette acception figura d'asseoir, on ne diroit plus d'un homme imposé à la taille, qu'il y est assis. (Voy. du Cange, Gloss. lat. T. I, col. 778.) « Ceux qui voulurent demeurer a dedans la ville, leur convint bailler caution, cha- « cun en droit soy, de payer ce de quoy ils seroient « assis. » (Monstrelet, Vol. I, fol. 274.) Encore aujourd'hui, la préséance indique une supériorité que signifioit le verbe asseoir dans le sens général de préposer. « Tôt avant obéisse en au « commandement de l'Abé, et as personnes qui par « lui sunt assises. » (Règle de S*-Benoît, ms. de Bouhier, p. 93.) On a la preuve que faire du hault assîs(3), c'étoit affecter une supériorité tyrannique. • Où sont les traistres... qui en celle forest veulent « faire du haut assis ? Sire,... nous vous les mons- « trerons.... Quant Passelion vit les six Chevaliers « qui tenoient le peuple en leur subjection, etc. » (Percef. Vol. IV, foL 133.) Enfin, s'asseoir entour, comme on lit d;ms les (1) Rompfe le dé, c'est le brouiller avant qu'on ait vu ce qu'il porte. (N. e.) — (2) Main a ici le sens de puissance, de môme que dons mcûn-morte. (n. e.) * (3) Il vaudrait mieux donner à cette expression le sens de haute assise , haute justice. (N. E.) AS -3 fables d'Esope, hs. au R. n* 7989, fol. 181 ; ou se mettre dans une position propre à environner son aonemi, à l'entourer, c'étoit l'asseoir. RommaiDZ à grani az les omi firent, Souventes foii bus leur coururent : Uèa onc t&nt grever ne les surent, Cun seul d'eus s'en doinKaast remambre. (T Guiei.ll3.f 7615, M. 105, V* col. 1. AsiR. Ph. Houskes, HS. p. sn. A89BIH. D. Marico, ureuv. de l'Hist. de Rret. T. I, coL 9H. AssBOB. S>-Bernard, Serm. tr. USS. p. 118. AsaiR. Ord. T. V, p. 512. \sseTelnBr, verbe. Rasséréner. Du verbe ^mple sereiner, rendre serein, que f on trouve dans les Essais de Montaigne, au sens propre, et au figuré dans les Poésies de Loys le Caron, s'est formé le composé assereiner, de même signification que ras- sénérer qui vieillit, et dont l'ancien usage, ainsi que celui d'assereiner (1), est attesté par le Dict. dJa Cotgrave. (Voyez Sereineb.) VARIANTES : ASSEREINER. Cotgrave, Dict. ASEHELNER. Oudin, DiCt. Assérement, sabst. masc. Crépuscule du soir. Telle pareil être la vraie signification à'assérement, 3ue D. Carpentier présente comme une altération 'asseurement, en le définissant sûreté donnée de- vant un Juge. (Voy. Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, T. IV, col. 50.) C'est avec raison que dans le Glos- saire latin-françois (2) qu'il cite (ibid. T.I, col. 1196); le mol cre/iusculum est traduit en ancien françois, fiar ajournement ou par assérement; puisqu'on alin crepusculiim signifie le commencement du jour ou de la nuit ; l'ajournement, le crépuscule du matin, ou l'assérement, le crépuscule du soir. (Voy. AssËHiR.) Assérer, verbe. Affirmer. En latin axserere. (Oudin, Dict. — Voy. Asserrer.) Assergentir, verbe. Assujettir, obliger. Du participe latin serviens, qui dans la basse lati- nité a désigné un sergent, un vassal obligé et.sujet à quelques services envers son seigneur féodal, s'est formé l'ancien verbe françois msergentir ; et l'on a dit, en parlant de l'homme obligé au travail, assujetti à la mort par la désobéissance d'Eve et la AS -s eomplaiçance d'Adam, qu'il étoit asseri/enti sous cette double peine. • La mifiéricorde perdit assi li • home, quant Eve fut si ardans en son cuvise qu'il . le{1) à lei mismes n'en e8pargnet,n'en h son baron, • n'en à ses filz qui estoieot à avenir; anz les os* < sergentit toz desoz horrible maldeceon, et desoz i la necessileit de mort. ■ (S' Bernard, Serm. fr. HS. p. 373. — Voy. Seecent.) Assérl, participe, subst. adv. Soir. Sur le soir. {Voy. AssÉHiR.) Anciennement, on désignoit le temps où (e jour finit et la nuit commence, en disant qu il eMérissoit, qu'il enséris&oil. C'est sans doute par ellipse que le participe de ce verbe assérir, en&érir, signifloil le temps oiS il est soir, le soir, la fin du jour et le commencement de la nuit. • Esloitalez.... « pour faire prendre nostre gent, quant il seroit ■ ensérit. » (fillehardouin, p. 40.1 - Comme le sup- ■ pliant, environ heure de l'ûTisery, eust envoyé « pour lui, sur les murs delà ville de Reims, et pour • la garde d'icelle, un jeune filz, etc. » (3) (D. Car- pentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Cange, T. II, aux roots hora seralis. col. 769. — Voy. EnsÉiiiB.} il est possible que pour signifier, sur le soir, oq ait dit à aéri, comme l'attesie D. Carpentier, c^ui càLe le verssuivant.tiréd'une chronique manuscrite de Wtrand du Guesclin. Lui sEaiesme badb plus y entra à teri. Sappl. GloH. Iil. de Do Cuga, T. III. ai nwliAV. De cette même expression à séri, peut s'être formé un adverbe tel que asséri, et qui ait signifié, sur le soir, comme dans ces vers : Puis l'en ont mené tôt ainsi, CéléemeDt et osséri (3), Tresqu'à une chambre sollive Oïl ns maaoit nuls riens vive. PKtim. de Bloit, US. âe S' Cena, tg). IM, K* col. S. TABUNTES : ABSËftt. Parton. de Blois, MS. de s< Germ.f. 151, R' coL3. AnsArt. d. Carpentier, S. Gl. 1. de Ou C. T. 11, col. 760. EÎtsËniT. ViUehiirdouin,p. 40. Assérir, verbe. Faire soir. Rasséréner, calmer, tranquilliser. (Voy. Assereiher et Asseriser.) Dans le premier sens, on disoit : Héa DM' ce qn'il voit tuérir. Cil s entremet de lui servir; Et tôt droit h. l'oatel le moinne. Fdil. us. de BvH, a* lU, M. 31, If. Tote jor, jusqu'à Vantérir, Fu li Toroois devant la parle : Qui gaoing i Ont, si l'enporte. Ran. de Pa^Ti], US. do Berne, n- SU, M. UO, R> col. t. Ains Vaesèrir, Verres vostre sonce avenir. Amo. du Roi Guilluima l'A:«leMm, HS. do R. n* «861, bl. «M. En adoptant pour le mot séri, dans la significa- tion de soir, Vorigine hébraïque indiquée par H. Gébelin (Etym. fr. col. 998), on pouroit dire que ^re noir est le sens primitif &'as»érir, et quon semble l'avoir conservé à ce verbe, en disant : (1> Le représonle c«oi«e, désir. (N. B.) - (a> Citation tirée du regislre H. 171, pièfto 479, de l'anné» MM. (N. B.) - (3j Vers 7384, édition Crapelet, 1834. 2 vol. in-S°. Au vers 3320, on Ut : i Tôt coiement et à teri i en secret, clandestinement, sans bruit. 11 y a dû avoir coufusion entre sera et sereniu, car on trouve aussi : La nuis est aoee et lerie, ■ (Paitoncç. ver» eB7,> (n. e.) - (*) Noua voyons ici un dérivé tort éloigna de teeurus. (n. e.) >- AS La nuit, quant fu bien «a^ Que moÎDgnes bjreu eodonai, etc. EWa.d*R•■,liS.^IM. La nujt, quant bien fu eittiri, Que l'en devoit estre endonni, etc. Rom. de BnH, HS. M. 4, R- od. 1. Hais on croit qu'en ces deux derniers passages, le verbe lUSËi'tr, dans une signification relative à celle de l'ancien adjectif séri, calme, tranquille, silencieux, désigne l'idée du calme et de la Iran- quillité de la nuit, et plusspécialement une idéede silence dans cet autre passa j;:e ; Nus ne set pas tes maus que sens La nuit, quant je sui om^H. Adc. Po». ¥r. HS. nuu 1300, p. 14U. C'est peut-élre encore relativement à une idée de calme et de silence, qu'il faudroit expliquer le sens d'asséri, dans les vers pu on Ta défini comme un adverbe signifiant sur le soir. (Voy. Assébi.) Au moins est-il évidemment prouvé que de l'an- cien adjectif séri, de même origine que serein, l'on a fait le verbe assérir, qui, soit au sens propre, soit au figuré, signifioit rasséréner, caUner, tranquilli- ser. (Cotgrave et Oudin, Dict.) Adont ly vens s'est abaiaatéa, EncoQtiaent est rapaisiei ; Et la mer est toute attérie : Plus n'y ot vent, ne tumerie. Hifl. d» Troll Menai, m len, HS. p. »«. Ainsy se sont lors axiériei La Cliambriére et les deux Hariea. lULp-tge. VARIANTES : ASSÉWR. Rom. de Roii, MS.jp. i51. AnbArir. Rom. de Perceval, HS. de B. n" 354, tbl. SSO. AsËBiR. Rom. d'Erec, HS. du R. a> 6987, fol. 301, V> ool. 4. EnsËHIR. Rom. de Brut, HS. toi. 4, R° col. 1. Ensiërir. Anseis, US. fol. 67, R* ool. S.- Assériser, verbe. Rasséréner, calmer, rendre coi, etc. (Voy. Assérir et Séri.) C'est dans le wob propre et figuré tout-Si-la-fois, que l'on a dit, en parlant de Louis IX : ■ El tens de son benoict gou- > vernementj les ondes d'assaus de toutes pai^ • furent ossmstees, et turbacions nuisibles loing • cbaciées. •> (Vie de S' Louis, p. Wi.) D'après l'indication de l'acception générale st figurée de l'ancien adjectif séri, d'où s'est formé le verbe assériser, altéré dans l'orthographe asséfri- âer(4],onconçoitparquelleanalogiece même verbe, avec le pronom personnel, signifioit se tenir coi, et probablement se taire, lorsqu'on disoit : < Le aup- ■ pliant ne se pouvoit appaiser ne assegriser du < meschief- * (D. Carpentier, suppl. Gloss. lat. de DuCange, T. I, col. 334; tit. de 1414.) On petitet a'ataéAiéttnl : AS -' TAPIAKTBS : ASSËRISER. Conf. du Rensrd, Fabl. MS. du B. fol. 48. AsBÉoHiSEH, ABBÈRI8IBR. D. CarpeDtier, siippl. Gloas. lat. de Du Cange, 1. 1, col. 334. Asserm enter, verbe. Prendre à foi et à ser- ment. Lier par un serment. Jurer avec serment. Anciennement, lorsqu'on faîsoit un prisonnier, on s'assuroil de lui en le prenant à foi et à serment, ea Vassermenlant ; et dès lors ce prisonnier n'en pouvoit assennenter un autre ; ou le serment qu'il recevoit de son prisonnier éloit nul, suivant les loix de la guerre. « Les prindrent et assermentérent de . nouvel, et disrenlque ceulxqui les avoient asser- « meniez, n'avoient point de puissance ; car depuis • que ung homme a donné sa foy, il ne peut plus € prendre la foy d'un autre. ■ (Le Jouvencel, ms. p. 506.) ■ Quant aucun prent ung prisonnier, il lui ■ fait ceste grâce de le recevoir à la foy; iJ lui • donne la vie.... Pour ce ne peut le prisonnier ■ assermenter homme ne porter armes, tant que • son maistre l'ait quicté de sa foy. Depuis qu'il a € donné sa foy à son maistre, il est esclave et son • serf, pour uiire de lui toujours & son plaisir. • (Ibid.) Les prisonniers que l'on faisoit, s'ils n'étoient pris a foi et à serment, s'ils n'étoient oêsermentés sur le champ de bataille, devenoienl les prison- niers du Capitaine de la ville où on les assermen- loit. " Ainsi furent adjugez, l'unàrhommed'armes ■ de Crathor; c'est assavoir celluy qu'il avoitasser- > mente... hors les barrières : et celluy qu'il eust • Oêsermenté dedans la ville, fut adjugé au cappi- ■ taine de Crathor : et pour ce n'oblient pas les • compaignons à' assermenter leurs prisonniers, • quant ilzvont aux champs, s'ilz font que saiges. • (Ibid.p. 351.) En Justice, pour s'assurer d'un témoin, et l'obli- ger à déposer la vérité d'un fait, on le prend à ser- ment. C'éloit la signification â'assermenter , lorsqu'on disoit de ce même témoin , qu'il étoit assermenté par un Juge; qu'il étoit assermenté d'une chose sur laquelle on le prenoit à serment. < J'entre par fois en pensée, qu'il puisse assez bien . convenir à un Théologien, à un Philosophe, et « telles gens d'exquise et exacte conscience et pru- ■ dence, d'escrire l'Histoire. Comment peuvent-ils « engager leur foy sur une foy populaire?.... Des • actions à divers membres, qui se passent en leur « présence, ils refuseroient d'en rendre tesmoi- • gnage, assermente% par un Juge. • (Essais de Montaigne, T. I, p. 136 et 137.) Aiiermenlé de la mellée, Nous declaira à haute voix Qu'il eu diroit sa ratellée ; Et fist Bermeni de plaine entrée, Qu'il congnoisBoit les personnaiges, Tant la Simple, que la Etuséo. Poti. de Coquillul, p. ID8. La pièce à'où ces vers sont tirés, est un badinage assez ingénieux, intitulé l'Enquête d'entre la Simple et la Rusée. Probablement, c'est par allusion à l'an- cien usage des sermens sur les châsses des Saints, (1) At$ârer Tient du latin amevenre. (n. b.) »- AS que ce Poëte du xr siècle. Ofllcial de l'élise te BeimSf aura dit d'un des témoins dans l^qnéle, qu'il étoit assermenté sur un crible, pour détigno' la frivolité de son serment. Atëermenté sur un crible, Respondit : que bonune ne bouge. Vous oirei une droite bible ; Et déposa cboue impossible. fd. IUiLf. IMflllOl. On disoit d'un homme que le serment lioit A ua autre, qu'il lui étoit assermenté. (Juvenal des Ursins, Hist. de Charles VI, p. 218.) EnOn jurer avec sermenll exécution d'une chose, c'étoit Vassermenter. (Cotgrave et Oudin, Dict] Ainsi l'on disoit, promesse assermentée. Epithètet de M. de la Porte. (Voy. Sermehteb.) ÏAWANTES : ASSERMENTER. Pasquier, Bech. L. VI, p. 578. AsERHENTER. Le Jouvencel, HS. p. 351. ASSERMANTEH. Uonet, Dict. Asserrer, verbe. Affermir. Serrer, retenir. Assembler, amasser. [Voy. Ense&rer et Sebheh.) On observera qu'en nébreu, en chaldéen, en arabe, les verbes qui signifient ceindre, lier, ont uneanalogieremarquable avec le verbe latin seron, d'où le francois serrer, et les composés asserrer, enserrer. (Voy. Ménage, Dict. étym. — Gébelin, Etym. fr. col. 1007.) On aiouteçiue cette môme ana- logie semble indicative d une identité d'origine et d'acception entre serare et serere pris dans le sens de neclere. (Voy. Vossius, Etym. ling. lat. p. 467.) Peut-être qu'osseVer (Ijenfrançois.comme en lalin asserere, n'a signifié affirmer, que parce qu'affir- mer une chose, c'est en quelque fa(;on l'affermir, comme dans le sens propre on affermit une chose physique en la retenant par un lien, en la serrant. (Voy. AssÉHER et Assebter.) La grâce affermit la vertu de l'homme et la rend méritoire; d'où l'on aura dit figurément ; Or lui faut vertu enquerre, Et grâce de Dieu exqueire Qui mérites lui aseerre, Par qui il puisse conquerre Ceulx qui le viennent surquerre. Al. ClurUer, d* rBip^nH», p. SU. Quelque vraisemblable que puisse être l'analogie ci-dessus indiquée, on ne reunit ici assérer que comme variation d'orthographe du verbe asserrer, de même origine que serrer, en latin serare. C'est relativement à l'idée d'une chosequi échappe et que l'on veut retenir, qu'on a dit figurément : • Si par ■ quelcque désastre s'est santé de vos seigneuries « émancipée,.... la puissiez-vous incontinent « rencontrer. En bonne heure de vous rencontrée, > sus l'inslant soit par vous assére'e, soit par vous • vendicquée, soit par vous saisie et mancipée ; « les loix vous le permettent. ■ (Rabelais, Liv. if. Nouv. prolog. p. -30.) C'étoit probablement dans un sens non moins figuré, qu'en pariantde Juges rete- nus par la difficulté de prononcer sur un fait, on AS AS disoit qu'ils en étoieot enserés. (Voy. Assises de Jérusalem, ch. cclxxivii et cclxixviii, p. 201 el 202.) En serrant plusieurs choses les unes avec les autres, en les retenant par un lien, on les assemble, on les amasse. De là l'acceplion figurée du verbe asserrer dans ces vers : Regardons bien comment on fait la guerre. Est-ce à bon droit, ot pour garder sa terre ? Non pas tousjours ; mais plus pour se venger. Pour moins que rien Gens d'armes on asserre, etc. Triomphes de U noble Dune, fol. 34, V*. En ta verdeur, plaisir douques asserre ; Puis tu diras, si vieillesse te serre, Adieu le temps qui si bon ha esté Par seule amour. Clém. Maroi, p.SM. VARIANTES : ▲SSERRER. Âl. Charticr, de FEspérance, p. 384. ÂssÊRER. Rabelais, Liv. rv, nouv. prolog. p. 30. Asserter, verhe^ Essarter. Serrer, retenir. Il est évident (\\x'as&orter^ dans la Coutume de Troyes, est de même signification qu'ossar/^r dans les Loix d'Angleterre. « Soit enquis de mesme le « boys combien chescune acre vault par an pour € tener à boscage, ou pour assarter, ou pour cur- « tiver. » (Britton.) « Accreues de bois joignans, à « bois et foresls. .. . ensuyvenl la nature et condition < desdits bois et forests...; lesquelles accreues le « seigneur peut faire assorter^ quand bon luy « semble. »#(Cout. de Troyes.) En marge, on lit escharter. (Voy. Essarter.) Mais, quelque décisive que puisse être l'autorité de Laurière et de Du Cange, on doute qu' asserter soit, comme assorter et assarter, une variation d'orthographe du verbe essarter, dans la Coutume de Berry : « Les fermiers et accenseurs des vignes « seront tenus de provigner par chacun an, en cha- « cun arpent d'icelles, de quatre-vingts provins « pour le moins ; et les faire bien labourer, coupper « et tailler en temps dut : asçavoir, les deschausser, « tailler, marrer et asserter deddins le quinzième « jour d'Avril, et biner en Mai, de sorte, etc. » (Coût. gén. T. II, p. 341.) Peut-être qu'en cette Cou- tume, asserter les vignes, c'étoit les échalasser. Dans cette supposition, asserter, formé du participe assertum, auroit un sens relatif à celui de serrer, retenir par un lien, affermir. Au reste, asserter est le même que serrer dans le Dictionnaire de Cotgrave, ù moins qu'on ne dise que c'est une faute d'impression, et qu'on ne lise asserrer (I). (Voy. Assebrer.) VARIANTES : ASSERTER. Du Cange, Gl. lat. T. III, col. 205. Absarter. Britton, des Loix d'Angleterre, fol. 184, V®. Assorter. Coût, de Troyes, au Coût. gén. T. I, p. 423. Asserteur, subst. masc. Qui affirme son droit; qui affermit celui d*un autre. Qui tient ferme pour son droit, ou pour celui d'un autre; en latin asser- ter^ de même origine qu'assertuniy participe du yetheasserere. (Cotgrave, Dict. —Dict.de Trévoux, au mot assertion. -— Voy. Assérer et Asserrer.) Assertion, subst. fém. Affirmation ; Confirma- tion. Significations relatives à celles du verbe Assé- rer^ affirmer une chose, la confirmer par des raisons 3ui en prouvent la vérité avec plus ou moins d'évi- ence. (Cotgrave et Oudin, Dict.) Gomme la simple OM^r/ion n'est souvent rien moins qu'une preuve, on disoit qu'elle étoit une affirmation douteuse. < L'allégation des deux acteurs si très-renommez « doit bien suffire encontre la seule assertiaUj « c'est-à-dire affirmation douteuse. » (J. Le Maire, Illustr. des Gaules, L. II, p. 262.) C'étoit une asser- tion de parole, insuffisante pour prouver la vérité d'une chose. Le Roi Jean, par son Ordonnance du 28 décembre 1355, défendit que les Capitaines des compagnies de Gens d'armes fussent reçus à « faire « monstre par ass^rWon de parole. »« Nulz ne « sera doresnavant receu à faire monstre par « cédule, ou par assertion de sa parole ; mais sera « cbascuns tenus desores-mais de faire monstre « armée. » (Ord. T. III, p. 35.) Véez la condempnacion Du Peuple, à Vacercion D'un faulx et faint messagier. EiMt. DeMÏÏ. Pues. MSS. p. 101. eol. t. Ce mot assertion, en latin assertio, dont on se sert encore en style de pratique, et comme terme didactique, n'est plus guère en usage. (Voy. Assérer.) VARIANTES : ASSERTION. Orth. subsist. - Oudin et Cotgrave, Dict. AcERGiON. Eust. Desch. Poës. MSS. p. 101, col. 2. Assertivement, adverbe. Avec affirmation ; avec confirmation. (Voy. Assertion.) « Dist etcon- « fessa vrayement el assertivement, etc. » (D. Gar- pentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot assertivè, tit. de 1409.) « Le Philosophe parfaict, « tel qu'est Trouillogan, respond assertivement de « tous doubtes proposez. » (Rabelais, T. IIÏ, p. 160. — Voy. Gotgrave et Oudin, Dict.) Asservagir, verbe. Asservir; obliger. Gotgrave, Oudin, Rob. Kstienne, Nicot et Monet, Dict. — Voy. Servage.) Asservir, verbe. On peut voir Gebelin (Etym. fr. col. i008), sur l'origine de ce verbe, qui subsiste avec la signification des anciens verbes assef*vagir et assergentir. Il paroit qu'on exprimoit une idée relative aux obligations d'un père et d'une mère envers leurs enfans, lorsqu'on disoil qu'ils étoient asservis d'^n- fans. (Coût, de Cambresis, au Goût. gén. T. II, p. 846, etc.) « Une personne asservie d'enfant de « mariage précédent, ne peut par testament lega ter « plus avant que porte la faculté de ses biens meu- « nies, et acquests faits en son vefvé. > (Ibid. p. 854. — Voy. E.NSERVER.) (1) n y a là trois formes orthographiques et deux sens différents : assarter^ assorter, variante fautive d'un copiste, ' signifient essarter, défricher ; quant a asserter, il signifie sertir, entrelacer, et vient du latin sertum, guirlande. Marrer, c'est travaiUer à la marre (jÀà^(oy), la houe des vignerons, (n. e.) n. 34 AS -a Ancieiiiiemeot, la conjugaisou à'asiervir étoilla ' même que celle de noire verbe simple servir. CONJUG. Assert, indic. prés.Asservit, oblige. (Eusl. Desch.) Asserve, suhl. pr. Qu'il asservisse. [Eust. Desch.) Asserv«n(,ind.pr. Asservissent. (Tahureau.) Asservisage, subst. masc. Asservissement ; .obligation. On disoit même d'un bien-fonds, que l'on obligeoit au payefnenl d'une dette ou d'une redevance, que c'étoit un as$ervisage. (Cotgrave, Dict. — Voy. AssEHvisEF.) Asserviser, verbe. Concéder sons obligation de ■ervice, de redevance. Telle paroit avoir été la signilication à'asserviser, lorsqu'on disoit: < Terres ■ lui ont esté asservisées au service annuel de ■ douze deniers Viennois. ■ (D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Cange, au mot asservisare, lit. de 1412. — Voy. Asservisage.) Assës, participe et subst. masc. Subside établi, flxé; impôt, droit imposé. Satisraction, action de satislaire à ce qui est établi el fixé par une loi, par un contrai, par une demande judiciaire. Demande judiciaire en dommages fixés ^certaine somme. Il est possible que, relativement à l'idée de taillé, imposé a la taille, on ait vu dans acctsum, parti- cipé du verbe latin accidere, en francois tailler au sens propre, l'origine du mot Accès, espèce de subside. On craintnéanmoinsdcselrelropprévenu Sour une étyraologiequ'a pu réaliser l'idée de laille, evenue nécessairement familière, lorsqu'on consé- quence on a réuni Assès, comme variation d'orlho- p-aphe, sous ce même mol Accès. {Voy. Accès.) En relisant la citation des Mémoires de Sully, T. XII, p. 478, où l'on trouve accès, impôts, tailles el tributs, on seroit tenté de croire qu'impôts, tailles et tributs sont l'explication du sens général à' Accès; et que ce mol n'est lui-même qu'une altération du participe Assès, qui par une ellipse semblable à celle que l'on remarquera sous l'article Assis, a signifié comme substantif, un subside établi, fixé ; un impôt, un droit imposé par la loi, par la coutume, ou par la raison qui le rend légitime. Au moins est-il certain que dans les Annotations sur l'art, iv du lit. isvm de la Somme rurale de Bouleiller, où l'on dit » cornent treux, péages el assès furent mis « sus, > ce mot Assès est rendu par le participe pluriel féminin Assises, de même signiilcation que Assis. (Voy. Assis et Assise.) On avoue qu'il paroit tout simple d'expliquer Assès comme variation d'orthographe de l'adverbe Assois, spécialement dans l'expression < faire assès ■ à quelqu'un de ses damages. > Mais, en réfléchis- sant que Assès et Assesse, comme les participes Assise et Assis ont signifié substantivement chose imposée, chose établie, chose fixée, on soupçonne que dans Dritton (des Loix d'Angleterre), Ass^spour- roit être le même que Assesse dans les Tenures de (1) A la porte de l'égliae. li satisfaction soit faite à un des condicions, adon- • ques ert le don eslable, si les condicions soient • severales; mes si eles soient joyntes, adonques • covient fasses de toutes, ù ceo que le purchas • soit eslable. • (Id. ibid. fol. 94.) Ce seroit par la même figure, suivant laquelleon exprime la chosequi précède, pour rendre senaible celle qui doit en élre la conséquence, que l'on auroil dit : 1° < Faire asses d'une chose à un Sei- gneur, > pour satisfaire à la justice de ce Seigneur, en subissant une peine établie et fixée par la Cou- tume ou par la loi. " Si il se mette en pays et se > acquitte de la félonie, el cely que fait la suyt, eit • mys à veier que lu chose cbalenge^it la suc, et ■ que ele lui fuit embléhorsdesa garde, adonques • luy coviendra respondre, et de faire as&ès au Sei- • gniour de la chose ; et soit le jugement tyel que • le demandaunl recovere sa demaunde. • [Briltoa, des Loix d'Angleterre, fol. 23.) "!• ' Faire assès d'un dommage, • pour satisfaire à une demande judiciaire, par laquelle ce dommage étoit fixé à certaine somme. ■ Si ascun délaye à tort • de rendre dower, il est tenu de taire aa&ét à la • femme de ses damages. ■ (Id. ibid. fol. 245.) Knfin, si l'on croit pouvoir rapporter à l'idée générale de chose établie et fixée par une loi, par une donation, par une demande judiciaire,la signi- fication d'Assès en ces divers passages, c'est qu'une donation, une loi que désignoit, comme subslantU', le participe féminin Assise, pouvoit, par la même raison, être également désignée par le participe Asès. (Voy. Assise.) Au moins a-t-on la preuve qu il a signifié demande judiciaire en dommages, parce que les dommages éloient fixés à certaine somme par le demandeur. ■ Le plus commun brefe de • dower qui soit, si est le brefe de dower clos, . dount femme riens n'ad ; el pour ceo fait à com- • mencer de cel brefe, dount le count est tel. Ceo • vous monstre : A qui fuit la femme B que B l'ad à " lort deforcé la tierce party de taunt de terre ove <> les apurtcnaunces, en lele ville, à ses damages " de XL sols, et pour à tort que l'avaundit B, jaays • son baron, de ceo luy dowaal buysdemonster(l) • le jour que il l'esposa A ceo que est contenu > en le brefe dount rien n'ad, purra le tenaunt < respondre que ele en ad party; mes à ceo covien- ■ ira distincter lequel la pleintire eyt rescen partf ' ■ de son dower avaunt le purchas del brefe, ou ■ pnis. Car si puis,... jà par taunt u'esl le brefe < abatable ; car ele purra dire que del surplus fuit ■ fait son astés; et si ele receust party avant le < brefe purchace, donques est le brefe aoattable. ■ (Brittoa, des loin d'Angleterre, cliap. gît, fol. 249.) Xssesse, partie, et subst. Imposé, fixé ; imposée, fixée. Satisfaction, action de satisfaire à une peine imposée, flsée parla loi. On peut voir sous^ls^^sla raison pour laquelle le participe Assesse, assessed en anglois, en irnnçois assis, imposé, fixé, n'est pas plus féminin que masculin. Si l on disoit au fémi- nin que, pour un tiefTataire à qui éloit imposée la charge de payer une renie à un étranger, telle rente n'éloit pour lui qu'une peine assesse;' on disoit de même, au masculin, que le lleiïâtaire défaillant de payer au jour fixé ne payoil point au four assesse. ■ Si feoffement soit fait sur tiel con- ■ dicion que... le feflée payra al feoffor, al tiel jour ■ enter eux limit, xi livres; et s'il faile de • paier les deniers à le jour assesse, etc. > (Tenures de Liltlelon, liv. III, Sect. 336, fol. 76.) « Si home • enfeolTa un auter sur condition que il et ses bei- ■ ros rendront à un estrange home.... un annuel ■ rent de xi sols,... tie! rent n'est fors que une • peine assMse à le tenant. > :iil. ibid. Sect. 345, fol. 79.) C'est par ellipse et dans un sens analogue à celui d'ilss^, satisfaction, action de satisfaire h ce qui est établi et tlxé par la Loi, que l'on a dit figuré- ment : ■ Ceux queux fuent en Cymiterie ou Eglise, - puys s'en vont saunz fayre Vassesse, etc. • (Carta magna, fol. 90. — Voy. Assës et Assesser.) Assesser, verbe. Asseoir, fixer, imposer. Du latin OMessum, participe du Verbe assirfere, dont on a fait les verbes Asséer et asseoir.avec l'acception figurée d'Assesser en ce passage. «Il est encounler ■ reason que si torl soit fail a un home, que il de • ceo serra son judge ;... car par liel voy s'il avoil ■ damage fors que al value d'un maile , il puissoit • assesser et aver pur ceo C sols, lequel serroit • encounler reason. -(Tenures de LiLllelon, Liv. II, Sect. 212, fol. 46.) L'identité de ^gnillcation des verbes assesser et asseoir est évidente dans les pas- sages suivans. < Si home parle généralement n'Es- • cuage, il serra enlendus...d'lilscuage non certain, ' qui est service de Chivaler... L'Ëscuage... est non « certain pur ceo que n'esl certain cornent le Par- ■ liament assëra lescuage.., Quant Escuage est > tielment assesse pcr auLhoritie de Parliament, ' cliescun Seigniour de qui la terre est tenus par . escuage, etc. • (Id. ibid. Sect. 98, 99 et 100. - Voy. Assesse.) Assesseur, subst. masc. Espèce d'Ofllcier de Judicature, de Conseiller, Espèce d'Officier de Ville. Anciennement les Assesseurs n'éloient pas, comme aujourd'hui, des Officiers de judicature, des Juges, des Conseillers créés en titre d'office; mais des y- AS hommes versés dans l'étude des Loix, que iM Baillis, les Sénéchaux et les Prévdts, gentilshom- mes, et presque toujours ignorans, choisissoient pour les guider, les représenter môme, dans l'exer- cice de la Justice qui leur étott confiée. • Li Baiin ■ ou li Prévost, quand ils en ont meslier pour leop ■ essoine, pueent fere assesseurs. Cbil sont appelé ■ Assesseurs qui représentent la personne dou Baittjr ■ ou dou Prévost, en fezant leur office ; mes bien se • doivent prenre warde li Bailli et li Prévost quiex • gens il metent en leur lieu, quant il n'i pueent ■ estre. Car se il mesfesoient, chil qui lesi aroit ■ mis, en seroient blasmés et li Assesseurs meisme • pugni. ■ (Beaumanoir, Coût, de Beauvoisia, chap. I, p. 14.) On peut voir dans Bouteiller, (Som. rur. Liv. II, tit. 2. p. 667,) quelles étoient les fonc- tions de ces Officiers de judicature, de ces Conseil- lers nommés Assesseurs, parce qu'ils siégeoient eo place des Baillis, des Sénéchaux, des Prévôts; on seulement parce qu'ils siégeoient, qu'ils s'asseoient auprès d'eux, et les assistoient au jugement des causes et procès. Dans ce dernier cas, les Asses- seurs ne jugeoient point ; ils n'étoient que les Con- seillers des Juges. On peut donc avoir eu raison de dire que les Assesseurs, avant d'avoir été créés en titre d'office, < n'estoienl du nombre des Magistrats ■ et Orilciers; ains certains hommes versez en • droict ou praclique, que le Itfagistrat appelloit au . conseil. • (Voy. Bouteiller, ubi supra, Annot. p. 691.) C'est sans doute relativement à la même idée de siéger en place d'un Officier, de le remplacer dans ses fonctions, que certains Officiers de ville ont été désignés par le mot Assesseurs, alléré dans Àcees- seur, en latin Accessor. (Voy. D. Carpentîer, Suppl. Gloss. de Du Gange, T. I, col. 33, tit. de 1454.) . De ■ contribuer aux tailles et impos.... se veulent ■ exempter les aucuns, pour ce qu'il dient estre ou « avoireslé Capilouls, Sindics, Trésoriers, ou Accès- > se»r^ ou autres Officiers de villes. > (Ord. T. VII, p. 452.) VARIANTES : Assessoriat, subst. masc. Office d'Assesseur- (GoLgrave, Dict. — Voy. Assesseur.) Assévération , subst. fém. Affirmation. En latin Asseveratio. (Voy. Assévérer.) Assévérer, verbe. Affirmer. En latin Asseve- rare, verbe qui. dans le sens étymologique, signifie sevcrê dicere. [Voy. Martinius. Lexic. philolog, — Vossius, Elym. ting. lat. — Gebelin. Dict. élymol. de la Langue latine, au met Seueriw.) 11 semble en effet qu'on ait voulu exprimer une idée de scvérilÎÉ philosophique, lorsqu'en parlant de Platon, l'on a dit : . Quand il fait le I^égislateur, il emprunte un ■ style régenlant et assévéranl ; et si y mesle har- • diment les plus fantastiques de ses inventions. • autant utiles à persuader à la Commune , que AS AS < ridicules h persuader à soi-même. » (Essais de Montaigne, Liv. II, p. 324 et 325.) Peut-être trouvera-t-on plus naturelle Tétymolo- gie d'après laquelle on expliqueroit le verbie latin asseverare, dans un sens relatif à Vidée de verum asserere ? Dans la Coutume de Saintonge, tit. m, art. XXX, « asseWrer un contrât en jugement, » c'est comme on lit plus bas, art. xxxiri, affirmer par ser- ment qu'il contient vérité, en affirmer la vérité. « Quand quelqu'un a vendu... aucuns biens immeu- « blés,.... le parent du vendeur... peut venir au « retrait, en payant le sort principal dans la hui- « taine, après que l'acquéreur aura.... exhibé et « assévére son contrat en jugement. » (Nouv. Coût, gén. T. IV, p. 884.) « Dans huitaine à compter « auroit exhibé et assévére son contrat, et jusqu'à « Fexhibition et assévéralion, le Seigneur, etc. > (Ibid. p. 883. — Voy. Assévération.) Assevip,v^r6^(l). Achever, finir, rendre parfait, faire parfaitement. Satisfaire parfaitement, faire avoir satisfaction parfaite, combler. (Voy. Assevissk- MENT.) En se figurant une chose, soit physique , soit idéale, comme ayant un chef, un point capital auquel finit l'accroissement et commence la perfec- tion de cette chose, Ton aura dit qu'elle étoit ache- vée, pour signifier qu'elle étoit finie, qu'elle étoit parfaite. Telle étoit l'acception du participe eschavU eschevij assevU lorsqu'on disoit en parlant d'une femme : Ai tos jors de mon fin cuer amé La grani, la gente, la beUe, ïeschavie. Ane Po«t. fr. MSS. avant 1300, p. 1129. Plus bêle est cent tans que ne devis. Ses très biaus cors, U gens, U eschevUt Me plait tant que, etc. Ibid. p. 093. En parlant d'un lévrier dans ces vers : Granz ert, et forz, et escheviz, Et beax, et genz, et bien formez, etc. Parton. de Rlois. MS. de S. Germ. fol. 165, V* col 1. On a dit proverbialement : « Tex commence, qui « ne peut assevir. « (Voy. prov. rur. et vulg. ms. de N. Dame, N. 2, fol. 12.) On désignoit une chose imparfaite, en disant qu'elle n'étoit « de tous points assevie. » (Voy. Eust. Desch. Poës. mss. p. 75.) Ainsi assevir une chose, c'étoit l'achever, la faire parfaitement, la faire de manière qu'il en résultât une satisfaction parfaite. . . . Tout droit pris mon chemin ay. Pour bien mon vovage (usevir. Et aussi pour ma aame veir. Madiaut. MS. fol. 178. V* col. 1. ... De lin cuer ai loialement ameit ; Onkes amors où j'avois fiance. Ne m^asevit riens de ma volenteî. Chans. Fr. MS. de Berne, n* 389, part. il. fol. 30. R*. L'acception du verbe i4ssmr, altéré dans esche- vir^ eschavir^ est si évidemment la même que celle . d'Achever, que si l'existence de ces variations d'orthographe (2) nous eût été connue, lors de la ré- daction de l'article Achever, on les y auroit réunies, même celles A'assovir (3) et assouvir, comme étant de môme signification et sans doute de même origine^ « Quand le Roi ot assouvi la forteresse du boorc « de Japhe, il s'en partit. » (Joinville, us. p. 293.) « Ensi fu la convenance faite et assovie, et la paii « faite des Grex et des Francs. » (Villehard., p. 156.) Ay ceste euvre-cy à fin traitte, Qui fu asouvie, et parfaitte, etc. Fontaines Goeriii, Trésor de Vénerie, p. 67. Le beau soleU, père de vie, Sa circonférence cissouvie, En passant par un chacun signe, Justement un an y assigne Et six heures, pour tout le compte. i, de Moun;, Remoutrances de nature. Ter» 491-106. Il est probable qu*une prononciation plus sonore de Ve muet dans assevir, aura été l'unique cause de Torlho^raphe assevir, d'après laquelle on se sera imaginé qu'assovir, variation d'orthographe d*assevir, étoit le même que notre verbe assouvir, anciennement prononcé et écrit assovir. Il est vrai que dans nos anciennes poésies, par exemple, dans celles d'Eustacbe Deschamps, (p. 529, col. 4.) les verbes assovir et assevir semblent être de même signification ; mais, lorsqu*on a la preuve que dans le sens i'assevir, achevée, on a dit assovir, et même assouvir une forteresse, on en saisit la différence, et Ton fait attention à ne pas confondre l'idée de satiété, avec celle de satisfac- tion parfaite qu'exprime le verbe assevir dans les passages suivans : « Vostre doulce volonté seroit « assevie, et laisseroie la volonté des autres. » (Machaut, ms. fol. 485.) Assevir puist toutes ses volentez. Ane. Poét. Fr. MSS. avant 1300. p. S80. ... Je te promet ce tenir. Que je te feray assevir De ce dont yes en si grant doubte. Machault, MS. fol. I. V coL f. EnHn, avoir le cœur assevi de joie, et tout sim- plement le cœur assevi signifloit avoir le cœur parfaitement-safisfait et comblé de joie. (Ane. Poët. Fr. MSS. avant 1300, p. 693. — Eust. Desch. Poës. Nss. p. 188.) On disoit d'une personne comblée d'honneurs et de tous les dons de la nature, qu'elle en étoit assevie, parce qu'au figuré le comble de la satisfac- tion est le point capital où flnil la possibilité rai- sonnable de l'accroître. .... Vostre chief, à toute gent agrée, Blont com un or; vairs oeulx, et les sourcUs Avez petits, la denture serrée. Manette blanche com fleur de lis : Et au surplus est vo corps assevis De tous les biens qui sont en flour nouvelle. Eust. Detch. Poes. MS. p. 250, ool. S. (i) L'étymologie est adsequi, devenu adsequire à la basse latinité, où les verbes déponents avaient disparu. Le u se sera eonsonnitlé, le q sera tombé, comme- dans prosevere (prosequere) ^ qu'on trouve dans les Formalœ Andegavenses ; la dérivation est donc adiequire, adseqvire, cissevire, (usevir. (N. B.) — (2) Ces variations d*orthographe viennent de différences étymologiques ; achever vient de adcapitaref non de assequi, (n. e.) — (3) Assovir vient du latin adsopire, endormir. (N. E.) AS ->a69 — AS ... De tout le bien qui peut estre Par honneur, estoie asseviz Et saoulés à mon devis. MMhaat. 118. fd. 186, R* eol. 1. La réunion du participe saoulé, de même signi- fication que assouvi, avec le participe assevU dans ces versr, semble très- propre à indiquer comment assevi et assouvi, quoique d*origine différente, peuvent avoir été substitués l'un à l'autre dans nos anciennes poésies. On seroit même tenté de croire <{\x'assevi étoit quelquefois une altération inassouvi, si Ton ne faisoit réflexion que l'accep- tion à'assevi peut être relative à Tidée de satisfac- tion parfaite, même dans les passages suivans. James mi huil (1) ne fussent asseviz De regarder sa douce lace tendre, etc. Ane. Po«s. fr. MSS. avant 1300, p. 307. L*en ne pourroit peuple esmu retarder Qu'U n'ait avant sa folour assevie, etc. Eust. Desch. Pois. MSS. p. 38, col. 1. VARIANTES * ASSEVIR. Ane. Poët. fr. MSS. avant 1300, p. 529. ASEVIR. Ghans. fr. MS. de Berne, Part, ii, fol. 30, R*. AsouviR. Fontaines Guérin, Trésor de Vénerie, p. 67. AssoviR ViUehardouin, p. 1 56. Assouvir. Joinville, MS. p. 292. EscHAViR. Ane. Poët. fr. MSS. avant 1300, p. 1229. EscuEVER. Lett. de Louis XII, T. II, p. 246. EsGHEViR. Parlon. de Blois, MS. de S»-Germ. fol. 165, V», Assevissement» subst. masc. Achèvement, Perfection. (Voy. Achevissance.) Signification analo- gue à celle du verbe Assevir, achever, rendre parfait. (Voy. As^evir). Je ne puis trop longuement Loer voslre douce figure. En laqueUe a fourni Nature Tout son noble assevissement. Eust. DMch. Poës. MSS. p. 190, col- 2. Asseuler, verbe. Isoler, réduire à être seul, à être solitaire; éloigner des autres. De Tadjectif seul, en latin solus, sur Tétymologie duquel on peut voir Vossius, (Etym. Ling. lat.) et Court de Gébelin, (Dict. élym. de la Lang. Fr. col. 976), on a formé le verbe asseuler o\i esseuler, proprement: isoler, réduire à être seul, à être solitaire. Il semble qu'on ait dit en ce sens : « Le duc de « Berrys'en alla en la comté d'Estampes, le duc « d'Orléans à Blôys, le duc de Bourbon en Bour- « bonnois; et le duc de Bourgongne estoit en « Bourgongne. Ainsi demoura le duc de Guyenne « fort esseulé du sang royal. » (J. le Fevre de « S* Remy, Hist. de Charles VI, p. 78.) « Quant « Gérard eut bien advisé le chastel, il fut moult « esbahy que ce povoit estre d'une telle place « ainsi asseullée, et que tout autour estoit gasté. • (Gérard de Nevers, part. II, p. 54.) Loes qu'estoie esseulés, m'enfermoie ; Lors par semblant me trouvoie Près de li tout abaubi. Ensi mes maus à la fois entr'oubU. Ane Po (Modus et Racio, fol. 290.) Dame, fait-U, encor annnit, Poorrois dormir toi aseur, etc. Fabl. MS. du R. n* 7615, fol. 128. V col. t. .... Se peust en honneur Eabatre avec sa femme, tisseur. Rom. de U Rose, vers 189T8 et 79. Jo'n'alm pas mon mari del cuer plus que del coûte ; Si me conUenff vers lui qtie nule rien nel doute Aêêeur me dédui. etc. Fid>l. MS. du R. n* 7318, fol. 338. V col. t. Hom qui famé a encore, cornent auroit mesaise ? Cest une m<^ Jecine qui toz les maus apaise : L'en i peut i.ussi estre asseur et à aise, Ciomme plain poing d'estoupf's en une ardent fornaise. Ibid. fol. «H, V col. a. Ce mot asseur est encore assez visiblement adverbe en ce dernier passage : mais dans nombre d'autres, on n*ose décider s*il est adverbe ou adjectif. « Noveles vindrent à Salahadin que le «Roi de France et le Roi d'Angleterre estoient « croisiés.... por aler sus lui. Il n*en fut mie lies ne € aseur. • (Contin. de G. de Tyr; Martene, ampl. collect. T. V, col. 6'26.) « Sire, je ne suis pas bien < asseur en ce lieu; car l'en m*y hayt • (Lanc. du Lac, Vol. Il, fol. 5.) Ne scay comment il est asseur^ Et qu*08e vivre sans peur. Testimeot de J. de Meun; . ters 1397 el 38. On a désigné, la sûreté qui nait d*une timidité prévoyante, d'une défiance sage, en disant prover- bialement : « Qui a peur, il est asseur. » (Cotgrave, Dict.) . . . Nus qui soit en ceste vie, N'est si preudon ne de tel estre, Qui aseur doie jà estre. Vie de Théophile, MS. du R. n* G987. fol. 313, V* col. 3. Quoiqu'on ces dernières citations, comme dans une infinité d'autres qu*ou supprime, asseur puisse être assez indifféremment expliqué comme adverbe ou comme adjectif, il est possible qu'on préfère la seconde explication à la première, et que cette préférence paroisse d'autant plus raisonnable, que dans les vers suivans, aseure semble être le fémi- nin de Tadjectif composé aseur. . . . Fu clos de chascun costé, Si bien que toute créature Puet estre dedanz aseure. G. Guiart, MS. fol. 76. R*. Ce féminin tucure pourroit néanmoins être adverbe, quelle que soit la raison de le croire adjectif; car on a la preuve que, soit pour la com- modité de la rime, soit par ellipse d'un substantif féminin, tel que Situation, Ton a dit adverbiale- ment mettre asseure, comme l'on disoit mettre asseur. L'Amour personnifié, comparant la vertu d'une femme que 1 intérêt domine, a une forteresse que Vénus sa mère lui met asseure, dont elle lui assure l'entrée après s'en être rendue maîtresse à force d'argent, s'exprime ainsi : Elle a prina mainte fot t ere t— » 8ui coustoit bien milla baiAiM^ ù je ne fu jamais preacns. Si le ma mectoH oa m$9ure: ' Mais je n*y entray en nolle iia«re ; Ne ne me pleut oncquea la prinae . De forteresse sans moi prinae. RoB. «ekHott, ymn ti3H Utit. On le répète ; il est souvent trè^ douteux que le mot asseur soit plutôt adjectif qu*adverbe, à moins qu'il ne soit suivi, comme il Test quelquefois, d'une préposition indicative de la chose dont on est sûr, de laquelle on a une sûreté, une assurance : nulle preuve cependant qu'avec cette préposition Ton ait dit asseure au féminin, ni au pluriel asseurs. C'est dans les variations d'orthographe de l'adjec- tif seur^ qui s'écrivoit sceur<, segur^ que l'on trouve la raison pour laquelle le compose asseur s'est écrit aseur, et peut-être assecur ou asêceur. On croit que c'est ainsi qu'il faut lire, au lieu d'oss^^tir en ce passage : « Comme, afin que chacun fust « asseeur de sa chevance et peust chascun marchan- « der seurement, aions fait faire bonnes monnoies, « etc. » (Ord. T. UT, p. 520.) « Fist tant qu'il fust « asseur des convenances que les Amiraus h avoient • promises et jurées. • (Contin. de 6. de Tyr; Martene, ampl. Collect. T. V, col. 723.) .... Guers oui sent d'amours le point, N*est mie louais en un point, N'cuseiif* de joie ou de paine. ll«chaot. IIS. fol. SS. R* col. 1. YARIANTES : ASSEUR. Fabl. MS. du Roi, n» 7218, fol. »1, V». ÂscuR. Contin. de G. de Tyr; Martene, T. V, col. 026. ÂSBUR. Fabl. MS. du Roi, n» 7615, fol. 128, V». Aseure. G. Guiart. MS. fol. 76, R^. — Faifeu, p. 37. Asseeur. Ord. T. III, p. 520. ~ Asseure. Rom. de la Rose, vers 11343. AssBURS. Beaumanoir, Goût, de Beauvoisis, p. 304. Asscurance, subst. fém. Assurance, sûreté, sé- curité; confiance, hardiesse, etc. parole, promesse, caution, affirmation. prome.sse de fidélité, serment^ sauf-conduit, sauvegarde, etc. espèce de paix. Ce mot asseurance qu'aujourd'hui Ton écrit assu- rance, et dont on a restreint Tacception, pouvoiL signifier toute cause active ou passive de sécurité, tout moyen actif et passif d'être en sûreté, en assu- rance, comme il a signifié et signifie encore parole, promesse, etc. confiance, hardiesse, etc. C'est la métonymie de Teffet pour la cause. « Il n'y a rien < plus mal aisé à cognoistre, et où il y ait moins « d'asseurance, que le commun Peuple. » (Nicot, Dict. — Voy. Cotgrave, Rob. Estienne, Monet, Dict. Dict. de Trévoux. — Dict. de TAcad. fr.) Ly Roys mande Girart paix, amour, concordance, El qu'il vienne vers luy par droitte asségurance. Ger. de RooMilloo. MS. p. 174. On a dit, en parlant d'une ruse ordinaire au cerf, lorsqu'il se sent moins ferme sur jambes, el par conséquent moins capable de cette force de vitesse dans laquelle il cherche sa sûreté : « Bien « souvent il fermera l'ongle , comme s*il alloil « d'ass^wrawc^?; puis tout soudain il s'efforcera, et « l'ouvrira faisant de grandes glissées. » (Du Fouil- loux. Vénerie, fol. 46, V*.) AS -87i — AS « faire appelleren cas A" asseurement pour estre « mis en la sauvegarde du Roi et de luy ; afin d'évi- « ter que les Parties n'entrent en voye de faicl, < querelles et armes : duquel asseurement et sau- « vegarde peut cognoistre le Juge royal, mesme- « ment le Baillif, Seneschal, ou son Lieutenant qui « préside en la Province, parce que c'est au Roy et « a ses Officiers de conserver le repos et tranquil- € lité entre ses Subjects. » (Bouteiller, Som. rur. tit. xxxiv, Annot. p. 243. — Voy. Asseurement.) YARIANTES ' ASSEURANCE. G. Guiart, MS. fol* 220. AstGURANGE. Anc. Poët. fr. MSS. avant 1300, p. 1233. AssÉouRANGE. Ger. de RoussiUon, MS. p 174. AssÈGURANCHE. D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du CangBy au mot Asseguramentum ; tit. de 1424. Asseuréement, adverbe. Assurément , en sûreté, avec assurance, avec sécurité. Cet adverbe, qui ne désigne plus aujourd'hui qu'une idée d'assu- rance, fondée sur une parole ou promesse affirma- tive, a désigné autrefois, non-seulement cette idée particulière de sûreté, mais une idée générale de sûreté, d'assurance avec laquelle on se confie en sa force, en son courage, en la bonté de son armure, en sa facilité de parler, etc. « David prist cunseil « de noslre Seignur, s'il ireit encuntre les Philis- « tiens..;... Noslre Sires li respundi, alez-i balde- « ment David s'enturnad asenréinent'e les Phi- « listiens... descunfit. » (Livres des Rois, ms. des Cordel. fol. 46.) « Quand ils véoient Tennemy « approcher d*eux trop asseurement^ et que sans « se hazarder témérairement, ils luy pouvoient « donner quelque venue, etc. » (Du Bellay, Mém. L. 7. fol. '219.) « De Bonniface se trouva mal asseu- « rément armé de la teste, pour combatre à pié. » (Mém. d'Ol. delà Marche, L. I, p. 304.) . . . Montjoye avec toute silence, Asseurement^ comme au cas bien instruit, Leur proposa le narré qui s'ensuit. J. Marot, p. 70et71. On a dit proverbialement, en parlant de Tliomme à qui sa pauvreté permet de vivre joyeusement, en assurance et avec sécurité : « Asseurement chante « qui n'a que perdre. » (Cotgrave, Dict. — Voyez ASSEUR.) VARÎANTES I ASSEURÉEMENT. Cotgrave, Rob. Estienne, Nicot, Dict. A&EURÉMENT. L. des Rois, MS. des Cordel. fol. 119, R® c. i. ÂSSEURÊMANT. Monet, Dict. Asseurement. Du Bellay, Mém. L. 7, fol. 220, Ro. Asseurement, subst. masc. Sauvegarde, sauf- conduit, caution, etc. Terme de pratique, délaisse- ment. Terme de Coutume, espèce de Paix. C'est relativement aune idée de sûreté, d'assu- rance opérée par une sauvegarde, un sauf-conduit, une caution, qu'en ce sens on a dit asseurement. (Voy. Cotgrave, Dict.) Le roi Jean, établissant pour Gardien et seul Juge des Juifs, Louis, Comte d'Etam- Îes, lui enjoint par ses Lettres du mois de mars 360, de leur faire « doner, et à chascun d*eulx, « bon et loyal asseurement, selon la cousturae du « païs. » (Voy. Ord. T. III, p. 472.) Par Lettres de Charles, son flls, datées du mois d'avril ld63, il fut ordonné que les marchands et voituriers qui ame- noient des provisions à Paris, « auroient bon et « loyal asseurement^ selon la coustume des pais, c des personnes, desquelles ils les requiéreroient à « avoir. » (Ibid. p. 631.) « En Aniioche ne poroient « il mie aler, s'il n*avoient Vaseurement du Soutan « de Halape, parmi cui terre il dévoient passer. » (Chron. d'Outremer, us. de Berne, n* 113, fol. 152.) Cils U met certaine journée D'estre en sa court pour soi deffendre De ce dont l'en le veult reprendre : Mes asseurement il n'envoie, etc. 6. Gaiwt, MS. fol. se. V*. Amender U covient, ains qu'il isse de cage. Et baiUer de l'amende asseurement ou gage. Fabl. MS. du R. n- 7015. fol. lU, R- eoL I. C'est évidemment dans le sens de caution, que Ton a dit : « Fist convenir ledit Escuier en la Court « de TEglise de Tournay, en cas i'asseurement « juratoire, pour lui donner plus de peine. » (D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Cange^ au mot Asseuracio; tit. de 1375.) Au second sens, on nommoit asseurement dans la Coutume de Melz, le délaissement d*un héritage hypothéqué au payement d'une censé ou rente, parce qu*au moyen de ce délaissement, le possesseur de rhéritage procuroit la sûreté de la censé ou rente, et se mettoit lui-même en sûreté contre la poursuite du créancier hypothécaire, pour les arré- rages échus, tant avant sa possession qu'après son délaissement. « Le détenteur de rhéritage nypothé- • que au payement d'une censé ou rente, est tenu « personnellement et hypothéquairement des arré- « rages depuis qu'il est détenteur, et pour les pré- « cédents hypothéquairement Il se peut des- « charger des airérages précédents et à l'advenir. « en asseurant l'héritage qu'il possède Le seul « asseurement ne dépossède point; et faut que « celuy au profit duquel il est fait, se face conduire « et rendre possesseur de l'héritage asseuré dedans « l'an et jour, pour en déposséder le débiteur de la « rente. « (Noiiv. Coût. gén. T. II, p. 399.) Les Ordonnances de Metz et Païs Messin ont pourvu à l'abus que les détenteurs de pareils héritages auroient pu faire de cette disposition de la Coutume, en prononçant qu'ils « ne seront reçus à faire « asseurement ne quitter la possession desdits héri- « tages, qu'ils n'ayent payé les arrérages... escheus « de leur temps, et depuis la demande.... faite en « jugement. « (Voy. Lauriere, Gloss. du Dr. Fr. au moi A sseu7*ement.) Il pareil que la Paix nommée Asseurance dans quelques Coutumes et spécialement dans celle de Tournay, ou Asseureté dans celle de Lodunois, a été plus généralement connue sous le nom 6! Asseu- rement. Quelque réelles que fussent les différences établies entn^ Vasseurement, la paix, la trêve, la sauvegarde, il y a lieu de croiie qu'elles ne furent pas toujours exactement observées. En opposant sans cesse la sauvegarde, la trêve et la paix à Vasseurement^ on les rapprochoit sans cesse ; et de AS — 273 — AS ce rapprochement, ainsi que de l^abitude si natu- relle a assimiler les choses dont Teifet est à peu près le même, sera résulté une confusion d'idées d'après laquelle on aura dit assez indifféremment que la sauvegarde, la trêve, la paix étoit un asseurementj comme Yasseurement étoit une paix, une trêve, une sauvegarde. « Celuy qui est requis de bailler «' Oêseurement... est tenu de bailler ledit asseure- « ment... et jurer de le tenir,... sur peine d'cstre « puny... selon la qualité de Tinfraction dudit sauf- « conduit ou sauvegarde. » (Goût, de Chaumont en Bassigny, au Coût. gén. T. I, p. 441.) Quoique Beaumanoir, dans le Chapitre lx des Coutumes de Beauvoisis, pose en principe « qu'entre gens de « poote qui ne pueent guerroier, nules trives « n'appartient, » il semble confondre la trêve avec Yasseurement dans le Chapitre lxi des mêmes Cou- tumes, lorsqu'il dit : « Se il avient que aucun des « houmes le Conte ait fet donner trives ou asseure- « ment à aucun de ses Sougiés, et le trive brisiée « et li asseuremens, li Sire le doit fere apeler en se < Court par trois quinzaines, se il est hons depooté^ « et puis par quarantaines. . . se il estoit apelés, etc. » (Coût, de Beauvoisis, p. 304 et 310. — Voy. ASSEURANCE Ct ASSEURETÉ.] Que la distinction propre à Yasseurement ait été négligée quelquefois, il n'en est pas moins vrai que d'après les usages coutumiers attestés par Bouteiller et Beaumanoir, YAsseurement différoit essentielle- ment de la Paix, de la Trêve ^ etc. 11 y a différence, disoil Bouteiller, entre paix, trêves ou asseurances^ la même chose que les asseuremens. (Voy. Som. rur. tit. xxxiv.) La Trêve, selon Beaumanoir qui écrivoil un siècle avant Bouteiller, « est une chose « qui donne seurlé de le guerre ou tans que ele « dure ; et asseurement fet pès confermée à tousjours « par forche de justiche. » On remarquera qu'il ne fixe pas à un an et un jour la durée de la Trêve, comme a fait Bouteiller. Il dit seulement que la Trêve est différente de Yasseurement, en ce que « Trieves si durent à terme, et asseurement dure à « tousjours. » (Voy. Coût, de Beauvoisis, chap. lx, p. 304.) Dans le chapitre lix, on lit : « Tout soit che « que bons liens et fors de pès qui est fet par amis, « et de pès qui est fête par Justiche, encore est li « liens Yasseurement plus fort. » fibid. p. 302.) Aussi Yasseurement fut-il un aes moyens par lesquels on lâchoit de s'opposer au progrès de ces vengeances nersonnelles , dont nos histoires, entr'autres celle de Grégoire de Tours, et les Capi- tulaires de Charlemagne et de Charles-le-Chauve, attestent le barbare usage sous la première et la seconde race de nos Rois. La fureur de ces ven- geances s'étant insensiblement accrue sous la troisième, à la faveur de l'anarchie féodale, on nomma la voie de fait une guerre privée; en assimilant aux guerres d'une féodalité rivale et ennemie, des guerres qui n'avoient souvent pour objet que la vengeance d'un crime. « Coustume « sueffre les guerres en Beauvoisins entre les « Gentix-houmes pour les vilenies qui sont fêtes < aparans. » (Beaumanoir, Coût, de Beauvoisis, chap. LIX, p. 300.) On trouve dans le chapitre suivant la définition de ces vilenies. « Quant aucun fet « q.venoit de mort, de mehaing, ou de bateure, chil « à qui le vilenie avoit esté faite, etc. » (Id. ibid. p. 306.) On peut voir, ibid. chap. lix, p. 301 et 302, auelles étoient, après la paix et Yasseurement, les eux autres manières de faire faillir ces guerres privées, en les assujettissant à des loix que pût adopter une Nation chez laquelle on ne se croit encore aujourd'hui bien vengé, qu'après s'être exposé au danger de la vengeance. La plus sage de ces loix (i), et la plus essentielle à la sûreté publique, fut sans doute celle que nos anciens Praticiens , Bouteiller entr'autres , ont nommé la Quarantaine du Roi , ou la Quarantaine- le-Roi, parce que c'étoit une Trêve de quarante jours oraonnée par le Roi. A la faveur de cette Trêve ou Quarantaine , les parens et amis de ceux entre lesquels étoit survenue une guerre qu'ils ignoroient, et à laquelle ils étoient néanmoins obligés de prendre part, pouvoient se mettre en garde contre les hostilités auxquelles les exposoit cette même guerre. (Somme rurale, tit. xxxiv, p. 235.) Avant cette Loi, dit Beaumanoir, « Trop mauvese « coustume souloit courre en cas de guerre el « royaume de France... Chil à qui vilenie avoit esté « fête, regardoit aucun des parens de chaus qui li « avoient fet le vilenie, et qui... ne savoient riens « dou fet ; et puis aloient.... de nuit et de jour ; et si « tost comme il le trouvoient, il l'ocioient ou mé- « haignoient, ou batoient, ou en faisoient toute « leur volenté , comme de chelui qui garde ne s'en « donnoit... Et pour les grans périusqui en ave- « noient, le bon roi Phelipe en flst un Establissement a tel, que... tuit le lignage de l'une partie et de « l'autre qui ne furent présens au fet, ont par « l'Establissement le roy quarante jours de Tri- « ves ;.... et par ces quarante jours ont les lignages « loisir de savoir ce que avient en leur lignage , si a que il se pueent pourveoir de guerroier, ou de « pourcachieri4ssettr^m^n^ Trives ou Pès. » (Coût, de Beauvoisis, chap. lx, p. 306.) Selon M. de Laurière, le bon roi Phelipe qu'en ce passage Beaumanoir fait auteur de cette Loi, est ^) Les baiUis ayaient été institués par le roi pour combattre la féodalité ; ils créèrent d*abord les c cas royaux, i Toute 2* Des violences 86 mettre sous B s'élèvent entre les nobles et les roturiers. Le roturier menacé se rendait près du bailli et lui demandait d* la protection du roi. Le bailli faisait alors prêter au noble un serment à' asseurement, prêté sous caution ; le seigneur, par là, s'en^geait à s'abstenir de la violence. Les actes du xm* siècle, qui vit naître ces mesures^ confondent rarement ta quarantaine et Vasseurement, (n. b.) n. 35 AS — 274 — AS Philippe-Auguste qui étoit mort, (ce que désigae, dit-il, le mot bon,) et non Philippe-le-Hardi encore Tivanl, lorsque Beaumanoir finit son Ouvrage en 1283, deux ans avant la mort de ce Prince. (Vojr. Ordonn. T. I, Observ. p. 46 et 47.) Mais est-il impossible que le mot bon ait eu pour Beaumanoir une signification moins rigoureuse que pour M. de Lauriere, et qu'il ait nommé Philippe-le-Hardi encore vivant, le bon roi Phelipe ? Ce Prince, sans être le premier auteur d'une Loi que Beaumanoir même nomme, quelques lignes plus haut , « Testa- « blissement(i) au bon roy Loois, » pouvoit ravoir renouvelée après la mort du Roi son père. M. Du Cange, dans sa xxix* Dissertation sur Joinville, où il traite des Guerres privées avec toute l'étendue et la profondeur de son érudition, croit que Beauma- noir a voulu parler de Philippe-le-Hardi, et non de Philippe-Auguste ; mais il attribue ni à Tun ni à l'autre rétablissement de la Quarantaine, de la Trêve de quarante jours. Il se fonde sur une Ordon- nance du roi Jean, en date du 9 avril 1353, où se trouve exactement rapportée la disposition de celle de S* Louis, concernant les Guerres privées, pour affirmer que S* Louis fut le premier auteur d'une Loi à laquelle toute la Nation auroit applaudi, si toute une Nation pouvoit être raisonnable. (Voy. Rec. des Ordonn. T. l, p. 56. — Du Cange, Disser- tations sur Joinville, p. 334.) Durant la Trêve ou Quarantaine , par laquelle le Souverain assuroitla personne et les biens de tous ceux qui dévoient prendre part à une guerre com- mencée en leur absence, et qu'ils n'avoient pas provoquée, tout acte d'hostilité commis envers eux avant l'expiration de cette Trêve, étoit une trahison pour laquelle, dans le cas de mort, il y avoit peine capitale. « Quant aucuns se venge de che que l'en « li a meffet, à aucuns de chaus qui ne furent pas « au fet, dedens les quarante jours que il ont Trives « par l'Éstablissement au bon roi Loois, l'en ne le « doit pas appeler vengeance, maistraison ; et pour « che, chil qui en cheste manière meffont,... se il i « a houme mort, il doivent estre trainé et pendu, « et.... perdre tout le leur; et se il n'i a forsba- « teure, il doit avoir longue prison, et l'amande à « la volenté dou Seigneur, etc. » (Coût, de Beau- voisis, chap. lx, p. 306.) Cette même Loi ofTroit au Gentilhomme qui répugnoit à partager les périls d'une guerre privée, un moyen de s'affranchir dans l'espace de la Quarantaine, d'une obligation à laquelle il étoit assujetti par la Coutume. « LiGentil-houmechieent « en guerre pour le fet de leurs amis, tout ne « fussent-il pas au fet quant li quarante jours « sont passes Et ne pourquant se aucuns se « vieut ester de le guerre, fere le puet.... se il fet « ajourner ses amis... En leur présence et par « devant Justiche , il doit requerre qu'il ne soit pas « tenus en. guerre, si comme cbelui qui est apoa- « reillié de forjùrer chaus qui firent le meflîet. « Adoncle forjuremenlfet,... li Sires le doit fere « asseurer^ et en se personne tant seulement. » (Coût, de Beauvoisis, cnap. lix, p. 302.) La Noblesse, impatiente du joug des Loix que les successeurs de S* Louis continuèrent d'opposer avec plus ou moins d'avantage au progrès de ces guerres, réclamoit sans cesse et avec indignation contre les Asseuremens auxquels elle se voyoit for- cée, lorsqu'un gentilhomme croyolt ne pas se déshonorer en recourant à la Justice pour les obtenir. C'est sur une pareille réclamation de la S art des Nobles du duché de Bourgogne, des diocèses ' e Langres et Autun, et du comte de Forés, que Louis X, par son Ordonnance du mois d'avril 1315, leur octroya « les armes et les guerres, en la ma- « nière qu'ils en avoient usé et accoutumé ancien- « nement. » (Voy. Ord. T. T, p. 559.) Il est très probable que ces Nobles prétendoienl, ainsi que ceux du bailliage d'Amiens et de Vermandois, « guerroier les uns aux autres sans meffîait, n'être « tenus de donner trêves; ne contraint, se partie le « requieroit.... à donner asségurement;.... mais « chevauchier, aller, venir et éstre à armes en « guerre et forfaire les uns aus autres, tantost après « fait, ou défiaille aux presenz, ou aux absenz « après la quarantaine. »> Le Roi, par une Ordon- nance de la même année, en date du 15 mai, promit de commettre deux personnes de son Conseil, pour voir les registres de S* Louis, et savoir d'elles si la prétention de cette Noblesse étoit autorisée par les anciens usages, et s'il devoil lui en donner Lettres. (Voy. ibid. p. 364.) Les Gentilshommes à qui la Coutume permettoit de guerroier, ne pouvoient à la vérité être con- traints à donner asseuremens , sans la réquisition de l'une des parties qui se trouvoient en guerre. Mais avec cette réquisition, la Justice les y Torcoit, comme sans réquisition elle les forj^oit à faire paix, ou à donner trêves. C'est un principe cons- taté par la Coutume de Beauvoisis et par les Eta- blissemens de S*-Louis. « Li Quens ou li Roix, se li « Quens ne le vieut faire, puet contraindre les Par- • ties à fere pès, ou à donner trives ; mais de Vas- « seuremeni se doivent-il souffrir, se l'une des « parties ne le requiert. » (Beaumanoir, chap. ui, p. 300.) • Se ainsint estoit que uns bons eust guerre « à un autre, et il venist à la Justice pour li faere « asseurer, la Justice le doit faere asseurer, puis- • que il le requiert. » (Ord. T. I, p. 129.) On a vu qu'en requérant asseurement dans les quarante jours de la Trêve ordonnée par S'-Louis, on contraignoit son ennemi à le donner. Alors, s'il exerçoit quelqu'acte d'hostilité au mépris de la Trêve et de V Asseurement y on pouvoit dire sans confondre, comme on a pu le faire quelquefois, (1) Lorsque Beaumanoir cite les Etablissements de S^ Louis, U se rapporte aux ordonnances mêmes de ce prince, et non au recueil ainsi nommé. C'est une compilation d*un jurisconsulte oui a préféré demeurer inconnu, pour rendre son ouTraae plus célèbre, en le mettant, eous le nom du roi. On le place en 1269, époque à laquelle le roi pensait plus à la croisade oe Tunis qu'à des lois nouveUed, c'est-à-dire difficiles à faire appUquer. (n. e.) AS -2?5- AS Y Asseurement avec la Trêve, qu'il étoit coupable de Trêve enfrainte et ù'Asseurement brisé. Dans les Etablisàecnens de S*-Louis, Liv. I et II, chap. xxviii, on Ut : « Se aucuns donne asseurement en la Cort « le Roy, à aucun plaintif, et puis Vasseurement 11 « ait la trive enfrainte et Vasseurement brisié, etc. » (Ord. T. I, pag. 276.) Vers la fin du xvi* siècle, après l'abolition des anciennes formes de la Trêve et de V Asseurement, on distinguoit encore Y Asseurement de la Sauvegarde royale, sous laquelle étoit mise « la Partie appelante en cas d'asseur^m^nt, quand « aucun avoit faict menaces. » (Bouteiller, Som. rur. tit. xxxiY, Annotations, p. 243. — Voy. Assed- RANCE.) Comme la Justice , sans être requise par une des Parties qui étoient en guerre, ordonnoit Trêves entre Gentilshommes ; entre Bourgeois et Gens de poote, elle ordonnoit asseuremens, « Il avient sou- « vent que merlées muevent entre Gentixhoumes, « ou entre Gens de poote, et puis chacune Partie « est si orgueilleuse, que ele ne daigne demander • Trive ne Asseurement, U2i\s.... pour Testablisse- « ment au bon roy Loois,.... le Quens de Glermont « et li autres Barons doivent fere penre les « Parties et contraindre les à donner Trives, se se « sont Gentil-houme ; et se se sont Gens de poote, « ils doivent estre contrains à fere droit asseure- « ment. » (Coût, de Beauvoisis, chap. lx, p. 306.) Hais le Roturier ou le Bourgeois qui auroit demandé la Trêve, ne l'auroit point obtenue. Dans le cas où Gens de pooté avoient « méfait les « uns aux autres de fait apparent, » la Justice fai- soit plain asseurement, si paix ne se faisoit entre les Parties. (Coutume de Beauvoisis, ubi supra, p. 304«) Le bourgeois, Yhomme de poote, pour se garantir de la violence d'un Gentilhomme qui vou- îoit l'outrager, ou de la vengeance de celui qu'il ayoit outragé lui-même, n'avoit que la voie de VAsseurement,y2j^ce que, ditBeaumanoir, » guerre « ne se pouvoit faire entre Gens de poote, et Gen- « tilshommes. » Qui requéroit Yasseurement en pareil cas, devoit l'obtenir ; « car se li Gentilhoume, « ajoute Beaumanoir, tenoient en guerre les Bour- « jois ou chaus de poote, et li Bourjois et cil de « poote (1) ne po voient tenir en guerre les Gentix- « noumes, ils seroient mort et mal bailli. » En dédaignant le seul secours que leur ofTroit la Loi, ils mettoient leur vie et leur fortune à la discrétion des Gentilshommes qui dès-lors n'avoient rien à redouter de la Justice, quels que fussent les excès dont ils pouvoient se rendre coupables. (Coût, de Beauvoisis, chap. ux, p. 300 et 301.) En général, les Guerres privées dont la Noblesse étôit si jalouse, commençoient par voies de fait, ou par paroles. « Guerre.... muet par paroles, dit « Beaumanoir, quant li un manache l'autre à fere « vilenie ou annui de son cors, ou quant il le défie « de lui et des siens ; et si muet par fet, qdant « chaude merlée (2) sourt entre Gentix-houmes d'un» « part et d'autre. Si doit l'en savoir que quant ele < muet par fet, chil qui sont au fet, chient en le « guerre, si tost comme li fais est fais. » (Coût, d» Beauvoisis, chap. lix, p. 300.) Quoique la Loi qoiI'' tumière fût la même, lorsque la guerre cominen- çoit par menace ou par défi , il semble qu'à raison de ce que « grans haras pouvoit avenir en tel cas, > le Gentilhomme défié ou menacé pouvoit profiter de la Quarantaine pour se mettre en état deaéfense> comme en profitoit le Lignage qui n'étoit en guerre qu'après que la Trêve de quarante jours étoit expi- rée. « Se aucuns avoit espié son fet avant que il « eust fet menaches ne défié, et après seur le fet « manachoit ou défioit, il ne se pourroit escuser « dou fet par tele menache ne pour tel deffiement. « Doncques se doit souffrir que li défiés se puist « garder et garantir ; ou autrement.... devra estr» « justiciés se il meffet. > (Ibid. ubi supra,) Quand nos anciens Barons s'accoutumèrent à res- Secter la Loi souveraine qui contraignoit les Nobles faire Trêves, comme les non Nobles à donner asseuremens; Loi qui, comme on Ta vu, faisoit aux Chefs, aux Chevetaignes des guerres privées, un devoir de Y Asseurement, même pour les Nobles qui le demandoient en Justice, on pût dire : « Guerre « faut... par asseurement, si comme quant 11 Sires a contraint les Parties chevetaignes à asseurer li « un Fautre. • (Coût, de Beauvoisis, chap. ux, p. 302.) Alors les asseuremens, non-seulement pré- cédèrent, mais suivirent l'expiration de la Quaran- taine. Lorsqu'on répugnoit à s'engager dans une guerre, ou que l'on désiroit en finir une déjà com- mencée, on recouroit au Seigneur suzerain pour être asseuré, et jugé en sa cour de Justice. (Voy. Ord. T. III, p. 264, note. — Du Cange, Gloss. lat. au mot Assecurare) Cette loi, si sage, est un principe du Droit écrit. « Quand aucuns se doute, il doit « venir à la Justice, et requerre asseurement, selon « Droit escrit. » (Ord. T. I, p. 135.) La foi des Asseuremens et des Trêves étoit si sacrée, « qu'enfraindre ou briser ceux ou celle que « les Parties pouvoient faire entr'elles par paroles, « tout sans Justiche, n'emportoit menre peine que « se le Triève avoit esté donnée, ou li Asseuremens « de par le Roi. » (Voy. Coût, de Beauv. chap lviii, f). 295.) Mais dans le cas de Trêve enfrainte, l'in- racteur étoit le seul à qui la Loi s'en prenoit, tandis qu'en cas d! Asseurement brisé, elle s'en prenoit non-seulement à celui qui l'avoit brisé, mais à celui qui l'avoit donné, quand même il auroit prouvé qu'il n'étoit pas au fait, qu'il n'en étoit point com- plice. « Asseurement a telle vertu que cis qui le « donne, prent seur soi tout son lignage, fors que (1) Poote peut venir de potesta^ dérivé bas-latin de la première déclinaison, omûa potes tatem. (s. s.) — (2) MerUe vient d« misculata^ aevenu misclata par la chute de u bref précédant la tonique; dans le groupe «c, la deuxième consonne tombe, et $ se change en r, par un phénomène de rhotacisme, comme dans elemo8(y)nay transformé en almome. Voir le traité de *1. G. Joret, de rhotacismo in indoeuropaeis ac potissimum in germanicis linguis (CoUection phUologique in-8*, p. p. Yieweg, •i, 1875). (N. B.) AS - 276 — AS « chaus que il en puet metlre hors par reson ; car * il y a chertaines personnes qu'il en puet mettre « hors, au îereVasseurement » (Ibid. oh. lx p. 304.) Il pouvoit excepter les parens qui, lors de Vasseur renient^ étoient hors du royaume, et qui avoient la liberté d'y revenir ; ceux qui en étoient bannis et qui pouvoient être rappelés ; les bâtards même, « pour che qu'ils sont meu par amour naturel à « aidier à leurs parens. » Cette précaution étoit même insuffisante pour le soustraire à la peine à laquelle Texposoit un acte d'hostilité commis par ces bâtards et ces parens exceptés de Vasseur entent. Il devoit encore veiller à ce que pouvoit avoir à craindre de leur part, celui qu'il avoit asseuré^ et lui en donner avis. S'il lui étoit impossible de réussir à les empêcher de lui mal faire, il devoit le faire savoir à la Partie et au Souverain, et jurer Sains sur qu'il n'avoit pu leur rendre commun Tas- seurementqu''ûti\ oit donné', autrement il étoit puni comme coupable d'asseurement Wisé. (Voy. Coût, de Beauvoisis, ubi supra, p. 304 et 305.) Beauma- noir a distingué certains cas où la Justice devoit (prononcer qu'une Trêve étoit ou n'étoit pas en- rainte, qu'un Asseurement étoit ou n'étoit point brisé. (Voy. Ibid. p. 307.) Lorsque Paix succédoit à un Asseurement, la çaix l'anéantissoit ; et si celui aui avoit été asseuré prouvoit quelque dommage, ne pouvoit s'en plaindre comme d' asseurement brisie on enfraint, « En tel cas, n'a point d'asseu- « rement enfraint^ mais doit l'en punir le délin- « quant d'amende pécunielle. » (Plthou, CouL de Troyes, p. 450.) Suivant l'ancienne Coutume d'Au- xerre, Vasseurement qui étoit rompu par battre ou frapper induement, ne pouvoit l'être par injures verbales. Celui qui injurioit verbalement, étoit puni pécuniairement à l'arbitrage du Juge. (Coût. gén. T. I, p. 224.) Mais il y avoit peine de la hart contre celui qui enfraignoit ou laissoit enfraindre Vasseu- rement « qu'il avoit promis et juré de tenir et gar- « der par lui et les siens. » (Voy. Coût, de Troyes, au Coût. gén. T. l, p. 420.) Dans la Coutume de Tournay, les asseurances, comme les Asseuremens dans plusieurs autres qu'il seroit superflu de citer, étoient inviolables ; et quiconque les violoit, ou souffroit qu'on les violât, étoit ordinairement puni de peine capitale. (Voy. Coût. gen. T. Il, p. 946. — Bouteiller, Som. rur. til. xxxiv, p. 234.) Selon les Etablissemens de S*-Louis et les Cou- tumes de Beauvoisis, la connoissance des Asseure- mens brisés, comme celle des Trêves enfraintes, appartenoit de droit aux Comtes et autres Barons du royaume, qui pouvoient et dévoient les ordon- ner. Le Roi, comme souverain, faisoit ce qu'ils refu- soient ou négligeoient de faire, et, dans le cas d'infraction, le coupable, quoique homme « levant et « couchant en seigneurie de Baron, devoit répondre « par-devant la Cent le Roy. » Il semble même que le Baron ne pouvoit s'opposer à ce que l'on s'adres- sât au Roi, de préférence à lui, pour obtenir un Asseurement ou une Trêve. < Se aucuns donne asseurement en la Cort le Roy à aucun plaintif. et puis Vasseurement li ait la trive enfrainte es Vasseurement brisié, et il en soit semons par- devant la Cent le Roy, il respondra par-devant aus, tout soit il levant et couchant en autre Sei- gnorie. ^ (Ord. T. I, p. 276. — Voyez îbid. p. 129 et 130. — Beaumanoir, chap. x, p. 54; chap. ui, p. 300, et chap. LX, p. 306.) Au reste, ce que pouvoit le Roi dans le ressort de la juridiction des Barons, relativement aux trêves et asseuremens, les Barons le pouvoient dans le ressort de la juridiction de leurs Vas- saux, Seigneurs hauts-justiciers. « Tuit chil qui « tiennent de fief en le contée de Clermont, ont en « leur fiés toute jusliche haute et basse, et la cog- « noissanche de leurs sougés. » (Coût, de Beauvol- « sis, chap. X, p. 53.J Quoique ces possesseurs de fiefs pussent, à litre de Seigneurs hauts- justiciers, connoître des asseuremens, ils ne pouvoient empê- cher que « li estes (l) couchanset levans soubz eux, » n'eussent recours au Seigneur suzerain, « quant « aucuns vouloit avoir asseurement par le Conte; « car li Quens puet miex justichier chaus qui bri- « sent trieves ou asseurement, que ne feroient si « sougiet. » (Voy. Beaumanoir, ubi supra, p. 54.) Néanmoins, lorsque le Seigneur haul-justicier, a houme le Conte, avoit fait donner le trieve ou « Vasseurement en sa Court, l'infraction, ou li mef- « fets devoit eslre vengiés par luy. » Il est probable que la Trêve dont il s'agit ici, n'est point une trêve de l'espèce de celles qui étoient particulières aux Gentilshommes, puisque les hommes le Comte, Seigneurs hauts-justiciers, ne connoissoient des asseuremens qu'avec exception pour les dsseure- mens entre Gentilshommes ; « car d'aus, dit Beau- « manoir, n'a nul la connoissance en tel cas, fors « que le Quens. » (Coût, de Beauvoisis, ubi supra.) Qu'il suffise d'avoir indiqué comment on a eu raison de dire : « Vasseurement peult estre « donné par le Roy, ou Ilault-justicier, par-devant « lequel il sera demandé et requis. » (Pitnou, Coût, de Troyes, p. 263.) Rien ne semble plus conforme à la raison, que le principe d'après lequel l'Auteur du Grand Coutu- mier de France, et Bouteiller son contemporain, attribuoient au Roi seul « la cognoissance et cor- « rection des asseuremens donnés et jurés en sa « Cour. Le Roy a la cognoissance de... trefves, et « par espécial des asseurances baillées par ses « Juges et Officiers, se ainsi advenoit que quelque € infraction fust sur ce faicte ; jaçoit que ce soit « fait en terre de Haut-justicier. » (Bouteiller, Som. rur. Liv. II, lit. i, p. 648. — Voy. Gr. Coût, de Fr. Liv. I, p. 19.) En conséquence de ce même principe, il semble- roit que tout autre Juge qu'un Juge royal n'eût jamais dû connoître de l'infraction de la Trêve nommée la Quarantaine-le-Roi. Toutefois, malgré (1) Voir Du Gange à Hospites. (n. b.) AS - 277 - AS les récIamattODS réitérées des Juges royaux, les Officiers des hautes Justices en partagèrent avec eux la connoissance. « Il a esté délibéré que si le « cas est advenu en la terre de Haut justicier, et • ledict Haut-justicier en prend la cognoissance « avant lesdits Officiers du Roy, à luy comme « Haut-justicier doit demeurer. Mais si lesdits « Officiers du Roy encommencent premièrement « leurs exploits sur ce, et la cognoissance, sçachez « qu'à eux appartiendra. » (Bouteiller, Som. rur. tit. xxxrv, p, 236.) Peut-être la raison qui autorisoit les Officiers du Roi à vouloir connoitre eux seuls de ce qui se fai- soit en sa Cour, auroit-elle été plus écoutée, si Ton n'eût cru qu'il étoit sage de favoriser une concur- rence qui, en excitant l'activité vigilante de Juges rivaux les uns des autres, assureroit d'autant plus la tranquillité publique ? Cependant les Officiers des Justices royales réclamoieiit, comme on l'a déjà dit, contre cette concurrence attestée par Bouteillier ; mais ce ne fut pas toujours avec avantage. S'il fut jugé par arrêt de l'an 1278, rendu contre les Maïeur et Jurés de Péronne, que la connoissance des ossew- remens appartenoit au Juge royal , par un autre arrêt de l'an 1287, les Maïeur et Echevins d'Amieus furent maintenus, malgré les allégations du Bailli royal, en la connoissance du bris des asseuremens faits en leur Juridiction. (Voy. Du Cange, xxix* Dis- sert, sur Joinville, p. 340. — Pithou, Coutumes de Troyes, p. 264. — Laur. Gloss. du Dr. fr. T. T, p. 77.) On observera, d'après l'Auteur du Grand Coutu- mier de France, que les Maïeur et Jurés de la ville de Péronne n'avoient qu'un droit de basse Justice. « Toutes fois, ajoute-t-il (L. IV, p. 526), ils pouvoient « contraindre leurs subjects à donner ass^wr^wenf; « mais leur asseurement ne s'estendoit pas à autres « choses qu'à celles qui estoient de basse Justice, « ne autrement n'en pouvoient punir ceux qui se- « roient contre leur asseurement, » Quelle que soit l'autorité de ce Jurisconsulte, qui affirme (Ibid. L. I, page 19), que les bas justiciers pouvoient donner asseurement comme les hauts justiciers, on soup- çonne que la connoissance des asseuremens , pré- tendue par les Maïeur et Jurés de Péronne, ne leur fut interdite par l'arrêt de 1278, que parce qu'ils n'avoient pas la haute Justice. C'étoit sans doute comme « Hauts-justiciers de tous crimes publics et « privés, » que les Prévôts et Jurés de la ville de Tournay connoissoient des asseurances. (Voy. Coût. S en. T. H, p. 944 et 946.) Beaumanoir, qui ecrivoit ans le temps où fut rendu ce même arrêt de 1278, dit positivement : « Doivent estre... li asseurement « fet par ceux qui ont haute Justice , et non par « chaus qui ont le basse ; et puis que chil qui n'ont « forslebasseJustiche, ne pueent contraindre à • fere asseurement^ doncques ne doivent pas avoir « la connoissanche des enfraintures. » (Cout de Beauvoisis, chap. lyiii, p. 295.) On retrouve la même disposition dans les Coutumes d'Auxerre, rédigées en 1507. tt Asseurement pourra estre donné par le « Seigneur haut justicier ou son Juge, quel qu'il « soit ; non pas par un moyen ou bas Justicier. » (Coût. gén. T. I, p. 224. — Voy. Coût, de Sens, art. cLxxï, citée par Pithou, Coût, de Troyes, p. 263.J Quels étoient donc ces asseuremens dont l'infrac- tion ne pouvoit être punie que comme un cas de basse Justice? Probablement ils n'étoient autre chose que les défenses qu'un moyen ou bas Justicier, selon l'auteur du Grand Coutumier de France, et son commentateur Carondas, « pouvoit faire à « ses subjects, sur certaine peine, de s'entremes- « faire ne mesdire : * défenses qui n'avoient sans doute qu'un effet coercitif, et auxquelles on con- trevenoit sans encourir la peine prononcée contre les infracteurs des asseuremens ordonnés par les Seigneurs hauts-justiciers. (Voy. Grand Coût, de Fr. L. I, p. 16 et 17. — Ibid. L. IV, p. 533.) « Les « Haults-justiciers peuvent bien faire donner « asseurement entre leurs subjects. » (Ibid. L. I, p. 19.) « Au Ilaul-justicier appartient donner asseur « rement. » (Coût, de Meleun, au Coût. gén. T. I, p. 101.) « Donner asseurement est exploict de « Haulte-Justice. » (Coût, de Troyes, art. cxxiv, p. 262. — Voy. Coût, de Sens, art. clxx; celles d'Anjou, art. xlii ; du Maine, art. xlix, et du Loudu- nois, chap. iv, art. i, citées par Pithou, Coût, de Troyes, p. 263, et par TEdileur des Ordonnances, T. I, p. 130, Notes. — Loisel, Instit. coût. T. I, p. 338. — Lauriere, Gloss. du Droit Fr. T. I, p. 77.) On ne conçoit pas pourquoi Carondas, sans égard à l'assertion de l'Auteur qu'il commentoit, assertion justifiée par les Coutumes, spécialement par celles de Beauvoisis et d'Auxerre, se soit cru permis de le contrarier, en niant positivement qu'on ait rien pratiqué de ce que dit son Auteur, relativement à la connoissance des asseuremens. Que le moyen Justicier n'ait pas connu des asseu- remens^ tels qu'étoient ceux dont coniioissoit le Seigneur haut Justicier, ce n'étoit pas une raison de dire, en les confondant l'un avec l'autre : « Encore que le hauU ou moyen Justicier (1) puisse « faire défenses à ses subjects de s'entremesfaire tt ne mesdire, si est-ce qu'il ne peut bailler asseu- « rement; ains au seul Juge royal appartient ce « faire. » (Gr. Coût, de Fr. L. IV, p. 533.) Il raison- noit plus conformément aux usages coutumiers, lorsqu'il disoit ailleurs que, de son temps même, « aucuns estimoient qne le hault Justicier pouvoit « donner asseurement^ bien que pour l'avoir, le « demandeur pût se pourvoir par-devant le Juge « royal ; et que l'on tenoit que le Juge du Seigneur a hault justicier pouvoit le donner, comme le a Bailli ou autre Officier du Roi. » (Ibid. L. I, p. 26, et Liv. H, p. 286.) S'il paroit incertain que les moyens et bas Jus- I ticiers aient partagé avec les hauts Justiciers le (1) Il y avait peu de dUTérence entre les attributions de la haute et de la moyenne justice; la haute justice connaissait iule : \^ de Tassassinat avecpréméditation et guet-apens ; 2* de rincendie ; 3» du rapt et du viol. Certains crimes étaient seule toujours réservés ; mais ils difléraient, selon les provinces, (n. b.) AS -3 droit d'asseurer leurs sujets, au moins est-il très-certain, de l'avis même de Carondas, que les Officiers des hautes Justices ont connu des as- seuremens, en concurrence avec les Officiers des Justices royales. • Mais le Roy doniioit entre ses ■ sabjects sauvegarde, ce que les autres Justiciers - ne pouvoient faire. • (Voy. Gr. Coût, de Fr. L. I, S. 16. — Coût. deMelun, au Coût. gén. T. I,p, 101.) uûique le Juge du Seigneur haut justicier pût donner asseurement, disoit Carondas, il ne pouvoit donner sauvegarde. « Celle noblesse.... n'appartient « fors au Roy seulement, qui est souverain ; car ■ nul autre HauU-justicier subject ne peut donner « sauvegarde. - (Grand Coût, de Fr. L. 1, p. 19. — Ibid. p. 26.) « Cependant le Haull-justicier, ou son « Juge, pouvoit bailler à ses subjets ou aucuns « d'eux, une sauvegarde • que les Coutumes d'Auxerre, rédigées en 1507, nommoient spéciale, en la distinguant de la sauvegarde générale et spé- ciale, que le Roi, ou ses Baillis, pouvoit • bailler • à toute personne du Royaume, soit en général ou ■ en particulier, réserve aux subjels en générai • contre le Segneur. • (Voy. Coût. gén. T. I, p. 221.) Avec les guerres privées , cessèrent insensible- ment les Paix, les Trêves et les anciens Asseure~ mens. Cependant on continua de mettre enasseure- ment ou sauvegarde les sujets du Roi qui le requéroient. (Pithou, Coût, de Troyes, p. 263.) On a indiqué ailleurs on quoi ces nouveaux Asseure- metiê différoient des Sauvegardes. (Voy. Asseurance.) VARIAN1ES : ASSEUEŒKENT. Fabl. MS. du Roi, n» 7615, foL W. AâSEURBMENT. CbroD. d'Outremer, o" 113, fol. 153, V*. AssËauREMENT. Ord. T. 1, p.564. Ebehubehbnt. tbid. T. IV, p. 395. Asseurenter, verbe. Assurer, mettre en état de sûreté. Signification relative à celle du substantif Asseu- reté, acte par lequel l'Officier du Roi, ou d'un Seigneur haut justicier, mettoit en sûreté la vie et la fortune d'un citoyen en exigeant de son ennemi qu'il jurât de ne lui nuire directement ni indirec- tement. . Allèrent asseurenter le Curé devant ■ nostre Prévost de Meleun, avant ce que le - jour escheist, auquel il estoient adjournez pour « donner ledit asseurement. ■ (D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Asseurare, lit. de 1377. — Voy. Assëureté.) Asseurer, verbe. Assurer, certifier, assurer, rendre certain ; dire, affirmer, promettre, jurer, ratifier, etc. Assurer, rentre certain d'un état; établir, marier, (lancer. Asseurer, mettre dans un état de sûreté, de sécurité ; rassurer, tranquilliser, enhardir, apprivoiser. Rendre sûr l'usage, l'essai d'une chose; refroidir, nettoyer, écurer; purger, guérir ; purifier, épurer. C'est à la faveur d'une disposition plus ou moins Srompte à croire ce qu'un autre dit et affirme 'après ses connoissances et l'usage de sa raison. »- AS ce qu'il promet et jure d'après ses obligations et 1* sentiment de son devoir, que nous éprouvons aiw sécurité plus ou moins dangereuse, relaUvement à ce dont on nous assure, en disant, affirmant, promettant, jurant, ratifiant, etc. ... Se cit le mescroil de riea, PolUnice (1) Vasieurt bien. Siiçe de Tbibn, HS du Roi, n- SIWT, fol. 47. V «1. ». Li mires de garir rooult bien les aeaeure. Rom. d'AlauDdre, HS. du Roi. n- aUST, fol. 179. V col. S. Amis, de cou la'axseiirét, Vostre cemise me donrés. Fibl. lis du it. n* TOU. loi. H. V ooL t. Ibid. fol. 6!, R' col. 1. On assure l'exécution d'un traité, en le ratifiant; le payement d'une renie, en l'assignant sur le pro- duit d'un impôt, etc. De là on a dit : ■ Se^nor, de < ce avons nos plain pooir... de seurer cesteconv^- « nance, se vos le volez asseurer devers vos. » (Villehardouin, p. 36.) ■ Les quarante sous de Parisijl > ke medame Béatrice me taye (2) donna.... pour > vin et oistes (3) à chanter messe, jou les asseure > à prende chascun an... à mon tonlieu, à Aodep ■ wic. - (Hist. généal. de la M. de Guines, pr. p. 291, tit. de 1270.) On ne retracera point ici les idées d'assurance, de sûreté, d'âpre lesquellei Asseurer, comme terme de pratique, signifioit dé- laisser < Le détenteur de l'héritage hypothéqué au ■ payement d'une censé ou rente.... se peut des- « charger des arrérages précédents et à l'advenir, • en asseurant l'héritage qu'il possède. » (Coût, de Metz, au nouv. Coût. gén. T. Il, p. 399, col. 9.— VOV. ASSIURCSIENT.) Anciennement assurer un Roi, un Duc, un Sei- gneur féodal, c'étoit Vassurer, le rendre certain de son état, l'établir Koi, Duc, Seigneur, en lui prêtant serment de fidélité, en jurant de lui être fidèle; comme en mariant une fille, en la fiançant, on l'é- tablissoit, on Vassuroit d'un état. < J'ay ma fille à < marier, ou j'ay grant estude la bien asseurer; > et vous en verrez l'apparence ainçois que la . feste se parte. " (Percef. Vol. V, fol. 107.) Li Rois les ot aisenrées ; Ciiida bien fuissent mariées As deux Vassors qu'il vit combatre. Si«|tedeTh.4Hs.SfS.duRar^ Mis au ras du sol. A raz terre. « La tour où la magicienne faisoit ces en- « chantemens et diableries fondit en abismes, et < en notre présence. Le lieu demeura aussi assolé et « aplany, que s'il n'y eut onques en forme de bas- « timent, n'y pierre sur pierre. » (Dom. Flor. de Grèce, fol. xcxix, R^) Assoler, verbe. Assoler les terres se dit de celles qu'on laboure la première année, et qu'on ense- mence la suivante. (Du Cange, Gloss. lat. au mot Assolare.) Assollelller, verbe. Eclairer.— Mettre au soleil. Dans le premier sens, on a dit : De celui soit maudit qui le mont assoleille. Rom. de Rou, MS. p. 89. On disoit aussi s'assolleiller, se mettre, se chauf- fer au soleil. « Il faisoit froid, et il faisoit beau s'a«- « solleiller. « (Brant. Cap. fr. T. IV, p. 81.) Assoltan, subst. masc. Le Roy des Rois. Le Sultan. (Voyez Du Cange, Glossaire latin au mot Sultanus.) Assomalge, subst. masc. L'action d'assommer. C'est en ce sens qu'on a dit : Vassomaige De mes bestes, et le domaige. Farces do Patbelin, p. 60. Assommelllé , part. Endormi. « Tant estoit < assommé^ par fort dormir, qu'il ne s'en estoit de « rien meu (2). » (Percef. Vol. VI, fol. 56, V» col. 1.) Vus coropains estoit assotnmez Qui româoit dessus une escame (3). Poês. MSS. d'£i»t. Desch. fol. 30t. ool. 4. VARIANTES * ASSOMMEILLÉ. Baïf. fol. 50, R\ Assommé. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 392, col. 4. AssommelUens, verbe. Endormir. (Voy. Dict. de Borel, Oudin et Cotgr.) VARIANTES ! ÂSSOMMEILLENS. Oudin et Cotgr. Dict. Assommer. Borel, Dict. Assommement (4), subst. masc. Achèvement, action de coQsommer, d'accomplir. (S' Bern. Serm. fr. MSS. p. 141 et 191, dans le latin consumm^itio.) Assommer, verbe. Terminer, venir à fin, accomplir. — Calculer..— Elever. — Accabler. Ce mot a été employé avec la signification i% terminer j venir à fin, dans les vers suivans : Ou n*est-il riens qui ne s' assomme , Et qui par nature no fine. PoéB. de Proitsvt. MSS. p. 348, col. t. Li derrains (5) qui fait l'euvre cLsoutner Glot Fuis (6), c'est li mieus iogiers. Ane. Po«t. M MSS. du Vatican, n* 1400, fol. 1S5. Avec la signification d'accomplir, on a dit : « Si (IJ^LUtrè donne un exemple duxu* siôcle cité par Du Gan^e. (Tabular. S^ Pétri Insulansis, M12,t*.) (n. e.) - (3) Remué. "a d a««omm«m«ftt 81 lourd. » * (à) Banc. — (4) Ronsard remployait ancore au xvi* siècle : c Et (la maladie) dure, m'accabla (édition de IG^, p. 813.) (n. e.) - (o) le dernier. - (6) ferme la porte. II. 36 ■ tout le monde me louoit, ou conseilloit uoetdiOBe, ■ et U contraire voD8plaisoit,vostre douces volealé ■ seroit assomée et laisseroit la volenté des ■ autres. ■(Hachant.ms. p. 185, R*.) Dans le sens de calculer, on a dit : ■ L'on a cous- • tume de deviser que vaut la ferme en dix ans ■ continuels, et gctler, et assommer quelle somme « aura valu pour les dix ans. ■ (Coul. gén. T. I, page 42V) Ce mot signifioit élever, dans les vers suivans : Juie gent que je voub Domme, Oue oroueic eseauce, et ainomine. Fibl. HSS. di R. n- 7118, fol. 310, R- col. I. Enfin assomnier s'est pris dans le sens i'accabler, exterminer. C'est une extension de la première acception terminer; cette acception subsiste en partie, et l'on diroit encore assommer la nature, pour étoulTer la nature, expression qui se trouve dans une Hist. de Fr. en vers, à la suite du Rom. de Fauv. (us. du R. n* 6812, fol. 70), mais on ne pou- roit plus dire, comme dans l'hist. des Neuf Preux, p. 158 : > Le eueur luy assomma, • au lieu de son cœur fut accablé. TAniANTBS : ASSOMMER. Froise. Poës. MSS, p. 348. col. 3. AsouHEit. l'ott. et MSS. Vat. n' 1400, fol 155. AssuMHEA. S. Bern. Serm. fr. USS. p. 338, due le latin - - c pour Aasuiier. — Xochaut cité â-içrèa. Assomption, subÊt, fém. Av<^nement, éléva- tion. ■ lis s'acheminent eu la cour de l'empereur • pour en premier lieu se conjouir, au nom de sa ■ majesté, desontieureuseassotnptioniirempire. ■ (Mém. de Viller. T. V, p. 273. — Voy. ibid. p. 284, et les Hém. de Sully, T. V, p. 3^, et cy après assumplion.) Asson. Venir îi bout, obtenir. Etre au bout, être à la tin. On a dit : Tex s'eflorce qui conquiert. Mais cil qui en est attoti James partir ne s'enquiert (I) Par nus pris, d-—---~-- - assum (2), et lor parlèrent li Baron ensemble et * dislrenl. • (Villenard. p. 22.) L'Editeur explique ainsi ce passage : ■ Ils trouvèrent qu'ils etoient > bien éloignés de leur compte. ■ TARUNTES : ASSOK. Poët. MSS. av. 1300, T. I, p. 356. AssuM. Villehard, p. 32. Assonnerie, subst. fém. Sonnerie. Joint du moutier Vainonnerie Qui tout l'entendement destniit A gène qui sont cd maladie. fatt. HSS. d'Eiul. IMéeIi. toi. SIS. col.). Assopir (3), verbe. Assoupir, endormir. (Dict. de Nicot, R. Est. et Cotgr. au mol assopir.) Dans les vers suivans, le poëte donne ce conseil : Sage, pouiTox (4), et ne l'oMoups Emmv les femmes, ne demeure, Car, àinri que Ugne deveiira (!D Les TestemenB et les mangue, Alnaia feume qui db n jus Destniit les hommes, «t soosprent PbM. USS. d'EUM. OoKb. M. SM. «t. I. VARIAMES ." ASSOPIR. Kab. T. III. p. 178. AssouPEK. EuBt. Desch. l'oëa. USS. fol. &3S, ud. 1. Assopissement, subst. nuiftf.Aasoapisseioeal. (Voyez Dict. de Cotgr.) Assordir, verbe. Retentir. On lit dans les Fabl. us. du R. n* 7218, toi. 998: Toute la grant roule atordi Des cheTaliers et des BartHis. Ce mot asordt peut siguiller retentir en limt VEtymologie de ce verl>e du sulëtantif sourd. Il peut signifier fut remplie tout à coup, en rMardant le verbe asoriiir comme un composé de raocten mot soudre, jaillir, ou faire jaillir en parlant des eaux. (Voy. âssoudre.) Au reste, on trouve auardir four retentir, dans cet autre passage des m^es abliaux : Trop seroit Airos auordia De biauB contes, et de biaus dis. IMnrTa,tA.H,ytÊA.i. Assortable, aâj. Sortable. (Voy. Dict. de Cot{r.) Assorter, verbe. Assortir. — Unir, appareiller. — Empresser et efTorccr. (Gloss. du R. de la Rose.) Au premier sens, ce mot signiliefournir de choses nécessaires. « U assoria et mist son chastel dft • Japbe en tel point qu'il ressembloit bien nne ■ bonne ville deltensable. > (Joinv. p. 97.) On a dit aussi s'assortir pour s unir, dans le même sens que ^'assortir : Souvent voy t on aucun foire le fin. Qui le plus tost est trompé i U flo; Comme il advint d'un qui Bi bien seaiêorte D'une nile, cuydant esire sa sorte (ft) Qu'il se fjroil en elLe do son bien. FiUbfl. p. n. Enfin s'assorter s'est employé pour faire en sorle, s'efforcer, s'empresser : Donc ung chascun t'auorU Les festyer, et luy faire grant feu. Assortir, verbe. Fournir. — Mettre eo élat, disposer. Daas le sens de se fournir, on a dit : .... Maudit est qui de grâce dévie. Mais à celui qui s'en veult aêaortir La mort c^t fin, et principe de vie. cite. Km. p. -as. Avec lu signitîcntion de mettre en état, disposer, on trouve : • Faire assortir et tirer les bombardas. ■ (Berry,Clir. depuis 1402-1401, p. 417. — Le P. Labbe. Gloss. p. 498, traduit par dcaijwr* le verbe MMrttr; mais on sent qu'il faut lire assotir.) K6sosez,part. Associés. (Voy. Villon, p. 11.) (1> jamuid ne Teut.»s détacher. - (S) U. de WoiUy (g 58 de l'édition de 1873) corrige à nim; donc l'étymologie «si id tummum. (n. e.) - (3) 1« normand a encore aëiouir, BssonuneT, étourdir ; la. racine est admipire, (m. k.) - (4) Potûrois. (5) teigne dévore. — (6) Croyant en être «ssorti. AS -îfô- AS Assoler, verbe. Apprivoiser, rendre ftmilier. « Encores n'avez vous point de plus vray prognos- « tiqueur, que vostre mouton débonnaire, nommé « sonnaillier ou clocheman , lequel vous devez * assoter (1) par mignotise, et souvent luy offrir du « pain. » (J. le Maire, Ulustr. des Gaules, L. I, p. 64.) Assotter, verbe. Devenir, se rendre sot. Dans ce sens, le poëte a dit : Tenir m*en puis pour aasotté^ Quant dès lors d aymer ne recreus (S) Et le conseil Ray son ne creuz. Rom. 4« la Rom, Ten 4248-ISI6. Le Gloss. du Roman de la Rose explique mal As- sotéj par épris d'amour. Aftsouagement , subst. masc. Soulagement, adoucissement. « Me vient de vostre parolle et de « vostre regard ung assouagement de mes membres « si grant, que je ne croys pas que vous soyez « bomme terrien (3), mais espirituel. » (Lanc. du Lac. T. III, fol. 87, HT col. 1.) Par fausseté n'enquier nul aaoufiaigement, Poës. IISS. «vant 1300, T. UI, p. tl87. Por tes faire assoagement, Blanch. MS. de S* Garni, fol. 173. V* eol. i. VARIANTES * ASSOUAGEMENT. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 348. Abouhaioement. Poës. MSS. avant 1300, T. III, p. 1137. AssoAGEMENT. Blanch. MS. de S< Germ. fol. 173, \^ col. 1. AsbuAOEMENT. Ch. du xiii* siècle, MS. de Douh. fol. d46. AssuAGEMENT. S* Bem. Serm. fr. MSS. p. 229. Assouager, verbe. Soulager. — Calmer, apai- ser, adoucir. — Applaudir. Dans le premier sens, le poëte a dit : Amour qui a tel usage ! Car Talée est précieuse, Parole délicieuse. Et le yeoir assouage. Po«s. BfôS. d'Eust. Desch. fol. 173, col. S. En parlant des qualités qu'il faut avoir pour réus- sir à la cour, comparées avec les propriétés de dif- férens animaux, le même poëte dit : Taupe te tiens (4), qui ne voit nullement, Et hérissons qui sa bouche osscitMige. Ibid. fol. 15. eol. 8. Ai^ouaiger sa bouche signifie ici (5) soulager sa bouche, lui donner un libre essor, dire ce que Ton pense. Ce mot a été employé pour calmer, apaiser. Parlant de Guinement, qui était ami au Roy Childeric, chassé de son royaume : « Si luy promit « qu'il assotta^eratHes cœurs des Barons françois. » (Chron. de S» Den. T. I, fol. 4.) Assouager semble signifler applaudir, dans le pas- sage suivant: « Toujours donne mauvais conseil, « allicie (6) eiassouage (7) des pieds et des mains. » (Nef. des Fols, fol. 85, Vv) CONJUG. Assùulaga pour Assoulagea, passé défini. Soula- gea. (Chron. S' Denys, T. 1, p. 209, R\) VARIANTES ! ASSOUAGER. Glosa, du Rom. de la Rose. - Percef. Vol. T. AssouAGiR. Fabl. MSS. du R. n« 7969. fol. 60, V* col. 1. ASOAiGBR. Fabl. MSS. de S» Germ. fol. SI, V*col. 3. AsosHAiGER. G. d'Arg. Poët. MSS. av. 1900^ T. III, p. liSi. AssoAQÈR. Labbe, Gioss. p. 511. AssoAGiER. Fabl. MSS. de S» Germ. fol. 62, V* col. 1. AsBOUAOïER. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 192, ool. 1. AssouAiGER. Ibid. fol. 80, col. 1. AôsouLAGER. Cbron. S« Denvs. T. L p. 209, R». AssouLAGiER. Moustr. Vol. 1, lol. 291, R«. AssouvAGER. Dict. de Borel et de Coro. AssuAGER. s* Bern. Serm. fr. MSS. p. 105 et 2S9. Assoubtiver, verbe. Diminuer, amincir. Les fais amoureux sont teulx (8) : Toujours vont en assoubtivant : Jamais ne scaurez faire tant Qu'ils ne vous trompent. Chatte et Dep. d'Am. p. 2S4. Assouchementy subst. masc. Origine, généa- logie. L'auteur, réfutant l'opinion qui fait descendra Hugues Capet de Witikind , dit : < Telle souolie « eust esté plus di^ne d'estre mise au feu fjponr < ses perfidies et perjuremens) que d'esire employée « en recherches à'ojssouchement de nos Roys. > (S* Jul. Mesl. Hist. p. 278.) Assoudir, verbe. Assourdir. (Voy. Obtinderê dans le Gloss. du P. Labbe, p. 516.) Assouffis, adj. Suffisans, accomplis, parfaits. Sur ce pourlrait jetiez un peu la veuë, Voyez les traits, s'ils sont point assoufis. J . Le Maire. Couronne lUrporitique, p. 71 . Assoulssance , subst. fém. Satisfaction. On lisoit cette devise autour d'un pavillon d'un Cheva- lier: « Je souhaite qu'avoir puisse de mes désirs « assouissance. » (La Col. Th. d'hon. T. II, p. 319.) Assoula, verbe. Mettre au raz de terre. (Voyez Assoler.) Mot languedocien. (Voy. Du Cange, Gloss. lat. au mot Adsolare.) On disoit Assolé dans le même sens. Assouvie, participe. Rassasiée. La Royne si très assouvie De plaisir que nulle plus. l. Le Maire, lllustr. des Gaules. Uv. I, p. tiS. Assovi , part. Assouvi. — Satisfait. — Achevé, terminé. — Remplir. — Accompli. — Complet. Dans le sens d*assouvi, le poëte a dit : Car de tout le bien qui peut estre Son honneur estoit asaevis, Et à mon désir. Mecbaut. US. fol. iOS. ool. t. Gueurs desconfiz en sont en dueil confits. Non assouffîs de regrets et de pleurs. MoUinet, p. 137. Avec la signification de satisfait, on a dit : Mes désirs sont en partie assevis, Eust. Dosch. fol. 183, col. 2. Dans le sens d'achevé, terminé, on a dit : De cet hostel leur conqueste assouvie. là. Poës. MSS. (1) Il faut sans doute lire assouer, rendre souef. rendre doux. (n. b.) comme la taupe; ^ (5) Signifie assoupir sa bouche, la fermer. (Etat des Off. du Duc de Bourg, p. 151 .) VARIANTES : ASSOVI. ViUehardouin^. 175. AsouFFi. MoUnet, p. 137. ÀssEVi. Ibid. fol. 2d0> col. 2. ÂssouFFiB. MoUnet, p. 137. Assouvi. Percef. Vol. IV, fol. 100, V« coL 1. AssouvT. Roman de la Rose, vers 1422. Assovlr, verbe. Assouvir, satisfaire , contenter. — S'assouvir. — Effectuer, achever. Nous disons encore assouvir pour contenter, satisfaire un désir immodéré. On employoit, autre- fois, ce mot en bonne, comme en mauvaise part : Et je te promets tenir Que je te ferai assevir Ce dont tu as. Mâchant. MS. fol. 314. V* eol. 3. Se VOUS auriez aussi parfaictement Comme nuls hommes aura onques sa dame, Vouldriez-vous bien assovir vo talent Pour une fois, sanz ressongnier (1) son blâme. Po«B. MSS. d*East. Deidi. fol. 438. eol. 4. L'en ne pourroit peuple esmu retarder Qu'il n'ait avant sa folour assevie, Ibid. fol. 38. eol. I. Assouffirent a été employé pour accomplirent : C'est le séjour des âmes bienheurees, Des animaux qui onques ne messeirent, Âins de tout bien leurs œuvres assQufirent (2). J. Le Maire, 2* Bp. do l'Amut Verd. Assevir peust toutes ses volontez. Poét. MSS. avant ISuO, T. I, p. 589. On disoit assouvir, pour s'assouvir, se rassasier: < ils n'ont pu assouvir de parler. » On se servoit aussi de ce mot dans le sens d'effec- tuer : « dedenz si cort terme, ne puis vostrc couvent « assouir, » (Villehard. p. 77.) « Ensi fu la couve- « nance faite et assoivie, et la paix faite des Grecs < et des Frans. • (Ibid. p. 175.) « Jusques à ce que « qu'il eut premiers assouvis Touvrage qu'il avoit « entrepris. » (Ord. T. III, p. 591.) Après ce je m'acheminay Et tout droit pris mon chemin ay Pour bien mon voyage assevir Et aussi pour ma dame veir : Si montai sur ma jacnienôe. llachaut, MS. fol. 178. V eol. 1. Pour le saint voyage assevir. md, fol. 317, R« od. t. VARIANTES * ASSOVIR. Eust. Descbamps, Po^. MSS. foL 438, coL 4. AssEviER. Du Cange, Gloss. lat. au mot Assaviare. Assevir. Poët. MSS. avant 1300, T. I, p. 529. AssoiviR. Viilehardouin, p. 175. AssoUFFiRE. Froissart, Poês. MSS. p. 401. Assouir. Viilehardouin, p. 77. Assouvir. Mathieu de Coucy, Hist. de Charles VU, p. ($71 Assovissement, subst, masc. Achèvement. Et lui semble proprement Que l'ostel ait jà assovissr.mcut, Poês. USS. d'Eutt. DeKh. fol. 54, eol. S. Assouper, verbe. Arrêter, relenir. c Le Seigneur du fief peut empescber et assaupeff « par la puissance de son fief, la chose féodal» , et c fa mettre en sa main, par default dénommée, « et de dénombrement à luy non bailla dans k < temos deu. » (LaTbaumas.Cout. deBerri, p. 323.) De la, on a dit au passif, être ossoupe d'une chose, en être dépouillé : Prince à telle fin que ne soie assoupé De mes estats que vous m*avez donné. Eutt. DoMii. PoSt. MBS. p. 341. «ol. 4. Assouplir, verbe. Devenir et rendre souple. ~ Plier et faire plier. — Abaisser, humilier. Le premier sens, qui est le sens propre et littéral, se trouve dans les Dict. d'Oudin et de Cot^rave, an mot Assouplir, Ce mot s'est employé pour plier et faire plier, au figuré abaisser, humilier, etc. Mais par fol me tenez Se go cel povre orgueil n*assoplai tôt abés Et se ge de Gautier le grant bobanne <3) bès. Parton. «le Blob, IIS. dt S. Germ. Ibl. 174. R*. Mouskes, en parlant de la guerre de Simon et Montfort contre les Albigeois, dit : Si U fu Toulouse rendue Leur forteraice est abatuu (4) Et si flst des fossés emplir Dont ce dedens ûst asoplir. llS.p.OOO. Richard, Roy d'Angleterre , passant par riutri- cbe, est reconnu aux barils de vin qu'il rapportait, et qui le firent arrêter. Et quant çou entend! Il Rois Moult s'enbronça (5), et asouf)lit Et dist que mal fussent empli Li Baril) ne mandés ii vins Dont U chevalier lert devins. Ph. Mouitkes. MS. p. S9#. VARIANTES : ASSOUPLIR. Oudin, Cotgr. Asoplir. Ph. Mouskee. p. 600. AsOPLOiER. Ibid. p. 587. AsoUPLiR. Ibid. p. ,530. AsouPLOiER. Fabi. MSS. do S« Germ. fol. 21, V« col. %. AssoPLOiER. Parton. de Blois, MS. de S* Germ. fol. 174. AssouPLOiER. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 62, R« col. 1 ' Assouply y part. Souple, soumis..— Consteraé, affligé. — Réduit, détruit. (1) Craindre. — (2) « Mêlèrent à leurs œuvres ce qu'U y faut de bien. » Asoufirent est donc ici un composé de suffire. -^ (9) ûrgueU. — (4) Forteresse. — (5) Fut embarrassé. AS -s Dans le sens de souple, soumis : .... Qui mettra hors de l'Eglise Perversité, qui tant doua scandalise ? Qui remettra U noblesse en son pi;? Ayant la peuple aultrement ateoupiy. Dans te sens de coasteraé, affligé : lÀ Hois n'en f u pas asoplit, Ains en lu lias et par grant joie Prist coDBiâ, pour aller sa voie (1) Ph. Monda, US. p. ITS «1 1T3. Dans le sens de ddti'uit : • Par t'aide de Bacctius, « c'est le bon vin Triant et délicieux , sont tiault « élevez les Esperits des liumains, leurs corps évi- • deroment alaigris (2), et assouply ce qu'en eulx - esloit terrestre. • [Rabelais, T. IV, p. 279.) TARIAHTES : iSSOUPLT. Crétin, p. lU. Asopun. Pb. Houskea, US. p. 173 et 173. AwaiPLUi. (Lisez ^««H(;>/i'.;MoDstr. VoL I, Ibl. 8aO,V*. Assourdi, part, ou adj. Etourdi. Les preux et les hardis Sont ussotirdM de tempeste et d'orage. Sic sdili Ont k\è dits, Qui l'honneur des dames entame ; S'ont été des gens aetourdiE, Qui sont tous folz, et ataourdit ; Pour meschans gens je les reclame. La Lujer dei Fnlcu Aou TAHIAKTES : AssoRDi. Poêa. USS. avant 1300, T. UI, p. IIW. Assourdir, verbe. Devenir sourd, avoir les oreilles rompues par le bruit ou le fracas qu'on entend. (Orui. subsist.) 11 signifle faire un bruit sourd, dans ces vers : Pour ce que louanoe tusowdige En bouche qui de lui le dise. Itocbnl. KS. tel. M, V- ul. ». C'est-à-dire que la louiinge qu'on se donne à soi- même n'est qu'un vain bruit, un son perdu que les autres n'écoutent point. Assourdissement, subst. masc. L'action d'as- sourdir. [Dict. d'Oudin.) Assourdre, verbe. Survenir. Du latin Assur- gere. (Voy. Assordtr.) k propos se un bon point luf lutourd. CoDtnd. da Soocwmu, (ni. 169, n*. Assouré, adj. Accusé ou convaincu. Au titre de ceutxqui accusent'autres de crime, et sont accusez, 00 lit : ■ Nul ne nulle ne peut appeller, ne accuser ■ autre de fait de crime , puisqu il est prins par • court, ou assouré de quelque crime. Tant qu'il . en soit en tout délivré et exempt par droit. • (Ane. Coût, do Bret. fol. 84.) • Si est ainsi que ung « fust prins, et assouré de fait de meurtre. > (Ibid. fol. 57.) S- AS Assoutillance, subst. fém. Subtilité. Ce mot - est employé en ce sens dans une Chans. du mr siècle, (us. de Bouhier, ch, lvii, fol. 85, R°.) Assoutillé, part. Subtilisé. Ce mot estempioyé avec celle signification dans les Proufliles champ-, etruraulx de Crescens, (Liv. I, fol. 148, V°.) Assouver, verbe. Se nourrir, se suffire. Se dit d'un étang qui produit du poisson lorsqu'une rivière le traverse. (Laur. Glosa, du Dr. fr. — Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis. — Du Cange, Gloss. lat. au mol Assewiare [3). • Elangquin'ossot/ve point de « luy-mesme. s'il est d'agousl, est prisé, chacun ar- • pent, vingt sols, et s'il est de fontaine, vingt-cinq ■ sols, et s'il asiûuve de luy-mesme , trente sols, • déduits toutes fois les fraiset mises nécessaires. • (Coût. gén.T. I, p.905.) Assubjetir, verbe. Assujétir, soumettre. Laur. Gloss. du Dr. fr. au mol Assubgirt a employé ce mot dans ce sens : • Item que doresoavant un homme • allié par mariage sans génération, ne pourra • vendre, ne assubgir les tiefs, alleuz, et main- > ferme venant ducosté de sa femme plus avantque - durant le mariage. • (Coût. gén. T. I, p. 801.) VARIANTES : ASSUBJETIR. Clém. Marot, p. 361. AssouBJECTiH. Dict. de Rob. EsUenne et de Co^r. AssouoiR. Froiss. Poës. M5S. p. 39B, col. 1. AssuBjiB. Laur. GloBs. du Dr. a. Assuca, verbe. Assommer. Ce mot est langue- docien. (Dict. de Borel, au mot Sugue.) Assuefaction, subtt. fém. Accoutumance, ha- bitude. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) Assuie, verbe à la 3' pers. du prés, de l'indic. Suit, poursuit. — Sue, travaille. ■ Celluy est ricbe < à qui demeure joye ; non miecelluyqui au trésor ■ essuie, etdoubterescbampie(4).>(Percef. Vol.y, fol. IH, R-col. 1.) Assuir, verbe. Poursuivre. — Avancer. — Ac- célérer. Assumer, verbe. Prendre. Du latin Assumere. (Voy. la Coût, de Bruxelles, au Nouv. Coût. gén. T. 1, p. 1274, col. 2.) Assumeté, adj. Ce mot semble désigner le bois couronné, • attendu que le bois mort et mort bois, > ne peut servir aus dits suppliants, sinon pour • chauffer, et ardoir, et que le vergisant et ■ assumtnetté est gros bois vieil qui ne peut servir ■ en aucune partie des ëdillces, sinon seulement > à faire poullres, pousteaux et soUeaux. > (La Thaumas. Coul. de Berry, p. 411 —Voy. Du Cange, Gloss. lat. au mot Arbores jacentivas, où il cite le même passage.) AssumpcioD.subst./'Ëtn. Enlèvement.— Terme de Logique. — Feste de la Vierge. Dans le premier sens, les Juifs parlant à Joseph AS — Î86 - AS d*Arimalion qui avait été délivré de leur prison par ihiracle , s'expriment ainsi : « Esmerveillés nous « sommes de ton asêiimption. » (Percef. Vol. VI, fol. 124.) Ce mot, comme terme de logique, signifie la mineure, ou la seconde proposition d'un syllo- gisme. (Voy. Fabr. art. de Rhetor. Liv. I, fol. 59.) « Le satnedi prochain après Yassumpcion Nostre- « Dame !263. » (Rymer, T. I, page 92.) Assumpt, part. Elevé. « Nostre S* Père nous dit que quand il fut assumpt < au S* Siège apostolique, avant son assumption, « luy et tous les autres Cardinaux firent certains « sermens solennels dedans le conclave, et depuis < qu'il fut assumpty il les ratifia de rechef, les jura € et promit. * (Preuves de Louis XI, p. 348.) Assumpter (s'), verbe. Pour élever, faire mon- ter. « Si Jupiter le Roy des hommes et des dieux € vouloit béatifier un corps terrestre sans l'asswmp- « ter au supernel habitacle, si ne le pouri'oit-il < mieux faire qu'en le laissant user familièrement « de ton regard, et de ta souefve collocution. » (J. Le Maire, Illustr. des Gaules, Liv. I, p. 76.) Assumptlvement, adverbe. Par présomption. Opposé à absolument, affirmativement. (Voy. Fabr. art. de Rhétor. Liv. I, fol. 46, V*.) Assumptuoslté , suhst. fém. Somptuosité. « Puis fist Priam réédifier, et drecer le fort chasteau « d'Ylion (1) au milieu el ou plus apparent de toute « la cité, en tant grant haultesse, et assumptuosité « d'ouvrage , qu'il est chose moult mirable à « croire. «(Hist d'Hector. Triomp. des Neuf Preux, page 224, col. 2.) Assuré, partie. Taxé, fixé. « Nul buscher (mar- • chand de bois), vendeur de busches ou de char- « bon, puis que sa busche, ou charbon aura esté « une fois à prix, ou assuré^ ne le pourra renchérir, « ne mettre a plus haut prix. » (Ord. des R. de Fr. T. Il, p. 375.) Assuyé, part. Essuyé. (Ord. des R. de Fr. T. V, page 118.) Assyetaz, subst. masc. L'action de s'asseoir, de se mettre à table. « Quant y vint à Yassyeta% du « disné. » (Lett. de Louis XII, T. 1, p. 206). On dîsoit dans le même sens assiette et assire. Ast, subsi. maso. Fût, bois de lance. J'aime autant trieve comme ast, Ou que bringnole. B. N. MS. fr. 837. fol. 174, V eol. 4. La citation est tirée d'un morceau intitulé « Resveries » dans un Recueil de Fabliau)^. (xni*s.) Le sens général doit être : je préfère la paix aux coups de bois de lance. Bringnole rimant avec escole^ serait mieux écrit bringnole pour bricole. Astans et pfesents, locut. Assistans et pré- sents. (Preuv. de THist. de Beauv. par un Bened. p. 279; tit.de liS2.) Astenant, ad>'. Abstinent, modéré.Lepoëteadlt: Tele est d'amors poissanee Qu'ele fait Tome catênant^ Désirer sans atrenpranee (2) Et fait hardi le dooUot (3.) Adc. Poét. MSS. aTant 1)00. T. IV. p. 1387. Astenir, verbe. Abstenir. Foie amor guerpirai, se m'en poU eutenir. PiU. MSS. éa R. B* lltS, M. 3», R* «éL t. CGNiUG. Astiegne, subj. prés. Abstienne. (Chasse de Gast. Pheb. MS. p. 398.) Astens (me), verbe à la i" personne du prés, de l'indic. Je m'en tiens, je consens. « Si me oêteus « à votre conseil. • (Percef. Vol. II, fol. 13.) Astereau, subst. masc. Diminutif d'astre. (Voy. les Poës. de Loys le Caron, fol. 44, R".) Asterion, subst. inasc. Nom d'un animal. (4) (Rabelais, T. IV, p. 274. —Voy. le Dict. de Cotgr.) Asterique, subst. mase. Astérisque. Tern^ dimprimeur. C'est une petite marque faite en form^ d'Etoile pour les renvois à la marge. (Du Gange, Gloss. lat. au mot asteriscus.) Astinance, subst. fém. Abstinence, modération» retenue. — Trêve. Dans le premier sens, un poêle a dit : avoir mal aquis avance Plus que ne fait astinance. Poés. MSS. d« Vatic. n* l&tt, fol. 106. En VOS n*a point d'astenance. Cbans. M8. du C" Tfaib. p. 153. En parlant de la prison de Richard, et des pHèré& publiques qui furent faites pour obtenir la liberté* on dit : Mandez fù as Evesques, mandé fu aa Barons, Et il li firent faire partout processions Âumosnes, et geuncs, et granz astetisions, Rom. de Rou, MS. p. 80. Ce mot a été employé sous les orthographes ate- nanche et attenance pour trêve, retardement d'hos- tilités ou suspension d'armes que les amis communs obtenoient des gentils hommes qui étoient en guerre. (Laur. Gloss. du Dr. fr. et Du C. Gloss. lat. au mot Astenancia.) « A che, respondit Pierres, que « il ne voloit pas les trives donner, car pour le fait a que il proposoit, il estoit en attenanche en vers « lui par amis. « (Beaumanoir, p. 304.) Attenance par amis, espèce de trêve, ou d*accom- modement. (Gloss. sur les Goût, de Beauv. — Voy. Dict. de Colgr.) TàRIâNTBS * ASTINANCE. Poës. MSS. Vat. n* 1522. fol. 166, R» col. 1. AsTENANCE. Poês. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1386. A8TENSI0N. Rom. de Rou, MS. p. 80. AsTiNENGE. Ph. Mouskes, MS. p. 427. Atenance. Thib. de Nav. poës. MSS. aT. 1900, T. i, p. 86. Atenanchb. Beaum. p. 904. Attenance. Gloss. sur la Coût, de Beauv. Astipulateur, subst. mase. Complaisant, fiât* leur. Mot formé du latin astipulator (5) qui est de mer (l)Ilion. - (2) Tempérance. - (3) Timide, peureux. - (4) Sortes d'araignée; nous avons encore ûêtérie, étoCle 4e er. (N. B.) — (5) C'est celui qui permet à une jeune Aile d*entrer on religion, dans VOrdo RomanuB. (N. B.) AS — 287 — AS avis. « N'estoit point en ceste sienne per- oa, Sans y avoir aucuns astipulateurs» et qui 3rvissent d'agréable, au lieu de véritable îil. « (Mém. du Bellay, liv. Vl, fol. 193, R-.) sane, subst. féminin. Nom de pays, le comté d*Ast en Italie, Comté iïAst, ou de \ne. (Godefr. Annot. sur rilist.de Charles VI, « Laissa lesurplusde sa suite kVAstizawie la duché de Milan. » (J.d*Aut. annal, de LII, p. 289.) TARIANTES : àNE. Godefr. sur Charles VI, p. 585. UWE. J. d'Âut. Louis XII, p. W9. veté (1), subst. fém. Activité, promptitude, les serjant par se folie, ou par ^^astiveté, \t en cas de crieiue (2), Ten ne s'en puet re à me persom o, mes à lui qui fist le )t. » (Beaum. i . i 13.) VARIANTES : ÉTÉ. Ceaum. p. 143. TÊ. uict. de Cotgr. iiatie, adj. Asthmatique. (Dict. de Nicot.) *agale (3), subst. fém. Osselet. i os du talon à jouer à guise de dez. » (Voyez ) Monet.) *alabe » subst. masc. Astrolabe. (Voyez taire des ducs deBerry, rapporté par Le La- r au commencement de Tllist. de Charles VI, où l'on voit l'explication de ce mot donnée texte même.) trouvons ce mot pris dans un sens méta- le ti'ès forcé, pour conduite ; mais ces méta- forcées sont communes dans nos anciens Voici le passage : Par tel dou, par tel astraleibe Le Roi plus povre, et de là vient Que tailler le Heaume convient. ifroi de Psii», à U suite du Rom. Oo Fuivel, IIS. du R. fol. 53. VARIANTES : VLABE. Le Laboureur, llist. de Charles VI, p. 79. XABE (4). Dict. de Cotgr. JJBIBE. Geofr. de Par. à la s. du Rom. de Fauv. f. 53. iLBBE. H. de Fr. en vers, û la s. du R. de Fauv. f.75. rapade (5), subst. fém. Estrapade. Supplice pe. (Dict. de Cotgr. — Voy.Clém.Mar.p.424. Dialogues de Tahur. p. 13 et lesTriomp. de la i)ame, fol. 58.) ré, adj. Plein d'astres. — Heureux. — Nom d'une couleur. On trouve astre pour plein d'as- tres, dans le Dict. d'Oudin. On a dit bien astre pour bien heureux, né sous un astre heureux. « Je ai « aussi le moyen de contempler à loysir, et de pré- « cognoistre vostre gentille nature, et bien astrée « inclination aux choses vertueuses. » (Alector, Rom. Epit. de d. p. 3.^ On voit mal astrée dans le sens contraire, d'où Von a fait malotru (6). Enfin astrée étoit le nom d'une couleur. (Voy. le Dict. Etym. de Hén. au mot Céladon.) Astreiche, verbe à la 3* pei*s. du pr. de rindic. Serre, lie. Dame moult séant, son pareil astreiche» Peroaf. Vol. V, fol. 114, V col. I. Astre^OIIlle,su6s^ fém. Astrologie. —Algèbre. Dans le premier sens, on disoit fausses astrono- mies. (ModusetRacio, ms. fol. 231, Y") ou « astrono- « mie au deable. » (Ibid. fol. 320, R".) Astrenomie est employée pour algèbre, dans les vers suivans : eu set trop d'astrenomie : Wistasses ne se doute mie, Quant il passe le ré d'un bos (7) Tant i ait arbres, ne halos (8) 8u'il ne cuit, tout défi, savoir uentes fuelies i puet avoir. Poés. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1960. YABIANTES ' ASTRENOMIE. Poës. MSS. av. 4300, T. IV, p. 1360. Astronomie. Orth. subsis. Astrenomlen, subst. masc. Astronome. (Voir Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauvel, ms. du R. n*68i2,fol. 79, V*»col. 1.) Astreaomyer, verbe. Parler astronomie ou prédire par le moyen des astres. Ki bien set raisnier (9) De compleuslon d^astrenomyer (10) Poët MSS. avant 1300, T. IV, p. It97. Astrer, subst. masc. Serf ou vassal domicilié. Qui proprement a sou âtre, son domicile, « Si le « Seigniour soit seur que la prove (11) se fera en- « countre le villein que il fuit son aslrer resant (12) « en son villeynage. » (Britt. Loix d'Angl. f. 217, \\) On lit « home astrer » au fol. 151, V".) Astrer, verbe. Rendre heureux. Un ancien poète a dit dans le sens de faire naître sous une heureuse constellation : Pour bien lutrer ta geniture. Oikiv. de Baïf. Col. Si5, R*. st un dérivé de hâte. (s. E.) - (^) Crime. — (8) Du grec dn^àytdoç, qui signifie proprement une des vertèbres du s un os du tarse, (n. e.) — (4) On trouve cette forme dès le xm* siècle (Comput, p 16) : c En ceste manière saras tu > le lonc et le ley de totes coses par Vastrelabe. 3 Ce mot vient du grec dazqôXaUoy {aaiçoy XafiSàyta, prendre un rendre sa position), (n. e.) — (5) Ce mot nous est venu d'Italie au xvi* siècle, où cette torture fut appliquée aux nts. Sous François I*'^ et ses successeurs, il y eut des estrapades à Paris comme U y avait des auto-da-fé en Espagne, ine réjouissance popuT"* ^^-^^ — * i '- -* i ^i?«o ^i-ot ttror, k_ i:.-* i •__ _,. i — . .._ ^-_ par une même corde, r à deux ou trois pieds ins la marine de es. — (11) Preuve. — (12) Résident, domIciUé. AS — 288 — AS AstrIptZy partie. Astreint. (Voy. Astreiciie.) Du latin astrictus, obligé. (Voy. les Coût, de Troyes, aii Nouv. Coût. gén. T. III, p. 283.) Astrologc, subst. fém. Astrologie. L'auteur, a près avoir parlé de la grammaire et de la logique, dit : Astrologe des beneurtez, des maulx, Des temps futurs juge Daturclment Aux estoUes. et à son jugement. PoM. MSS. (TEiut. D«ch. fol. 347. eol. 4. Astrologie, subst. fém. Astronomie. — Astro- logie. L'astrologie étoit prise pour l'astrologie judiciaire. « Astrologie est scienche qui enchier- « que (1) les moyens des corps célestres, et si les « monstre : astronomie est une science qui regarde « les effets des corps célestes et si les observe. » (Compilation de la science des estoilles par Leuppol flls du Duc d'Ostriche, ms. de la Bibl. du R n* 7095, immédiatement après le prologue.) Clém. Marot, p. 204, semble établir entre Vas- trologie et l'astronomie la même distinction que nous y mettons aujourd'hui. Astrologien, subst. ma&c. Astrologue et astro- nome. (Dict. deCotgr. et d'Oud. au mol astrologien,) Thomas de Boulogne est qualifié comeiller et astrologien du feu roi Charles V dans Godefr. Annot. sur THist. de Charles VI, p. 790 et 791. Astrologien (Vigil. de Charles VU, et Nuits de Slrapar.) — Astronomiens, dans la Chron. S' Denis, T. Il, fol. 12, répond dans le latin au mot astrologi. Le P. Labbe traduit aussi astourmiens par astro- logi, (Gloss. p. 490.) Nos asirologiens assignent semblables, puissances et dominations aux corps célestes. (J. le Maire, Illustr. des Gaules, Livre I, p. 117.) VARIANTES I ASTROLOGIEN. Vig. de Charles VII, T. II, p. 25. AsTROLOGiENS. J. le Maire, lUustr. des Gaules, Liv.I,p.il7. AsTRi »NOMiEiN. Cotgr. Dicl. AsTROPHiLE. Du Verd. Bibl. p. 56. Astourmiens. Gloss. du P. Labbe, p. 490. Astrologiquemcnt, aâxK A la manière des astrologues. Le TieiUard nous parloit astrologiquemenU Le ftlnt Astr. Coin, du Th. do Qom. «et. u, tcèoo v. Astrologisery verbe. Prédire par les astres. « Aulu Celle tenoit tel langage à ceux qui croyent à « ce qu'ils entendoit arioler (2), astrologiser et « malhématisery gardez vous de vous fier aux « astrologues » (Contes de Cholieres, fol. 190, V".) Astrologissime, subst. au superl. Très astro- logue. Mot ridiculement forgé par un valet dans le fetnt Astrologue du Th. Corn. act. ii, scène h. Astuce, subst. fém. Ruse, flnesse. Industrie, art. (Nicot, Oudin, Dict. — Orth. subsist.) Sur le premier sens, voy. Dict. de Nicot et d'Oudin, R. Est. Cotgr. et Gloss. de Marot. « Pour « industrie, art ou métier trouverez peu de « gens qui n'aient compassion de rinconvénient « d*un homme, ou femme, de leur astuce^ état ou « vocation. > (Les Triomp. de la noble Dame, f. TB, V" et pas.) On trouve hatutes dans Bor. et Corn. qui l'expliquent par allecbemens : ils devoieat lire hastuces pour astuces^ ruses, finesses. VARIANTES : ASTUCE. Nicot, Oudin, Dict. - Orth. sabrât. Hatute. Dict. de Borel et de Corn. Asturcier, subst. masc. Fauconnier d'autour. « La faulconnerie au devant d'icelles, gouvernée « par astureiers bien experts dans Fart. » (Rab. Pronost. au T. V.) Asturcoy, adj. Qui est des Asturies. Nom donné autrefois aux chevaux qui venoient des Asturies. « Laquelle sorte de chevaux souloit(3) « le temps passé, venir d*Ëspaigne, d*un Uea « appelle ^s/2/r?^, etles appeloitonau movende « ce asturcoy ou asturcon. » (Percef. Vol. I, roi. 3.) VARIANTES î ASTURCOY. Percef. Vol. I, fol. 3, R^col. 1. Asturcon. U)id. Asturs, locution.  cette heure, à présent. (Marbod. col. 10 14.) Astut, adj. Fin, rusé. (Dict. de Cotgr. et Celth. de Léon Trippault. — Epithète de cautelle et de malice dans les Epith. de Martin de la Porte.) \suvy subst. masc. La pierre d'azur, dite U^rii lazuli dans les Poës. de Rem. Bell. T. I, foL 68, Y*. « A%ur est ainsi dit pour Tamour de Tair. > (Sic Blas. des Couleurs, fol. 28, V-.) On lit Va%ur d'aire dans les œuvres de Théophile, I" part. p. 7. On distinguoit trois couleurs d'azur suivant ce passage: « Après ce, suivoit Lizeusqui son escu « avoit paré de trois couleurs d'azur. » (Percef. Vol. VI, fol. 74, R» col. 2.) Guillaume de Machaut ,voulant expliquer lasiçii- flcation des couleurs en Amour, commence ainsi: Saches de veoir qu'en tout endroit On en escript armes c'est droit ; La colour de pers est clamée Asury eUe est à droit nommée : Le rouge gueulle, le noir sable. Et le blanc argent ; mais sanz fable, Je te di c'on appel encor Le vert sinople et le jaune or. Macbmt, MS. fol. 9B, R* col. 2. VARIANTES : ASUR. Dict. de R. Est. et de Cotgr. Azur. Percef. Vol. VI, fol. 74. Asurer, verbe. Peindre d'azur. En couleur d'azur. (Dict. de Nicot, au mot osur^r et Dict. d'Oad. et de Cotgr. au mot a%urer.) VARIANTES : ASURER. Nicot. AZURER. Oud. Cotgr. (1) Recherche. * (2) Augurer et prédire. - (3) Àvoit coutume. AT -a Asnrin, àâj. Qui est de coulmr d'azur ou de couleur bleue. Ses écrits tous d'or, tous atieurez. Lu llir[. d< Il Mvf. toi. S, R-. > Puis venoil le ciel, paille à fonds de draps d'cr « frisé, et les courtines ne veloux cramoisi, violet, • asMré. • (Hém. du Bellai, noies, T. VI, p. 133.) VARIANTES : ASUHIN. Nie. R. Est. Cotgr. kzvKk. Petit Jehan de Saintré, p. 366. AzL-REUX. Poës. de Loys te Car. toi. 46, R°. &ZURIN. Honet, Oud. Catgr. AssBuni. Lee iliirg. de la Harouer. fol. 3, R>- ADtini. Usez oiur^ dans Geofr. de Paris A la suite du Rom. de Fauv. US. du R. n* 6812, toi. 54, V- col. 3. A&yle, tuhst. masc. Franchise, immunité. (Laur. Gloss. du Dr. fr.) Atabal, tubst. masc. Tambour à la moresque, timbale. (Dict. Elym. de Hén., d'Oudin et de Cotgr.) VARIAMES : ATABAL. Ondin, Dictionnaire. Ataballb. Ibid. Attabalk. Coti^Te. A.t&gaé, part, actif et passif. Parent, iillié. En général qui appartient, ou à qui on appartient. Nous avons vu le verbe ataindre, et ses orthogra- phes dans la signification d'appartenir. ■ Ceux qui ■ sont conjoincts, et attaignans au defTunI des deux ■ costez , c'est a st^avoir de père , et de mère • ensemble. » (Coul. gén. T. 1, p. 77.) vABiAKTEs : ATAGNË. Mot languedocien. (Borel, ou mot AUenir.) Attacnë. Ilot languedocien. (Du C. GL à Aiiinenlia.} ATtkionant. Glose, sur les Coût, de Beauvals. Attaiqnant. Coût. gin. T. I, p. 77. Ataier, verbe. Elaver, appnyer. (Voy. Gloss. du P. Labbe, p. 528.) Atatndre, va-be. Alleindre. obtenir. — Toucher, — Joindre, approcher. — Tenir, accomplir. — Appartenir, dépendre. — Convaincre. — Affecler. Avéras atains dans S' Bern. Serm. fr. mss. p. 291, répond au latin apprehendisli . Ce mot, sous toutes ses orthographes, est visible- ment notre mot atteindre. Il s'employoit autrefois dans le mômesensqu'ilconserveencore;ilsignifloit obtenir, parvenir à une chose. Je n'ai rieu en amouT atainl. Pc«l. MSS. «. 1300, T, IV, p. 1390. De là, on disoit aleindre pour gagner la cause. (Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis.) Pour toucher, sonder une plaie, on disoit : « Car •r tout autre si comme H mires (1) pour pilié de • maladie de cheli [2] qui est enlre ses mains, • lesse (3) à ataindre bien la plaie de la(]uelle il le • doit garir, le mel en péril de mort, tout ainsi, • etc. » (Beaumanoir, p. 8.) • Or, veuillez de votre ■ amour aclaindre. [i] » (Percef. Vol. V, fol. J12.) Pour approcher, on disoit au figuré : • Jenescay (1) Médecin ou ^irurgien. - (3) Celui. - (3) Manque, néglïRe. - (4) Ttmcber. - (5) Promesses. - <6) Ce root se trouT* déjà dans les lois de Guillaume <§ S) : i Et se de ço faist attnt lu roi » ; dans la Chanson de Roland (strophes 1 et 116) : ■ aleigni > et i ateignant. > - AT • don qui puisse attendre à eelluy, et aussi il est ' de trop granl valeur pour moy. » (Percef.Vol.III, fol. 85.) ■ Comme les vaisseaux des nostres ne • poussent atindre, ne venir jusqu'à terre. ■ (Chr. fr. Hs. de Nangis, an I2j9, p. 2.) « Prenoit paciem- <■ ment ce qu'on lui atleignoit, et metloit devant ■ lui. (Joinville, p. 4.) Elle ne puet plus bel veoir Ne nul si preu ne si cortols A lui u'ahiinf, ne dus, ne rois. Adili.US.f.lll.R'ed.1. Pour tenir, accomplir, acquitter, on a dit: ■ Boni- • faces, li marchis de Montferrat , li requist ses « convenances (5) que il li atlendist. - (Villehard. p. i08.) ■ Li Venissiens nous ont moult bien atten- < dues nos couvenances. > (Ibid. p. 22.) Pour appartenir, dépendre, on a dit : « du résidu • des coustumes, usages et manières au dit lieu • sont semblables aux coustumes géneralles de la ■ dite Eglise et abbaye de Saint-Vaast, et aussy de la • prevostédeBeanquesneanxqaelsilss'âtfënttent. ■ (H. Coût. gén. T. 1. p. 422.) On lit à la page 4*20, dans une phrase entièrement pareille. . dont ils sont ■ sujets, ■ au lieu de •> auxquels ils s'attendent. > On ditencoreau Barreau • atteint et convaincu. > C'est -dans le même sens que Joinville dit : • Tous • ceulx qu'il pouvoit actaindre d'avoir fait aucun • vitlain serement il les faisoit grieh'cment « punir. » (Joinville, p. 120. — Voy. aussi Beaum. p. 252 et Duchesne, Gén. deChastillon, p. 14, tit. de 1231.) On lit dans le même litre rapporté par Perard (Hisl. de Bourg, p. 430), aircuées (arguées), attentées. Nous disons atteint de mal, et on disait de même: • de jeûner étoit si actninte, que sa couleur ■ avoit perdue. » {Ger.deNev.i"parl,p. 68.) C'est en ce même sens qu'on lit: «Aucuns chevaliers ontesté ■ requis de celte besongne achever, moy-mesmes • en suis attaint de la meilleure, de la plus belle, « et de la plus discrette pucelle du monde, ■ c'est-à- dire j'en suis affecté, j'y suis porté par, etc. (Percef. Vol. V, fol. 45, B- col. 2.) CONIDG. Actaing, ind. prés. Atteint. (Crétin, p. 17.) Aetainte, part, passé. (Gérard de Nevers, p. 68.) Atagnant, part. prés. Atteignant, frappant. Si laisierenl tôt seul Marsile, A petit de sent combattant, Et BoUansle Tit atagtiani. Pb. MwikH, HS-F-SVecllOT. Ataignoit {&) , imparfait de l'indic. Approchoit, avançoit. (Joinville, p. 4.) Atainsissent, imparf. dusubjonctif. Alteignissent. (Fabl. MSS. du B. n* 7218, fol. 47, If col. 1.) Atainstrent, imparf. du subjonctif. Atteignissent. (Cent, de G. de Tyr Marten. T. V, col. 705.) Alainlre, passe délini. Atteignirent. (H. de Brut.) AT — 290 — AT Atentf ind. prés. Atteint» joint. Tous les encontre, et (Uent^ Moult si combat fièrement. Huon d'Oisy, Po«t. MS. ttant 1300, T. III. p. 1184. Attaindist^ passé défini. Atteignisl. (Percef. Vol. II, fol. ai, R* col. 2.) AUainstj passé défini. Atteignit. (Gont. de G. de TyrMarlen.T. V, col. 679.) AttenoiU imp. de Tind. Approchoit. (Ger. de Rouss. Hs. p. 58.) Atienentj ind. prés. S'atteignent. (Arch. us. f. 110.) YARIA.NTES I âTAINDRE. Du Chesne. Gën. de Chast. p. 14, tit. de 1231. AcTAiNDRE. Percef. Vol. V, fol. 112, col. 2. Adaindre. Poês. MSS. avant 1900, T. IV, p. 1392. Ateindre. Gioss. sur les Goût, de Beauv. Ord. T. I, p. 540. Ateingre. s* Bernard, Serm. £r. MSS. p. 13. Atenir. Athis, MS. fol. 96, V* coL 1. Attaindre. Gloss. du Rom. de la Rose, au mot Attaigne. Atteyndre. Britton, Loix d'Angleterre, fol. 87, V*. Attendre. Percef. Vol. III, fol. 85, V« col. 1. Atindre. Ghron. fr. MS. de Nangis, an i, chap- ix, p. 2. Atainementy subst. masc. Persécution , que- relle. « Par estrif d'atainement, et d'ennui que l'en « lor faisoit. • (Gont. de G. de Tyr Martene, T. V, col. 732. — Yoy. Aatie.) Le mot Atahin est du Breton. (Yoy. Du Gange, Gloss. lat. au mot Atia{i).) variantes : ATAINEMENT. Glose, de Martine. Atahir. Gloss. lat. de Du Gange, au mot Atia, Atains, adj. Malade, faible. On disoit être ateint, ou atains de maladie, d'où le mot atairis fut em- plové seul pour signifier malade, afToibli par le mai. Estoit si noir, et si atains, Qu'à paines se puet soustenir. Fabl. MS. du R. n* 7218. fol. 4. R* col. 2. Alain te, subst. fém. Atteinte. — Fin , but. — Plainte en justice. Au premier sens, c'est l'action par laquelle on atteint, on frappe, on blesse. « Brochant son des- « trier, s'entrecoururent de telle roideur que, sans « faillir d*atainte, le chevalier à Tescu aux bandes « fausça celuy de son ennemy. » (D. Florès de Grèce, fol. cxxxni, R".) On disoit en ce sens, faillir d'atteinte, pour man- quer son coup. (Ess. de Mont. T. I, p. 420.) On disoit aussi « pour prendre une grande at- « teinte, » pour atteindre loin, s'étendre. Les tentes de toile tainte Qui pourprenent si grant atainte, G. Guiart. MS. fol. Of . R*. Dans le sens de fin, but ou approches, on disoit : « Quiert au loing, de petit a petit, com- « ment il puist venir à ses atteintes. » (Froissart, Liv. 11, p. 57.) Aussi toujours il parvenoit. Dix contre cent, à ses attaintes, Vigil. de Charles VU, T. Il, p. 47. Qui Dieu prie et sa Mère, et ses Saints ef ses Ssi^tos» Jà n*est 81 loing de Dieu qu*il n>n riehgne aux aifamfet . i. de Mmh» Cod; «m IIIO. Dans le sens de plainte en jnstiee» accusation, on disoit : « Aussi doit atteynte^ remeindre au cas < où le pleyntife est tenant del tenement, par sa « intrusion. > (Britton, des Loixd'Angl. fol. 216.) VARIANTES : ATAINTE. D. Flor. de Grèce, foi. 133, R». Attainte. Gloss. des Arr. d'Âmor. Atteinte. Froiss. Liv. U, p. 57. Attaincte. Coquillart^ p. i9S. Atteynte. firitton, Loix d'Angl. fol. S37, R«. Atainter, verbe. Teindre, colorer (2). Sousis. qui la chiere ta'atainte Me met ensi conplaindre et esmoier. De la Courroierie. Po«t. MSS. ttaot 1300. T. II, p. 661. variantes : ATAINTER. Poës. MSS. avant 1800, T. U, p. 654. Attainter. Villon, p. 71. Atteinter. Mémoires de SuUy, T. XII, p. 306. Atake, subst. fém. Attaque ou l'action d'atta- quer. (Voy. le Rec. des Poës. mss. avant 1300, T. IV, page435G.) A tan cher, verbe. Cesser de couler. Nous disons - étancher, pour faire cesser de couler. On trouve — atancher pour cesser de couler, dans des Fabl. mss; du R. \r 7615, T. H, fol. 409, V- col. 2. Atanet, subst. masc. Nom de lieu situé en An glelerre (3). D'autre part en TiUe Atanel, U il faisoit moult blel, et net. Ph. Mouaket, MS. p. 000. Atant, adv. Alors. — Ainsi. — Là, à ce point. Employé dans le sens d'alors, les poêles ont dit - — Robin vers Fautre atant Gort grant aleure. Poës. MSS. étant 1300. T. III, p. 13S0. La ville, et chastel si rendirent ; . Et atant s'en partirent lors. Vigil. de Charlet VII. T. I, p. 181. Dans le sens d*ainsi, nous lisons: « A tant AMerlaS « avoit mis fin ù sa nouvelle quand, sans attendr^^ « aucun commandement, elle raconta son énigm^^ « en ceste manière. » (Nuits de Strap. T. Il, p. 284.> Ataiit l'auteur, c'est-à-dire : « Ainsi s'exprime Tau— « teur. » (Pasq. Rech. Liv. ÏV, p. 360.) Atent ai vostre commandement. Si chanterai, par vos, joiaux et liez. Poës. MSS. atant 1300. T. I. p. IftO. Avec le sens de là, à ce point, on a écrit : « Par « grant dueil commença sa playe à soigner, et ne « resta para/an/, car, de la grant angoisse qu'il « avoit, le sang luy print à saillir par le nez. » (Percef. Vol. Y, fol. 33, Vo col. 2.) VARIANTES l ATANT. Borel. Mén. et le Supl. au Gl. du R. de la Rose. ATE^T. Poës. MSS. avant IJlfo, T. I, p. 150. (1) Les formes aatie (Ph. Mouskes), ahatie (G. Guiart), hostie (CuveUer), viennent de TaUemand haet, haine; de là le dérivé mttnc, que donne aubsi G. Guiart, les verbes aatir et atainer, le substantif verbal attaine (JJ. 178. p. 69), aUongé dans mttaynement (JJ. 108, p. 56). (N. E.) - (2) Les exemples suivants prouvent que taindre et ses composés étaient aynonyoïes de Dulir : « Dont moult m'a fait pâlir et taindre » (Ch. de Couci, vers 3156); — « Fais mon vis taindre et pâlir. » (Labordt, p. 218.) (N. E.) - (3) Cest rUe de Thanet, & l'embouchure de la Tamise, premier séjour des Saxons, (n. b.) AT -»! - AT A. tanto. Terme de droit. C'esl-à-dire en partie. « Drt^its cenistielë, et autres droicts seigneuriaux ne « se peuvent prescrire à toto^ irnàis/bien à tanto. » (Coutumier genéraL) Atarge» subst, fém. Asile (1). Mot du Boulonnois. Il signifie « retraite pour ceux qui s'estans trop « retardez^ ne peuvent entrer dans la ville. » (Dict. de Borel.) Atargement) subst. masc. Retardement. C'est en ce sens qu*on a employé ce mot, dans le passage suivant : « Le chevalier s*en vint adressant par « devant elle, et luy dist : pucelle, à vous me pré- « sente pour vostre vouloir acomplir. Par ma foy, « sire chevalier, dist la pucelle, maintenant j'en « tenoye propos pour vostre a^ar^^menf. » (Percef. Vol. I, fol. 145, col. 4.) VABIANTEIS I ATARGEMENT. Percef. Vol. I, fol. 145, col. 1. Atargier. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 93, V« col. 1. Atarger, verbe. Tarder. — Retarder. Atarger, dans S' Bern. (Serm. fr. mss.), répond au latin differre, cunctariy remorari , tarâare. (Voy. sur le double usaççe de ce mot : le Dict. de Borel, le Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis, au moi Atarger^ et Du Gange, Gl. lat. aux mots Atliargrati et Targa (2).) Dans le sens de tarder, on disoil : Sur toutes autres vous désir. Tant que je seray vray martir En amours, sans plus atargier. PoH. MSS. d'Eost. Detch. fol. 198. col I. « Fust toutes fois la besongne attargiée par les « dessus dits seigneurs. » (J. Le Fev. de S* Remy, Hist. de Charles VI, p. 87.) VARIANTES : ATARGER. Poës. MSS. avant 1300, T. III, p. 1208. Attarger. Monstrelet, Vol. I, fol 17, V». Atarjer. Estrab. Fabl. MSS. du B. n« 7996, p. 61. Atargier. Eust. Desch. Poês. MSS. fol. 192, col. 1. Attargier. Le Fev. de S* Remy, Hist. de Ch. Vï, p. 137. Atarder. Fabl. MSS. du R. n<> 7218, fol. 227, V» col. 2. Atarzer. S^ Bernard, Serm. fr. MSS. p. 62 et passhn. Ataster, verbe. Tâter. Vint atnatant Sire Combers . Au lit. etc. Fabl. HS. du R. n* 70â9, fol 241, R* col 3. Ataus, subst. masc. plur. Etaux. « Nuz ne soit « contraint de lever nos a^ai/sdou marchié. » (Ane. Coût. d'Orléans, à la suite de Beaumanoir, p. 466.) Atauty subst. masc. Une Bière. Dans le patois languedocien. (Dict. de Borel au mot Athaver.) Ateti, subst. Ce mot parait signifier art, dans les vers suivants : Le pairimone à Crucefi Par les goles vous ont loié Cil qui sovant ont rimoié : Dieu lessie par son atefi ; Dou remenant vous di Je fi ; N'en aurez plus, je vous afi. B. N. MS. fr. 1593, fol. 102. V- ool. 1. Peut-être doit-on corriger artefi et lessient : les poètes abandonnent Dieu pour leur art. « Ateignanzy adj. Emu, palpitant, haletant. Cueur bateiz, et ateignanz (3>. Parton. de Blob. MS. de S. Germ. fol. 155, V*. col. S. Atelver, verbe. Attiédir, devenir tiède. (Voyez S* Bernard, Serm. fr. mss. p. 301 et 361.) VARUNTE : Atevir. s* Bernard, Serm. fr. MSS. p. 301 et 361. Atel, adj. Tel. — Tellement, disposé. Seignors, je me sens si atel, Quejb mourrai, je croi, ennuit (4) Hi»l. de Fr. en vert, à la suite do R. de Faovel, MS. du R. fol. 86. Atéléf partie. Pourvu. On disoit d'un chasseur, passant avec sa meute. « S'en va de chiens bien « atelé. » (Voy. Gacede la Bigne, ms. fol. 107, ¥•.) Atempreure, subst. fém. Trempe. « Espéetem- « porel si est d'au trea^em/^r^wr^. » (Beaum. p. 261.) Atemproire, $^ib8^ Pièce d'un moulin (5). Dans une poésie qui compare un moulin aux vantards et aux menteurs, on lit : . . . Wauteles Eskitezounes, De 11 vauroie faire atemproire Pour cou que nus ne le puet croire. Poés. MSS. avant 1300. T. IV. p. 1362. Atendrier, verbe. Attendrir. — Affoiblir. Le premier sens : Attendrir est le plus usité : Ce me font aprendre Dont fine amours puet plus atendrier. Lambert Ferris, Pofts. MS. avant 1300. T. I, p. i94. Vous me priez et requérez d*amours, Et me faictes vos piteuses clamours Qui font, vers vous, mon cuer atendrier. Poe*. HSS. d'EusI. Dosch. fol lOfi, col. 3. Tant H atenria li cuers. Hist. des Trois Maries, en vers, MSS. p. 210. Vus fils en a ki m*atenrie, Ph. Mouskes, MS. p. 762. Borel rend le mot atténerir pd^r atténuer, sans doute dans le sens d^afToiblir, comme dans lepassage qui suit : « Trop tenir la bride roide aux jeunes « ç^ens leur fait souvent affoiblir, et actendrir « le cueur, et les fait devenir lasches et songeurs. • (Jouven. MS. p. 46.) VARIANTES * ATENDRIER. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 192, col. 3. Atenrier. Ph. Mouskes, MS. p. 762. (1) Ce sont des mâts munis d'échelons, plantés sur les plages sablonneuses et bordées de dunes du nord de la France ; Îuand on monte à leur sommet, on dépasse le niveau des marais. On plante de ces sortes de mâts le long des côtes de oitou, d*Aunis et de Saintonge. Ces mâts ont des noms spéciaux dans chacune de nos provinces maritimes, (n. e.) <- (2) Le dernier éditeur de Du Gange, Haenschel, redresse cette confusion entre tardare et athnrtjrati; ce mot, qu'on trouve dans la Irâdes Bavarois (titre 3), vient de Ader, veine, et de hratzen{&'o\x gratter), ouvrir. Il ne faut pas non plus réunir targe (Uiiya% mot d'origine allemande, signiiant concilier, avec iarger, fait sur tardicare. La forme atai*ge se trouve dans la Cbanson de Roland, str. xxii. (n. e.) — (3> Cœur qui bat. — (4) Je mourrai en ce jour, aujourd'hui. — (5) Lisez atemptoire ; ce mot signifie entreprise^ comme atemptoriutn dans Du Cange. La forme pourrait aussi ôtre ad temporalia, ce qui se fUt en temps voulu, (n. b.) AT AT Attendrier. Hist. de B. du Goesc). par lien. p. 901. Attendryer. Ibid. p. 71. Attenerir. Borel, Dict. AcTENDRiR. Jouvencel, MS. p. 46. Aténébrir, verbe. Obscurci. — Être obscurci. On lit parmi les présages de la mort de Charle- magne : Le Solaus, et la clere Lune, Que Dieux a fait partout coumune, Par huit jors contiouelment Furent oacuri durement, Iço fn une grana merveille. Sor totes autres non pareilles, Et li jours fu aténéhriê Pb. Mousket. MS. p. 90S. L'air entour eus aténébrist. De sa fumée et des alainnes. G.Gviart. MS.fol. iSi. R*. Atenerge, partie. Attendri, affoibli. C'est le Sarticipe d'aténerir. (Voy . les diverses orthographes u verbe atendrier.) Atenet*ge furent li oel, N'i avoit ore point d'orguel. Vw de» SS. MS. de Sorb. cfaif. L. uu. eol. 15. Ateneusementy a4v. Avec animosité. (Voyez Aatine, Ataine.) Geste besoingne Emprise ateneusemcnt. G.Guiart,MS.fol.39,R*. Atenir, verbe. Tenir, avoir, posséder. — Entre- tenir. — Elre pioche, avoisiner. — Etre parent, appartenir. Dans le sens de tenir, on trouve : Miex aim de li avoir dure pensée, rrignors oiens ai ^oes. MSS. avanl 1300. T. Hl. p. 1006. Que d'une autre grignors oiens avenir. On lit attenir pour entretenir, dans le Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis. Ce même mot signifie aussi être proche, avoisi- ner, et même appartenir, dépendre. (Du Cange, Gloss. lat. au mot Attiiiere.) Labbe, dans son Gloss. p. 490, traduit aussi attenir pour attinere. Enfin les deux orthographes ont été employées pour être parent. « Appartenir de parentage, ou « alliance. » (Voyez Dict. de Monet, Nicot, RoU. Estienne, Borel et Cotgrave, au mot Attenir. — Voy. Du Cange, Gloss. lat. au moi A ttinentia.) Le dixième article des chefs d'accusations intentées contre les Templiers étoit que leur ordre ne devoit « aucun enfant batisier, ne lever des sains tons, « tant comme ilz puissent atenir. » ^Chr. fr. ms. de Xang. sous Tan 1310.) On Ta employé pour appartient, dans ces vers : Mieux me plairoit avoir emprins la queste De retirer par une grand conqueste, Des mains des Turcs le Troyen territoire^ Qui nous allient, par droit ample et notoire. J. U Maro, suite de niliutr. des Gaules, p. 375. VARIANTBS : àTENIR. D. Morice, Uist. de Bretp. 995; tit. de iVB. Attenul Gloss. sur les Goût, de Beavrouis. AtenrI (1), adj. Enclin. (G. 6uiart,iis« fol. 23, ¥* Le poëte a dit dans ce sens : Par quoy l'Emperere Henris Del retraire fu atenris. Ph. MoMkoe, MS. p. Atenu, partie. Tenu obligé, redevable. « 11 vo « est si atenu des faveurs. • (Negoc. de Jeaa T. II, page 472.) « Tant que Tame fera résidence e « ce mien corps, je m*eii sentiray leur redevable. « et attenu. » (Pasq. Rech. p. 871.) « Je vous sur^ « bien atténue. » (Moyen de parvenir, page 61.) VARIANTES : ATENU. Negoc. de Jeann. T. II, p. 47S. Attenu. Pasquier, Rech. p. 871. Ater, verbe. Elever. (Voyez Aim ou Aatir.) mot a été employé avec ce sens, dans ces vers : Le Roi de la lune embraça, Ses piez, et ses mains il ala (2). Fabl. MSS. de S. Geni. fbl. II. V «I. i. Aterep (s') (3), verbe. S'Adonner. — S*avance s'approcher, arriver. Mon cuer si m*a donné matere, Et me semont que je matere Et qu'à un ditié ferai essai. Fabl. MSS. du R. n* 7218. €ol. «8. R* ool. f . Atermer, verbe. Donner terme ou| délai. Assigner un lerme, terminer. — Fixer, placer'-^ posler. -• Remettre, différer le terme. — Enceindr^ -^ Nous trouvons ce mot avec le premier sens, dan le Gloss. sur les Goût, de Beauvoisis. Dans le sens d*assigner un terme, on a dit : « « aucuns se plaint d*un autre à la justice d*heritage^ « la justice li doit mettre jour, et se cil qui ser^ « atermés deffaut, cil qui se plaintdoit dire en tel^ « manière: Sire, je vous requiers droit. » (Ord.des R. de Fr. T. I, p. 159.) On Wi aterminer {\h\d.) dans le même sens. « Gelluy jour mesme, le Roy Artus « atterma ses hommes qu*ilz fussent à Karmalol, « et ilz y vindrent. » (Lanc. du Lac. T. III, fol. Id9.) Dans ce même sens, on disoit aterminer pour assigner le jour d*un jugement. (Du Gange, Gloss. lat. au mot Adterminare.) ou pour fixer le jour d'une balaille. (Lanc. du Lac. T. III, fol. 53.} Ou disoit atermoyer (4) pour fixer un terme à un aébi- teur. (Du Cange, Gloss. lat. au mot Aterminare.) Dans le sens de fixer, placer, poster, on disoit : Si divisa Dunov Farmée, Et en flst illec deux bataiUes, Dont Tune si fut atermée. Près 11 gibet, vers les murailles, Vigil. de Charles VII, T. III, f. M. (Voy. Du Gange, Gloss. lat au mot Acterminare,) Dans le sens de remettre, différer le terme, on a dit : « Vrament il y a assez longtemps que vous rudoyer sur rude, ne se rencontre guère avant le xvi* siècle ; il est bien plus récent qiïaferminerj qu*on trouve dès le xii* siècle, (n. e.) AT — »4 — AT Bibl. p. 510.) Brantôme, parlant delà mort de Marie ' Stuart, dil: « Le Bourreau lui donna un ç:rand « coup de hache, donl il lui enfonça ses attifets « dans la tête; laquelle il n'emporta qu'au troisième « coup. » (Dames Illustres, p. 153.) VARIANTES * ATIFFET. Du Verd. Bibl. p. 510. Attifet. Brantôme, Daines iUustres, p. 153. Atyfbt. CelthelL de Léon Trippanlt. . Attiffement. Dict. de Robert Ëstienne. Atille, subst. masc. Nom propre d'homme. Peut- être Attila? Ou est Atille le tvrant ? Pois. M3S. d'Butt. DeMh. fol. U4, col. S. Atiller (1), verbe. Disposer. Puis cà li amer B*atii:e Ne 11 caut ki le soucourrc Poét. MSS. avknt 1909. T. 111, p. 1G«0. Le commun maint engin atille, Por geter en Tost par dehors. Hitt. de Fr. ea vers, à la suite du Rom. de FaoTel, M 3. do . fol. 75. VARIANTES ! ATILLER. Poës. MSS. avant 1300, T. III, p. lOiO. Attiler. Cotgrave, Dict. Atlltrer, verbe. Placer, poster, aposter, dispo- ser. Qualifler. Intituler. Au premier sens, oe mot s*est dit anciennement des chiens placés au passage des sangliers qu'on chassoit, d*où il a été transposé à l'artillerie : Et veist on lor à Tung tendre les toilles, L'autre tenir les lévriers atiltrez, Mectre soubdain le sangler aux abboys. Hu^oa Satel, Poês. MS. de chas. Roy. du Miiglicr disoord par FTaofds I**, p. S4. « L'artillerie du dedans ne pouvoit nuire aux « ennemis, et ne se osoient monstrer ceulx de la « place à la défense delà Brèche, car estoit subject « aux raontaignes, où les Gennevois avoient faict « leurs remparts, et la leur artillerie atiltrée. » (D'Auton Annal, de Louis XIÏ, de 4506 et 4507, p. 74.) On a dit aussi atiltrer avec le sens de qualifler. (Vo\'. Savar. de TEpée française, p. 3.) Efufin on l'a employé dans le sens propre de son étymologie, pour intituler. Clément Marot, dans la préface à la tête des œuvres de Villehard. p. 5, dit : « Outre plus trouvères les mots obmys • remys,... et les tiltres myeulx attUirés. » VARIANTES '. ATILTRER. Jean d*Aut. Annot. de Louis XII, p. 7i. Atistrer. Crétin, p. 230. Attistrer. Ibid. p. 135. Attiltker. Glém. Marot, préf. des Œuv. de Villehard, p. 5. Atinéy partie. Pourvu, muni. « Ung tant bien € chastil.... moult atitié de Gantes. » (Percef. Vol. m, fol. 5, R* col. 2.) Atinter, verbe. Ajuster, orner, équiper. — Dis- poser, arranger. — Coiffer, enivrer. Le sens propre est ajuster, équiper. « Si tost qu'il « fut armé et atinté, if monta à cheral, ta laiioaa« « poing, n (Percef. Vol. III, fol. 5, fC col. 2.) Besoin sera que je Vattincte Comme si ce fut pour un comte. L*An. de« sept Damée, clld par Borel, Dict aa aM>C Attoctf. Ce mot a signiflé aussi accommoder, disposer, arranger : « Je vous prie que vous aHntie% si bien « tout, que vous n'ayez point de besoin de vous « excuser sur dire que vous ne cuidiez pas qu'ils y « vinssent. » (Duclos, Preuv. de Louis XI.) < Elle « les mist en une bouteille juste, Testouppa, et < attinta pour la porter sûrement. • (Percef. Vol. VI, fol. 117, R- col. 2.) Enfln altinter^ pris au figuré, se disoit pour coiffer, enivrer, comme on le disoit en parlant de vin bu avec excès : « Pippes et tonneaux, plains de « vin furent là mis sur le cul, et deffoncez, pour « attinter les testes de ceulx qui debvoient aller à « Tassa ult. » (J.d'Autou, Annal.deLouisXlI, p. 44.) Attintées a été aussi employé avec le sens d'ajustées : « Quand donqnes toutes les trois déesses « furent prestes et attintées, chacune s'esleva de « terre, et se meirent en la voye. » (J. Le Maire, lUustr. des Gaules, Liv. I, p. 97.) VARIANTES ', ATINTER. Duclos, Preuv. de Louis XI, p. 373. Atincter. Dict. de Corn. Attincter. Borel, citât, au mot Atincté, Attinteler. Percef. Vol. IIÏ, fol. 23, R» col. 1. Attinter. Monet, Nicot, Cotgrave. Atlnté, participe. Paré, orné, ajusté, équipé. « La flst coucher en un lict li plus noblement a^tn^f « qu'il peust faire ordonner. » (Percef. Vol. III , fol. 428, R" col. 1.) Sera aujourdbui attinctê Comme ung duc, comme ung conno.^^table. CoqonUrt, f . 16. « Il flst son armée par mer non grande ; mais de « peu de navires forte, et puissante, bien attintée^ « et garnie de gens preux et vaillans. » (Hist. de la Toison d'Or, Vol. I, fol. 78.) « V trouva trois beaux « bains honnestement, et richement attintelez. » (Chron. scandai, de Louis XI, p. 120.) VARIANTES : ATINTÉ. Percef. Vol. III, fol. 128, R« col. i. Attincté. Coquillart, jp. 16. Attinté. Hist. de la Toison d'Or, VoL I, fol. 78. Attintelé. Chr. scandai, de Louis XI, p. 120. Atlréement, adverbe. Avec ordre. Atiréement et par ordène, avec ordre et par rang; en latin disposite et in ordinem. (DanslaRegl. de S* Ben. lat. fr. MS. de Beauvais, chap. ii.) Atirement, subst, masc. Arrangement. — Traité, accommodement. On trouve atirement expliqué par disposition distributio dans la Règle de S' Ben. lat. fr. ms. de Beauvais. « Atiremens des psalmes, distributio psal- « morum. » (Ibid. chap. xvin.) (1) Atiller a le sens d^artiller; on trouve dans Du Gange attUUum et attilliator, (n. e.) AT AT Lors firent i^ aUrement Que Guillaume pour Iveii Prist Brionne, et ei li guerpi. Pli. kooikM. MS. p. 475. On lit attirs des armes dans Brillon des Lois d'Angleterre, fol. 42, pour préparalif de combat. Le P. Vartène, dans son Glossaire, explique atirement par composition, De là, il résulte qu'il faut expliquer autrement QU€ l'éditeur des Ordonnances le mol attirement^ dans le passage suivant: « Li attirement que le « £oy a fait des monoyes est tiex. » (Ord. des Rois de France, T. 1, p. 94.) L'éditeur dit dans une noie : Vattirement estoit ce semble une ordonnance par laquelle le Roy attiroit à ses hostels les mon- noyes a refondre, ou reformer, ou c'esloit plustost une ordonnance par laquelle le Roy remettoit, ou attiroit les monnoyes affoiblies à leur juste valeur. » Le mot attirement est ici pris dans le sens d'ajustement, arrangement, ordre. Dans le sens de traité, accommodement, ce mot se trouve dans Duchesne. Gén. de Béthune, p. 134 ; titre de 1247. VARIANTES : ATIREMENT. Reg. de S* Ben. lat. fr. MS. de Beauvais.col.22. Atirance. Duchesne, Gén. de Béthune, p. 134; Ut. de 1247. Attirement. Ord. T. I, p. 94. Ativement. (Lisez atiremenl.) Reg. de S^ Ben. uhi suprà, Attirs. (Plnr.) Britton, Loix d'Angleterre, fol. 42, R*. Atlrer, verbe. Préparer, apprêter.— Ajuster. — Prouver. — Traiter, composer, -arrêter. — Avancer. Ateiverj dans S* Bernard, répond au latin compo- nerey disponere. Dans le sens de préparer, apprêter, on a dit: « De ceux qui emblaunchent quirs a escient de « bestes emblés, de redoublours acbantauntz à ^ scient dras emblés, et les attire en autre forme. » (Britton, Loix d'Angl., fol. 71, \^) On disoit aussi s'atirer pour s'ajuster : Mi cevalier de prime barbe Si n'ont cure d escouse baibe ; Mais armes, et cevaus désirent Et les Biaus de ras dont ils 8*atirent Ph. llmitkcs. MS. p. 145. Parlant de rajustement des femmes aux anniver- saires pour donner de Téclat à leurs yeux et à leur figure, un poëte a dit : Voyez comment elles sçaivent tout leur corps attirer, J. de Meung. Yon 1219. Dans le sens de procurer, on a dit : « J'ay por- « chasée, et atirie. » Qu'en sospirant m'en vois uu port. Po«8. MSS. avant 1300, T. lU. p. 1134. Selon le Gloss. du P. Marlène , atirer et attirer signifloient : traiter, composer, arrêter. Ph. Mous- kes, parlant de Tentrevue d'Henry, Roy d'Angle- terre, et de Ph. Auguste, dit en ce sens : Li parlemens lues (1) asanbla, Si tirent pais, et aitrerent^ Si com leur hom devisèrent Ph. MouBke», MS. p. 503. La pès fû atirée (2). (Contin. défi, de Tyr Marlène, T. V, col. 634.) Enfin on disoit ^'atirer pour s'avancer, « à lui « s'atire. » (Gace de la Bigue, ms. fol. 67, Rv) VARIANTES : ATIBER. Ph. Mouskes, MS. p. 145. Ateirer. s» Bern. Serm. fr. MSS.p. 125. Atirier. Poês. MSS. avant 1300, T. III, p. 1134. Atterer. D. Garp. S. au Gl. de Du Gange, à Atirimentum, Attirer. Britton, Loix d'Angleterre, fol. 1\, V». Attirusr. Ger. de Roussiiion, MS. p. 114. Atlrés, part. Orné, paré. — Exécuté. — Mal- traité. Dans le premier sens, d'orné, paré, on employoit aussi le mot tiré^ qui n'est peut-être qu'une con- traction du mot atirée dans cette acception. Ph. Houskes, parlant du sacre de Louis Vllf, dit : .... Messire Loeis vint Si atirés, com lui convint. Ph. Mouskeff, MS. p. 654. Atiréj pris dans le sens d'arrangé, réglé, s'est dit aussi pour exécuté, en parlant du testament de Charlemagne. Tôt ensi com li Rois ot dit, Fu atiré, sans contredit. Ph. MottBkes. MS. Enfin nous trouvons «//ir^, attyrén pour ajusté, accommodé, et au figuré pour maltraité. « Battuz, « emprisonnez, ou autrement si attirez qu'ils ne « pussent servir. • (Britton, des Loix d'Angleterre, fol. 52.) « Chemins dehrisës (3) ou autrement maie «« attirez. » (Ibid. fol. 31, K\) variantes : ATIRÉS. Ph. Mouskes, MS. p. 654. Atirée. Gloss. du Roman de la Rose. Attiré. Britton, Loix d'Angleterre, fol. 52, R». Attyré. Ibid. fol. 31, R». Atisement, subst. maso. 1/ action d*«Utiser, d'embraser. — Instigation. Au premier sens on disoit, en parlant des pein- tures qui étoient sur la tente de Sadoine (4) : Escrit i sont le jugement D'amors, et II atisement Des acolers, et des baisers Des dames et des chevaliers, Et li grant soupir des puceles. Blanch. MS. de S* Gero. fol. 187. Y* col. i. Au figuré, pour instigation, agacement, provoca- tion, raction d'inciter ou d'exciter. (Voy. Dict. d'Ou- din, au mot Attisement,) « Fut donnée en mariage « par Vatisement de la Cour de Rome à Henry. » (Chron. de S» Denys, T. I, fol. 270.) « Pour Vattise- « ment (5) de sa femme, le mary qui est de noble « courage et haut, se combat en camp. » (Les 15 Joyes du Mariage.) VARIANTES : ATISEMENT. Chron. S» Denys, T. I, p. 270, Y». Attisement. Oudin, Dict. Atlser, verbe. Attaquer, exciter, inciter. On a dit atisa (6) dans le patois breton. Voyez le Gloss. de (i) Sur le champ. — (2) La paix fut arrêtée. — (3) Rompus. — (4) Dérivé de Sade (Sapidus), acréable, employé comm« nom propre dans les aUégories du moyen-âge. (n. b.) — (5) L'Editeur Texplique à la persuasion de sa femme, et on lit en marge invitation. — (6) Le mot vient du bas-latm atticinari, dérivé lui-même de tUiOf tison. (N. K.) AT AT l'ilist. de Bretagne, au mot Attiser, où on lit ces vers : Poiir ce, beau fils, veux raisonner, Affin que mieux sois avisé, Si en tel fait es attisé. Les acceptions de ce mot , et plusieurs de ses orthographes, rentrent dans celles du verbe Aatir. Mais nul, pour grant clergie ne se doit trop priser Ne ceux qui bien luy font grever, ne depriser, Ne par ses grans paroles baynes attaisier, J. de MeoBg. Cod. vers lOSMO». VARIANTES : ATISER. Gloss. du Roman de la Rose. Atisa, mot breton. Gloss. de THist. de Bretagne. Atizer. Colgrave, Dict. Attiser. Oudin, Gloss. de l'Hist. de Bretagne. AcTissER. Lanc. du Lac. T. I, fol. 132, V» col. i. Attisonner. Oudin et Cotgrave, Dict. Aticer. Gloss. du Roman de la Rose. Aticier. Gloss. du Roman de la Rose. Atisser. Fabl. MS. du R. ii» 7615, T. 1, fol. i», R» col. 2. Attaisier. Atituler, verbe. Intituler, qualifler. « Ce puis- « sant Roy Malhias , fils du Blanc chevalier de la « Valaquie, à présenta^;/!//^' Roydudict royaume. » (Mém. d'Olivier de la Marche, p. 12.) « Lorsque les « gens de guerre se nommoient, et attituloient « guysières et Philippus, etc. » (Lettres de Louis XII, T. I, p. 143.) VARIANTES : ATITULER. Mém. dOlivier de la Marche, p. 12. Attituler. Lettres de Louis XII, T. I, p. i43. Atoillié) subst. fém. On trouve dans Froissart la forme atoillié pour atteler; le présent mot doit éti^e le substantif verbal de ce verbe et signifler action d'atteler, au Tiguré « sans tarder. » (us. de Froissart, Poës. p. 224, col. 2.) Y atoile quatre chevaus. Atoivpe, subst, maso. Equipage ou agrès. Quar nus ne voit sa bêle nef Ne son atoivre (1), ne son tref. Parton. du Blob, MS. de S* Germ. fol. 140, R* col. 2. Atomber, verbe. Couvrir d'une tombe. « Fusl « noblement mis en sépulture, et honorablement « atombé d'or et d'argent. » (Chron. fr. us. de Nan- gis, an 1224, p. 2.) Atome, subst. fém. Atome. Ce mot subsiste, mais comme masculin ; on l'employait autrefois comme féminin. En voici un exemple : Encor es tu plus petit Que n'est une atmne parfaite. Les Touches de Des Accords, fol. 45, V*. Atonner, verbe. Etonner, élourdir. « Ou pays « de France, et Normandie nulz ne porte telz ins- « truraens, se ne sont pouvres avugles, ou autres « gens quérans leurs vies dont iiz atonnent les « gens. » (llist.de B. Du Guesclin, par Mén. p. 230.) Atorny, subst. masc. Procurateur. « Abusion « est à reteiner atoiny^ sans brève de la cbancerie. » (Du Cange, Gloss. lat. au mot Attumatus. — Voy. Attourné.) A loto. Terme de droit. C'est un mot latin qui signifie du tout, « droicts censuels et autres droi « seigneuriaux ne se peuvent prescrire à toto^ mai « bien à tanto » (Coutumes générales.) Atoucher, verbe. Toucher, toucher de près. — Dire, parler, faire mention. Atocherei Atochier^ dans les Serm. fr. mss. û& S* Bernard, répond au latin Tangereel Attingere. Ce mot s*employoit pour toucher, au propre et au Âguré. Adieux Picart, adieu douce Biétrix : A ce départ fault que je voua atouche : Baisir vous vueil. Poés. MSS. d*Eusl. Desch. fol. 2H. col. S. Amors atoche^ a droit essai Qui plus essauce cuer verai Quant U plus s*umelie. GauUer d'Espinais, Poês. IISS. avant 1900, T. I, p. lit. « Excepté le cas qui a/ot/^t/^n^ au souverain, si corne se il li font despit. » (Beaumanoir, p. 181.) Certes onc Tï*atovsa ma main. Falil. MSS. de S. Germ. fol. 98, V col 1. On trouve aussi le mot Attoucher^ pour toucher de près, être parent, acception qui appartient aussi à noire mot loucher. Ainsi on disoit: « Le meurdre • commis en la personne d*un parent nostre, ou « allié, esl crime beaucoup plus horrible que celuy « qui seroit commis en la personne d*un qui ne a nous attouclieroit point. » (Apol. pour Hérodote, pages 282 et 283.) « Attoucher\Q droit de l'empire, » c'est-à-dire avoir des droits à l'Empire. « Laquelle Katerine « atouchoit de droit le droit de l'Empire de Cons- « tentinoble. » (Chron. Fr. us. de Nangis, sous l'an 1300.) On lit dans le latin : Jus imperiicontingebat. Ce mot a été employé dans le sens de dire> faire mention : ^ Ceu keju briement vos ai atochiet me « semble! estre assez. » (S* Bernard, Serm. fr. mss. p. 348.) On lit dans le latin : Sufficit corda breviter tetigisse. VARIANTES ! ATOUCHER. Eust. Pesch. Poës. MSS. fol. 236, col. 3. Atocher. S^ Bernard, Serm. tr. MSS. p. 93. Atoghier. s* Bern. Serm. fr. MSS. p. 200 et passim. Atouquer. Beaumanoir, p. 181. Atouser. Fabl. MSS. de S» Genn. fol. 36, V» col. 1. Attoucher. Apol. pour Hérodote, p. 2K3. Atouchier. Modus et Racio, MS. fol. 216, V". TucHER. Marbodus, col. 1656. Atouper (2), verbe. Boucher, fermer. « Qui « atoupe chemins doit soixante sols. • (Ane. Coût. aOrléans, à la suite de Beaumanoir, p. 468.) Atour, subst. mase. Préparatif. — Parure, ar- mure. — Figure, maintien. — Coiffe ou coiffure et (1) Cf. Rom. du Renart, 1. 1, p. 44, vers 1137 : c Fors tant c'un pertuîs i avoit Oui des vilains fait i estoit^ Od il men(Hent lor atoivre Chascune nuit juer et boire. » On trouve aussi dans Parton. de Blois le simple toivre: < Qu'il puet véir toi cler le tref Et tôt la toivre de la nef (vers 753). » Voir une note de Grimm, Reinhart Fvchs (p. Lrv). (N. B.) - (2) Ce mot a le sens de ritaUen topo (rat) et du latin atopinare (Muratori XVI, 401), ùâie des trous comme les rata. (n. b.) AT AT lorte de coiffure particulière. — Statuts. (Voyez ATTODRlŒlffiNT et AtTOURNER.) Dans le premier sens, de préparatir, on a dit : Quist (1) gent, si se mist en la tour, Pour défendre flst son atour, Ph. llay8. EUes étaient d'une bizarrerie inimaginable. Vatour ou portrait du Louvre, n« 592, où le bourrelet est un pain fendu dressé •nr calotte, avec pièce d'étofTe retombant sur le cou, donne une idée de la coiffure ainsi décrite. (N. e.) — (S) Lorsqu'on AT AT « ils avoient assez canons et artillerie. > (Journ. de Paris sous Charles VI et VII, p. 185.) 3* Atout par soy, pjDur dire : tout seul. « Quand « ils vindrent en la salle si encontrerent le père « qui encontre eulx venoit, si comme il paroit, car « il avoit eu tant de mal qu'il ne alloit ne que atout « par 8oy une toise de terre. » (Lanc. du Lac, T. I, fol. 142.) 4* Atouts pour dire : alors, en même temps, aussitôt. « Quand le guet apperceul nos gens, il « sonna atout, et les Anglois saillirent à Tescar- « mouche. » (Hist. d'Arlus III, Connest. de Fr. duc de Bretagne, p. 766.) VARIANTES : ATOUT. J. de Meun. test. 295. ÂTO. Pcrard, Hist. de Bourg, p. 450 ; tit. de 1241. Atot. s» Bernard, Serm. Fr. MSS.jp. 46 et passim. Atotb, et Atotte pour le fém. S» Bernard. Serm. Fr. MSS. p. 190, et Duchesne, Gén. de Cbatillon, p. 283 ; tit. de 1241. Atotes, fém. plur. S» Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 216. Atoutte, fém. singul. Duchesne^ Gén. de Bethunc, p. 131 ; tit. de 1243. Atrabile, adj. Atrabilaire. (Dict. d*Oudin, au moi A trabilCy et Dict. de Cotgraveau mot Atrebi- liaire.) VARIANTES : ATRABILE. Oudin. Atrebiliaire. Cotgrave. Atractlon,swte^ /m. Attraction. « PùrVatrac- • tion des mauvaises planètes seront élevées « fumées corrompues. »(Modus et Racio,Ms. fol. 319.) Atraiance, subst. fém. Attrait. (Voy. ce mot, avec ce sens, dans les Fabl. mss. du R. n» 72 J 8, fol. 224.) Atraichant, par^ Attrayant. On trouve celte orthographe dans une Chans. du xin* siècle, (ms. de Bouh. fol. 280.) Atraicté, partie. Acheminé. Ce mot, formé du substantif ^raif^ pris pour route, se trouve employé en ce sens dans un ancien ouvrage de Vénerie ; ïl s'agit d'une truie que les chiens chassent, au lieu d'un sanglier: « Elle fuira deux jours devant « les chiens, et puis qu'elle est atraietée, « jamais ne la prendroienl à force. » (Modus et Racio, fol. 27.) On trouve atratté dans le même ouvrage, et pris dans le même sens, fol. 51.) VARIANTES : ATKAIGTÉ. Modus et Racio, MS. fol. 27, Y*. Atraté. Ibid. fol. 28, R». Atraires, subst. mase. plur. Action d'attirer, de séduire. (Voy. Attraire.) C'est le participe actif du verbe atraire, et c'est Tinfinilif a/mtre employé comme substantif, non pas selon l'usage fréquent d'y joindre un article, mais en le déclinant et le mettant au pluriel. Miéx vaut services, et atraires, etc. podi. MSS. tT«oi laoo, T. m, p. iom. Atrait, adv. (Voy. Trait.) Atrament, subst. mase. Encre à écrire. (Piet d'Oudin), au mot Atrament...... « estoient de coït' « leur plus noire que atrament. » (Percef. Vol. IV, fol. 22.) « Ung sarrazin aussi noir que arrement. » (Chron. de S' Denis.) On lit dans le lat. de Turpin: saraeenum atrum. Plus sont noirs que arrement, Poës. MSS. ïïfuA 1900. T. IV. p. 1478. VARIANTES : ATRAMENT. Froissart, Uv. II, p. 1S2. Attrament. Oudin, Dict. Attrement. Percef. Vol. V, fol. 24, V» col. 1. Atrement. CotgraTe, Dict. Artement. Fabl. MSS. du R. n» 7615, fol. 190, \^ col. î. Arrement. Poës. MSS. d'Eust. Desch. fol. 212, col. 4. Arement. Percef. Vol. VI, fol. 58, R» col. 1. Airement. Id. Vol. V, fol. 68, V» coL 1. Atraver, verbe. Attrouper, assembler. 11 semWe formé du mot Trefy tente, qu'on verra ci-après. Henri fils de Guill. le Bâtard se fait couronner Roi d'Angleterre, au préjudice de Robert son frère aîné qui eloil allé à la croisade d'outre-mer : A priés moult petit, demora Que li dus Rooiers repaira De Surie, et fu moult iré», Que Henris ses frères mains nés (1) Rois estoit fais, s'il deust i estre : Apriés atorna tout son iestre (2) A moult grant gens k'il atrava En Engletiere s'arriva. Ph. Mofuke8,MS. p.4M. « Alravé sont à la mue. » (ms. cité par Du Cange, Gloss. lat. au mot Trebudchetum.) Soixante mille du roi furent esmé. Prennent le lieu où il sunt atravé. Afful, V. 005. Atravepser, verbe. Traverser. Percer de part en part. A une foiz qu'il n'ost joster, Le voit armant atraverêer. Parton. de Blob. MS. de S* Germ. fol. 458, V* ool. 1. Atrelner, verbe. Entraîner, amener, attirer. Les poètes ont dit : plus que les nuits sont sombres Puissent les jours ombreux pires moux cUreiner. (Ettv. de Bttf. fol. 67. V*. Piétons atrahient eschieles G. Goiart, MS. fol. 35. R*. VARIANTES : ATREINER. Baïf. fol. 67, V*. Attrainer. Percef. Vol. VI, fol. 62, R» col. 1. Atrainer. g. Guiart, MS. fol. 35, R*. Atrès, adv. au maso. plur. Atteints, convaincus. « Gens atrès , et condampnez de vilains cas. > (Beaum. p. il.) Atrever, verbe. Faire trêve. « Les Royaumes « d'Angleterre et d*Ecosse, s'estoient atrévés ea- « semble. » (Froissart, Liv. Il, p. 268.) VARIANTES l ATREVER. Froissart, Liv. Il, p. 268. Atriver. Parton. de Blois, MS. de S^ Germ. fol. 169, Y: Atrie, subst. L'estre, le lieu. C*esi le seas af- parent de ce mol dans le passage suivant où l'oa (1) Moins né, cadet. - (2) Tout ce qn'U avait, tout ton bien. AT .9»» — AT Krie de Philippe-Auguste levant la bataille de uvines : La Traie s'est d'entraux partis, Al Roi s*en vint tous aatis Tout droit en Vatrie de Bovines. Ph. MooakM. US. p. 581. Atrier (1), subst. masc. Le lieu où se tient la jus- tice du Seigneur. Laurière (Gloss. du Dr. Fr.) prétend que ce mot est d*usage en ce sens en Normandie. Atrlmer, verbe. Piller, prendre, voler. Mot de jargon. (Voy. le Dict. d'Oudin.) Atriqner (2), verbe. Ajuster, préparer. Voici plu- sieurs passages qui peuvent aider à faire sentir la signification peu déterminée de ce mot : Li kaiUo qui issent des fondes, Qu'aucuns pour droit geter atriquetit, G.Gaiart,ltS.ibl.e9,R'. Mais escoutez ce gaudisseur Pourveu qu'il soit bien atriquéf Et vostre gozier apliqué, n vous fera grand bien, ma seur. (Eav. de R. de CoUeryv, p. 78. Quand la dame est bien atriquéCj Alors congnoist-on son couraige. Ibid. p. 79. Atroce, adj. Grave. Ce mot se dit surtout pour ^alifler une injure. « Atroce injure esl quand on f dit blasme, ou injure à son père, ou à sa mère, t ou à son seigneur, ou à ses gens, ou officiers, c et qui ses robes ont vestues, ou à ceulx de la loy, t ou de la ville où on demeure, à son {)relat, ou à c son curé, et selon aucuns à son maistre, et en < cette forme est atroce injure appellée, et fait trop % griesvement à punir, plus que à autres personnes, « si dicte leur estoit. » (Bouteiller, Somm. ^ Rur. p. 815.) Atrocement, adv, D*une manière atroce. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) Atrocher (s'), verbe. S'assembler, s'attrouper (3). Nous citerons deux passages où ce mot semble p^is en ce sens : Leur vienent tel noise menant Sanz ce qu'omme ne leur respondei Qu'il pert (4) que la contrée fonde, Par touz les lieux où il s*atrêchent. G. Goiart, MS. fol. 827, V*. eu de la contrée saunent; Targes aux cols, testes armées, Banieres es lances fermées (5) 8*en vont, jà soit ce qu'il foloient Vers Sestraringue, où les feus voient, Devant la gent le Roi B*atrocKent, Ibid. fol. 84S^ V. Atronchement, substantif masculin. L'action d*apatFoner le bois. (Laurière, Gloss. du Dr. fr.) € Âtronchement de bois est un droit qu'un Seigneur € a de faire saisir par son juge un arbre qui a été « coupé et emporté, de le faire scier par le pied, et < ensuite d'appliquer ce qui en a été coupé sur ht, < tronc resté en terre, pour découvrir ceux qui (hA « fait le vol. » (Laur. Gloss. du Dr. fr.) Atronchler, verbe. Apatroner le bois coupé. Cela se fait en appliquant sur le tronc le mforceau de bois coupé pour reconnoître s'il est effectivement sorti du tronc. On a dit assochier dans le môme sens. (Pithou, Coût, de Troyes, p. 466. — Voyez Assochier et Atronchement.) Atropeller, verbe. Attrouper, assembler. Nou» trouvons ce mot pour < réunir en troupe, » dans les vers suivants : Chacez ces loups et se nulz 6*atropelle En vos marchés, ne souffrez le logis. Poêt. MSS. d'Boft. DaMh. fol. VÊ, €rt. 4. Si Gerbiers sa gent atropiele. Ph. Monakes. MS. p. 91. VARIANTES I ATROPELLER. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 334, col. 4. ÂTROPiSLER. Ph. Mouskes, MS. p. S7. ÂTROPELER. G. Guiart, MS. fol. 42, V». Atruper. Fabl. MSS. du R. n« 7218, fol. 196, R» col. %. Atroté , part. Arrivé, accouru. — Acheminé. Au premier sens, on écrivoit : Or sui tantost cy atrotez. Hift. ém TraTt Mariet, en van, MSS. p.tlê. On trouve aussi atroté pour acheminé, en traîn de courir, de fuir. En parlant d'une truie qui luit devant les chiens, on oisoit : « Et puis qu'elle est « attrottée^ jamais ne la prendroient a force. » (Modus et Racio, us. fol. 51, V».) VARIANTES .' âTROTË. Hist. des Trois Maries, en vers, MS. p. 374. ÂTROTTÊ. Modus et Racio, MS. lol. 51, V«. ÂTTROSTÉ. Ibid. fol. 51, Ro. Atroter (6), verbe. Accourir. Le poète a dit danA ce sens : Denier fet pautonniers monter. Denier fet putains atroter. Fabl. MSS. dn R. n* 7918, fol. 167, R* eol. 1. Attache, subst. Ce qui sert à attacher (parure de tête ou épingle de diamant.) — Affiche, puicard. — Insulte, injure. Dans le premier sens , on a dit les attaches des chausses. Bouciquaut ne veut point s'asseoir aux pieds de trois dames, et demande des quarreaux ou un siège, de crainte qu'étant assis trop bas, les atta- ches (7) ne rompissent, et qu'elles ne Tattribuassent à une cause indécente. (Voy. le Chev. de la Tour, Instr. à ses filles, fol. 13.)Onappeloit bas d'attaches de grands bas qui alloient jusqu'au haut des cuisses, et C'était une coiffe de soie recouverte d'une résiUo et enforraant les clieveux. (N. K.) - (S) Il s'agit ici d'un droit sur le* marchandiaes, car, trois articles plus loin, on lit : ■ Le Clerq, qui est stlornâ d'aller ae marchiea de par le iloy, et de par le ' ' "" -■- - • ntpe la sergeant du marchie... > (s. e.) — (3) Se proferl, se présente. — ' !t normande d'atlachar; aussi les deux aens se coniondanl-ils ju^tiiilBU >- AT A'attaclie, ou û'attathement pris pour placard, afllcbe, citation, ajoimiement. vARiAiins : ATTACHÉ. Orthographe sabsisUnta. ATACHit. FabLHSS. duH.n*7615, T. U, f(d.»l, H*cal. 1. Attachement, sitbst. mate. Ajournement ou contrainte par corps. — Sorte Be machine. Pour le premier sens, voyez le chapitre xivi qui porte pour titre de attachements dans Britton, Loix d'Angleterre. On disoit aussi en ce sens attache' mentes. (Ibid. fol. 8, R°.) On trouve attachemens à merces dans un passage cité par Du Cange : ■ Le marescal doit avoir ud ■ clerq, ou un sergeant, pour faire les attachement > amorces (2), el à prender ce que appent au • mareschal. • (Citation de Du Cange, Gloss. lat. au mol Mareseallus forinseciis.) Attachement étoil aussi le nom d'une machine: < Quiconques fait un puys a marne, et y mel ailO' • chement pour tirer la marne, il est tenu de • resloiipper bien et duement le dit puis, dès « rinstiinlquel'aHac/icmé'Htestoté. -(Nouv. Coût, gén. T. 1, p. 605.) VAIirANTES ; Arr.\CnEMENT. Britton, Loix d'Angleterre, chap. xxvi. atachementes. Ibid. foi. 8, R°. Attacher, verbe. Appliquer. — Attacher. — Sommer, ajourner. — Etre attaché. — Attaquer. Pour lepreinier sens, voy.leDict.de Borel aumot Atager. < Si vousleuratfac/iesunboncoupd'épée, ' en la poitrine. ° (Ess. de Mont. part, n, p. 198.) On u Cil avec le sens attacher : Son Gscu à un arbre ataigc A un cliesne, dedans un ban. F>bl. USS. de S' Ùetm. fol. 51. R- col. 3. Attacher s'esl dit pour sommer en justice, ajour- ner, foi'cer, contraindre: ■ Si le paily semounsé - face defaule, soit attaché do eslre a un autre « jour, cl si le pleyntife face de faute, et la parly « semounsé ou atache se profre (3), si chet la - brefe. • (Brillon, Loix d'Angleterre, fol. 244, V".) Voicz le chap. xxvi de ce même auteur, où attacher esl pour obliger, contraindre. A ttacher a été employé dans le sens d'être attaché, élre collé, tenir: « Sise pi'int'à plourer sur le col " de la pucclle tant amèrement qu'en peu d'heure, • il y eut tellement arrousé la guimple qu'elle luy • attachait fi la chair niie, qui esloit aussi blanche . que fleur de lys. " (PerceL Vol. 111, fol. 68.) On prononce encore, parmi le peuple en Norman- die, attaquer au lieu et dans le sens subsistant n'attacher [i). On écrivoit autrefois au contraire ai- tacher dans le sens actuel ^'attaquer : ■ Après suy- ■ voient douze cens arquebusiers on quatre troupes, > ayant charge à.'attactier les corps de garde de AT — a» - AT ^ nent,.... si y seroit bon mettre attemperimce, en c la manière dessus dite. » (Ord. des Rois de France, T. I, notes, col. 1, art. 8.) Le mot Attrempance est ^ijBxpliqué par température de Tair dans le Glossaire de Marot. Le Gloss. du Roman de la Rose, sous Vorthographe attrempatice, explique encore ce mot par tempéra- ture, proportion dans la nature des choses, au vers 16925. 11 y ajoute que ce mot signifie aussi tempé- rament, voie de conciliation, et cite le vers 17833. Ces définitions paraissent très justes. VARIANTES ' ATTEMPRANCE. Ord. de Chev. fol. 14, R». Atemprance. s* Bernard, Serm. fr. MSS. p. 96 et 328. Atrempance. Labbe, Gloss. p. 503. Atrenpranche. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1387. Attbmperance. Ord. T. III, p. 30. Attrampange. Vigiles de Charles VII, T. II, p. 76. Attrempance. Sag. de Char. p. 467. Attrempj^ce. Essais de Mont. T. II« P- 443. ATTREiiPURE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 105, col. 4. Attempréy part. Mesuré, tempéré, modéré, ré- servé. — Accordé. — Réglé. — Ralenti. Dans le premier sens, on a dit de S* Louis : « En « ses paroles fu-il attrempez; car onques jour de « ma vie je ne li oy mal dire de nulluy. » (Joinville, édition de Wailly, § 2'2.) Le lieu est gras et dru, et bons et delictable En IJ air attrempé, de tous biens abondable. Ger. de Roussillon, MS. p. 17. APrempée s'est dit pour accordée, mise d'accord, en parlant d'une vielle : Il a endroit soi sa vieUe atrempée. F»uh. Lang. et PoCs. fr. p. 110. Dans le sens de réglé, on disoit mal attrempé pour mal réglé. (Voy. THist. de Floridan. p. 701.) Toutes les significations du mot Attemprer déri- vent de son sens propre modérer. Ainsi modérer son pas étoit le ralentir : de là, on a dit attrempé pour ralenti... « Nous avions grand désir et imagi- « nation d'aller, à puissance de gens d'armes, à c Romme, pour destruire tous incrédules; mais « nostre chemin est retardé, et attrempé grande- « ment. » (Froissart, Liv. IV, p. 30.) VARIANTES ! ATTEMPRÉ. Eust. Desch. Poës. MSS. p. 352, col. 1. Atempéré. Ord. T. II, p. 23. Atenprat. s* Bernard, Serm. fr. MSS. p. 10. Atrahpé. Joinville, p. 4. Atrempé. Gloss. de Labbe, p. 507. Attrempé et Estrampê. Ger. de Roussillon, MS. p. 87. Attrempé. Gloss. de Marot. Atempreiz. S^ Bernard, Serm. fr. MSS. Atempres. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 359, Ro col. 1. Estrampê et Attrempé. Ger. de Roussillon, MS. p. 17. Attemprement, adv. Posément, avec modéra- tion. Atempreiment , dans les Serm. fr. mss. de S* Bernard, répond au latin Ad sobrietatem. « Il se tenoit attemprement, et gravement en son < pas, sans aucunement se desroyer. » (Math, de Coucy, Hist. de Charles VII, p. 755.) « Grand mes- « trier est que la largesse soit démenée sagement, « eiutrempéement. » (Beaumanoir, Coutumes de BeauvoisiSy p. 9.) Japiter fut hors ($e Tardore Du feu qui trop art et pou dure Et Baisoit atremprément. Mb. MSS. énbid. DmA. M . 411. ooL t. VARIATITBS : ATTEMPREBfENT. Math, de Coucy. Hist. de Gh. YII, p. S65. Atempriement. s* Bernard, Serm. fr. MSS. p. 99. Atrempéement. Ord. T. I, p. 42t>. Atremprbment. Eust. Desch. Poês. MSS. foL 402, coL 2. ATTREMPftEMENT. Petit Jean de Saititré, p. 50 et 64. Attrempbment. Froissart, Uv. I, p. 315. Attemprer, verbe. Tempérer, modérer. — Adoucir, accorder. — Régler, ajuster. — Tremper. Atemprer, dans les Serm. fr. mss ae S' Bernard, répond au latin Temperare. Dans le premier sens, de tempérer, modérer, on a dit : Brandon devenus ri(çoureux, Qui son ardeur jamais u*r^s^ (S* Bernard, Serm. fr. mss. p. 128, dans le latin Temperaret.) Attremperoy^ cond. prés. Je témpérerois, je mo- dérerois. (G. Durand, à la suite de Bonnef. p. 153.) VARIANTES * ATTEMPRER. Clém. Marot, p. 7. * AiTKMFKKK. uiem. MaroijjQ. /. Atbmperer. Ord. T. II, d. tà. Atemprer. S* Bernard, Serm. te. MSS. p. 74 et pa$9im. ÂTENPRER. Ibid. T. 11, p. 668. Attramper. Monet, Dict. Attremper. Glossaire du Roman de la Rose. ~ Nicot , Oudin et Cot grave. Atremper. La Thaumas. Goût. d'Orl. p. 465, tit de 1147. Attemi)ter, verbe. Attenter, entreprendre. « Ont « attempté de tout mettre à internecion et destruire « totalement leurs ennemis. » (Rabelais « T. I, p. 272. — Voy. les Preuv. sur le Meurtre du Duc de Bourg, p. 252. — Ord. des Rois de Fr. T. I, p. 558.) VARIANTES : ATTEMPTER. Ord. T. V, p. 495. Agttbmpter. Poës. MSS. d'Eust. Desch. fd. 466, col. 3. ATramPTKR. (Lises Attempter.) Eust. Desoh. Pù6e. p. 336. AT -404^ AT « raccusé pour y répondre par atténuation, ce qui « s*entend tant pour le justifier, et descbarger du * crime dont il est accusé, par dénégation, alléga- « tion d'alibi, ou autre semblable défense que pour < adoucir, exténuer et diminuer le faict, et la « peine. » (Bout. Som. rur. p. 242. — Voy. Laur. Gloss. du Dr. fr. — Le Dict. de Cotgr.) Attenurir, verbe. Rendre menu, délié, mince. fVoyez Dict. de Nicot, Monel, R. Eslienne, Oudin et uotgrave.) Altérer, verbe. Jeter par lerre. — Se mettre à terre. — Echouer. Le premier sens de jeter par terre, se trouve dans Crétin, p. 80. — Froissart, liv. I, p. 318 et dans le Recueil des Poës. mss. av. 1300, T. IV , p. 1438. Crétin a dit aussi s'altérer pour se mettre à terre : attéi'é m'estoye Soubz un rosier, où par escrit mestoye Leur playdoyé. Crétin, p. 85. Enfin aterré s'est dit d*un navire échoué, d'un bateau engravé. « Encores fumes nous à granl « meschies là où nous estions atterrez^ car chacun « cuida estre noyé, et perdu, et que la gallée se « fendist. » (Joinville, p. 112.) VARIANTES * ATTERER. Crétin, p. 85. - Joinviue, d. H2. Aterrer. Froissart, iiv. I, p. 318. - ôretin, p. 80. Attermoyeur, subst. Celui qui prête à terme ou sur gage : Mais regardez que de deniers Ont usuriers en leurs greniers, Faulx monnoyeuTS yattermoyeurs Baillifs, Bedeaulx, Prevostz, Mayeurs, etc. Roni. (le ta Rose. 12257-42960. Atterrassement, subst. masc. L'action de ter- rasser, de jeter par terre. (Dict. d'Oudin.) VARIANTES ' ATTERRASSEMENT. Oudin, Dict.' Aterrement. Ibid. Atterrasser, verbe. Terrasser. (Oudin, Dict.) Atterrasseur, subst. masc. Qui terrasse. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) VARFANTES : ATTERRASSEUR. Oudin. Atterasseur. Cotgrave. Attester, verbe. Pour témoigher, certifier ou pour accuser, ou soupçonner. Semblant avoit autreffois veu ; Faubc estoit; mais de fausseté Ne Teust-il jamais attesté. Rom. de U Rote, i28&4-i2857. Attexter, verbe. Attester. comme texte De la sainte Escripture atteœte. Crétin, p. 35. Atteynement, subst. masc. Ajournement, cita- tion en justice. « Nul ne peut atteynement doner « fores que cil en qui person repose la possession, « et la propriété. » (Britton, Loix d'AngL f. 87, V.) ) Attlnées, subst. fém. plur. Lettres de défi. « Il y eut attinés ou lettres de dettj faits de six Daa- • phinois contre six Bourguignons. • (Mém. de Charles YI, p. 486.) Attiqne, adj. Antique. « Lettres attiques qu'on « dit autrement lettres antiques. » (Du Yerdier, Bibl. p. 447.) Attiquet, subst. masc. Etiquette, affiche, placard. « Si est tenu le sergent exécuteur mettre par escrit « en un Billet, ou attiquet, devant Tauditoire du « lieu où l'on fait les dettes, quatre criées, et Tadju- « dication, et déclaration de Theritage, ou héritages « saisis, le nom de celuy, ou ceux auxquels appar- « tiennent, de celuy qui les faitcrier, et pour quelle « somme. » (Coût. gén. T. I, p. 421.) Attlquete, subst. fém. Etiquette. Brevet. Ecrit en forme de sommaire et de mémorial. (Dict. de Monet.) Attirage, subst. masc. L'action de tirer. — Tirage. Peut être attirail, équipement. Equiper la charrue, et pour son attirage. Tresser du poil de chèvre, à faire du cordage. Berr. de R. BellMa. X. I. fol 130, V. Attirant, participe. Fugitif. Dans le passade suivant, attirant semble être synonime de fugitif. « Advenant que quelque personne, soit homme ou c femme, est tombée en décadence de biens, Vatti- « rant ou fugitif, ou la maison mortuaire aban- « donné, sera incontinent tout le bien meuble et « imeuble inventorié. » (N. Coût. gén. T. I, p. 308.) Attisé, adj. Excité, incité. Ce sont meschans apostats attisez Ceditieux, poignans, mal baptisez. Faiféa, p. 4. Attise-querelle, adj. Qui excite des querelles. (Dict. d*Ou(fin et de Cotgrave.) Tu es une attise-querelle Tu es sorcière et maquerelle. (Euv. de Joachim du Bdligr. Attouassé, partie. Abattu. < Depuis les cor- « neilles Romaines aislebrenées et attouassées, les « gerfaulx revenants de Septentrion en leurs pro- « près et anciennes ayres, Je parle des François et « des Bourgougnons, les François s*arresterent en « la Belgique, et les Bourgougnons en la Celtique, « et fut Lyon de la conqueste de ceux cy. » (S' Jul. Mesl. Hist. p. 530.) Attouchement) subst. masc. Coup donné, main mise. « Quarantaine ne s'ensuit point, s*il n'y « a attouchement car pour paroles ne s*engendre « point ; et d*il y a attouchement, combien qu'il ne « soit à sang, si engendre il quarantaine à i)eine « de meurdre qui sur celuy enfraint. » (Bouteiller, Somm. rur. p. 236.) Attournance, subst. fém. Laurière définit ainsi ce mot, dans le Glossaire du Droit françois : « G'étoit un changement de la part des sujets, ou < des vassaux qui renonçoient, du consentement AT -^-r ^ « La baiesse (i) atorne à mengier. » (Fabl. mss. de S» Germ. fol. 65, R' col. 2.) Ne pensez i iens a me gaerir Atornez sui tout à mourir. Arch. MSS. fol. i8, R* col. f. Ce mot a été employé pour parer, ajuster : « Quand « elle fut si bien attournée que nulle mieulx, si « vint dehors. » (Lanc. du Lac, T. II, fol. 60.) Encor estoit en sa courtine La Royne qui ne s'atournoit, Machaut, MS. fol. 191 , V cd. 1 . S'en issirent de la cité Sor leur cheval bien acesmé et atome, Arch. MS. fol. 57,R*col. 1. « A Vatourner de la reine, » c'est-à-dire à la Toi- lette, lorsque la reine se pare de ses atours. Selon réditeurdePetit Jean de Saintré, p. 191, atoumer est ici employé comme substantif. Cet usage des infinitifs des verbes, employés comme substantifs, se rencontre dans notre langue. Avec le sens de diriger, tourner, on a dit : A la miller del roiaume de France, Voire del mont, ai mon cueur atome. Guisnes, Po^s. MSS. avant 1300, T. III. p. 986. L'auteur, ayant posé un cas dont il rapporte la décision, il en pose un autre, et rapportant une décision contraire, dit : « La raison atourne^ » pour signifier : c'est tout le contraire. (Bouteiller, Som. Rur. D. 420.) Enfin on a dit aiourner pour faire un virement de parties. On a vu attournement dans le même sens. (Voy. ce mot.) Ou lit dans Bouteiller: a Jaçoit « ce que on ne puisse sa dette atoumer^ etc. » (p. 147), c'est-à-dire échanger une créance contre une dette. C'est par allusion à l'acception précédente, qu'on a dit s'attourner, en parlant de changer de i>oigneur. rVoy. Du Cange, Gloss. lat., au mot Àttornameii' tum, et ci-dessus Attournanck.) CONJUG. A^or (m'), ind. prés. Je me tourne. (Chans. fr. du xnr siècle, ms. de Bouhier, ch. ccxcvi, fol. 248, R*.) Atort (s*), ind. prés. S'ajuste, sépare. (Voy. Fabl. MSS. de S* Germ. fol. 78, R* col. 1.) Atour, impér. Atourne, dispose. (Gloss. du Roman de la Rose.) Atourt, impér. Tourne. (Poës. à la suite du Rom. de Fauvel, ms. du R. n" 6812, fol. 1, V- col. 2.) VARIANTES : ATTOURNER. Gloss. de Marot et de CotgraTe. Atorneir. S^ Bernard, Serm. fr. MSS. p. 3 et pasaim, Atorner. Villehardy p. 17. Atourner. Du Gange, Gloss. latin au mot Atomare. Atourer. g. Guiart, MS. foï. 327, Ro. Atourrier. (Lisez Atoumer.) Knd. fol. 68, V». Attorner. D. Morice, Hist. de Bret. col. 934, tit. de 1248. Entouner (s*) et s' Atourner. Ger. de Rouss. MSS. p. 115. Attourneresse , subst. fém. Coiffeuse ou femme qui loue des parures. (Voy. Uonet, Oudin et Rob. Estienne, Dlct.) VARIANTES l ATTOURNERESSE. Dict. de Monet. Atourneresse. Dict. d'Oudin et de Rol>. Estienne Attourneur, subst. masc. Coiffeur, homme qui pare. (Dict. de Cotgrave.) Attractifs, subst. masc. plut. Attraits. « Lui « estant en cette perplexité, ambition retourna qui « le vint embrasser, et baiser, et par ces amoureux « attractifs fut par elle gaigné, sans pouvoir dôn- c ner résistence de lui mesme. » (Les Triomphes de la Noble Dame, fol. 114, V.) Attralable. adj. ûu*on peut poursuivre en jus- tice. « Vefves, femmes, enfans, et familles ne seront « attraiables autre part, en première instance , en c actions personnelles civiles, ou criminelles, qu'en « nostre dite cour. > (Coût, de Hainault, au Nouy. Coût. gén. T. Il, p. 95, col. 1 et 2.) Attraictable, adj. Qu'on peut attirer. Attraicteuse, non attraictqble. Etttt. Detch. Pois. MSS. fol. 17, col. S. Attraiement , subst. masc. Attrait, l'aclioa d'attirer. (Voy. les Dict. de Cotgrave et de Rob. Est.) Le P. Labbe, dans son Gloss., p. 506, traduit il ^/raJ€- ment par Uaustus. C*est quelque méprise. Le Gloss. de Labbe en fourmille. variantes : ATTRAIEMENT. Cotgrave. Attrayement. Dlct. de Rob. Estienne. Attraintc, adj. au fém. Serrée, restreinte, étroite. (Voy. Bouteiller, Som. rur. p. 728.) Attraire, verbe. Attirer, faire venir à soi, ap- peller. Ce mot, dans S* Bernard , Serm. fr. mss. p. 10 et passimy répond au latin abstrahere , allicere et provocare. (Gloss. de Marot et Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis.) « Il astrait merveilleusement « à luy les cueurs de sa gent. » (Chron. fr. ms. de Nangis, sous l'an 196.) On lit dans le latin, « gentis « suse corda mirabiliter ad se traxit. « Dames qui « sont atraites en tesmoignage. » (Glossaire surles Coutumes de Beauvoisis.) On disoit : 1» Atraire^ ou attrairek son fié, c'est-à-dire atti- rer, faire rentrer dans son fief. (Voy. les Assises de Jérusalem, p. 63.) 2* Attraire témoins, les appeller, les assigner. (Dict. de Cotgrave.) COXJUG. AtraisisteSy passé défini. Attirâtes. (Poës. mss. avant 1300.) Certes molt m'airaisisteê. PMs. MSS. arant iSOO. T. n. p. Q50. Attraict, ind. pré. 11 attire. (Glossaire de Marot.) Atracety ind. prés. Attire. (S' Bernard, Serm. fr. MSS. p. 16, dans le latin Alliciat.) VARIAMES : ATTRAIRE. Gloss. du Rom. de la Rosç. AsTRAiRE. Chron. fir. MS. de Nangis, an 196. (i) Servante; Toir Du Gange à Baila. AT -' Itrahsb, d'où le participe Airahani. S' Bernard, Serm. fr. HSS. p. 383. Atrairr. Gloas. but les Coût, de BaauvoisiG. '&>rtiKiŒ. Ord. T. I.p. 971, notes, col. 3. ÏTMiBK. Fabl. MSS. du B. n» 7615, T. 1, fol. ffi, B» col. 1. \tiralt, part. Appelle en justice. — Alteinl, frappé. — Attribué, octroyé, DanslepremiersenSrd'appellé en justice, on lit: ■ .Quand celuy qui est convenu, et attrait en roa- « tière de retraict, obtient congé contre le re- « -trayant, à faute de comparoir, ou autrement, en « quelque estât que la cause soit, en ce cas, icelluy « retrayant perd sa cause. » (Coutumes générales.) Employé pour atteint, frappé, on a dit: • ou cas ■ qu'il soit attrait de la jouste à moy, demandez • luy s'il luy suffît, et s'il luy en faut, ou veut • plus. ■ (Fpoissart.) On disoit allraie au Téminin ; on le trouve avec cette orthographe pour attribuée, octroyée. * L's- ■ mour de la dame fusl attraie au mieulx jous- < tant. > (Hodus et Racio, hs. fol. 256.} VARIANTES : AirBAIT. Coutumes Réncrdles. Attraie, au tém. Moaus et Racto, MS. fol. 256, R». Attrait, adv. Posément, lentement, à loisir. • lisseront enquis sur les faitz, neances et défen- ■ ces de l'intendit de la dite preuve, qui entendible- < menl{inte1ligiblemenl)et aurait leur sera leu. > (Ordonn. Royaulx à la suite de l'Ane. Coût, de Normandie, fol. 33.) > Luy feist chanter lelay moult . atraicl. » {Percef. Vol. III, fol. 10.) Li crentjens ce sont retrais Tout bellement, et sont altrain. VARIANTES : ATTRAIT. Ane. Coût, de Normandie, fol. 33, V»; Athaict. Percef. Vol III, toi. 10, B* col. 2. ÂTTRAis. Machaut, MS, Atrect. Molinet, p. 171. Atthet. Froissart, PoËs. MSS. p. 361! et 410. Ataai-T. BégI, de 5> Benoll, lat. fr. ch. Xlui. Atret. Moduset Bacio, MS. fol. 181, R«. Attrait, subst. masc. L'action d'attirer, d'exci- ter. — Accueil. — Attirail, équipage, hagaçe. — Provision, amas. — Apprêts, préparatifs, matériaux. — Poste, guet, embuscade. Ce mot signifloit aussi plaisir, agrément; accep- tion qui subsiste. Nous ne devons parler que ae celles qui ne subsistent plus. Ce mot se prenoit dans les sens suivants : Pour l'action ou moyen d'attirer, d'exciter, insti- gation, suggestion. • Par Vatrait du Roi d'Ermenie, • lî Tartar s'esmeurent k venir contre eux. » (Contin. de G. de Tyr, Martène, T. T, col. 737.) Dans le sens d'accueil, nous lisons : Et quant la Duchoise la voit, TontOSt tOB IL sans U fremist Com celé del mont que plus het; Mes Bon corage celer set, Se li a fet plus bel airet, Conques devant ne li ot fet. Fabl. MSS. dn H. ■• IIIS, tOI. 9, V ori. t. 7- AT On a employé ce mot avec la signification i'at- tirail, dans les vers suivans : Et tant Qt aporter d'atrait, Qu'avant furent 11 enRin trait, Et furent tost prest d'esalir. Pli. Hm>»kM,)IS.p.TII. On a employé ce mot dans le sens d'amas, provision. Bot Ballhaiar qui flal ces grans airay» D'or et d'argent, que sur ses aubgiei Pourchace, fut pnns de denz en Babiloine. foâ. USS. d'Eutl. D»ch. fol. 139. col. *. On lit dans le sens d'apprêts, préparant- • En « my septembre l'en commence b faire les airoiz, • de faire les gaigneries. • (Anciennes Coutumes de Bretagne, fol. 150.) Ce mot désignoitdes matériaux, ou tout ce qui sert pour bSlir une maison. <■ Quand aucun fait • édifier, ou réparer en son héritage, et ne le peut « faire sans endommager son voisin, ou sans pas- • ser par sa maison, ou herilage, celuy voisin est • tenu luy prester, et donner palience à cefaire, et « luy souffrir (permettre) que par sa maison ou « héritage, celuy bâtisseur passe ses allraicts, « soient poutres, goufif^res ou ;îutres choses, si < le dit bâtisseur ne le peut conduire, ne passer • par ailleurs. • (Coût. Gdn. T. Il, p. 795. — Voy. aussi Laurièro, Glossaire du Droit Frani^ais.) Enfin, l'on a dit attrait pour poste, guet, embus- cade, ou peut-être pour retraite, refuge. • Si prin- « drentîi chasser celluy jour aux bestes saulvages € a grant déduyt, si firent leur attrait par dessoulz • ung merveilleux chesne en grandeur, pour le • soir, avoir leur recept. ■ (Percef. Vol. VI, fol. llÔ.) ■ A ces molz se partit le Roy du veneur et • se traist avecques sa compaignie vers la montai- gne où ils arrivèrent sur le soir, et firent leur « attrait sur une fontaine qui sourdoit au pied de • la montaigne. ■> (Ibid.) ïAniANTRS : ATTRArr. Percef. Vol. VI. fol- 119, V" col. 2. Atrait. Ph. Mouahes, MS. p. 711. Attraict. Hiat. de Loys III, duc de Bourgogne, p. 9j. AcTRAiT. Rom. de Brut, MS. fol. 59. Attbiel. Vig. de Charles Vil, T. Il, p. 8i. Athez (plur.) Parton. de Blois, MS. de S' Germ. fol. 130. Atrays (plur.) Eust. Desch. poijs. MSS. fol, 339, col. 4. Atroiz (plur.) Ane. Coût, de Bret. fol. 150, Y*. Attraicts (plur.) Coût. Gén. T. II, p. 795. Attralture, subst. féni. Attrait. (Voy. Eust. Desch. Poës. mss. fol. 83.) Attrampemcnt, subst. masc. Modération. ■ Nous ayent sopployé que nous, sur ce, de grâce, 1 voulissons aucun atlrempement mettre. » (Ord. desR. deF., T. I, p.*46.) TARIAKTE6 : ATTBAMPEMENT. Monet, Dicl. Attrehpehent. DuCange, Gloss.lat. au Toatintemperium. Attrape, subst. fém. Ruse, tromperie. Piège. Ce mot est encore employé au premier sens, ea Normandie. Il semble signifier croc en jambe, lors- qu'il s'agit de joutes à pied. > Hessire Jacques em- ■ prit deux fois de porter son homme par terre. AT, -3 ■ comme par manière d'une atrape. * (Mém. d'Oli- Tier de la Marche. Liv. I, p. 315.) Parlant de deux lutteurs que Louis Xll flt combattre devant les Dames à Milan: <■ Se donnèrent flïlrûppes, trousses, • et grands saulls. • (J. d'Aut. Ann. de Louis KIl, de 1506 et 1507.) On trouve attrape pour piège dans le Triomphe des neuf Preux, p. 314, col. 1. -Hz avoient fléchi « les tendres branches des bois, le bout d'en, hauit « fiché en terre fermement, la tige de hors deux • piez, ou environ comme ung cercle, à manière • a'atrape, entre la chées par telle façon qu'impos- « sible esloit à aucun cheval y traverser sans soy • eachoper, et cheoir, tant estoitlahaye espesse • et drue. • (Hist. de César, Triomphe des neuf Preux, p. 314.) ÏABIASTES : ATTRAPE. J. d'Aut. Annal, de Louis XII, an 1506 et 150T. Attbappe. Olivier de U Marche, I.iv. I, p. 273. Atrape. Hëm. d'OUvier de la Marche, liv. I, p. 373. Attraperie. CotgTaTe. Attrapedenlers, subst. masc. Escamoteur. (Toy. des Accords Bigar. préf. p. 2.) Attrapé, partie. Accroché. ■ Vindrent au pied « de la Tour, où ils trouvèrent Eschellesaifrnpe'cs, « aux créneaux du mur, mais n"y eut celluy qui ne • refusasl monter le premier. ■ (Triomphe des neuf Preux, p. 473.) Xtr&pez, partie, on ailj. Pour dupe ou crédule. Moull iert demain dur li eetors Si perillciw el si empris, Moult voua iert Diex, siro, amis Se vous sanz perte, sirz, en escbppez : Ne Boiez pas ai alrapet Que les doiez par force prendre. A>ch. fis. (ol. 03, V-nl. i, «I9I. R'col. I. Attrapoire, subst. tnasc. Trebuchet, souricière. {Dict. d'Oudin el de Colgrave.) Attrappcur, subst. masc. Tiompeur. (Voy. Oudin, Dict. et Cur. Fr.) AttrayanimeDt,â(/v.D'unemaniërc attrayante. (Dict. de Cotgrave.) AUrendedor, subst. masc. Qui est dans l'at- tente. (Dict. de Borel, au mot Anador.) C'est sans doute une faute pour atlendedor. AUrette, subst. fém. Agacerie. Un regard, unôdouce attrette... Froiiurt, Pota. USS. p. 119, col. I. Attrit, adj. Plein d'allrition. (Dict. d'Oudin, et ■ de Cotgrave.) Attyrer, verbe. Tirer, se retirer. Le jour paaaa, cbascun se retira, Meame Faifeu vers sa femme atlyra. ViOn, T- I0>. Atniier, verbe. Bâtir, édifier. (Voy. une Epi- ï- AU taphe rapportée dans le Joura. de Treroax, aotl 1539, p. 1885.) Aturré, adj. Buté, entêté, eodurci. • Ponr, sur ■ ce, convaincre les alurrez, au vieil abus. ■ (S* JuL Mesl. Histor. p. 10.) ■ Atarré à une opinion. > (Dict. de Cotgrave.) Au, art. Du. (Dict. de Borel, Garpentier, Hist. de Cambray, p. 27 ; tit. de 1230. — Sappl. an Gloss. duB. de la Rose.) Au a été employé avec la signiflcation de en, ainsi on disoit: au témoignage pour en témoignage. (Perard, Hist de Bourgogne, p. 486; tit. de 1257.) A ù, Là où. (Poës. Kss. du Vat. n* 1490, fol. 3S.) Au et A sont souvent converlisl'un dans l'autre : comme Au el A et l'Autrier et YAdrier dans le Roman d'A. (hs. fol. 24 et 44.) Aubadat, subst. masc. Funérailles des enfans. Ce mot est en usage dans le diocèse de S' Floar. (Voyez Du Gange, Gloss. latin, au mot Albaderum.) Peut-être, ajouie-t-il, parce qu'elles se font avec des ornements blancs. Aubade, subst. fém. Concert donné le plus souvent à l'aube du jour, danse. — Pièce de vers. Ce mot, qui est encore en usage pour exprimer une sérénade, se disoit aussi autrefois d'une sorte de poésie destinée à cette espèce de concert que nous nommons aubade. 11 s'est dit aussi des danses que l'on y dansoit. [Voyez Du Verdier, Bibliothèque, p. 88. — La Croix du Maine, Bibliothèque, page 23.) Aubader, verbe. Donner des aubades. (Voyez Alector, Rom. fol. 125.) Aubain, adj. et subst. masc. et fém. Etranger et Etrangère. • >'ous avons naturalisé en France te < droit civil des Itomaius qui du commencement ■ estoit aubam. • [Pasquier, Recherches, livre IX. p. 835.) ■ Si aulcun aubain, autrement appelle » cheviiulxaH/6a(na(l), •c'est-à-direchevauxétran- gers; mais spécialement ce mot désignoit certains chevaux d'Ecosse dont l'allure étoit plus douce que l'allure des chevaux anglois, et on les distingnoit par le mot aulbains des autres chevaux de la Grande- Bretagne. (Voyez Le Duchat sur Rabelais, T. I, page 69, note 3.) TABIANTES : AUBAIN. Pasquier, Recherche, livre IX, page 835. Albain. Coût, de Perrone, Nouv. Coût. Gén. T. Il, p. 608. Aubaine. Preuve de l'Histoire de Paria, page 752. AuBBiN. Coût. Kén. T. II, page 673. AuLBAJN. Launère, Gloasaire iu droit francolB. AuLBAiNE. Lettres de Pasquier, T. I, pags 6. AuLBAN. Style de procédure en Normaïuie, fol. 80. AtJLBiN. Colgrare, Dictioanaira. AULBINE. La Thaumassiëre, Coût, de Berri, pl^ 147. AU — 809 - AU Aubaineté, subst. masc. et fém. Aubainage, siubaine, droit tfaubaine. (Dict. de Gotgrave, au mot Aubaineté, et Du Cange^ Gloss. lat. au mot Aubenœ.) VARIANTES I XU6AINETË. Dictionnaire de Cotgrave. AuBANiTÊ. Du Gange, Glossaire latin, au mot Aubesne. AULBAINETÉ. Cout. d'Atras, au Coût. gèn. T. I, page 75G. AuBEiNAGE. Cout. de Hainaut, au Nouv. Cout. gén. AuBENAiGE. Cout. gén. T. I, page 390. AuBENAGB. Laurière, Glossaire du droit françois. AUBENE. Duchesne , Gén. de Béthune, page 152. — Du Gange, Glossaire latin au mot Aubesne, AUBENNAGE. Glossairode Thistoire de Paris, T. II, page 93. AUBEYNAGE. La Thaumassière, Cout. de Berri, page 902. AuBiNAGE. Cotgrave, Dictionnaire. AUBINAILLE. Poêt. MS. du Vatican, n» 1490, fol. 151, V«. AUBUNAiLLE. Poêt. MS. du Vatican, n» 1522, fol. 166, R<». AuLBiNAGE. Cotgrave, Dict. — Cout. gén. T. I, page 910. AULTENAGE. (Lisoz Aulbcfioge.) Cout. Gén. T. 1, page 910. Aubarde (1), subst. masc. Matelas. Froissarl, par- lant de Pierre-le-Gruel, Roy de Castille, et d'ÏIenri de Transtamare son frère, dit : « A ces mots Pierre forint à bras le Roy Henry son frère, et le tira à uy en luitant, et fut le plus fort de luy, et Vabba- « tit dessous luy sur une aubarde^ qu'on dit en « françois coestes de materais de soye ; et meit la c main à sa coustille, et là Teust occis sans nul « remède, se n'eust esté le Vicomte de Roque- • bertin. » (Froissart, livre I, page 339.) Aubarede, subst. fém. Arbre de bois blanc. Du Gange, Glossaire latin, au mot Albareta^ croit que ce pourrait être un lieu planté d'arbres, formé comme rilalien Albere ; mais il paroît qu'il vient i*albuSy blanc, et qu'il désigne un arbre de bois blanc. (Goût. gén. T. II, p. 672.) En Gascogne, c'est une espèce particulière de saule. VARIANTES : AUBAREDE. Laurière, Glossaire du droit françois. AUBEREDE. Cotgrave, Dictionnaire. Aubatri, subst. La matrice. Àubatri et Aupatris se trouvent dans le Roman d'Audigier. (m:^. de S. Germ. fol. 68.) Labatu est une faute pour labaM 3U*il faut lire Yaubatri. VARIANTES : AUBATRI, Aupatris. Rom. d'Audigier, MS. de S. Germ. roi. 6B, R« col. 2 et Vo col. 3. Aube, subst. fém. L'aube du jour. — Vêtement. — Linceul. Dans le premier sens, on disoil à Vaube crevant^ pour à la petite pointe du jour. (Froissart, livre I, p. S20.)« Au point du jour que Vaube crevoit. » y[bid.)u*étoitla même chose queraubeentr'ouverte. iSxpression de G. Guiart (ms. fol. 220.) On disoit aussi, par allusion à cette acception du mot aube, à Y aube des mouches , pour dire à rentrée de la nuit. (Le Duchat sur Rabelais, T. IV, page 33 et la note. — Dictionnaire de Cotgrave, et Oudin, Diction- naire et Curiosité française.) Aube a signifié aussi les vêtements blancs qu'on donnoit aux enfans quand on les baptisoit. « Le fils « de Clovis mort fut en aubes assez tost après son « baptisement. » (Chroniq. de S. Denis, T. I, fol. il.) < Maudite soit Theure que je fus oncques née, et • que je ne mourus en mes aubes. » (Les Quinze Joyes du Mariage, p. 27.) Nous nommons encore aube un vêtement de toile blanche dont se servent les prêtres. Aube semble signifier drap, linceul, dans le pas- sage suivant. En parlant de la mort de Hugues-le- Grand, on a dit : À grant ounor antierrés fu Rice tombe, et moult rice a^tbe. Ph. MottikM, MS. p. 330. Peut-être ce mot signifioit-il en cet endroit bière ou cercueil, et alors il seroit employé pour auge. Eiifants d'aubes. Ce nom se donnoit autrefois aux Enfants de chœur. (Voyez Lebeuf, histoire des Evêques d'Auxerre, page 568.) YARIANTE * ABE. Âttis et ParûUas, MS. fol. lii, K* col. 1. Aubé, participe. Ordonné prêtre. Du Cange (Glossaire latin, au mol alba,) cite ces vers de TEpi- taphe de Frodoard, prêtre du diocèse de Rheims, qui se trouve dans le P. Mabillon : Vequit caste clerc, bon moine, Meilleur abbé, Et d'Agapit li Romain fut attbé. Aubeau, subst. masc. Peuplier. — Aubier. Le premier sens est le sens propre. On appelloit ainsi cet arbre du latin Albellum, à cause de la blancheur du dessous de ses feuilles. (Voy. Ménage, Dict. élym.) C'étoit le peuplier sauvage , selon Ou- din ; le peuplier blanc, en général le peuplier, sui- vant Cotgrave; une espèce d'arbre qui aime le bord de Teau, dans J. d*Auton, Ann. de Louis XII, 1502, p. 76 et 77. (Voy. Abor.) Dans la seconde signification, YaubeaUj de même qu'abor ou abour[2\ désignoit la partie du bois qui est près de l'écorce, et qui est plus blanche que le reste. « Il faudroit une colle bien forte pour joindre < sans dislocation tant de membranes qui sont « toutes à^aubeau et peu de cœur de bon bois. • (Sully, Mém. T. IX, p. 385.) Du chesne ils ostent Vaubel Car à brusler est condampné. Fabri, Art. de Reih. Ut. U, fol. 10. V*. (Voy. AuBEc et Albin.) VARIANTES * AUBEAU. Ménage, Dict. éty'm. - Dict d*Oudin. AuBEL. Cotgrave, Dict. ÀULBiBR. J. d'Auton, Ann. de Louis XII, 1502^ p. 76 et 77. Aubec, subst. masc. Aubier. — Merrain. On trouve ce mot au premier sens i*aubier^ dans Tarticle 115 de la Coutume de Bordeaux. (Voy. Laurière, Gloss. du Dr. fr.) Cet article porte « qu'au- (1) Aubardé est le mot espagnol albarda; il a dans quelques ^. fer adaptées au {loitrail d'un cbevaL L'étymologie est le persan charpentiers de marine appellent encore aubour (albumum crainte de la pourriture, (n. b.) Al/ — 310 - AU « cutt charpentier ne feront mauvaises, puantes, « ne faulses douelles, bois gelis, et bois où y ait « aubec (1), bois cussonné ne autrement fausses « douelles en pipes, barriques, tonneaux, caves, « doîls (2) et autres sortes de vaisselle à vin grande « ne petite. » (Coût. gén. T. II, p. 672. — Voy. Albi«.) Ce mot, dans le Bordelols , signifioit merrain, selon Cotgrave, sans doute le merrain dont on fait des douves de tonneaux. Encore cette explication ne seroit-elle pas juste, si, comme je le soupçonne, elle n'est appuyée que sur l'article de la Coutume de Bordeaux, ci-dessus rapporté. Aubelière (3), subst. fém. Espèce de licou. Ce licou ou muselière est composé de cinq pièces de cuir blanc, comme le cuir de cheval, selon Le Duchat sui^ Rabelais, T. I, p. 73, note 20. (Voyez aussi le Dict. de Cotgrave.) Aubenable, adj. Sujet au droit d'aubaine. (Voyez le Dict. de Cotgrave.) Aubepin, subst, masc. Aubépine. Aubepin est sans doute u ne faute pour aublfoin (4), bluet, dans ce vers de Clém. Marot, p. 765, où le premier aubepin signifie aubépine : Aubepins blancs, aubepins azurés. VARIANTES : AUBEPIN. Du Gange, Gloss. lat., au mot Albepinus. AuBESPiN. Régnier, Satires, p. 193 ; Stances, p. 200. AuLBESPiN. Cotgrave, Dict. AuLBESPiNE, s. f. Arresta amer, p. 164. Aubère, subst. masc. Cheval grisâtre marqué de taches noires. (Voy. les Dict. de Nicot, de Monet, de Ménage et de Cotgrave.) Aubereaii (5), subst. masc. Oiseau de proie. C'est une espèce de petit aigle. (Voy. les Dict. de Nicot, d'Oudin et de Monet, au mot Aubereau.) Et comme quand Yaxibereau Assuit la race de Nise (6), L'empiétant, le fauperdreau (7) Survient, fait lascher prise. Œuv. de BUT, fol. 83, R*. Que tout ausi coume Talloé Fuit le mousket et l'espervier Plus que Vaubain^ ne le bruhier ; Tout ansement, al destraver, Fuient païen devant les Frans. Ph. Mouskes, MS. p. 486. VARIANTES : AUBEREAU. Dict. de Nicot, d'Oudin et de Monet. AuLBEREAU et H AUBERE AU. Idem. AuBERET. Cotgrave, Dict. AUBERT. Gace de la Bigne des Déduits, MS. fol. 22, R». AuBAiN. Ph. Mouskès, MS. p. 186. AuBEZ. Gace de la Bigne des Déduits, MS. fol. 83, R». Aubergade, subst. fém. Droit de gîte. Ce droit est usité dans le Béarn, où Ton dit Aubergada. Anciennement les Seigneurs, en plusieurs liéQi, avoient droit de loger chez leurs sujets. Ce droit à été converti en une rente payable en grain, ou en argent. (Laurière, Gloss. dû Dr. fr., aux mots Au- bergada et Aubergade. — Du Cange, Gloss. latiû, au mol^Albergata. — Voy. Albergub.) TARIANTES : AUBERGâRDE, Aubergada. Laurière, Gloss. du Dr. fr. Auberge, subst. fém. Alberge. Sorte d'abricot. « Pavies, auberges , muscats. » (Lettres de Pas- quier, T. Il, p. 159.) Aubert, subst. masc. Argent, en terme d*argot. (Voy. Le Duchat sur Rabelais, T. III, p. 221, note 13.) Aubicon, subst. masc. Espèce de figuier. (Voy. les Dict. d'Oudin et Cotgrave.) Aubiers, subst. masc. plur. Sorte de raisins. Raisins blancs, les mêmes (\\\'auhins. (Voy. Albin.) « Leur donnèrent ung cent de quecaset trois pane- « rées de francs aubiers. » (Rabelais, T. I, p. 182.) Aubijoie (Terre d'). Le pays des Albigeois. On a vu, à rarlicle Albigeois, que ce mot s'écrivoit aussi Aubijois. Aubit, subst. masc. Prière pour les morts. Nom formé du mot latin Obiit, il est mort. J'ay ung vieil harnoys qu'on forbit, Sur lequel ie fonde ung aubit^ Et du surplus Dieu le parface. Villon, Dialog. à» llallepaye, p. 60. Auboupdie, subst. fém. Bourbier. Mais amor qui tout maistrie M'a remis en Vaubourdie, Et fait amer de nouvel amistié. Po€t. MS. du Vatican, n* 1490. fol. T7. R*. Aubreaux, subst. masc. plur. Hobereaux. Terme de dérision qui signifie un petit gentilhomme de campagne sans fortune. (Voy. le Moyen de par- venir.) On dit aujourd'hui Hobereau dans le môme sens. Il vient peul-étre du mot Aubereau^ et alors aubreaux voudrait dire un petit gentilhomme qui n'a pas le moyen de nourrir des oiseaux de proie plus forts que Vobereauy ou bien qui ne vit que de la chasse de cet oiseau. Auc, subst. Une oie. C'est un mot Languedocien. (Voy. Du Cange, Gloss. latin, au mot Auca.) VARIANTES : AUC, Auco, AuQUETO. Du Cange, Gloss. lat., au mot Auca. Auvuc. BouteilUer, Somm. rurale, p. 506. Au cas que, conjonct. Puisque. Ce mot a cette signification suivant Téditeurdes Ordonn. des Rois de France, T. III, p. 70. Aucerre, subst. fém. Auxerre. Nom propre de ville. « Li Buveor A Aucerre. » Ce proverbe se en alouette, (n. b.) - (7) Le fauperdrieux, faucon à perdrix, (n. k.) est peut-être à rapprocher centaurée bleue, (n. b.) — petit vautour; de là aussi cesse Scylla, métamorphosée AU -3 Ce mot se disoit aussi pour : aucun, ou quelque. • Quand aucan Seigreur Tait saisir tes fruits et • profits des héritages deluy tenus. • (Coût. Gén.) Enfin ce mot a été employé avec la signincation : autres. < Les uns et les aucuns. • (L'Amant ressus- cité, p. 170.) (!) TARIAKTES : AUCHUN et Auchunb. Duples. Hist. de Meaiuc. T. H, p. 67. AucuEN. S' Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 93. AucuNC (le plur. AucUNGZ.) Perard, Hist. de Bourg.p, 430. AUKUN et AuKUNE (maBC. et fém.) R;mer, T. I, p. 13. AULCUBNZ. Perard, Hist. de Bourg, p. 430 ; lit. de 1S34. AUQUN. Duchesne, GËn. de Cliastillon, p. li. Aucun et Aucune (masc. et téra.) Ortliog. subfiist. — La Tbaum. Coût. d'Oiléans, p. 465 ; Ut. de 1168. ABG0H3. 1.oix Nom), art. SO. AucuNQ. Dict. de Robert E^tienne. AULCUN. Villon, Repues franchea, p. SI. AuLCHUN. Faireu, p. 9. Auc*N. Coût. Gén. T. I, p. 603. AccOK. Fabl. MS. du R. n» 7989, fol. 52. AUQUANT. Fabl. MS. de S' Genn. toi. 9. Anquakt, Fabl. MS. du R. n» 7615, T. II, fol. 165. Avouantes (fém. plur.) Fabl. MS. de S> Genn. fol. 7. AUSQUANTES (fém. plur.) Rom. de Brut, fol. 47. Auquex (plur.) Rom. da Brut, fol. 03. Aucunement, adverbe. Un peu. — Quelque peu, guère. — En quelque façon. — En partie. Dans le premier sens de : un peu, on a dit : Je l'ayme aucunement. Non pas jusqu'à troubler vosire contentement. La Suiiuils, Com. d* P. Contdlle. M. i. KèM vn. Dans la seconde acception, ce mot signifie: quel- que peu, guère. Houskes, parlant de la sobriété de Chnnemagne,dit : De mangier auqucs (2) de viande, K'estoit mie li Roii engrande (3) : A baules fleetes, une fois, Si avoit mouli de gent li Rois A son mangier ; el quatre mes Avoient, eene plus, el non mes. Ph. Hwtko, HS. p, 81. On a dit de même de Ricliard, fils de Guillaume- Longue-ëpée : Le poil aToil auga loui, le vis epert, et cler. Ron. àt Hds. HS. p. BS. Les sorciels bruns,et bel le front, Et te chef creap et augvet blont. fit]. HS. du. R. D* 7989, fol. B7. V col. 1. Ce mol signifioit aussi pour : en quelque façon. On a dit en ce sens. • 11 «st aucunement néces- • saire. > (Sagesse de Charron, p. 20.] < La liberté • et la Poligamie, qui semble aucunement natu- ■ relie. (Ibid. p. 185.) • L'iissiette d'un homme > meslant à une vie exécrable la dévotion, semble • eslre aucunemenl plus condamnable que celle • d"un homme conformeà soy.et dissolu parlouL » (Essais de Montaigne, T. I, p. 538.) Enfin, ce mol a été employé pour : en partie. On lit dans les négociations de Jeannin, ■ dont il est . demeuré aucunement content, mais non du • tout. > (Négociation de Jeannin, T. 11, p. 304.) Des diverses façons d'écrire cet adverbe, qae (1) On combinait aussi c peu, dans le e 'éà. kervyn de Lettenhove, XV, 595.) (n. e^ - (2) Awiuea. accompatiné de l'adverbe priés .- < Il se fuissent eiiUMtu LetUnbove, 11, 67.) (n. B.) — 0) Engrande, qui se trouve i !- AU nous avons rassemblées, la plus ordinaire parmi nos anciens auteurs, est auques, contracûon d'av- cunement. Selon Borel, on l'employoil quelque fois pour : autant, aussi. AuLCCNEMENT. J. Marot, p. 3!. AucuNESFois. Dict. de Robert Estienna et de Cotgrave. Aucun pou. Dict. de Borel. Aucun poï. Gloss. du P. labbe. Ai;cQUES. Rom. du Brut, HS. fol. 96, R*. AuKEâ. Pb. Houskes, MS. p. 973. AUQES. Ph. Mouskes, MS, p. 81. AuQUBS. Parton. de Bloia, fol. 139. AUQUEZ. Beaumanoir, p. i35. AusQUKS. Gaut. d'Argia, Poét. MS. av. 1300, T. UI. p. «3T. AUQS. Rom. de Rou, p. 65. Auquel. Fabl. MS. du R. n' 7999, fol. 87. Audnfrida. Mot de jargon qu'on trouve dans le discours d'un charlatan qui va débiter sa map chaiidise. • Audafrida fabuli fabula, quant il U ■ bacula sua jor le fossé. » (Erbene, hs. de S. Germ. fol. 89.) Aiidax, adj. Audacieux. Ce mot est purement latin. I! est employé comme francois en ce passage. <■ Ce ne seroit point fait de audax, el vertueux • courage. » (Triomphe des Neuf Preux, p. 147.) Audessement, adv. Audacieuseroent, hardi- ment. On a employé ce mot dans ce sens, au pas- sage suivant: « Ce sont efforcés à priver, et ■ corrompre nos dites ordonnances en plusieurs < manières, spécialement en marchandises, en • conlract, en prest, en deniers d'or, et à gros • tournois si audessement, au dommage de ' nous, et de nostre peuple, dont moult nous • deplaist. • (Ordonn. des Rois de France, T. II, p. 57.) Audessus, adv. Pris substantivemenL Avan- tage, supériorité. • De par loy ly soit ly ne veult(Alvpas) courre • pas quoique tu ayes tout fait ce que tu soyes par • tout bon audessus. • (Ger. de Roussillon, hs. p. 130.) Audlcion, subst. fém. L'action de se faire entendre. — L'action d'entendre. — Office d'audi- teur, ou d'audiencier. Ce mot se trouve dans le premier sens, au pas- sage suivant: Pierres, ne Pois n'ont plus audieion. Ne Jeromeli bon biblislîque; Leur successeur ont autre entencloD, Tous veulent l'or, mais s'il ne sonne et clique. Car s'il est clerc sans or, mourra de faim. Poâ.HSS. d'ËDil. Desdi.tol.Bl.col. I. Audicion est un terme de palais, qui signifie: l'action d'entendre. (Voy. Ordonn. des Bois de France, T. III, p. 130.) de quelque peu: t Aucun peu en y eut de prins. ■ (Froisurt, " — provençal alques, a le sens du latin aliquid; paifois il est 1 icelui part ou auquea prièi. > (Froissart, éd. Eerrjn ds dans G. Guiart, a la sens de engr (Lau- rière, Glossaire du droit françois.) Ils étoient aussi les juges des causes d*appel. lis tenoient leurs séances à Nevers, trois fois l an, par forme de grands jours, et les appellations interjetées de leurs sen- tences, ressortissoient au Parlement, à cause de la Pairie. (Voyez Ibid.) Dans la Coutume de Beauvoisis, c'étoit ceux qui étoient commis pour ouïr des témoins. (Voyez Ibid. et le Glossaire sur les Coutu- mes de Beauvoisis. — Beaumanoir, p. 206 et 218. — Coût. Gén. T. I, p. 338.) Il y avoit des auditeurs, des témoins au uhâtclet, qui furent supprimés en 1302. (Voy. les Ordonnances des Rois de Fr.) On trouve, dans les Ordonnances des Rois de France (T. I, p. 073), que le nom d*flwdi^^Mr« fut donné aux Commissaires envoyés par le Parlement dans les Provinces, pour faire les enquêtes. En Picardie, ce nom a été donné aux Notaires. (Voy. La Roque, sur la Noblesse, p. 514.) Pasquier,dans ses Recherches, livre IT, p. 68, observe que ce mot a été mis, pour la première fois, en usage, par l'Ordonnance de 1454. Pasquier s'est trompé, puisque nous avons dit plus haut qu'il se trouve dans une Ordonnance de 1315(1). Dans le passage suivant, Auditeur semble le même Sue les Juges auditeurs du Chàtelet de Paris ; ce sont es Juges qui i*endent des jugements, sommaire- ment, à Taudience, concernant toutes les causes, jusqu'à la somme de cinquante livres. Leurs sen- tences s'exécutent nonobstant appel. « En amende- « ment, demande sur taxation de despens n'a point « d'amende; mais qui en appelleroit de Juge à « autre, comme d'un Maire a un Bailly, s'il en « payeroit amende ; mais d'un auditeur ou Prévost, « non : car c'est une même Cour. » (Grand Coût, de France, livre III, page 471, etc.} Voyez ce qui est dit de cette espèce de Juges dans les Ordonnances des Rois de France (T. I, p. 466 et suivantes), et un règlement touchant cet objet. (Ibid. p. 352.) Sur Vuuditeur de VOost Flandre^ on lit ce qui suit, dans Pa le Nouv. Coût. Gén. (T. I, p. 1023.) « L'acte du Conseil privé de Sa Majesté, sur le premier artn cle de la rubrique vingt*Quatre, par lequel il a esté interdit et deffendu à Y auditeur de VOost de Flandre de prendre connoissànce des Maisons mortuaires, ou successions des Bourgeois décé* dez, et qui ont été dans le service militaire du 9 octobre 1641. > VARIANTES : AUDrrEUE. Orthographe sahsist. ÂUDiTOUR. Assises de Jérusalem. Audivi, subst. masc. Droit de se faire écouter ; autorité. « Il sera assis au bault bout on luy tran- « cbera du meilleur; il aura Yauiivit, et lé caquet « par dessus tous. » (Cymbalum munidi, p. 97.) L*ung est secouru. Taulre ayde, L*uDg est chassé, raittre vuydé, L'ung a support, Tautre auaivy. (Eut. de r à Colkrje, Hife 59. oy. Coquillard, p. 48 et Clém. Marot, p. 443.) ^armi les proverbes ruraux rapportés par TOisel (Instit. Coût. T. II, page 238), on lit : « Un seul œil « a pluz de crédit, que deux oreilles n'ont « A'audivi. » VARIAÎ^TES : AUDIVI. Loysel, Instit. Coût. T. II, p. 238. AuDiviT. Cymhalum mundi, p. 97. ÂUDivT. ŒuT. de R. de Collerye, p. 59. Audous, subst. masc. Doux. Mot languedocien qui signifie proprement, « celui qui ne fait point « de douleur en traitant une playe. » (Voyez le Dictionnaire de Borel qui le dérive du grec.) Audriettes, subst. fém. plur. Sorte de reli- gieuses. 11 faudrait dire Odriettes. Ce nom fut donné h des Religieuses, à cause de leur fondateur Etienne Odry qui fonda, en 1252, une maison pour loger de pauvres femmes veuves. Elles ont donné, elles-mêmes, leur nom à une rue de Paris dans le quartier du Marais. O^y^^ Lebeuf, Histoire civile d'Auxerre, page 534.) Aufaige, subst. masc. Nom de dignité. Nos anciens auteurs, qui défigurent les noms orientaux, supposent qu'aufaige est chez les Sarrazins le nom d'une dignité approchant de celle de Roi. Roy, ne aumacor. ne aufaige Blancbaodin. MS. deS* Genn. fol. 184. V* col. 1. Ne sai s'il est Boy, ou aufaige. Ibld-lfol. Ig7, R* col {. Profilias point le destrier C'on ne savoit contrepoisier Et ûert ïaufange (2) de SaJerne. AUUa.MS. fol. m, Veol. 1. VARIANTES l AuFAGE et AuFANGE. Athls, MS, fol. 111, V« col. 1. Auf dis, nom de haptéme d'une femme. (Perard, Histoire de Bourg, p. 484 ; titre de 1256.) Aufertes. subst. fém. plur. (Voyez Offerte.) Offrandes. (Voyez TAmant ressuscite, p. 210.) • (1) On le trouve aussi dans Beaumanoir, v. par ex.'xxxix, 7. (n. k.) - (2) Le môme mot ne dé8ighe-t*n pas à la fois le suemer et le cimeterre dont U se défend : c Contre nous de pied ferme ils tirent leurs aîfikft^s. > ijConï: Ct J, IV, 8.) (w. R) AU -1 Aufïet, subst. masc. Effet. Autfort, sùbst. masc. Nom propre. C'est peut- être Alphonse. (Voy. le Rom. de Baudoin, fol. 29 et 86, où on lit au/fort.) On trouve Aufonsàaas, Borel. TARIAHTBS : AUFFORT. Bom. de Baudoin, fol. 39. AUFONS. Dict. de Borel. Anffriquc, subst. fém. L'ATrique. VARIANTES : AUFFRIQUE. Chron, de S' Denis. T. I, fol. 137. AUFRiKE. MarbodBB, coL 1662. AUFRIQUE Eiist. Deschomps, Poëa. MSS. toi. 250, col. 3. Afrike. Hnrbodus, col. 166i. Anfin, adverbe. Enfin. Auge, subst. fém. Cercueil. Ce mot, qui subsiste dans un autre sens [\), a été employé pour cercueil diins le passage suivant, où il s'agit du corps de Charles Vil, mort en i461. Il y est dit: • Estoit le • Rov dedans un coffre de cyprès enchâssé en un « au!/e de plomh. .[Monslrelet,Vol.l!I, fol.92,V.) Augette, subst. fém. Petite auge. < Cocasses • de limas pour servir d'abrevoir et à'augeltes • pourle3oyseaux{2). » (BergeriesdeRemyBelleau, T. I, page 74.) Augié , participe. Averti par l'ouïe. Les Chresliens posiés sur une éminence attendent les Mahométaiis qui les y viennent attaquer : Sen s montaigr.e togié, Bien avisé et bien dugié (3j, A si grant geut que noBtre page Les devroient sans avantage, Enchaoier, tuer et occire ; S'il DOiis po voient deaconflre , Et El nous devroit-on prendre; \vant, Seigneurs, or du dépendre. Unchiut. MS. to\. «S, n- col. I Augmnnt, subst. inasc. Augmentation. (Voyez les Dict, de Mouet et d'Oudin, aux mots Attgmant et Augment.] • advenant que le dit survivant ■ augmente le dit bien par s Augustlns (couronnes), subst, masc. plur. Espèce de monnoie d'or. C'est peut-être la même monnoie que les augustaires dont ce Dictionnaire a Karlé. On lit dans une citation au Glossaire latin de u Gange, au mot Leones : « Couronnes augustins « de 64 13 den 48 gr. 14 mites (1). » Aujoulet subst. masc. Vieillard. Mol langue- docien traduit par vieillard, dans des vers cités par Borel, au mot Marelle. Peut-être est-ce le diminutif d'ato/, aïeul ? AuL S' Julien, dans sesMesl. historiques, p. 459, remarque que de son temps, ceux qui se piquoient de bien parler disoient al au lieu de aul, comme dans ce mot la balme au lieu de la baulme. ' Aulbe, subst. fém. Ais. De celte acception géné- rique, ce mot a passé h diverses significations particulières. Ainsi on nommoii aubes ou auves les ais qui entroient dans la composition d'une selle, d'un bat; peut-être à cause de la couleur blanche du bois dont elles éloient faites. Le mot aube sub- siste encore pour signifier les petits ais de la roue d'un moulin a eau , et on les appelloit aussi auves. (Voyez G. Guiarl, ms. fol. 334, R«.) Aulnes est une faute dans le passage suivant, où il faut lire aulbes : « Le hourt descend le long des « aulnes de la selle devant, en embraissant la poi- « trine de cheval. » On distingue les auves de l'arçon dans les passa- des que nous allons citer; il paroit que les auves éloient proprement des ais qui suppléoient aux panneaux, ou les soutenoient : Porter la fauU au bourreUer, Pour rembourer communément, Et pour Tarcon oui veuit briser, Et les auves senriDlablement. Poe». MSS. d'Btttl. Desch. fol. S5t, col. S. Sele ot de moult riche façon, D'ivuire furent U arcon, Les auves sont d'antre manière. Floire «I BtanobeAor. MS. de S. Germ. fol. id5. V col. I. VARIANTES : AULBE. Le Ducbat sur Rabelais, T. IV, p. .58. Aube. Dict. d*Oudin et de Cotgrave. Aulnes, s. p. Lisez Aulbes. AuTBS, s. p. G. Gu!art, MS. fol. 334, V*. Aulberge, subst. fém. Auberge, bdteUerie. (Voy. le Dict. de Borel.) Aulge, subst. fém. Auge. (Voy. THistoire de la Toison d'Or, T. H, fol. 197.) On nommoit aulge d'un estang^ le canal, conduite ou rigole par laquelle s'écoule Teau d'un étang, et qui en va fournir à un autre étang: « Un seiçneur d'estang peut suivre « son poisson qui seroil monté par creue ou des- « bordement d'eaues , jusques et dedans la fosse et « aulae de Vestang prochain. » (Coût, du Duché d'Orléans, au Coût. gén. T. I, p. 958.) Aulliours, adverbe. Ailleura. Aulnage, subst. masc. Aunage. Le droict daulr nage étoit un droit qu'on payoit pour certaine quantité d'aunes d'étoffe. (Voy. Du Cange, Glossaire latin, au mot Ulnagium.) Aulne, subst. fém. Aune, mesure. (Voy. le Dict. de Cotgrave, au mot Aulne^ le Glossaire latiu de Du Cange, au mot Alena.) Aulne de Provins. C'est une mesure de deux pieds et demi. « La lieue de Bourgogne contient cinquante • portées de longueur ; la portée, douze cordes ; la « corde, douze aulnes de Provins ; Vaulne^ deux « pieds et demy. » (Coût, du Comté de Bourgogne, au Coût. gén. T. I, p. 860.) Vaune semble avoir été de deux coudées en Angleterre. « Le aune de deux « contes esprovés. » (Britton, des Loix d'Angleterre, fol. 75; V^) L'aune de terre étoit certaine mesure de terre. (Voyez Du Cange, Glossaire latin, au mot Olfia.) Tout au long de l'aune^ pouce et tout : Façon de parler qui signiHe oultre mesure, ou à bonne mesure. « Faire le glorieux tout au long de Vaune^ « pouce et tout. > (Contes d'Estrapal, p. 188.) Il est pris au figuré dans ces vers, où une jeune fille compare ses charmes auprès de ceux de sa mère encore belle : Endroit li est nonne passée Jamais sa.biauiez ne vendra; Mes a granz ânes passera De la moie, si est avenir ; Se je me voil chière tenir Bien longuement poura durer. Atkb US. fol. 119, R* col. i et t. l) est encore employé au même sens figuré dans ces vers : Je rabatrai à moult grans auties Les corages des becs trop gaunes, AUii», MS. foi. «7. V eol. i. VARIANTES : AULNE. Cotffrave, Dict. Alnb. Rec. des Ord. des Rois de France, T. III, p. 413. Ane et âusne. Atliis, MS. fol. lOi, V* coL 1. Aune. Orthographe subsistante. ANNE et ÂNE. Athis, MS. fol. 61, V* coL 2. EiNNES. Ord. T. III, p. 587. Cest une faute \ on Ut aunes dans tous les autres R^lements, suivant Téditeur. Auluée, subst. fém. L'étendue d*une aune. (Voyez le Dict. de Cotgrave.) <1) C*e8t un texte de mars 1453. AU - 317 — AU Aulneur, subst. masc. Qui aune. (Voyez le Dictionnaire de Cotgrave.) Aultresfois, adv. Autrefois. (Voy. Faifeu, p. 23.) Aumacor, subst. masc. Nom de dignité parmi les Sarrazins. Rois, et contor, et aumacor. Fabl. MS. de S. Germ. fol. 14. V col. 3. Le cheval point vers Vaurmicor Qu'Espagnol tiennent à singnor : De cordy et la signorie. Athit, IIS. fol. 09. A* coL 2 et V col. 1. Aumatonr. (Lisez aumacour,) Dans la notice du Rom. d'Alexandre, c'est un titre donné à ce Prince. YARIANTES : AUMACOR. Blanchandin, MS. de S» Germ. fol 184, V« col. 1. Amotor et AU.MACOR. Âthis, MS. fol. 99, B9 col. 2. AUMACOURS. Phil. Mouskes, MS. p. 150. AUMATOUR. Notice du Roman d* Alexandre, fol. 77. Aumaillc, subst. et adj. Bétail. — Viande de boucherie. On a beaucoup varié sur la signification de ce mot. (Voy. le Dict. de Borel, au moi Aumail.) Lau- rière Inexpliqué par animaux domestiques, bestiaux privés. (Voy. son Gloss. franc, au mot Aumaille.) On le trouve pour gros bétail dans le Gloss. sur les Coût, do Beauvoisis. Du Gange, dans son Glossaire latin, le dérive de 3fanua/m, comme bêtes venant quand on leur tend la main. Ménage, dans son Dic- tionnaire Etymologique, dil, d'après Joachim Perion qu'il cite, que les paysans appellent les brebis et les moutons du seul nom i'aumaille; Perion le dérive du Grec: mais dans ce dernier sens ne pourroit-il pas venir du Jatin albus (puisqu'on a écrit aubinaitle (1)?) Au reste, on trouve ce mot plus communément employé pour gros bétail, et plus communément encore pour un terme générique qui signifie toute espèce de bétail : D*aigues, de prairies et de très bons gagnages De vignes et de bois y a grant signorage ; De très grands nourissons et de porcs et d'oiiaiUes Et de très grands preries, et grand foison ^'armailles, Ger. de RonssilloD. MS. p. 17. Hachant, peignant le grand Polyphème, s'exprime ainsi : A senestre a un aviron Lonc de C. piez, ou environ Et gros à Favenant, sanz faille Dont il retourne son aumaille, lladimit. MS. fol. 201. V' col. 1. Faisant parler le grand Polyphème, le poète lui fait dire : Et se tu de la moie aumaille Me requiers que je la te nombre. J'en ay tant que n'en say le nombre. Ibid. fol. 908. R« col. 9. On voit dans la Thaumassière, Coutume de Rerri, p. 163, article 3, un droit levé sur les bouchers « pour chaque chef ù! aumaille qu'ils tuent « de sept deniers, » et dans un autre endroit du même auteur, « le chef A' aumaille • est distingué de « chef de bestes à laine, boucs, chèvres, etc. « Nul ne peut mener bestes aumailles^ chevalines, « chèvres, ou autres qui peuvent porter dommages « au reject es bois taillis, jusqu'à ce qu'ils soient « defensables. > (Coutumier Gén. T. I, page 2i0.) « Chars, aumaille, vache, toute manière d'aub- • maille. » Dans une citation au Gloss. latin de Du Gange, au mot Manualia 3. « Ne leur laissoient « aubmaille grosse, ne menue que ilz n'emmenas- « sent. » (Hist. de B. du Guesclin, par Ménard» page 70.) On a étendu la signification de ce mot aumaille, et on Ta dit pour toule espèce de viande de bouche- rie en l'opposant à volaille : .... servi et peu De pain, de vin et de vitaiUe De toute volaUle et d'aumaille Et poissons, et autre viande. Mâchant, MS. fol. 916. V col. 4. On a dit aumaille, et bestes aumailles; par conséquent ce mot a été employé non-seulement comme substantif, mais aussi comme adjectif. VARIANTES l AUMAILLE. Ménage, Dictionnaire Etymologique. Armailles. Ger. de Roussillon, MS. p. 17. Aubmaille. Histoire de B. DuGueschn, par Ménard, p. 70. AuMALES. Histoire des Trois Maries, en vers, MSS. p. 57. AusMAiLLE. Chronique S* Denis, T. II, fol. 209, V«. AuMAiL. Dictionnaire de Borel. AuMEX. Cortois d'Artois, MS. de S* Germ. fol. 83, R«coL 1. Aumalines, adj. au fém plur. Qui est d'au- maille. On a dit bestes aumalines ou ormalines^ pour bestes Œaumaille, ou simplement aumaille. (Voyez Du Gange, Glossaire latin, au moi Manualia.) VARIANTES : AUM.ALINES, Armeline, Ormalinb. Armaline. Hist. du Comté d*Aussonne, page 25. Aumarie. Nom de pays. Couvert d*un paile à'Amarie. AthU.MS.fol. SO.R'col.l. Et de paUes Alexandrins De cendaus d'Inde, et iV Aumarie. Athis, MS. fol. a6,R«col.i. Ceux de Bile, ceux de Sartois {al. (2) Cartagois) Ceux d'Aufirique, et ceux de Sardine, Ceux de Corsie et de Soutine, {al. Soltaigne) Et ceux de Mittre, et à'Amarie, Et de Salmande et de Candie, De Cordes, et do Portugal. Attib,MS.foL87,V«ool. 1. VARIANTES '. AUMARIE^ Amarie, Amatie. Athis, MS. Aumant (à T), adv. A l'avenir. (Voyez le Dic- tionnaire d'Oudin.) Aumaster, subst. masc. Officier municipal de la ville de S* Omer. (Voyez Godefroy, Observ. sur rhist. de Charles VIII, page 328.) Aumbler (le Bay), subst. masc. Nom d'un che- val. Il tiroil peut-être ce nom de son poil bai, et du C['ETTK. Oudin, Curiosité franco ise. Aumiers (Li), subst. masc.plur. Sorte de chiens. I! faut peut-^tre lire en un seul mot Liaumicrs pour Limiers, espèce de chiens de chasse : As veneors, et as Valiez Fist nteoer chiens, et brachez Et li aumiers (3) par autre voie. ttom. deRi)ii,H9. p.lU, Au mleulx venir, expressiott adverbiale. Pour le moins. — Pour le mieux. Cette expression adverbiale signlHoit quelquefois pour le moins. < Elle racompta comme il les avoit « rescousses sur la mer, la où elles cujdoient ■ jamais eschappersansestre mortes, ou empriaon- « nées au mieulx venir. • fPercef.Vol. VI, fol. 54.) La même expression signifloit aussi pour le mieux, en supposant le mieux dans la supposition la plus avantageuse. • Sy entendons bien que au • mieux ve/jîr.le secours d'Angleterre sera long et . petit. . (Lettres de Louis XII. T. I, p. 71.) Aumoins, adv. Le moins. > Nos Baillis se ■ prengnent bien garde, et aussi nosautresOfllciaux ■ que il n'ayent multitude de Bedeaux, iiinçois s'en ■ facent aumoins que eulx pouiTont. » (Ordon- nance des nois de France.) Aumôue, subst. Aumône. — Bonne œuvre. — Hôpitaux. — Queste. Ce mot dans S' Bernard, Serm.fr. mss., répond au latin Eleemosyna. Nous disons encore aumône dans le premier sens. Du Gange, Gloss. lat. au mot Elemosina piira, cite l'orthograplie Mmoigne. Elle semble prouver que notre mot aumône, s'est plutôt formé d'Alimonia que de Elemosina. Nous avons parlé du territoire des Amognes, au- li-ement territoire des moines, et qu'on doit peut- être expliquer par territoire des aumônes [i). Nous ne trouvons cette orthographe nulle part ailleurs, • Teuure pas aulmone oa osmone, ce sont les • héritages qui ont été donnés ii l'Eglise pour servir « Dieu, et dont les donateurs se sont réservés la ■ seigneurie de patronage, tenure est la manière • par quoy les teiiemens sont tenus des seigneurs. ■ (Ancienne Coutume de Normandie, fol. r»2.) »- AU Le mot aumosne a été pris dans un sens éteadu, pour toute bonne œuvre, et on a dît '. ■ Par vostre • courtoisie me veuilliez rendre àceluy à qui j'ai ■ esté aujourdhuye3pou3éegr3ntaiitn09n«ferie2. ■ (Ger. de Nevers, 2* part, page 40.) Aumosne et peehié sont mis en opposition, dans ces vers : Oui Fait ce que taira doit Tout jxchii de toute aume Bel parler, et de ramposer. Hom. & ti IIMC, Ttn IBSU à IMS. De là, on a nommé aumônes les hôpitaux. Bon- nes viaisons et aumosnes. • J'entends par ces mots " les hôpitaux, et les hôtels Dieu, et les autres mai- ■ sons consacrées au soulagement des pauvres > dit l'éditeur des Ordonn. (T. V, page 130, note a.) Ce mol a aussi signilié quête : ■ Aussi me plaist o que il voisent ù Vaumosne ; mais je vueil que ils • ne la despendent point sans le conseil de leur < maistre. ° (Duplessis, Hist. de Meaux, Pr. p. 67; tit. 1180.) (5) On disoit proverbialement; 1* L'aumoine est [aide : c'est-à-dire tout est fait, il n'est plus teuis. (Éust. Desch. Poës. mss. fol. !299.j 2" Aumône pure ou franche, étoit celle que le Seigneur faisoit sans se retenir aucune jurisdiction sur le territoire aumône. (Voy. Du Gange, Gloss. lat. au mot Tenelura.) 3" Il ne faut pas voler pour faire faumâne. Ce proverbe se trouve en latin dans les sermons de Barlet 1, p;irt. fol. 50. • Vulgo dicilur non expedil > furare pro danda eleemosina. • 4° Donner en aumône pour donner gratuitement. ÏABIANTES : AUMONE. OrthoBTaphe subsist. AUMOs.sif. Assises de Jérusalem, page 134. AOLMOSNE. Ancienne Coutume de Normandie, fol. 5Î, R*. Aulmone. Doctrine do Sapience, Toi. 37, V*. AuhMOGNE. MeBsire Queue Poël. MSS. aï.l300.T. lU, p. 383. AUMOIGNE. llritton. des Loix d'Angleterre, fol. S, R'. Ahoongs. Née Hist. du Ntr. page 381. Amoicnes. Dourg. de Orig. voc. vulg. toi. 76, V*. Almoione. Du Cangc, Gl. lat. au mot Eletmoaina para. Almosne. Duchesne, Gën. de ChastiUon, fol. 58-60. ASNOSME. (Liseï Aumône.) Ord. des R. de Fr. T. II, p. 177. Almose, SAta .'nAv:irti»i . n El gl Bçroit grande — '^ ' ' — .-- ■-— -_^»-^ _■ charité, acte méritoire : (3) Il fi . (N. E.) - (4) Au ix- siècle, r— — .. 1... —, (5) Aumotjie aisniâe encore grant grâce enviera noatra aignor. > (Froisurt, l.L V, Sil.) (n. «.) AU ~ MO — AU Aumônier, subst. masc. Légataire, héritier. — Administrateur des hôpitaux. — Aumônier. Ce mot est epiployé pour héritier, légataire, dans le passage suivant : « Pour héritier, légataire, on « ne peut estre aulmosnier^ et parchonnier, en « sorte que en appréhendant i*un, l*on se prive de « l'autre, et pour venir en succession de quelque ■ trespassé, l'on est tenu de rapporter tous dons « à luy faits, tant par mariage entre vif, comme • autrement. » (Coût, de Richebourcq-Saint-Wasl, au Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 451.) Dans le sens d'administrateur des hôpitaux, on a dit : « Il y a aussi dans la ville quatre grands au- » mosnierSj ou maîtres de la charité ; deux hors « des lignées, et deux hors des nations, deservants • quatre ans de suite, ayant la surintendance de « toutes les maisons de Dieu, du S* Esprit et des « hôpitaux de la ville. » (Coût, de Brusselles au Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 1:236.) Aulmosnier est pour aumônier, dans les Ordon- nances des Rois de France (T. V, p. 641); ce dernier sens subsiste sous la première orthographe. vARui^TEs : AUMONIER. Ortho^apbe subsist. Aulmosnier. BouteiUer, Somme rurale, page 600. AunoNNiBR. Ducbesne, Gén. de Montmorency, p. 388. AuMOSNiER. Laurière, Glossaire du Droit francois. AusMONiER. Ancienne Coutume de Bretagne, page 179. Aumoniere, subst. fém. Bourse, gibecière. C'étoit proprement la bourse ou Ton metloit l'ar- gent, pour faire des aumônes (1). (Voy. les Diction- naires de Borel et de Ménage.) Li moines trait une aumosnière ; Dix sols i ot. Fabl. MS. d« S. Germ. fol. 36. V* col. 2. Waumonièt^e est mal garnie, Et ma borse mal farsie. Colin Muset. Po«t. MSS. avant 1300, T. IT. p. 718. L'auteur du Roman de la Rose a fait de ce mot un usage très indécent aux vers 20572 et 20575. (Yoy. le suppl. au Gloss. de ce Roman.) VARUNTCS : AUMONIERE. Glossaire sur les Coût, de Beauvoisis. . AuMOSNiERE.Joinville, page 176. AusMENiERE. Fabl. MSS. du Roy, n» 7218, fol. 283. AusMONiERE. J. le Maire, Illustr. des Gaules, Uv. I, p. 142. AuLMOSNiERE. Fauchet, Lang. et Poës. fr. page 124. AULMONIERE, Almonière. PcFcef, Vol. VI, fol. 82. Amoniere. Athis, MS. fol. 91, V» col. 1. MOSNIERE. Aumône. Borel, au mot Fermai. Aiiinosner, verbe. Donner en aumône, en pur don, à des églises, à des pauvres. J. de Meung cen- sure, dans les vers suivants, les moines qui s*enri- chissoient par les testaments qu'ils faisoient faire à leur profit : Us osent bien en don ou en aumosne prendre . Quanque bons et maulvais leur oseroient tendre S'ils font bien, Dieu le sçait; mais ne le scay entendre Que Ton puisse aumosner ce que l'en doit toxU rendre. J. de lleiing, Cod. 1109-lflt. VARIANTE : AUMONNER. Duchesne, Gén. de Bar-le-Duc, page 30. Aumuce, subst. fém. Chaperon. — Aumusse. Vaumuce étoitun habillement qui anciennement couvroitla tête, et peut-être tout le corps. 11 semble venir du mot allemand ally qui signifie tout, et de l'ancien mot francois mucery cacher, couvrir. D'autres le dérivent de amicio. Ce mot s*est dit aussi pour aumusse de chanoine. (Voy. le Dict. de Colgrave, au mot aumuce^ et Du cange. Glossaire latin, aux mots alimutia, aîmia- cum,almticium^alumechiumj armutiaei mussa.) Les officiers de cuisine de Monseigneur le Dauphin portoient sur leurs têtes, à l'entrée de l'Empereur dans Paris, en i377 « des aumuces fourrées et à « boutons de perle par dessus. » (Chron. S* Denis, T. m, fol. 35.) Dans des lettres de Charles VI, du 17 janvier 1419, qui sont au fol. 49, R"" du Reg. du Pari, intitulé: Livre croisé, cotte B. données contre Charles Dau- phin, qui avoit fait assassiner le Duc de Bourgogne, on lit : « Le dit Charles mist tantost la main à son « aulmuce, faisant semblant de saluer nostre dit cousin, et à Tombre de son bras guigna les yeulx et flst signe à ses gens pour venir férir sur nostre dit feu cousin dont tantoust après les dictes gens, comme avoit esté precogité et cons- piré entre le dit Charles et eulx, vindrent dehachier, et murdir devant luy nostre dit fëu cousin. > estent aumuces J font inclinacions. Poés. MSS. d'Eust. Desch. fol. 30. col. 4. Aumuce est distingué de chaperon dans ces vers, pris pour un vêtement à 1 usage des gens du monde comme des gens d'Eglise : .... TeUe rie va querani Le jeune homme quant U se rend, Ja si grans souUers n'aura .Ta tant faire ne scaura Chapperon, ne large aumuce. Rom. d« la Rose, Ten U793-I4797. VARIANTES : Aumuce. Gloss. du Rom. de la Rose. AuLMUCE. Reg. du Parlement de Paris. AuLMUSSE. Chron. Fr. MSS. de Nangis, an. 1377. Aumusse. Preuv. sur le Meurtre du Duc de Bourgogne, à la suite du Journal de Paris, sous Charles VI et VII, p. ^. AUMUCHE. Fabl. MS. du R. n* 7218, fol. 176, V». AumucierSy subst. fém. plur. Faiseurs de chaperons et d*aumusses. (Yoy. Du Cange, Gloss. lat. au mot almucium.) Aunée, subst. fém. Espèce de plante. (Voy. Du Cange, Gloss. lat. au mot Helna.) Aûnement, subst. masc. Assemblée, assem- blage. Ce mot, dans S* Bernard, Serm. Fr. mss. p. 141, répond au latin unio. On a dit en ce sens, u e;raïiiaûnement(2) » pour grand assemblage. (Voy. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 326, V-.) Auneor, adj. Qui réunit. « Aûneùr de choses. » (S' Bernard, Serm. Fr. mss. p. 135, dans son lalin vinitor rerum.) (1) Le mot 86 trouve aussi dans Berte aux grans pies. (n. e.) - (2) Âdunimentum. AU — aso — AU Aûner, verbe. Réunir, joindre, assembler; — Embrasser. Du latin adunare suivant le Gloss. du Rom. de la Rose, au mot aduner et suppl. Au sens propre et littéral, c'est mettre en un. (Voy. le Dict. de Cotgrave, au mot aiiner,) On a dit 4iûner ses osîs, pour assembler son armée. (Voy. le €16ss. du P. Martene.) Bateaux, cbalans, nefs aùna. Rom. de Brut, MS. fol. T2, R* col. 8. Quant les eut ensemble avenez (1) Le bel Âdonys en fut aez. Rom. de la Rose, vers 22181-23122. En tout ce peut on pecber Trop longuement jeûner Trop de aeUeux aduner. Rom. de U Rose, vers 17881-17883. Convoitise est entre nous trop commune Despitez est qui grant avoir n'aùne. Poâi. MSS. d'Eust. Dosch. fol. 288. col. 1. (Voy. Britton, des Loix d'Angleterre, fol. 35, et l'Hisl. de S'* Léocade, ms. de S» Germ, fol. 32, R'.) On a dit aûner pour embi^asser, La feme tint Tome por fol et por musart Qui bien Vaime et aûncy et atret à sa part. Tant c'on a doner, les lobe par son art ; Et quant n'a mais que penre, sel commande à la bart. Chastie-Musart. MS. do S. Germ. foi. 106. V- col. 2. VARIANTES * AUNER. Rom. de Brut, MS.Vol. 72. R*. Aduner. Glose, de THist. de Paris. AvENER (cor. AuNER.) Rom. de la Rose. AuNiR. Dict. de Cotgrave. Auner, verbe. Frapper avec un bâton. Ce verbe est formé du substantif aïoie, sorte de bâton qui sert à mesurer. Foubert tantost un baston prent, Vert et gresle tel come une aune Le Duc en flert, et bat, et aune. Ëstrubert. Fabl. MS. du R. n* 7990, p. 41. Auniaus, suhst. maso, plur. Aulnes, espèces d*arbres. les auniaus. Les comiUiers, et les franiaux. Po«8. MSS.'de Froisstrt, p. 277, col. 2. Aunoir, subst. masc. Paire, couple. Ce mot paroit pris en ce sens dans le passage suivant : « Quiconque trespasse par Bourges, quel- « ques denrées que ce soit, soit blé ou vin, draps, « ou aiinoir de porcs, ou toutes autres manières de « marchandises, il doibl du cheval chargié un denier a Parisis. • (La Thaumassière, Coul. de Berry, p. 332.) Aunois (2), subst, masc. et fém. Lieu planté d'aulnes. (Voy. le Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis.) . VARIANTES : AUNOIS. Gloss. sur la Coût, de Beauvoisis. AuNOi. Cbron. du xiii» siècle, MS. Boub. cb. lui, fol. 388. * AuLNAY. Menestrier^ Ornemens des Armoiries, p. 451. AusNAi. Cbasse de Gaston Pbebus, MS. p. 968. AuLNOis. Poës. MSS. d*Eu8t. Descbamps. foL 933, coL 3. AusNoi. Poët. MS. du Vat. n« 1480, fd. i6i. AuLNAiE, AUNETTE. Du Gange, Glossaire latin, aux mots Alneta et Alnidus. Auparager, verbe. Anoblir. Ce mot est employé avec cette signification dans les vers suivants : Denier fit vinde meson, plaine, Denier taint escarlate en graine. Denier auparage vilaine. Fabi. lis. da R. n* 7918. fol. 187. R* od. I. Auprès, adverbe. Auprès. Cet adverbe « formé a de l'article au et de la préposition /tt^s, comme « au reste, feroit croire que le mot de près avoit « esté autrefois en usage comme adjectif» de mesme « que loin Test aujourd'hui. » (Grammaire de l'abbé Régnier.) Auprès a été aussi employé pour : « à peu près « autant. » C'est ainsi que ce mot est expliqué à la marge du passage suivant : « Sa présence et auto- « rite ouvra (opéra, produisit) si non tant, auprès « que feroit celle du dit sieur de Gurce. > (Lettres de Louis XII, T. IV, p. 42.] Mais cette expression sera peut-être mieux rendue par au prix; c'est certainement sa vraie signification dans cet autre passage: « Ils ne sont rien au/>r^ de vous. » (Le Jouvencel, ms. p. 141.) Auquaise, adj. au fém. Ce mot est employé pour exprimer une difformité de la bouche. Auquelier, subst. masc. Arbuste ou plante qui produit l'auquelie. Et tout au lonc maint violier Auquelier et marioUer Sus Terbette. Poes. MSS. da FroiMart. p. 4S. eol. 1 VARIANTES ! AUQUEIJER. Pocs. MSS. de Froissart, p. 45, coL 1 AUQUELUER. Ibid. p. 23, col. 2. Auqueton (3), subst. masc. Espèce de chemise courte. (Voyez le Dict. de Borel , au mot Hogueton.) Ce mot s'est dit aussi pour casaque. Favin, dans son Théâtre d'honneur (T. ï, p. 94,) dit que « Vau- * quetou éloit comme un corps de femme contre- « pointé, il se mettoit sur la chair nue de celuy qui o devoit être reçu chevalier. »• La Colombière con- firme celte explication; il dit, en parlant de la réception d'un chevalier: « l'un luy mettoit sur la « chair nue un gauluson ou auqueton, autrement « hogueton^ c'estoit comme un corps de cotte de « femme contrepointé ; et pardessus iceluy l'on luy « mettoit une chemise de gaze ou de Hne toile. > (La Colombière, Théâtre d*honneur, T. I, p. 572.) Dans Mathieu de Coucy, Hist. de Charles Vil, p. 594, on trouve auctons ethoctons pour casaque d'archer. (1) u faut lire auriez au lieu d*avenez. — (2) On trouve dans Froissart cette forme masculine au tomo X. 1S4, XIY, 908 (éd. Kervyn) ; elle correspond à aunoie, aujourd'hui aunaie, et est encore employée comme nom de lieu. (s. b.) — (3) La chanson d'Huon de Bordeaux au Nord, le poème de la Guerre des Albigeois (xiii* siècle) au Midi, mentionnent déjà Vawiuetony alcoto en provençal. C'était un justaucorps rembourré, un gambeson placé entre la peau et le haubert. Il dut son nom à la ouate de coton dont il était pique. Les gentilshommes de la manche et de la prévôté portaient encore le hoqtieum en 1789. (n. e.) AU - S21 - AU Voici le portrait d'un jeune chevalier irès légère- ment ou simplement velu : En un jupel cort û'anqueton (alias alcoton) Porpoint a force de coton Remest sans plus, etc. Alfab.MS.fol. liS.R*col. i. Tel est le sens de ces vers: « avec un jupon court « ou anqueton piqué de fort coton, il estoit sans « rien de plus: un manteau fourré de gris fut ensuite « mis au col du chevalier. » VARIANTES : AUQUETON. Hist. de B. Du Guesclin, par Ménard, p. 858. AcoTON et Anquetot. Anqueton et Alcoton. Athis, MS. cité plus haut. AuGTON. Mathieu de Coucy, Histoire de Charles Vit, p. 503. Haucqueton, Hocqueton, Hocton^Hoqueton, Oqubton, HOCTONS. Auç[uetoii, substmitif. Espèce d'étoffe semblable A celle dont étoient faits les auquetons ou les housses de piqûre rembourrées. Auraison, subst. fém. Oraison. (Voyez la Vie d'Isabelle à la suite de Joinville, p. 171.) Aurande, subst. fém. Sorte de fleur odorifé- rante. 11 faut peut-être lire lavande ou peut-être aurosne^ auroene, « Semez de roses, œillets, < marjolaine, aneth, aurande et autres fleurs • odorantes. » (Rabelais, T. IV, p. 2H.) Anre, subst. fém. Vent. (Voyez le Dict. d'Oudin, au mot Aure.) Quant la douce ew^e vente, Ki vient de cel doue pais Pierre Kin de la Coupole. Pocl. MSS. avant 1300. T. III. p. 1086. VARIANTES * AURE. Fabl MSS. du R. n» 7218, Vol. 8, Ro col. 1. EURK. Poêi. MSS. avant 1300, T. 111, p. 1086. Aure de grâce. Exclamation dans le patois de Languedoc, suivant Le Ducbat sur Rabelais. (T. III, p. Î274, note!.) Aurea alexandrina , subst. fém. Sorte de drogue. Elle servoit dans la fauconnerie pour guérir les oiseaux malades. « Vrenésie aurea alexandrina, < environ la grosseur de deux pois cbiches. » (Arteloque, Fauconnerie, fol. 95, R".) VARIANTES : AUREA ALEXANDRINA. Arteloque, Faucon, fol. 96, R». AUREAU ALEXANDUINE. FouillOUX, FaUCOU. fol. 71, V«. Aurecq, subst. masc. Nom de lieu. Surnommé en latin aquosus, opposé à un autre nommé le sec, et appelé ly aurecq dans le cartulaire de Corbie. Aureille, subst. fém. Oreille. (Voyez le Dict. de Robert Estienne, au mot Aureille.) Remarquons les locutions suivantes: 1" Aureille de Judas. C'est un champignon, appro- chant de la ligure de Toreille de l'homme, qui croit sur les vieux sureaux. Ce surnom lui est donné parce qu'on prétend que Judî^s se pendit à un arbre de cette espèce. « Sallades cent aiversilez, de cresson, c de obeton de responses, i*aureilles de Judas; « c'est une forme de funges issans de vieulx « sureaulx. » (Rabelais, T. IV, p. 253.) u. 2* Vin à une aureille, c'est-à-dire vin excellent, par allusion au mouvement que les buveurs font en f)enchant la tête d^un seul côté, quand ils trouvent e vin bon. (Voyez Rabelais, T. V, p. 216.) 3" Vestomach affamé n'a point (Taureil les. Façon de parler pour dire que quand on a bien faim, on n'est pas disposé à écouter des propos. (Voyez Rabelais, T. IV, p. 269. -Le Duchat, ibid. note 10.) 4* Dormir sur toutes les deux aureilles, pour dormir profondément. Nous disons dormir sur l'une et l'autre oreille, (Contes d'Eulrapel, p. 242.) 5" Aureilles seront courtes et rares en Gascogne, plus que de coustume, c'est-à-dire plus communé- ment encore que par le passé ; tel Gascon n'aura qu'une oreille qui souvent même se trouvera rognée. (Le Duchat sur Rabelais, Pronost. T. V,p. 7, note i.) 6" Aureilles adoublieres, pour oreilles fausses, trompeuses. (Perceforest, Vol. VI, fol. 72, V^coLl.) 7** Aureilles de Bourbonnois. Expression passée en proverbe, pour dire de longues oreilles. (Voyez Le Duchat sur Rabelais, T. II, p. 10.) VARIANTES : AUREILLE. Dict. de Robert EsUenne. Arbillb. Dict. de Cotgrave. Aureille, adj. Qui a des oreilles. On trouve ce mot dans quelques auteurs pour épithèle de sot et de chêne : celle-ci, à cause des fourches qu'on voit aux vieux chênes ; et celle-là, à cause des cornes "ou oreilles qu'on mettoit aux fous. (Voyez Epi thètes de Martin de la Porle.) On lit dans Rémi Belleau : Les tronches aurillés Des vieux chesnes branchus. Poét. de Rémi Belleatt. T. I. fol. Si. V*. VARIANTES : AUREILLE. Epithètes de Martin de la Porte. AURILLÊ. Poês. de Rémi ReUeau, T. 1, loi. 32, V«. Aurelllette, subst. fém. Diminutif d'oreille. — Partie du chaperon. Ce mot est pris, dans le premier sens, au propre par Des Accords, Bigarrures, fol. J37, V». Au figuré, on donnoit ce nom à une partie du chaperon qui en formoit comme les oreilles. « Les « aureillettes étoient une dépendance du chaperon « que les femmes portoient en France dans le « seizième siècle. > (I^e Duchat sur Rabelais, T. I, p. 77, note 3.) Aureln, adj. Qui est d'or. (J. Le Maire, lUuslr. des Gaules, Liv. I, p. 70.) Aureine, subst. fém. Médaille d'or. Ce mot désignoit une sorte d écusson ou de médaille d'or. Dans les vers suivants, c'est la marque de Tordre de la Toison d'Or : Trois bons bergers portant une aureine A leur poitrine, ung mouton de Colchos, Sont assemblés, en frontière flandrine. Moîinel.p. 130. Aurelot, subst. masc. Un coup sur l'oreille. C'est le sens que paroit avoir, dans les vers sui- vans, le mot aurelot, d*où s'est peut-être formé notre mot horion : 41 AU — 322 — AU Si uns le ûert d'ung aarelot £t 11 autre d'un aurelot: Ore est raison crti'il se deffenge. Poêt. MSS. avant 1300, T. IV, p. tSftS. Aurentln, subst. masc. Nom de pays. II faat peut-êlre lire Àvrencin. Et si donna à l'Ospital . Une ville qu'ot en uns val» En Aurentin s'ot non. Pb. Mooaket, IIS. p. 481. Auréole triomphale, locution. « couronne « lumineuse, rayon de gloire en ligne de triomphe. » (J. le Maire, Couronne Margaritique, p. 20.) Aurer, verbe. Guetter. « Speeulari^ ensercher, « agaitier. » (Glossaire du P. Labbe, p. 526.) Aureues, subst. masc. Evreux. Nom â*une ville de iNormandie. (G. Guiart, ms. fol. 40, Rv) Aurichalque, subst. Espèce de métal. « Pala- « frenières de Pbebus establirent les quatre mer- « veilleux chevaux au freinz dorez de leur Seigneur, « ayans les crins recercellez et rutilans de iin or, « à Tongie des piedz d'un métal nommé aurichal- « que en lieu de corne. » (J. le Maire, Illustr. des Gaules, Liv. I, p. 92.) Auriex, subst. masc. Le mois d'avril. Le très douz mois, et auriex. Adam li Bocoa, Pofit IISS. atant 1300. T. IV, p. 1400. Aurigateur, subst. masc. Cocher. Du latin auriga. Aurige,stt6s^fna5C. Cocher. (Voyez Aurigateur.) Aurillage, subst. masc. Droit Seigneurial. Le même qn'abeillage. « Borel et Chrestien du Burau « ont Vaurillerie par tote la forest de Burçai et de « Cloipas et poent prendre les ées en cette ma- « nière; ....se les ées sont encrons de chesne, etc. » (Du Gange, Glossaire latin, au mot Apicularii.) C'est aussi « le profit des ruches des mouches à « miel qui appartient au Seigneur ou au Roi comme « en Provence. » (Laur. Glossaire du Dr. Fr.] Ce mot ne seroit-il point une corruption aaveil- lage, formé d^aveille, pour abeille? En lisant, on auroit pu prendre Te pour unr. Peut-être aussi on a pu faire venir avrillage du mot avril, parce que c'est entre avril et mai que les essaims sortent de leurs ruches. VARIANTES .' AURILLAGE. Colgrave, Dict. AuRiLAGE. Mém. de SuUy, T. X, p. 228. AURISLAQB. Cotgr. Dict. Laur. Gloss. du Dr. Fr. AuRiLLERiE (8. f.) Du Gange, Gloss. lat. au mot Apicularii. Aurilleur, subs^ masc. Ce mot, formé i'au- rillage, signifie celui qui jouit de ce droit. « Se il trovent aucun emblanl ées (1) en la fo- « rest, cil qui i seront trové, feront au Seignor « soixante sols Cen. d'amende et li aurilleor « auront lor ées. » (Du Gange, Glossaire latin^ au moi Apicularii.) AURILLEOR. TARIAMTE Aurilleus adj. Ce qui est du mois d'avril. — Doux, joli. Pour désigner le tems du mois d'avril, onra dit tempus aurieus, c'est-à-dire le temps d'avril, le beau temps, dans les chansons de N. D. au us. du Valic. n» 1490, fol. 120, R*. Li dous tens avrilleuê. Raoal de BiaaTét, PoèC. MSS. auDl iSOO. T. H. p. «7t. De là et par allusion à la saison agréable du mois d'avril, du printems, on a employé le ipot àurillou^, pour signifier agréable, doux, joli ; et c'est peut-être dans ce sens qu'il a servi d*epitbète au rossignol, parce que cet oiseau chante en avril. Ll rossignoles aurillouœ. iVill. U Viiiiers. Poél. MSS. vxmA laOO, T. H. p. 8ip. Mais ce mot a signifié seulement agréjabte» jolî, doux dans l'expression suivante : La regine aurillouse. PoéL MSS. aTMit laoO, T. IV, p. MH. VARIANTES : AURILLEUS. Poes. MSS. avant 1300. T. If, p. 671. AURiEUS. Poët. MSS. du Vatic. n« 1490, fol. 190. AvRiLLOUSE (au fém.) Poêt. MSS. aTant 1300, T. IV, n. Itt7. AvRiLLOUX. ViU. u Viuier, Poët. MSS.aY.iâQQ,T. urp.8ltt. Auripeaulx, subst. mMC. plur. Maladie de l'oreille. Mot de l'Anjou, où il signifie ce mal d'oreille qu'on appelle orillons à Paris. (Ce Ducbat sur Rabelais, T. I, p. 252, note 15.) VARIAI«iTES : AURIPEAULX. Rabelais, T. I, p. 253. AuRiPEAUX. Dict. de Colgrave. Auripelade, subst. masc. Richement accompa- gnée. Motgascon, qui signifie « accompagnée conupe « d'une pellicule d'or, » suivant Borel dans son Dict. où, au mot Marelle, il cite les deux vers suivans: Une piUule de science, il unpe/ade d'éloquence. Aurora^ subst. fém. L'aurore. C'est le mot latin qui se trouve employé comme françois dané le Triomphe des neuf Preux, p. 256, col. I. Aurorin, adj. Qui ressemble à l'aurore. Qui a la couleur, la fraîcheur de l'aurore; éclatant, brillant comme Taurore, dans les vers suivans : Teint aurorin. Po)W. de Lojt ]« Gant», fol. SO. Dessoulz les loix de Vaurorinê astrée. Ibid. fol. ». R*. Aurosne, subst. fém. Aurone(2). Plante qui ap- *oche de l'absinthe par son port. VARIANTES : AUROSNE, Valois, Notice, p. 211, coL 1. AUROESNE. Dict. de Cotgrave. Aus, pronom plur. Eux. (Voy. le Dict. de Borel.) « Se aucuns vient devant aus et muet question de « marchié qu'il ait fait. » (Ordon. des Rois de France, T. l, p. 408.) proche <1) Abeilles. - (2) Vient du grec dS^wo^. (n. k.) AU — 323 - AU TARTANTES : AUS. Poêt. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1328. Aux. Villehardouin, p. 6. Ax. Fobl. MSS. de S« Gertn. fol. 5, R« col. 3. Ayus. Assises de Jérusalem, p. 87. Aus, article. Des. — Dans les. On employoit Suelquefois Farlicle aux pour des , c'est-à-dire le atif pour le ç:éniiif. « Par Taccort et par li conseil « atis autres Barons. » (Villehardouin, p. 55.) Àus^éié employé pour dam les. (Voy. Nuicta de S'traparole, T. I, p. 98.) YARIANTES : AUS. VUlehardonin, p. 55. Aux. Nuits de Straparole, T. I, p. 98. Ans, adv. Peu à peu. On a dit atiq dans le même sens. Ausels, subst. masc. plur. Oiseaux. Mot languedocien. (Voy. le Dlct. de Borel, aux mots «argaillot et' glauper,) On dit, en Picardie et en lormandie, oisels pour oiseaux^ et au singulier ùisel pour oiseau. Ansez, participe. Avancé, ou qtii ose s'avancer. €e mot est employé en ce sens dans les vers suivans : Ainz qu'il soit sor lui auses, li Damoiseax s'est si hastez^ Si est saillis sor le destrier. Fbira et Buncliellor. MS. de S. Germ. fol. 497. R* col. 1. Aiisine, subst. masc. Chêne vert. Mot langue- docien. Auskl. (Lisez Aus-Ri), pronom. A ceux qui. Ausner, verbe. Mesurer à Taune. liiez qjïausner ne sevent drapier. G. Guitft. MS. fol. 1». n*. Ausquleux pronom. Auxquels. (Voy. les Ordon. des Rois de France, T. I, p. 5^1.) VARIANTES : AUSQUIEUX. Ord. des Rois de France, T. I, p. 521 , af t. vin. AA78QUIEX. Ibid. p. 80, art. vi. Aussal, subst. masc. L'Alsace. Nom de pays. Tout cil qui son jusqu'en Ausgai. Pies. MSS. de Frotosart. Moult -en i vint devers Ausai. Ph. Moockes. MS. VARIANTES : AUSSAI. Froissart, Poës. MSS. p. 4. col. i, Aucois. Chron. Fr. MS. de Nantis, an 386. Ausai. Ph. Mouskes, MS. p. 295. AUSSAis. Froissart, L. IV, p. 122, an 1994. AussAT. Eust. Deschamps, Poês. MSS. fol. 954, col. 2. Aussois. Monstrelet, Vol. II, fol. 158, R*. Auxois. Le Jouvencel, MS. p. 637. Anssiau. Mot languedocien qui pareil signifier iuoient dans la Chronique ms. de Montpellier, citée par Du Gange, Gloss. lat. au mot Vaccarius (1). Aussun, subst. masc. Nom propre d'homme. Brantôme cite ce proverbe: « Hardiesse d'ii^ssun. > (Brant. Cap. Fr. T. II, p. 217.) C'étoit un proverbe auquel avoit donné lieu le Seigneur d^Aussuny célèbre par sa bravoure. Austades, subst. fém. Espèce de serge. (Voyez les Ordonnances des Rois de France, T. II, p. 383.) Austant que, adv. Autant de. « Ausiant que « picques, que hacquebustes. » C'est-à-dire autant de piques que d'arquebuses. (Voy. les Lettres de Louis XII, page 49.) Austarde, subst. fém. Outarde. Sorte d'oiseau. (Voyez le Dictionnaire de Nicot, au mot Austarde.) VARIANTES I AUSTARDE. Dictionnaire de Nicot. OSTARDE... Auster, substantif masculin. Vent du midi. (Voy. les Dictionnaires d'Oudin et de Cotgrave, an mot Austre.) « Auster.^ espèce de vent. Laquelle « nieble bruineuse est aucunes fois amenée par le « vent iws/er sur la crnppe des hautes montagnes. ■ (J. le Maire, Illuslr. des Gaules, livre II, p. 226.) Ce fut tout droit au temps d*esté Quant temps ù*a\Mter est en saison. HIst. dot Troi» Martes, en tera. MS. p. iiO. Gom les flots font plungier la nasseUe, Par le tempest, et par le soufllement De bise, austère, et saleme en sèment. Poés. MSS. d*Eiiit. Desch. fol. 00, eol. 3. VARIANTES * AUSTER. Hist. des Trois Maries, MS. page 110. Austère. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. w), col. 3. AusTRA. Navig. d'Emer. Vesp. fol. 1, R*. Austre. Dictionnaire de Cotgrave et d'Oudin. AusTRiE. Dictionnaire d*Oudm. Austère, adj. Dur, sévère, rigide. « Chastel du « comté de Ventadour en Auvergne, lequel fut « vendu, et trahi à un Breton le plus cruel, et « atis/^r^ de tous les autres. » (Froissart, livre II, page 51.) Austérité, subst. fém. Rigueur, peine, souf- france. — Force, vigueur. Dans le premier sens, Melin de Saint-Gelais dit : Je n*ay douceur qu'en dormant, et en songe, Et en veillant, je n'ay qa^austénté. Melln de Saint-Gdab. pe^ lao. Austérité, dans ce passage, est employé pour force, vigueur. « En Tost de Gesar estoient aucuns « marchans qui dirent aux Romains la contenance < et fierté de leurs ennemis, leur grandeur, et « austérité de corps. » (Triomphe des IX Preux, page 30.) Austraçois, subst. masc. plur. Les Austrasiens. < Quantité de gens de guerre, tant d'Anglois, Aus- fi) Voici la citation complète : c Item aquel an meteis se mogron autra manieira de gens que se appellavon Vaquiers, e ▼olian passer et anssiau e casanou los mesels. > Traduction: c Ce môme an, se murent autre espèce de gens qui s'appelaient Vachers, et voulaient passer et chassaient (?) de leucs boutiques les bouchers. » Me faut-ii pas rapprocher c^ mot du verbe ausser, employé par Froissart (Kervyn, XIV, 306), et qu*a omis Buchon : f Tant en but et à tel outrage que le Min (sang) du corps luy refiroida, et commença à ausser et à entrer en foiblesse de poplisie. » (n. b.) AU — 324 — AU « trelim, Flamans, Picards, et aiiUres. » (Chroni- que scandaleuse de Louis XI, an 1170, p. i72.) Par orgueU Anerent Gregois,... Par chelis le Règne austraçois. Eusl. Desch. Poe». MSS. fol. 211, col. 4. VARIANTES : AUSTR.VÇOIS. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 244, col. 4. AusTRELiNS. Cbron. scand. 'de Louis XI, t>age 172. AustraSy adj. Australe. La terre aiish-as délicieuse. Poéf. MSS. d'Eust. Desch. fol. 537. col. S. Austriche, subst. fém. Autruche. (Voyez les Epith. de Martin de la Porte.) C'est une laute pour austruche. Austrin, adj. Vent du Midi. (Voyez les Diction- naires d'Oudin et de Cotgrave.) AustrucierSy subst, masc.plur. Ceux qui chas- sent à l'autour. H faut peut-être lire austrussiers dans le passage suivant : « Les austrtilliers, fau- « conniers et chasseurs. » (Brant. Cap. fr. T. III, page 335.) VARIANTES : AUSTRUCIERS. Gace de la Digne, MS. fol. 125, R». ÂSTRUCiERs. Gace de la Digne, MS. fol. 11, R». AuTRUCiER. Ibid. fol. 12, R: AuTOURsiER et AuTOURSiERS. Autourserlo de G. Luzancy, chapitre I, fol. 1. Aususer, verbe. Exhausser, exalter, élever. « Pour ceu que tu as esteis feaules, sur petites « coses, je Vausureray sus grans coses. « Bulle d'Alberon, évesque de Metz de Tan 910, citée dans la préface du Dict. de Borel qui le traduit par « je te « constituerai sur beaucoup. » C'est le latin de l'Evangile supra multa te constituam. Autan, subst, masc. Nous disons encore les autans. Ce sont les vents que Pline nomme en latin Altanos. VARIANTES ." AUTAN. Salnove, Vénerie, page 148. AdTANT. Ibid. page 191. Autansions, subst. fém, plur. Intentions. Il faut lire antansions : Or nos dites, se vos savés, Keis est la lor autatmons. Pocl MSS avant 1300. T. IV, p. 1063. Autant, adv. Nous remarquerons les façons d'employer cet adverbe qui subsiste : 1" Pas n'en eut voulu autant pour une cité. (Gérard de Nevers, 2* part. p. 92.) L'éditeur Texpli- que : « Ne Tauroit pas donné pour la valeur d'une « ville. » 2' Plus d'autant et demi, c'est-à-dire la moitié plus : « Il y avoit grand foison de bannières, et de « pennons, et estoyent par semblant, ;?/ms ^autant • et demi qu'ils no" furent. » (Froissart, livre I, page 271.) 3» Autant quant, c'est-à-dire, autant les uns comme les autres, autant d'un côté que de l'autre, à nombre égal. Demain peut assater Normanz Ou ost contre ost, autant quant, Rom. de Rom» IIS. p. ttO. 40 Al tant cum. Dans S* Bernard, Serm. fr. mss. pa^e 358, on lit : « Nazareth valt al tant cum flors « de la racine de JcfTé. » Dans le latin « Nazareth « interprelatur flos de radiée Jeflfe. » Altretant au même sens. (Ibid. p. 14.) VARIANTES : ALTANT CUM. Altrbt vnt. Marbodus, col. 1670. S* Bem. S. fr. If SS. p. 14. Autel, adj. Semblable, tel, pareil. (Voyez les Dict. de Borel.) « Leur respondit autelle, et sem- « blable response. » (Joinville, page 67.) On a employé autretel avec la même signiHcation. (Duchesne, Gen. de Béthune^ p. 101.) On a dit autel pour autel, pour dire tel pour tel dans J. de- Saintré. « Jour autel comme quant, > c'est-ùndire à pareil jour que « celui jour estoit de Pasques, « âu^e/ com?^^^ûrt/an/ nostre Seigneur ressuscita. » (Histoire de B. du Guesclin, par Ménard, page 205.) VARIANTES : AUTEL. Glossaire de niistoire de Paris. AuTicux. (plur.) Poët. MSS. du VaUc. n« 15^, fol. 186. Autretel. Marbodus, col. 1642. Autel, adv. Pareillement, de même, ainsi. Non pas autel Teray. « Poês. MSS. d'BasL D«Mh. fol. <14, eol. S. Autel, subst, masc. Autel, église. « Les mots « A'autel et d'église sont des termes dont la dis- « tinction fut inventée par les laïques usurpateurs « des dismes des églises. » (Félibien, Histoire de l'abbaie de S» Denis, p. 125.) On voit que ces mots avoienl la même signification en 1095, à en juger par la citation suivante tirée du concilô de Cler- mont, rapportée par Du Gange, Gloss. lat. au mot Altare : « Ecclesia quœ vulgari vocabulo apud eos « Galles altaria nuncupatur. • Qui autel sert d'autel doit vivre. ProY. dani les Prov. du Vilain, MS. de S' Gorm. fol. 75. Voici des citations où ce mot est employé : « La « construction de Yaultier et l'immolatioa des sa- « criflces. » (Nef des Dames, fol. 25^ V\) « On leur « monstra crucifix et aw/Wers. » (Faifeu, page 96.) « Sur le grant auter de l'église de Saint Bénigne « de Dijon. » (Ordonn. des Rois de Fr. T. V, p. 239.) Au temple viennent, si descendent Lor droiture à Vatei' rendent. Athis, MS. fol. 5û. V col. 9. VARIAiNTES .' AUTEL. Orthographe subsist. Alteit. S> Bern. Serm. fr. MSS. p. 151, dans le lat Altaria. Hautel. Etat des ofAciers du D. de Bourg, page 86. AUTER. Ordonnance des R. de Fr. T. V, pa^e ^9. AuTiER. Glossaire sur les Coût, de Beauvoisis. AuLTiER. Faifeu. AuTEUS. (plur.) Phil. Mouskes, MS. page 2S4 et suivantes. AUTEX. Fabl. MS. du R n«> 7218, fol. 1^, R» coL 1. AuTiEULX. (plur.) Glossaire du Rom. de la Rose. Ater et AUTEL. Athls, MS. fol. 55, V» col. 2. Autelet, subst. masc. Diminutif d'autel. (Voyez les Bergeries de RemiBelleau, T. I, p. 7.) Auteneaux, subst. masc. plur. Espèce de pois- sous. « Aucuns ne prendent bccqueteaux du lourt AU -■' « de l'eauwe, s'il n'a douze pouchs ou plus ; ven- ■ doises cinq pouchs, braismeaux sept pouchs, ■ auteneàux , huyt pouchs. ■ (Coustume de llaynauit, au Coutumier Général, T.'l. p. 813.) Autenticque, adj. Authentique, célèbre, consi- déré, notable. L'auteur du Glossaire du Roman de la Rose explique ce mot par magnîllques, éclatantes, brillantes, dans le vers 67 de ce Roman : c'est une fausse indication. ■ La viudrent les plus notables ■ hommes, et les plus au/en/içuesdes bonnes villes ■ de Flandres, en grand EsUl et puissant. • [Frois- sarl, livre I, page 16;i.)(l) . Deux conjoincts par • mariage ne se peuvent, par disposition d'entre - vifs, ou Eestainentaire, ou autrement, advyncer ■ l'un l'autre, directement ou indirectement, ay les ■ réserves, et stipulations auiempCicles faites au «■ contraire sortir elTect. • (Coul. de Lessines, au Nouv. Coul. Gén. T. Il, page '215.) Le Roi écrivant S ses ministres, pour la paix deVervinsen 1598; leur mande, en parlant des articles dont on vouloit une expédition auUientiquc : • mais prenez garde que • surce inut au/Zienf^gue, el en la forme aceoutu- <• mée, ils ne pussent prétendre qu'ils soient • vérifiez et omologuez au Parlement. » (Mém. de Bellièvre et de Sillery, T. I, page 120.) On disoit autenticque pour accrédité, considéré. Froissart, parlant de la mort injuste que subit Jean Desmarelsenl382, dit: « On l'avoit toujours veu • homme de grand prudence, et de bon conseil, et « avoit toujours esté l'un des greigneurs auctenti- • ques en Parlement, sur tous autres. • (Froissart, livre II, page 233.) On disoit aussi aufanfJic^u^ pour rendu authenti- que, autorisé. Collation faite ausdites coustumes ■ non signez, ny autantticquez et neantmoins en ■ bonne forme. • (iNouv. Goût. Gén. T. I, p. 405.) VARIANTES : AUTENTICQUE. Beaumanoir, page 16. J^UCTE.NTIQUB. Proîssarl, livre II, page 233. .^UTANTTicQUE. Nouv. Coul. géo. T. 1, pag« K&. AuTEMPTicLE. Ibid. T. II, page S15. AUTENTiQUE. EuBt. QeBcb. PoêB. MSS. fol. 470, col. 3. ÂtrTHENTIQUE. Orthographe sulisist. Autenticque, subst. masc. et fém. Autorité, vérité reconnue, axiome (2). Pour ce avons nous nng aulenlicque Qui en deffinit sainement. CoquIlUn, p. li. c'est une cafcniiiiue : Tout se pert, le monde, et l égLse. Poô. IISS. d'Eul. Dndi. toi. S», col. 1 . &— AU ble, excellemment (3). • Dedans la dicte chasse de marbre, est enclose une autre petite d'at^nt* ■ auteatiquement ouvrée. • (Annales da Louis XII de 1502, page 116.) AuteDtlquer, verbe. Rendre authentique, ren- dre public. (Voyez le Dictionnaire d'Oudin et le' Coût. gén. T. II, page 980.) AutborUable, adj. Qui peut servir d'autorité. Brantôme emploie ce mot, en ce sens, au passage suivant: • Sur quoy j'allegueray un exemple plai- ' sant, non pourtant qu'il doiveestreau^Âortja&/f. * [Brantôme, J)ames gall. T. II, p. 207.) Authrice, subst. fém. Le féminin d'auteur. (Voyez le Dictionnaire de Cotgrave.) VABIAME : AUTRICE. Du partait amour. Autoçraplie, subst. masc. Ecrit original, écrit de la main de l'auteur. Ménage, dans ses remar- ques sur la Langue, page 280, prétend qu'il faut prononcer aftographe. Autom, subst. masc. Automne. (Voy. lesDict.de Nicot et de Cotgrave.) VARIANTES : AUTOSI. Dict. de Nicot. AUTEtOMPNE. Eust. Desch. Foës. MSS. fol. 29, col. 3. AuTUMNK. Glossaire du P. Labbe. Automates, adj. Ce mot subsiste, mais comme substantif. Ménage, dans- ses remarques sur la langue, prétend qu'il faut prononcer aftornates. On trouve automate comme adjectif dans Rabelais» . Carff., !, 24. Engeins automates; c'est-à-dire ma- chines automates. Automnal, adj. Qui est propre à l'automne. (Voyez les Dictionnaires d'Oudin et de Cotgrave.) On trouve au pluriel automnaux, pour épithète de fruits, dans les épiUiètes de Martin de la Porte. VARIANTES : AUTOMNAL. Dictionnaire d'Oudin et de CotBrav& - AUTOUNEL. Dictionnaire de Cotgrave. Auton, subst. masc. Autan, vent du midi, l'impétueuBâ haleine D'Aulon qui la pluie ameine. Poil. d'Aiulii Imdju, fol. 01, V. Autorizé, participe. Privilégié, Bien dcust pie^a eatre par droit canonisé Serviz et honoré et plus autorizi et auctorviei. Gtt. ik Roudloa, 119. i>. «R. AUTORIZË, ACTORiziEZ. Autour, préposition. En dedans. Ce mot qui ne s'emploie que pour signiller cequi est autour de AuTENTiQOE. Eoat. Desch. Poës. MSS. fol. 337, col. 1. Autentiquement, adv. D'une fafon reraarqua- (1) On lit encore dans lo même sens, au tome XIII de l'édition Eervya, p. 141 : f Paris, qui ml le cbief et U plus autentùjue citA du roiaulme de France. > La mot se trouve aussi dans l'acception moderne au tome %l, p. 903 : ■ Dapnit l'enqueste Isitte, bien sceu qu'elle eust esté ventiû>le et aulenlique. t Le mot étiût déjà emplové au Xiu* siècle dan* Beau manoir et le Romande la Rose. (n. e.) - râ) Les aiUheniiquet désignent aussi la version latine des Nov elles de Jusllnien, nommées par les glosaateurs Corpv» Àuthenticaram, ainsi que leurs extraits insérés aux Codes do Justinien : I Si voua avas besoin de lois et de lubriquea. Je sais le Code entier avec les aui/isntiguaa. > (Coni. Menteur, }, 6.) (n. e.) — . (3) IL a aussile sens d'expressément, soigneusement: (EnsitoBesMlleraiit (J. le Maire, Illustr. des 6aules> livre I, page 110.) Autre endroit, adv. A Tenvers. (Voyez une citation dans Du Cange, Glossaire latin, au mot Timt{?a2, col. 1341.) Autrefois, adv. Une seconde fois. Ma coulpe une fois, autrefois et fierce fois. (Bou- teiller, Som. rur. p. 873.) Ce mot s'entendoit aussi dans le sens qui subsiste. On disoH aussi à Y autre- fois pour une autre fois. (Ordonn, des R. de Fr. T. I, p. 671 ; et autrefois pour aucune fois. — Ibid. page 774.) YARIAWTES '. AUTREFOIS. Orthographe subsist. AuTRESFOis. Froissart, livre III, page 106. Autreget. Mot gascon qui signifie ordonna, octroya, enjoignit, dans une citation rapportée par Du Cange, Glossaire latin, au mot Vassalattcum, col. 1433. Autre hier, adv. Avant-hier et Tautre jour, comme on le dit familièrement : Parla Vautre hyer au Roy, et si très bandement Ly Sire a son garçon n'eseroit pas tant dire Con Girart dit au Roy, et toujours ea grand ire. Ger. de RoutsiUon, MS. page 33. Les Italiens disent altrohieri dans ce sens. On employoit aussi le mot autrehier d*une fa^on plus générale pour ci-devant. (Voyez le Glossaire de Marot.) Il en est de même de rexpressioa « autre jour d hier. » VARIANTES ! AUTREHIER. Glossaire de Marot. AuTREHYER. Ger. de RoussiUon, MS. oité ci-aDrès. AuTRiER. Poêt. MS. avant 1900, T. lU, page ifSO. Atribr (r.) Athis, MS. fol. 24, R« col. 9. AUTREJOunD*HiBR. La Colomb. Théat. d'honn. T. R, p. 430. Autrement, adv. D'ailleurs ou assez. — Guères. Mot subsistant. Se trouve écrit altrement dans S* Bern. Serm. fr. mss. p. 721 et passim; dans le latin alioquin. Ce mot est mis pour d'ailleurs, oa assez, dans le passage suivant, où il s'agit de la manie des anti- quaires qui rassemblent « des testes sans oreilles, des « bus sans bras chose autrement \^ii^ à voir. » (Fauchet, Langue et Poës. fr. épitre, p. t.) Pour guères, on lit dans Join ville, ^. 80: « nnelui tenoit autrement compaignie (2). » VARIANTES l AUTREMENT, Altrement. Autrement venu, adj. Contrevenu. (Ordono. des R. de Fr. T. III, page 150.) . Autveplns y adverbe. Surplus. (Voyez Ordonn. des Rois de France, T. III, p. 54.) Autre que tel. Expression qui signifie tout autre, différent: « Vous ne povés pas faire les «r bommes autres que tels que IHeu les a fais^ » (Le Jouvencel, us. p. 402.) (4) On trouve^daas Froisssrt (1.1. XIII, 76) l'expression on par autre, bon an mal an : € An par oiihv, les^ Frères y ont bien et largement. entre cens et six-Tings qnenea de bon* yin. {H. s.) - (2) Autrement signiâe a«stl : c LM'Fâoarentias estoient venus à merchy au pape et autrement bien les P6roasins. > (jProissart, LL XIY, 3^.) (n. k.) n ioa. AU AUTBBOUATKL. FabL HS. du If. □• 7615, T. 1, fol. S& Autresfois vous. On a employé cette expres- sion au lieu de autre que vous. Autrestaat (1), adverbe. Autant. Nil ne béent rien oufrciiont, Comme il béent loial amont. FiU. lis. du R. n- 7il8, toi. £05, R- ool. Et jeûnent aulrelanl et plus que d'autres gens. 1. de liniiDi, Cm. vcr> ' ViniiSTES : AUTBESTANT. Chuee de GoBion Phébus, MS. p. 3G6. ÀLTRBTANT. MarboduB, col. 1670. AUTHETANT. PoëB. HSS. d'Euet. Desch. fol. 539, col. 3, AUTBETEKT. Itymer, T. I, p. 109, col. i et 2; lit.delSOS. Autrhom, subst. masc. Autre iiomme. Ce sont les deux mots réunis. (Voy. lu Citalion de Borel, au mol amesurats.) Au reste, ces sortes de réunions sont fréquentes dans nos anciens Poètes. Nous ne nous a£lreit;aons pas li rapporter tous les mots qui en résulLent, dès qu'il est Tacile de démêler ceux qui les composent. Autrou, subst. masc. Maître, seigneur. Mot breton. (Voy. Du Gange , Gloss. lat. au mol auctor.) Autmlj subst. masc. Les autres. Ce mot subsiste sous la première orthographe. On disoit autrefois par autrui main pour par la main d'autrui. [Beau- manoir, Coul. de Beauvoisis, p. 8.) > Tout a esté à • autruyet seraàaulruy. • Proverbe. C'est-à-dire : Tout a changé de maître et en changera encore. (Dict. de Cotgrave.) C'est dans le même sens qu'on lit dans les Poês. hss. d'Eust. Desch. fol. 2G0, col. 3 : Tout fu et tout sera autruy. Vautrui. C'est-à-dire ce qui appartient à autruy. Le monalre infâme d'envie A qui rien de ï'auiruy no plaise. Ménage, en commentant ces vers de Malherbe, observe que « le mot ou/»^ se met quelquefoisavec ■ l'article dédni, et alors il signifie le bien, et non ■ pas la personne ; mais cette façon dé parler est ■ du vieux temps. > (Uém. sur Malherbe, Liv. it, p. 421.] Vaui^elas a fait les mêmes remarques. On ecrivoit autrui estait pour dire: appartenoit à un autre. (Duchesne , Gén. de Bar-le-Duc , p. 32.) vinUNTEs ; AUTRUI, Orthograpbe subslst. AUTRur. Eust. DeBch, l'oës, HSS. fol. 360, col. 3. AUTW. Loix normandes, art. r- AU Antrnsse (S), subst. fém. Auirucbe. C'est une espèce d'oiseau. On lit plumet d'autrutse dans Petit Jean de Saintré, p, 189. Auve, subst. Pour les panneaux ou autre partie de la selle qui estoient faits de bois blanc. Poitras et ceoglee de rompues Et les auvea parmi fendues. Aibb, lis. bl. !(»,&- eri.l. Auve, subst- fém. Saindoux. Ainsi nommé k cause de sa blancheur, du latin albus. Auvent, subst. masc. Auvent. Petit toit mis 'au-dessus des boutiques. Portique. (Voyez le Dict. de Cotgrave, aux mots auiven et aulvenî.) On lit dans la Lout. de Sentis: • 11 a également cognoissance « des aulvens sur rue. » (Coût, de Sentis au Coût. Général, T. 1, p. 312.) On lit auvan et avaulvens dans Du Gange, Gloss. lat. au mol auvana, on trouve auvant dans les Ordon. des Rois de France, T. !H, p. 313. Voy. Felibien, Hist. de Paris, Preuv. T, II, pari, ii, p. 105, col. 2, où on lit : • fera baslir six ou sept loges, ou « haultsneufs pour mettre ceuï qui auront affaire ■ au dictmarcné à couvert. > Il falloit peut-é^ lire hauUs vents. (Voy. le^Gloss. de la même Hist. de Paris.) Li auvent des palais trestuit Qui luiseot contre menult CeTera la ville sont tomes. Pwloa. Ils Blob, HS, des. 7218, fol. 16t, R° col. 1. Auvernas, subst. masc. Espèce de raisin noir. (Voy, le Dict. de Cotgrave.) Auvoire, suhst. Imagination, vision, croyance sans fondement. • AuUnt vaul auvoire comme • bourdes proposées en justice. > [Beaumaooir, p. 323.) Il paroit que ce mot signiHoit de simples idées sans fondement, des choses que l'on se per- suadoit être sans en avoir aucune preuve. Ainsi quand on lit dans une Ordonnance, T. V, p. 712: ■ Un nostre sergent par lui seul en accusant un ■ homme de la dicte ville, ne seroil et n'est cru, ■ ne les hommes de la dicte ville par devant nous < ne respondront A'auvoirie >, cela paroit signifier qu'ils ne déposeront paspardes i/ semâ/e. L'éditeur, 3ui avoue ne pas entendre cet endroit, s'est trompé ans les conjectures qu'il a hasardées sur ce mot. (1) Atitretanl représente alterum tantwn, comme autant représente aliud tanlutn. On trouve Misai 1» formule « FatUrettfit : t Et âaon&rwat là à l'auirttmnt et si lMi«a«Bteiit que vent lor nvinU > (FnùsMrt, II, 486.) (m. iJ - (9> Dt, at>ia-(tnifAto, mot fc mot oiseau autruche. (H. K.) AuTRUZ. (plur.) Ordonn. des RoUdo Fronce, T, II, p. 603. Autruschler, subtt. masc. Titre d'office. C'étoit le titre d'un des ofllcicrs de Charles YI, sans doute celui qui avoit soin des autruches. Peut-être faul-il lire autouscfiier. (Voy. Godefroy, Annot. sur l'Hist. de Charles VI, p. 704, et Austriluer ci-dessus.) AV -^ «28 ^ AV On lit dans le même sens : Jès sai tots sanz auvoirre. PartoD. de BloU, US. de S. Genn. fol. 160, V*. C*est-à-dire je sais tout avec certitude. n'est pas amoire (lisez auvoire,) Dont je parle, mais chose voire. IMJ. fol. 148, V col. 3. VARIAMES : AUVOIRE. Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis. AuvoiRBE. Parton. de Blois, p. 160, V* col, 3. Amoihe (pour auvoire). Ibid. p. 148, V«. AuvoiRiE. Ordon. des Rois de France, T. V. p. 712. Aux, subst. masc. Nom propre de ville. Peut- être, Ausch ou Aix. Il est mis avec Nîmes et Albi, dans le dénombrement des villes où Ton battoit monnoie, dans les Ordon. des Rois de France, T. I, p. 548. Aux, est peut-être ici pour chasteaux, dont le Poëte n'a conservé que la finale, afln de racourcir et trouver la mesure de son vers : Je les secours je les conforte Contre désir, qui les assaut. Et fait maint doloreux assaut : Je leur .... atix et forteresse. JllacbMit. MS. fol. 39. R* cd. i. . Aaxentlt. L'auteur du Gloss. du Roman de la Rose, au vers 379 du Test, de J. de Meung, croit que ce mot signifie : esteignit, dissipa. II me paroist ? lus simple de corriger le texte, etae lire : anéantit. oici les vers où il se trouve, et dans lesquels il est parlé de la rédemption du genre humain par le sang de N. S. : Précieux sang decurant Qui amortit mort et mourant, Qui auxentit plours en plourunt. /. de Meuo;, Test. 3T7-379. Auxlllateur, subst. masc. Qui donne du se- cours. (Voy. le Dict. de Cotgrave.) Auxillation, subst, fém. Secours, aide, assis- tance. (Voy. les Mém. de Sully, T. IX, p. 17.) Auxpete, su6s^ /"m. Inquiétude, perplexilé. « Il € vivra toujours en crainte, et ne sera jamais sans « auxpete^ et sans ennuyeux soucy. » (Du Verdier, Biblioth. à l'art, de J. de Rely, p. 752.) Auwan. En cette année. Sire , jou ne dirai auwan K'avieUes soie, ne ja siens Ne serai mais, si con j'entens. Poet. anonyme au IdS. du Vatic. d* 1400. Jà ne perdrai marcées ne foire Là ù jou puisse mais at&aTi... Gaaignerai awan assés. Roi GuiHaume, p. 119. Avable, adj. Convenable. « Toutes les choses « profitables, avables et nécessaires. » (Gloss. de riiist. de Bretagne.) Si est mentir souvent avabie Car mentir, aucune seson Donc bien colar à reson. Fabl. MSS. du R. n* 7318, fol. 280. R* col. S. Avable, adj. Habile, capable. Convenable. Dans le premier sens d'habile, capable, ce mot semble le même que able; on lit en ce sens « avons « habileté et vendeurs avables^ à trûflers, etc. • (Ord. T. V, p. 271.) Dans la seconde acception de convenable, avable vient du verbe avoir ; il a été employé pour signifier ce que l'on doit avoir, ce qui est convenable. « Toutes les choses profitables, avables et néces- « saires. » (Gloss. de THist. de Bretagne, p. 677.) • Avachi, adj. Flasque, pendant. On disoit : les oreilles avachies. Ce mot existe encore. Avachir, verbe. Rendre lâche, paresseux, pol- tron. (Dict. de Borel, Honet, Oudin et CotgraTe.) i^ Jamais la coutume n'auroit vaincu la nature, « elle est invincible ; mais nous avons empoisonné « nostre jugement par les délices, la molasse, Toisi- « veté, la paresse, la lâcheté; nous l'avons encore « avachy, l'oignant, Thuilant et flattant de folles « opinions^ et de mauvaises mœurs. * (Essais de Montaigne, T. l, p. 420.) On diroit aussi s'avachir pour devenir lâche, etc. Avall, subst. masc. Chèvre sauvage. (Dict. d'Ou- din et de Cotgrave.) Avaïleablc, adj. Valable. (Voy. les Tenures de Litlleton, fol. 119.) Availlon, subst. masc. Espèce de poisson armé. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) Avalndre, verbe. Aveindre, tirer dehors. — Atlaindre. Sur le premier sens, voyez les Dict. de Monet, Nicot et Cotgrave, au mot avalndre et les Vigil. de Ch. vil (T. 1, p. 78.) On disoit aussi aveindre et avaindre pour atteindre. (Voy. les Dictionnaires ci-dessus cités.) Sera mis haull, ou nul ne peut aveindre. Les Marg. de U Uêtg. fol. 16t, R*. VARIANTES '. AVAINDRE. Monet. Nicot, Dict. ' Aveindre. Essais de Montaigne, T. II, page 450. Avalne (4), subst. fém. Avoine. Ce mol, qui subsiste sans avoir même essuyé de grands chan- gements dans son orthographe, a donné lieu à diverses façons de parler, que nous placerons ici : V Piquer Vaveine,,pour être en sentinelle, atten- dre. (Des Ace. Bigar. liv. IV, fol. 15.) 2" Escouter à ravoine{2)j pour perdre son temps. (Voy. le MS. de la Bibl. du R. n« 8053, fol. 18.) 3" Je n'ay riens emblé, tout mon argent est en avoyne. Equivoque de emblé avec en bled. 4' Gaingnier l'avoine se trouve dans une pièce de vers d*Eust. Deschamps, où celui qui parle dit ce qu'il feroit s'il étoit à cheval : J'osteroie ma selle, Pour dormir en blanche Utière, Toumeroie avant et arrière, r (1) C'est encore la jNrononciaticoi de l'Ouest de la France : e long en patois nonnand dévient ei, et non ai, comme français, (n. b.) - (2) Un dit encore : « Escouter les aveines à lever. > (n. b.) AV -' Pour Vavùme, mademolMlle Cuagnier, et Avoir le Ere d'elto. brt. DMdbupi, PoM. MSS. M. UQ, col. 1. 5* Jouer à l'avainne, se trouve dans Froissart, Poës. Mss. p. 86, col. 2. Juions nous au Roy qui ne ment (1), ►- AV s* irai le poing, ou aval poing, au poing, sur le poing, s'employoit en langage de fauconnerie. (Voy. Gace de la Bigne des Déduits, us. fol. 5.) 6° Aval lèvent, au-dessus du vent. (Hodus et Racio, Ms. fol. 83.) VARIANTES : AVAL. GloBBslre de Huot et de l'Hist. de Puis. AvAU. Dictionnaire d'Oudin. AvtAU. Fabliaux, US. du R. n» THS, fol. 287. AvAux. FHïiQ, Th, d'honn. T. I, page 39, Avalalge, subst. tnasc. Pente douce, chemia pour descendre : • On ne peut pour ceste heure, < aultre chose sur les ennemis, et, pour le traict a ■ poudre, le dict comte et Jacques se retirent en un ■ av^aige. ■ (Lett. du D. du Bourg, au sieur Dufay, page 363.) Avalange, subst. fém. Qui descend avec impé- tuosité. Substantif formé du mol Aval et qui s'ap- plique dans quelques pays aux chutes de neiges, ou aux pelotons de neige qui, en croulant du haut des montagnes, deviennent d'une grosseur prodigieuse. (Dict. de Cotgrave et Du Gange, Gloss. lat. au mot lavaTichia.] Dans les Alpes, on dit lavange, qu'on verra ci-après. Dans d'autres pays, il signifie une chute içnpétueuse qui vient des grosses pluies. (Du Cange, Gloss. latin au mot Eslaveiàium.) On dit en ce sens, avalasse (â) en Normandie, et availles k Dombes. On prenoit aussi les mots avalée et avalison pour la foule des poissons, qui, emportés par les crues des eaux, lofnbent dans les nasses préparées pour les prendre. (Voy. Du Gange, Glossaire latin, au mot advaleia, et au motava/isonsous avalare.) VARIANTES : AVALANGE. Du Cange, Glossaire latio, an mot Lavanchta. Avalanche. Dict. de Cotgrave. AvALLANGUB. Oudiu, ColcniTe. Avalison. Du C. Gloss. lat. au mot Avalison soua Avalart, A V ALLAS SE. Oudin, Cotgr&ve. Avalée. Du Cange, Glossaire latin, au mot Adwtleia. Availles (plur.) Ibid. au mot Eslaveidium. Avalant, participe actif. Descendant. De là, l'expression en avalant pour au-dessous : < Milles ■ lettres des cent livres en amont, ne montent point < en avalant que à vingt sols. > (Etatdes Offlc. des Ducs de Bourgogne, p. 306.) Avalé (3), participe passif. Descendu, abaissé, pendant. Baissé, diminué. Voyez, sur le premier sens, le Glossaire de Uarot, au mot avallée : Femme au chaperon avalé, gui va les crucifix rongeans 'est signe qu'eUe a estallâ. Et autrefoys, haulé marchons. Coqsilhrt, ^ M. < Bragues avalades. ■ (Rabelais, T. IH, p. 39.) ■ Les cheveux noncballemment avalle'8. * (Dict. de CoLgrave. — Vo^. aussi le Dict. d'Oudin.) Avalée est épiLhète de nourrice, dans CoquiDard. <1) omit dans tes instnidions du chevalier de La Tour à ses flUes: c II advint une fois que beauconp de chevaliera et d* dunes jouoyent au roy <;ui ne ment, pour dire vérité du nom de s'amle. > (N. 1} — (S) Avalatte et avalaUon se disent Dan-Holement des torrents d'eau, maie des pierres qu'Us entraînent. Atmliuëe est en terme de marine un vent d'aval ' L Tout le monde estoit ava/ les champs. >(Chron. deS'Denys, T. 1, fol.43i.) Cette expression : nos Baillis ^amont et iaval, aui se trouve au Coût. gén. T. 1 , page 868, signifie es pavs d'en haut et d'en bas. On oisoit aussi : \* Avaux l'an, dans le cours de l'année. (Fav. Th. d'honn.) 2* En aval, au-dessous : ■ Que nuls prevosts ne « taxent, amende en leur jugement que de sept sols ■ en aval. ■ (Etat des Off. du D. de Bourg.) 3* Amor d'aval semble signifier : amour mal repu, maltraité, ou peut être l'amour profane, opposé à l'amour de Dieu : Dex, se je pooie coillir Dou tnil meur de vos amer. Si con vos m'avés fait sentir L'amor d'aoal, et comparer : Lors porroie saoler. Et venir à repentement. ^niiiwit d* KuMia. pota. MSS. 4* Descendre aval, par une sorte de pléonasme, descendre en bas. (Du Cange, Gloss. latin, au mot Avalare.) AV -a • Couroit à bride availée, » c'eat-à-diie * brWe abattue. (Voyes l'Amaat ressuscilé, page ÎIS, et Qretin, page 164.) On disoit avalé pour baissé, diminué, extensioa de l'actioa précédente : ■ Lesquelles denrées deus- ■ sent estre descJieues, et avalées de prix. ■ (Ord. des R. de Fr. T. II, page «.) TMlUiTES : AVALE. Coquillsrt, page 3Û. AVAU.fc. L'amant ressuscité, paire S13. AvALADi. RabtiaU, T. lU, pagelSQ. A.valer, verbe. Descendre. — Abaisser. — ^bâllre. — Ânnuller. — Déposer. Toutes ces signitlcatioas vieaneut de celle du mot aval, qui signine en bas. La ptemière de ces acceptions, est rapportée dans le (>losaaire du P. Hartène; on trouve aussi en ce sens : < Vindrent en avalant le mont. > (Chron. ie S' Denys, T. U, fol. 175.) En UDK TOl ou l'aval tay. fan. iTA]. cbffti*. p. aoi. Pour abaisser : ■ Les autres se haussent, et ■ avalent, selon le haussement et abaissement de < la monnoie. > (Ord. des R. de Fr. T. III. page 43.) • Destacha ses chausses.... el les avalla sur les > genoux. • (Petit Jehan de Saintré, page 631.) En parlant d'un peut levis, on a dit : Le portier seul ne pouvoit pas Aisiément le pont avallêr. Vipl. d* ChtflM VU. ]>«(■ S. • Avaler pique signifioit donc baisser la pique, la firésenter pour en frapper. Cette expression se rouve dans la Coût, de Uainaut. (Nouv. Coût. Gén. T. II, page 60.) Ce mol a été employé poui' abattre, dans les pas- sages suivans : • Vouloit luy avaller la teste. • (Rabelais, T. II, p. 242.) • Ez aullres demoUoit les • reins, avalloit le nez, poschoit les yeulx. > (Id. T. I, p. 193.) • Avalloit eu taille ronde, > terme usité dans 1 ancien combat de la hache d'armes. (Ibid. p. 103.) On disoit dans ce même sens, avaler pour abattre. - Un homme de cheval l'alla saisir au ■ corps, el ïavttlla. ■ (Essais de Montaigne, T. III, page 234.) Dans le sens de casser, annuler, on lit : ■ Avaller • le second mariage.» (LetlresdeLouisXll,T.I, p. 69.) Enfin avaller signifie déposer, serrer au fond d'un chartrier, dans le passage suivant ; > Seront ■ loules personnes de loy, sertissantes au dit chef- « lieu de Mons, tenues de mettre, etotiaWwen leur ■ forme les ctiirographes, et escrils des besongne- ■ mens fatcts, et cogneuz par devant eux. > (Coût, de Hons, au Nouv. Gont. Gén. T. I, p. 829.) TARIARTIS : AVALER. Gloseaire du P. MartaM. Avaller. Glossaire des Arrêts d'Amour. AvaIIr,verftf.Disparoitre.ié«a/ir en Languedoc, ^gnifioit se perdre et disparoitre. (Le Ducbat, notes sur Rabelais, T. V, prol. page V, note 3.) I- AV Avalisqne satanas. Cest ievafe rebv Sata- nos de Searroa, daiw a» comédie de 'l'nériUer ridicule. (Voy. le Dict. de Cotgravet) CavaHa^dte-fiA une interjection fréquente dtiu9 Âe P Bemard. Sami. fr. HSS. bhb 9L AVALLBMANT. Dictionnaire d« Uonet Avaller, verbe. Engloutir. Ce niotaubustew ce sens; on disoit autrerois : 1° Avaller sans mascher pour en passer par là, sans rien dire. Dans la Farce de P«thalin, 06 la marchand fait une confusion pts-pétueUe d« «es brebis et de son drap, le juge lui dit : Laiaaei ea paix ceet acceoaoh*. Et TenoDB au principal. Le drapier répond: Monseigneur, mais le caa me touche; Toutes (ois, par ma fov, ma bouoba Meshuy un seul mot nea dlm; Uue autretoifi 11 en yra. Ainsi qu'il en pourra ailer : U le me convient avaller »an» moMcher. 2* Avaliez, ce sont herbes. Façon de parler pro- verbiale en usage en Languedoc et en Daupbini, dont 00 se sert avec les malades qui répogneot à boire une potion trouble. (Le Duchat sur Rabelais, T. I, p. 30, note 45.) Avalleur, subst. masc. Qui avale, ftenaniuons ces expressions proverbiales : 1° Avalleur de /Vtmafs, fainéant. ^icL d'Oodin, de Cdgrave, et Oudiu. Cur. franc.) S* Avalleur de pois gris , c'eswi-dire goornuad. glouton(t).(Dict.deColgrave,OudiQ,Dict. etCar.Ir.) Avallouere, subst. fim. Avalofre, gosier. [Dict. de Cotgrave, au mot j4vo«0Mrej On Ut avalouere dans les Ord. des B. de Fr. (T. u, p. 871 .) VARlAHTtS : AVALLOUERE. Cetgrave. Atalouerb. (M. T. U, p. 37i. Avaiolre, subst. fém. Sorte debaroasB. Cfslla partie du harnais qui sert au cbeval de timon pour retenir la chaire. Cemotsubsiateen Normandie, en parlant des chevaux de cbarrelte. On le }^(isijé,ta ■9 avak» de cbantetiM biréet, peur rodoncart, bnbron. U». ■.) ce sens, dnns tes fiSA. ms. du R. (fl» 7615, T. Il, fol. 213, R' col. 1.) MvatMrsj subêt. maae. Engins à péidier. Sur la •irifere da Loire, f» sont tes nasses où l'on pread l«a poissons. (Du Gange, Gloss. lat. au lùolAvaierio, — Toy. ÂTALËE et Atalisoh sous Atalamgb ci-dessus.) Avalois, subst. masc. Nom de peuple. Peutrétre les peuples des Pays-Bas qui, autrefois , ont été nommés terre Saval, ou aval terre: « Le Roy ■ d'Angleterre étoit si riche homme qu'il avoit tous < irâ Avalais, el les bouchiers avec luy par son « pant avoir, et par cecy endommageoit moun le « TOyaume de France. > (Chroo. de Flandre citée p ou Carige , Glossaire latin , au mot Avalterrœ.) Normant, Breton, vindrenl voirement, Et Avaltn», Flamenc, et Lobëranc. Vam, da G«la, Faire pain de ■ certain pris, seloncequeleprisdubléavaifi«roif < ou monteroit en plain marchié. ■ (Ord. des Roift de France, T. V, p. M3. — Voyez A?aliibiib«t.) VAHlUtTES : AVAtUER. Monet, Nicot, Dict. AdtalubR. CotoraTe. Dict. AVAIJ.UKR. Oudin, Dict. Avalné, participe. Evalué , apprécié. — Rends valable, confirmé. Dans le sens d'évalué, on a dit: < Ez lieux où ■ l'en ne met pas le vin en tonneau , il sera avalué ■ selon le tonneau. ■ (Ord. des Rois de France, T. I, note, p. 783.) . Pour ceo le fait sera entendu, < et pris pour le pluis advantage, et availé pour ce • puis estre pris. » (Ten. de Littleton, fol. 123.) On a employé aussi ava/ue pour rendu Talablf|, confirmé: < Les Rois dessus dits seront tenus de • faire confirmer toutes les choses dessus dites, « par nostre Sainct Père le Paspe, et seront icellefl > avaiuées par serment, sentences et censures de ■ court de Rome, et par tous autres lieus, en la ■ plus forte manière que faire se pourra. > (Froi^ sart, livre 1, page 341.) VARIANTES : AVALUÉ. Ord. T. I, p. 783. AvAiLÈ. Teuures de Uttlaton, foL t33, V*. Avance, subst. fém. Préférence, supériorité, avantage. — Reste. On disoit dans le premier sens: • Qui vous ayent > fait bailler Vavance, ■ c'est-à-dire qui aient fait donner la préférence sur vous. Or, Je vous demande, beau Sire, SI la Dame, on eatles sabmis. Vous a brassé si dur martira. Que secours n'y puiase estre mis, Yavoit-il nul compromis Entre vona deux, et altiasce T On a'ela arolt nuU antres ara; s, Qui TOUS avent Ihtt bailler Vavanee. L-ABunt raada Cwddbr, p. M «1 HB. Avance signifloil aussi le reste : Et sitoat qiie U fwclia but A la cuirëë sans deffaut Rotonment pour mansierl'aMitfw. FoaUi» GoMi, Mm di TAwli, US. M. » Avancement, subst. tna»c. Supériorité, avan- tage. — Aide, assistance. — Ce qn! est donné en la ranroclMnwM àr a Bouquet, t Vn, p. AV -I Dans le sens d'avanla^, on a dit : > Un chevalier « avoit un compagnoa qui avoit avancement devant ■ luy. estant estimé et honoré du Roy, et des sei- ■ gneui'S dont il prit envie, et haine contre ce com- - pagnon, et le tua. » (Olivier de la Mar(Ae, Gage deBalaille. fol. 8.) On a employé ce mot dans le sens d'aide, assis- tance: • Quand un serviteur desprit sa maîtresse, ■ ou dit mal de ceux dontil doit avoir avan (Percef. Vol. I, fol. 127.) On lit dans on autre pas- sage du môme auteur : • Se mort ne m'adevance. » (Vol. I, fol. l'26.) • Pour advajicer ceux qui s'en- « fuyoient, montèrent à cheval. • (Monstrelet, Vol.'lII,fol. 57, V".) Pour mettre en avant, on a dit: En désespérance Ne doit estre qui loiaulez avance. Poél. HSS. liai 1300, T. IV, p. IMO. Ce mot a signiilé faire avancer, faire marcher; ■ Ne faites point la beste, si vous estes sage, que je • ne vous avance bien de ce baston. ■ (Cymbalum mundi, p. 1'^.) Dans le sens de s'ingérer, de s'aviser, on a dit : • S'avança de luy dire, avant ce que l'escuyer en ■ parlast. » (Ger, de Nevers, u* partie, page 52.) L'éditeur l'explique par s'avisa de luy dire, etc. Ce mot a été employé pour se charger, dans le passai^ suivant: <■ Avancez vous de moy faire ■ avoir une nef, car, à toutes fins, je veulx aller • celle part. . (Percef. Vol. IV, fol. iS, R- coi. i.) On a dit dans le sens de se hâter: < J'ai laissé • mon cul à la maison et me suis tant aiîvanc^e, ■ que je suis ici venue sans mon cul. • (Bouchet, Sérées, Liv. III, p. 65.) On a employé ce mot dans le sens de surpasser. Les Italiens disent Avan%are dans le même sens : & la dôme qui toz les bieDS avancé. Pv». HSS. ■•ui 1300, T. [, f. 1W. On trouve ce mot employé pour aider, assister, donner quelque avantage, dans les vers suivants : Me Bot Simon cuer embter Ke, BB pitiés ne m'onanec, >- AV SiOM, sans prandre, et sans qaU«r, Ue lent, et sans deUvrer. P««. HSS. inM IMO, T. IK, p. «a Ce mot signille donner quelque avantage, duw ce passage: • Deux conjoincts par mariage ne ■ peuvent, directement, ne indirectement, oatfm- • chier l'un l'autre. - (Coût, gén, T. ï, p. 768.) C'est notre mot avantager. Avance signine augmenter, dans ce vers : Ha douleur croit, et avança. Ut Mvf . (Glossaire de rhistoire de Bretagne.) Avant, participe. Diffamé, avili. « Son droict « n'est amoindry ne son honneur avanie. » (Ord. de Ph. le Bel sur les Duels, rapportée par Basnage sur les duels, page 171.) « Avanies fl), subst. fém. plur. Extorsions. « Ne « seront payées nulles extorsions, fouages, et Bre- « vêts, ne autres amm^s quelconques. «(Glossaire sur rhistoire de Bretagne.) Ce mot paroit signifier plutôt dommages ou avaries. Avant, adj. Entreprenant. Ce mot, qui paroit venir du verbe avancer, se trouve dans le sens que nous lui donnons, en ce passage : Li premiers eat uns chevaliers Preux, et hardiz, et bien avant. Fabl. MSS. di R. B* 7616, T. II. loi. 133, V col. 1. Avant, adverbe. Ci-après. — Plus. — Devant et ci-devant. — Plutôt. — Avec. — Ça, vite. Dans le sens de ci-après. (Voy. Borel, Dict.) Ce mot est employé pour plus, davantage, dans les vers suivans : Sans mettre y vostre estudie, Vous ens avés là, et avant, Poès. MSS. da Froiuirt, p. 189. eol. 1. Ce mot a aussi signifié cy-devant, par le passé ; avant dit pour d'ici devant : ITen proiates vos avant. PoCt. MSS. avant 1300. T. HI. p. 13S9. On trouve ce mot employé pour plutôt, préféra- blement, dans le passage suivant : « Ce marché ne « feroye-je jamais, je la mariroye avant en Angle- « terre. » (Froissart, livre III, p. 325.) Avant est employé pour avec, dans le passage suivant : « Il prit trois prisonniers de ses Gapitai- « nés, scavoir des principaux, lesquels il emmena « avant luy en son pays. » (Mathieu de Coucy, Hist. de Charles VII, p. 690.) On lit à la marge avec. Cette façon de parler est en usage parmi le peuple en Normandie, mais le mot avant n'y signifie pas proprement avec. On dit: « Faites cela avant vous, » comme si Ton disoit: faites marcher cet ouvrage, cette besogne devant vous. Enfin avant signifioit ça vite. « Un chanoine ayant « caché les clefs de la Ville, et ayant été rencontré « par ceux qui le cherchoient, ils luy disent : « avant prestre rendez les clefs. » (Hist. de Loys m, duc de Bourb. pages 146 et 147.) On disoit aussi : 1* Le plus avant, pour le plus vivement. « L*as- « siégea le plus avant qu'il puet. » (Froissart, livre I, page 112.) 2* En avant, c'est-à-dire davantage, plus. Or voi je bien qu'en avant ne vivrai. Poét. MSS. avant 1300. T. IV, p. 1470. 3* Ne pouvoir en avant, c'est-à-dire ne le pouvoir plus, ne le pouvoir d'avantage : Qui ne s'aquitera, moult sera mescbeant. Fox est qui tant enpruate^ qui ne puet en avant. Chante pleure. MB. do S. Garni, fd. 109. V col. S. A'' Avant que, c'est-à-dire: avant, avant gueli; avant lui. (vie d'Isabelle, à la suite de Joinville, . \7\.) Avant questat femme^ pour: avant sa femme. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 122.) Avant que moy, c'est-à-dire: avant moi. (J. Harot, p. 215.) J. de Meung avoit dit en faisant le portrait d'une jeune et jolie personne : Lesyeulx Qui ryoient toujours avant Que la bouche, le plus souvent. RoB. do URooo.wt 8601-8008. 5* Tôt OU tout avant, c'est-à-dire: d'abord, avant tout, préférablement. Car moi, non li tôt avant, Se cueur avoie envers li de fausser. Poét MSS. auBt ISOO. T. I, p. 181. r< (1) De l'arabe hauân, mépris, en grec moderne dûat^la. (n. b.) AT — S84~ A\ Bt se j'en sois parjurs a etciant, L'en me devroit trahiner tôt avant^ Et puis pendre plus haut qu'autre clochier. Po«s. IISS. iraot iSOO. T. f. p. 266. Aussi avant, pour : autant. (Ducliesne Gén. de Guines, p. 291 ; tit. de4266.) Aussi avant, pour: autant que. (Duchesne, Gén. de Bétbune, p. 383 ; tit. de 1259.) 6' Tout aussi avant, c'est-à-dire avec autant d'éten- due. « Li dit Maires et Eskevin ont et doivent avoir « par dedens ches bournes, semonces, ajoume- c mens, bourneries, la connoissance, le jugement, « l'exécution, et le pourfit de toutes manières de « prinses faites dedens ches bournes, desmelées « tout aussi avant comme ils ont, et usent, ou « pueent avoir en touz les biens de leur banllieue. • (Ord. des Rois de France, T. III, p. 294.) 7* Aussi et plus avant, c'est-à-dire : aBtant et plus. Les Flamans, voulant engager leur Comte à épouser la fille du Roy d'Angleterre, disoient qu'ils: « ly rendroient et livreroyent toutes ses « justices, et juridictions, et les droitures de Flan- « dres, aussi et plus avant que nui Comte ne les « avoit oncques eues. » (Froissart, Liv. I, p. 162.) 8* Aussi avant, c'est-à-dire: autant. « L'enfant « bastard succède es biens délaissez par sa mère, « aussi avant que s'il estoit légitime. » (Coût, de Lessines au Nouv. Coût. Gén. T. Il, p. 26.) 9* Si avant, c'est-à-dire: tant. • A donc luy « racompta le sire de Beaumont toutes les nouvelles « si avant qu'il les sceut. » (Froissart, Liv. I, p. 23.) 10' Si avant que, c'est-à-dire: d'autant que et tant que. Parlant des registres que les greffiers doivent tenir. « A sçavoir celuy des causes qui se- « ront présentées, et expédiées au Rolle, lequel « renouvellera tous les ans, à commencer au pre- « miers plaids, et Rolles qui se tiendront après les « grandes vacances de cbacune année, et si avant « que, pour le grand nombre de causes, un seul « registre ne sufflroit, en seront faits deux, et < renouveliez de demy à d'autre. » (Coût, de Hainault, au Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 108.) Si avant que pour tant que, se trouve dans Percef. (Vol.II, fol. 61.) H* Avant et arrière, c'est-à-dire: en tout, partout. Parlant du priviléee que Chilpéric donna àl Evêque die Tournay, Mouskes a dit : El de hiy tient on la majere • Con prent. et ofoant et arrière Et si leur donna la justice. Dont la Signorie et moult nce. Ph. MooikM, MBS. p. t9. 12* Avant n'arriére, c'esi-à-dire : nulle part, nul- lement, point du tout. Gherchiô n^aroit, avcmt n'arriére, Poé». MSS. d'SttO. Detch. fol. 5d5. coL t. L'autre n*y vint, ne avant ne arrière. flMd. ftl. m, eoî. t. 13^ Une heure avant et rautre arriére^ c'est-à- dire : tantôt d'un côté et tantôt de l'autre. « Hector « chevaucha parmy le pays, une heure avant et « rautre arrière^ et tant que l'adventure le mena » à l'hermitage où Lancelot estoit » (Laoe. du Lac.) Cette expression se trouve soaveat lépéiés ' dans le Récit des Aventures des Chevaliers etrsa§>, 14* Tout avant œuvre^ c'est-à-dire : avant que de rien commencer. « Ne puisse oauMMiuder son « mestier sans parler tout avant eeuvre, audit « maistres, ou son lieutenant. • (Ord. dM ftois de France, T. I, p. 761.) « Sur laqucdle supplication « nous avons voulu estre enforméa avant toute « euvre. » (Ibid. T. III, p. 262.) L'éditeor rexpUqoi par avant que de décider. 15* Avant âgée, c'estpà-dire : {dus âgée : L'une n'eatoit de l'autre awint oagée. Gratin, p. 8S. 16* Venir avant, c'est4-dire : avancer, approcher. Puis U dist que ven\9t avant. PWM. BSS. de S* Gom. fot 6, V*. Vienne avant et mette soy avant^ c*est-à-dine : Su'il avance. Ces expressions étcrient usitées pour éfler quelqu'un au combat. (Hist. de Loys III^ Duc de Bourbon, p. 185.) 17* Aler avant sur, pour: poursuivre. «Rot» « vous mandons que, tant que pour le désir que « nous avons, que les forfaiz de nos mauves ofOciers « soient punis et adreciez, avons ordenéceste voie « qui s'ensuit, laquelle nous vous ajoustons cornent « vous doiez aler avant sur eux. • (Ord. des Rofs de France, T. I, p. ML) Aller avant du fait^ c*est- à-dire aller en avant. (Coût, de 6. de Tyr Martene, T. V, col. 727.) 18* Mètre avant, c'est-à-dire: dépenser, avancer. For un poi mètre awmt^ ne se doit repentir Qar poi de chose fet un dôpeaa embefir. Fdd.BSS. diill.irlltS.fol. S», H» eol. t. 19* Vun avant Vautre, comme nous disons l^m après l'autre. Vun avant Vautre pars lors ncflu. Arch. MS. M. ». V^ edL& Avant [en), pour: à l'avenir. (Perard, Hiat. dt Bourgogrne, p. 483 ; tit. de 1255.) Avantage, subst. masc. Gain, profit, pillage. — Avance. — Distinction, récompense^ gratificatiOBw — Préférence, acception de personnes. — Argent payé pour égaler un échange.— Avantage^ prtmaeté. Au premier sens, pour gain, profit ou pitlara, on a écrit : « Vindrent AUemans robeura et pillardSi « qui ne tenoyent, ne faisoyent ne trêve, ne paix; « mais vouloyent tousjours aller à. Vavantage. • (Froissart, Liv. Ill, p. 350.) Avantaiga est employé avec la même signification dans Percef. (Vol. î, fol. 152.) Si se Guident faire avantaige Mais ils font leur cmel dommaige. Roam de U Rot», van 7907. Ce mot a la signification d'avance, dans lenju* sage suivant : « Il dit au Boy que s'il n'eloitq.ue8tton < que de Yavaniaae d'un million d'or, pour (Sûre « subsister les affaires de sa KSiJsstft c[a8 Beau- < marchais les trouveroit sur son crédit, et sur « celuy de ses amis. » (Mém. de Bassomp. T. III« yageiftL) AV AY <îe «ot est employé pour grâce, faveur, distkic* lion, récompense, gratification, dans les citations 9i4vaûte8 : Dido la Rojne de Cartage Qui tant ^uy eut fait d'aumtage. Roman de la Bom, vcn 19944-18948. « Des récompenses ordinaires qui se donnent « aux soldats Espagnols, quand ils om commis « qoelqae acte signalé, ce qui s'appelle entre eux • avantages. » (Discours Politiques et Militaires de I4 Noue, p. 360.) Ce même mot est aussi employé pour une autre a(Nt4e de récompense, dans ces vers : La vint U uns de leurs enlans, Qui voioit aier à l'escole, Et demanda à Dame Cole, 6a mère : ça mon avçLntage. Poès. HSS. de Froiasart. p. t89, eol. I. Ce mot est pris pour préférence, acception de personnes, dans les vers suivans : Ck)mbati soi, puis i moru, Quar la mort n'a point d'avaniage, Ph. Mouakas. MS. ^ 061. Ce mot a signifié ce qu'on donne de surplus dans un échange ou marche, pour rendre égal le sort des deux parties. « De permutation et d'eschange « passé justice, sans argent, ou aucun avantage, il « n'escbet poinct de retraict, et donneroit ou de « Vavantage, ou soulte, il y auroit lieu au retraict, « a proportion de la soulte. » (Nouv. CouL gen. T. I, p. 971, col. 2.) Ennn nous trouvons dans les poésies (nss. d'Eust. Desch. fol. 391, col. 3), le mot avantaige pour signifier : primauté, en parlant du jeu. Citons les expressions suivantes : !• D'avantage, c'est-à-dire d'avance, tout d'abord, de prime abord. « Les Anglois ne pouvoyent aller « à eux, qu'ils ne fussent tous morts ou prins « (Tavantage. > (Froissart, Liv. l, p. 21.) 2* À Vavantage , c'est-à-dire avantageusement, relativement au prix de la chose, ou relativement à 1^ chose, ou peut-être à l'envi. « Qui est celuy, « considérant Vamitié de ces deux personnages, qui « ne s'en treuve fort aise et ne la prise à ravan- « 4age. > (L'Amant ressuscité, p. 178.) Doulx yeuX) singlans, et desvoyez, Qui gectent ung maintien sauvage Sont communément vous voyez Les povres varletz de village Porter deasoubz leurs bras la targe Ou ung bouquet à la saincture. Et puis saulter à Vavantage : Hz ont bon temps, mais qu'il leur dure. L'Amvit rtodtt Cord. p. tt#. 3* Coiffure à l'avantage, c'est-à-dire coiffure qui sied bien. (Voy. Poës. de Jacques Tahureau, p. 269.) 4* Vivre â^ avantage, c'est-à-dire vivr^ de pillage. (Voyez Moûstrelet, Vol. II, fol. 75, R») 5* Boire et manger à Vavantage (i), c'est-à-dire vivre aux dépen^d'autruy. (Froissart, Liv.IV, p. 168.) 6"* Vivre davantage se disoit aussi dans le même sens : gini A*A or, ne argent, ne galge, omment peut il Caire grant chère? U faut qu'il vive d'ovantotot VARIAIITES * AVANTAGE. Orth. subsîst. AvANTAGEMENT. D. Flor. de Grèce, foL 38, R». Avantaige. Vigile de CharL VIL T. II, p. 9.- Beaum. p. 13. AvsNTAiGK. ViUehardouiu, p. IQ. Atxnoe. Le Jouvencel, MS. p. S87. Avantagé» participe, ivancé, distingué. Ce mot a aussi signifié préféré» favorisé, entreprenant, hardi, présomptueux : « Estoit soldat très signale « de cette compagnie, et fort avantagé, » (Bran- tôme, Capitaines français, T. lY,jp. 3dl.) Avantager (s*^^ verbe. Prendre de Tavantage. — Se prévaloir, s'ingérer. C*est dans le premier sens qu'oq trouve s'aven* taigerj dans les Poésies de Crétin, p. 106. On disoit aussi avantager son corps, pour s'avancer, fairç fortune, se distinguer. Froissart, parlant de la guerre contre les Turcs proposée aux princes chrétiens par le Roi de Hongrie, dit: « Si furent « les lettres tantost, et les nouvelles de Hongrie « publiées, certifiées et signifiées en plusieurs lieux, « et escrites en plusieurs pais, pour émouvoir les « cœurs des Gentils hommes et Escuyers qui « désiroyenl à voyagea et avantager leurs corps. » (Froissart, Liv. IV, p. 218.) S'avantager se disoit aussi pour se prévaloir, s'io^ gérer, prendre sur soy : « Nuls tuteurs ne s'avantOr « geront de faire ou se faire faire aucun rachat ou « eschange, en aucunes maisons mortuaires, o6 « leurs pupilles sont héritiers. » (Coût, de Bergh. S* Winox, au Nouv. Cout.gén. T. l, p. 522.) « Que < personne ne s'avantage de coupper les fruits, les « bois, ou quelque chose croissant sur terre. • (Coût. dTpre, ibid.T. 1, p. 848.) VARIANTES : AVANTAGER (s*). Froissart, Uv. IV, p. 2ia AvENTAiGER. Grctin, p. 106. Avantalgeux, adj. Avantageux, favorable. De mot à mot voit les Argiis et dictz, Frifins caquets, avantaigeux Editz Que dames font, chascune en son endroict. Cnlio, poMiM. Avant-arretz, subst. masc. plur. Arrêts anté- rieurs. (Voyez la Coût, de Gorgue, au Nouv. Coût. gén. T. II, p. 1007, col. 1 et 2.) Avant-avant. Cri souvent employé à la guerre, [)Our animer les combatlans ou pour provoquer 'ennemi. (Voyez Froissart, Liv. I, p. 59.) Avant-bras^ subst. masc. Partie de l'armure. Celle qui couvroit l'avant-bras (%. (Uict. de Niook Honet, Cotgrave et d'Oudin, et Du Cange, Gloss. lat. au mot Ante-brachia.) « Le vict)mte blessa TAn- (1) A l'avantage avait plutôt le sen^ de gratuitement, sans frais : c Chiés soy U ne despendoit pas tous les jours deux sols «6 pariais, inàis àlolt Mre et menoler à raiMmute où il poviâC. 9 (Froissart^ édition Kervyn, XV^ la) (v. %) - i%) l4t braêêière se décomposait en épauli^, bras, couolére «t avant'braê. (N . b.) AV - 336 — AV « çlois, du dernier coup de lance, entre Vavant' « bras et le garde-bras. • (Hist. de Loys 111, duc de Bourb. p. 161. — Voy. PetitJeandeSaintré,p.240.) VARIANTES : AVANT -BRAS. PeUt Jean de Saintré. p. 266. Adyant-bras. D. Flor. de Grèce, fol. 23, R«. Avant-bas. (Lisez Avant'-bras.) II. du Cbev. Bayard. p. 996. Vant-bras. (Lisez Avant-bras.) Du C(mge, Glosa, lat. Avant-chambre, subst. fém. Antichambre. (Dict. de Monet.) « Groy qu'il y avoit plus de raison « de dire avant-chambre que ce que nous disons « antichambre. » (Pasquier,Rech.Liv.VIll, p.662.) Avant-chien, subst. masc. Nom d'une étoile. Celle qui paroit pendant la canicule. (Dict. d'Oudin.) Avant-conseil, subst. masc. Conseil pris d'avance ou consultation préliminaire, préalable : « En toutes les causes pour dettes^ au sujet de XXX « francs et de plus, en toutes autres causes civiles « ou criminelles, les procureurs seront tenus de « prendre leur avant-conseil avec quelque avocat « ou jurisconsulte, soit de cette ville ou chastellenie, « ou autres de dehors, avant que d'entrer en « consultation. » (Nouv. Coût. gén. T. I, p. 677.) Avant-coarement, subst. masc. L'action de précéder. (Dict. de Rob. Estienne et de CotgraVe.) Avant-coureux , subst. masc. Avant-coureur. (Dict. de Cotgrave.) Avant-coarenze, adj.aufém. Qui précède. (Lettres de Pasquier, T. I, p. 739.) Avant-couplr, verbe. S'avancer, courir en avant. Estradiotz, qui désiroient la prinse, Jusqu'aux murs viennent avant-courir. i. Marot. p. 86. Lors fut crié par l'ost^ en mainte part, De par le Roy, sur peme de la hart, Que nul, pour lors, ne allast avant-courir, IMd. p. 90. Avantement, subst. masc. Avance, début. On dit de l'amour : C'est un moult grant avantetnent (2) A jone homme, et moult proufitables ; U s'en troeve courtois, et ables. PoH. liSS. de Froiturt. p. 144, col. 4. Avant-fani, adj. Fané avant le temps. Ton nom rendoyent sans fluers avant-fani. Poêt. de J. Tthuren, p. i78 Avant-flés, subst. masc. Avant-flef. C'est peut- être ce que nous nommons arrière-flef. « Li montrai « les tenanches des fiés, et des avant-fiés que je « tenoie de li. » (Citation faite par Du Cange, dans le Gloss. latin, au mot Estagicum , sous Stagium) Peut-être aussi sonl-ce les fiefs de qui relèvent d'au- tres fiefs, qu'ils reportent au fief suzerain. Avant-goutte , subst. fém. Essai , épreuve. (Dict.d'Ou(rin.) Avant-huls» subst. masc. Portière. (Diction- naire d'Oudin.) Avantier, subst. masc. Tablier. On dit encore devantier en ce sens, en Normandie et en Bourg. On trouve ^t;an/ter dans les Fabl. m. du R. n* 7218, foL 190, V- col. 1. Avantier. L'autre jour. Avant-hyer^ dans les Serm. fr. mss. de S' Bern., répond an latin ante^ pasitos dies. Nons disons avant^ier pourdésigner le jour qui précède immédiatement le jonr d'hier: on disoit autrefois avantier pour désigner en général, et d'une façon indéterminée, un temps passé, dans le sens ou nous disons l'autre jour. Tel me requist avanHer, N'a pas encore un mois entier. FabL USS. di R. n* IfiS. foL S50. R* coi. S. Avantin, subst. masc. Greffé de vigne. (Dict. dt Monet, d'Oudin et de Cotgrave.) Avant-|eu, subst. masc. Prélude. (Dict. de Nicot, de Monet, d'Oudin et de Cotgr., au mot Avant-Jeu.) Henry sage, vaillant, attendant que ]e fece Un ouvrage, qui soit plus digne de ta grâce; De ma dévote main, veuiUes avoir à i^. Ce petit avantjcu que Je t'ay consacré : At*antjett qui sera d*un bien rare exemplaire. Œinr.deBMr.fd.S4tkV. C'est en ce même sens que avant-jeu est mis comme synonyme à préface, dans Beauch. (Recta, du Th. P. I, p. 415 et 416.) VARIANTES I AVANT-JEU. Nicot, Monet, Oudin, etc. Advantjeu. Bouchet Sérées, Livre III, p. 196. Avant-|eu (pour), adv. Préalablement. « H ne « sçait pas la Rnétorique, ny pour avant-ieu capter « la bénévolence du candide lecteur. » (Essais de Montaigne, T. î, p. 258.) Avant-Joueur, adj. Qui prélude. Ejpithète de Fredon, et de prologue de comédie dans les Epitbè- tes de Martin de La Porte. Avant-Jugé, subst. masc. Préjugé. (Dict. de Cotgrave.) Avant-Juin, subst. masc. Le mois de mai. (Les Contes de Cliolières, fol. 186, ¥•.) Avant-la-maln, adv. Auparavant, d'avance. Ce mot est formé de m4iin , comme maintenant, présentement. « L'en luy rebatra, avant-la-main, € la somme que montera le meuble de son ma- € riage. » (La Thaum. Coût, de Berry , p. 300. - Sag. de Charron, p. 33. — Al. Chartier, Quadrilog. invectif., p. 419. — Brantôme, Dames Gallantes, T. I, p. 390, etc.) « Année payée avant-main, c'est- « à-dire payée d'avance. > (Cout. dé Hainaut , au Nouv. Cout. gén. T. Il, p. 101, col. 1.) TARIAI^TES: AVANT-LA-MAIN. Le Jouvencel, fol. 47 JJ». Atant-m AIN. Essais de Mont., T. I, p. 978. (S) Pourquoi ne pas lire avancement? c Si croy que Dieu m'ait pounrea de cesta emprise pour mon aw m e k êm en i. » (t1r<àMart,ll. U, eS.) if». ».) AV — 887 JkV Avant-Fean (lisez Avau-reau), dans TAmour à la mode, de Thomas Corneille, act i, scène v. (Voy. Aval.) Avant-le-vent . lisez Avaurle-vent. (Mém. de Du Bellay, Liv. IX, fol. 591, V'. — Voy. Aval.) Avant-logis, subst. maso. Vestibule. (Dicl. de Nicot, Monet et Cotgr.) Avant-montre, 9ubst, fém. Montre de bouii- 3ue. Nous appelons seulement montre, cette espèce 'avance limite au devant d'une boutique, pour éta- ler la montre ou l'échantillon des marchandises que Ton vend : « Bien entendu néantmoins qu'un « homme de mestier pourra faire un avant-montre^ « avec un petit toit au-dessus servant à son « commerce, pourveu- qu'il le fasse faire si court « et si commode que les voisins n'en soufït*ent aucun « empeschement , ou incommodité. » (Nouvelles Coutumes générales, T. I, p. 526, col. 2.) Avant-mur, subst.masc. Parapet, barbacane (1). (Dict. d'Oudin et de Cotgr.) VARIANTES * AVANT-MUR. Oudin et Ck)lgrave. Avant- AMUR. Hist. de la PopeUnière, T. I, fol. 42, R«. Avantoict, subst, masc. Toit avancé. (Dict. de Cotgrave.) Avant-panser, verbe. Préméditer. (Dict. de Nicot, Monet, d'Oudin et de Cotgr.) VARIANTES * AVANT-PANSER. Monet, Dict. AvANT-PENSER. Dict. de Nicot^ d'Oudin et de Cotgrave. Avant-pas, siibs^ masc. Supériorité, préémi- nence. Pasquier dit, au sujet d*une dispute où Ton discutoit laquelle des deux langues, de la Toscane ou de la Françoise, devoit avoir le dessus : « L'autre « au contraire soutenoit qu*il n'y avoit aucune € rencontre de Tune à l'autre , et que la Toscane « passoit d*un grand avant-pas la Françoise. > (Pasquier, Rech. Liv. VII, p. 620.) Avant-peau, subst. fém. Prépuce. « Au lieu de « prépuce usant de ce mot Avant-peau. » (Apologie pour Hérodote, p. 128.) Avant-plé, subst. masc. Espèce de chaussure. — Pointe du bas, ou de la chaussure. Dans le premier sens, c'est celte chaussure que Ton a appellée aussi souliers à poulaine , ou pou- leine ; c étoit une chaussure qui par devant avoit de longs becs recourbés en haut , imitant assez les patins des Hollandois et par derrière comme des éperons qui sortoient du talon. (Voy. Le Duchat sqr Rabelais, T. I, p. 100, note 8; T. II, p. 12, note 32, et p. 146, note 1, sur le chap. xxv. — Du Gange, Gloss. latin, au mot Antepedes.) On a aussi nommé avant-pied la poînie d*im bas, ou d'une chaussure. (Dict. d'Oudin.) Dans les Ord. des Rois de Fr., dans un article qui concerne les cbaussetiers, on lit : « Ceux qui les appareillent ne « prendront, pour mettre un avant-pied en une « chausse, que deux deniers. » (Ord. des Rois de Fr. T. II, p. 372. — Voy. Lanc. du Lac, T. I, fol. 137.) Et mes houseaulx sans avant^piedx (2). Villoo. p. 6. VARIANTES I AVÂNT-PIË. Le Duchat sur Rabelais, T. I, note 8. Avant-pied. Ord. des Rois de France, T. II, p. 372. Avant-portail, subst. masc. Vestibule ou bar- rières devant les portes. (Dict. de Nicot , Honet et Cotgrave.) Avant-porte, subst. fém. Barrière. « Y avoit « une avant-porte ^ où moût y ot fler assaut; et « gangnerent les François Tavant tour à celle fois, « et non plus..» (Hist. deB. Du Guesclin, par Mé- nard, p. 533.) On lit avant-porte ou barnère, en parlant d*une ville, dans Monstr. Vol. III, fol. 75. Avant-seigneur, subst. masc. Seigneur supé- rieur. (Gioss. sur les Goût, de Beauvoisis.) Seigneur suzerain. (Du Can^e, Gloss. lalin, au mot Dominus prindpalù.) « Seigneur suzerain, seigneur par « dessus, seigneur par amont , chez les praticiens • anglois. » (Notes sur Beaumanoir.) Avant-solier, subst. masc. Espèce de portique ou de bâtiment avancé, et soutenu sur des colon- nes, peut-être avant-toit. (Voy. le Gloss. latin de Du Gange, au mot Anterolarium.) 11 semble mis comme synonyme à Berthesca, crête dans une cita- tion latine, ibid. au mot Avant-soliers, col. 823, et au mot Berlhesca (3). (Voy. une autre citation, ibid. au moi Orbus vicus^ où il paroit signifier avant-toit.) Avant-tour, subst. fém. Tour avancée. — Ou- vrage extérieur qui précède une tour. « Y avoit < porte, ou moût y ot fier assaut, et gangnerent les « François Yavant-tour à celle fois. » (Hist. de B. Du Guesclin, par Ménard, p. 533.) Avant- vandangeur, subst. masc. Nom d*une étoile. C'est YavaHt'vandangeur De lumière pareiUe^ et pareiUe grandeur, Que ceUe qui se voit, par la noire carrière, Sur la queue d'Helicie (4) espandant sa lumière : Cette estoille est ardante, et les autres aussi, Qui sont voisines d'elles. Poêt. de R. BeU. T. I, fol. 179. V*. Avarement, adv. Sordidement. — Avidement. (Voyez sur le premier sens le Dict. d'Oudin.) On a dit aussi avarement pour avidement, avec ravidilé d'un avare. Excusez donc mes yeux, si trop avarement I Fichez sur vos beautez, ils prennent aliment, Scachans combien de faim 1 absence leurprépare. Poct. d*Am. Jamin, p. i7ï. (1) C'est un mur adossé à un autre mur, ou Tenceinte la plus éloignée du corps de place. En blason, c'est un pan de mur crénelé joint à une"' — ' ' '"" * * "' - -» -«^ _._., — - — ^ de drap de 5/4 de large on découvertes sur le cou du pic^. v»^. «./ — \%m/ «j» vFc»c«,rH7 u^*»» uoo uu /^r »t•«>. •>«»«> «»• w«>«««i«w ^^ m^ phiaiears étages, crénelé, dont on se servait pour attaquer et dôlesidre les places fortes, (n. b.) — (4) La Grande Corse. u. 48 AV ^m^ AV AVAREMENT. Poës. d'Ain. Jamin', p. 272. AvoREMENT. (Lisez Avarement dans Le GI. de Labbe, p. 490.) Avarice, subst. fém. et ma$c. Avidité. Ce mol subsiste sous la première orlbographe, mais il est toujours féminin. Nous le trouvons au masculin, et dans le sens d'avidité, au passage suivant : « Des « anciens harangueurs qui ne faisoient point état « de Targent, uins d'un plus noble avarice^ h sca- « voir de pouvoir consacrer la renommée sur l'au- « tel d'immortalité. » (Contes de Cholières, fol. 77.) Ce même mot, sous l'orthographe avarises, €st picore masculin dans ce vers: Certes cou es grans avariseê. PoAs. MS, avant 1300, T. IV, p. 1356. Proverbe. Avarice de prouvoire^ c'est-à-dire avarice de prêtre. (Prov. dans le Rec. des Poël. mss. avant 1300.) VARUNTES : AVARICE. Orthographe subsist. AvARiSES. Ane. Poes. MS. avant 1300, T. IV, p. 135C. Avaricieux, subst. masc, et adj. Avide, qui a de la convoitise. — Avare. Ce nu)t est employé au premier sens dans ce pas- sage : « Devint avaricieux de la couronne qui tant « estoit belle. » (Lancelot du Lac, T. III, fol. 73.) Jesu Cliriat que pas ne trouvasmes De sa grâce aver, ne eschar. Rom. de la Rom, vert 11303 el 17804. Peu t-élre doit-on donner la même signification au mot Aver, dans les vers suivans : En convoiteux, et en aver Ne se doit nus trop afQer. Fabliaux. MS. de S. Germ. fol. 18. R*. Avère signifie avare dans ces vers : Amours est large et avère. Fauchct, Lang. et Poca. Fr. p. 140. Ja nul avers homme ne puet pris monter. Ibid. p. 111. Piiches princes avers qui avoir a sans compte Ne scait qu'est donner, vivre doibt a grand honte. Ger. de Rouas. MS. p. 29. Thiebaut li qucns de Chartres fu fol, et engingnious, Moût ot chestaux et villes, et moût fut averous. Abarre semble être le même mol qu'avare (i)^ sui^ vant la prononciation languedocienne, musse aban*e se dit dans le Languedoc pour une noix de la coquili^ de laquelle on a de la peine à tirer le noyau. (Dict. de Borel, au mot Aver.) VARIANTES : AVA^IÇi^UX. OrUiographe subsist. . AVARISC3EUX. Fabl. MS. du R. n» 7615, T. II, fol. -^3. AvORiACUZ. Ordonn. T. L p. 614. AvEROUB. Rom. de Rou, MS. p. 114. AVER. Borel, Dict. p. 27. AVERE. Fauchet, Lanff. et Poës. Fr. p. 140. AvoR. (Lisez Avei\) Tnib. de Nav. T. I, p. 359. AVER. Gloss. du Rom. de la Rose. Avers. Ger. de Roussillon, MS. p. S8. Ave, spJbst, masc. Oiseau. Ce mot a cette signi- flcation dans le passage suivant: A Foidambroy puet grant sire» maoow: Daims a ou parc, qufmoult rault oe Qnonce, Et aves auaai. Eoflt. Descbamps. POH. MSS. fol. M, col. 5U Avec, préposition. Avec. Dans S* Bçrnard, Serm. Français, avec répond au latin cum et apud. Li Rois veut bien c'en jeté as aves Poêt. MSS. *?ia^ IMK T fV. p. |||8. Ototy Otout, Otous (2), Otoutes, signifient avec^ suivant les divers genres et le3 divers nombres. (Duchesne, Gén. de Chatillon, p. 45.) iv^c a signifié : encore, aussi. « Jean desTempç, « escuyer de l'Empereur Charles le Granjd, qni « n'estoit pas parent de Dieu : vescut trois cws « ans, comme tesmbignent toutes les histoires de « France et d'Allemaigne et d'Italie avec. » (J. le Maire, lllustr. des Gaules, Liv. III, p. 286.) Voy. le Dict. de Borel, au mot auques dont il fait mal à propos dériver avec. « Nous n'eûmes paix, ne trêve, « ne au soudan, ne aux admiraux. » (JoinviUew) « Je ne vay pas encore au baston. » (Petit Jean de Sainlré, p. 385.) « Sa face desrompoHoiAXODgtes. > (Chron. de S' Denis, T. I, fol. 148.)) « Et fost^s « aveus les Barons. » C'est une faute pour aveuc ims un Poêtid ano- nyme. (MS. avant 1300, T. IV, p, i6«ÉL) Amour convient avoc moY remanoir. Poës. anoiLMS. avant 1900. T. ni^p. 1189. Diex 11 don a si grant biauté fuison Et avoec fist sens» et bonté venir. Synoo (TAoUe. Ptm. MS. On disoit as moy pour avec moi. Nous avons vu la seule lettre a signifier avec, et la lettre o avoir la même signification. On employoit quelquefois avec adverbialement, et sans régime, pour: ensemble, aveceux: « Eiavec « sont plusieurs faucons, etc. (3) » (Modus et Racio, MS. fol. 123, Vo.) VARIANTES : AVEC. Orth. subsist. — Sorm. Français. A. Duchesne, (rén. de Béthune, p. 373. Ab. Rymer, T. I, p. 13, col. 2 ; tit. de 1350. Advecques. Bcrel, !"• additions. Anvec. Borel, Dictionnaire. As. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p, 1527. AuvEGQUEs. Ordon. des Rois de France, T. I, p. 493. Ave. D. Morice, Uist. de Brct col. 1013. AvECQ. Joinville, p. 32. AVECQUES. Ger. de Roussillon. MS. p. 1^ . AVEiQUES. Estrub. Fabl. MS. du R. n« 7991), p.. 17. AvENC. Lisez aveuc. Borel, Dict. AVESQUE. Rymer, T. I, p. 116. AVBUC. Duchesne, gén. de ChastiUon, p. 14^ Aveuc. Ordon. des Rois de France» T. HI, p. 449. AvEUCQUES. Le Fèvre de Saint*Rémy, HiaL d^QhaitetVi. Aveu. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1M2. AvEX. Pérard, Hist. de Bourg, p. 480. Avoc. Poëa. MSS. avant 1300. T. Itl, p. Iifi9. Avocu. Beauman. p. 418. Avoec. Chans. du comte de Thib. p. 24. AvoECQUEs. Chron. du xiii* siècle, MS. de Bonh. toi. VI- Avoeques. Fabl. MS. du Roi, n« Ttttô^ Id. 25SI. Avoic. Duchesne, gén. de ChustiUoo» p. $)• AvoiQUEs. Idem. p. 33. AvoQUES. Gantiers d'Argis, T. UI, j>. ll^B. mmomm: f Kt flitllolli««Dt AV -1»^ AV Au. Petit J. de Salniré, p. 385. AuQUBS. Ghron. Fr. M9S. de Nanffis, an 1993. AvuEC. Duchésne, jgén. de Chastifion, p. 45. Jlux. Chron. de S* Denis, T. I, fol. 148. Xy. Garpentier, Htat. de Caœbray, p. 1B. i)b. Ordon. des Rois de Pr. T. Il, p. 342. Où. Moiiskes, MS. p. 8, poêsim. Qt. ViUehard, p. 1. Otot. Fauchet et Percef. p. 147. Otout. Joinvilie, p. 70. Ou. Brut, MS. fol. 14, R« col. 2. OvB. (>1088. de l'Hist. de Bret. OvBC. Borel. OvECQUSS. Ord. des Rois de France, T. III, p. 221. OVKNO. Rou, MS. p. 26, pttssim. OVBQUBs. Ord. des Rois de Fr. T. I, p. âB2. OVBBQUBS. Ord. des Rois de France, T. I, p. 561. OuTOUT. Bou, MS. p. 421. OuvEGQUES. Urd. des Rois de France, T. m, p. 405. OwEQUËS. E. de Courtoisie, MS. de S< Germ. fol. 40. AveiUette, subst. fém. Petite abeille. Ce sont le» diminutife A'aveille sous abeille. (Voyez Boiir- Sâng, ubi suprà,) Ils ont la même étymologie. (Id. id. Dict. de Nicot, au mot aveille.) La signification même à'avette ne diflféroit -point de celle d^aveille^ Bortout dans la Touraine et TAnjou, comme l'observe Nicot. Nous appuierons sa remarque par le passage de la Coutume du Bailliage de Tours : « Le bas j usticier est fondé d'avoir espaves i'avettes • qui sont mouches à miel. » (Coût. gén. T. ÏI, p. 2.) Cn de nos poètes du xvr siècle a dit : Desjà la diligente avette Boit la marjolaine et le thin Et revient riche du butin Qu'elle a pris sur le mont Hymette. Œuv. de Théophile. V partie, p. 148. VARIANTES : AVEILLETTE. Bourc. Orig. Voc. Vulg. p. 9, V*. Atette (t). Coût. gén. T. II, p. 542. Avel, subst, masc. Désir, joie, satisfaction, empressement. Ce mol, expliqué dans le Gloss. du Roman de la Rose, au mot aveaux pour divertisse- ments, bombances, bonne chère, parott s'être formé du latin avère, aveu. Si font plusieurs en leur povre demaine, Oui vivent bien sous leurs povres drapeaulx, Et Cils ne font au monde leurs aveautx. Pocs. MSS. d'Bost. Deech. fol. 238, col. i. Ses maux raconte trespassez ; Sou sait Partonopex li ocax, ui consent à ses wjeax. PirtoD. deBIoU. MS. de S^ Germ. fol. 163. V* eol. 1. Ou fU aubrée A moût beau damoisel, Cil li «ffrôe, Et ele alui bée: SofTrez lor avel, Robin» dea ChatteV Poéi. MSS. avtst 1300. T. I. fol. 57. Il menott les grâns awavLOi Des dons qu'il eut de nMj fort beaux. Rom. de la Rose, vers i5290-iS300. Pour moy punir de ce deflhull Moy trousser mes paneaux Faillir lors des dits a^aulx, lUd. Tèn fS7H-lS196. Ce lûot a signifié besoin et désir. J. de Meùng^t parlant des ^ns qui fréquentaient la cour, a dit : Souvent mangeassent oefs, et choux, et naveaulx : Ils trouvent à la court trop plus leurs aviaulx Poissons, bonnes chairs ; et vins virils et tiouveAtIt Ly tiennent en joye, gras et blancs et nouveaubc . . i. de Meoif , Cod. inrt lOM^. VARIANTES* AVEL. Poës. MS. du Vatican, m 1490, fol. ii^ V». AviAU. Fabl. MS. du R. no 7215, fol. 287, V» col. 1. AvoY. Eust. Doschamps, Poës. MSS. fol. 202, col. 3. AuvoiTE. Parton. de Blois, MS. de S» Germ. fol. 153. AVEAX, ivhs, p, Parton. de Blois, fol. 163, V* col. 1. AviAUX, ». p. Machaut, MS. fol. 202, R» col. 2. AviAULX, 8, p. J. de Meung, Ck>d. vers 770. Aveaux, s. p. Glossaire du Roman de la Rose. AVBAULX, s. p. Goquillart, p. 165. Avelaigner, subst. maso, Aveliniei*, coudrier. ''" les Dict. d'Oudin et de Cotgrave, et Du Gange, lloss. lat. au mot Avellanarius,) VARIANTES : AVELÀIGXER. Dict. d'Oudin et de Cotgrave. AvELAiGNiER. Dict. d'Oudiu. Avelinier. Du Cange, Gloss. lat. au mot Àvèl{anariu$, Avelalne, subst, fém. Aveline, noisette. (Voyez les Diet. de Nicot, de Monet, d'Oudin et de Cblgl-âve. — Voyez la Confession de Vaudrelon. — Trésor des Chartes, Layette V de Navarre, Pièce xi.) Aulanie se dit dans le patois d'Auvergne pour aveline. (Voy.Du Cange, Gloss. lat. kaulanerium{2).) VAHîANTES * AVELAINE. Dict. de Nicot et d'Oudin. AvELANE. Dict. de Monét et de Cotgrave. Avellaine. Dict. d'Oudin. AuLAKiE. Du Cange, Gloss. lat. au OK)t Aulanerium, Avemaria, exclamation, « Avemaria, fait-elle, « j'aimasse mieux qu'elles fussent en leurs « maisons. » (Les 15 Joies du Mariage, page 48. — Voyez ibid. page 99.) Avemarla. Remarquons cette facqn de pailer où ce mot semble pris ou pour la S** Vierge môme, ou pour le miracle de TAnnonciation : Foi que doi avemaria. Fabl. BIS. du R. n* 76Ui. T. H, fol. i30. V ool. i. Avenage (3), subst, masc. Redevance en avoine. — Droit de bourgeoisie. C'est un droit seigneurial que les sujets doivent à leur seigneur pour le pâturage de leurs I>estiaux dans les bois et dans les prés. (Laurière, Gloss. «ta Droit françois, et Du Cange, Çloss. ,lat. fiM fiot Avenagium. — Voyez le Dict. de Cotgrave.) «Oa lit ave)Uiige dans TAnc. Coût, de* Bret. Ce droit est appelé ai^oyn^ du bois dans Pi(lypur.(Goat. de^Troyes.) (voyez àvaine.) / . * i(4) Lb peuple emploie encore la forme apctte, La fonile avellle se rëùbôfitrè kùési dans Ronsard : .c Hila rosée ,&tix ptit ni lèftlblondcis aveUeê. » (B«rg. Ed. 1.)(n. b.) - (2) L'étymologie efet'^C^uià) oéè^fiHHtt, noix d'Avellâ bu Ahy&a^àe CébjJàHtê. (k: e.) — (3) C'était à l'origine une prestation fournie au seis^UMii^^ii raison des récoltes d'avoine faites sur ses domaines.. Os mofi prit ensuite une acception |;enérale et s'entendit de toute espèce de redevance. Dans une bulle d'Innocent II (lidâ), on Ut : € Avenagium lanarum et anetum. » Comparez c avena de ûmo, de molta i (Du Cange, sotts Avena), droit payé pour 1% iumier, pour la mouture. (N. E.) (: ... . TT , AV — 310 ^ AV Avetiage s*est dit pour bourgeoisie, « parce que « le serf peut se faire bourgeois du Roy en payant « un septier d'avene à certaine église. » (Laurière, Gloss. du Droit françois. — Voyez Beaumanoir, Cour, de Beauvoisis, p. 429. — Bouteiller, Somme rurale, p. 167.) YARIANTES : ÂVENAGB. Du Gange, Gloss. lat. au mot avencigium. AvENAiGB. Âne. Coût, de Bretagne, fol. lâO. Advenage. La Thaumassière, Goût, de Berri, p. 354. Avenaire, adj. Qui se tient dans les avoines. (Voyez le Dict. de Cotgrave.) On lit avenière^ épith. de Cigale, dans les Epithètes de Martin de la Porte. VARIANTES ". AVENAIRE, AvENiER. Dict. de Gotgrave. Avenapie , suHt. fém. Champ d'avoine. (Voyez Du Gange, Gloss. lat. au mot avenariœ^ où on lit avenarie (1).) « Les chaumes millerines eiaveneris « ne sont aucunement de garde, sinon tant que le « fruit est dedans les dites terres. » (Coût, de la Ferté-Joubault, au Coût. gén. T. II, p. 287. VARIANTES l AVENARIE. Du Gange, Gloss. lat. AVAINERIEUL, subst. masc. AvENERis, 8uh$t, masc, plur, Avenas, subst. masc. Pain ou farine d'avoine. Ce mot est pris en ce sens dans les vers suivants : Souppe à huUe leur donne, et Vavenas. Poét. MSS. d'Eust. Dtfsch. fol. 116, col. 9. En Karesme avenaa et ris. Ibid. fol. 418, col. 4. Or veult ris, or veult avenas. Avéné, part. Ce mot désigne répuisemenl. Aveneron, subst. masc. Avoine stérile. (Voyez les Dictionnaires cités sur les diverses orthographes.) VARIANTES : AVE.VERON. Dict. de Rob. Estienne. AVERON. Dict. d'Oudin et de Gotgrave. AvoiN, AvoiNFOLLE. Dict. de Gotgrave. AvRON. Dict. de Nicot, d'Oudin et de Gotgrave. Haveron. Dict. de Nicot, d'Oudin et de Cotgrave. Avenenx, adjectif. Garni d'avoine ou qui est d'avoine. (Voyez le Dict. de Cotgrave.) On trouve avoineux pour épithëte de picotin dans les Epith. de Martin ae la Porte. VARIANTES : AVENEUX. Dict. de Gotgrave. Avoineux. Epithète de Martiu de la Porte. Avenre, verbe à la 3« personne du singulier du présent de l'indicatif. Vend, met à prix : Feme set trop de mal qui ses chieres avenre, Feme qui vent sa chère au deable la quit. Ghaille-Mosvt, MS. de S. G«rai.|roI. 106, V* col. t. Avent, adverbe. Avant. (Voyez Hues de la Ferté, poës. MSS. avant 1300, T. III, p. 1156.) Aventé» part. Eventé. — Placé sous le vent. Ce mot parol't pris au premier sens dans ce passage : Si jamais jour ne vantoit icy veas, Si seroit bien ly mondes aventex. Poet. MSS. d*Biist. DeMh. UL 9tt. eol. 3. On disoit aussi aventé pour placé au bon vent : « Garde que le cuer de ta haye, où tu tendras tes « las, soit bien aventé ; c'est-à-dire qu'il le soit au « dessoubs du vent du pays où les bestes seront < demarées. * (Modus et Racio, ms. fol. 63, V^) Aventer, verbe. « Si ascuns se sentent grevés « par ascune, fraunchise graunte par nous , et « ascun sus franchise, ou. de tout aventer nostre « fait en taunt semble que il despise, par ount il « est grevement amerciable, et en despyt de sa « force, retendra l'autre sa fraunchise, lequel que « ele soit préjudiciable à luy ou non. » (Britton, des Loix d'Angleterre, fol. 159, V^.) Averagc, subst. masc. Bétail. — Droit pour exemption de corvées. Au premier sens, c'étoit le mot collectif d'avers pris pour bestiaux : « Est commandé à toute per- « sonne qu'aura en son pouvoir d'averages étran- « gers, ou qui saura qui les détient, de les « révéler, etc. » (Coût, de Bueil, au Nouv. Coût, gén. T. II, p. 12430 C'étoit aussi un droit payé pour l'exemption des corvées de charrettes. (Voyez Du Cange, Gloss. lat. au mot averpennis.) Averdlr, verbe. Reverdir ou verdir. Au tens ke je vois avercUr^ Ke foUle et flors vois aparoir^ Amors ki raon cuer fait frémir. Réjouir, et sovent doioir Me fait chanter, et joie avoir. M. Adriof, Cootradtt, Po (S' Julien, Mesl. hist. p. 625.) VARIANTES ! AVERTINEUX. Dict. dp Nicot, d'Oudin, etc. AvBRTiNEus. Dici. de Cotgrave. Vertigineux, Vertigneux, Vertiî>œux. Avesnesy subst. fém. Nom propre de lieu. C*est le nom d*une ville au Hainaut, dont le territoire porte divers fruits excellons, et entre autres des prunes nommées Prunes d'Avesne. Parmi les droits Îui se lèvent sur les marchandises vendues à irléans, on lit : « Ghàstaignes, prunes d'Avesnes « et fruict de bois, ne doivent rien. >• (Ane. Coût. d'Orléans, à la suite de Beaumanoir, p. 472.) Avèsppée (r), subst. fém. La soirée. (Voyez VfispRÉE.) On lit en ce sens à Vavesprée dans les Fabliaux, us. du Roy (n* 7615, T. I, fol. 105.) Advesprement (sur le), subst. maso. Le soir. (Voyez le Glossaire du Rom. de la Rose et les Dic- tionnaires de Borel, d'Oudin et de Cotgrave.) « Il a « estoit près de Yavesprer et annuitier. > (Athis, Ms. fol. 124.) « Lors alerentnoz gens fuster la ville, « laquelle ils prindrent à un avesprement. » (Hist. de B. du Guesclin, par Ménard, p. 185.) L'auteur du Glossaire du Rom. de la Rose, dit que dans le vers 20,901, il signifie nuit ou obscu- rité; mais je ne vois pas la nécessité de lui donner cette acception, puisqu'il y est opposé au matin. Le suppl. au même Glossaire, dit qu'en Bourgogne les paysans disent la Vesprée pour l'après-dtnée. VARIANTES .' ADVESPREMENT (sur le). Hist. de Dertr. du GuescUn, par Vénard, page 43. Avesprement. Vesprée. Suppl. au Gloss. du Roman de la Rose. Avesprer, verbe. Se faire tard. — Tarder. Ce mot, dans le latin, répond au moi advesperascere. Dans le premier sens, ce mot s'emploie pour désigner rapproche de la nuit. (Voy. les Dictionnai- res de Nicot, de Monet, de Rob. Est. d*Oudin et de Cotgrave. — Voy. aussi le Gloss. lat. de Du Gange, au mot Vesperatus!) Phil. Houskes, parlant de la reine Frédegonde^ dit : Kt Bât on Boir, quant a^mpriy Ocire son signour Celpri. Ph. Houskes, US. p. 34. Un soir, si com U aviespri, lUd. pftge to. On disoit aussi aveipr^ pour tardér«'iefiMer surprendre par la nuit. (Voy. THist. deFrMM^M vers, à la suite du Roman de Fauvel, us. 4u Roi, n* 6812, fol. 79, V col. i.) VA1UA1VTBS : ÂVESPRER. Dict. de Nicot, MoMt et Oadia. AvBSPERiR. S^ Bernard, Serm. fr. IfSS. p. li. ÂVESPRiR. glossaire du P. Labbe. AviESPBiR. Ph. Mouskes, MS. p. 90. Avety subst. masc. Sapin. Ce mot vient du latin abies (i). (Voy. les Dict. de Ifonet, de Mënage, d'Oudin et de Cotgrave.) Aveugle (2), adj. et partie. Avenrie, aveugle. — Qui aveugle. — Absorbe, évanoui, dispara. -^ Qui ne prend point jour. Le mot aveule^ dans S' Bernard, répond au latin cœcus. Il est opposé à oscur dans cette phrase, p. 212 : « Sei oyl kî oscur estolenl pardevihrent < plus aveule. > Dans le latin « oculi ejus caligan- < tes multo magis excœcantur. • On disoit autrefois aveugletté^ pour qui va en aveugle, qui va à l'aveuglette, comme on le dit dans le langage populaire. Parlant de la vie : « Bien < va que Ton y est dedans avant qu'en voir rentrée, < Ton y est porté tout aveugletté. » (Sagesse de Charron, p. 254.) On disoit aussi aveuli pour aveugle. Or oies corne fortune vole, Et refait l'un et l'autre afole ; Com celé ki trop est isniele Tourne et retourne sa roieUe ; « Ne de tourner ne s'umelie, ' Quar ele est forbe, et aveulie. Pli.MoaikM.lf8. p. 662. Ce mot estemployé avec la signiflcation: évanoui, qui a disparu dans les vers suivans : Entre Luxure qu*à trop maie entrée Pejor maintenue et An desespérée Quant acoutumance l'y est enveloppée Et foT de Dieu part comme chose aveuglée. J. da Meuoff. Cod. 17«-4764. Au féminin, on trouve ar^uj/Zessé'- comme épithète d'ambition, dans les Epithètes de Hart. de la Porte, avec la signirication : qui aveugle. On Ht: en deuilaveuglé, pour absorbé dechagrin, dans la Chronique Française, us. de Nangis, sous Tan 1199; le latin porte dolore absorptus. Dans un sens beaucoup plus figuré, on a jiommé fenestres aveugles, des lenestres qui ne prenaient point jour. (Voy. le Coût. Gén. T. II, p. 1072 et Nouv. Coût. Gén. p. 1137.) VARIANTES : AVEUGLE. Orlhogr. subsist. Ayeule. S« Bernard, Serm. fr. MSS. p. 46etiKUftm. AvuoLE. Fabl. MS. de S. Germ. fol. b% R« eoL 1. Veuolb, Veule, Veulks, Wulb. ÀvuLLEs. Gloss. sur les Coût, de Beany^sis. ÂvuLE. Vies des SS. MS. de Sorb. eh. Lx» céL Vi. Aveuli. Phil. Mouskes, MS. p. 602. AvuGLÉ. Chron. fr. MS. de Nangis, an 1906. AvEUOLETTfc. Sag. de Charron. AVEUGLESSB au fôm. Triomphe de la Noble Dftmé, loL 174. (1) Ou plutôt abietem. (n. e.) — (3) La raciiie est ab privatif et oculo, mot à mot sans (bIL (n. b.) AV --Wrrr AV AveuQler» verhe. Deveair av^le. -r- Rendre aveugle. Ce mot, dans S' Bernard, repond a]u latin excœcare. On trouve ce mot avec la signification : devenir aveugle^ dans te passage suivant: « Donnèrent au « héraut de beaux dons qui depuis lui vindrent « bien a point: car depuis il aveugla, > (Froissart^ Uv. IV, p. 91.) Ce mot signifl? rendre aveugle, dans les vers suivajK^ : De grâce, amour, aveugle moy les yeux. (Euv. de Des Porlet. fol. 561. Cil ont bien le siècle avulé, Qui, par mentir, vont recoui^ant : Miex aim languir, en attendant Que joie avoir de fblseté. AndcAroiB li BMlan. Po«s. USS. «ranl 1300. T. II, p. 848. VARIAI^TES : AVEUGLER. Orthographe subaîBt. AvuôLHR. Gbron. du xui* aiècle, MSS. de Bouh. ch. XL. AvEUGLiR. Contes de la R. de Nav. p. 52. AvEULER. s» Bem. Serm. Fr. MSS. p. 257 et 259 AvsuLiEB. Adam 11 Bocus, Poês. MSS. av. 1900, T. IV^ p. 1423. AvEULiSER. Ph. Mouskés, MSS. p. 315. AvuLKR. AnOefrois li Bastars, Poes. MS. av. 1300, T. II. p. 848. AvEULER. FabL MS. du R. n« 7218, foL 61, R« col. 2. Aveugletéy mUt. fém. Aveuglement. Ce mot, dans S' Bernard, répond au latin cœcitas. (Voy. les Dicl. de Borel et de Cotgrave.) VARIANTE : AVEULETEIT. S« Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 48 et passim. Aveuglettes, adv. En aveugle. Mais d^aUer ainsi aveugleltea, L*on chet^ s'on ne s'en donne carde. L*Aiiiaui rendu Cordeliv, p. 541 . VARIANTES : AVEUGLETTE3. L'i^ant rendu Cordelier, p. 5il. A i.'AVBUGL£T*VE. Dict. d'Oudin. En aveuglons. Mém. des C*** de Champ, à la soite de la Coût, de Troyes, pap Pithou, p. 533. Aveuglissementi subst masc. Aveuglement. (Voy. Cartheux, Voyage du Chev. errant, foL 660.) Aviander (s'), verbe. Se repaître. (Voy. le Dict. de Nicot.) Se fournir d'alimens, suivant le Dict. d'Oudin. (Voy, le Dict. de Cotgrave.) Le mot s'at^ûin- 6fer esjL pris au (Iguré dans les vers suivans, tirés de Grevia : Taviandant aux secrets Des auteurs latins et grecs. Goflijet, BIblloih. Fr. T. Xlf. p. 153. Avicholx, subet. masc. Avis. — Qui donne des avis, conseiller. Ce mot signifle avis dans le passage suivant : « Il prini habit d'hermite, aux avichoix d*un très « faulx hypocrite. » (Monstrelel, Vol. Il, fol. 461.) Dans cet autre passage, du même auteur, ce même mot signifie qui doane des avis, conseiller. « A député, pb,ur électeurs, avichoix et proclama- •« teurs, certains hommes ou diables, soubs figures «t et çspj^es à*bQmmes musses. » (Uonstrelet, Anh. 1489, Val. 11, fol. 1«1.) Avidité, $ubst, fém. Ce mot subsiste. Nous- remarquerons seuiemépt qu'il étoit nouveau du temps où Ménage écrivoit ses remarques sûr Ifi Langue françoise ; on croit quHl a été mis en usage par Ronsard (1). (Remarques de Ménage, p. 76.) Aviep, verbe. Animer, donner la vie. — Se for- tifier. — Enduire d'argent vif. Sur le premier sens, voyez le Dict. de Monet aijx mots Avier et Aviver, et Du Gange, Gloss. latin, ad mot Avivare. Et tout adès en regardant ^ Aviveras le feu ardant. Rom. de la Rote, vers S371. Car mes voloirs à ce s^avive^ Ne dou faire ne serai jà lassez Tant qu'en ce mond vous plaira que je vive. Macbant. MS. fol. 4. On lit aviver dans le Dict. de Cotgrave. « La par- « faite révolution des lumières célestes qui guident,. « et avivent notre vie. ^ (Ponlus de Thyait, Dis- cours du temps, fol. 14.) Avivre un corps, c'est-à-dire l'animer, lui donner la vie. (Dict. d'Oudin.) Aviver signiiioil aussi fortifier, prendre une nou- velle vigueur, dans les vers suivans : Vostre prouesce tout temps croist Tout temps avive, qui qu'en poist. Rom. de Brot. MS. fol. 94, V* col. S. On disQit dans le ipéme sens s'aviver pour s*ani- mer, s'exciter, Gilz de Poitou bien assaillent Et ly Breton pas ne leur faiUent : Ly uns pour les autres s'avivent. Et aux ttommains abatre estrivent. Rom. de Brut. MS. fol. 93, V* eol. i . Enfin at;it;^r signifioit, selon Monet, < enduire « quelque métail d'argent vif (2). » (Voy. le Diction- naire de Monet.) VARIANTES : AVIER. Budé des Oiseaux, fol. 113, Y*. Aviver. Dict. de Monet et de Cotgrave. Avivre. Dict. d'Oudin. Aviep (s'), verbe. Commencer à vivre, naître. Ung hom devient bien sainct à la fin de sa vie Aussi tost comme fait cils qui de premiers B*avie, Gcr. de RouMillon, MS. p. Si3 Avieuse, adj. au fém. Envieuse. « Le fabel de « sireHains, et dame Avieuse ssl femme qui se < combattirent à qui porteroit les braies. » (Fau- chât, Lang. et Poês. franc, p. 181.) Aviez, part, au plur. Animés , pleins de vie. < Encores que les jumeaux soient d'un même sexe, < si sont ils plus délicats et foibles, et moins avie% < que les autres. » (Bouchet, Serées, Liv. II, p. 265.) C'est dans ce mâme sens qu'on a dU d'un tableau dont les flgures sembloient animées : « Comme s'ils « eussent voulu empescher ceux qui estoient aviez I « en ce tableau, de bouger de là. • (Bouchei, Se- , réea» Uv. UU p. 105.). (i) On trouve en effet, dans Tédition de ce poète de 1625, page 615 : c Incontinent que la soif futeslointe et de la (àim Yavidité reatceinte. > Et canote: « L'ardeur de uçh^bm. Je na^ scache poii^ de mot frapçois plus propre, eocoie^ qu'^ ^it inai^iô du Uttin. » (N. B.) -tS) m nos jours encore, atSver Tor; c'est rétenUré ijprém qu*U'a été amalgupé avec ]^ iK-^rgent. Oi. s.} AV — 814 - AV Avignon, subst. masc. Nom propre de ville. « Braves d'Avignon > semble être un proverbe dans les Contes de Desperiers. Trois choses rares en Avignon, Beau mur, belle femme, et beau pont. Favio, Théâtre d'Honaeur, T. I, p. 455. Avigourir, verbe. Donner de la vigueur. (Voy. les Dict. d'Oudin et de Gotgrave , et les Œuv. de Baïf, fol. 26, \\) Aviiensy subst, masc. plur. Âvignonois. Les habitans d'Avignon. Phil. Mouskes, parlant de cette ville prise par Louis VIII, dit : Et de ces derniers feroit-on, Par deçà Faigue d'Avignon,  Tabeie Saint-Andrieu, Uns Castiel, u en autre lieu A oes le Roy, en son pooir, Pour Aviiens faire cremoir. PhU. Moiuket. US. p. 733. Ayllaneet subs t. fém. Opprobre, injure, ou- trage, infamie. Arviragus ot grant pesance, Sy ly sembla grant avilance Que si estoit en clos tenus. Rom. da Brut, MS. fol. 39. R* col. i. On a dit en parlant de Guillaume-Longue-Epée , qui étoit en guerre contre Riouf : Fuir, se dit, s'en veut, si s'en ira en France. Guillaume, dit Boton, tu dis grant avillance: Encor n'i as féru d'espée, ne de lance. Et ja t'en veulx fuir. Rom. de Rou, IIS. p. 56 et 57. VARIANTES ' AVILANCE. Rom. de Brut, MS. fol. 99, R» col. 1. Avillance. Rom. de Rou, MS. p. 56. ViLLANGE. Rom. de Rou, MS. de Bombardes. Avilemant, subst. masc. Diminution. On lit dans le Dict. de Monet: Avilemant de daurées^ pour rabais de denrées. Avilement, subst. masc. Avilissement , oppro- bre. Qui blâment les preudomes, à conseil seulement, Bien sacklez que il font lor grant avillement. Doctrinal. MS. de S. Germ. fol. iOl, V« col. 3. Avilement [faire un) , pour s'abaisser, faire un acte de bassesse; parlant d'un Prince qui étoit descendu de son char à la vue de deux hommes pauvres, mal vêtus et hideux, pour se jeter à leurs genoux, il est dit qu'un frère ae ce prince : L'en reprist durement De ce qu'il avoit fait si grand avilement, Ger. de Roussillon, MS. p. 99. VARIANTES ' AVILEMENT. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 334, V col. % Avillement. Rom. de la Rose, vers 29i65. AviLLENNEMENT. Dict. de Cotgrave. Avilep, verbe. Avilir, dégrader, gâter, faire tort ou injure. (Voy. le Dict. de Monet au mot Aviler^ celui de Cotgrave au mot Avilener,) Dans le sens propre, aviler signifie baisser de prix. Ou emjploie ce mot au figuré pour dégrader, avilir. Qui vorrolt raison faire. Ten devroit, par S^ GUe, Riche feme qui sert de oarat, et de goile. Et qui pour gaaigner veut json cors, et avUe, Aussi con un Mesel, chacer fors de m vile. ChMtie Musvt, MB. d* 8. Garm. « Les gens d'église ont si avilenné par leurs < coulpes, eux et leur estât, qu'ils sont ja desdai- « gnez et des grands, et des menus du monde. • (Al. Chartier, de l'Espérance) N'est mes cuers tant soit amlennU, Se il se velt à servir atorner, Amors, ke lues ne le faice muer En tote honor, et tote cortoisie. Vi]aiMucy, au xix* siècle, et loin^iDe, an XI^*, l'emploient dans ccf sens. (n. e.) AV -ît*5- AV dans la signification de Rame. De là on l'employcil au figuré pour moyen. ÂinsT je dois voler outre la nue, Par Vaviron d'une aêle non connue. Poét. d'Amad. JamiB. p. 186. Avironner, verbe. Environner (1). Ainsi on disoit au figuré. granz pouretez Vc^vy^vn^. Mo Fabl. MSS. du R. n* 7)18, fol. lU. V* col. S. VARIANTE ' AVIRONER. S» Bem. Serm. Fr. MSS. p. 206 et 297, dans le latin circumdare et le participe circumamicta. Avlscepne, subst. fém. Avicenne. Nom propre. C'est ainsi qu'est écrit le nom du célèbre Avicenne dans le ms. intitulé : Modus et Racio, fol. 40, R". Avlsonnep, verbe. Ayoir des visions, rêver. Ce mot est pris en ce sens dans les vers suivans : .... Quant avient ^e je sui endormiz Solaz en ai tout celui qui doit plaire, Mes cruelment le m'estuet comparer Au resYcillicr, quant je ne puis trover Ce qu'en donnant ra'estuet avisonner, Gaces Brullé*, Poês. MSS. avant 1300. T. I. p. 102. Avltep, verbe. Eviter. Renaut qui amor avite, Thibaut de Navams. Poës. MSS. avant 1300, T. I, p. 818. Avitin, adj. Patrimonial. « Bens, biens, et héri- « tages avitinSj » c'est-à-dire propres. Patrimoine qui vient des aïeux, vulgairement papoawa; (2). (Voy. Laurière, Gloss. du Droit Français, les Dict. de Borel, de Cotgrave et le Gloss. lat. de Du Cange, aux mots avitinus et aviatica hœreditas.) Avlvoip, subst, masc. Qui donne la vie, qui anime. (Voy. les Dict. d*Oudin et de Cotgrave.) Avlvpes (3), subst. fém. Avives. Maladie du cheval. Avoer. Ce mot semble corrompu dans le passage suivant, où il paroit employé comme substantif: U ne m'échapera devant le fruit meur ; Si U ferai souffirir mon greu avoere. nom. de Rou, MS. p. 79. Avol, Interjection ou exclamation. L'Editeur des Quinze Joyes du Mariage, l'explique par Hon-Dieu ! Amors velt que le tiene à este : Avoi, qu'est mes sens devenus? Ge sui toz vielz, et tos chenus. Akuadre et Artotote, MS. de S* Germ. fol. 73, R* col. 8. Dant Coûtant d'une part l'acorte: Que requiert cete Dame ci ? Avoy, Coûtant, por Dieu merci Ge suis venue mainte fois. Fabl. MSS. de S* Germ. fol. 79. V col. 8. VARIANTES ' AVOI. Fabl. MS. du R. n» 7989, fol. 213, V» col. 1. AvoY. Les Quinze Joyes du Mariage, p. 45. Avole, subst. fém. Couleuvre. (Voy. les Dict. de Monnet et de Cotgrave.) Avoiement, subst. masc. Instigation. C'est proprement Faction de mettre sur la voie, indica- tion, renseignement, instigation, suggestion. « Galle- « hault prie à la Damoiselle qu'elle luy dye nouvelle « de Lancelot, et aucun avoyement^ et elle dist « qu'elle n'en sçavoit rien. » (Lancelot du Lac, T. I, fol. 161.) Ce mot avoiement est mis dans le passage suivant pour: instigation, suggestion ; parlant de ceux qui étoient choisis pour élire les echevins de la ville de Douay: « avant qu'il se parlent des Eglises, jureront « main levée contre les sainz, qu'il ne recevront « parole, escripture, avoiement d'autrui, pour « aucun faire Echevin. » (Ordon. des Rois de Fr.) VARIANTES .' AVOIEMENT. Ordon. des Rois de France, T. IV, p. 131. AvoYEMENT. Assises de Jérusalem, p. 193. Avoiep. Mettre sur là voie, s'acheminer, rentrer dans le droit chemin. — Diriger, conduire. — Aboutir. — Instruire, enseigner. — Ecarter et peut-être égarer, mettre hors de la voie. Sur le premier sens, voy. les Dicl. de Borel et de Monet, au mot avo/^r; les Dicl. de Nicot, d'Oudin, et le Gloss. de Marot, au mot avoyer. Il est au propre et au figuré dans les deux pas- sages suivans : Prist congié; chascun s'a vote à la maison. Macbaut. fol 216, V* col. 3. La fin a requis à ta court jugement Sommes de Tacort, Bon Roy, que l'on ly face Avoyer, se veult que tu ly face grâce. Gér. de RoussUlon. MS. p. 25. Bien faire sont avoié. Aihia. MS. fol. 76, R* col. 2. Ce mot a été employé dans le sens de diriger, conduire, mener. Biaus servirs, et soffrance. Fait fin ami avoier. Et s'onor croistre, et haucier. Gilbert de Berneraie, Po^. MSS. araot 1300. T. I, p 212. Dieu ait mercy de luy, et ou les siens Vavie. Ger. de KoumiUod, MS. p. 154. Dans le sens d'arriver, aboutir, on a dit : Dame ou tos biens s'avote. Pierre Kiiu de le Coupole, Poès. BISS. aTuit 1300. T. lU, p. 1063. Ce mot a signifié instruire, enseigner. S'il ne vous en set conseiUier, N'ulz ne vous en peut avaier. Rom. de Brut, MS. fol. 66, R* col. 1. On lit aidler dans le ms. de M. de Bombarde. D. Martène dans son Gloss. explique ce mot par égarer. Il est employé pour écarter, repousser ou dissi- per, dans ces vers (4) : En leur venir si les effroient Gome grant pièce les avaient. Alhis, MS. fol. 82, V ool. 2. (1) Gomme chercher (circare) dérive de circa; ce mot a le sens de parcourir: c Ainsi aifironnoient-ils le pays. > (Froissart, éd. Kervyn, XVI, 227.) (N. s.) - (2) c Biens, abitins vulgairement dits pappoaux. > (Coutume de Dax, titre I, art. 1.) C* dernier mot vient du grec nannô>oç, patrimonial. (N. B.) — (3) G*est un engorgement des glandes parotides. L'étymologie .) - (4) Avoier signifiait plutôt suivre la bonne route : < Si vous portés aussi biéa est l'arabe ad-dziha (même sens). (N. s.) fcyarvoyer que avoyer. > (Froissart, éd. Éervyn, V, 67.) (M. B.) U. 44 AV AV CeNÉ qi* U cOMotot et i«tt Buet» et ou'U mV ^ _ Fabl. 16. (L lU. n* mS. loi. iJi. R« ioL f. Qu'il fia» cMkfiuei» j^ ^^^/'^'^■'■S?!^ G] TARUMTES : ifVOIfiïl. ©ici de Ôorcl et dé Honet. _^ iMOtm. lâsefe Ataier, Enst. Besch. Poê#. Ifô^. fol. fro. Ayibri Gev. de RoussiUoivMS. (^ iS^ ^ IMet. d'OsdkU AvoYER. Ger. de Roussillon. p. 25. * Glo68. die Barot. Ravoibr» Ravoysr, Rsavoybr. Avolié, participe. Rempli^ comblé. ^ InstraH, TiOs fte Vàtibè d6 S^Dettis Glers, débonnaires, et ouois^ Et de tous lea UeMB fMioiié# Ph. HooikM. MS. p. W, Avoillée, participe. Eveillé, vigilant. Si soyens doiseraiai* avaUlié «1 «dfolt D'amendef es oe SMode^*. (Et plus boa ;) AÂDsin pouU ly bon dux Girart estre avtfMit^ Et d'amender ses vices de cuer apparoiUié« Ger. de RoubsÎIIod, US. p. 190. Avoine, participe. Nourri d'avoine. Li miens i ert dois ier (1) avoine* Fabl. MSS. du R. n* 79iS, T. II, fol. 451, R* toi. L Avoir, subst. masc. Biens, facultés, richesses. [Voy. le Gloss. du P. Mariene, Gloss. de Marot, Gloss. de Du Gange, sur Villehardouin, Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis, Gloss. sur le Rom. de la RoseetDict. Etym. de Ménage, au mot Avoir. — . Voy. aussi le Gloss. lat. de Du Gange, aux mots Averiutn et Affert^ et le Gloss. sur les Goût, du Beauvoisis, au mot Aver.) :. Large d'avoir, et tenant de Merchi. Hughes de Bregt, Pocs. USS. avant 1300, T. III, p. 990. U ûst tant en pou de temps • Son avoir et par son sens Qu-U ot C et XL voeles. Uachaut, MS. fol. 231. V col. 8. Science vault mieulx que ne fait avoir y Car tu en puez aidier toy et les tiens. Poêa, MSS. d'Euft. Desch. fol. 118, col. 3. J*ay toi^ours oï dire Que ii cors gaaigne Vavoir. U Cueos ûA Bret. Poês. MSS. avant 1300, T. 1, p. 76. Fy d'avoir qui n'a joie. Et d'amours sans monnoye. ProTerba dans la Dict. de Cotgrave» Remarquons les expressions suivantes : !• Vif avoir se disoit pour animaux vivans. (Voy. Avers.) 2* Avoir en terrBy non extrayé, c'est-à-dire biens, choses enfouies dans la terre. (Voy. la Coût, de Hainaut, au Nouv. Coût. gén. T. II, p. 145.) 3" Avoir de pois, ou de poids (2), c'est-à-dire toutes chosesoumarchandisesemballéessusc6ptiblesd*étre pesées. « Tout avoir de pois^ pour chascun^ vingt < sols quatre deniers, et en seront creuz les mar- « chands, ou les conduiseurs de dire, par leur « serment, ce qui sera ez balles sans defardeler. » (Ordonn. des Rois de Fr. T. I, p. 783, noies, col, 2.) «Et pour ce que marchandise Estoit toute perdue à Pise k VenîMv à Rome, à Geottet De draps d*or, de soye et dapenae» jy avoir de pois y d*espic€ri^ Avoir de pol$. ou saffiran doit. Id. fol. fiO. V ori. S. 4* Avoir de prix^ c'est-à-dire majBCbwidto» iim*oa peut apprécier, qu'on peut marcbandar. « Les ins^ < piers en grosv ou ea détail, les épiciers, frippiers, < cordiers, tendeurs de hanaps et tons autres « marchands d'avoir de prix^ pourront prendre de « leurs marchandises, et en leurs xoarcSkmdheà < deux sols parisis pour livre d*acques(. • (Ordonn. desftoîs de France, T. Il, p. 881.) Avoir k clers, toison à chion Né doivent pa» venir à bien. fabl. MS. duR. 0* 7015, T. IJiA^Ti^y oO. 1 VABIÀ9TES : AVOIR. Gloss. de Du Gange sur Vnieh. AVER. Gloss. sur les Goût, do Beauvoisis. AvEiR. Loix Nonn. art. xxxi et XLI. AvoiRE. CoquiUart, p. 129. Avers. Fabl. MSS. du R. n» 7989, û>L 75. Avoiranx. Il faut peut-être lire a voir aux, a vers taux, pour avoir eux, à les vair^ oa peut- être sont-ce des adjectifs qui signifient svare. Les Biars i fu avoiraux. KaOL ds Bon, ll8»p..lVL On lit averiaux dans une autre copie. VARIANTES .* AVOIRAUX. Rom. de Rou, MS. p. 357. AvBRiAUX. Ibid. autre MS. Avoisinement, subst. masc. Proximité, voi- sinage. « Les herbes, et plantes sont affectionnées « les unes aux autres, et entre autres n'en y a de « si ardente qu'est le palmier, desquels ils sont « deux espèces, masle et femelle, et que le masle < convoite Vavoisinement de sa compagne ; que, « s*il arrive que la femelle soit plantée loin du « masle, il dessèche peu à peu. » (Du Verdier, Bibliolh. p. 5.) Avoisiaer, verbe. Etre proche, être voisin ; approcher. (Voy. Du Cange, Gloss. lat. au mot Vicinare et le Dict. de Nicot.) De grasse cuisine Pauvreté s'avoisine. ProT. dans la Dict de Colgrita. Avoitrement, subst. tnasc. Âvortemeat. (Voy. Dictionnaire de Nicot.) Avolé, subst. et aâj. Etourdi. — Etranger. — Bâtard. Au premier sens avoU sigtiifle un étourdi, un homme qui ne prend conseil que de lui-méoie, selon le Dict. de Bore), et Celtnet. de Léon Trip* pault, au mot Avolé. Ce mot signiAoit aussi étranger et on le troiiv>e en ce sens sous les diverses orthographes. Il signi- fioit proprement qui est venu d'ailleurs, qui n^est pas originaire du lieu où il s'est établi. (Voyes Dv (1) Dès hier. - (2) Les Anglais donnent à la Uvre de 16 onoénle noot d'avoir du poOêk (M. m.)^ IV AX AY CbqI^, Gloss. lat. au mot Advoli.) « Ceux qui « estoient ainsi bannis, dont il y avoit foison^ se « tfinc^ent à S' Orner le plus, et les appelloU-^ag « avoués (1). » (Froissart, éd. Kervyn^ II, 417.) « Par ma foy, dist-il, c'est meschef de celiuy avollé^ • quel -on ne scet qui il est, qui emporte honneur de « tous les chevaliers de la grant Bretaigne. • per- oéforûst, Vol. YI, fol. 115. — Voy. les Poës. mss. de ftroissart, p. 122, iM)l. 1. — Ph. Houskes, ms. p. 779.) Ce mot est employé comme épithète d'étranger dans les Œuv. de Bail, fol. 177. On trouve avolé, expliqué par Bâtard, dans Illist. du Théâtre français, T. III, p. 492, et il est employé en ce sens dans Perceforest, fol. 110. VARUNTES : AVOLÉ. Celthel. de Léon Trippault. AvoLLÊ. Perceforest, Vol. VI, fol. 115, V» col. 1. Advollé. Fabri. Art. de Rhét. livre 1, fol 149, R«. ESVOLÉ, EVOLLE, EVOLLÊB. Avolement, substantif masculin. L'action d'accourir, de venir en volant. (Voy. les Dict. de Nicot et d'Oudiu, au mot Avolement.) VARIANTES : AVOLEMENT. Dict. de Nicot et d'Oudin. ESVOLEMENT. Avolenter, verbe. Inspirer delà bonne volonté. . Avoir bonne volonté. Ce mot s'est dit dans le sens de gagner le cœur, mettre dans ses intérêts. « Ce fut fait sur l'espérance « que le dit duc de Bretaigne viendroit servir le ; « Roy avec ses Bretons, et declairroit les Orléannois ^ « ausquels il avoit promis de les servir et pour lui « avolenter. » (Monstrelet, Vol. I, fol. 99.) . Il a été employé aussi pour : avoir bonne volonté : De loi servir i^avoJentoil, Fabl. MS. du B. D* Tfl6, fpl. 51 ..R* Ml. 9. VAJEIIANTES l AVOLENTER. Fabl. MS. du R. n« 7218, foL 57. AvouLfiNTBR. MoBstrelet, Vol. II, fol. 128. ïkvoler, verbe. Venir en volant, accourir. (Voy. leDict. de Nicot.) « Lors luy estant à la ditefenestre • Tint soudainement de la cité avoUant la pierre « d'un veuglaire qui ferit à la fenestre ou estoit le « dit comte. » (Monstrelet, Vol. I, fol. 99.) . • . S'aueuns besoings te court seure, Vrais amis est qui en ceUe heure Aporte le sien, et avole, Poet. MSS. d^Eost. Desch. VARIANTES .' AVOLER. Dict. de Nicot. JLmroLKR. AvoLLKR. Monstrelet, Vol. XI, fol. 39, R«. ESVOLER. Avon, subst. masc. Rivière. (Voy. le Dict. de Borel, ^ addit. au mot Aven.) Avorte f participe, avortée au fém. On lit dans lax^mplainte d'Alain Cbartier : Quand sa Dame fui avm^. Arorter, verbt. Haïr. ~ Faire avorter. Ce mot a. signifié haïr. (Voyez leDict. de DofdO On disoit aussi avorter pour faire avorter, et, dans le sens moral, rendre inutile. « Àwrteltwnic^ « dans le ventre. » (Sagesse de Charron, p. 114.') < Accidents qui avortent\es fruits delà dite tref)ire. « (Négociât, de Jeannin, T. II, p. 470.) '^ ' ATortonne, subst. fém. C'est le féminin d'avoT- ton. Terme d'injure. Satan, parlant de S- Barbe ; « Barbe la faulce avortonne. » (Hist. du Thât. franc. T. II, p. 73.) Avouiller, verbe. Ouîller, remplir. Avoutllette, subst. fém. Entonnoir. Avoytper, verbe. Avorter. VARIANTE : AvoRTm. J. le Maire, Illustr. des Gaules, Uvite I, p. 55. A:^iSy subst. musc. Essieu. Froissart, parlant de Phaéton emporté par les chevaux de son père, dit : Li (2) pour ouvrage per- san; dans Rabelais, T. IV, p. 3, on lit: « norfilée « d'or à ouvraige d*a^mine. > On lit encore dans un autre endroit du même auteur : « fol d'azenUne. • (Ibid. p. 207. — Voy. Le Duchat sur Rabelais, loc. cit.) Aziman, subst. masc. Aimant. (Toy. Atemans.) Awan, adv. Désormais, ci-devant. Ce mot sem- ble formé du latin hoc anno. Il exprime indistincte- ment le passé et l'avenir» désormais et ci-4evant. On a vu ces deux significations contraires au mot Avant. Borel, au mot Auwan^ rexpliqoe par : cette année. Grans amis, et mescheance Li puis awan avenir Lie est ke me fait languir. Jebaa de RenU. Pom. US. a?»! 1300, T. m, p. ii05. YARiANns : AWAN. Poes. MSS. avant 1300, T. m, p. 1199. AvAN. Poët. MS. du Vatican, n* 1522. foL 158, R* col. i. AwEN. Poës. MSS. de Frbissart, p. 3B1, col. 3. AuwAN. Poës. MS. du Vatican, n» 1400, fol. 137, V*. AuwEN. Dict. de Borel, 2«' add. AuvAN-MBS. Fabl. MS. du R. n« 7218, UA. 48, R* od. 1. Oen, Ouan, Ouen. B B B. Cette lettre étoit un mot dans les expressions suivantes : V B ne R (1). Façon de parler qui répond à la nôtre : Ni A ni B. Je ne cognois ne B ne il. EraiM. Poes. IISS. fol. S88, V*. 2* Marqué au B. Façon de parler, pour désigner ceux qu*on peut qualifier d*un nom qui commence par un B. « Ceux qui sont marqués au B^ comme « Bastards, Bossus, Bigles, Boiteux, Borgnes, etc., « sont ordinairement vicieux. » (Oudin, Cur. fr.) 3*» B carre y B quarre^ Bécarre^ B mol. Bémol. Expression connue en musique. Elle a donné lieu aux expressions proverbiales ci-après: Fou de B quarre et de Bmol; fou à toute outrance. (Voy. Rabelais, T. III, p. 202.) Par Becare et par Bémol et à toute game. (Voy. Du Tilliot, Hist. delà Feste des Fous, p. 125.) On lit(Ibid. p. 123) : « Poète par Becare « et Bémol. » Nous écrivons aujourd'hui Bcairei^). 4" Passer de B dur en B mol. Façon de parier empruntée à la musique, et qui souvent avoit une signification indécente. Elle se disoit aussi pour BA passer d*un discours à un autre» eztravaguer. (Oudin, Cur. fr. p. 25.) 5* Mettre quelqu'un de Bémol en BéAur^ c*étoitle rendre plus misérable qu'il n'étoil auparavant. Le conseU que le Roy ot dur Nous mis de Bémol en Bedur. Hitt. de Pr. à lâ mile da R. de P. MS. dn R. ii*^i, ftd. 81. On a retranché la lettre B d'un grand nombre de mots où elle s'employoit autrefois. Ainsi on écri- voit lebvres pour lèvres^ debvons pour devons, etc. (Mém. Du Bellay, T. VI, p. 414.) Baa. C*est une exclamation remplacée par celle de ha ! ha ! (Voy. les Contes de Des Per. T. I, p. 140. -^ Fabl. MSS. de S* Germ. fol. 46, R«>.) VARIANTES : BAA. Contes de Des Per. T. I, p. 140. Banon. Fabl. MSS. de S* Germ. fol. 46, R». Baaillement, subst. masc. L*action de bâiller, bâillement. Comblé d'ennuy, vuide de tous esbats Et de douleur portant sanglots et baats. MSS. des Mém. de Paris, cité» par Boral, Dict. 9** add. (1) C'est la rime qui a fait choisir ces deux lettres. On lit en effet au vers suivant : « Mais je scai bien qu'en celle terre N'avéra paix, ne ou pays, Se le poovoir des flours de lys Ne vient la chose refourmer. > v^^stourelle.) (N. s.) -- {%) On plaisantait encore, au xvii* siècle, sur le bécarre et le bémol ; voir Molière, Sicilien, se. 4. Dans la série des lettres prises comme notes de musique, a est le /a, b le si. etc. Le plain-chant abaisse souvent d'un demi-ton le «i, qu'on représente alors par un b arrondi, nommé bé mol; quand au contraire le ai était naturel, on le représentait par un b carré, ou 6 dur. Depuis, le bécarre est devenu le signe de toutes les notes remises au ton naturel, comme le bémol est devenu celui de toute note baissée d'un demi-ton. (n. b.) BA — 349 B TARIANTBS * BAAILLEMENT. Oudin, Dict. Baat. Borel, 2" add. p. 461 Baailler (l), verbe. Bâiller, avoir la bouche ouverte. — Etre oisif. Sur le premier seas , voyez Oudin et Rabelais j T. I, p. 102 et 132. On s*est servi de ce mot pour exprimer Tair cons- terné de quelqu'un qui a peur. li couart de peur baaillefttf Et U hardis des portes saiUent, etc. G.Gui«t,MS.fol.tt3,V*. Comme l'inaction fait naître l'ennui , et l'ennui Tenvie de bâiller, de là baaster s'est employé pour être oisif. Un seul d'entr'eux plus ne baaste (2), Vers le pont destelent a haste : Grant erre celé part remenent Li autre qui le contretiennent. G.Guiart. MS. fol. 28S. K*. YÂRIA24TES : BAAILLER. Oudin, Dict. Baislbr. Rabelais, T. I, p. 102. Baastbr. g. Guiart. MS. fol. 235. Bayer. FouiUoux, Fauconnerie, foL 68, R«. Baaingne, subst. fém. Bohême. Son fU qui vint en Alemaingne Tenu fu par Roy de Baaingne <3), Moult palle Fen de sa proesce, Envorque tout de sa largesse. Hbt. de Fr. à U suite du Rom. de FauTd. IIS. du R. n* 681S, fol. 8t. Baance, subst. fém. Espérance, attente. J*ay servi si longuement En'pardon, et en haanche, Po«t. MSS. aTmt 1300, T. UI, p. 11S5. Mais paor ai qu'aillors n*ait sa baiance. Ibid. T. IV, p. 1196. On disoit dans le môme sensabeeiance, abeyance^ etc. On se servoit particulièrement , en termes de jurisprudence, des droits en litige, des droits non encore échus, mais qui doi^nt naturellement écheoir ; ils se nommoient des droits en abeiance, (Voy. Du Gange, Gloss. lat. au mot Abeyantia,) Ces acceptions viennent toutes du verbe Baër, dans la signification d'aspirer. VARIANTES : BAANCE. Poês. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1661. Baanchb. Ibid. T. III, p, 1195. Baiance. Ibid. T. IV, p. 1341. Abebiancb. Du Gange, Gloss. latin, au mot Abeyantia. Abeyancb. Ibid. B&EMENTy subst. masc, Gotgrave. Baates, subst. Bataillons ou sentinelles. Parlant de deux armées en présence, Athis a dit : Les bcKUea se sont choisis. AUiM,MS.fol.46,R«eol.l. Baates est peut-êlre une faute (4) pour bataille»^ escadrons, bataillons, ou peut-être faut-il lire Waites, c'est-à-dire guettes^ sentinelles. On lit Espies ^ans le ms. du Roi. Babat (5), subst. maso. (Voy. le Dict. de Gotgr.) Ce moi, comme on le verra, en a produit beaucoup d'autres; il s'est formé vraisemblablement de la première articulation des enfaos qui n'ont pas encore la facilité de parler. Babeau (6), subst. maso. Fête, cadeau. Il vous faut mener par rivages, En beau temps aux pèlerinages, Et vous donner tant de babeaulx. La GbaiM et Déptft. é*Aaoan, p. 107. Babelé, adj. Turlupiné, tourné en ridicule. chasouno est là babelée^ Mais aux maris en est la coulpe. Koflt. DeMh. PdN. MSS. fol. 555, col. 1. Babelu, subst. masc. Railleur, plaisant. Ce mot ne nous paroit avoir été employé que dans cette expression : faire le babelUj c'est-à-dire faire île railleur, le plaisant : On rit, on fait le babelu. CcHpiillart, pige 160. Babichon» subst. masc. Espèce de petit chien. C'étoit une espèce de chiens petits et à poils longs» selon le Dict. d'Oudin. Babille, subst. fém. Babil. (Voy. le GlossaireMe Marot et le Dict. d'Oudin.) On lit : commancherJUla babilloire^ pour dire babiller^ dans les Contes [de Cholières, fol. 263. Nicot, dans son Dictionnaire, et Bouchet, dans ses Sérées, livre I, p. 438, dérivent le mot babily de Babel (7). VARIANTES I BABILLE. Glossaire de Marot. Babillerie. Oudin, Dictionnaire. Babilloihe. Contes de Gkolières, fol. 363, Y*. Baboc (ordre de la). Cet ordre singulier, com- posé de buveurs^ subsistoit vers le règne -de Charles VI. Un ordre scay de nouvel establie. Dont maintes gens se doivent fort loer, Et où l'on doit t>oire jusqu'à la Ue, Tant qu'es benaps, ne doit riens demourer ; Et si doit on toudis du pot verser Vin es vaisseaulx, l'un Fautre requérir : Les requerans y doivent obéir Sanz refuser, tout boire, et sanz escroc : Ainsi se doit cest ordre maintenbr, Qui s'appeUe Vordre de la baboc. Bntt. DmcIi. Poét. MSS. T. II. 161. Ml. Baboles, subst. fém. Bijoux, joyaux. — Flat- teries. — Bagatelles. (1) L'étymologie est badacularcy forme allongée de badare. (N. s.) — (2) Il faudrait peut-être rapprocber cette forme de baaterj guetter, observer à dessein de nuire : c Mais ja ne si baatera Que Tom ne le prenge es sons faz. » (Cbron. des ducs de Norm., éd. F. Michel, J, vers 14907.) Et au vers 15020 : c Celui qui a toz jors baale Ck>mont ta corone t'abate. » Voir Baates, (n. b.) — Q) On trouve aussi Behaigne. (N. E.) — (4) Ce n*est pas une faute, car nous avons d'autres exemples du mot: c Quant les oaates de la tor Virent les enseignes deslors. » (Ghron. de Norm., id., II, v. 1^96.) On trouve en provençal et dans les chartes latines du Midi la forme bada. (n. b.) » (5) Ne faut-il pas en rapprocher le mot baba^ sorte de pâtisserie? (N. b.) — (6) Babeau doit être une ancienne forme remplacée au xvi* siècle par babiole, venu d'Italie. La racine serait une corruption de babulus^ nigaud. (N. B.) * (7) Il Taut mieux voir là une onomatopée qui se trouvej^en d'autres langues ; babbelen en aUemand. (N. e.) BA -J Sur te premier sens : bijoux, joyaux, voyez Du "Can^e, Gloss. laU au mot baubella, qui a la même Signio cation. On disoit aussi baboleg, pour flatteries, douceurs feintes : ■ Ce sont paroles courtoises, et emmielées a desquelles on séduit la simplicité des personnes < non déniaisées. • (Epitb. de Uartin delà Portée Nous disons encore babioles, pour bagatellM. On trouve en ce même sens, baboyes. ■ Tout le reste ■ n'est que baboyes. > fSagesse de Charron, p. 473.) On disoit de même : • l'entreteDoyenlde jongles et « de bobes (i). ■ (Proissart, livre tV, p. Î2.} VARIANTES : BABOLES. (plur.) Epift. de la Porte. Babiolbs. (plur.jGlou.lat de DuCange, m mot Baubetta. Babovb. sagesse de Charron, p. 473. Bobs. Froissart, livre IV, page 32. Baboleur, subst. ma$c. et adj. Conteur de fables, trompeur, fabuleux. Martin de la Porte, dans ses Epittièles, fait un adjectif de ce mot, et l'emploie comme épithëte de mensonge. Babou, subst. fém. Moue, grimace. ~- Epouvan- tail d'enfant. Houe, grimace eat le sens propre de m laol. ■ Panurge lui feist la babou, en signe de dérision. ■ (Rabelais , T. IV , p. 238.} Jouer à la babou , c'est-à-dire jouer à se faire réciproquement la »oue. (Id. T. I, p. 195.) -Comme les grimaoes épouvantent les enTants, on a employé le mot babouë pour le nom factice d'un épouvantait d'enfant. • Trouvons en Théocrite ■ {lu'une femme nourrice menace son enfant de la « oaboue, et du marmot. > (Bouchet, Sérées, page 347.) VARIANTES : BABOU. RabolalB, T. IV, page 538, Babau. PoSa. MSS. avant 131», T. IV, page 16C0. Babate. GotgTAve, Dict. 3AB0UE. Bouohet, Sôrées, T. IV. pBge347. Babouve. Cotgrave, DicUonnaire. Babouin (2), subst. masc. Singe. — Petit enfant. Homme difforme. — Niais, imbécile. — Lâche, poltron. — Figures, statues mal faites. La signidcation primordiale de ce mot paroltétre celle de singe; on le trouve dans cette acception au Glossaire latin de Du Cange, au mot Babewynus. (Voy. le Dict. deWicot.) Dans le passage suivant, il est mis pour t^préseotation de singe qu'on em- ployoit 'ownme ornement d'architecture : « Sunt ■ sicut isti babouini qui ponuatur in turribiû et « pilariis. > (Sermon fle Menot. fol. 28.) Il a eu des significations plus étendues, mais presque toujours employées comme termes d'inju- res. On les a appliquées aux-eafans comme dans oe vers de la Fontaine : Xb Ile péUt baboMin. La rmtA», tiOm. S. IS. e- jji On s'est servi de ce mot pour désigner un homme d'une figure difforme : • La Qlledu BofocauM- ■ rant la laide contenance au S&rnzia arottAe •I grande douleur en son cœur de ce fu'un lel • monstre et babouin emportoit le prix Sa \Sle > joute. * (Nuicts de Slrapar. p. 236.} Ceat de 11 qu'on a trouvé ce mot adressé à un nain, comna inten>ellation injurieuse, dans D. l'ior^ deOrte», fol. 60, ei^ il est écrit babouyn. H est employa avae la même signification dans la Farce d» Fathëlia, page 30, et les Essais de Moataigae,T. ni, p. 378. De là aussi, ce mot a signifie un eoFant, ou un homme de petite taille, comme dans le pasaaee svi- vaat. Le P. Heoestrier, parlant d'un carrousel, s'exprime ainsi : ■ La quadrille d'Hercnla ^toit ■ d'autant plus belle que tout f étoit «xtraordi- • naire ; deux cenlaures en étoient las trompettes, > douze babouins portoient après eux des flam- ■ beaux allumés. ■ (Le P. Menestrier, T. desTourn. etc., page 50.) De la difformité du corps, on a appliqué oe mot à la dilTormilé de l'espril, et on a dit frawuyit, pour sot, niais, imbécile, {\oytz le Dictionnaire de ^teot etdeMonet.) J'a; agencAmar-tsftnMlapufpttn Pour vous bâtir, et draaaer «arte ^liske. Par ung esprit qui n'«t pis lafc0«wn Ce mot a aussi sigaillé lâcbe, poUroQ : Ea tu de Bï peu de desBeoce, Si couard, et si babouin, De u'oaer parler que de lotDgf? CUa.lfaMi,T.l.f.ni. Ce mot, s^employa^t pour les ftgiHVB difformes, a pu servir à désigner les figures souvent mal re- présentées de nos saints. L'aateur, après avoir Ait §u'il suffit de la représentation de la Croix et de la " Vierge pour servir d'objet h la piété, contiane ainsi : Ou trop de fois jdoii Contre les divines escoles Telz Bimulacres n'aonrcoB. Smt. Oe^. Poil. MSS. T. m, p. têt. C'est par une extension de ce môme sens qa'oi a nommé ainsi les fausses reliques. Henry EstietB», parlant d'un prétendu charbon de S' Laurent jO^ sente par un imposteur comme une relique, ffit d'une femme qui avoit d'abord fait diTOcoltëOela baiser, • qu'elle alla baiser le babaotn après tons, ■ et toutes les autres. • (Apol. poar Hérodote, page 665.) Baiser le babouin étoit d'ailleurs une façon de parler qui signifloit rendre une obéissance forcée «t servile. (Voy. Oudin, Cur. &>,) • Le S' Doc de Biïbsn ■ a été contraint de baiser le babouin (I). • (Caqatl de l'accouchée, p. 123.) TABUHTBB .' BABOUIN. G. GuUrt, US. fbl. 5tv R*. Babouïn. Oém. Uarot, T. I, p. l41. Bàbion, Nicot, DictioDnaire. , BabouinaU, verbe breton. Babouinaff au iruace^ gallict, canchier, c'est-à-dire barboiiill&r le viaage. C'est l'explication que L'on trouve de ■m moi sans le CathiOiicutn amwricum cité par Du Gaoge, Gloss. lat. aux mots Babewynus et Qerta. (Voyez Baixmnwie.) VABUHTES : BABOUINAFF. Du Cange, GloGS. lalio, au mot £ateivynui BABOiiimirv.IiL.iUil. Babouiner, verbe. Tromper. — Marmotter fXHume les enfaos, remuer les lèvres comice les singes. SurleprMnier sens de tromper. {Voyez lesDic- tionnaires d'Oudin et de Cotgrave.) Ce mot signifloit aussi remuer les lèvres, marmot- ta', remuer les màcboires. Oa trouve bobiner ea ce même secs, dans le Diot. d'Oudia ob il est rendu en italien par ces mots : muQver le ganascie. TABiAniEs : BABOUINER, Babouinneb, Baboineii, Bassiner, Babi- ma, Oadin et CotgraTe, Dict. BABianxR. VitloD, p.iW. Baboïsr. CotpaT*. Bat)oDlnere, subst. fém. Figures bizarres et difformes. Ces mots sont formés de barbe ou babouin. La babauinere étoit une espèce de masque cornu et barbu, représentant le diable. Les Sarra- sins, voulant épouvanter les chevaux de l'armée de Gbarlemagne, placèrent devant eux des gens de pied • dont chacun avoit une babouniere cornue, ■ noire et horrible, ressemblant'diables, et tenoit • ^acun d'eux tympannes dans ses mains qu'ils ■ heurtoient ensemble. » (Chron.de S' Denys, T. I, fol. 143.) On Ut babouinere» quelques lignes plus bas. (Ibkl.) Le même fait est rapporté par l'Arch. Tnrpin, en ces termes : ■ Babenteslarvasbarbatas, • cornutas dœmonibus consimiles, etc. ■ On trouve barbadouires pour masque, dans le Gevaudan. (Voy. Du Cange, sur JoinvUle, p. 274 ) Barbants signifie la même chose eu Auvergne. {Ibid.) On a appelé Aar&t£ivdeCBr, la mentonnière d'un casque. (Voy. 1« Glossaire de l'Histoire de Bretagne et un inven- taire d'ennares, rapporté par Du Cange, Gloss. lat. su mot Armatura.) Barboire paroit aussi avoir été employée danslesensde mascarade. (Voy. Cartheny, ¥oyage du Chevalier Errant, fol. 51. — Rabelais, T. IV, p. 220.) De la, babcuynerie a'«&l em^|»loyé poar les orne- mens ridicules, imaginés par les peintres, ou autres ouvriers, pour décorer les armoiries des nouveaux nobles. ■ lis mettront en tymbre, c'est-à-dire sur le 1-- BÀ ■ haut des armea, ou un masque, ou le portraict ■ d'un visage de ^une ou quelque inepte et rîdi- ■ cule babouynnerie, et au pis aller un babôuyn • baillant à guenïe ouTcrte. - (S' Jul. Kesl. Hi»t page 376.) TAïUARTEs : BABOUINERE. ChrOD. S> Den^s, T. I, foL 14a Babounibrb. Jhiû. Babouynerig. S< Jul. UmI. hisl. p. 576. Barbadouires. Du Cangs, sur JoinviU», p. 874. Barbauts. Id. ibiif. Bakbixrx. Du Cange, Glosa. laL au mot ilnmtura. Barboirb- Id. (Ud. au mot Barbatoria. Baboulnerte, subst. fém. Tromperie. (Dict. d'Oudiaet de Cotzrave.) Nous avons vu le verbe babouiner employé pour tromper. vAniAiiTBs : BABOUINEniE. Ondio, Colgrave, Dictionnaires. Baboutmerik. Ibid. Bac, subst. masc. Bateau. — Bassin. — Vaisseau ^ boire. (Voy. l'étymologie de ce mot, dans Pezroa, Antiq. des Celles, pages 334 et 423.) Back est un mot allemand qui signifie toute espèce de vase. (Voy. Valois, notice sous le mot Bacivm.) Ou trouve bacca el bacctis, dans la signi- fication de bateau, au Gloss. lat. de Du Cange. (Voy. Perceforest, Vol. III, fol. 22), où le mot bae est employé dans le sens qui subsiste encore aujourd'hui.) Bac, employé pour bassin, se trouve dans les Mém. d'Ol. delà Marche, Liv. Il, p. 526, et dans Rabelais, T. III, p. 262. De lu, il a signifié un vase pour boire. Borel, qui cite Pontanus, l'explique en ce sens. On disoit : 1° Droit de bac ou de pontenage. (Voy. sur ce droit. Laur. Gloss. du Dr. Fr. et le Dict. de Cotgr.) 2° Bac passager, c'est-à-dire: bac à passer la rivière. « Eux arrivez au dit lieu, ne trouvèrent le > moyen de passer la rivière qne par le bac passa- I ger accoutumé. > (Mém. du Bell. Liv. Il, fol. 88.) 3* Passer le bac, façon de parler pour dire qu'u faut faire une chose. C'est en parlant du mariage qu'on a dit : 4° Elre passé au bac, être perdu, être bien loin. Guillemelte, à qui Palhelin demande i. 5° Mener le bac, c'est-à-dire : gouverner. {Voy. Poës. Kss. d'Ëust. Deschamps, fol. 3S.) tahiahteb: BAC. Hém- d'Ol. de Im. Uarcbe, livre n, p. SH- Back. Valois, ootica. — Boral, Kctioanairo. Bacq. Peiron, Antiq. dw Celtes, p. SSL BA -i Bahcq, Percet. V Venceslas, fort yvrogne, dégagea la ville de ■ Nuremberg, du serment de fldélité qu'elle loi ■ avoit prêté. > (Vie de Charles VI, p. 353.) Bacbe, subst. Instrument servant à Is pédie. . Pour Caire des englna, des bâchas, du T seur étant celui qui a des vassaux, mais dont la • seigneurie dépend d'un autre seigneur. ■ (La Roque, Traité de la Noblesse, p. 27.) On employoit aussi le mot bachelerie, comme collectif de bachelier. Sempres ot la cour rempila De moult génie baehelena. RoB-ilaBral. IIS.M.IS. Ger. de Roussillon trace ce portrait de Pourques, seigneur également brave, noble et généreux : BA — 353 - BA Il est Ij colombien de ioaU les égarôSi Il est ae toutes gens si orné, si paré, Que toujours est gamy de grana chevalerie, Et de très excellent, pour voir, bachelerie, Ger. àé RooMfllon, MS. p. St. < Jehan de Hainaut qui vint à luy moult puis- « samment avecques grand bachelene de Hainault « et d'ailleurs. » (Froissart, Liv. I, p. 143.) La bachelerie de Beauvés. ProT. à U mita des Poês. MSS. avant 1800, T. IV. p. 1651. On verra ci-après ce que l'on entendoit par bacheliers. G'étoit communément ceux qui faisoient apprentissage de chevaliers. On distinguoit deux états dans la chevalerie : la bachelerie et la va- vasserie. Le vavasseur se bornoit à régir son bien ; le chevalier, au contraire, cherchoit les aventures. Cil qui trueuve chemin forahié Moult est fols quant il se desvoye, Por aUer une fausse sente, Dont chacun forvoye la sente. L'un for si est bachelerie^ L'autre si est vavassorie. Fabl. MSS. du R. n* 7Si8, fol. 156, R« col. 1. De là, on désigna par bachelerie^ les qualités ordinaires d*un bachelier, telles que : l'adolescence, Ja bravoure, le savoir, la vigilance, l'émulation, même l'imprudence, Tétourderie. Nous en allons citer des exemples: Pour jeunesse, âge d'adolescence, on a dit: « Il « apprint legièrement le jeu des echetz, des tables, « et tous les autres jeux dont il veoit jouer, et « quant il vint en aage de bachelerie, nul ne le « povoit enseigner. » (Lanc. du Lac, T. I, fol. 10.) Bachelerie signifie bravoure, valeur, mérite, dans ces vers : Gilz aussi qui de m'amour me prie Fust si garnis de grant bacelerie Que son bon los et sa chevalerie Por tout le monde anst prisie. Poês. HâS. de FruUfart, p. 446. Afiert bien que soit chevaliers Douz et humbles et pois parliers Mes dou cors, de fors et de dens Pour l'ordre de chevalerie : Si doit amer bachelerie^ Et tous maux usages fuir Et les armes par tôt suir. Fabl. HSS. do R. n* 7615, T. Il, fol. 163. R* eol. 9. Bachelerie tsi employé pour habileté, dans ces vers : C'est beUe bachelerie De trouver ce qui n'est mie. PoH. MSd. da VaUcan, n* 15», fol. 165. V eol. 1. Bachelerie désignoit vigilance, dans ces vers : amours endormie Ne vaut rien, bachelerie Convient, que son estauvoir Veut en amour recevoir. Pois. MSS. du Vatieu. o* 1400. foL 454, V. Bachelerie se trouve pour ambition, émulation, dans ce passage : Qui cors a, membre et vie Se tout a dies n'estudie En plus grand avanchement ; K'en vivre moiiennement. N'a point de bachelerie. PoM. MSS. du Vaticn. a* 1400. fU. 160. Y*. IL Enfin bo^^h^tene, désignoit: action de jeunesse, imprudence, étourderie. C'est en ce sens qu'un amant, piqué de se voir renvoyé par une femme galante qui lui avoit fait partager ses faveurs avec beaucoup d'autres, a dit : Si je conquis, ce fu bachelerie. >ota. MSS. du VaUcan, n* 15», fol. 157. V* ool. 8. On voit, par les passages cités, qu'on écrivoit indifféremment bachelerie et bacelerie. Cette der- nière orthographe se trouve quelquefois dans les Poês. de Froissart, et très souvent dans celles de Ph. Mouskes. Nous verrons ci-après la qualité de bachelier se confondre avec celle de chevalier. Il en fut de même du mot bachelerie^ qui se disoit indistincte- ment pour la chevalerie. L'âge plus avancé et une fortune plus aisée faisoient peut-être la seule supé- riorité des chevaliers sur les bacheliers. Moult par fu granz sa renomée Ou tens de sa baclielerie Qu'il demenoit chevalerie. Athis,MS.fol 64. V col. i. Tout nostre chevalerie C'est jovent^ et bachelerie. Athis.MS.fol 113, R* eol. 2. Lorsqu'un de ces mss. du même roman emploie le mot bachelerie^ l'autre y substitue celui de chevalerie. (Voy. fol. 67 et 82.) VARIANTES : BACHELERIE. Du Cange, Gloss. lat. à Baccalaria. Bacelerie. Ph. Mouskes, MS. p. 175. Bachelier, subsi. masc. Bachelier. — Jeune homme. — Homme de métier. — Chevalier. — Ecuyer. — Homme de médiocre condition. — Homme noble. — Officier municipal. — Tenancier d'une bachelerie. — Valet. — Titre d'étude. Il est aisé de voir, par ce grand nombre de signi- fications, combien le sens de ce mot a reçu d'exten- sion, au point de désigner quelquefois des choses absolument contraires, telles que noble, homme de métier, chevalier, valet, etc. Dans le Gloss. lat. de Du Gange, on trouve bacul- larii pour bacheliers, et on dérive ce mot latin de bacellariay bacele ou bachele, qu'on verra ci-après. Gaseneuve le dérive de bacillarii ou baculares ou baculus^ à cause des bâtons avec lesquels s*exer- çoient les jeunes gens qui vouloient parvenir à la chevalerie. Par là, ils supposent que les bacheliers n'étoient pas les mêmes que les chevaliers ; maison verra le contraire dans les citations qui suivront. Selon Gujas, les bacheliers étoient des espèces de gardes du corps attachés aux princes et aux grands seigneurs, et qui avoient bouche à cour: « Quasi < buccellarii, qui posteriori aetate erant milites, < corporis custodes, sive protectores, qui patronis < suis assistunt semper. » (Lib. de Fendis, 5 et 7.) Fauchet veut que ce soit l'abrégé de bas clievalier. Borel croit qu'il est plus simple de le former de baccœlauri, à cause du rameau de laurier qu'on leur donnoit, comme on fait encore à ceux qui passent maîtres ès-arts après leur philosophie. ' Borel a suivi en cela le sentiment de Louis Vives, 45 BA — 854 - B savant espagnol, qu'il ne cite pas. Plusieurs gram- mairiens ont dérivé ce mot de bataille. Fauchet» au contraire, prétend qu'ils se sont trompés, qu'il vient de bachelier qui, en picard, signifie jeune homme, mais il ne dit pas d*où vient le mot picard. Il paroitroit assez naturel de tirer son étymologie de vassal, vassus ou vassalluSy sujet dépendant, valets variété vaslet^ c'est-à-dire tout homme qui doit hommage ou service à un supérieur. Cette dernière étymologie pourroit être justifiée par les mots bassalus et basalarius qui se trouvent employés dans le même sens au Glossaire latin de Du Gange. Ce mot a signifié primordialement jeune homme, adolescent. (Voyez le Dict. de Ménage, au mot Bachelier.) Il cile plusieurs auteurs anciens, aux- quels je joindrai le Roman de Brut. Artus, ayant achevé la conquêle de la France, renvoya les vieillards qui favoient suivi dans son expédition : Les hachelera et la jouvente Qi de conquerre orent entente, Q\ n'orent femme^ ne enfans Retint o soy li rois neuf ans. Rom. de Brut, MS. fol. 77, V*. « Quarante autres chevaliers jeunes i;ach^//^rs. » (Froissart, Liv. I, p. 37.) Ph. Mouskes, parlant de Philippe-Auguste mourant et des regrets qu'il inspiroit aux seigneurs de sa cour qu'il avoit tendrement aimés, dit : Quar onques bacelers sa touse N'ama tant, coum il les aimoit. Ph. Mouskes, MS. p. 042. Tout cil et toutes celles Soient bacelers ou pucelies. FroiAtart, Pods. MSS. p. 37. Bacheier en ce sens renfermoit quelquefois une idée désavantageuse : Quant Tapelastes bacheier De se ne le voUez blasmer. Fabl. MS. de S« Germ. fol. 133, R*. Ce mot s'est dit dans une signification fort étendue en ce passage, où Pathelin, voulant flatter le drapier et lui parlant de son père, s'exprime ainsi : Vous luy ressemblés mieulx que goutte D'eaue ; je n'en fais nul doubte. Quel vaillant bachelier c'estoit, Le bon preudhorame, et si prestoit Ses deniers à qui les vouloit. Farce de Pathelin, p. iî. Et, en effet, le nom ou le titre de bachelier a été donné même aux serruriers, dans un édit de Fran- çois I*% servant à régler les droits qu'ils dévoient Eayer. (Voyez Freron, année littéraire 1758, T. VI, etlre x, p. 229.) On donnoit en général ce titre aux hommes de toute espèce de métiers, passés maîtres, mais non jurés. (Voyez Fauchel, Orig. Liv. I, p. 84.) Le mol bachelier se trouve très souvent employé comme synonyme à chevalier^ comme épithète de ce même mot, et pour signifier simple chevalier, distingué de chevalier banneret et autre chevalier en dignité ; les simples chevaliers inférieurs à ceux qu'on oppelloit bannerets ne prirent le nom de bacheliers ou de chevaliers bacheliers que dans le XIV* siècle, suivant le sentiment de Brossel sur les Fiefs, T. 1, p. 165. Dans un grand nombre de revues faites par les chefs de la gendarmerie, les hommes d'armes n'y sont jamais divisés qu*en trois classes ; à savoir, les chevaliers bannerets ^ les chevaliers appelés dans les unessimplementcA^ra/iersetdansd'autres chevaliers bacheliers^ et enfin lesécuyers. On n'y trouve aucune distinction entre les chevaliers et les clievaliers bacheliers. Us y sont toujours pris pour chevaliers. (Voyez l'Hist. de B. Du Guesclin, par Du Chatelet, p. 325.) « Sire chevalier, si j'avois en < ma compagnie de telz bacheliers que vous êtes, a je me doubterois peu de mes voisins, se mal me « vouloient. •» (Perceforest, Vol. II, fol, 22.) L'auteur de ce roman et Lancelot du Lac confondent toujours ensemble les mots de bachelier et de chevalier comme synonymes ; ils le sont en effet. Pour con- firmer cette opinion, qui se trouve appuyée des variantes de plusieurs mss., dont les uns disent bacelier lorsque les autres disent chevalier^ voyez Athis, MS. fol. 70, R" col. 2. Si un ms. dit bachelers^ on lit dans un autre us. jouvenchiaus. (Ibid. fol. 17.) Il suffit de consulter le Traité de la Noblesse, par la Roque, et les Ordonnances des Rois de France, dans lesquelles on trouve que la paye étoit différente entre le chevalier banneret , le chevalier bachelier et Vécuyer, Celle du 2^anneré/ étoit double de la paye du bachelier, et celle de Vécuyer n'étoit que la moitié de la paye du bachelier. On n'y voit point d'autre distinction. A toutes ces autorités» on peut joindre celle de Froissart, par laquelle on voit que les bacheliers étoient le troisième des ordres dans lesquels étoit divisée toute la chevalerie. Cet auteur, parlant des seigneurs qui accompagnoient le roi Edouard, nomme: 1" les princes, 2® les barons, 3" les bacheliers y * telz que monseigneur Jehan « Chandos » et autres qui, étant tous qualifiés messeigneurs, ne peuvent être regardés que comme des chevaliers. On peut voir encore le Traité des Droits d'armes, au n' 818, p. 321. — Labbe, Bibl. MS. in-4». (Voy. encore les Ord. des Rois de France.) Si ces citations ne suffisoient pas , j'ajouterois encore qu'on a été dans l'usage d'employer le mot bachelier et bachelerie (1) pour valeur, bravoure, comme on avoit employé ceux de chevalier et de chevalerie pour dire brave : Li Romain furent bacheier, Et convoitouz de rassembler. AUiit.MS.fol.4e.R«eol.i. C'est donc mal à propos que Fauchel, Liv. I, p. 83 de ses Orig., dit que « 6ac/ie/i^ étoit une dignité « entre celle de chevalier et d'escuyer. » (Voyez le Gloss. latin de Du Cange, au mot militare^ etD. Morice, Hist. de Bret. Préf. p. xiv.) Dans les vers suivans , ce motsignifie chevalier : Trois jours dura la fête ainsi, Quant vint au quart, au mercredi Ly Rois dos bacelers faussa Honneur, de livres devisa. Rom. de Bnit, VS. kL 80. (1) c De beUes apertises d'armes et de grcns bacheleries et de hardies emprises. > (Froissart^ éd. Kenryn, U, 10.) (n. b.) BA - 855 — BA Ce mot parott signifler écuyer dans le passage suivant. On sait que les chevaliers s'exerçoient aux tournois, et les escuyers à escrimer, lutter, sauter et jeter la pierre : En la guise qui dont couroît A déduit ont le jour tourné, Li chevalier ont boourdô, Li bachelier ont escremy, Pierre jette, Initié, saiUy. Rom. de Brut, IIS. fol. 33. Ce mot s'est employé pour homme de médiocre condition, seigneur d'un état inférieur aux comtes, vicomtes, barons et châtelains: « Outre les sei- « gneurs dessus dits y a au dit pays aucuns autres « seigneurs qui ne sont comtes, vicomtes, barons, « ne chastellains, qui ont chasteaux, forteresses, « grosses maisons, places qui sont parties de « comtés, vicomtes, baronnies ou chastellenies des « dits pavs, et tels s'appellent bach^/ters. > (Coût. d'Anjou, àans le K vol. des Coût. gén. p. 66.) Ce mot, avec la signification de seigneur, est mis en opposition avec un seigneur de plus haut rang. Le comte de Foix, prince du sang royal, s'adressant à la princesse de Galles: « Madame (dit le comte), « je suis un petit homme et un petit bachelier^ si « ne puis faire nuls grans dons, mais le don que « vous me demandés (s'il ne vaut plus de soixante « mille francs) je vous le donne. » (Froiss. Liv. III, p. 6.) Bertrand Du Guesclin, à qui l'on offroit la dignité de connétable, « s'excusa grandement et « très sagement, et dit qu'il n'en estoit mie digne et « qu'il estoit un povre chevalier et un petit bachelier « au regard des grans seigneurs et vaillans hommes « de France, combien que fortune l'eust un peu « advancé. » (Id.Liv. I,p. 403 ; an 1370.) Du Guesclin ajoute plus bas : < Mais il est vérité que je suis un « pauvre homme et de basse venue en l'office de « connétable qui est si grand et si noble. • Bacheler est employé dans le passage suivant pour tout homme noble opposé à celui qui ne l'étoit pas : N'avoit homme au pays si os, Ne bcLcheler^ ne paisant, Tant orguilleus, ne tant vaiUant Qui B'osast au jaiant combattre. Rom. de Brut, IfS. fol. 77, V*. Ce mot semble signifier officiers municipaux dans le passage suivant : < Les bacheliers de la dite ville « et bourgeoisie. » (Coût. loc. de Chateauneuf en Berry, T. III, art. iv, citée par Du Cange, Gloss. lat. au mot Baccalarii.) On ûommoit aussi bachelier l'espèce de tenancier qui occupoit une bachelerie qu'on a vu ci-dessus, ou qui tenoit à ferme, ou qui cultrvoit des bachele- ries appartenantes aux églises. (Voyez le Glossaire latin de Du Cange, au mot Baccalarii,) Bachelier s'est dit pour valet dans le passage suivant : « Tantost que Passelyon entendit le bâche- « lier, il commença à frongner des narines, puis « print ung baston et queurt sus au varlet. » (Percef. Vol. IV, fol. 102.) Enfin, bachelier étoit et est encore un titre qu'on acquiert par l'étude. Il y avoit : 4* Bacheliers en chirurgie. C'étoit ceux qui avoient obtenu le premier degré que prenoient les étudians en cet art. 2* Bacheliers d'église. C'étoit des ecclésiastiques d'un ordre inférieur aux chanoines, ceux qu'on appelle communément prébendier. (Voy. Du Cange, Glossaire latin, au mot Baccalarii.) 8* Bacheliers formés. On appelloit ainsi ceux qui avoient fait dix années d'étude en théologie. (Voy. Laurière, Glossaire du Droit françois.) 4* Le bacheler alarmes étoit le jeune chevalier qui veut s'instruire aux armes : Car puisque Dieus ensemble adresse Biauté, force, sans et proesce, En cuer de haut home puissant, Celui vait proesce croissant Qui grant terre à main burnir A donc à voloir de furnir La mester d'armes à son droit Celui daim bacheler a droit Celui claim bacheler d'armes. Fabl. MSS. du R. n* 7615, T. U, fol 1G4, R* col S. 5" On a dit proverbialement : Vin de Soissons, vin d'AuvUer Vin d'Espernay le bacheler. Ibid. n* 7218. fol. S31. V« eol. S. VARIANTES *. BACHELIER. Orth. subsist. - Voy. leGL du R. de la Rose. Bacchelier. Fabl. MSS. de S* Germ. fol. Bacheler. Rom. de Brut, MS. fol. 77, V». Baghblers. Fabl. MSS. du R. n« 7218, fol. 178, R« col. i. Bachelet. Abrégé de l'Histoire de Charles VL Baicheler. Poês. MSS. avant 1300, T. III, p. 1068. Bagelier. Fabl. MSS. de S* Germ. Baccler (Lisez Baceler). Dict. de Cotgrave. Baceler. Ph. Mouskes, MS. p. 642. Bakelers. Du Cange, uloss. lat. au mot Baccularii. Bagillier. Fauchet, Orig. Bachelière, subst. fém. Jeune fille. — Demoi- selle. — Femme de chambre. Le mot de Bachelette servoit à désigner de jeunes filles aimables ; c'est dans ce sens que Froissart dit : Un chapelet de violettes Pour donner à ces bacheleites. Poês. MSS. p. 87, eol. 2. £ais$^//e étoit un simple nom d'amitié, et c'est ainsi que le nom de Baiselle est donné à une jeune bergère, dans le Recueil des Poës. fr. avant 1300, Vatican, fol. 112. Les noms de Baisselette, Bachelelle, etc., emf or- toient toujours une idée ou honorable ou gracieuse ; quelquefois ils annonçoient un titre correspondant a celui d'écuyer, comme dans ce vers d'Eust. Desch. fol. 554, col. 1 : Qoi a escayer ou baisselU. Ondisoit bachelière pour femme de chambre. Delà les diminutifs bachelete, bachelote, etc., appli- 3ués, non-seulement aux jeunes servantes, aux emoiselles d'honneur, mais aux jeunes filles en général ; on prenoit dans le même sens baisse et ses diminutirs baisselle, balselette (1). (i) On fait de hastclette le diminutif de hasse^ servante, en ancien français et en normand, et Ton veut voir dans ce dernier mot le féminin de «omuc. Bachelette^ qu'on ne trouve pas au xm* siècle, aura été assimilée à bachelier, (n. b.) BA -3 tawabteb: BACHELIÈRE. Villon, p. 73. Bachelette. GIo9s. du Rom. de la Rose. Bacrelote. Fabri, Art. de Rhéloiique. Bacelote. Ane. Poëa. fr. avant 130(), HSS. Vatic. fol. 113. Basselbtte, Froies. Poës. Baisse. FabJ. MSS. p. 121. ^ Baisselle- Ane. Poës. fr. toi. 112. Baisele. Fabl. MSS. du R. n» 7318, fol. Ii8, V> eol. 1. Baisselette, Id. ibid. fioiSELETTE. Fabl. MSS. p. 130. Bacberynde, subst. Ce mot parolt employé oomme terme de pratique dans la justice criminelle d'Angleterre. (Voy. Brilton, Loix d'Angl. fol. 72.) Bachet, subst. masc. Bassin. Sachet de fontaine, c'est-à-dire le bassin destiné à recevoir l'eau d'une fontaine. (Monet,Dicl.) De là on a dit, au figuré: lâcher le baquet^ vuider le bassin, c'est-à-dire ren- dre par haut et par bas, en parlant d'une femme qui avoit trop bu et trop mangé. (J. Marot, p. 202.) VARIANTES : Bachevaleureux , adj. Brave. — Guerrier. aoy. les Dict. de Dorel et de Corneille. — Laur. 03S. du Droit fr. au mot Bachevaleureux.) > Il > commanda tantost à ses mareschanx ferir en . l'eau, au nom de Dieu et de Saint-George. Lors se ■ feril dedans leplus/iac/ieva/euretu^tljetlemieu): • monté de tous. • (Froissart, Livre 1, p. 119.) Bachière, subst. fém. Bascule. Partie ajoutée à un pont rompu pour servir d'enlrëc aux voilures. On dit, en parlant d'un pont de bateaux : > il y avoit • faute au bout du pont par devers Vilry, et y • meltoit-on une chariere nachiere, et quant on « esloil passé, la dite hachiere étoit ostée du bout ■ du pont, et estoit mise contre le dit pont au- > dessus aussi comme nu milieu, en sorte que les . ennemis qui vouloient après passer dessus es- ■ toient obligés de se mettre dans l'eau jusqu'au • nombril. • (Ghron. de S' Denys, T. 11, p. 252.) Au lieu de hachiere, on lit bachière, dans la Ghron. fr. us. de Nangis, qui paroit être le véritable mot. Charriere, dans le passage cité, parolt une épithète employée pour désigner des charrettes. VARIANTES : BACHIÈRE. Chron. fr. MS. de Nangia. Hachiere. Chron. S> Denys, T. II, p. 253. Bachlnon, subst. maso. Vase à boire. C'étoit une tasse de bois , selon Borel , au mot Bacin. Bachole, subst. fém. Sorte de hotte ou de vais- seau servant à porter la vendange ou autre liquide. (Voy. Nicot, et Du Gange, Gloss. latin au mot Basta.) VARIANTES I BACHOLE. Du Cange, Glosa, latin au mot Botta. Bachoub. Nicot et Colgrave. Bachot, subst. masc. Petit bateau; bacelus; en bas-latin baicha, balellus. »- BA TABIAMTES: BACHOT. Nuits da Strapar. p. 85. Bachet. Hooet. Diet. Baquet. BoutelUier, Som. mr. p. 507. Bacquet. Ibid. p. 860. Barquet. Froissart, Liv. II, p. 807. Bacequin. Hist. de la Toison d'Or, VoL I, fol. 96. Bacicoter, verbe. Tromper. (Voyez Dict. de Corneille au mot Bacicoter.) On lit baciquoter (3) dans le Dict. de Borel, qui cite le Rom. de la Rose, us. BacIn, subst. masc. Bassin. — Vase à boire. — Vase de garde-robe. — Cloche, tocsin. — Armure de tète. On employoit, dans le premier sens, les quatre premières orthographes. Les mots bacînus sous hacca, bacigna, bacynis, bassiie, bassinus, se trouvent dans le sens de bassin, au Gloss. latin de Du Gange. On lit baschin pour bassin, dans le Dict. de Borel , et basin dans les Poës. iiss. d'Eust. Desch. fol. 241. Le droit de bassin étoit une sorte de droit sei- gneurial. • Nous avons un droit appelle le droit du > {imsin, qui est tel que dame, vidame peuvent, - par chacun an, prendre un bassin d'environ un ■ seslier plein de raisins, en quelque vigne qu'il « voudroil, ès-environ de S' Michel. ■ (Laur. Gloss. du Droit fr. —Voy. le Gloss. latin de Du Cange au mot Bacinagium.) Ce mol subsiste, sous la seconde orthographe, avec cette même acception. Âtusinsignifioil un vase ou tasse ft boire. • Il • avoit soir, atant il print le bassin pour puyser . l'eau. . (Percef. Vol. V, fol. 28, R°.) On trouve (Jûcin et 6a5sm pour vase de garde-robe. Pour enrans. faull bera, et drapjaux, Nourioe, chaufete et baein. Eu». Doch. l'uti. USS. T. Ul, M. 4U, col. 1. (1) Il faut lire bachelereui, c i.T. I.fol T8, «.l.î. On lit bassin à selle percée, dans la même accep- tion. (Voy. Dict. de Co^rave.) Bacin, bassin et batsain se sont employés pour clocheet tocsin. Ondit de B. Du Guesclin , qu'au siège de Valongnes il fit venir de * S' Lô six engins > gettant pierres, lesquelz nos gens firent getler < contre la tour; mais il y avoit une giierite qui « sonnoit un bacin quand la pierre devoit eschap- • per. > (Hist. de B. Du Guesclin, par Ménard, p. 123.) fîfzssin s'est dit pour tocsin. • Fut publié que • se ceux de Bruges vouloient faire aucunes cour- ■ ses ou emvahyes sur ceux de la Cbastellenie, • qu'on sonnast les cloches aux églises et les bat- < gins pour soy assembler et résister à rencontre . d'eux. . (Monslr. Vol. II, fol. 153. — Voy. le Nouv. Coût. gén. T. I, p. 813.) e le prouve cet exemple emprunté au même auteur : c Ung très hardis et baehelereu» BA ^ SOT — BA Enfin bacin signifloit une armure de télé. (Voyez Bacinet.) Rassemblons les expressions suivantes : 1" Bassin de jongleur. C'étoit une sorte d'instru- ment de musique à l'usage des jongleurs, sansdoute fait à peu près comme un petit bassin , dont ils tiroient des sons. De là ce proverbe : Tout avocat beau diseur ressemble à bassin de jongleur. C'est-à- dire qu'il produit du son et rien de plus. (Du Verd. Lee. div. p. 510.) 2'' Faire la perruque au bacin, semble désigner un jeu de société. Le mot Dacinf dans ce passage, pourroit s'entendre peut-être d'un plat à barbe : Faire la perruque au bacin, Rire, chanter, deviser franc, Ce n est meurtre ne larrecin. Coquill. Monol. des Perruq. p. i67. 3" Dire à plain bacin, c'est-à-dire sans rien omettre. Jean de Venet, finissant THist. des Trois Maries, s'exprime ainsi : Dit en ay, sans estre esmaris. De leur enfans, et de S^« Anne Vous ay-je aussi à plaine aune, De ses maris (1) à plain bacin, 4° Cracher au bacin. Expression proverbiale employée par Rabelais, T. I, p. 65. 5* Chanter de basin, c'est-à-dire se moquer. (Voy. les Poës. Mss. d'Eust. Desch. fol. 241.) 6'' Bacin d'eve chaude. Façon de parler pour désigner une chose de peu de valeur ou dont on fait peu de cas : Et quant la sinagogue s'oi clamer ribaude D'ire devint plus pale et plus jaune que gaude : Tais*toi. dit-elle, garce, trop es de parler baude (2): Li tien aiex ne vaut pas plam bacin cVcve chaude, Fabl. MSS. du R. n* 7218. fol. S43. R* col. i. 7* Bassin de salle. Grand bassin (3). « Prens ung « granl basin de salle si parfond que le faulcon « soil en Teaue jusques aux cuisses, et mectz le « bassin en ung lieu bien secret, et soyt emply « d'eaue, puis apporte le faulcon. » (Modus et Ra- cio, fol. 63, V^) VARIANTES : BACIN. Gloss. latin de Du Gange au mot Bacinus, Bassin. Orthographe subsist. Bachin. Gace de m Bigne des Déduits, MS. fol. 94, V». Baschin, Borel, Dict. Basin. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 241. Batsain. Mém. de Montluc, T. II, p. 458. Bacine, subst. fém. Poêle à feu. «Trois milliers « de charbon de saulx, deux milliers de charbon « de chesne, vingt bactnes de trois piez chascune. » (Le Jouvencel, fol. 85.) VARIANTES .* BACINE. Le Jouvencel, fol. 85. Bassine. Cotgrave, Dict. Bactner, verbe. Sonner les cloches. — Echauf- fer un lit. Dans le premier sens, en parlant des réjouissan- ces publiques faites à Paris , à rentrée du Roi en 1414 , on lit : « Environ huit heures de nuyt < commencèrent les bonnes gens de Paris, sans « commandement, à faire feus et à baciner le plus « grandement qu*on eust veu passé cent ans de- « vaut. » (Journ. de Paris, sous Charles VT et Vil, p. 24.) On lit bassiner. (Ibid. p. 12 et p. 177.) Le Gloss. de ce Journal explique le mot bassiner par jouer des instrumens. Cette explication n'est pas juste. On a vu ci-dessus bacin pour cloche. Nous disons encore bassiner pour échauffer un lit. On disoit baciner dans le même sens. (Voyez Coquillart, p. 166.) VARIANTES l BACINER. CoquiUart, p. 166. Bassiner. Journ. de Par. sous Charles VI et VII, p. 12. Bacinet, subst. masc. Armure de tête. — Sorte de fleur. — Bassin, mesure. Au premier sens, ce mot signifloit sous toutes ses orthographes un chapeau de fer, pot en tête, armet ou autre espèce de casque. (Voy. Tétymologie de ce mot dans le P. Meneslrier, Orig. des Orn. des Arm. p. 28. — Voy. aussi le Gloss. latin de Du Cange, aux mots Bacinetum et Armatura; les Dict. de Borel, Cotgrave et Monel, au mot Bacinet. — Voy. enfin Fauchel, des Orig. Liv. II, p. 106 , et le P. Daniel; Mil. fr. T. I, p. 389 et 400.) L'auteur des Contes d'Eulrapel censure l'abus où Ton étoit de son temps d'emprunter sans besoin, des langues étrangères, de nouveaux mots, pour les substituer à ceux qui étoient en usage. ïl se récrie sur ce , qu'au lieu de cabasset, casquet et bassinet, on avoit introduit le mot Morion. (Voy. les Contes d'Eutra- pel, p. 479.) Le passage suivant feroit presque croire que le bassinet etoil une armure de tète plus légère et moins forte que le heaume. Il y est parlé d'un chevalier qui fut tué d'un coup de tance qui perça son bassinet. (Voy. Froissart, Liv. II, p. 106, année 1380.) Mais, en général, il est employé pour heaume. Eust. Deschamps, dans la description de l'armure d'un chevalier, dit : Escu luy fault, espée et lance, Cotte d'acier, et garde bras, Hernoys de jambes pour le bas, Solers de fer, et une pièce Que la poitrine ne despièce Plates, jaques et gantelés Braconnières et bacinés Hacbe, dague^ camail, visière Mais q\ï'û y ait bonne lannière Cottes d'armes pour pairement . Eust. Deacfa. Poét. MSS. fol. 504. « Il print son bacinet et le meit en sa teste et son « escuyer le lui laça par derrière. » (Froissart, livre ï, p. 400.) Il est employé au figuré, dans un passage que nous allons citer. Les Etats de 1506, parlant au roy Louis XII et faisant l'éloge de leur gouvernement, , lui dirent : « qu'il avoit maintenu son royaume et (1) Joachiro. — (2) Tu es trop joyeuse de parler. — (3) Bassin nous paratt être le diminutif de basse, sorte de tonneau qui, en Saintonge, sert à porter la vendange. Comme on trouve dans Grég. de Tours le mot ethnique bacchinon, il faudrait, peut-être remonter au celtique bac, creux, cavité, (n. e.) BA -> « son peuple en si bonne paix, que par le passé « n'avoit esté en plus grande tranquilité et telle- « ment qu'ils scavoient que les poulies portoienl le « hacinet sur la teste en façon qu'il n'y avoit si ■ tiardy de rien prendre sans payer. • (Lettres du Roy Louis XII et du Card. d'Amboise, T. I, p. 44.) On peut voir dans la Colombîère (Th. d'honn. T. I, p. 58), une description détaillée du bacinet, tel qu'on le portoit en Brabant, en Flandres et en Allemagne. Le bacinet semble signiOer, dans les trois cita- tions suivantes, une calotte de fer qui se mettoit sous le casque (I) : Le Rot s^sit au troin : tel cop ly donne ea teste. Qu'il ly sembla qu'il Tust Teru d'une lempeate : Lt yeaume l'escarleUe, ly bacinet fendist. 6cr. d> HouulIlDii, HS. p. 1E8. On voit, parle dernier passage, que le bassinet estoit une calotte que couvroit le heaume, recou- vert d'un bonnet d'acier ou coiffe. « L'espée qui ■ estoit trenchante descend sur le heaulme et luy « va Irencber jusques au bassinet. > (Perceforest, Vol. I, fol. H6, V'.) . Luy couppa le bonnet d'acier ■ € et fendit le heaulme jusques au bassinet. • [Ibid. Vol. I, fol. 21.) Dans les Orig. de Fauchet, livre II, p. 106 et 110, on lit que le bassinet étoit un bassin. Le bassin renversé ne couvroit pas toujours le visage; cependant quelques-uns avoient des visiè- res, comme on le voit dans le passage suivant : ■ Si fit appareiller son coursier et meit son bacinet ■ à visière par quoy il ne peust estre congnu. • (Froissart.) Le bacinet à bannière étoit un casque, ainsi nommé de la bannière ou banderolle dont il étoit orné. (Voy. S' Rémy, Hist. de Ch. VI, p. 89), où on écrii bachtnet. On trouve, dans G. Guiart, bacinezà visières, pour une espèce de casque ; On nommoit aussi bacinet ou bassinet, une flenr jaune ('i) qui croit dans les prés. Les batsinets, l'œillet et le narcis. (En. d* Buï, fol. m. Dans le blason des herbes, on voit que bassinets signilient contentejrvom. (Voy. les Récréations des devis amoureux, p. 58.) Bacin, espèce de fleura. On disoit : blond comme un bassin. Nous trouvons dans Gnillaume de Lorris, les vers suivans : Le guyschet qui estoit de charme M'ouvrit adonc une puceUe Qui estoit assez gente et belle : 1- BA Cheveulx eut blons comme un batnn, La cbair plus tendre qu'un poussin. Ran. de U Rom, nra sn-UI . J. Le Maire fait cette nomenclature de Rears, parmi lesquelles figure le bacinetx : > Marjolaines, • paliot, cyprès, spic, romarin, euroine, mente, < basilisque, marguerites, soucie, ancolies, renneÂ- > tes, giroflées, coquelelz, percelles, bactnett, * passeroses , passeveloux , glays noyelles , lii , ■ pencées, muguets, roses et œillets herbuz. ■ [J. Le Maire. Illustr. des Gaules, livre I, p. 93.) On nommoit aussi bacinet, le bassin où l'on fait le sel. Ce mot signifle aussi la mesure de sel que l'on présume égale à la gelonnie commune, c'est- à-dire le galon. [Voy. les Ord. des R. de Fr. T, IlI, note, p. 6ti0.) VAniAKTES : BACINET. Froissart. Uv. I. p. 400. Bassinet. Eust. Deach. Poës. HSS. fol. 184, coL 3. Bachinet. j. Le Fev. de S> Remy, Hist. de Charles VI. p. 89. Bacin. Cit. dans le Gloaa. latin de Ou Canoë & Baeinetum. Bacinës, plar. Eust. Dcsch. Poës. XSS. M. 184, col. 3. BACiNEY,p/ur. G. Guiart, MS, fol. 231, V». Bacinot et BACiNor. Ger. de Roussillon, US. p. 15B. Bâcles, subst. plur. Le sens de ce mot est fort peu déterminé dans le passage suivant, le seul oft nous l'ayons trouvé. 11 aésigne peut-être des bâtons d'armes, peut-être aussi le nom propre d'un peuple. Toâ. USS. mal IMO, p. IKl. Bacon (4), subst. masc. Chair de cochon salée. (Voy. l'étymologie de ce mot, dans les Dictionnaires de Nicot, Borel, Oudin et Ménage, au mot bacon. — Voy. aussi Du Gange, Gloss. lat. aux mots baco, bacco, bacho, et ibid. au mot penellum.) Bacon t mal solei En cbamier empire Ce dit li viUalua. ProT. que dans le Lyonnois, dans le Daupniné, • dans le Poitou et dans la Lorraine bacon c'est ■ du lard, en Angleterre même; » après il ajoute : • qu'en Provence, bacon veut diredu porc ■ salé. ■ On nommoit bacquiers, les porcs engrais- ses pour les saler. (Voy. ce mot.) (1} Le heaume, après 1300, ne fut guère qu'un objet de parade accroché àl'arcon de la selle : le ba»$inei ou la cervelière deVlm^nt la coitTure babitueUe ; U arait les dimensions du heaume, avec plus de légèreté; il n'avait pas de nasal et emboîtait mienit lu tète. Sous Chartes VII, la salade remplaça le bassiner, (n. b.) — (2) C'est le bouton d'or; on nomme encore ainsi diverses renoncules, (n. k.) — (3) Si c'était nn nom de peuple, ne raudrait-il paa le rapprocher da Baclmt, Soute par D. Carpentier à Du Cauge, d'après le poème d'Alexandre: i Sor l'escu vet lerir Amaudrua h courtois, Siraa iart u barons et sires des Boclois. Il ne resemble mie Frovencei, ne fiocloù.'&ina semble que il soit un naturel Fruiccûs. > (K. B.) — (4) Bacho en ancien anemand, baek en allemand moderne, siBuiOe dos, échine, (m. b.) vARuntes : BA€ON. La Thaaouuaière, Coût. d'Orl. p. 471. Bascom. Fabl. HSS. de S. Genn. Baconner, verbe. Saler. G'est4-dire saler en mettant dans un baquet d'eau salée. (Voy. Fauchet, Ane. Poët. fr. livre II. p. 175.) - Quiconque acheté . haron de fronclaye, et morues baconnées , il • convient qu'ils soient ouverts dedans tierce et • clos dedans vespres sonnans. • (Ord. des R. de Fr.) Bacques, subst. fém. plur. Ce mot est employé dans un sens obscène par Crétin, p. 156. Bacqiicter, verbe. Vider l'eau. ■ Soit d'une • rivière, soit d'autre lieu par bacquet, ou grandes ■ auges, pour mettre à sec l'endroit où l'on veut ■ piloter et bastir. • [Dict. de Nicot.j De là, ou disoit bacqueter le mousl d'une cuve; c'est-à-dire tirer le moût d'une cuve avec un baquet. (Dictionnaire de Monet.) Bacquiers, subst. mase. Cocbon qu'on en- graisse. • Que L'on ne meine paislre aux cbamps, ■ ainsfaict-on garder le toict pour l'engraisser et « puis tuer. » [Celthell. de L. Trippault, au mot porc.) Cette explication semble nous donner l'Etymo- logie de bacon. (Voy. ce mot.) Bacul, subst. masc. Partie du harnois. Morceau de bois en demi-cercle qui fait partie du harnois du inulet ou de l'âne; on le met au-dessous de la croupière. Rabelais fait parler ainsi le cheval au baudet; « l'auvre et cliétif baudet, j'ay de loy pitié • et compassion : tu travailles journellement beau- ■ coup, je l'apperçoy à l'usure de ton bacul. • (Rabelais, T. V, p. 28.) On appelle baculs, en diver- ses provinces, les paionneaux d'un chariot, les morceaux de bois où l'on aïlache les traits. VARUKTES ; BACUL. Rabelais, T. V, p. 28. Bacoul. Conlred. de Songecreux, toi. 25, R". Bacttle, subst. fém. Machine de guerre. — Sorte de peine. Dans le premier sens, c'est une machine propre à jeter des feux d'artifice, à tirer de l'eau, à baisser ou lever un pont-levis, une bascule. (Voy. le Dict. de Ménage, Cotgrave, Monet et Oudin.) Ce dernier l'explique encore par trappe, trébuchet, souricière. On nommoit aussi bacuh : • une peine imposée ■ pour faute indécente an son office, bâtant le der- • rière du coupable, avec le plat d'une paele, ou le ■ faisant heurter du derrière contre chose dure. ■ Pet. de Monet.) De là, on disoit : Donner la bacule ; ce qu'Oudin interprète fort imparfai tementpar jeter à terre, renverser sur le dos. Jouer à la bacule, ou à la bassecule, est une sorte de jeu d'enfant, dont il est mention dans Rabelais, T. I, p. 152. Bacaler, verbe. Frapper avec un hftlon. — Frapper sur le derrière. — Maltraiter. — Mettre le bacut à une bâte de charge. La première acception vient du mot Baculut, - BA bAton. Elle se trouve dans le Glossaire latin de Do Cange, au mot Baculare. (Voy. le Dict. de Boreî, secondes add. — Les Dict. de Rob. Estienne et de Ménage.) La seconde signification vient de cul. Nicot, dans son Dictionnaire, la dérive de batuendo culo. Ménage critique cette étymologie. On lit dans le premier article de l'Ordonnance pour les tournois, attribuée à l'empereur Henry l'Oiseleur : • que si • pour la noblesse de leur extraction, ils sont si ■ téméraires que de se présenter, nous ordonnons, ■ voulons et nous plaist, qu'ils soient desmontez et ■ privez de leur cheval et baculez, et pour note ■ d'infamie à l'adveuir, qu'ils chevauchent la bar- « riere. » (Fav. Th. de Chevalerie, p. 1745.) Le mot baciUatus est employé dans le même sens et pour le même usage, dans Mathieu Paris, cité par Favin, ibid. p. 1808, et par Du Cange, sur Join- ville, p. 202. 11 n est pas aisé de décider si baculer, en cet endroit, se doit entendre dans le premier ou le second sens ; mais il est pris certainement dans cette seconde acception en ce passage : • Fut dit que . Perrin Dandin avoit le plus mal rencontré, dont < i! fut contraint tendre les fesses et bacule à » demeurant, • (Des Accords, Escr. Dijon, fol. 57.) Des deux acceptions précédentes s'est formée la signification générale de malti-aiter : « Nos amis ■ dedans le Royaume ne se osent déclarer, ni les • gens d'armes n'osent laisser leurs ordonnances • pour venir à nous d'autant que nous les avons • laissés baculer. » [Godefroy, Observ. sur l'Hist. du Roi Ch. vn,'p. 507.) Enfin, baculer s'est dit pour : ■ Mettre le bacul à ■ une bête de charge. > (Dict. de Monet.) Baculler sans elle; façon de parler employée dans un sens obscène. (Chasse et Départie d'amour, fol. 164.) VARIANTES I BACULER. Du CaDge, Gloss. lat. bu mot Baculare. Baculler. Chasse et départ, d'amours, fol. 164. Badal, subst. masc. Espèce d'huissier. (Dict. de Borel, au mot Bedeau.) Badanages, subst. masc. plur. Juifs. ■ Manloue ■ n'est point sans des ^arfanaffea et patarins; àiccux « il oflre sa saye, sa cappe et sa chemise, plusieurs < donnent à ces Juifs asseurance pour luy. > (Merlin Cocaye, T. 1, p. 68 et 69.) Badaudage, subst. masc. Caractère de badaud. Un poète a dit, en parlant des Parisiens : Votre ane tut d'autre nature... Ilétoit bourgeois de Paris, Et de fuit^ par ud long usage. Il reteaoït du badauaage. G. Dormt, k 11 iiha de Bonnsloiu, f. KS. Badaudatlle, subst. fém. Collectif de badaud. Le duc de Sully, parlant de H. de Joyeuse que les prêtres avoient annoncé dans les chaires de Paris, comme destiné par le ciel pour la destruction des Huguenots, ajoute. ■ Si bien qu'après s'estre fait ■ adorer comme tel par toute la badaudatlle de • cette grande ville, ou piustost petit monde de BA -« « Paris, il forma son armée de toutes les meilleures « troupes qu'eut le Roy. • (Hém. de Sully.) Badaudement, adv. Sottement. (Diot. d'Oud.) Badanderle, subst. fém. Sottise, niaiserie. (Dict. de Golgrave etd'Oudin.) VARIANTES : BADAtniERIE. Ckitgrave. Badaudisb. Oudia, CotgraTe. Badault, adj. Sot, nigaud, imbécile. — Engin suspendu au plancher. Dans le premier MHS, ce mot subsiste; mais on écritbfldaurf. (Voyez-enrétymologiedansleCelthell. de Léon Trippnult, et dans la conformiLé du françois avec le grec par Henry Estienne. — Voy. aussi le Dict. de Nicot et le Gloss. lat. de Du Gange, au mot bagaudœ.) Le Ducbat, sur Rabelais, T. V, {I. 2(M, croit que ce mot pou rroit venir de ¥ittellu$. I paroitroit plus nalurel de le dériver de bader ou baer, bayer. Henry Estienne, parlant de l'abondance de la lan- gue franeoise pour exprimer un sot, dit; « Les • fr-eres, ou pour le moins cousins germains de > sot, sont niais que le vieil Trançois disoit nice, ■ rat, badaut, que le vulgaire en quelques lieux ■ appelle badlori, nigaud, badin et plusieurs » autres. • (Apol. pour Hérod. p. 19.} Rabelais, par- lant de l'auteur du livre intitulé: le Blason des couleurs, dit : ■ Sa besterie ha existimé que, sans ■ aultres démonstrations et argumenta vallables, » le monde reiglcroit ses devises par ses imposi- « tiens badaudes. » (Rabelais, T. I, p. 52.) Badaut de Paris, semble une expression prover- biale, dans le Moyen de Parvenir, p. 200. On nommoit aussi badaut • un engin qui tient ■ au planctier sur leauel on placoit diverses choses • dans les ménages ue campagne. » (Voy. le Moyen de Parvenir, p. 159.) TABIANTES : BADAULT. Celthell, de Léon Trippault. Badaut. Apologie pour Hérodote, Liv. I, p. 19. Badklori. Oudin, Cotgrave, Rab. T. III, p. 156. Badloiu. Apologie pour Hérodole, ubi «wprii. Badde, subst. fém. Babil. — Terme de mon- noie. Ce mot, au premier sens, se dit encore en Touraine parmi le peuple : Sea quacmietei, et ses baddat. Fiifeu, p. M. A Reanea sont venus à la couctaâe Ou maintes bade» ils ont deecochée. Id. p. M. D«ns un sens fort différent, bade étoit un terme de monnoie. 11 exisloit plusieurs façons de véri- fler le poids des monnoies: dans la première on se contentoit de justifier que la totalité des pièces pesoit le marc qui avoit été réglé pour leur fabri- cation ; on appeloit cette façon, à bade sans recours. Dans ta seconde façon, outre cette première opéra- tion, on pesoit encore au trébuchet les pièces deux à deux, pour savoir si elles étoient d'un poids égal entre elles ; cette façon s'appelloit à recours. (Voy. les Ordoon. des Rois de France, T. 111, p. 94.) Les >- BA nouveaux éditeurs du Gloss. lat. de Du Cange, pro* posent de substituer le mot hade au mot bade, mais, outre qu'il est toujours écrit bade, on ne tronve aucune autorité pour justifier cette correction. Badé (au). Terme de chasse. G'est le terme où l'on baye, où l'on épie le moment auquel la bêle paroitra pour la chasser. < Tantost les diiens avoir ■ esté découpiez, voicy le levraut qui sort en cam- ■ pagne au badé. • [Contes d'Eulrap. p. 172.) Badelalre, subi, viasc. Espèce de sabre on d'épée. Ces sabres étoient larges et recourbés; tantôt longs et tantôt courts. On trouve dans le Journ. de Paris, sous Ch. Ylet VII, p. 30: > Espées, • ou badelaires, ou bacbets. ■ (Proissart, Liv. I, p. 18), dit: ■ Coupoyent plançons de bois à leurs • espées et badelaires. • On lit dans Rabelais, T. IV, p. 173: «Frère Jean avecquesson grand badelaire < entre le dernier. . Le maire de Londres, attaquant Tillier, capitaine des Mutins de Kent en 1380, ■ tira ■ un grand badelaire qu'il portoit et frappa ledit < Tillier si grand coup par la tête qu'il l'abbatisf « aux pies de son cheval. . (Froiss. Liv. II, p. Ifâ.) Badelaire turguois, n'est plus en usage qu'en termes d'armoiries. Le Laboureur, dans ses Origiaee des armoiries, dérive ce mot de bataille. (Voy. sa préface, p. 21 et 241.) Nicolles Gilles, parlant de l'armure de Charles le Chauve, dit que * le Prince < toujours avoit à son costé un grand badelaire ' turqttois. * On ne sait trop pourquoi Paudbet, qui, dans ses Origines, Liv. 11, p. 108, cite ce pas- sage, en infère que c'étoit une épée large. VABIAtn'ES : BADELAIRE. Nicot, Monet, Borel, Ménage. Badeladre. Nicot, Dict. Baselardk. Citât, dans le GI. lat. do Du C. k BauiUardiu. Badelarlé, ady. Ce motest employé comme épi- Ihète d'un terme obscène dans Rabelais, T. III, p. 155. (Voy. leDicL de Golgrave.) Badian, subst. viasc. Espète d'oiseau qu'on chassoit avec l'autour. Hais ne se faignenl De prendre butouru et badian» Poclies, aguettes, heroaa blancs, etc. G« de U Bifpci dM DMidU, HS. M. 1 1 , V. Badlgolnce, subst. fém. Lèvre. ■ Lors dist < Pantagruel, plust à Dieu que cbascun de vous ■ eust deux paires de sonnettes de sacre au meo- < ton, et que j'eusse au mica les grosses bo^ > loges de Reues, de Poictiers, de Tours et de ■ Cambray pourveoirraubadequenousâonn^ons > au remuement de nos badigoines. • (Rabelais, T. II, p. 218 et 219.) ■ Le pauvre ayant accordé ses > badigoines gringuenoloit ce salve avec une voix . horrifique. ■ (Moyen de Parvenir, p. 258.) On disoit : l' Se àeclaver tes badi^oinces, c'est-à-dire remuer les lèvres, comme pour ruminer ce que l'on itolt BA — 361 - BA dire: « Tandis que trop bavards ils se delavoient « les badigoinces de ce qu*ils avoient à dire. » (Moyen de Parvenir, p. 23.) 2* Se délayer les badigoinces, se lécher les lèvres. L'auleur du Moyen de Parvenir, après le récil d'une avenlure galante arrivée à une dame, ajoute: « La « bonne oame, à ce qu'elle disoit, en s*en délayant « les badigoinceSy eut bien voulu avoir souvent « telles pratiques. » (Moyen de Parvenir, p. 49.) VARIANTES * BADIGOINCE. Nuits de Strapar, T. I, p. 40B. Badigoine. Moyen de Parv. p. 258. Babine. ViUon, p. 109, et Crétin, p. 135. BadtgoiDcter, adj. Epitbète d'un cuisinier in- venteur de la saulce madame. (Rab. T. IV, p. 171.) Badin (1), subst. masc. et adj. Bouffon. — Sot, niais. Dans la première acception, ce mot, comme substantif, désignoit autrefois un personnage de comédie, comme Gille ou Pierrot, quelquefois cou- vert de farine. (Voyez les épitbètes que lui donne Martin de la Porte. —Voyez aussi, sur 1 étymologie de ce mot, Caseneuve, Orig. Fr.) « En ceste manière « voyons nous entre les jongleurs, à la distribution < des rolles, le personnaige du sot et du badin • estre toujours représenté par le plus périt et par- « fait de leur compaignie. » (Rab. T. 111, p. 199.) Pour sot, niais, badin est employé comme synonyme de ces mots et d'autres qui ont la môme signification, dans l'Apologie pour Hérodote, p. 19. Des Accords, en ridiculisant les rébus de Picardie qui sont des espèces de logogriphes, les appelle fades et badins, (fol. 12.) Molière remploie dans la môme acception comme adjectif. Ma foy Ten suis d*avis que ces penards chagrins Nous viennent étourdir de leurs contes badins. Com. de TEtourdi, act. l, scèoe u. Badin (en), adv. Bellement. Du grec eàdr^y. Aller en badin, c'est-à-dire compter ses pas. (Vovez le Celthell. de Léon Trippault.) Badinage, subst. masc. Sottise, chose ridicule. « Tenez vous gay et joyeux, et me jetiez aux pieds « ces badinages qui encbarlrent votre pauvre juge- « ment dans des jalousies fort obscures. » (Contes de Chol. fol. 468. — Voy. le Dict. d'Oudin et de Cotgrave, au mot Badinement.) VARIANTES * BÂDINAGE. Contes de Cliol. fol. 168, Ro. Badinement. Oudin, Cotgrave. Badtnatorium. C*est un mot latin forgé par Rabelais dans le catalogue ridicule de la bibliothèque de S* Victor, au T. lî, p. 75, où on lit Badinatorium Sophistarum, au nombre des titres imaginaires des Kvres de cette bibliothèque. Badinement, adv. Sottement. (Dict. d*Oudin et de Cotgrave.) 3 Badiner, verbe. Amuser. Ce mot a cette signi* fication dans cette expression : badiner les perdrix, c'est-à-dire les amuser en badinant derrière elles pour les faire entrer dans la tonnelle. (Voyez le Celthell. de Léon Trippault et le Dict. de Cotgrave.) Badinerie, subst. fém. Farce. C'étoit une des anciennes significations de ce .mot qui subsiste^ mais qui n'a pas conservé cette acception. « Ainsi « que nous voyons un farcereau estre bien loué « en représantanl une parfaite badinerie. » (Dial. de Tahur. fol. 52.) Badoulages, subst. masc. plur. Rapports indis- crets. On appelle ainsi à Beauvais, les rapports u'on fait les uns des autres. (Voyez le Dict. Etym. e Ménage.) Badrans , subst. masc. Nom propre de peuple. Alexandre, dans rénumération des princes à qui il avoit donné des états à gouverner, nomme « le < Soudan des Badrans qui costoye à l'autre costé « toute Affrique à la Mer Majour. » (Perceforest, Vol. I, fol. 97.) Baé, participe. Ouvert, béant. — Oiseux. Dans le premier sens, ce mot signiQoit ouvert, béant. Nous le trouvons avec cette signiflcation dans les vers suivans '. « Estoitarmé d'unes armes noi- « res, à .111. testes d'omme d'argent, les gueules « baées et ont les langues rouges. » (Modus et Racio, MS. fol. 285, V*.) Quant U valiez la vit pasmée, Tôt maintenant gule hahée, Se lest cheoir corne pannez. Fabl. MSS. du R. n* 7(M5, T. II. fol. 482. R* col. 9. Comme de baer, ouvrir la boucbe. Ton a fait baailler pour bâiller, et que de cette acception s'est formée celle d'être oisif, par la même analogie baé a passé de sa signincation propre à celle i'oiseux. C'est en ce sens qu'on a dit des espions, des amans : El pais sur ou celé est qui m*a|n^ée Si ne puis pas à mon voloir veir, Car tant redoue la cruel gent baee Que je n'i os ne aler no venir. Poés MSS. «Tant 4300. T. II. p. 6t2. VARIANTES * BAÉ. Fabl. MSS. du R. *n« 7218, foi. 171, R» col. 1. Bahé. Ibid. no 7615, T. II, fol. 182, B? col. 2. Baée, sitbst. fém. Fenêtre, ouverture. Ce mot vient de ôa^r (2), ouvrir. On a même dit: Fenêtre bée pour fenêtre ouverte. (Ord. T. II, p. 885.) Baée signifie petite fenêtre dans les Ord. T. III, p. 586, où l'on trouve bâte. L'éditeur conjecture qu'il faut lire baée, il croit que c'est le même mot que bée, petite fenêtre. Le mot baye est encore usité dans la maçonnerie. Bahotte est peut-être le diminutif de baée : « Si « un propriétaire veut en sa maison faire ériger < quelque fenestre, fente ou bahotte en quelque (1) Co mot a la même origine que badaud, c'est-à-dire badare, liaver. (n. e.) — (2) C'est le participe passé de ce verbe; le mot se rencontre dès le xii* siècle : c £t par l'uis dont cuiaa clore celé baée Est la veie aesclose, et Fire Deu mnstrées. » (Thomas le Martyr, p.p. Bekker, Berun, 1838.) (n. b.) U. 46 BA — 342 - BA « muraille, pour recouvrer veue sur rbéritage de « son voisin, tel propriétaire» en ce faisant, est « tenu d*eriger et eslever ses dites fenestres. » (Coût, de la Ville d'Orchies, au Nouv. Coût. gén. T. II, p. 999, col. 1.) Quoique l'éditeur des Ordonnances semble avoir confondu les mots batte et baee , nous observerons cependant que leurs signiflcations sont différentes aussi bien que leurs étymologies. Baée vient de baer^ comme nous Tavons dit ; batte nous paroit venir de battre. (Voyez Batte.) VARIANTES I BAEE. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 586. BÉE. Ibid. T. II, p. 385. Bacb. Ibid. T. Ill, p. 586. Bahottb. Nouv. Coût. gén. T. II, p. 989. Ba en arrière, locution. Il faut lire cha en uniere pour ci-devant, dans ce passage: < Estoit « de Tempire et du lignage au bon empereor « Manuel de cui cil livre a parlé ba en arrière. • (Contin. de G. de Tyr, Martène, T. V, col. 703.) Baer, verbe. Ouvrir la bouche. — Regarder ou songer, rêver, penser la bouche ouverte. — S'étonner, être surpris. — Aspirer, désirer. Le sens propre de ce mot est ouvrir la bouche. (Voyez les Dict. de Borel et de Corneille.) Mais U morcerax pas n'a fHst (1), Ki boulis (2) fu au fu d'estiule, Et U vilains bée la gueule. Fabl. MSS. du R. n* 7989, fol. 45. V ool. i. Il signifioit aussi regarder la bouche ouverte: Toutes les fois que vous passez Devant autrui meson, gardez Que là, pour regarder céens, Ne vous arestez : n'est pas sens Ne cortoine de baer En autrui meson, ne muser. Fibl. liSS. du n. n- 7218. fol. 183, R* ool. 9. De là, le moi gule baée, dans Marbodus, ms. col. 1674 (et non gule bacce comme dans l'imprimé), c'est-ù-dire bouche béante. 11 parle des moules qui s'ouvrent pour recevoir la rosée du ciel, et par ce moyen conçoivent, forment les perles. L'action de regarder la'bouche ouverte étant un signe d'étonnement, de là, baer s'est employé pour s'étonner, être surpris. Un amant, voulant excuser auprès de sa dame la témérité de ses désirs, s'exprime ainsi : Hai, frans cuers, que tant conois, Ne baex à ma foleté : Bien soi qu'en vos amer n*ai Droite s'amors ne m'i eust doné. Poés. MSS. avant 1300, T. I, p. 60. Par une extension des acceptions précédentes, ce mot s*est dit pour désirer, aspirer^ soupirer après une chose : Helas I comment porroi-je estre liez, ne joians Se Tamors m'est vée ou j'ai baé lonc tans: Et je verrai c'uns autres en fera ses commans ! Jà Diex nel me leist veir, li pères touz poissans. Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 857. R* col. 3. Or à quanques demandé a Or & ce quNele bea. Ud. M. SMf R* QoL 1. Qui viaus sens ne savoH Et cortoisie à prendre, Gart soi bien que j*a n*aioit Famé qui bée a prendre. On disoit aussi baer à folie, pour tendre à faire des folies. (Voy. Fabl. mss. du R. n* 7989, fol. 71.) CONJCG. Bet, au subj. aspire. (Ghaus. fr. du xm* siècle, ms. de Bouhier, fol. 182, R-.) Variantes * BAER. Fabl. MSS. du R. n» 7318, foL laS, R* col. 3. Bekr. Ibid. n» 7989, fol. 45, V» col. 1. Bâter. Glossaire du Roman de la Rose, sous Bayet. Baerte, subst. fém. Désir, attente, espoir. Ce mot est employé avec ces différentes acceptions dans les vers suivans: Cuer désirant doit avoir baerie De bien servir adez. Po«s. MSS. Vatic. n* i52t. fol. 150. R* coL S. On doit leissier sa foie baerie S*on puet aiUors avoir son estounoir. lbid.foLia, Veol. i. VARIANTES * BAERIE. Poês. MSS. Vatic. n« 1480, f61. 40, V*. Baierie. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, fol. 1306. Bearie. Poës. MSS. Vatic. n» 1400. fol. 141, V». Bbange. Glossaire du Roman de la Rose. Bagage (3), subst. masc. Equipages, voitures. — Habillement, ajustement. — Embarras. — Chose superflue. — Injure. Le sens propre de ce mot est équipages, voitures. Dans la Capitulation de S* Dizier en 1554, on lit: « Item que le dit sieur comte et ses gens pourront « sortir de la ville librement, et avec la suite de « leurs vies, armes et bagues sauves et tout ce « qu'ilspourrontchargeretporfersurleur6û(^/i^^. » (Brantôme, Cap. fr. T. I, p. 4^2.) Dans le sens d'habillement, ajustement^ on disoit : Hideux criz, piteux langaiges Venez servir a mes gaiges Prenez en vos maresquages Les bagaiges Et les atours de tristesse. MoUDe(,p. Ii4«l1tt. Ce mot signifloit aussi embarras : Bonne trongne, bon visage, La courte dague, la rapière Bien délibéré, bon courage, D'argent point, ce n*est que bagage. Aussy je ne m'en charge guyere. ŒttY. de R. 4e CoUeryBf p. 48 «t 19. On employoit ce mot dans le sens de chose inutile, superflue: En trop parler, y a beaucoup bagaige. Poés. dBCrctÎD.p. 118. Enfin, ce mot étoit pris pour injure. Le duc de Sully, pariant à Henry IV de M"* d*Entraiçues et de son frère, lui dit : « U vous souvient bien de ce « que vous m'avez autrefois dit de celte fille et de « son frère, du temps de madame la Ducbesse, des « langages que vous en teniés tout haut^ et des (1) Frit. - (3) Bouilli. - (3) C'est un dérivé de bagueê, qui aurait une origine celUqae. (N. E.) BA -' ■ commandemens que vous me files faire à tout ce ■ bagage (car ainsi appelliez-vous lors la maison et € famille de M. et M"' d'Enlraigues) de sortir de > Paris. > (Mémoires de Sully, p. 68.) VARIANTES : BAGAGE. Braniame, Capitaines rrançois, T. I, p. M3. Baoaise. lloUnet, p. lal. - Crétin, p. 118. Bacquaub. Nicot, Cotgrave. Bagare, subst. fém. Vanterie, fanfaronnade. — Sorte de bateaux. Le sens propre de ce mot est vanlerie , fanfaron- nade. (Voyez Oudin, Dict.) On appelle aussi ftaffare sur lariTÎère de Seine, une espèce de gros bateaux qui vont ordinairement à la suite des coches. On dit gabaire en patois Î;aacon pour gros bateau, et on trouve gabarra avec i même acception dans le Gloss. lat. de Du Gange. Le vrai raotestj?flbape(l), qui est aussi le nom d'une sorte de bâtimens ou navires de transport. Bagasse (2), subst. fém. Femme de mauvaise vie. — Servante. — Terme d'injure. Dans le premier sens, nous lisons: • Cette ■ fortune s'alla, comme une bagasse, abandonner . à d'autres. - [Brantôme, Cap. fr. T. I, p. 145.) On désigne quelquefois sous ces noms une ser- vante , mais ils emportent toujours une idée désavantageuse; par exemple, en parlant d'une servante de cabaret : Voi com cel garse se meut ; La bajoiie les entend bien. FitiI.HSS.I.) Bagoages, subst. masc.plur. Haltôtes. (Voyez Lauriere, Glossaire du Droit francois.) Bagonlsler, subst. masc. Gosier. < En ouvrant • le bagonisier, il y entra une aliénée liumide qui « luy parfuma... tout le palais. • (Moyen de Parve- nir, p. 19.) « Manassès luy va flaquer ce fonrmage ■ mou dans le Aapoulier si proprement, qu'il entra ■ tout, et rien n'en sortit. • (Ibid. p. 258 et 259.) VARIANTES : BAGOTnSIER. Hofen de Parvenir, p. 19. BAQODLiEn. Ibid. p. 358. Bagottler, subst. maic. Niais, nigaud. > Cou- • vrez-vous bagottier. ■ [Oudin, Cur. fr.) Bagne, subst. fém. Hardes, habits, bagage. — Couvertures de bêtes de charge, — Joyaux. — Aug- mentation de dot. — Droit seigneurial. -- Baie, fruit. — Femme de mauvaise vie. Dans le premier sens, ce mot signifloit hardes, habits, bagages: ■ Prendoient petits enfans es bers, ■ et montoient sur vaches , portant les dits petUa ■ enrans el baghes devant eux. » (Le Fev. de S' Remy, Ilist. de Charles VI, p. 127.) . Délroussèrent . dix-huit charrettes, chargées de vivres et autres • bagues. » (Monslr. Vol. HI, p. IC.) Nous disons encore, dans ce sens : vies et bagues sauvet , daas les capitulations. Bagues semble désigner des couvertures de bétes de chaîne, en ce passage : • Jls apperçurent ^and ■ planté de sommiers, dont les bagues de dessus « sembloient de fin or. - (Percef. Vol. IV, fol. 2.) Le mot bagues subsiste encore pour anneau. H signifioil autrefois toutes sortes de joyaux. C'est en ce sens qu'on lit dons et bagues, dans les Ârr. d'Amour, p. 16. En étenoant celte acception, bagne, en Normui- die,. a signifié ce qu'on apoelle ailleurs augment de dot. (Voy. une lettre insérée dans le Mercure d'août, 1753, p. 1707.) Bague semble un droit seigneurial en ce passage: • Pour la part de mon trisayeuil échurent les terre* ' de Rosierres avec la cueillère de la mesure , « comme au Beingr afTéchut la bague et au sei- , (Dsioi B rapportait à l'espagnol barajn (dispute), au haut allemand baya (combat), au A rirlandais bagair (menacer). lasuTBxe acea. (N. B.) — , ■ointM, &'obéisMient ai aux prii - - , . -„ - -- ,,- , . - -- - - - ç-- ddnt lia feiaaient proression. (n. e.) — (4) L'MfmoIogie serait ptutât le celtique bagad, assemblée, multitude, (n. i.) a héréticpies du s t. L'ét^mvlogie est le flamaDd beggen, i . — , ..._...... , .., — , jgôd, asa BA — 864 — BA « gneur de Crouy le gobelet. » (Hém. de Bassomp. 1. 1, p. 6.) On a dit bague pour baie , fruit du laurier, du lierre, etc. (Yoy. Le Duchat sur Rabel. T. V, p. 169.) Enfin bague s'est dit pour une femme de mau- vaise vie. (Voy. Coquillart, p. 45 et 54. — Clém. Marot, p. 19. — Rabelais, T. V, p. 176.) En ce sens, ce mot est une contraction de bagasse, bajarce^ etc., dont nous parlons ailleurs. VARIANTES ! BAGUE. Monslrelet, Vol. III, fol. 96, R». Baghe. Le Fev. de S^ Hemy, Uist. de Charles VI, p. 127. Bagué, adj. Garni d'anneaux. (Dict d*Oudin et de Co^rave.) Baguenaude, subst. fém. Baie, fruit. — Sorte de poésie. On a dit baguenaude pour baie, fruit de quelques arbres, comme du laurier, du lierre, du myrte et du houx. (Dict. Etym. de Ménage.) On a aussi nommé baguenaude une espèce de poésie ancienne toute masculine dont la rime étoit mauvaise. (Dict. de Borel et de Ménage.) « Nota que < les Picarois dient que baguenaudes sont couplets « faicts à la volonté, contenans certaine quantité « de syllabes sans rithme et sans raison. » (Fabr. art. de Rhétorique, Livre II, fol. 58.) Baguenaudes, subst. fém. plur. Plaisanteries. — Sottises, niaiseries. Ce mot est employé , dans le passage suivant, pour plaisanteries: « Le remboursant bas et roide « en sa conscience d*ault^nt de baguenaudes « comme y ha de poil en dix-huict vasches et aul- « tant pour le brodeur. » (Rabelais, T. II, p. 134. — Voy. la note 15 de Le Duchat, ibid. p. 62.) Baguenaudes a été employé pour sottises, niaise- ries. En parlant des superstitions des Mahométans, on dit : • Gomme peut estre créance d'homme si « legiere, que telles baguenaudes soient prinses * pour doctrines? » (Al. Chart. de TEspér. p. 353.) VARIANTES ' BAGUENAUDES. Rabelais, T. II, p. 134 et note. Baouenauderies. Contes de Cholières, fol. 120. Baguenaulder, verbe. Baguenauder. — Jouer, badiner, s'amuser à rien faire. (Voy. Le Jouvencel, fol. 16, R«.) Baguer, verbe. Emballer. — Charger. — Lier. Baguer^ dans le ^ns propre, signifie emballer: « Or convient au bon homme charroyer sa femme « et ses enfans au chasteau , ou la ville : et Dieu < sçait s'il a la peine de monter et de remonter la « dame et ses enfans, de trousser et de baguer^ et < de loger quand ils sont en la forteresse. » (Les Quinze Joyes du Mariage, p. 165.) Bacquer a été employé pour charger: « Ainsy que « fait la charge de l'asne quand elle est mal bac- « quée. » (Merl. Cocaie, T. Il, p. 354.) Enfin ce mot a signifié lier : Navrent les uns, et les aulcuns tuèrent, Les autres prins lyerent et baguèrent. i. ll»ot. p. 95. VARIANTES : BAGUER. Les Quinze Jojos du Mariafe, p. 165. Bacqubr. J. Marot, p. 25. Bague te, subst. fém. Petite bague, joyaux. — Poche, gousset. Le mot baguette est le diminutif de bague , et il se prenoit en ce sens pour choses peu considéra- bles. « La devoit fournir de soye et de plusieurs « autres menues baguettes. • (Arr. d'Am. T. I, p. 89.) Adieu présens, baguetes, affiquets. Vigfl. de CbarlM VU. T. II« p. 92. Baguette signifie visiblement poche ou gousset, dans le passage suivant : Ont lyards dessemblez Quel z'il pousa en sa bource ou baguette. Faifea. p. iO. Mais nous soupçonnons qu'il faut lire bougette ou peut-être brayette. VARIANTES * BAGUETE. Vigil. de Charles VII, f. II, p. 33. Baguette. Arr. Amor. T. I, p. 89. Baguetter, verbe. Frapper avec une baguette. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) Baguolet, subst. masc. Nom propre. C'est celui d'un valet dans les vers suivans : Il fait le maistre la dedans, Et diriés à voir baguollet^ Que monsieur n'est que son vallet, Et madame sa chambrière. (EuY. de R«B. Beltam. T. U, fol. 140, V*. Il faudroit peut-être lire bagnolet au lieu de ba- guolet. Bahagne, subst. fém. La Bohême. (Voy. Dict. Etym. de Ménage» au mot Bahoigne.) On Ht ceintu- res de Bahaigne dans Petit Jean de Saintré, p. 119; de j^^ât^n^dansleTriomp. des ix Preux, p. 412, et Balhaigne dans Al. Chart. Hist. de Charles VI et VII, p. 247, où Ton trouve « roi de Hongrie^ de Balhai- a gne et duc d*Au triche. » Nous lisons Behaigne dans Froissart, Livre I, p. 5. (Voy. les notes de l'é- diteur des Mém. d'Ol. de la Marche, p. 12.) On a appelle Behaignons les peuples de Bohême. (Voy. les Mém. dOl. de la Marche, Livre I, p. 167.) U est écrit Bohaignons dans rUist. de la Toison â*Or, T. I, p. 65. VARIANTES : Bahaigne. Petit Jean de Saintrè, p. 119. Bahoigne. Dict. Etym. de Ménage. Balhaigne. Al. Chartier, Hist. de Charles VI et VII, p. 347. Behaigne. Froissart, Livre I, p. 5. Bahairlz, subst. masc. plur. Espèce d'archers^ Lorsque les rois d'Orient étoieut en guerre, le vain- queur enlevoit le plus de prisonniers qu'il pouvoit et les vendoit à des marchands qui les condui- soient en Egypte pour les revendre. De ces prison- niers, il naissoit des enfans que le Soudan faisoit nourrir et garder. On leur apprenoit à tirer de l'arc, et à mesure qu'ils avançoient en âge, le Sou* dan en faisoit des archers qui étoieut destinés à la garde de sa personne. Ces archers ou chevaliers BA - 365 — BA étoienl appelles 6a/Mifm(l). (Voy. Jointille, p. 55.) Ce mot pourroit s'être formé de Tallemand behalten, qui signifie garder. Du Gange, Gloss. latin, au mot Bahudum, croit que ce même mol allemand a pro- duit bahul ou bahut, que Ton a dit aussi bahurs. l\ Q*y a qu'une différence légère entre bahur et buhairi%. Bahis, adj. Ebahi, stupéfait. (Voy. Parlonopex de Blois, ms. de S» Germ. fol. 156.^ Partonopex n*est point bahis. Ibid. fol. 158. Partonopex rest si penssis Qu'il en devient fox et bahis, Ihid fol. 160. Bahu, su&s^ masc. Espèce de coffre. Il étoit ordinairement bombé par dessus. Du Gange, Gloss. latin, au mot Bahudum, qui a la même acception, le dérive du mot allemand behûten, qui signifie garder. Ainz prennent partout comme ahurs, Tentes et cofres et bahursy Dont ils treuvent la bêle pile ; Et puis retournent vers la vile Es pès, com Ten conduit au maille. G. Gaiart, MS. fol. 903, R*. VARIANTES : BAHU. L'Am. Ressusc. p. 16. - Crétin, p. 180. Bahud. Petit Jean de Samtré, p. 649. Bahurs. Du Gange, Gloss. latin, à Bahudum. Babut. J. Marot, p. 66 et 132. Bayeul. Cotgrave. Bahutier, subst. masc. Ouvrier qui fait des bahus. D'où est venue celte façon de parler. Faire comme les bahutiers, c'est-à-dire faire bien du bruit et peu de besogne. (Oudin^ Cur. fr.) Bahutier, adj. Propre à porter le bahut. On disoit en ce sens cheval bahutier. (Dict. de Cotgr.) Bai, adj. Blond. Quant je remis sa bouchete, Et son bel chief bai, Et sa poUe gorgete 8ui plus est blanchete ue n'est flour de lis en may. Chroo. fr. du xur tiècle, MS. de Bonhiar, fol. 183. Baiy subst. masc. Gbeval bai. — Animal marqué en tête d'une tache blanche. Nous disons encore bai dans le premier sens. On trouve presque toutes ces orthographes dans Du Gange, Gloss. latin, aux mots Farius equus^ Bau^us frisca, Herioldum. Il a fait baielart sin ceval inseler. Pote. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1365. De là, on disoit : Bai héron, bai couleur de héron. (Parton. de Blbis, MS. de S. Germ. fol. 149.) Bail brun (dans Rabelais. T. I, p. 70.) Bay aumbler, cheval bai qui va 1 amble. (Du Gange, Gloss. lat. au mot Hariotum.) On trouvera dans Champier, Hist. de Louis XII, page a53, les allusions du mot bavard, dans le sens que nous exposons, avec le nom du Ghevalier, Bayard. Feste Dieu Bayart, est un jurement dans Rab. T. I, p. 249, et T. IV, p. 285. On nommoit aussi baillet (2) les chevaux, et môme les autres animaux marqués au front d'une tache blanche. (Voy. Monet et Robert Estienne, Dict. et Du Gange, Gloss. lat. au mot Fmca.) On dit bail en ce même sens en Bretagne, et baiard en Flandres. VARIANTES ! BAI. Orth. subsist. — Parton. de Blois, fol. 149, R». Bail. Rabelais, T. I, p. 70. Baill. Du Gange, Gloss. latin, à Farius Equuê, Bailles. Ibid. dans une citation au mot Baucua. Baillet. Monet, Dict. Baiart. Du Cangû, Gloss. latin, à Baiardus. Bayart. Mém. de H. de la Marck, MS. p. 223. Bayard. Du Gange, Gloss. latin, ubi supra. Baye. Mém. Du BeUay, T. VI, jp. 443. Baielart. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1366. Baiaiis. partie, au plur. Baillans. (Ghron. de S* Denis, T. I, fol. 236.) On lit dans le latin de Suger bâtantes. Baiart, subst. masc. Oiseau de maçon. Petit auge dans laquelle le maçon porte le ciment. « Brouettes, civières, baiars, sacs, hottes. » (Mém. de Sully, p. 484.) « Portions le S' Gentil et moy le « bayart, pour donner Texemple. » (Hém. de Mont Luc, T. 1, p. 623.) variantes : BÂIARS Q>/ur.) Mém. de SuUy, p. 484. Bayart. Mém. de Mont Luc, T. I, p. 623. Baie, subst, fém. Fruit. — Objet de peu de valeur, discours frivoles. On nomme encore ainsi le fruit du laurier et de quelques autres arbres. Gomme les bayes (3) sont de peu de valeur, ce nom a été employé pour signifier chose de peu de conséquence, discours frivoles, tromperies. Ce mot subsiste en ce sens. variantes : baie. Nicot, Dict. Baye. Oudin, Dict. Baien, adj. Espèce de pois (4). Peut-être pois chiche. Le vin laissent por la fontaine, Et la char por les pois baiens. Hist. de S* Luc. MS. de S. Germ. Ibl. 30, V* col. 1. En parlant des mortiflcations d*Isabelle, sœur de S' Louis, on dit que : « souventes fois quand elle « avoit tout jour jeusné, sa viande estoit un peu « de poirée et de pois baiens. » (Vie d'Isabelle, à la suite de Joinville, p. 171.) De bon civé avec les poids bayens. Ettst. Deseh. Pofts. MSS. fol. 944. (i> M. de Wailly, d'après MM. Daunou et Renaud, voit là un mot arabe, signiOant maritimes, de bahr, mer ou fleuve ; ils occupaient une caserne sur les bords du Nil, dans rUe de Rauda, en face du Caire. (N. e.) — (2) L^étymologie est le latin badius, (n. e.) - (3) Molière et CorneiUe employaient encore ce mot dans ïEtourdX et le Menteur, Mais fea/-* "^-^ ^ nia pas affaire ici : rorigine est bayer, parce que celui qui donne iine baie fait bayer qui la reçoit. (N. b.) — (4) pas un adjectif, or le sens est brun^ comme on peut le voir dans Du Gange, sous beretinus, (n. b.) baie de bacca Pois n^est BA BA Au figuré, le mot haien, signifloil : sans valeur, rien:' Ne les pris ele un pois baien Quar il sont toit demi paien. HUt. de S. Luc. fol. 33. VARIANTES : BAIEN. Hisl. de S»« Leoc. MS. de S» Germ. fol. 33, R». Baiens. Vie d'Isabelle, à la suite de Joinv. p. 171. Baybk. Euflt. Desch. Poes. MSS. fol. 214. Baier, verbe. Attendre. Nous trouvons ce verbe avec celte signification dans les vers suivans : Après toy ne fay abaier, Pouvre marcheans ne baier, Geofrol de Ptris, Poës. à la suite d« Rom. de Faute!, fol. 50. Baieves, subst. Bayeux. Nom d*une ville en Normandie. En Normandie entrèrent au terme qui fu mis Lt duc de Paris Hue et le Roy Loeis, Li duc vint rers Baieves, tost gastant le païs. Li jureor de Baiex. ProY. Rom. de Roa. MS. p. daos le Rec. des Poei. MSS. ayant 1300, T. IV, p. 1651. VARIANTES I BAIEVES. Rom. de Rou, MS. p, 85. Baiex. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1631. Baïf In, adj. Nom d'une espèce de vers que Baïf appelle ainsi parce qu*ii en étoit Tinventeur (1). (Voy. les Œuv. de Baïf, fol. 35.) Baigner, verbe. Se baigner. — Plonger. — Se noyer. — Se délecter, se complaire. Ce mot, dans le sens propre, signifie : baigner. A tout le moins ayés compassion Du noble sans, et de France et d*Espagne Dedans lequel le cruel Mars se bagne, Clém. Marot, p. 257. Par une extension de cette acception, on a dit baguer pour plonger. « Ils leur font leurs fers • bagner dedans les poitrines. » (Percef. Vol. I, fol. 90.) Mal furent telz avoirs et acquis et gaigné. Dont ly filz, et ly père sont en enfer baigné, J. de Meang. Cod. 340 et 341. Ce mot s'est dit aussi pour se noyer. Trébuchiez ileuques se baignent : Piétons Français a eus s'enpaingnent Oui jusques à la mort les paient. G.Guiart. MS.rol.275.R*. Au figuré, ce mot signifie : se plaire, se délecter, prendre plaisir. « Une colère qui se plaisoit et « baignoii en ses inimitiés. » (Des Ace. Big. fol. 72.) L'usage de ce mot prouve l'amour qu'on prenoit a^ors pour le bain et justifie Télymologie qu'on pourroit donner aux mois gay (2) et s'^^aj/^r comme venant (Taigue, aqua. J. de Meung, opposant aux pauvres qui le sont véritablement ceux qui seule- ment en ont fait une profession tels qu'étoient les Moines mendiants, a dit de ces derniers : Mais de ceulx qui povres se fai^ent Et de leurs mams ouvrer ne daignent. Et tous en richesses se baignent Mendians, et puissans de corps, . De ceui ne veux je pas entetidto - - Que l'on leur doye aumosne teiHJbre Sans les chastier et reprendre. f. de Hema, Teil. IMi-MM. De là, on disoit se baigner en liessej nager â^n la joie : Les premiers jours qu*amours range sous sa puissmoce Un cœur oui chèrement garde sa liberté. Dans des filets de soye il le tient arresté^ Et rémeut doucement d*un feu sans violence : Mille petits amours lui font la révérence, Il se bagne en liesse et en félicité. Les jeux, la mignardise etc. (Eut. de Des Perlée, p. 4t. vàruntbs : BA.IGNER. Orthog. subsist. Baignier. g. Guiart, MS. fol. 35, R: Baingnier. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 234, ooL 4. Baingner. g. Guiart, MS. fol. 103, V*. Bagner. Clém. Marot, p. 257. Bannier. Marbodus, col. 1670. Baignerie, subst. fém. Lieu propre à se bai- gner. — L'action de se baigner. Le premier sens signifie: lieu propre à se baigner. Il semble à Veechanconnerie, Que ce soit une baingnerie Tant y a de vin respandu. Eiut. Desch. Poés. MSS. fol. 8T7, col. 4. De la première acception, ce mot a passé à la seconde, pour signifier l'action même de se baigner. « Les convis, et banquets plus grands et plus pro- « digues qu'en nul autre lieu, dont j'aye en con- « noissance, les baignoiries et autres festoyemens c avec femmes, grands et desordonnez et a peu de « honte. » (Mém. de Comines, p. 16.) variantes : BA.IGNERIE. Cotgrave, Dict. Baignoirie. Mém. de Comines, p. 16. Baingnerie. Eust. Desch. Poës. MSS, ioL 377, col. 4. Baignes, subst. fém. Nom de lieu ou plutôt d'une ville. Et puis Baignes qui moult est belle Et Serres ou Ton fait la soye. FartoQ. de BIoli.MS. de 3. Germ. fol, IM, R* col. 1. Baignoire, sitbst. fém. Chaudière à faire le sel. — Baignoire. On trouve le mot bagema employé avec la pre- mière signification, dans Du Gange, Gloss. lat. Sur le second sens, voyez le Dict. de Cotgrave, au mot Bagnoire, qu'il interprète par vaisseau où Ton se baigne. VARIANTES : BAIGNOIRE. Du Gange, Gloss. X^X.kBagerna. Bagnoire. Cotgrave, Dict. Bail, subst. masc. Tutelle. — Régence, adminis- tration. — Garde, défense. Voyez le Dict. de Corn, au mot Bail, le Dict. de Nicot et les Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis et sur le Rom. de la Rose, au mot Baillie; Lànr. Gloss. du Dr. Fr., et Dict. de Cotgrave, au mot Baillistrerie, où Ton peut voir les différentes ac- (1) n croyait Tétre, mais on en trouve avant lui. (n. e.) — (2) Gai^ qui vient peut-être de Gains, Gavins, noms latins da bon augure, n*a rien à voir avec aqua et balucare. (N. E.) u — 9K — BA replions données à ces mots. Avant, nous renvoyons, 8ur Tori^ne du mot bail, h Boulainvilliers, Ëssay sur la Noblesse, Table, p. 41, sous le mol baillis; Du Gange, Gloss. lat. aux mots Baillela, BajuluSy BajuUvi, Balia, Ballium, Ballive, hœredes et mundium. Vov. aussi les diverses acceptions de ce mot bail dans Laur. Gloss. du Dr. Fr. et dans les Ordon. des Rois de France, T. I, p. 58; Ibid. p. 166, et T. m, p. 427. On trouve Tancien usage de ce mot dans le nouveau traité de Diplomatique, T. I, p. d94. Ce mot a été employé pour tutelle. « Le jeune • Prince d'Antioche dit que sa mère le tient en • bail. » (Joinv. p. 98.) « Et si parlerons en quelle « manière. Ton puet et doit osier enfans de son « baaily, à che que il ne puisse riens demander par « rez ou de compaignie. » (Beauraanoir, p. ilO.) Bail semble un droit appartenant au tuteur, et dont rbéritier de la maison de Vendôme est exempt, même en minorité, par des Lettres de Gh. VIIL (Voy. Godefr. Observ. sur Gh. VIII, p. 428.) On a dit aussi bail pour régence. « La Reyne « Blanche avoit la garde de Louis neuf son fils par « raison de tutelerie, et de bail (i). » (Chron.de S'Denis, T. II, fol. 49.) Chascuns vouloit avoir prébende, Et tenir le royaume en hait. Elut. De»cb. Poei. MSS. fol. 558. On a employé ce mol dans le sens de: garde, défense : J'ain le chevaUer Qui bien met sa terre En baal. Poët. MSS. avant 1300, T. IV. p. 1661. VARIANTES : Bail. D. Morice, Hist. de Bretagne^ col. 950. - Boulainv. Ess. sur la Nobl. Tabl. p. 41. Baailg. Beaumanoir, p. 110. Baal. Poës. MSS. avant 4300, T. IV, p. 1661. Ban. (lisez BaiL) Gloss. lat. de Du Gange, à Wardn. Bailagb. Du Gange, Gloss. lat. au mot Éaglia, Baliagb. Gonlin. de G. de Tyr, Martin. T. V, col. 702. Bailliage. Dict. du Droit Français de Laurière. Bailage, subst. masc. Baillage, juridiclion. (Voy. Du Cange, aux mots Baglia et Baillagium. — Rech. de Pasquier, p. 353, et le Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis.) VARIANTES : Baillie (s, f.) Loix Norm. art. ii, dans le lalin BaiïUva, Baylie (». f.) Rymer, T. I, p. 114, col. 2,pa5«m. lit. de 1270. Batlet, subst. masc. Valet. Mot gascon. (Dict. de Borel, au mot Ligne.) Batllance, subst. fém. Action de donner, de livrer. « Et si sur la tradition et baillance de telles « charges, etc. » (Nouv. Coût. Gén, T. II. p. 702.) Baille, subst. fém. Servante. — Nourrice. — Palissades. Ces mots, selon Du Cange, sont dérivés du mot latin Baiula, qui signifle nourrice, celle à qui on confioit la garde des enfans, ou peut être en géné- ral femme de charge, servante. Dans le Recueil des Poës. Françaises, avant 130&, je trouve dans une pièce d'Adam li Bocus, au sujet de la S" Vierge: « à sa nation n'eut baïesse. » Gè qui signifie, il ne se trouva point de nourrice ou de servante pour avoir soin de l'enfant, lorsqu'il vint au monde. Le mot baille a signifié Palissades (2). Elles étoient composées de pieux plantés dans la terre, quelque- fois à distance d*un demi pied les uns des autres. On s'en servoit pour défendre aux ennemis les approches des faubourgs et portes des villes, d'un château, d'une tour. Ce mot semble venir de bataille qui s'est pris dans le même sens^ ou de bal mis pour pal, pieu. On remployoit souvent dans le sens de barrière, barricade : « Adonc avoit un abbé • à Bonnecourt de grand sens et de grand hardiesse « entreprins, lequel fit au dehors de Bonnecourt « faire et charpenter unes bailles, et asseoir au « travers de la rue, et y pouvoit avoir entre deux « de l'un pillier et de l'autre, demi pié d'ouverture. » (Froissart, Liv. I, p. 48.) Dedens la ville s'enfermèrent. Et li nostre el baille remeserent Entre la cité et uns pont. Ph. Ifoaskes, MS. p. 098. VARIANTES : BAILLE. Ph. Mouskes, MS. p. 696. Balle. Ph. Mouskes, MS. p. 70L Beille. Lancelot du Lac, T. I, fol. 115, V». Belle. Ibid. fol. 159. H» col. 2. BoLLE. Ibid. T. I, fol. 79, V« col. 1. Baile., Du Cange. BXiESSE. Poës. Ft. avant 1300, notice 673. BatUée, subst. fém. Bail à ferme, bail. « Il n'y « a point de nécessité au seigneur de renouveller * les baillées, n'y à l'homme de faire reprise, si ce « n'est' que le seigneur l'en requière, ce qu'il peut « faire, quand bon lui semble, après le bail « expiré. » (Nouv. Coût. gén. T. IV, p. 413.) Baillée, subst. fém. Action de bailler, de donner don, cession, donation. (Voyez Duchesne, Gén. de Montmorency, p. 386.) Bâillement, subst. masc. Action de donner à ferme. « Par la diste coustume, il loist à un chacun, « si bon luy semble, bailler son héritage à lui venu « de succession à rente, et sourcens annuel et « heritable, pourveu que le dit bâillement soit fait « pour juste prix. » (Nouv. Coût. gén. p. 356.) (1) Lorsqu'à la mort d'un vassal, l'héritier était encore en bas-ftge, les services dus par le fief ne pouraient être remplis. rigoureux cmlatéraux, de l'eufant; désigné sous le nom de garde-noble, (n. e.) — (2) On peut regarder ce mot comme le substantif verbal de baculare, former de.bàtons, ou de bajulare, protéger. La baille, dans les châteaux forts, était ravant^cour, la coor des ouvrages extérieurs, la basse cour ; on y disposait d'ordinaire l'écurie et les commuas, (n. b.) BÀ — 868 — B Bailler, verbe. Donner. — Raconter, débiter. — Défendre, soutenir. Le premier sens de ce mot est donner. (Voyez le Dict-. de Nicot.) On trouve balliare dans le même sens au Glossaire latin de Du Gange. Baila est un mot du patois de Gahors. (Voyez le Dict. de Borel, au mot Glouper.) Le mot baille s*employoit aussi pour débiter une nouvelle, la raconter : Si con Tystoire le me baille. Que i*ay à S» Denis veue. G. Guîart, MS. fol. 123, V*. En tel guise con ge vous baillef Atendent Flamens la bataiUe. G. Guiart, MB. fol. 340. V*. Enfin, on disoit bailler pour défendre, soutenir, avoir soin : « Si povez bien dire que nostre lignage « est plus abaissé par vous, que il ne sera jamais « baillé. » (Lancelot du Lac, T. III, fol. 55. — Vov. les Mém. d'Olivier de la Marche, T. II, p. 578.) C'est en ce même sens qu'on employoit se bailler^ se soutenir, se défendre : César ot en sa compaignie Le mieulx de sa chevalerie Qui moult s*argue, et moult se baille Moult se combat, moult se travaille. Rom. de Brut, IIS. fol. 3i. Remarquons cette expression dans les vers sui- vans : a Mes pensées me baillent » qui signifient : je pense. Selonc ce que Ten puet esmer. Et que mes pensées me baillent. G. Guiart, MS. fol. 318, V*. On disoit aussi : « soupirs en larmes baillies » pour soupirs mêlés, trempés de larmes. (Machaut, MS. fol.27, R^'col. 1.) GONJUG. Baillege. imp. du subj. Donnasse. (Ane. G.deBr.) Baillesins, imp. du subj. Donnassions. (Perard, Hist. de Bourg, p. 450 ; til. de 1241.) Baillet, part, passé. Donné. (Garp. His. deGamb.) Bailli, passé défini. Je donnai. (Eust. Desch.) BaillienSf imp. de Tind. Donnions. (Perard, Hist. de Bourg, p. 451.) Baillié, part, passé. Donné. (La Thaum. G. d'Orl.) Bâillon, impératif. Donnons. (Grétin, p. 163.) Ballent, ind. prés. Donnent. (L'Am. ressusc.p.248.) Banrra, futur. Donnera. (Ord. T. III, p. 592.) Bandera, futur. Donnera. (15Joyesdumar.p.75.) Baudrai, futur. Je donnerai. (Fabl. mss. du R.) Bauûrons, futur. Donnerons. (G. Guiart, ms, f. 347.) Baudront, futur. Donneront. (Ord. T. I, p. 78.) Bauldra, futur. Donnera. (Villon Rep. fr. p. 12.) Bauldroit, cond. prés.Donneroit.(Vig.deCh. VIL) Baurira, futur. Donnera. (Eust. Desch. Poës. mss.j Baut, impér. Donne. (G. Guiart, us. fol. 79, R".) Baylé, Bailla part. pas. Donné. (Rymer, T. I, p. 114.) BendéSy part. pas. BailHés, donniés. (Rymer, p. 7i.) Bendesiés, imp. du subj. Donnassiez. (Id.) VARIANTES * BÂILLER. Mém. d'OUvier de la Marche, T. H, p. 578. Baillibr. Duchesne, Gén. de ChastiUon, p. 45. Bajler. Duchesne, Gén. de Chastillon, p. 46. Baier. Fabl. MSS. du U. n» 7960, foL 71, R* coL 1. Baller. Duchesne, Gén. de ChastiUon, p. 45. Baila. Borel, Dict. Ballier. Duchesne, Gén. de ChastiUon, p. 45. Baillet, adj. Paillet, couleur de paille (1), couleur de chair. (Dict. de Nicot, Rob. Estienne, Oudin et Cotgrave.) En terme de Vénerie, Ton disoit : n est ung petit baillet au front, N*a si bon Uevre en tout le mont. Gace de U Bigne. des DéduiU. MS. fol. lit, R*. Baillette, subst. fém. Bail. Le mot baillette équivaut h un bail à flef nouveau, qu'un Seigneur consent en faveur de quelque particulier. Il signifie proprement le contrat qui porte la concession d'un terrain. (Laurière, Glossaire du Dr. Fr. au mot bail de justice.) Batlleii, subst, masc. On appelle ainsi à Paris celui qui remet les os disloqués. Ce mot est formé du nom propre Bailleul, père du Président à mor- tier de ce nom au Parlement de Paris. (Dict. Etym. de Ménage.) (2) VARIANTES : BAILLEU. Ménage, Dict. Etym. Bailleul. t. II au Novenn. en 1592, p. 18. Bailleur, subst. masc. Donneur. — Terme de jeu de paume. Bailleur, dans le sens propre, signifie donneur. Comme terme de jeu de paume, il est opposé à nacquet qui étoit le marqueur : Au beau bailleur ferme nacquet Qui sache rachasser derrière. Coqaillart, p. 97. Bailleur, adj. Qui donne. Le mot baillart, qui se trouve dans le Roman de la Rose vers 2261, est expliqué dans le Supl. au Gloss. de ce roman par bailleur, donneur. Sans admettre ce mot et cette explication, je m'en tiendrois à la leçon de Galiot qui porte Gaillart. variantes : BAILLEUR, Baillabt. Bailli, adj. Affecté. Las itex sui jou baillis, Ke jolis estre soloie. Poét. MSS. avant 1300. On disoit aussi mal bailli dans le même sens : Li membre foible, et mal bailli. Faut ji. Lang. 0k Poës. fr. p. i€7. Et mal menés, et mal baillis. Parton. de Blois. MS. de S. Germ. fol. 144, V* eol 1. On trouve aussi mal baillie pour mal renommée (1) Cest plutôt la couleur rousse tirant sur le blanc. On trouve dans G. Guiart, t. II, p. 106, la forme baille : c Bt destriers de pris hennissans, Blans, noirs, bais, baucens et bailles. » L'italien a la forme bagliore, éblouissement ; mais nous ne connaissons pas la racine commune expUquant la couleur et l'état de la vue. (N. s.) — (2) C'est un diminutif de bajulus, celui qui porte, celui qui soigne. On le trouve au xiii* siècle, dans le Lai de l'ombre, et au xiv«, dans Froissart : < BaiUeu^ j'obéirai volontiers, car c'est raison. » (Poésies, II, III, 96.) (n. b.) BA — 869 - BA et pour mal gouvernée. Borel cite Perceval sur le { premier sens, et Fauchet sur le second. Il suit de à que le mot bailli a été pris dans une acception fort générique, qui n'étoit souvent déterminé^que par le sens même de la phrase. VARIANTES I BAILLI. Fauch. Lang. et Po6s. Fr. p. 107. Baillis. Poês. MS. avant 1900. Batllial (sergent), subst. masc. Sergent du bailli. (Voy. La Thaum. Coût, de Berry, p. itO.) On trouve Sergent juré, autrement bailllal. (Ibid. p. 164.) Baillie, subst. fém. Santé. R'estre en sa bailliez signifie : Avoir repris ses forces, revenir en meil- leure santé : Tôt dolereuz en ai le dos, Si n*ai mestier fors de repos : Âins que la trive soit faillie, Reaerai bien en ma haiUie. Athis. MS. fol. il6. R* «ol. 1. Bailliery verbe. Gouverner. — Prendre soin. — Enlever, déplacer. Ce mot, au premier sens, dérive du mot bailli^ tuteur, ou peut-être le mot baillir, du latin bajulare^ a-t^il formé le substantif bailli ? Baillier signifloit aussi prendre soin de quelqu'un, le dominer, le subjuguer, le conduire : Je puis riche homme ballier: Vous le me verres si tallier QuMl n'aura jà tant marcs, ne livres Qu'il n'en soit, en brief tems, délivres. Voler feray tous ses deniers. Rom. dfi la Rose, vers 11471-14475. Gautier, ce dist U Sires, ne vous quier anvier ; Por l'amor votre père vous ai-je forment chier; Ma fille vous donrai, si la volez baillier^ Pour que vueiliiez prendre a per, et à moillier. Fâbl. MS. du R. n* 7218. fol. 348. R* col. 1. On a employé ce mot avec la signification d'en- lever, de déplacer : Venez avant, dit-il^ venez, Or poez les pierres balliery  vos nés porter et charger. Rom. de Brut, IIS. fol. 62. Bailler a signifié prendre ou porter dans les vers suivans : D*arme8 bailler s'apariUerent: Chances de fer premiers chaucerent. Athb,MS.fol.«4,Voo1. 1. Baillir s*est dit pour commander , mener , conduire : Ces III en lait U dus issir. Et celle gent c'ont à bailltr, Athif, MS. fol. 95, R* eol. 1. Mal baillir se disoit pour malmener^ ou peut-être ici pour mal garder : L'enmaine pris Erma^oras ; Cil nel laira mal baillir pas. Athis, MS. fol. 106. V col. 2. . Ballier a été employé pour garder, conserver, dans ces vers : Plus de .C. lances froissèrent ; Et si que une n'en ballièrent. Athis. MS. fol. 116. V* col. S. Nous trouvons baillir^ avec la signification de tenir, garder : lUec encontre son destrier Tout affraé, moult estraier ; N'est qui le baut ne qu'il le gart. AthU. MS. fol. 100, V col. 1. Enfin, on s'est servi de ce mot dans le sens de tenir, manier : Onques cors de famé mielz taillies Ne fu par mains d'ome baillies. Athis. MS. fol. 65, V* eol. 2. VARIANTES I BAILLIER. Rom. de la Rose, vers 15780. Ballier. Id. cité ci-après. Baillir. Athis, MS. Baillionner, verbe. Mettre un bâillon. (Laur. Glossaire du Dr. Fr.) BatUir, verbe. Traiter. Il est pris en mauvaise part dans ce passage : Dame je te disoie bien : Onques croire ne vausise rien Que il m'osast ensi baillir : Dieu toi a il fait faillir. Fabl. MSS. du R. n- 7989, fol. 62. R' eol. i. Baillis, subst. mase. Bailli, chef de justice, régent, tuteur, gardien (1). La signification la plus (1) En partant pour la croisade^ où il emmène avec lui le sénéchal (1189), Philippe-Auguste fit son testament. C'est dans cet écrit qu'il établit les baillis, ou du moins qu'U leur donne des fonctions précises : baillivua, avant lui, n« signifiait pas autre chose qu'orficier en général. Les bailbs devinrent dans chaque province supérieurs aux prévôts, qu'ils durent obliger à une bonne administration de la justice. A de certaines époques, ils devaient se rendre à la cour du roi. pour y remplacer le sénéchal absent. Ils étaient, dans leurs bailUages, responsables de l'administration. Quand le sénéchal mourut, en il91, les baillis le rem|)lacèrent tout naturellement. Est-ce à Vimitation du roi que les seigneurs créèrent des baillis, est-ce au contraire le roi qui imita ses vassaux ? C'est là une question qu'il est difficile de résoudre. Nous voyons, dans les grandes seigneuries, le bailli au-dessus du prévôt, qu'il remplace dans les petites. Au midi, les deux défiés d'administration restent aux mains du bayle et du senéchaL qui semble parfois trop puissant et voit ses attributions partagées entre plusieurs fonctionnaires portant son titre. Le bailli, au xiii* siècle, est un chevalier lettré (Pierre de Fontame, Philippe de Beaumanoir). Au nord, c'est plutôt un homme d'épée, choisi dans la noblesse des environs de Paris. Sous Philippe-le-Bel, on choisit souvent des roturiers. Représentants du roi, agents révocables, ils touchaient jusqu'à 6,000 francs d'appointements. 1^ Agents financiers. Us reçoivent des prévôts les revenus des domaines royaux et les portent eux-mêmes au Trésor, à Paris, où ils rendent leurs comptes. 2* Agents de justice, ils la rendent en première instance et en appel: ils président les assises des nobles, prennent en main les procès des ecclésiastiques ou des mainborés. 9» Omciers mUitaires, ils convoquent les nobles du bailliage et les conduisent au roi. 4» Agents politiques, ils surveillent les seigneurs, créent les cas royaux, entravent ou apaisent les guerres privées par la quarantaine le roi, et protègent par ïasseurement le roturier contre les violences de la noblesse. La royauté déptoçait souvent les baillis et les surveiUait étroitement ; elle ne tarde pas à les redouter et les annule peu à peu. Dès le xrv* siècle, au nord, des lieutenants de robe longue remplacent les bailli» dans l'administration judiciaire. On crée pour les revenus ordinaires des receveurs de baiUiage. et les revenus extraordinaires sont perçus par les élus. L'armée soldée devient nécessaire ; l'inspection du ban et de l'arrière-ban n'est plus qu'une formalité, et sa levée ime mesure extraordinaire. (N. R.) U. 47 BA -âîO - BA générale de ce mot eel celle de bat/ti, chef de justice, en un bailliage* n signifie aussi gardien^ tuteur, gouverneur, régent d'un royaume. (Voyez les Dict. de Honet, Borel et Laur. Gloss. du Dr! Fr. au mot Bailli. — Yoy. Du Cange, Gloss. lat. aux mots Ballivus el Bajulus.) Bailleu répond au latin dapi- fer, dans THist. de Beauvais par un bénédictin, pr. p. 279, tit.de 1182, Les auteurs ne s'accordent pas sur Tétymologie de ce mot. Pasquier le dérive du mol bailler, don- ner. « Or furent ainsi appelles, à mon jugenjentces « bailli fs pour autant que de leur première origine, « ils estoient baillez et envoyez en diverses provin- * ces comme conservateurs et gardiens du peuple, « encontre les offences qu'il eust pu encourir des « juges ordinaires. » Il ajoute plus bas : « Le mot « baillif en vieil langage françois ne signifioit « autre chose que gardien et baillie garde. > (Pasq. Rech. p. 105.) La Roque, dans son traité de la Noblesse, p. 262, dit que Ragueau contredit cette étymologie ; il ajoute que Bodin en parle de cette sorte : « Et baillivos custodes vocant. » Il dit aussi que « d'autres sont de ce sentiment que bailly « vient de bailler, parce qu'ils étoient envoyés et « baillés en nos provinces par nos Rois pour y faire < administrer la justice, ou bien que le bailly signi- « fie conservateur, et gardien du peuple. » Le même auteur prétend que la charge du bailly ne devoit être exercée que par des gentilshommes de nom et d'arnres. Quelques auteurs ont placé la création de cette charge, sous le règne de Philippe- Auguste, lorsqu'il alla à la Terre-Sainte ; ils disent que par son testament, ce prince donna la garde de ses états aux baillis. Ménage, dans son Dict. étym., dérive ce mot de Bajulare, porter, comme étant ceux quiportoientlepoidsdel'administralionduroyaume. Comme toutes les acceptions données à ce mot sont justifiées dans la dissertation qu'on vient de lire, il suffit d'avoir, d'aiUeurs, indiqué dans quels auteurs on trouve les différentes orthographes sous lesquelles on le présente. Stous remarquerons seulement que : l'fiaiH s'estait aussi pour syndic de confrérie. (Du Gange, Gloss. lat. au mot Bajuli confratriœ), et pour ceux qui levoient les impôts et cens dus aux ' Seigneurs. (Ord. des R. de F., T. IIL, p. 274.) 2"* Baillies chevetaim étoient ceax qui étoient commis par le duc de Normandie sur ses sujets. (Voy. Laur. Gloss. du Dr. îv.) 8" Baillif est synonyme de maire, dans la Chr. Fr. us. de Nangis, an 1^. Il répond au mot major qu'on lit dans le latin. Il est employé pour bailly, dans le Gr. Coût, de Fr. livre IV, ch. v ; Pour tuteur, dans les Recherches de Pasquier, 4)age 105 ; Pour ceux qui ont la garde noble ou bourgeoise de leursenfans ; Pour avocat, dans le Moyen de Barvenir, p. 104; Pour gouverneur, dans la Chr. ae Berry, pu 403; Enfin, pour officier préposé à la garde du trésor des deniers du Rov, appelé la secrète royale, dans Du Gange, Gloss. fat. au mot Sécréta regia. 4» Baill éloit le nom qu'on donnoit, dansrOrient, au chef de la République de Venise, en 1370. On le nomme encore, a la Porte, le baile de Venise. {Voy. Assis, de Jérus. p. 205.) 5' Baillisseur s'est dit pour tuteur, qui a la garde des personnes nobles mineurs. (Laur. GL du D. Fr.) ft" Baillistre signifioit proprement tuteur ou gar- dien. (Laur. Gloss. du Dr. Fr. — Du Gange, Gfoss. lat. au mot Bajulus.) Il est cependant distingué de tuteur, et semble signifier curateur, dans les Ord. des R. de Fr. T. II, p. 64.) 7" Le port bailly éioil un officier de justice!(infé- rieur au grand bailly. On l'appelloit aussi bailly des bourgeois. (Nouv. Coût. Gén. T. 1, p. 1059.) 8° Le bailly portatif étoit une espèce de lieute- nant du bailly ; « Vices ipsius gerens. • (Voyez les Chartes du pays et Comtéde Hainaut, au NoaY.;Cûut. Gén. T. II, page 44.) 9*^ Enfin le bals de l'Empire étoit le vice-empe- reur. (Dict. de Borel, qui cite Vill^ardouin.) VARIANTES : BAILLIS. Gloss. du Rom. de la Ro«e. Bailly. Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 1089. col. i. Baillif. Ord. des Eois de France, T. i, p. 91. Bailliffes. Britton, Loix d'An^. fol. 4, v«. Baili. Du Gange, Gloas. latin au mot Bajulus. Bail. Burigny, Hist. de Constantinople, T. II, p. 405. Baile. Nouv. Coût. Gén. p. 1S38, ckA. 1. Baill. Assises de Jérusalem» p. 1^. Baille. Procès de Jacq. Cuer. MS. p. 168 et 166L Bayle. Nouv. Coût. Gén. T. IV, p. 005, col. 1. Baeleb. La Tbaum. Coût, de Berry, p. 102. Bailleus. Beaum. p. 7, Poës. MSS. av. 13ÛÛ, T. IV, p. 1309. Baillie. Gloss. du Dr. Fr. par Laurière. Bailliée. Ane. Coût. d'Orléans, à la suHe des Cent, de Beauvoisis, page 467. Bailliens. Eust. Descb. Poës. MS$. fol. 454, coL 2. Baillieus. Poës. MSS. du Vatic. n» 1490, fol. lao, V«. Bailliex. GloBs. sur les Coût, de Beauvoisis. Baillisseur. Laurière, Gloss. du Dr. Fr. Bailliste. Etat des OfRc. du duc de Bourgogne, p. Ttl Baillistre. Coût. Gén. T. I, p. 294 et pasaim. Baillius. Poës. MSS. avant lâOO, T. IV, p. 1362. Baiule. Borel, Dictionnaire. Bal. Ph. Mouskes, MS. p. 377. Ballius. Ph. Mouskes, MS. p! 752. Bailleu. Duchesne, Gén. de Béthune, p. 164. Bals, harel. Dictionnaire. Baus (plur.) Du Gange, Glossaire de ViUebardouin. Baux (plur.) Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 247. Baylius. Glossaire sur les Coût, de Beauvoûsia. Faillies. Rymer, T. I, p. 116 et 117, titre de WO^ daitfie même titre, en latin, on lit BajuHs. Baillistre, subst. mosc. Bélître (1). Ce mot iipla- sieurs significalions. Elles sont toutes injuneuftei. (Voy. Boulainvilliers, Ess. sur la Nob. Tab.p. 41 J Baillistreriey 8u6s^ fém. Domination^autorité, pouvoir. — Tutelle. — Propriété- Dans le premier sens de domioatiOD, wUnrilé, (1) BéHtrcj qui d'après Diez Tient de Bettfer, mendiant, ne doit pas être confondu avec baillUtre, patoni gui ' e, )e bail d'un mineur, (n. e.) BA — in — BA pouvoir, on disoit : < S'il avoit son cuer en sa < baillie, qu'il en puest faire à sa volunté. » (Lanc. du Lac, T. m, fol, IM, R- col. 2.) Nous trouvons le mot de balisterie avec la signi- fication de tutelle, dans le passage suivant : « La c femme qui est baliste, administratresse, ou tu- « trice de ses enfants ne perd point la dite « hatisierie, etc. » (Coût. Gén. T. I, p. 841. — Voy. Laur. Gloss. du Dr. Fr.) Prendre quelqu'un, et le bouter En sa tutelle, en sa baillie. CoquIDart, p. 8t. Ce mol a signifié la propriété d*une cbose. En TOici un exemple : Toute sa terre ot en baillie. Qui moult ert riche et bien garnie. Fabl. II6S. du R. n- 7218. fol. 3»5, R* col. i. VARIANTES : BAILLISTRERIE. Laur. Gloss. du Dr. Fr. BAL18TERIE. Gout. Géu. T. I, p. 641. Pailliu, subst. musc. Sujet, vassal. Dans le pas- sât suivant, TAmour dit, en parlant d'un jeune inotiférent adoré des femmes : N'onques service, ne homago Ne le ûst en tous que li lut, Por ce qu*il ne se reconnut  son hom, n'a son hailliuy , Si li fist en temps, et en lieu. Sentir son pooir et sa force. Fabl. lis. de S. Germ. fol. 327. BailliveauXy subst, masc. plur. Baliveaux. En termes des Eaux et Forêts, ce sont de jeunes chênes aunlessous de 40 ans. (Dict. de Borel et Laur. Gloss. du Dr. Fr. au mot Bailliveaux.) • A temps passé les maîtres en faisant et vendans « ventes de bois ont oublié par inadvertance à faire « retenue de bayneaux ou estalons pour repeupler « des forêts. « (Grand Coût, de Fr. p. 55.) Peut-être fâut-il lire bayveaus comme dans le passage sui- tnnt : « Les bayveaux laissez de la dernière « coupe. » (Pithou, Coût, de Troyes, p. 376.) VARIANTES : BMLLIVEAUX. Laurière, Gtoss. du Dr. Fr. Batveaux. Pith. Gout. de Troyes, p. B76. Batneaux. Grand Gout. de Fr. p. 55 (pour hayvemux.) Batllon, Billon (pont à), subsL masc. Ce mol semble mis pourunnomde heu dans Villon (Repues franches, p. 4 et 7.) Baillorge, subst. Espèce de grain, de l'orge. Voyez le Dict. de Cotgrave, au mol BaiUarge et le Coût. Gén. T. Il, j3. 564, où Ton trouve : « tiers € froment, tiers seigle et bBillerge et avoyne. » VARIANTES : Êi^LORGE. Gant. Gén. T. II, p. 564. Baillarqe. CotgrsTe, Dict. BAiLLKAGfi. Gout. Gén. T. II, p. 585. Bafllot, subst. masc. Espèce de vase. « Parce « qu'aucune fois on n*a pas commodité d'avoir fon- r taines, ou ruisseaux, il est requis faire de petits « baillots de bois pour mettre leur eau. » {Fomïï- loux. Vénerie, fol. 10, V*.) Batlou, subst. masc. Valeur. Dans le patot» gascon, il est employé sous la môme acception dans le Rec. des Poës. mss. avant 1300, T. IV, p. 1364. Bain, subst. musc. Bain. — Effusion de larmes. Pour la signiflcation de bain, voyez bagnum dans le Glossaire latin de Du Gange. Et combien paroz-vos de moi ? Dame, dit-il, Toi que voa doi, Se ge ai vingt sois, et mon baaing^ Et ge ai mon convoi de gaaing Gel* voldrai molt bien de servir. FibL MSS. de S* Germ. p. itt. Li a fait pranre wie poison, Enprés a fait temprer un baing Donc fu gariz de son mehaing. Blanch. IIS. de S. Genu. toL 189. « Après que la petite fille eust été biea lavée et « netoyée dedans le baing. • (Nuits do Straparole, T. ï, page 112.) Dans un sens très figuré, le mot boing a été em- ployé pour effusion de larmes. Coquillari, parlant aune femme qui plaide pour les intérêts d'une autre femme auprès de son mari^ dit : En osant de plenrerie, Remonstrei*a, s*il est besoing. Que sa femme est seiche et tarie, Et n'a pas de vie plain poing ; Et s'il faut qu'eUe prenne soing, EUe y demourra toute roide, Et cela à raide du boing, Trouvera sur ce cas remède. GoquiHert. p. 14 et 15. Le passage suivant justifie pleinement cette ex* plication : On feroit de larmes un boing Qu'ay pleurez de desplaisance. Li ChMse et Dép. d*Amoan. fol. 283. Locutions remarquables : !• Bain d'une gisante : c'est-à-dire, bain d'une femme en couche 2' Bain de Marie .(1). Monet l'explique ainsi : « Fourneau d'alembic, ou plantes à distiller se « cuisent et résolvent à sec, mais dans l'eau bouil- < lante. » 3** Chevaliers du bain. Voyez, sur cette expression, le Gloss. iat. de Du Cang:e, au mot Miles ; on y trouve une grande dissertation sur rusaga du bun dans les cérémonies qui préparoient à la cbevalerie; on y avoit aussi « l'ordonnance et manière de « créer et faire nouveaulx chevaliers du baing (3) au « temps de paix, suivantlaCoulumed'Ângleterre«« (Voy. aussi La Salade, fol. 54.) 4' Argenté à bain. En termes d'orfèvrerie, argenté à bain se disoit vraisemblablement j^ar opposition à argent bruni. A la bataille d'Arqués, « Sagonne étoit monté sur un cheval turc armé « d'armes argentées à bain^ et un petit manieau « d'écarlate. » (Mém. d'Angoulême, p. 85.) 5" Bains de Valentin. Façon de parler prover- (t>Le hoin-marie aura été jAnéi nommé par aUûâion à sa douce èhaleur. (n. e.) — <^> L'ocdire dit fegmiut étnbli pti^ Richard II. Le nom de l'ordre vient de l'usage de se baigner avant de chausser les éperons d'or. (n. b.) BA - 372 — BA biale à laquelle a donné lieu Taveniure â*un mari qui prenoit un bain pour se disposer à coucher avec sa femme, tandis que le galant profite de son absence pour occuper sa place. (Voy. le Francion, cité dans Oud. Cur. Fr.) 6" Baing du diable. Expression singulière pour signifier humeur mélancolique. (Voyez Malad. d'Amour, p. 159.) ?• Baing cruel, pour bain d'eau froide. Cette façon de parier se trouve dans les vers suivans : Après lor a deffeodu Qu'ils ne soient jamès veu En la maison, ne el porprès, Quar si il y estoient reprès Il auroieut un baing cruel De la froide eue du chanel. Fabl. MSS. du R. n* 7«18, fol. 239. R* col. i. VARIANTES : BAIN. Orthographe subsist. Baaino. FabT. MSS. de S. Germ. p. 125. Baing. Nuits de Strapar. livre I, p. 112. Baio. Blanch. MS. de S. Germ. fol. 189. BoiNG. La Chasse et Départ, d'amour, fol. 283. Baincheresy subst. Engin h pécher. (Voy. les Ord. des R. de Fr. T. Il, p, 12.) Balne, subst. Droit sur le poisson. Ce mot vient apparemment de l'ancien mot Benna, qui signifie un panier. (Gloss. de THlst. de Paris.) VARIANTES I BAINE, Benne. Gloss. de THist. de Paris. Balocque, subst. fém. Espèce de monnoie (1). Elle ëtoit ae peu de valeur. (Voy. Dict de Cotgrave, au mot Baiocque.) En parlant d*un empirique, qui avoit promis de guérir de la goutte un cardinal, on a dit : « Il luy envoya son maistre ^'hostel pour « emprunter dix mille écus, auquel ce gentil gué- « risseur respoiidit estre un pauvre compagnon, et « n'avoir pas une bayoque pour passer Teau. » (Contes d'Eu tr. p. 78.) VARIANTES : BAIOCQUE. Cotgrave, Dict. Bayaque. Contes d'Eutrap. p. 78. Balon, subst. fém. Nom de Ville. Bayonne. Ce mot répond, dans le lit. de 1259, p. 50, au latin Bayona. TARIANTES : BAION. Rymer, T. I, p. 46 ; tit. de 1230. Baone. Rymer, T. I, p. 50 ; tit. de 1259. Baloniers, subst. masc. plur. Arbalétrier. Borel, sur ce mot, cite la Chroniq. de Flandres. Il prétend qu'il vient de Bayonne, parce qu'on y fai- soit de meilleures arbalètes qu'ailleurs. (Voy. Laur. Gloss. du Dr. Fr.) Au lieu de bayoneier dans le Dict. de Cotgrave, peut-être faudroit-il lire baioniers ou baionniers, du mot Bajoue, pris pour joue, à cause de l'attitude que prennent ceux qui se servent de l'arbalète, et qui mettent la joue sur cette arme pour tirer. VARIANTES l BAIONIERS. Borel, Dict. Bayoneiers. Cotgrave, Dict. Bayonniers. Laur. Gloss. du Droit Français. Balre, subst. fém. Barre. C'est la traverse qui soutient le fond d'un tonneau. < Quiconque vend « vin, cervoise, ou autre bruvage es mettes de la « jurisdiction desdits Seigneurs hauts justiciers, « viscontiers ou l'un deux, il doit au Seigneur droict « d'afTorage, tel que de chacun fond bairé deux « lotz, et de chacun fond non portant baire^ un lot • seulement. • (Coût. Gén. p. 885.) Bairé, part. Barré. Se disoildes tonneaux. (Voy. la citation de l'article précédent.) Bals, adj. Décrié. Au propre, abaissé. Lors fus d*au8 huiez, et baiz Lors fus enginnez, et traiz Par les tiens, etc. Fabl. MSS. du R. a* 7615. T. I. fol. 73. V* aol. t. Baiselle, subst. Gouvernante d'une princesse. Un amant ayant fait l'éloge de sa dame, compte ainsi la cour qu'elle doit avoir : Pour ce, sera Venus vo damoispUe, Et vous dressé serez plus haute qu'elle. Et si sera Juno vostre pucelle, Aussi PaUas vostre sage baiselle Sanz huece lUdiMt. IB. fol. iirr. R- eol. i. Baisemain, subst. masc. Hommage. — Com- pliment. Le sens propre est l'hommage qu'un possesseur de flef renaoit à son Seigneur. « Cela estoit tenu « pour flef d'honneur. Le greffier du Tillet le nomme « baisemain. » (S* Jul. Hesl. Histor. p. 676.) On disoit en ce sens pris au figure : !<* Venir à baise main, c'est-à-dire : se soumettre. En parlant du refus que fit le Comte d'Armagnac de rendre à Charles VII le Comté de Comminge, que le Prince lui demandoit, on ajoute: Pour le contraindre à ce faire, 81 y fut a tout mille lances Et vint devant risie Jourdain, Où là, sans grandes réslstences, Le Comte vint à baise main, Viffil. deChariM Vit. T. I, p. 914. ^ Donner à bese main, c'est-à-dire : prodiguer les bienfaits pour quelqu'un. Richart outremer demeura Salehadin tant Vounoura, Et li donna à besc main Si largement, hui, et demain, Qu'il laissa perdre, etc. 6. Giiitft.llS.flbLy7,R*. S' Julien se récrie sur l'introduction de oe mot dans les usages françois pour compliment. Il le regarde comme contraire à la liberté et à la fran* chlse de la nation, et le met au nombre « d'infinies < autres sotises et dépravations de l'antique vertu, « francise et générosité françoise corrompues, de « tant de façons par les étrangers. > (S' Julien, Mesl. (1) Cette monnaie de cuivre, en usage dans les Etats Romains, serait ainsi nommée à cause de sa couleur baie (bajo) ; ae môme en ûrançais, on dit un blanc , un jaunet, (n. B.) <« \ -^ / ' BA - 373 - BA Histor. p. 427. — Voy. Ibid p. 586. — Voy. aussi 1^ Div. Legons de Du Vcrdier, p. 234.) Baisement, subst. masc. Baiser. — L'action de baiser. Vers lui courat, si Tenbraça ; Iluec ot grant.enbracement, Et moult merveillox haisemenl. Floire et Blancheflor. MS. de S. Germ. fol. 203. V* col. I. par un bais Sol à sol. Poêt. MSS. atant 4800. Baiseret éloit le diminulif de baiser; baiser de paix, c*étoit le baiser qui se donnoit en signe de réconciliation et de réparation pour un homicide. On observoit pour le recevoir Tordre et le degré de f)arenté. Les mâles en ligne directe avoienl la pré- érence sur les collatéraux, et les deniers qui pro- venoienl de la réparation étoient partagés entre les héritiers, comme des effets de succession. Les bâtards n*avoient ce droit que dans les homicides Sui regardoient la famille de leur mère. (Voy. le ouv. Coût. Gén. T. I, p. 804, 859, 994 et 1113.) Baiser doulce margoU et le cher baiser margot sont deux quolibets usités vraisemblablement, au- trefois, dans le style burlesque: Mais voyons si déduit de chiens Donne si largement ses biens : Nennif il faut païer Tescot ; C'est le baiser douce Margot. Gace de U Bi«oe, des Déduito. IIS. fol. 129. R* Mais après dit uns mauvais mot, Que c*est le cher baiser margot, Ibid. fol. 13i. V*. VARIANTES * BÂISEMENT. Dict. de Rob! Est. et de Ck)tgr. Baissement. Dict. de Rob. Est. Baiser. Orth. siU3sist. Baisier. Eust. Desch. Poês. MSS. fol. 439, col. i. Boiser. Fabl. MSS. de S» Germ. fol. 69. Bais. Poês. MSS. avant 1300, T. I, p. 900. Baiseret. Poês. de Jacq. Tahur. p. 250. Baiser, verbe. Baiser. On trouve le mot basiare dans le même sens, au Gloss. lat. de Du Gange : Las se cou avient jamais k'ele me boche Pis arai que forsenés ki porte mâche (1). PoëiL MSS. avant 1300. T. III. p. 4046. On lit bâche pour bace, dans une autre copie MS. de la même pièce. Doucement le racaulli Les eus li baisse , et le vis. Fabl. MSS. du R. n* 7989. fol. 8, V ool. 2. Baisotter, est proprement le diminutif de baiser. (Voy. ce mot dans Cotgr. et dans Gilles Durand, à la suite de Bonnefons, p. 91.) Bruisier se trouve pour baiser dans le Rec. des Poës. MSS. avant laoo, T. Il, p. 605, mais c'est pro- bablement une faute. . Locutions remarquables : 1* Baiser les mains, c'est-à-dire saluer. « L'usage « de baiser les mains est venu des anciens Empe- « reursqui bailloient premièrement à baiser leurs « mains aux nobles, et après la bouche, et le a « menu peuple leur baisoit le genouil. » (Du Verd. dans ses Div. Lee. p. 105.) 2* Baiser la terre, toucher la terre. « Il n'afiert « pas que pour moy vostre pied la terre baise. > (Percef. Vol. I, fol. 140.) 3* Se baiser publiquement tun t autre. Autrefois cet usage s*observoit par les gens mariés pour mar- quer d'une manière solennelle la liberté et la bonne foi avec lesquelles on faisoit les contrats et la volonté u'on avoit de les exécuter. (Laurière, Glossaire u Droit Français.) 4" Baiser le verroul. « C'est le signe de l'hom- « mage que le vassal fait à son seigneur feudal au « manoir du fief dominant , en l'absence du sei- « gneur, en Ueu de la bouche et des mains que le « seigneur présente à son vassal , en recevant le « serement de fidélité. » (Laur. Gloss. du Dr. fr.) 5° Baiser la paix après sa dame. C'étoit une galanterie de nos ancêtres, de baiser à Véglise la paix, après sa maîtresse. (Gloss. des Arr. d'Amour. — Voy. l'Amant rendu Cordelier, p. 530 et 5310 6* Baiser le babouin. Acte de soumission. (Dict. d'Oudin.) 7* Baiser son ami à la bouche. On disoit prover- bialement : « Il ne faut pas tant baiser son ami à la « bouche que le cœur lui en fasse mal ; > c'est-à- dire il ne faut pas tant importuner un ami qu'enfin il s'en fâche. (Oudin, Cur, fr.) On disoit proverbwilement : Bon fait maie bouche appaiser ; Aucunes fois on seult (2) baiser La main qu'on vouldroit qui (ùst arse. Roman de U Rom, 7755-7757. CONJUG. Baisarent {se)y passé défini. Se baisèrent. (S* Bern. Serm. fr. mss. p. 369.) Baist, indicatif présent. Il baise. (Chans. mss. du comte Thibaut, p. 61.) Bes, indicatif présent. Je baise. (Poës. mss. avant 1300 T. IV D. 1576.) *es^ subj. Baise. (Blanch. us. de S' G. fol. 180.) VARIANTES : BAISER. Orth. subsist. Beskr. Ord. T. I, p. 268. Baisser. Fabl. MSS. du R. n* 7982, fol. 80, V» col. 2. Baissier. Ibid. fol. 79, V» col. 1. Baisikr. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1427. Besier. Ibid. p. 1403. Besser. Âtbis, MS. fol. 39, V« col. 1. Bager. Ibid. T. III, p. 1046. Bâcher. Ibid. dans un autre MS. Bruisier. Poës. MSS. avant 1300, T. II, p. 605. Baisotter. Durant à la suite de Bonnef. p. 91. Balseresse, adj. au fém. Qui baise. Quand ma langue pilleresse, Sur ta bouche baiserêsse Aura ravi tes esprits Repren ce que j aurai pris. G. Durant, à la mile da Bonnef. p. 96. VARIANTES .* BAISERESSE. Oudin, Dict. Baisarde. Epith. de la Porte. (1) Masse, massue. — (2) On a coutume. BA -î Batserle, subst. fém. L'action de baiser. ' — A1d8 a Uiesié la baîierie. Eml. Dc«h. Puw. mA3. fol. tU, en). I. Baisez, subst. mase. ptur. Pièces d'un lit. Il petit venir du mol baz qui, en breton, signifie Mton. (6IOBS1 de l'Hist. de Bi-etagne.) • Quitance d'az^ia • femme, à Rouault de Karisoit, chaatelain d'Anray, ■ B0ui>60sol3à sUe dus pour un covertor, doua ■ IiHceua, une cortepointe et dons baisez portez k • Pontquelec A l'uaage du doc. > (Histoire de Brc> tagne, T. II, p. 458.) balslement, subst. mgsc. Ouverture. C'est en cb ^ns qu*il faut l'entendre en ce passa^r^ : Le feu ceigtlant l'obscut' creuse le ciel : ainsi Quand l'eTtslatBOB grande, ou large, s'amoncelle, S'il est desmesuPâ, baistement oul'^pelle : Mais B'il Bst plus petit, et Berrë teUement Qu'il ne s'étende au loin, c'est un muv seulemMit. (Bdt. daBûl, flil. 10. baisse, subst. fém. Terrain affaissé, que le aeioiirnement des eaux a fait baisser. Montluc, par* tant du mouvement de son armée et de celle des efiuemis : • Je commenvay ù marcher (dit-il), et • comme tes ennemis descouvrirent les gens de ■ ^ied, ils firent alte à l'endroitd'une grande baisse, < faue l'eau avoit faict par succession de temps... ■ Je les vis dans la plaine portans leur lance droicte « Sans s'avancer et vis aussi le capitaine Ascaigne ■ sur un'petit cheval gris qui faisoit mettre ses ■ picquiersdans ht baisse. • (Mém. de Montluc, T. 1, p. 131 .) De là on a dit baisse d'un marest, pour fond d'un marais. (Voy. Oudin, Diot.) Balssement. subst. masc. Diminnlioo. (Voy. Du Gange, Gloss. latin au mot Baissaînentum , qui a la même signilication.) Baisser, verbe. Baisser. (Voyez Bassere dans le môme sens, au Gloss. latin de Du Gange.) . Et quant • oe vint as lances baissier, et li Greulortornerent • le dos. • (Villehardouin, p. 59.) Quant il se baixa, et II boit, Ûedoni en la fontaine, voit L'ombre qui aort de l'autre part ; Avis It est qu'il le regart. Pibl. IISS. du R. n- 199». M. K, V col. t. variantes: BAISSER. Orthographe aubslst. Baissier. ViUetiardouin, p. 59. Baiser. Fabl. MSS. duR. n°7989, fol. 68, \' cot. S. Balver, subst. masc. Bavarois. tAHIAMTES : BAIVER. Pailon. de Blois, MS. de S> Genii. tbi. 157. Baiuviers. Pb. Mouskes, p. 320. Balx (en), adv. En bas. [Voy. S' Bernard, Serm. tt. Hss. p. 66.) Bafouere, subst. fém. Médaille. — Monnoie. Selon le Dict. de Corneille, bajouere est une mé- daille sur laquelle on voit deux tôtes en profil (I). C'est aussi une moiinoie dbs Pays^as, suivant Le Ducliat, notes sur Rabelais î. Ill, p. 110 et 111. (1) Ce aérait tine corruption de baUoire, parce qna les deux tdt«a semblent te haimr. ^. k. ) «- BA Ba)ulatlon, sufrsf. fe'm. Commission, em|M{. C'est en ce sens qu'on a dit : bajutatim m goMtfe, pour recette des gabelle.-). (Laur. Gloss. du Dr. fr.) Bal, subst. masc. Danse. ~ Assemblée d» d«aB«. On disoit autrefois bal pour daose, l'acttoa de danser. Du lulb, et du pinceau, j'eabaHnr ms vi* Da l'eicrimo et du bat. œ». lit Jueh. da Bd. p. M. Sor un ormel Maioent bavdel. Ptit. HSS. »rtu liea, T. IV, p. 1MI . L'auteur du Romiin de la Rose, pnrlaatdes moyens employés par les dames pour cacher les défauts de leurs tailles, a dit : Et s'ele a trop grosses espaulaa Pour pltdre ft dances et à bauflM, De delyâ drap raba pMta : Si sera de moias lait déport. Roo. Sa 11 RM*, («8B-1UM. Ilaleries baudes se Iroave dAua le Roman de la Rose et signifie danses dissolues, prises dans un sens détourné et plus obscène. Bal signiHcit aussi toute assemblée où l'on dao- soit, même l'après-dlnée. Brantâme, parlant de la reine d'Ecosse, auparavant reine dé France, dit: ■ Les nopces donc solemnellement célébrées dass • la grande église, et le palais de Paris, où l'on vit • cette reyne paroistre cent fois plus l>elle qu'une ■ déesse du ciel, fut après disner k se poarmeuer ■ au bal, et fât sur le soir, à s'acheminer d'où pas . modeste, et façon desdaigneuse pour offliretfaire > son vœu au Dieu hyménée. • (Brantdme, Dames illustres, p. 119.) On disoil : Mener le grand bal, pour désigner Une Mpèeeée danse, peut-être celle par où coitimeocoîl la bal , ou celle que toute l'assemblée dansoit en ooamaa. (Voy. les Hémoires de Brantôme, p^ I4S.) Au llguré, on dJsoit baule dolente : Ooulourevtse danse, pour une pUye terrible De son branc Sert le duc, par ai trèa grand liayr Que, d'un pied en parfond, \j porfendlst l'espwda : Ce duc tout mort dhalat; vecy éolente tawte. G*r. 1* BisiiniB», *». p. in. TAttlANTES : fiAL. Orthographe subslst. Baulbs (plur.) Fabl. HSS. du R. a' 73fS, toi. 3IB, V OoLt. Bacs (pliir.) Fabl- MSS. du R. n" 7969, ïol. 79, R» OOl. 1. BAUx(i)[ur.) Ane. Coiit. de Bret. p. U9. Baudel. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1*61. Balf.nent. GlosB. du P. Labbe. Baîierie, ntbti. fém. Ph. Houskea, IfS. p. SS7. Ballbhie, subit, fém, Gloss. du R. de la RosB. Bale, iiibit. fém. Fabl. HSS. du R. n* 7615, X. I, loi. 119. Baule, tufe«(. fém. Ibid. n* 7ÏI8, fol. 311, V» col. 1. Baullk. eubtt. fém. Gloss. du nom. de taRBBe. Boule, tubit. fém. lUd. fol. 960, B> ooL 1. Balade, subst. fém. Chanson. — Danse. Ce mot subsiste encore aujourd'hui. On connoltroil impar- faitement ce qu'il si^nifioit autrefois, si l'on s'en tenoit à l'explication qu'en donnentHonet et Dori4. Ils définissent la balade : < Epigramme ancien, tout < Ou presque tout d'une cadence. ■ A en juger par BA -»l les anciens auteurs qui en ont ûoib posé, nous croyons pouvoir la déÂnir par une espèce de poëme que l'on trouve, nommé indifféremment chançon ou balade, dans les Poës. mss. de Froiss. fol. 102 et 103. Le nombre dee Btroplies, ainsi quedes vers qui y entroient, étoil indéterminé. Les vers en éloient ordinairement à rime croisée; chaque strophe finis- soit par le même refrain, el la pièce étoit terminée {tar un renvoi où le refrain étoit encore répélé. Le nombre des vers de l'envoi devoit être réduit à la moitié de ceux qui composoient chaque couplet. Je crois que la balade éloil originairement une chan* son 6 danser, comme son nom et son refrain sem- blent le désigner. Elle étoit composée, le plus ordi- nairement, oc trois couplets, etquelquefoisdeçinq. Une des plus anciennes t^ue nous ayons vue, est «Hede Willaume Li Viniers, parmi les Poës. fr. ■Mss. avant 1300-, T. Il, p. 817. Elle commence par cette strophe : En tout tans se doit flua cuers reBJoir Et joie mener, et sod cors cointeir, C«r on voit uelui de s'amour joir Qui loïaument proie : Bonne est la tlofoura De quoj naiat doucours, Et aoulae et ytye. ■Cet exemple suffit pour réfuter l'opinion de l'au- teur de l'Art poétique françois, qui prétend que la balade, < de son ori^ne , s'adressoit aux princes, -• et ne Iraitoit que matières graves et dignes de .• l'oreille d'un roy. • (Voy. les règles de la balade 4anB l'Art, de Rhétorique, par Fabri, Liv. Il , p. 41 *t suivantes.) Il est vrai qu'Enst. Deschamps, dans le iracueil de ses poésies , fait deux articles séparés àa&btUades. L'un sous le simple titre de balaie, et J'autre bous celui de ckançons rondavlx; nous n'ap- iwroevons d'autre distinction entre les unes et les autres, si oe n'est que les balades ont trois strophes seulement, et les chançons rondaulx en ont cinq. [Voy. EusL Desch. p. 1 et suiv., et p. ^02 et suiv.) ■Balade signifloit aussi danse. (Voy. Dialogues de Tahureau.fol. 50, V°.) On distinguoit différentes espèces de baladeê. 1* Balade leonime. Fabri, dans son art de fthét-, écrit Léonine. Les fimes en étoient pleines, comme on le voit dans une fioiaite d'Eust. Deschamps, où l'on trouve : dolente présente conceptioD . constella tiop. ewt. DMch. PiXi. MSS. h\. 39», col i. Fabci appelle aussi Leottine, la balade où les rioies se ssivenj immédiatement. (Art de Bhétor.) S* Balade leonime et moitié tonant. Elle étoit composée de rimes pleines et de rimes simplement sonnantes, commf dans ces vers : monde ond* Et présenlemept i- BA 3* Balade équivoque el leonime: On désignait ainsi la balade où la dernière syllabe de chaque vers étoit reprise au commencement du vers sui- vant, dans une autre signification. Elle étoit trè» diflicile. On en jugera par la citation suivante : LssBe, lasse maleureuse et dolente. Lente me voy fors de souirirB et plains, Pleios sont mas jours d'ennuy et de toiumente : Mente qui veult, etc. Biul. Dcuh. Pofi. ]ISS. roi. 307. wl. f. A" Balade dorée. On trouve une ttalade sous cp titre, dans le Départie d'amours. Elle est intitulée : Morpheus Dietf des songes dit à son père Dieu du sommeil, en balade dorée, par équivoques femellei et composées : Père gentil à qui je dois obâisaanca Tout mon vivant vous veu.t obéir sana ce Que par vous soil dit, sans mectre plaizsnce, Quant cognoiatray que aoit vosire plaisance. ChuH Bl lUrarUe d'Anoin, p. m. Celle sorte de poésie, comme on vient de le voir, étoit composée de rimes qui consistoient dans l'équi- voque et l'analogie du son du dernier' mot du second vers avec le dernier mot du vers précëdeot. Peut-être aussi le mot dorée n'est-il qu'une épithète de balade pour marquer son excellence, comme dans ces mots, légende dorée et sentence ^orép, 5^ Balade pleine unisonante et rétrograde ou balade de ryme autrement dite enctutinée. C'Aoit la ba^de dont la dernière syllabe de chaque rime commengoit Le vers suivant : Taulce mort, et pourquey luy doonas? N'«s-tu pas tort, et lait grand vilennie ? Nye le oonc, certes tu ne pourras. Ras est Bon corps : elle t'a prest suivie Vie luf , etc. CtvMc 11 diputia d'Anowi. p. SIGi ogl. S. 6* Balade unisonante. Celle qui rimoit par te? mots pris duns une acception différente : Meurtrière mort ! je vois que tes trésors Ne sont jà beaux, mais sontlailz, trëa-orls, PI us de mal teiz que les cornes des beufi : Jamais poison tant amere ne beuz. CbMHMiMiwtiad'AiDoiir). p.331, ni. I. 7* Balade unisonante et batelée. Dans cette sorte de poésie, rhémislichê rimoit avec le dernier mot du premier vers, dont la rime se relrouvoit d^ns l'hemislictie du second, la rime du second dans l'hémistiche du troisième et ainsi succe^^ivADwnt dans toute la strophe : Adversité m'a durement cité, Sens charité^ las trop me maîtrise, Et sans taintise, j'ai trouvé récité Félicité, etc. CbuN <1 d4patla|l'Am>Hin, M. 9M . 8* Balade couronnée. Le dernier mot de diacvH des vers qui la composoient, avoit une analogie de t/W 3vec les deux mots qui le prëcédoient : 9° Malade double couronnée à double uniaon- nance. L'bémislicbe et la fin du vers rimoient avec BA ■w 376 — BA S les mots qui les précédoient, et forraoient une espèce d'éeno : Par diflcors cors appeliez, accords corps Tu soumis meis plusieurs tes aroys mis. Chtsse et dcparlio d'Amoort, fol. t54. 10" Balade recoupée. On en trouve plusieurs dans les Poésies de Guillaume Machault, à la suite du ms. du Livre d'Ovide de la Vieille, en vers Fr. par J. Le Fèvre. (Bibl. du R. n« 7236.) 11' Balades couronnées, enchaînées et batelées. Voy. TArt. de Pierre de Nogerolles, Bibliothèque e Du Verdier.) 12* Balfide baladant ou batelée, (Idem.) 13* Balade fratisée ou jumelle. (Voy. TArt. de Rhét. par Jean Molinet, us. du R. n® 7984 et l'Art, de Rhét., par Fabri, fol. 45, R* et V-.) 14* Balade sotte et pastourelle. C*éloit une balade dont le sujet éloit grossier et rustique. (Voy. Eust. Desch.) VARIANTES I BALADE. Orthographe subsist. Ballade. Dial. de Tahur. fol. 50, V; , Baladelle, subst. fém. Diminutif de balade : En chantant ceste baladeîle, Qui me sembla jolie et beUe. Frobsart. Po«t. MSS. fol. 50. Baladeur, subst. masc. Danseur. (D. de Borel.) Balafreuxy adj. et part. Déchiré. — Balafré. Dans le premier sens de déchiré, nous lisons : « N*est estimé Cordelier, ni Jacobin qui avecques « habits balafrez, va vagabond parmy le monde. » (Pasq., Mono. p. 188.) « Ils portoient les chausses « plus bigarrées, découpées, déchiquetées, et balla- « frées et la pluspart montroient la chair de la cuisse, « voire les fesses. » (Brant. Cap. Fr. T. IV, page 44.) Nous disohs encore balafré.{\oyez isnis Oudin et Cotgrave, le mot balafreux (1) pris en ce sens.) Ont plusieurs membres coupez : Aucuns ont piedz et poingz griffez Pour approcner les horions, Et les autres fort brelaffrez, Plaindans leurs grandes passions. Molinet. p. 193. VARIANTES * BALAFREUX. Oudin et Cotgrave, Dict. Balafré. Pasquier, Mono, page 188. Ballafré. Brantôme, Cap. Fr. T. IV, page 44; Drelafê. Cotgrave, Dictionnaire. Brelaffré. Molinet, p. 193. Balaiy adj. et subst. Qui est de couleur claire. Epithète de Rubis. Il est quelquefois substantif. Le Rubis balais est pâle, couleur de rose. Ce mol pourroit venir de Tancien mot françois baillet (2), au'on a vu ci-dessus pour clairet, paillet, couleur e chair, et pour epithète de vin. Gautier d'Ëpinais, dans ses Poès. mss. dit qu'il n'y a pas plus de com- Saraison à faire de la beauté de sa dame avec celle es autres, que du mois de mai avec celui de février, et du rubis au rubis balais : Âusi con de feyrier mais. Et li rubiz don balais N'a de beauté nule iganoe. Gwt. d'Bpioais. Poés. MSS. araot 1800. T. I. p. 16. VARIANTES : BALAIS. Poês. MSS. avant 1300, T. I, p. 90. B ALLAIS. Petit J. de Saintré, p. 967. Bailay. Rabelais, T. V, p. 196. Baloy. Glossaire du Rom. de la Rose. Balaier, verbe. Enlever, piller. Au figuré, c'est le sens de ce mot .en ce passage : Fromraanz et seigles babondoient Es lieus où les deus os estoient, Qu'aucuns sorent si balaier Que poi i remest que saier. G. Cuiart, MS. fol. %î, V*. Balaine, subst. On lit dans Froissart, livre II, p. 219, qu'à la bataille de Rosebecq,en 1382, plusieurs Flamands avoient des gans de fer à balaine (3). L'éditeur soupçonne que c'est une faute et qu'il faut lire : de Boulogne, de Malities ou de quelque autre lieu. Balan, subst. masc. Mol obscène. (Voy. le DicU d'Oudin et de Cotgrave.) Balance, subst. fém. Instrument qui sert àcon- noître Tégalité du poids. — Bon ordre. — Puissance. — Perplexité. — Peine. — Péril. — Caducité. — Usage. Ce mot, qui subsiste dans la première significa- tion, est formé de lanx, plat ou bassin, et de frfs. (Voy. Fauchet, des Orig. livre II. — Pasquier, Rech. p. uOS. — Le Glossaire latin de Du Canee, au mot Balanx, et le Dict. de Borel, au mot Bes^ Ontlisoit en ce sens : d'une même balance, pour si8;nifler également. « Ainsi est mort ce grand capitaine et « guerrier, aimé et hay d^uns et autres tune mesme « balance. » (Lettres de Pasq. T. I, p. 244.) Balance, au figuré, s'employoit pour bon ordre. Ph. Mouskes, parlant du desordre de la bataille de Roncevaux, et de l'ordre qui y fut rétabli par Ro- land, dit : Sa bannière avoit retrouvé... Si lirent es gens Marsile Com cil qui n'orent soin de giUe : Tout s'est remis dans la balance RoUans tint une grosse lance. Ph. Mousket. MS. p. 905. Dans la seconde acception, balance a signifié puissance : Faveur n*as, amour, ne congnoissance A homme ; nul riens ne te puet estordre Josne, ne viel tuit sont en ta balance. Busl. DMchampt, PoM. MSS. fol. »4. Balance s'est dit pour perplexité, doute : J'ay été entrepris, En péril, et en balance D'avoir grant maie meschance : J'en suis hors, bien m'en est prine. Eutt. Detch. Poêf . MSS. fol. 173. Dans ce même sens, on disoit : être en balance, (1) Le bas-latin a balaf ardus, balasardus y épée courte, qui rappelle balisarde, si disputée entre les paladins de l'Ârioste. (N. E.) — (2) En bas-latin balasdusj de l^rabe balcliasch^ de Balahuchan, près Samarcande ; beaucoup de termes de joaiUerie sont ainsi venus de TOrient. (n. e.) — (3) La phrase est : < Armés d'auquetons et de gans de balaine. • (Edition Kervyn, X, 159.) (N. b.) BA — 377 - BA expression qui subsiste, mais que nous trouvons dans Ph. Houskes, us. p. 229. On trouve le mot balance^ employé pour peine. Sarrette, servante des Trois Maries, ayant perdu ses maltresses, s'exprime ainsi : Desa seray en grant balance, S'eUes de moy n'ont souvenance. Hi8t. des Trois Maries, ea vers, MS. p. 449. Balance a signifié péril, danger, risque, hasard : Et sera s'ame en grant balance Se U n'a en luy repentance. Eust. Desch. Poés. MSS. fol. 47i. Ce mot est pris au même sens, dans Athis, us. fol. 50, où il est question du danger d'un combat. On y lit encore : Prison se rent, et U fiance Qui ne soit onques en doutance (ou balance.) AUiis. IIS. fol. 75, R* col. 1. Le même auteur, parlant des dangers de la Cour, dit : Car trop est court, périlleuse balance, Ibid. fol. 76. J'y mettray le corps et ravoir Voire certe l'ame en balance, Rom. de U Rose, Ten 1558S-i5584. Ne scay pourquoy on n'ose dire voir, Quant on se voit de tout perdre en balance, Froiisart. Poés. MSS. fol. 335. L'un aime, craint, et sert sa dame Sanz penser, ne désirer blasme, Sânz plus, pour venir à vaillance ; Et se met souvent en balance De tost valoir, ou tost mourir, Sanz demander autre merir. M «duuit, us. fol. 186. R* col. S. « Toutes femmes, qui tels signes font, et qui se « laissent baiser à homme, à qui elles ne le doivent « faire, elles mettent leur honneur et leur estât en « grant balance et en grant péril d'estre diffamées. » ' (Le Chevalier de la Tour, Instr. à ses filles, fol. 65.] Enfin, on a dit balance pour exprimer la caducité de la vieillesse. C'est en ce sens que Charlemagne, forcé de reprendre les armes après la déroute de Roncevaux, a dit : Or m'estuera porter ma lance Et jou sui vious et en balance; Or m'estuera espôe çaindre, Qui deuce em mes cambres maindre. Pli. Monsket. MS. p. 817. On s'est encore servi de ce mot pour usage : Il ne se mue onques deci Mes ades avec aus sejome : C'est \or balance et lor coustume. Fabl. MSS. dn R. n* 7615, T. 1. foL 417, R* col. i. Remarquons quelques expressions auxquelles ce mol a donné lieu : 1* Traire à sa balance^ attirer de son côté : De toutes manières de gens Par fallace et decevance. Tout avoit trait à sa balance, Hisl. de France, à la suite du Rom. de FauTel, MS. da R. n* 6Si2. fol. 87. 2* Monnaye en dure balance. Je crois que cette expression, dans le passage suivant, désigne une monnoie de mauvais aloi : Gele en fu monnoië en France Tomée en dure balance,.. Dont le rov en fu moult repris. Hist. de Franoe, à fa suite dn Rom. de rauTsl, MS. dn R. n* 0812, fol. 8T» 3* Vin en balance y c'est-à-dire on verse souvent du tin : Toz jors eét le vin en balance. Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 288, R* col. 1. 4* Porter droite balance. Façon de parler figurée : Bien le voit en reaume de France Qui porte plus droite balance. Geofroy de Paris, à U suite du Rom. de Fantd, foL 48. 5* Contre moi poise la balance^ pour dire : j'ai du|dessous : Moult sui cheuz en grant vitance : Contre moi poise la balance, AUib,MS. fol.51.R«ool.2. Balancer, verbe. Hésiter. — Etre agité, palpi- ter. — Agiter, remuer, rouler. — Lancer, jeter. Ce mot subsiste sous la première orthographe. En termes de chasse, on disoit, en parlant des chiens qui ne tiennent pas une route certaine et se jettent tantôt d'un côté, tantôt de Tautre, qu*ils se balançoient: « Celui qui veut afaitier son chien doit « suivir après le limier qui fait la suyte, non pas de « près, mais un petit loing, car l'un limier se « balenceroit pour l'autre (1). » (Chasse de Gaston Phébus, MS. p. 211.) Balancer signifle palpiter, être agité, dans ce passage : A l'entrant d*esté, que U tans conunence, Quant j'oi ces oiseaux sor la flour tentir. Sopris sui d'amours, dont mes cuers balance, Dex 'm'en doint joïr tôt à mon plaisir. Poés. MSS. avant 1300, T. I, p. 89 et 33. On s*est servi du mot balancer pour agiter, remuer, rouler. Nous lisons dans la description du martyre de S' Jean : Ly firent ce glout pautonnier En un tonne! d'oûe boullant... Mettre tout nu, et balancier : Sa mort vouloient avancier. HisU des Trois Maries, en ters, MSS. p. 383. On disoit aussi balancer pour lancer, jeter : Si ra en Teue balancié A tout le sac qu'il ot lié Euar paor avoit durement u'U encore ne Valast sivant. Fabl. MSS. da R. n* 7218, fol. MO, R* col. I. Enfin, on a dit balancher pour compenser, établir une balance entre deux choses différentes. Le pape Herbert, voulant en quelque façon effacer les péchés dont sa langue , ses pieds, ses mains, qu4l avoit consacrés au diable, avoient été Toccasion, se les fit couper par son valet : Mains, et lanipie, et pies U trencha, Les pechiés fors en balancha, Ph. Moosket. MS. VARIANTES * BALANCER. Poês. MSS. avant IdOO, T. I, p. 92. Balancier. Hist. des Trois Maries. MS. p. 383. Balencier. Chasse de Gaston Phébus, M S. p. 232. Balencer. Ibid. p. 211. Balancher. Ph. Mouskes, MS. (1) Molière remployait encore : « Chasser tous avec crainte, et Finaut balancer. » (Fâcheux, II, 7.) (n. e.) II. 48 BA — 378 - BA Balandran (1), subst, masc. Espèce de manteau. 11 étoit fendu sur les côtés, pour passer les bras, et boutonné par devant. (Dict. de Monet. — Voyez Du Cange, Glossaire latin, au mot Balandrayia.) Dans une citation latine du même Glossaire, au mol Supertous, on lit balandi^ava pour bàlayidrana, au lieu de galandravum qu*on y trouve aussi pour signifier balandran. (Lisez Balandranum.) Le duc de Nemours étant à la cour de Turin, « un des écuyers (du duc de Savoye) offrit de sa part, • à M. le duc de Nemours, un chapeau couvert de t lanctillé d'or, avec des plumes de diverses cou- « leurs, un balandran de toille d'argent, bandé de « clinquant d'or. » (La Colomb. Th. d'honn. p. 304.) Pensés-vous, sans avoir ses raisons toutes prestes , Que le sieur de Provins persiste en ses requêtes, Et qu'U ait, sans espoir d'être mieux à la cour, A son long balandran changé son manteau court. Régnier, Mtyre xiv, p. 224. BalatroDy subst. masc. Gourmand. (Dict. de Borel, 1^" additions.) Il cite sur ce mot les satires chrétiennes. Balay, subst. masc. Champignon. Il est rendu par le mot latin Baletus, dans le Glossaire du P. Labbe, p. 491 . Balbucie, subst. fém. Bégaiement. Montaigne dit des réponses simples et naïves des Indiens aux Espagnols : « Voilà un exemple de la balbucie de « cette enfance. » (Essais de Mont. T. III, p. 226.) Malherbe a dit de lui-même « qu'il étoit de balbus « en balbucie (2). » (Balzac, Soir. Chrét. T. Il, p. 229.) Balcanifer, subst. masc. Borel explique ainsi ce mot: « Portant Testendard des Templiers (3). » Baie, subst. fém. Ballon. — Caisse, malle. Au premier sens, c'étoit une boule de cuir rem- plie de vent, qui la rendoit propre à rebondir: « Autres qui estoient plus grands le défient au jeu « de la baie, de cette baie, dis-je, qui a accoustumé « d'enfler avec une seringue. » (Merl. Coc. T. I, p. 67.] Rabelais, T. I, p. 163, rappelle grosse balle. La halle beUniere, ou de bélier, étoit une espèce de > ballon fait d'une des parties du bélier, et plus petit que le ballon ordinaire. Les gens du commun en jouoient autrefois et le poussoient avec des bâtons courts. C'étoit aussi le jeu des pages. Brantôme prend de là occasion d'en faire un conte très malhonnête sur une des dames de la reine. (Voyez Brantôme, Dames galantes, T. II, p. 458.) Ce mot signifie caisse, malle, dans le passage suivant : « Il atteignit les Impériaux , lesquels « s'estantmisàla fuite abandonnèrent les mulets,... « sans jamais avoir eu loisir de rompre les balles. » (Mémoires de Du Bellay, Liv. VIII, fol. 268, V.) Voici des expressions auxquelles ce mot a donné lieu : !• Cest ma baie ; c'est mon fait, c'est mon balot. < Les historiens sont ma droite baie , car ils sont « plaisans et aisez. > (Essais de Mont. T. II, p. 148.)^ 2' Balle à emporter semble désigner le jeu de la* Saume dans ce passage, où il s'agit des exercices' u roi Henry second : « S'il ne jouoit à la balle à « emporter, ou au ballon, ou au maille. » (Braat. Capitaines françois, T. II, p. 46.) 3* Garder les balles. Façon de parler empruntée du jeu de la paume. On dit familièrement : garder les manteaux. Et moy pendant ce temps, je garderay les balles. p. Corn. Place royale, Com. acte u, aaèiw TII. 4*" Baies à feu, sacs à feu^ autrement carcasses : « Nouvelle manière de bombes, faisant d'abord « TefTet des fusées, et mettant enfin le feu où elles « sont, furent employées au siège de Condé, en « 1676. » (Pelisson, Lett. hist. T. III, p. 17.) 5' Balles ardentes on balles à feu. Boulets rouges. Bassompierre dit « qu'il fit tirer la nuit du fort « Louis, pour divertir les ennemis, six canonades « dans La Rochelle, avec des balles à feu. » (Mém. de Bassompierre, T. III, p. 359.) • Je fis tirer force - balles ardentes du fort Louis. » (Ibid. p. 362.) « Je fis tirer la nuit dans la ville des balles à feu « qui le mirent en deux endroits. » (Ibid. p. 414.) VARIANTES : BALE. Merl. Ck)C. T. I, p. 67. Balle. Rabelais, T. I, p. 163. Baie (4), subst. masc. Galerie. (Dict. de Monet et Glossaire du Roman de la Rose.) Ce mot se dit en Languedoc pour saillie, avance, en forme de balcon. Le Dict. de Borel cite ces vers du Rom. de la Rose : EUe est dehors araonnée D'un balé qui vet tout entour. Balegnier. subst. masc. Espèce de vaisseau de mer. Il a vraisemblablement pris son nom du mot baleine, à la pèche de laquelle il étoit originaire- ment destiné, (voyez le Gloss. latin de Du Cange, au mot Balnerium.) On trouve communément ce mot dans différents auteurs pour vaisseau de trans- port et pour avant-coureur d'une armée navale. Les corsaires s'en servoient ordinairement, parce qu'ils approchoient de terre. En 1385, le duc de Lancastre s'étant approché, avec sa flotte, des côtes de Nor- mandie, les vaisseaux normands « sçurent par « leurs balengers que l'armée d'Angleterre venoit, « si se retirèrent au Havre de Herfleur. » (Froiss. Liv. III, p. 110.) « Les Anglois avoient en leur « armée vaisseaux qu'on dit baleniers , qu'escu- « meurs de mer par coustume ont volontiers» et (1) Le balandras était, au xii* siècle, la chape à pluie des méridionaux: ouverte dans toute sa longueur, ou fermée à rencolure ; eUes avaient ou des manches, ou de simples fentes pour passer les bras ; le tissu en était grossier, et c'était là les parapluies de l'époque, (n. e.) — (2) Diderot lui*même employait ce mot : «c Le temps me poursuit et voilà que je m'en retourne à la balbutie. (N. e.) — (3) Le mot se trouve dans Math. Paris, aux années 1237 et 1246 ; Du Can^ y voit un» variante de baldakHnifer. (N. E.) — (4) Le mot balet était employé en Poitou au temps de Du Cange ; il désigne le retrait qui s'enfonce sous un balcon, ou le balcon lui-même. Les registres du Trésor des Chartes, aux xrv* et xv siècles, en font un fréquent usage: on trouve même en 1416 (JJ. 169, p. 279): c Le suppliant trouva iceUe femme toute nue en sa chemise sur les valez ou galeries de son bostel à la lune au senn. » (n. k.) BA -3 « qui approchent les terres de plu3 près que 'les ■ aulres vaisseaux ne font (I]. > (Ibid. p. 311; an 1388.) TARIASTES : BALEGNIER. Froiwart, T. II, Liv. IIl, p. 189. Balenibr. ILid. p. 111. Ballehibrs. Monsirelet, Vol. III, Toi. 102, V°. BALI.BNIEZ. V^. de Cbarlee VII. p. 132. Balinirb. Le Jouvencel, MS, p. 453. Balnieh. Froissart, Liv. IIL p. 297. Balengers. Id. T. Il, p. 110. Ballanoers. Ibid. p. 109. Ballkngers. Ibid. p. 143. Ballinger. Daniel, Milice franchise, T. II, p. 634- Ballinjer. Id. ibid. Baleis, sabst. masc. Verge. 11 est employé en ce sens, comme un mot vulgaire, par Mathieu Paris cité dans le Glossaire latin de Du Gange, au mot Disciplina. Balen , subst. masc. Berceau , ou peut-être lange ou couverture de laine. (Voyez le Gloss. lat. de Du Gange, aux mots Balenja, Ballmia et Batlinia.) TABUHTES : BALEN. Du Cange, Glossaire lalin, au mot Baiei\}a, etc. B ALLEN. Ibid. Balena, subst. masc. Le petit d'une baleine. (Voyez les Mém. de Bassompierre, T. II, p. 244.) Balendre (2), subst. Espèce d'oiseau. Si chantoit si bien et si bel, Ghana d^aloué, ne de mavis (3) Ne de lointain g, ne de baUnare, N'estoit SI plesan? à entendre. Filil. USS. du H. D- 7eiS, T. Il, fol. ISS. V- col. S. Balendrier, subst. masc. Garde-fou. ■ Nous • passions sur le pont d'Anne, et le balendrier, id ■ est garde-fous, estoitosté. • (Moyen de Parvenir, page 3C3.) Balenus, subst. masc. Nom d'un devin. Suivant le suppl. au Glossaire du Roman de la Rose, ■ ce ■ pourroit bien estre Uelenus, fils de Priam et • â'Hecube, qui eut en partage le don de prévoir « l'avenir. • (Roman de la Rose, 15181.) Baler, verbe. Danser. — Remuer, s'agiter. — Sortir, s'affranchir. Sur le premier sens, voyez les Dict. de Monet et d'Oudin, les Gloss. du Roman delà Rose elle suppl. de l'Histoire de Bret . de dom Horice. Baler est traduit en latin par Iripudiare, danser, dans le Gloss. du P. Labbe, p. 531. Il est employé dans le même sens, par Will. Liviniers (Poës. mss. av. 1300, T. il, &. 820.) Baller a la même signincation, dans les uils deStrapar. p. 401. Ce mot se aisoit de là, pour remuer, s'agiler : Baie semble signifier agité, tourmenté, dans ces vffira : BA Que aerei, se vons y alez. Rdid, ie II Rhs, lat llWIQ-lOeîl. De là, on étendit cette acception jusqu'à signifier sortir, s'affranchir. Un malade, se plaignant de ce que le régime l'exténuoit, dit : Voici quelques expressions auxquelles ce mots donné lieu : 1° £aJ£rffulaIon,c'esl-à-dire jouer des talons : Fille joliette Qui Bcait baler du talon. Eutl. DMdumpi, PoH. USS. fol. JW. 2" Baler la queue, c'est-à-dire la remuer. Au figuré, cette expression si^nifioil faire l'agréable. Un jeune militaire résolut d'aller àiacoar; » ung • de ses compaignons lui dit pour l'en détoitmer : ■ voulés-vousjà aller là baler laqueue. > (Le Jouven- cel, fol. 11. — Voy. Baltequeue, espèce d'oiseau.) variantes : BALER. Gloas. du P. Labbe, p. 531. Baller. Suppl. au Glossaire du Rom. de la Rose. Balesamlte, subst. fém. Espèce de plante. ■ Prenez jus de balesamite, el mêlez les deux pars • delet de chèvre, et le tiers du jus, et moeilliei ■ te char que vous donnerés à vostre oisel, dedens, ( et lui donnés pardeuxfois, et ilguerira. • (Modua etRacio, us. fol. 131, R*.) VAIIIANTES : B.AIESAMITE. Hodue et Rhcîo, MS, fol. 131, H*. Balsaunicte. Modus et Racio, toi. 70, V". Balesteaux, subst. masc. plur. Chansons à danser. (Du Cange, Gloss. lat. au mot Balisteum sous Balare. — Voy. les Poës. mss. d'Eust. Desch.) Balestrler, subst. masc. ; au fém. Balestrière. Arbalétrières. <■ Les ais sur quoy sont les soldats ■ dans un vaisseau. «(DIcLdeCotgraveetd'Oudin.) Balcstrllle, subst. fém. Instrument astronomi- 2ue. 11 servoit à trouver la hauteur du pâle et des toiles. (Dict. d'Oudin.) Balet, subst. masc. Sorte de spectacle. On nom- moit autrefois ainsi une sorte de spectacle qui servoit à l'amusement des convives, dans les inter- valles des services d'une table, ce que nos anciens auteurs appellent entremets. Bassompierre raconte qu'étant en Angleterre, en 1696, < le Roy soupa en < une table avec la Reine, et lui, qui fut servie par « des baleis entiers à chaque service, et des repré- • sentations diverses, changemens de théâtres, de « table et de musique. • [Mém. de Bassompierre, T. Ht, p. 306 et 307. — Voy. Entremets.) Balet, subst. masc. Balai. Ustensile de ménage, propre à ôter les ordures. On disoit : 1* Traîner le balet. — Rôtir le balay. « Ceux qui (1} On trotire dans yroissart les formes ballenier, batengler, balenqhier, balenglier. Le mot, quelque rois, est pris comme qualificatif: ( Par une nef balenghière. i (Froisaart, éd. Kerryn, IX, 6t).) (N. K.) — (2) Pour Saint-Simon, hslandre est une espace de Davire : i Ut avait [à Vive-Saint-Etoi] quarante-cinq balandre» chargées de munitions de guerre. ■ (Saint-Simon, édition de 18fô, ch. 278, p. 13.) (n. e,) - (3) Voir Bu Cange & iiavUcu». BA — 380 — BA « ont pratiqué les courtisannes d'Italie, aucuns on « a vu, et voit on choisir toujours les plus fameu- « ses et antiques, et qui ont plus traisné le balet « pour y trouver quelque chose de plus gentil, tant « au corps qu'à l'esprit. » (Brantôme, D"Gall.T.II, page 197.) 2" Chevaucher le ballay Façon de parler qui répond à l'expression courir, on chevaucher Vescou- vette. C'est une pratique des magiciens; quelques- uns l'attribuent aux hérétiques, suivant Fabri (Art deRhétoriq. livre I, fol. 110.) Cotgrave, dans son Dict. y fait allusion par ces mots, donner trois tours de ballay par la cheminée. VARIANTES : BALET. Brantôme, D«« Gai. T. Il, p. 197. Ballay. Fabr. Art de Hhétor. Uvre I, fol. 110. Baloy. Contes d'Eutrapel, page 80. Balette, subst. fém. Belette. C'est une faute. (Voy. les Contes de Des Perriers, T. I, p. 200.) Balevre, subst. fém. Lèvre. — Mâchoire. Il semble que ce mot ne devroit pas avoir d'autre signification que la première. Pris en ce sens, Ménage et Tau teur du Suppl. au Gloss. du Roman de la Rose, le dérivent de bis et de labra (1). Pasquier lui donne la même étymologie, dans ses Recher- ches, p. 581. Il dit, en parlant d*un jeune homme aui avoit Tart de contrefaire la voix de toute sorte 'animaux, et qu'il représente encore comme un ventriloque : « mais surtout, dans son estomach, « sans ouvrir que bien peu, les balevres, à manière • qu'estans près de vous, s'il vous appelloit, vous « eussiés cru que c'eust esté une voix qui venoitde • bien loin. » Le passage suivant paroit aussi con- firmer le sentiment de Ménage : « Encores vont « descendre les coups parmy les testes deschevaulx « droit sur les oreilles, et leur vont fendre jusques « parmi les dents, en telle manière que les oreilles, « les yeux et les dens dessus étoient à terre, et les « baillevres de dessus, et la denture avecques la « langue demeurent tenant au hasterel. » (Percef. Vol. I, fol. 45.) Cependant Borel, dans son Dictionnaire, croit que le mot balevres signifie joues et mâchoires. Il s'appuie sur ce vers de Froissart : Perçoient bras, têtes et balevres. Le passage suivant est plus décisif : Je vous di bien que, par ce . est Un moine pius cras que un fevres Que il jou miex des baulevres. Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 198. R* col. i. On trouve aussi bault fres (2), en ce sens, dans les Poës. MSS. d'Eust. Deschamps. VARIANTES : BALEVRE. Borel, Ménage, Dict. Baslevre. Ord. des R. de Fr. T. II, p. 283. Baulevre. Lanc. du Lac, T. II, fol. 118, R* col. 1. Baulievre. Gloss. du Rom. de la Rose. Banlevre. Gotgrave, Dict. Baillevre. Perceforest, Vol. I, fol. 45. Balievre. Le Duchat sur Rabelais, T. III, p. 111, note ^ Baulievre. Ph. Mouskes, p. 41. Bolievre, Boueuvre. Dictionnaires de Rob. EsUenne, Oudin, Nicot et Cotgrave. BoLiÉFVRE. Gk>defr. sur Charles VI, p. 681. Baultfres. Eust. Deschamps, Poês. MSS. Balhes, subst. /em.p/i^r. Baguettes de tambour. C'est le sens que je crois pouvoir donner à ce mot. Le P. Menestrier, parlant d'un carrousel, dit : < Pour la seconde quadrille étoit celle de Thésée < retournant des enfers pour accepter le cartel de « Soloon : elle estoit composée de trois furies» avec « quatre monstres infernaux montés sur des dra^ < gons, avec six trompettes torses et des tambours « entourés de vipères, et balhes de deuxserpens. » (Le P. Menestrier, des Tournois, p. 48.) Ballant, participe. Brillant. — Flottant, vol- tigeant. Au premier sens, nous citons les vers suivans : Vindrent d'une tige si franche. Et en si haut lieu ba liant, Com du noble Roy Priant. G. Goiart. MS. fol. 7. R*. Dans la seconde acception, baliant (3) a signifié flottant : Que vos crins n'aiUent balant, Butt. Descb. MSS. fol. Si6. VARIANTES * BALIANT. G. Guiart, MS. fol. 7, R». Balant. Eust. Desch. Poês. MSS. fol. 216. Balier (4), verbe. Balayer. Il fait un gros balay, si va tout baloyer. Ger. de Roum. US. p. i et S. On disoit en parlant des longues robes des fem- mes : « Ne les faisoit-il pas bon voir, quand elles « avoyent les grandes queues troussées, ou quand « d*icelles traînantes elles balioyent les Eglises. » (Apol. pour Hérod. p. 334.) Nous nous servons de ce mot en ce sens. Il est parlé d'un peuple et d'un clergé qui vont en procession recevoir un monarque à son arrivée : Li champs furent bien balet Car il furent plus de xx miUe Machaat. MS. fol. 216, R* ool. 1. variantes: BALIER. Apol. pour Hérod. p. 334. Ballier. Nuits de Strapar. p. 168. Baloyer. Ger. de HoussiUon, MS. p. 172. Baler. Machaut. (1) Du Cange voyait là un composé de ban et de lèvre, comme dans banlieue, et l'expUquait par le pourtour des lèvres. Il s'appuyait sur ce passage des Ordonnances (II, 283) : c Nous voulons... qu'on lui fende la lèvre de dessus d'un fer chaud giu blasphémateur), et que les dens lui apparoissent. A la tierce fois, la lèvre de dessous^ et à la carte toute la bas-levre. i ajoute entre parenthèses : lisez banlevre. Mais au même volume des Ordonnances, page 48, on lit : c La banlievre dessus, c'est assavoir ce qui est entre le nez et le banlyevre dessous. » M. Littrè voit là un préfixe péjoratif ba ajouté au mot lèvre. Le mot se trouve au xiii« siècle dans JolnviUe (édition de WaiUy, § 685) et dans le Roman de la Rose, vers 10202 (édition Méon). (N. E.) — (2) Ce doit être une faute de lecture ou de copie pour bauleffres, qu'on trouve dans le rc^stre JJ. 77, p. 442 (an. 1349). (N. E.) — (3) Balayer avait dans Vancienne langue, outre sa signification actueUe, ceUe de flotter au vent, peut-être restée dans cette expression: une robe qui balaye là terre; baliant, ici traité, n'est donc que le participe présent de balayer, (n. e.) — (4) Le genêt se dit en breton balann ; de là peut-être vient balai, puis bcÀayer, (n. s.) BA — 881 — B Balleures, subst. fém. plur. Balayures. (Dict. de Rob. Estienne.) TARIANTES : BALIEURES, Bauures. Baligaut, adj. Maussade, impertinent. (Dict. de Nicot et de Honet.) Balin, subst. masc. On apoelie ainsi, aux envi- rons de Cosne, des nuages très épais et passagers 2ui fondent tout à coup et inondent une petite tendue de pays. C'est ce qu'on nomme en Champa- gne et en Brie un chameau. Hallages, subst. fém. plur. Couches ou langes. Mot du patois Limousin. (Du Cange, GIoss. latin, au mot Baltinia.) Baliser, verbe. Terme d'eaux et forêts. Il signifle débarrasser le cours d'une rivière, pour en faciliter la navigation. (Dict. de Monet et Cotgr.) VARIANTES .* BâUSER. Dict. de MoDet. Ballizer. Gotgrave. • Ballssage, subst. mosc. Droit seigneurial. Celui de faire baliser le cours des rivières, peut-être aussi le droit d'imposer des amendes sur ceux qui embarrassoient la navigation. Dans l'état sommaire que le duc de Sully donne au roi de tous les droits et redevances qui composoient alors les revenus du royaume, on lit : « Passages, barrages, travers, « péages, pontonnages, balissages. » (Mém. de Sully, T. X, p. 228.) Ballssement, subst. masc. L'action de balayer. Ce mot est employé fîgurément dans les Contes de Cholières, fol. 246. Ballverner (1), verbe. S'arrêter à des bagatelles. La difficulté de bien faire un conte et le petit nom- bre de ceux qui possèdent ce talent, ont fait dire à Montaigne : « Entre les pertinents même, j'en voy « qui veulent, et ne se peuvent deffaire de leur « course; cependant quils cherchent le poinct « de clorre le pas, ils s'en vont balivemant et « traisnant, comme les hommes qui défaillent de « foiblesse. » (Essais de Montaigne, T. I, p. 45.) Ballvernerles, subst. fém. plur. Balivernes. Discours inutiles. (Dict. d'Oudin.) Ballwlke, subst. L'afflche du bailli. (Voyez Tenures de Littleton, fol. 89.) Ballz, subst. masc. plur. Pieux. Quant un edeflement Est de terre en baliz boutée, Priât est tost, et ineUement : N'avoir ne peut longue durée. Geofr. (te Pv. à la raite du Rom. de Kauy. US. du R. n* 8819, fol. 53. Ballader, verbe. Faire des ballades. (Voy. les Œuv. de Roger de CoUerye, p. 159.) Balladlé, subst. masc. Le collectif de ballades. ou recueil de ballades ; comme nous disons un baguier pour écrin à mettre des bagues. L*abbé Gouget, dans sa Bibliothèque Fr. T. X, p. 45, cite des rondeaux mss. qu'il a trouvés dans le balladié du duc d'Orléans. Balle de Flandres, subst. Nom de diamant. (Voy. Lussan, Hist. de Louis XI, T. V, p. 135.) Balle, adj. Où il y a des balles, ou petites S ailles. C'est en ce sens qu'on trouve pain balle, ans Rabelais, T. I, p. 179. (Voy. la note de Le Duchal, Ibid.l Balleçiueue, subst. masc. Sorte d'oiseau. Peut- être celui que l'on appelle hochequeue (2). Baller, verbe. Atteindre. Parlant d'une espèce de jeu de pelotte où les joueurs couroient les uns après les autres, il est dit de Tune des parties : Cil s^avesturent ques sievoient Dient jamais nés coiisuivroient (al ballerant). AUiis, MS. foL 48. R* cal. 9. Ballet, subst. masc. Danse. Donna deduiz, donna balez. Rom. de Brat, MS. foL 80. Balet de chevaux ou ballet à cheval, étoit une espèce de danse qui se faisoit à cheval. On en dansa trois à Paris, en 1581 et 1606; le dernier fut exécuté au carrousel pour le mariage de Louis XIII. (Voy. Sauvai, Hist. de Paris, T. Il, p. 693. — Voy. sur les Ballets, Brant. Cap. Fr. T. n, p. 162, 398 et 399.) VARIANTES ! BALLET. Brant. Cap. Fr. T. II, p. 162. Balet. Mém. de Bassomp. T. I, p. 324. Balez. Rom. de Brut, MS. p. 80. Balletrou, subst. masc. Mot obscène forgé par Rabelais, T. II, p. 222. (La note de Le Duchat. Ibid. — Voy. aussi le Dict. de Gotgrave ) Balleur, subst. m^sc. Danseur, sauteur. (Gloss. . de Harot.) Ballongner, verbe. Mettre un bâillon. « Luy « faisant par force ouvrir la bouche, la ballongne « avec un gros baslon. » (Merl. Cocaï, T. II, p. 106.) Ballonner, subst. masc. Garçon, homme vil. Sorte d'injure. N'autre garçon, ne bielemier. Phil. MootkM. IIS. p. 9e. Le surnom de ballomer est donné par mépris à Gondovaldus, dans Grég. de Tours (3), p. 341. VARIANTES l BALLOMER. Grég. de Tours, p. 3ii. Bielemier. Ph. Mouekes, MS. p. 96. Balmer, subst. masc. Tempête. Il paroit que c*est le sens de ce mot dans les vers suivans : C'est ce que j'aym, c'est mes joyeux depors, C'est li doulx temps qui en balmer fait calme, Et les Taissiaulx arriver à bons pors. Eott. Detcfa. Poêt. uSS. fol. 150. col. 3. (1) Le bas-latin a balinveniia, voile de navire, (n. e.) — (2) C'est encore la bergeronnette. — (3) Au Uvre VI, ch. 14, et dans bien d'autres passages. (N. e.) BA — 382 - BA Balmier, subst, masc. L*arbre (Jui porte le baume. 1.6 balmier sui gui bien scay pure et nette Ou tel fleur croist à tel noble vergier. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 155, ool.3. Baloier, verbe. Flotter, voltiger. — Briller. Au premier sens, de flotter, voltiger, nous lisons : Ll confanon sont desploié Qui tuit erent de rice soie Et Taure doce lor baloie. Athis. HS. fol. 102. V col. 2. Baloier s'est dit pour briller, en parlant d'un gazon émaillé de fleurs : C'est en may, quant reverdoie L*erbe que voi baloier Poés. &ISS. avant 1300, T. IV, p. 1494. VARIANTES I BALOIER. Athis, MS. fol. 102, V col. 2. Baloyer. Borel, au mot Oriflame. Baixoier. Athis, MS. fol. 50, R» col. 2. Balloyer. Lanc. du Lac, T. II, fol. 70, V» col. 1. Banloier. Athis, MS. fol. 79, R» col. 2. Bauloier. Du Gange, Gloss. lat. au mot Bandutn. Balier. g. Guiart, MS. fol. 320, R». Baloine, subst. fém. Herbe odoriférante. Il faut peut-être lire baume (ou balme). La mesure du vers seroil plus exacte : Je n'y voi rose, ne bouton Lavende, violette driie, Marjolaine, Basilicon, Baloine, ne douce odeur en rue. Eust. Dèflch. Poc8. HSS. fol. 7, col. 3. BalongeSy subst. plur. Sorte de cuves de bois. Les marchands de poissons, à Langres et ailleurs, étoient dans Tusage de tenir leur marchandise « dans de grands vaisseaux de bois, de deux fois « plus longs que larges, quasi comme demi ba- « longes. » (Des Accords, Escr. Dijonn. p. 22.) On trouve barlognes dans des Leltr. de septembre i387, au Bailli et Prévôt. (Très, des Chart. Regist. 131.) VARIANTES '. BALONGES. Des Ace. Escr, Dijonn. n. 22. Barlogne. Très, des Chartr. Reg. lâl. Balons, subst. masc. Bombes. (Dict. d*Oudin.) Baloquement, subst. masc. Trafic, échange. C'est le sens que présente ce mot dans le passage qui suit : Baloquement de marchandise Y sera fait, en mainte guise. Eust. Desch. Pocs. HSS. fol. 407, col. 1. Baloste, subs^ fém. Fleur du grenadier (i). (Dict. d'Oudin.) Balotade, subst. fém. Rebondissement, bricole. (Dict. d'Oudin.) Balotte, subst. fém. Grosse balle, boulet. « Dedans ung faulconneau de bronze, il mettoit • sur la poudre une balotte de fer bien qualibrée. » (Rabelais, T. IV. p. 862.) Balous, subst. masc. Balle d'avoine. Ce mot est employé dans le passage suivant, pour chose de peu de valeur : Qui n^acomptent deux balous, Aux biens mondains fuitis et faulx. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 544. Balsamée, subst. fém. Jus de baume. De vin, d*uiUe, et de balsamée Sont chargiez. Eott Desch. Poês. MSS. fol. 85, eel. 3. Balsamer, subst. Espèce d'arbre qui produit le baume. Balsamiy subst. masc. « On luy donne poudre « de gomme balsami, etcastorei, avec jus de men- « tastre, autrement nommée herbe contre les « puces. » (Du Fouilloux, Fauc. fol. 76, V\) Balseme, partie. Embaumé. Dans la descrip- tion d'une tente merveilleuse eh tous points on lit: Moult furent riche 11 pesçon Et bel, et noble de façon Car tout erent de bahamer Qui sor toz arbres a mestries. Athis. MS. fol. 39. R* cd. 1. Baltée, subst. masc. Baudrier, du X^ivaBaltew. Borel, sur ce mot, cite la Nef des folles. Balvard, subst. masc. Boulevard. < Le Rous- « sillon, le meilleur balvard^ que peut avoir le « Languedoc. » (Godefr. Observ. sur Charles VIII, p. 672.) Balzan, adj. Qui a des Balzanes, c'est-à-dire des marques blanches à un ou plusieurs pieds. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.] Ce mot est formé au substantif balzan (2), qui désigne cette même marque. Balsane, subst. fém. Marque blanche au pied d'un cheval. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) On juge de la bonté des chevaux selon les pieds où les balzanes se rencontrent. Poli chastain, astre au firont, au jambes deux baltam. Des Ace. Bigw. fol. 140. VARIANTES : BALSANE. Oudin, Cotgrave, Dict. Balzane. Oudin, Dict. Bambe, adj. Surnom d'un prince d'Antiodie. Il faut probablement lire baube qui signifie bègue. (Voy. baube, ci-après.) Bamberge, subst. Ce mot, dont nous n*avons pas d'exemple, semble avoir été francois, et avoir signifié rarmure des jambes. Je le dériverois du mot allemand bein, qui veut dire jambe. On trouve dans le Gloss. lat. de Du Cange, Bainberga^ et Bemberga dans des citations latines où se trouvent ces autres mots, Brunia, helmum^ halsberga et manicay qui répondent aux mots frangois Broigne, heaume^ aubergeon et manche. (1) C'est plutôt la marrube; vient du grce ?aXX(ûti^. (n. k.) - (2) Diez remonte avec bonheur jusqu'au latin baUeui, bordure, (n. e.) BA — 383 - BA Bamboche, subs^ fém. Bâton. Canne à nœuds. On s'est servi de ce mot pour désigner une personne de petite taille. En Italien, il signifie marionnette, du mot BambOy qui veut dire enfant. (Dict. Etym. de Ménage.) Bamboches, subst. masc. plur. Nom qui fut donné à des comédiens établis à Paris en 1674. Bamille. C'est une faute dans le passage que nous allons citer. Il faut lire bataille. « Ses sot assembla isnelle- « ment, et vint à bamille, à grant ferveur de soy « vanger. » (Chr. de S. Den. T. II, fol. 3.) Bamlevir, verbe. Devenir blême. Pâlir. (Celthel. de Léon Tripp. et Dict. de Borel.) Ban, subst. masc. Publication. — Convocation. — Hommage. — Ordonnance. — Règlement. — Territoire d'une seigneurie. — Corvée. — Droit seigneurial. — Amende. — Saisie. — Terme de pratique. Au premier sens, ban signifioit toute proclama- tion publique, les publications faites à baute voix, au son du tambour, de la trompette, au son même de la cloche, pour ordonner ou défendre quelque chose. (Voy. Beaum. p. 330 et 440. — Rech. de Pas- auier, p. 704, le Gloss. du R. de la Rose ; les Dict. e Monet et de Nicot, et Laur. Gloss. du Droit Fran- çois où Ton trouve que la cloche du ban étoit celle qu'on sonnoit pour assembler les habilans d'une paroisse.) De cette première acception dérivent les sui- vantes, avec plus ou moins d'analogie. Pris dans une signification beaucoup moins géné- rique, ce mot désignoit les publications qui se faisoient pour convoquer les nobles d'une province, tenant immédiatement du Roi , à venir le servir dans son armée, suivant qu'ils y étoient obligés Kar la loi des fiefs. (Voy. La Roque, du ban et arrière any p. 2, et suiv.; les Ordonnances des R. de Fr. T. I, p. 152. — Bout. Som. rur. annot. p. 488, etc.) Ban s'étant dit pour publication en général, a pu signifier celle que les seigneurs faisoient faire pour obliger leurs vassaux à leur rendre hommage, et c'est par une extension de cette dernière acception Sue ce mot est employé pour l'hommage même ans le passage suivant : Et Engletiere, et Danemarce, Qui moult estoit lontaine marce Si en ot le Dunois Ogier, Pour Gaufroy son père ostagier, Et diut rendre Treu et ban De IV deniers, cascun an. Pb. llouAkes, MS. p. ifS. Ban s'est dit pour ordonnance, règlement. « Chas- « cun an qu'il plaist au Seigneur, peut faire bans « pour un bien commun de toute la dite commu- « nauté d'icelui village et eschevinage, laquelle « communauté est tenue tous ensemble y compa- « roir, pour iceux voir, et justement garder et tenir, « sur la demande, et peine de deux sols tournois. > (Coût. gén. T. 11, p. 526.) Juner les devenres de Tan Ne trespasseront si fait ban. Poes. MS. ayant 1300, T. IV, p. 1372. Le ban de mars et d'aoust estoit une défense de mener « des bétes dans les terres emblavées, ou « autres héritages gui pouvoient en être endom- « mages. » (Coût. gen. T. I, p. 688.) Bouleiller, sous le titre des bans et défences d'aoust, en étend la signification jusqu'aux défenses qui regardent la voirie, la chasse, la pêche, et même les mauvais lieux, les jeux de hasard, etc. (Voyez Bout. Som. rur. p. 506 et suiv.) Ban s'est dit pour territoire d'une seigneurie. « Le Seigneur haut justicier peut empescher ses « sujets de lever ou mettre bornes faisans sépara- « tions de bans, à peine d'amende arbitraire ; ne « les peut aussi le dit seigneur du ban, lever ny « poser, sans en avertir le seigneur du ban join- « dant. » (Nouv. Coût. çén. T. Il, p. 397.) Dans la signification de corvée, ban désignoit une sorte de droit appartenant au seigneur sur ses vas- saux. « Tout homme tenant servement son héritage, « ou morlaillablement, doit faire, pour chacune « sepmaine à son seigneur, le ban ou arban, c'est- « à-dire une corvée à bras du mestier qu'il sçait • faire, et s'il fait arban avec deux bœufs, il en * vaut deux, etc. » (Voy. le Coût. gén. T. 11, p. 508.) On appeloit ban de four et de moulin, un droit en vertu duquel le seigneur d'un fief peut obliger ses vassaux à venir cuire au four banal, à moudre à son moulin. (Dict. de Monet.) Plusieurs seigneurs avoient aussi le droit de vendre leur vin à l'exclu- sion des habitans de leur territoire ; c'est ce que signifie ban-banneau, dans ce passage. « Je ne puis « vendre vin, pour raison de ban-banneau, en la « ville de Vaydun, fors que vin mouys. » (La Thau. Coût, de Berry, p. 103.) On disoit aussi ban-vin. Ce droit a subsisté en Touraine, en Bourgogne et autres lieux. Le seigneur en jouissoit pendant 40 jours. Il duroit pendant tout le mois d'août, suivant un titre de 1229, rapporté par Jurain. (Hist. du comté d'Aus- sonne, p. 27.) Ce droit est appelle banc de vin. (Pérard, Hist.de Bourg, p. 317; titre de 1247), et ban de vin vendre. (Id. p. 430, titre de 1246.) Ban s'est employé pour amende, peine pécu- niaire. C'est en ce sens que Laurière le définit, « peine qui se paye par celui dont les bestiaux ont « fait dommage à autrui. » (Gloss. du Dr. Fr.) On disoit ban pour saisie de meubles. « Si aucun « habitan de la dite ville et cité de Bayonne veut « mettre ban, adveu,arrest, ou autre empeschement « sur aucune chose meuble, ou sur les fruits pen- « dens en chose immeuble, pour raison de ce qu'il « prétend la chose meuble luy apartenir, ou aucun « debte luy estre deu i)ar le possesseur des dites < choses meubles, ou immeubles, etc. » (Coût, gén. T. II, p. 714.) Ban de treffonà désignoit la saisie réelle d'un héritage hypothéqué à une rente. « Auparavant la « guerre, estoit coustume de procéder par ban de « treffond sur les héritages hypotéques aus dits « censés, et ventes indiféremment ; de manière BA — 384 — BA « qu'il advenoit que celuy qui avoil eslé contraint « prendre quelques deniers à rente en sa nécessité, « pour petite rente, perdoit héritages de grand « valeur, au grand préjudice des propriétaires, et « autres créanciers, et au seur avantage du rentier. » (Coût. gén. T. I, p. 1161.) On donnoit autrefois une sauvegarde à un héri- tage, de même qu*à un homme, et l'on se servoit du mot ban pour signifier, en termes de pratique, les écussons que le seigneur faisoit mettre sur le fond qui était en sauvegarde, pour Tempécher d*éire endommagé, ou pour conserver les meubles et autres effets hypothéqués à des créanciers. « Le « maire, ou son lieutenant, quand il est question « de debte, si le requérant lui en fait apparoir par « lettres, ou autres enseignemens sufllsans, doit a bailler un sergent au requérant pour aller poser < le dit ban aux choses meubles, ou immeubles qui « ne meuvent et fruicts pendans, ou chose immeu- « ble, le dit sergent doit mettre une, ou plusieurs « croix en enseigne du dit ban ou y mettre pan- « nonceaux, ou autre signe de ban. » (Coût. gén. T. II, p. 714.) Voici quelques expressions remarquables aux- quelles ce mot a donné lieu : 1' Sauvegarde de ban. C'étoit la sauvegarde accordée à celui qui craignoit d'être troublé dans sa possession ; elle le mettoit à Tabri de la saisie qu on auroit pu obtenir contre lui. Masnerius, titre ae possesso^ parle d'une sauvegarde de ban « qu'on « appelle autrement interdict de simple bany qu'ob- « tient celui qui craint d'être trouble en sa posses- « sion auparavant, le trouble réel, et seulement « pour les menaces, ou jactances qu'on faict de le « troubler. » (Gr. Coût, de Fr. Liv. I,^h. III, p. 27.) 2* Donner a ban, pour abandonner, mettre à la discrétion du public. (Pasq. Rech. Liv. VIII, p. 704.) 30 Ban le roi, expression qui semble signifier la même chose que de par le Roy, dans ces vers : Aucune faiz, ce m'est avis, Crie on le ban le Roi Loys. Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 246, V col. 2. 4* Corner le ban, sonner la retraite. On a dit en ce sens, en parlant d'un tournoi : A. tant est partis le tournois. Que plus ni font à celé fois : Li Bannier ont le ban corné Par tant sont as ostex aie. Part on. de Blois. MS. de S* Germ. fol. 454. V col. i. 5* Procéder à ban, c'est-à-dire poursuivre une instance criminelle, par cri public. « En cas cri- « minéi, Von procédoit à ban. » (Gr. Coût, de Fr. Liv. III, p. 350.) 6» Mettre ban, c'est-à-dire « faire bans, édits, cris « et proclamations; mettre et induire peine sur ses « sujets, selon la qualité et nécessité des cas. » {Ord. des R. de Fr. T. I, p. 126, note e.) T Ban brisé. On appelloit ainsi le délit commis par ceux qui se battent sur une seigneurie différente de celle où la querelle s'est élevée. (Voyez le Nouv. Coût. gén. T. II, p. 1051.) On y lit que « l'amende « du ban brisé appartient au haut justicier du lieu « ou le débat a esté faict. » 8"* Bancs francs. Temps de l'armée pendant lequel on ne pouvoit faire prise de corps, ou saisie de biens, excepté pour les cas et criminels, et dettes contractées pendant les dits banqs. (Coût. gén. p. 865, T. II.) VARIANTES : BAN. Bout. Somm. rur. annot. p. 488. Banc et Arrière-Banc. Ger. de Rouss. MS. p. 1S2. Bancq. Nouv. Coût. gén. T. I, p. 450, coL 3. Banage, subst. masc. Territoire de la bana- lité. — Sorte de droit seigneurial. Dans le premier sens, banage signifloit l'étendue du district d'un moulin banal. « Musniers et servi- « teurs de musniers ne peuvent aller sur le ban- « nage d'aulruy charger bled, et y mener farine. > (Coût. gén. T. I, p. 713.) On appelloit aussi droit de bancage , le droit de Banvin. (Voy. Ban.) « Seigneur qui a droit de ban « vin, peut vendre le vin de son creu, de son flef « pour raison duquel il a le droit de bancage^ et « ne durera le dit bancage que quatre jours. > (Coût. gén. T. II, p. 546.) VARIANTES '. BANAGE. Grandes Coutumes de France, p. 125. Bannage. Coût. gén. T. I, p. 713. Bancage. Ibid. T. II, p. 54l Bancquage. Laurière, Gloss. du Dr. fr. Banquage. Id. U)id. Ban-arban, subst. masc. Droit seigneurial. — Corvée. (Voy. le Dict. de Borel.) « Doit faire à son « seigneur han, ou arban, c'est-à-dire une corvée « à bras. Et s'il fait arban avec deux bœiifs il en « vaut deux, etc. » (Coût. gén. T. II, p. 508.) Banardy subst. masc. Gardes des forêts. — Gens qui présidoient à la garde des fruits et des forêts , sergent. (Voy. Dict. de Borel au mot Banards.) U dit qu'on les appelle bandiers dans le patois du Languedoc. « Portiers (lisez forestiers) bangars, ou « messiers peuvent, dans vingt-quatre heures, « poursuivre les mesusans , et sont crus en leurs « rapports. » (Coût. gén. T. II, p. 423.) variantes : BANARD. Borel, Dict. Banar. Id. ibid. Bannar. Coût. ^én. T. I, p. 864. Bannard. Launère, Gloss. du Dr. fr. Bangar. Nouv. Coût. gén. T. II, p. 4Î3, coL 3. Bangard. Ibid. p. 467. Bangarde. Ibid. p. 407, col. 1. Banvar. Gloss. sur les Coutumes de Beauvoisis. Banward. Coût. gén. T. II, u. 1073. Bauward (Msez Banward.) Nouv. Goût. gén. T. II, p. 1006. Bandier. Borel, Dict. Bancades, subst. plur. Terme de marine. Il dérobe le mast, la poupe, et le fanon, Raze voile, et bancs, bancadea^ et antennes Apostis, et fougons jusques à la carène. Bei^. de Rémi Bellen, T. I. p. itt. Banchel, subst. m^asc. Diminutif de banc. ... El estoit sor un banchel... Parloo. de Blols, MS. de S. Germ. fol. iM. T* oeL t. TÀRIANTBS : BANCHEL. Parton. de Blois, USS. de S> Genn. fol. 151. Qahcbellk, ttibtt. fém. Fav. Th. d'homi. T. II, p. 1830. Banchier, iuist. masc. Tapis. Celui dont on couvre un banc. Ce mot désigne spécialement les tapis que l'on met sur les bancs placés dans le (^œur des églises, suivant Du Cange, Gloss. latin AUTi mots Bancale Ri Banquerium. On s'en servoit cependant pour désigner les lapis dont on couvroit toutes sortes de bancs. • Près de la chaire y aura • place ob l'on peut mettre un petit banc sans « appois, couvert d'un banquier et- des quarreaux ■ de soye, ou autres pour s asseoir, quand on vient ■ voir 1 accouchée. > (Honn. de la Cour, à la suite des Mém. sur la Cbev.] TABIANTES : B&KCIUER. Du Cange, GIobb. latin au mot Battquerium. Banquier. BcuteiUier, Som. rur. Banquere. Joum. de Paris aous Charles VI et VII, p. 65. Bancal. Du Cange, Gloas. Utln au mot Baneaie. Banclocbe, SU&8/. /i^ni. Cloche, tocsin, befTroi. Ce mol, composié de ceux de ban et de cloche, signî- floit la cloche que l'on sonnoit pour assembler les habitans d'une commune. (Voy. cloche du ban, sous l'article Ban.) Baucloche est une faute: il Taut lire bancloche dans le passage suivant : « Us firent c commander qu'on soonast la baucloche, el que • chacun s'allast armer. ■ (Froissart, Liv. I, p. 96.) L'éditeur l'explique ainsi : < C'est en plusieurs lieux < de France le tocsin, ou befroy. > TABIANTES I BANCLOCHE. Dîct. de Borel et de Corneille. Banclocoub. Du Cange, Glosa, lat. au mot Campana. Ban CLOQUE. Id. ibid. Baucloche. Froissart, Lit. I, p. 96. BoNCLOCUE Apr^ ces paroi- ■ les, se départit le doulphin, et s'en vint à la « fueillée par devant Mynerve, et luy baille l'habit ■ de révérence, etluydist: Pucelle, vecy ce dont • me priastes. Lors le print à regarder et dessouhz • et dessus pour les afirois et les tendes lissues à ■ or qui entour estoient. • (Percef. Vol. 1, fol. 140.) Ce mot s'est dit pour écharpe. Dans les. guerres civiles des maisons de Bourgogne et d'Orléans , sous Charles VI, l'Orléanois porkiit des escharpes que l'on appeloit bandes; et ce n'est que depuis ce 5- PA temps que ce mot a eu celte signification. Originai- rement il étoil pris pour étendard, du mot bandum. (Voy. Du Cange, Gloss. latin,) La Roque, en le déri- vant du nK>t allemand Bandt [l], lui fait signifier la même chose. ■ Portoient tous les princes des ■ alliances, el aussi toutes leurs gens... pour l'eo- ■ seigne bendes étroites qui estoient de linges sur ■ leurs épaules, pendansau senestre bras de tra- ■ vers ainsy que le porte un diacre en faisant le ■ service de l'église. » (Monstrelet, Vol. 1, an. 1410, chapitre Lxv, fol. 101.) Bande s'étant pris pour la marque distinctive de ce parti, passa de là à la signification du parti même. (Voy. les Rech. de Pasquier, p. 733.) Bende s'est pris pour le cdté , la partie. ■ En ■ l'effort de la bataille, la bende des Fraaoois ■ commencast à décliner, el eslre fouUée de la ■ puissance et multitude des AUemans. ■ (J. Le Maire, Illuslr. des Gnules, Liv. III, p. 320.) Dans la suite, on s'est servi du mot bande pour exprimer toute espèce particulière de troupes qui faisoient corps. André de La Vigne, parlant de l'en- trée de Charles VIII à Florence, en 1491, dit : ■ Les > bandes du roy commencèrent à marcher, la ■ bande des picauiers, la bande des hallebar- • diers, etc. • fAnoré de La Vigne, voyage de Naples, chapitre vm, p. 118.) Depuis, lorsque la légion eut été instituée, on la composa de deux bandes de gens de pied qui furent appelées bandes légionnaires. Elles furent supprimées pendant quelque temps, et Charles IX les rétablit. [Voy. Daniel, Mil, fr. p. 338.) Eutrapel nous apprend que, de son temps, le mot bande commencoit à vieillir, et qu'on y substituoit celui à'escadre. (Voy. Contes d'Eutrapel, p. 479.) On distinguoit les bandes coronales. Dans le pro- cès verbal de la Coutume d'Estampes, de 1556 , on lit : > Messire Loys d'Arbouville , lieutenant de$ ■ bandes coronales de France. > (Coutumes géné- rales, T. I, page 274.) Les bandes noires étoient un corps de troupes, composé de soldais italiens. A la mort du capitaine qui les commandoit, ils prirent une enseigne noire et des habits noirs ; de là, le nom de bandes noires. Us se distinguèrent dans les guerres d'Italie. Us passèrent du service de l'Empereur ji celui de François 1" (2), auquel ils demeurèrent attachés jus- qu'à sa mort. (Voy. Mém. de Monlluc, T. I, p. 50.) Pierre Desrey les appelle lansquenets, et dit, en Rarlant de François I" qui s'avançoit Dour faire ; siège de Navarre : • Cependant vint de renfort ■ au Roy une bande de Lansquenets qu'on ?ppeIloii « la bande noire (3). » [Chr. de Pierre Desrey, à la suite de Monstrelet, fol. 120, R°.) Ce mot signilioitaussi guerre, querelle, division : Envie court à tout sa houpeUnde : Hais en dépit de la vieille truande Vueil de liesse astre vray soudoier : Se m'espée ay je li ferai grier bande. Eml. DMcfa. Poâ. IISS. fol. (BO, col. B. - (3) Elle combattu A Harigoan. (n. b.) - (3) On n 49 a -3 • E.Poor l'içs b'ende^ éi ttrouiUis dç la majsonâfi J^Myi sûfi père, ;il se retira en ftàiipliiiié. » (Mém. ftCoinines, p. 517.) ,. Ëa.tera)es de blason, bande ésl une des pièces .àu'oi^ appelle hpnorables (tldans r£cù« (Voy.. te Lïbour. Oriç. des Arm. p. 175^ On trouvé iiè inot 0^^ une, citation latine de Du Cânge, au inot . «tn^fl I,éoais, d^ns le ni^me sens. {. Pims UR sens aussi figuré que celui dans lequel nous employons aujourd'hui le mol lisière, ianàe a ^ignifi^ autrefois fronlièrç, les borues, lès cpn^hs d'uQ champ, id'un pays, d'une province^ élç. • II « envoya hastiremenl deyèrs le sire de Coucy, et îe f seigneur de la Rivière, et remontrant 'se^ oeson- M .gnes, qu'ils .se délivrassent dé reconquérir s^ f (^asteaux par traitté, convenances ou accords, / etparspécia!,lesplusprochainesdes bénites (3) de • la mer. p (Froissart, livre II, p. 24.) Il faut lire Pondes, ■pour bondes,, dans cet autre pàssa^^e du .même auteur : ■ En costoyant Cornouaille et 1^ • bondes d'Angleterre, ils arriverenl sauveméiil. » (Froissart, livre III, p. 89.) ..; En termes de marme, on appeloit bandes ce que Ijss marins désignent aujourd'hui par tribord et Sabord : leacôtés, les flancad'un vaisseau. « L'avant .• 'garde ayaut fait plusieurs bordées pour prendre .■ le vent, vint enfin sûr les sept heures et demie à f la portée du canon de nostre flotte, et des deux .« pointes : puis tournant le bord tirèrent tous les ■ ■ canons de la bande, puis ayant tourné en fwp^i ,• de môme dé l'autre bande. * (Méin. de Bassom- pierre, T. III, p. 450.J Le môme mot signifioit, en lerme de fauconnerie, le c()té du bec de cet oiseau. <■ Car aucunes fois, le ,■ hec croist et surmonte d'une l/anàe plus que de .■ l'autre, et fait ceste excresceuce que l'oiseau ne f peut pas resserrer le bec à son droit point. ■• (Fouillûux, Faucon, fol. 121, R°.) Enfin, nous trouvons bandes pour pièces d'un moulin, dans ce passage: ■ Au ilef appartient l'ar- ■ bre du moulin, les bandes, et ce qui ne se meuve • pas au moulin. • (Nouv. Coût. Gen. T. T, p. 700.) On disoit : . . 1* Bande d'artillerie, pour bâilerie. ■ La nuîct ■ sequente, laissant des pièces pour battre à'Ia dite • brèche, pour empescner de la remparer, meit , • une autre bande d'artillerie pour battre l'encoi- .5 gneure du coslé de Montdevis. » (Mém. du Bell, livre Vlil, fol. 2G4.) ,; .Cette expression, dans cet autre passage, désigne ^ulement un nombre de pièces d'artillerie : < U.de ■ la Palice estoit venu avec cinq cent lances fran*' .« crises, deux mille piétons et aaebande d'artille- . rie. » (Lettr. de Louis XII, T. III, p. 32.) 2° Bende de lard. G'éfoil une façon de parjer figu- rée pour tranche ou pièce de lard. [Dicl. d'Oudin.) 3* Tenir part, ne bande, signifioit ne pencher Bi d'aneua;côl^. On,4it.^ite l'HùtojiA.OuAVosf^al de.Boucicaut, p. 176 : ■ Si n'eatpit J'aToùblft a iiul, ■ [|ar corruptio^n, ne pa;* quelconque, familiarité, '.tenir j)art ne bànd^. > Hodta^e â^^ j» senà :, ■ A quelque bande qu'on panebe'. <• ftwaS, T.li; p. S9Ï.) . V Tenir sa benO^, èti% dé isoti parti'. . >. t^ mt • Ânrimabhus avoit esté coirO^^U .^àr Wb > Alexandre, 3 forbe de don» &l d'Àfféiat poûï- fluï • sa bendè. > (J. Lh Mairà lUtJstr. disà Gàtra, livre XT, p. 221.J , , , %• lEstoient de ià bande, poïit : ifStMi', kitt^d. 1 Avoit despouillé tous les tréàbrs et réiîiiara db « l'Eglise, -pbur souldoyei" ceux ûui tetbiçutne rfà ■ bende. • (J- Le Maire, SchisttiËSetC(Hi]ciies,p.i7.] 6* La grande bande. Cette fïçon.de parler semble faire allusion aux 24 Violons, die la Cbàmlro. fjqiiae jdit à Marianne, que Tartuffe veutépoiberiétt^er en province : . . La (laïue «u carnaval tous pQUirez espenç . • 'Le bat, et largrand'bande, à sart^, dMixmn^^îos Et parfois (agoUn &), et les.macioDoottss.i . UlmpoilBDr, (|b flDlièn, Kl. ï, w. t ■ Les amoureux de lasymphonie y.e9toi£Btiiuâi f attirés par un coQcert des vingt-quatre violons & • la grand bande. » (Rom, Bûuhî. p. 7.) ■ , . ■ ^„ ' T La petite bande. C'est ainsi que Qrantdmèd^- gne le petit nombre choisi :des,J)ames qui étoient .on^inairemenl des parties du roi pt auxqa«^.li en'voyoit quelquefois des plats de sa table. (Voyez Brantôme, D" Gai. T. 11, p, 442 et 443.) 9f Bande royale.-Now lisons dan$ ^^description d'une, eolonne : .> Dessus rarchitravé-est la mze, • appellée autrement bande royale. '■ (Vray Cl-parf. Amour, fol. 215, R'.) .,.„.. .. ,. 9* Faire bande et lice. Fapon de parler' émpriinlée des tournois, pour : se liguer. L'ingratitode (ttr^u- Îile envers ceux qui le gouvernent avec dotrcenrà ait dire : . ... Soadainemeitt root leur bonde et lanr lî(ie Contre les bona, et rendent bénéfice EulBSSi. diLltt. 04.1. TAttlANfBS : fiAKDE. Orthographe Bubeist. Bende. Honstr. Val. I, foL 101, A* et T*. BONDB (4). Froissart, Livre III, fol. 80. Bandé, part. Galonné. '— Terme de blason. — Pansé. — Qui aune lisière, —AUenUf. , , Au premier sens^ on lit : ■ EstaSlers.. :babil]QS de ft velours noir,, tous. bandes de^ paument d'or. > (Mém- .de fiasSoçipierre, T. I,p. 323.) ft Ja bt U iiena cora tronvéa, a un sarqu &i Tu bendé». - Ph. HmikH, H9. p. «)«. En termes de blason, toHd^signlftoItornédSiDe "bande :. Le noir e«ca ^mdéde n^t, Ot larrecLnsBu'cof pèndà, (1) Elle représente le baudrier du cavalier, et prend d'ordinaire depuis le haut de l'anRle droit de l'éca iosqn'à l'angls ÏMUhedu tiaaderëcu. (N.jt.).— (3) CetlMo^e, einployée par le chroniqueur d^ VBleDciwne4,«9.FtVpn]f>ae dqnuiMims awrfe. (N. «.) — (3) Bouffon d'un théâtre de roire ; proprement ces singée qu'on hâyile comme un nëot. (n, ifc.i — (4) Bonde nous pandt être là pour tonne, borne, du latiu faxiMui. Qt.'x.) ^^ ?.f Et d'une fwches «pendu, El en l'e«ni'un«lwTal'Tust. FM. m. *i pt- »; ™*- T- n. roi. i9i, y ««. i. Oj^ disoU â^D$''Ie sens de pansé : ■ 'Êdndé de sa • dâyreure; ^ poar paosé de sa blessure ou dont laloèssure a é\é baDdèe. [Percer. Vol. IV, fol. 83.) Ba$uîé signifioit : < Qui a une bande, une ■ lisière > en termes de manufactures de draps. (Toy. Ord. des RV deFr- T. UJ, p. 413J EaQn bandé s'est oif, pour aLtenllf, eç parlant de llcuaque d'un ba^iUoil' : • Ceulx d'embas ësloyent vHoujours bandée h trouver leurs gens au descou* • yert. » (/. d'Anton, Ann.'deLOuisXJI.'P. 268.} * pf ipéme inot Sijmifioit a.Mssi faite pande à part : ' ' ' 'Sbr l'heure ébtrà une asseï grosse jMnde De surreuste, M aibki'qn'on ae'Miute' Somme n'y eut qui ne print aa pareille FontdeTîser. ■■•■■*■ Cratld, p. lOe. flxpressioQs à remarquer ; 1* Bander sa part d'esteufi (1). Terme du jeu de paume. • Il yint eptrer au jeu de paume et appelle < Fouquet qui aroit ài^h tandiê -sa part de deux ■ douzaines d'esteufs, et jouoil à l'acquit. • (Contes tieDespérriers, T;i,p. 82.) - 2" A bander et à racler. Façon de parler prover- ^ale empruntée de la paume; comme la première, fdie sert a exprimer toutes sortes d'excàs en tout genre. La Noue, parlant des horreurs que commei- toient les gens de guerre qui n'avoient à la bouche que ces mots : « ,L honneur dû Roy.'la religion ca- * (holique, l'évaigile, la patrie, ■ ajouté':* onvoid '• après la plus grande partie, prendre du tont le "• ïontrepied, e( jooef, comme difleitroverbedela "• .paume, à bander et à racler, et plus sur les amis « -que sur les eiinemis ; c'est-à-dire saouler sa ven- ■ geance, 'son ambition, sa cupidité et son avarice '■ de tout ce que la gtierre Tait tndiféremmiént '« ployer soiis soy. » (Disc. poKt. et milit. de )a Nôiie, p. .415.) Ce môme proverbe est A'ppliqué'à la PnïTiiandise,danslesDiv.Lec. deDuVerd.p. 123!) à' Banfier sa qtiaisse. C'eat:à-dire, en termes'tiur- lesqûes, s'ènaUer. (ôudiff, Cur. Vr.y- '•■-'■ • ' ' ■■ vâhiaKteB : IKMDÈ.FabL MSS. du H, n»-7«lè, T. il, tél. !«, V- col. 1. iBENDÈs. Pb. Mouskes, MS. p. 305. :- • - I Bandée, sûbstl fêm^ Ban de vendange. Laur. Gloss. du Dr. Fr. déilnit ce mot: « tempS'el ouver- • ture des vendanges que rdn.fait'publiéi^ par or- « donnance de Justice. . ^ ph ne doit aller aux vignes, « pour icelles grappeter, que trois jours après que « les dites vtgnes sffht vendengees, sur peine '• â'amende, et n'e^t partant entendu qu^'les « -SrtgTieots des dittes vigties ne' les jCifissent gsp- • 'tfér plus'lcftignement qiie dft jour assigné dd'Ia t'banàéè, pour eh' faire leur proBt.'MWôQ leur . 'Semble. «'(Coul. Géiï.Tl'B, p. '394.^ ' '' '■ -J Bander, verbe. Tenir en inquiétude. —.Liguer, j»n9pirer. — Faire .baridéla^gafî.' ' '■ " (l)_Bander une, balle, p'eit la pousser dans les flleta avec iHwaBSi»irM'iita'tf«aitMta»)#*:(N.ET''-' '■ ■ --■ Au premier sens, ce mot a signifié : tenir en inçfuiétude. (Voy. le GlosâC ^ ^mfr)' " ' On disoit«e bander, se bendef, pour se liguer, conspirer. Ce mot, dans ce sens^ vient 4e bande, /action. • Lorsqu'il escjiet que plusieurs maoïitUNat * une conspiration, noiis disons qu'ils ae bandenf^ « telle entreprise. • (Pasq. Rech. p. 733.) ■ '«•.■. TABIA^TES : BANDER. Pasq. Rech. p. 733. , Bender. Cï«tin, p. 106. Banderet, subst. ma»c. Chef de bande. (Dict. deBorel et d'Oudin.) ■ Banderett.i. ceox '.qui ont ■ eu legouvernementde'ta' ville de Rome, et la ■ puissance de vie et de mort sur un cbacun. > (ï-auf.'Gloss. duDr. Fr.) ' •. ..■■■. Bandez, subst. plur. Ce fut le nom que le pen- ple donna aux partisans de 'la maison d'Orléaus, sous Charles Vl, -à cause dé la ftandtfiou'ëcbarpe qu'ils portoient. (Voy". Pà&q'.' Recih: 'p: ' 733J un appela aussi bendez, laTaction dii duc 4é Berry contre le duc de Bourgogne. (Voy. le Joura. de Paris sous Charles VI et VII, p. 4.) ■ Bandolier, subst. masc. Bandil, brigàiiâ. Ban- do/ifir'Seirouve dans'la préfaée^ des ttfrttès de la Reine àe Navarre, p. 4 et 5. Borel, ^ansson diction- naire au' mot Bandouilleri, dit que c'étoient des voleurs du pays de Foix et des Pyréné^, ainsi nommés parce qu'ils allOient par bande. (Voyez le Dict. Etym. de Ménage et Côtgtavé.) BSucHet, #ans ses Serges, le dérive de .l'espagnol «ando, faction. (Livre II, p. flS.J En 1502, c'étoit des troupes au ser- vice de France. (Voy! J. d'Auton, Atto. detoUis'XU, p'. 170.) On en faisoit la levée dans les Pyrénëêb. ielon ^. deXhbu. (Voy. son Hist. T. lV,'p: 39f.^ Hous avions encore de ces' troupes dihs nod ar- rnSés, eft 1366. (Hëm. de Montlufc. T. ÎM). e»et 71.) ■' ■ Les' bandaîiers de la ffarrfe étoieQtpeut-lfit*e''lrt archers de la garde de Louis XII ; ils furent alMi ridtnmé&'de là bandolièrg tiu'\\É pbrtoiefit:' (Ttfycz J. d'Aut. Ann. de Louis XII, de 1506 et 1507, pr.'tn:) " ■ ' tabUhtès'; '""■ ■' '■''■ ! BANDOLIER. Bouchet,.Seréae, Une II, p. 95. BANDOuiLLen. Goujet, Bibl. fr. 1'. XIVp.p. XT3- Ban DOUiL LIER. Bqrel, Héuage, CotgravÂ, Bte, Bandoulier. Favin, lU. d'honni T. I, p. 431. Bandon, su&sf. masc. Permission, liberté. — Pôssésài'(Jn,.partage."— 'Abandon.' '■ '"'Su?' le pfeniiei" sensVvoVei'le dictionnaire de Rbb.' Etienne'. - Le Rûya'Vmttotis les jours ttmifon i d'dWer parler à'ia barneduçhasteau. * (VoV^Uftc duLao,T.I;fof. 107,R''Cori.ï ' '■' la raquette, quand elle roule sur le paré. Véteuf est ainsi B — 888 — BA Amora efit foie et vaine Ki trop est mise à bandon. PoM. MBS. atant 1300, T. IH. p. 1095. Laisser aller à son bandotiy pour abandoi^per, laisser aller. Venir à quelqu'un, à son bandon^ le charger à corps perdu, en s*abandonnanl sur lui. (Ger. de Roussillon, ms. p. 458.) Ce mot a signifié possession, partage : Honneurs divins au ciel sont ordonnés, Pour tous humains aux lettres adonnés ; Se par vertuz leur sont habandonnez Les biens haultains, ceux à tel bandon nez Mériteront, s'ils font bons labouraiges, Honneurs divins. Crétin, p. 85* Bandon a été employé pour abandon. (Dict. de Monet.) < Si dist au Roy : vous promets sur le bandon « de ma teste, que se vous arrivez là, vous y pren- « drez terre à vostre voulenté. » (Froissart, livre I, p. 150.) J. de Meung fait ainsi parler la Raison, per- sonnage allégorique : Oncque puceUe de mon pariage N'eust d aymer, tel bandon que j*ay ; Car j'ay de mon père congeay De faire amy, et d'estre amée. Et n'en seray de luy blasmée. Rom. de la Rote, Ten 0056. Bandon (à), adi;. En abondance, en quantité, entièrement, tout à fait. —A disposition, à volonté. (Gloss. du Roman de la Rose.) Dans le sens d'abondance, nous trouvons ce mot employé dans les vers suivans : La terre est si mouiUée de sanc à tel bandon, Ger. de RoumOIoq, p. 116. . . . Estranges coups s'assemblent à bandon Qui ne lairont à nul, ce n'est ad vis Geline, o e, ne poucin, ne chapon. Eust. Desch. Poct. MSS. fol. 837. Ce mot s'est dit pour : entièrement, tout à fait. Les portes œurent à bandon, Athis, MS. fol. 109. R*col.9. De là^ on disoit à grand bandon, pour à profu- sion. En parlant des femmes qui se remarient, et du peu de soin qu'elles ont des enfans du premier lit, on disoit: « Ses enfans, que le bon homme c aymoit, sont déboutés, et leur despendon le leur « à grand bandon. > (Les quinze Joyes du Mariage, page 171.) A bandon signifioit aussi: à disposition, à volonté, à discrétion. Le mieulx joustant n'aura pas lange Mais d'argent fin chimel à son bandon. Eust. Desch. Poct. MSS. fol. 119. Mais ouant j'av à mon bandon, De ce non vin dont Baune fait don Estre ne quier clers, ne parler latin. Ibid. fol. ... On lit dans la Chr. fr. mss. de Nangis, sous l'an 1191 : « La prist, et à bandon la receut. Nous serons c bien maistres de ceste ville, et nous mettrons « voulontiers hommes et femmes^ tout le leur à « nostre bandon. » (Froissart, Vol. I, p. 145.) Baneré, adj. Ayant une bannière. BaneroUe, subst. fém. Banderolle. Petit éten- dard plus étendu en longueur qu*en largeur, quel- quefois il étoit carré. « Gbascan avoit ung meistre « logeur, et ce maistre logeur portoit une petite « banerote comme d*ung pié et aemy en carre, en • quoy estoit la livrée du capitaine. > (Le Jouvencel, MS. p. 176.) VARIANTES ! BANEROLLE. Le Jouvencel, MS. p. 170. Banerote. (Lisez Banerole). Ibid. Banfice, subst. masc. Bénéfice. « Quant an* « cuns estoit accusés d'aucun crime, dont il denst « estre noyez, s*il n'estoit coupable, il ne pooîi « noyer, mais ce n'est mie voirs, car ce faisoit H • banfices de l'air qui le retient, non mie autre « chose. • (Du Gange, Gloss. lat. au mot Aquœ.) Banlée, part, au fém. Abandonnée. (Dict. de Borel.) Il auroit peut-être dû lire Bannie. Banlsseur, subst. masc. Proclamateur. Du verbe banir^ proclamer. Il n'est qu'ung gaudisseur, Joueur, pipeur, de follyea banisseur. Ftite, p. 99. Banisseur de follyes signifie, es cet endroit, celui qui propose, d'en faire. Banisure, subst. fém. Bannissement. Exil. C'est en ce sens que nous lisons : « Punir les uns par « banisurej les autres par mort. > (Ghr. S^ Denys, T. II, fol. 176.) Banlieue^ substantif féminin. Territoire. Juridiction d'un bien comprenant le pays auquel elle s'étend. Cette définition est de Borel. (voyez sur ce mot une note savante du P. Sirmond, T. III, sur les Epitres de Godefroy de Yendosme, Liv. n, Ep. 16.) L'auteur du Grand Coutumier de France, qui écrivoit sous Charles YI, ayant distingué la prévôté, la vicomte et la banlieue de Paris, à la page 10, ajoute: « L'on appelle banlieue de Paris là « où Paris est, et la circuitude contenant environ « une lieue. » Il fait ensuite le dénombrement des lieux qu'ellecomprend, et l'éditeur interprète le mot banlieue, par « le circuit et destroict dans lequel « s'étend le ban, et publication que fait faire le « prevost de Paris. » (Voy.le Gr.Cout. de Fr. p. 12.) Eust. Descbamps, parlant des négociations pour la paix avec les Anglois, en 1360, dit : Combien que de par les deux Rois, Près de Paris, à ime Ueue A un lieu qu'on dit la banlieue Fussent en la maladerie Assemblés, ne traittiôrent mie. Eiut. Deich. Poét. MSS. fol. 575. Dans quelques pays, la banlieue étoit de rétendue de cent vin^t cordes, dont chaque corde étoit de cent vingt pieds. (Voy. le Coût. Gén. T. II, p. 778.) « La banleue a trois cens soixante neuff perches « de terre, chascune perche de 24 pies. » (Ane. Coût. deBret. fol. 136.) Expressions remarquables : 1** Banlieue de moulin signifie : « retendue et la « lieue au dedans de laquelle les sujets sont tenus « mener moudre leur bled au moulin bannier. > (Laur. Gloss. du Dr. Fr.) Dans la Goût, du Loudu- BA -a nois, la banlieue de moulin étoit de deux mille pas, cbamiQ valant cinq pieds ; en Anjou, de mille tours de roue valanl quinze pieds. (Ordon. des R. de Fr. T. I, p. 197, noie.) 2° Plate à banlieue. Expression singulière pour désigner la blessure pour laquelle celui qui l'avoit faite, étoit punissable dans le lieu du délit. Dans une charle citée par Du Cange, Gloss. lat. au mot plaga ad Bannileugam, on lit: < Quiconque enfrain- « dra les trièves por fait dont mort, afToture, ou ■ playe ouverte que l'on dit ;i/ave à banlieue, s'en- • suit, puni sera de peine capitale. > VARIANTES : Banlieue. Orth. subsut. Banuue. Ord. T. I, p. 533, art. n. Bamleub. Ane. Cout. de Brel. fol. 153, R' et 136, V°. Banlék. Ordon. des R. de Fr. T. lll, p. M8. Beaulieu, lubsl. nuuc. Cout. Gén. T. II, p. 979. Bannal, aiU. Prohibé, réservé, défendu. (Orth. subsist.) Ce mot s'est dit des bois et des forêts; selon taur. Gloss. du Dr. Fr. il s'est dit aussi des eaux et des rivières qui étoient en pro- fiiiété^ et que l'on donnoit à ferme ou à cens. (Id. bid.) . En caves et rivières bannales, si aucun y ■ pesche, sans le congé du Seigneur, ou de son ■ fermier, il y a amende de soixante sols tournois, ■ avec restitution de poisson, pour chacune fois. ■ (Cout.Gén. T.l, p.423.) Banne, subst. fém. Vanne, chute d'une rivière, l'endroit où elle se décharge dans une autre rivière. Le lieu appelle tombe de Lysoire (1), dans la Chron. Fr. Ms. deNangia, est appelé banisoire,Au fol. 262 des Chron. de S' Denys. Cest peut-être comme s'il y avoit bMin'isoire,ysarœ banna, lavanneoula chute de l'Oise ; peut-être: Pontoise, ou quelque lieu voisin. VARIANTE : BANISOIRE. Cbr. S> Benys, toi. 263. Banoelle, subst fém. Petite vanne. Conduit, passage, chute des eaux d'une maison. C'est ce qu'on appelle en certains lieux venelle, c'est-à-dire la séparation qui est entre deux maisons voisines dans laquelle tombent les eaux des toits. • Si l'on < donne une maison avec ses appartenances, pour • les appartenances est entendu qu'il donne les « bannelles, entrées et issues, conduits, jeltemens ■ d'eaues de la maison donnée seulement, et non ■ pas terres, ou autres choses adjacentes à la dite ■ maison. . (Cout. Gén. T. II. p. 676.) Banneresse, suiisf./'Ëm.Femmed'unbanneret. • Princesses, femmes d'elat et banneresses. » (Honn. delà Cour, à la suite des Mém. de l'Ane. Cheval.) L'auteur du R. de Ger. de Houss. après avoir fait rénumération de provinces et des grandes seigneu- ries que son héros poasédoit en France, en Flandres, en Allemagne, en Espagne et en Lombardie, ajoute: Cent et quatorze comtes erent, pour voire ses hommes Deux DaD, et quatre Bers, et trois dalphin par sommes, De 1res hauts bai\eret» : des chastellaiD sans nombre Aïoit en son hommage ; les autres plus ne nomme. G«r. i» RMNilhw, US. p. 7. 9- BA Banneret, adj. et subst. mate. Qui a droit de bannière. Il y avoit des chevaliers bannerets, des écuyers bannerets et des doubles bannerets. 1° Le chevalier banneret étoit un chevalier d'an ordre supérieur et qui éloit assez riche pour mener à la guerre, sous son enseigne, un certain nombre de vassaux, (yoy. le Dict. de Nicot, au mot Baron; les Dict. de Honet, Oudin, Cotgrave, Ménage, Corneille et Laur. Gloss. du Droit Fr. au mot Banneret.) On faisoit un chevalier banneret en cou- Sant les deux pointes qui pendoient à l'enseigne es simples chevaliers, qui par ce moyen devenoit carrée. {Voy. Petit J. de Saintré, Avcrtias. p. H, et l'ancien cérémonial cité par P. Daniel, MU. Fr. Uv. m, ch. V.) « Ils avoient à la guerre une paye « double de celle des chevaliers. » (Du Tillet, Rec. des R. de Fr. p. 319.) La Salade fixe au nombre de dix chevaliers, ou écuyers, bacheliers, les vassaux nécessaires à celui qui vouloit lever bannière. (Voy. La Salade, fol. 54.) Cet ordre étoit inférieur aux ducs, comtes, barons et prélats. > Les ducs, les comtes, • les barons et les prélats qui feront contre ceste ■ ordonnance payeront cent livres tournois, pour ■ peine, et sont tenus faire garder ceste estaolis- > sèment à leurs subjets, en quelque estât qu'ils > soient, et en telle manière que si aucun bannier ■ fait encontre, il payera cinquante livres tournois, ■ et les chevaliers ou les vassaux vingt-cinq ■ livres. • (Ord. de Pb. le Bel, de 1294.) Cette or- donnaoce n'est pas dans, le recueil. On trouve chevalier banneret dans Froissart, Liv.I.p. 278; et dans l'Inventaire de Joyaux et meubles de Ch. V, ù la suite de son Hist. par Choisy, p. 546, on lit chevalier bannicovrt. 2° l'écuyer banneret éloit celuy qui, ayant par son fief le droit de bannière et un nombre de vas- saux sufllsans pour la lever, n'avoit cependant pas encore été reçu chevalier. It en est tait mention dans les revues rapportées par Du Chatelet, HisL de B. Du Guesclin, p. 431. Suivant la Roque, les écuyers bannerets précédoient les chevaliers, et cela sur l'autorité de leur bannière et le comman- dement qui leur étoit attribué par le roi. (Voyez la Roque, Traité de la Noblesse, p. 397. — Voy " '" Dict. de Borel et de Corneille.) 3' Le double banneret étoit celui qui avoitîdouhie bannière. Eust. Deschamps le qualihe ainsi, parce aue deux rivaux partageoient avec lui les faveurs e sa maltresse : J'ai grant joya, quant je lui asséné A si doulx cuer, et qui tant s'umilîs Que banneret serait double clamé Deux compagnons ayant ma compagnie. BiMt. DMdu PoM. HSa. bl. «». VARIANTES : BANNERET. Uur. Glosa, du Dr. Fr. Banneeiel. Froissart, Uv. I, p- 17S. Bannieb. Ord. de Ph. le Bel, de 1294. BA^nncDURT. Inv. de Ch. V, A la suite de son Hist. (1) C'est Tombe-Iuoire, village de 300 habitants, Tënni à Paris (14* arrondissement}, (n. e.) Bannerçt, aubs/. mase. Pprte-enseiifDfi- (Voyez Borei, Diot.) véUM c^ui qui éloit chargé de porter fenstigne m s^geeur bânnerel: < Guillaume de ■ Hontlieu Bvoiie teDir du méiae i foy et hommage • 4ife, 6 devoir d'Atre sob bMtnieif et porter sa ■ bannière, etc. • (Beaumanoir, sur les Coutumes 4e Beauvoisis, p. 407.) TABUNTES : «A.NNERET. Borel, picl. IBANNUtR. Beawnan. noies but Iob Coût, de Beaur. p. 40?. .^anuj, partie.. OuLre les accûptiong qu'il tire du verbe bannif,, ^ CQ .avqit une remarquable dauç cette\expresâipD : Sfinni de liswué, c'étoit c^iii qui d^plaroït o'élre pas coupà&le d'ua meurtre pu ajutre offense, et -ne vouloir preodre aucune part à \k :Kveiruer.)NàuTrCoDl.'g^. p. Xn. ' anqcAr. Glùasaira du Drait-fttUbolK. - '" " ' ^- Bannet. Moût. Coût. gén. T. i: p.^107, eoL e. Bannertt. La Thaumaesiëre, Coût, de BenT> P- UB. fioMMABUi. Glosulrç sur lea Coutume Â^ BeunplBU. BONNAL. (LiMi Bdimal.) Nouv. Cont nuB. B-jm.'cçLU BONEH. L^î^ ffiohnuidBS, Ut. xViiL '- "^ - ■■'IV.. Bananier, subft. tnatc. Qui nrodai^ j|fi Ij^ 'Trompelte public. Dans lé Dict. deBo^, Vfi^t4fig^ crjepubliçueipéut'tmélqMe chose'. (T^ jB9 ,C8;Mn| qu'on a dit : Lors Ùt bire conuDandement Par le bannier, qui en l'ost crie, eto. G.Gid>t,ll3.M.SI. T*. On trouve urgent ppnnier, pour cèlùT 'àuj ttit les proclawatiQQs où pris' Publics ftpR^éjTljfWt dans les Assises de Jérusalem, .p. %, aie. Soo oSm étoit de faire payer lés amendes, de sat^ VX' de faire vendre les effets de ceux aui refUsoieat M payer. (Ord. des Rois de France, T. ni,4). S6S.) ' TARUKTBa : OtANNlER. Borel,.Dii3t. Banier. Parton. de Blois, HS. de S< Genp. ftA. 4SB. Bannière, subit, fém. Marque de dignité. — Banderole, r^ enseigne, étendard. — Pafllé dû hàrnoisdu chevàT. ' " ' ' On distinguoit le pennon de la bannière qu^ Ua seigneurs bannerets avoient coutume de porter, ra bannière étoit de forme carrée; le penooïi, 'au contraire, se terminoit en pointe'. Lorsqu'on reee^ voit un chevalier banneret, on coupoit cette quede, et son pennon représentoit alors cette banaièn dont il s'agit. Plusieurs auteurs prétendent qn'tm étoit propre aux seigneurs bannerets. Cependaïïl nous lisons dans La Salade, fol.-54, '■ qu'elle àt'l'^ ■ tenoit aussi à tous royaulx et tous leurs Ueule- ■ nans , connestables , admîraulx ; maigre dBS • arbalestriers, ettous les.maréchaulx, ,SjU)jS.atrâ < barons ne banneretz . de tant qu'ils spal pCoqiBV « pour dignitez de leurs pfflces, . et non ,aQlt%* > ment. > Par ce mot de b^aron, ilfaut^ent^ûv tout seigneur de fief érigé^en comté, vipppitéQii baronnie. Les armoiries en bannière, c'est-i^-dire eA carré, éloieut beaucoup plus honorables que celles qui étoient en écusson , dont le bas finissoit en pointe. (Voyez Laurière, Glossaire, du Droit Crançois.) .Ainsi l'on trouve qya,» le cpmte , vicomte ou baron peut • porter ôamere,, c'est-à-dire qu'il peut, en guerre « ou armoirie. porter. ses armes en quarré, ce àue • -rie peut faire le, seigneuf chastelain, letjuel seule- « ment' les peut' porter en forme d'ecusson.» (Coul."géh:p;570. —"Voyez laKoiiue, Truite de la Nobleèse, p. 25.) . 'Ce mot, saiis changer d'3cceDt;ion , aëtéspaTE^t eifaployé pour signifier uneautrfe espèce d'eteHoard plus petit, u;^eb;^il^çrolë.,Ckst,'Ètt^60is'q[4^ron Bà — 391 - BA àdlLèp parlàùtâèSaiûirê, loi^ù'il ëhtrôit dans lïâ Jiéeà, il lenôii.« en sa main diroicte sa bannière^ «r là où eàtôiit Nostre-Dame et son enfant^ de "* laquelle^ de . pas en pâs^ il se èëignoît. » (Petit iàji dJ» ëàihli*é, p. 240.) Olivier de la Marche ^ gar- ni du même acte dé dévoUoo, se sert du mot inèréTe. (OliVielr dé la lïarche, tiv. I, p. 182.) , On disoit aussi: « La bannière de Keaulmèj » ifom la bandelrole qui se mettoit au haut du casqUe : Ils promettent > estant arrivés en Turquie » de % ^UT leurs éalâdeà ou sur les habillements de teste > anlls, 'auront. » (Mathieu de Cou'cy, an i453, iSSpt de Charles VIT, p. 675.) Dans une enumération âes^irmuitis dé tète, on lit : « Bacinets, salaâe3 ou • bannières ou tieaulmes. > (Petit Jean de Saintré, pr. S{^.) C'ëtoit apparemment cette bannière tfont on faisoit le signe de la croix dans les lices. De là , ce mot s'est pris pour drapfeau, étendard, enseigne militaire, dans ce passage : Destri^ entre Flnmens s'embiateAt, Des quiex l'un verse, l'autre blesse, Au travers d'eux rompent la presse En telldanxere qu'en alant Va leur frontière dévalant A plus de Lxxx banieres, Jusqu-es teirte. le "i pr«ni«r^^.^ ,^^ ^ .^. ,^.0n appeloit, en ceisens, bannière de France^ le :âr9peau :de. nos anciens rois, lorsqu'ils alloient à la «erre. C*étoii te plus grand étendard de tous, et Jb.lduç orné, 11 étoit semé de fleurs de lis sans :2i6ârbre« On te plaçoit toujours au centre de Tar- flié^, et Ton n'ëtoit censé vaincu, que lorsque les ^nemis Pavoient enlevé. Cet étendard « qui fut jiis appelé cornette blanche '(!), étoit différent de ifanhierè dé S* Denis. On ifè portoit roriflainme te dans les eus extraordinaires. (Dict. de Borel â de Nicot.) -^nfins te mot bannière semblé mis pour une {)artie m 'barnols du cheval, dans ^un compte de l^rgçnti^r du roi, en 1351} cité par Du Gange, au ni^t TiinÀca,, On y lit : *« Pour six pièces de camocas '«J[(fa1$3.à faire, deux harnois de cheval; c'est « àssaviér colliere,^rupiere, bannière^ panonceaux « Qt tunicle. » .(Voyez le. Gloss. latin de Du Gange, Sto mot Tunïca.) Frolèsart se sert de Texpression bannières de chevaux pour désigner ceux qui Soient été tués. Il ajoute qu'on tes releva pour tfire qu'on en fournit de nouveaux; ce qui fait •présumer (Honn. de la Goun, tes. p^ 54.) 7" Cent ans bannière, cent ans civières G'étoit une façon de parlw provérMate^ pour exprimer l'instabilité dés cho^è» m^rMâiliie^ «t lèê YtfVdlutions Jumelles épr6uveh\. G'est en ce sens que te peuple it des maisons nobles, qu'elliss «ont « ient ans « bannières, cent ans dvieres.. « ^echw de Pasq. Liv. I, p. 19.) 8" Entf'er en baiftnïere, la levet, la paf^fy la '¥èlever tH là développer. ÏS)Utes ices efxpresisiioiit différentes ont aussi diverses significations. Ûfi disoit : Eiitrér i^ Vcmniefèj .pour être retfu chevalier barineret. Lever la bannière ^ c'éloit sfôquérir tfli fiéf à bannière. Porter bannière, c'étbittoardhereïi guerre. Relever bannière, c'étoit sucbédeT à nue ïtfaiôdn éteinte de 'l>anneret6, 4i ). (N. B.) BA — s» — B 12" Faire bannière, c'est-à-dire faire trophée, se vanter : Ce bel honneur dont vous faites bannière. L» lUrg . de U lUrg . fol. S!6. V. Pasquier, faisant le parallèle des Romains et des Gaulois, dit: < En tant que touche le Camille tant « rechanté par les Romains, et dont à chaque propos * ils font oanniere contre nous, pour quelque « victoire qu'il rapporta de nous pendant le siège « du Capitole, je croy qu'il leur eust esté du tout « plus séant de s'en taire. » (Rech. de Pasquier, Livre I, page 13.) VARIANTES : BANNIERE. Orth. subsist. Baniere. Fabl. MSS. du H. n» 7218, fol. 137, R« col. 2. Banybre. Gace de la Bigne des Déduits, MS. fol. 58, R<». Beniere. Fabl. MS. du R. n» 7615, T. I, fol. 101, V* col. 1. Bannir^ verbe. Publier, ordonner. — Convo- quer. — Défendre, prohiber. Au premier sens, bannir a signifié publier, or- donner. (Voyez le Dict. de Borel.) Par toute Normandie, fist crier, et hanir Qu'il y ait tant bardi qui ost autre assaillir Meson ne ville ardoir, ne rober, ne tolUr. Rom. de Roq, MS. p. 50. A chacun rouva, et bany. Que. au terme qu'il estably, Venist chascun o sa navie. Rom* d« Brat, MS. fol. 85. De là, on a dit bannir pour convoquer par une proclamation. Ainsi ost banni signiQoit les vassaux convoqués par cri public pour se trouver à la guerre. (Laur. Gloss. du Dr. Fr.) Enfln bannir signifloit aussi prohiber, défendre f^ar un ban ou cri public. (Voyez La Roque, de 'Arrière-ban, p. 8.) VARIANTES : BANNIR. Laur. Gloss. du Dr. Fr. Banir. Rom. de Rou, MS. p. 50. Bannis et Caboches, subst. masc. plur. Noms de faction. Ces noms furent donnés aux bouchers de Paris, partisans du duc de Bourgogne, qui se retirèrent dans son pays en 1413. (Voy. Al. Chart. Hist. de Charles VI et VII, p. 28.) Bannois, subst. masc. Ce mot devoi t signifler u ne cloison formée de claies ou de pieux, pour renfermer le poisson dans leau. Nous trouvons dans une con- cession de privilège, en faveur des bourgeois de Maisière>sur-Meuse , Bibl. de Cangé : « Chascun « bourgeois puelt avoir sa nasselle au rivage du dit « Mézieres, sa huge, bannois, bondiers, et autres « vaisseaux à mettre poissons. » Banoler, verbe. Voltiger, flotter. Du mot ban- nière. (Voyez ce mot.) Armeures luisanz flamboient, Banières penons banoient Quant encontre le vent se plient. G. Guiart. MS. fol. 801, R*. Banane, subst. masc. Banquier. « Le Roy entend que le dit tribut vienne èà-mains de noslre dit S. Père, comme il a accoustumé et baillera te dit sieur banques pièges, et respoodans à Rome de bailler les dits deniers qui viendront du dit tribut de quarante mille ducats, à nostre dit S* Père, ainsi que Ton accoustumé. > (Lettr. de Rab. p. 75.) Banque (lettres de) , subst. fém. Lettres de change. (Voy. Mém. du Bell. Liv. iV^ fol. IM.) Banque, subst. fém. Théâtre. C'est la significa- tion de ce mot dans cette expression : monter en banque, qui signifle faire le baladin ; de là le mot saltimbanque. « Je ne croyois pas qu*an jésuite « voulust dépouiller sa gravité, et monter en ten- « que (!) pour nous faire monstre de ses folies. > (Préf. de la Défense, par Est. Pasq. p. 6.) Banquerle, subst. fém. Métier de banquier. « Ce bon docteur estoit nommé Pseudomanthanon, « très sçavant maistre es ars de sa profession, qui « estoit magie cabale, Thalmad, hypocrisie.... ban- « querie, usure, intéresserie, etc. » (Âlector, Rom. fol. 35.) Banquerotier , subst. masc. Banqueroutier. (Dict. de Cotgrave.) Banquet, subst. masc. Repas. Banquet entre les repas et après souper. « Le lundv quinzième le « roy Charles VU disna à Thostel de la ville, et alla « souper en Thostel d*un cardinal joignant la grand « Eglise, où les dits seigneurs de Siene envoyèrent • leurs trompettes, clairons et autres instrumens « pour rejouyr le Roy. Après souper le Roy alla k « un banquet (2) à rhostel de ville. • (André de la Vigne, Hist. de Charles VUl, p. 152, an 1495.) Banqueteraient, subst. masc. L'action de ban- Jueler, ae manger à un banquet. (Dict. de Monet, e Rob. Est. et de Cotgrave.) Banqueterie, subst. fém. L*aclion de tenir table. Rob. Estienne l'explique par banquet. Banqueteur, subst. masc. Convive. (Dict. de Rob. Estienne et d'Oudin.) Platon veut « que les « banqueteurs soient couronnés. » (Bouchot, Ser. Liv. 1, p. 32.) Bant, subst. masc. Limite, borne. Vieux mot flamand. Banz, subst. masc. Banc, siège. — Officiers de justice. — Juridiction. — Question. — Torture. — Etau. — Table.— Banque.— Instrumentde pécheur. Ce mot signifie ordinairement un siège dans son acception propre, à la réserve de ban qui signifie communément proclamation, comme Je l'ai dit à son article. Il semble cependant avoir désigné (1) On trouve dans la Satyre Ménippée : c Le charlatan estoit monté sur un petit aschaffaut jouant des regales (epinette), et tenant banque comme on en voit assez à Venise en la place S*-Marc. » Le c banquiste i, comme on dit encore dans la peuple, est comparé à un changeur : les planches sont unbanc sur lequel il débite des plaisanteries pour marchandises, (n. b.) — (2) Le mot se trouve au xiv* siècle, dans Froissart. Au xvu* siècle, les puristes ne l'appliquaient qu'au banquet sacre de l'Eucharistie, (n. e.) Bk -^«»' JBA < ^MifiBi quelquefois de grosses pièces de bois ou de Sierre que Ton roulait sur les assiégeans, lorsqu'ils annoient Tassaut. On a employé cette même orthographe pour désigner des espèces de bancs ' qui servoient d'étais* « Ils firent soutenir sur bonnes ' « étales et sur grans baiis pesans, etc. > (Hist. de - Du Guescl. p. 98.) Il est probable que ces pièces de 'Il)0is, ces étais étoient ainsi nommés parce qu'ils étoient taillés comme des bancs. : : Le P. Labbe assure qu'on a dit banquet pour petit banc. Nous disons encore dans ce sens ban- guette. Ainsi le mot dont il s*agit ici, selon toutes ..les orthographes que j'ai citées, a servi pour dési- gner un siège, ce que nous nommons encore un oanc. On lit dans Alhis, ms. fol. 114, Y' col. 2 : Ea un Ut sistrent leza lez ad bane. Ce même mot, pris au figuré, avoit plusieurs acceptions différentes que je vais marquer. Comme les officiers de justice siégeoient sur des ^nes^ on a employé le mot de banc pour désigner 1^ officiers mêmes. « Un banc entier de la loi, « c'est-à-dire composé de sept échevins au moins. » (Coût. gén. T. I, p. 992.) « Les officiers, hommes de « fief, échevins, représentant les trois banqs du « pays. » (Ibid. p. 311.) On opposoit les justices en bankj aux justices ambulantes, et qui faisoienl des tournées. « Ascune m foitz par devant nos justices errauntz, et ascune « foitz en bank à Westminster. » (Brit. Loix d'Ang. fol. 222.) Les officiers de ces justices en banc étoient dis- tingués entre eux, comme le prouve ce passage, où nous lisons : « Les bailly et les escbevins du haut « banc ont la police , et le gouvernement d'icelle , « ville. » (Coût. gén. T. I, p. 647.) On disoit aussi ban^^q eschevinage^ pour un corps de ville. (Voy. Nouv. Coul. gén. T. I, p. 376.) Par une extension naturelle de cette dernière acception, ce mot a signifié juridiction, le res- sort d'une justice, dans le passage qui suit: « Les « fiefs et autres biens cens aux cens et rentes situez « dans la ville et sa franchise , resortans sous les « bancs de S** Gertrude, les aliénations, transports > « en charges^ et obligations desquels se doivent « faire par devant les dits bancs. » (Coutumes géné- rales, T. I, p. 1245.) Le mot banc, pris dans le sens de question, tor- ture, semble faire allusion au tréteau sur lequel on étendoit le criminel. (Voy. Nouv. Coût. gén. T. I, p. 740), où nous trouvons banc de la torture. On lit (Ibid. p. 1001) : « Lorsqu'on veut aller au banCj ou « à la torture, elle se fait en la présence du grand « bailly, sous-bailly, et du collège des eschevins « au moins de sept. » On se servoit aussi du mot banc, pour signifier un étau, une boutique, « pour chascun banc , ou « estai de quelque denrée que ce soit. » (La Thaum. Coût, de Berry, p. 429.) Ban est employé en ce même sens dans les Ord. des R. de Fr. T. V, p. 681 . , Banc est mis pour table en ce passage : « Après « le conseil, disnoient tous ensemble, et se mettoit H. « le duc de B^ry et de Bretagne au banc, le comte « de Charolois et le duc Jean de Calabre au devant, « et portoit le dit comte, honneur à tous comme à « l'assiette. » (Mém. de Comines, p. 59.) La nape mise au long d*un bane. CoqaiUart, p. 167. Banc signifloit quelquefois le lieu ofx les ban- quiers paient à bui*eau ouvert, la caisse, le coffre où ils enferment leurs effets. « Vingt mille ducats « contans qu'il avoit à son banc en la ville. » (Mém. de Comines, p. 578.) « Sous couleur qu'on n'auroit « le loisir, eu égard à la proximité de Tennemy de « faire le payement des gens de pied à la banque « fut ordonné à chacune enseigne son tlirésorier. » (Mém. de Du Bellay, Livre X, fol. 321.) Enfin ce mot désigne un instrument de pécheur, dans les Ordonn. des Rois de France, où nous lisons : « Puissent pescher par le dit temps, depuis > my-mars jusqu'à my-mai, en la manière qu'ils « ont fait au temps de nos prédécesseurs, et du « nôtre, c'est à sçavoir, à banc, mooles loyaux , et « hamessons. » (Ord. des R. de Fr. T. V, p. 208.) Mous placerons ici quelques expressions qui nous ont paru mériter d'être remarqu&s : !• Bancs playdoyables, c'est-à-dire le lieu où Ton plaidoit les causes. « Les bancs playdoyables de la a seigneurie. » (Coût. gén. T. H, p. 918.) 2» Banc dossier et doulcier. Banc à dos. (DicL de Monet.) 3** Sans bancs et sans selles, c'est-à-dire sans formalité. « Ils font les nopces sans bancs, et sans « selles à Tadvanture. » (Les Quinze Joyes du Ma- riage, p. 157.) 4' Ne tenir banc, ne lice, c'est-à-dire n'observer pas, transgresser. Or vient le terme forief De cet aige convoiteux en malice ; Ses dix commans ne tenons banc, ne lice. Btttt. Descfa. Poêt. IISS. 5' Crier bancs et le challict. Façon de parler fai- sant allusion à la publication des bans de mariage. « Deshuy au soir fais en crier les bancs et le chai- « lict. » (Rabelais, T. 111, p. 146.) Proverbes : !• L'on ne prent mie lou, ne goiipil souz son banc. Rom. do Roa, MS. 2» Je n'en irai pas du banc au feu. Diel. do Cotgnnw. VARIANTES I BANZ. Hist. de Du Guescl. p. 96. Banc. Percef. Vol. III, p. 86, col. 1. Banch. Fabl. MSS. du R. n« 7989, fol. 210, V«. Bancq. Ccut. gén. T. I, p. 313. Bank. Britt. Loix d'Angl. foL 222, V». Banke. Id. ibid. fol. 37; Vo. Banque. Coût. gén. T. II, p. 601. Banquet. Labbe, GIoss. Baonnois, subst. masc. Bayonnois. Baptisementy subs. masc. Baptême.— L'action de baptiser. Au premier sens, nous trouvons ces vers : Jurez le saint sacrement Vostre foy, vo baptisement BiMt. DoKii. P0&. MSS. fol. SM. €tL 8. 50 BA m «^ Au second sens, ce mot signifie raction de conCérer le baptême, dans ces vers : Isayes prophétisa, Dame, le doux avènement De celui qui vous baptisa ; Et après le baptisement, etc. Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 186, V col. 2. VARIANTES I BAPTISEMENT. Chron. S. Den. T. III. fol. 10. Batissement. Etat des offic. des D. de Bourg, p. 228. Bautestire. Rom. de Rou, MS. p. 37. Baptestire. Du G. Gloss. iat. au mot Bapiiâterium. Batestire Ph. Mousk. MS. p. 198. Batame. Id. ibid. p. 141. Bauptesme. Poës. MSS. av. 1300, p. 880, T. II. Bautesme, Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. II, fol. 180. Baittesme. Ibid. fol. 186, V» col. 1. Baptiser, verie. Baptiser. — Ordonner, taxer. — Nommer, qualifier. Sur le premier sens baptiser, voyez le Dict. de Borel et le Glossaire du Roman de la Rose, au mot Baptoyer (1). Tu es le fils Dieu baptoyé. J. de Meung, Teet. 238. L'auteur du Roman d'Athis, exprimant les regrets d'une mère payenne sur la perte d'un fils, lui fait dire : Chevalerie t'engendra, Et Largece te baptisa. Athis, MS. fol. 127, R* col. 2. Baptiser signifioit aussi ordonner, taxer, selon Laur. Gloss. du Dr. Fr. Enfin baptiser se disoit pour nommer, spécifier, qualifier. « Qu'il y eust alliance ou promesse parti- « culière entre eulx deux, et telle qu'il lavoit « baptisée, il ne la trouveroit point. » (Arrest. amor. p. 137.) Expressions à remarquer : 1' Baptiser un héraut ou un poursuivant, c'étoit leur donner un nouveau nom. Cette cérémonie se faisoit en leur versant sur la tête une coupe d'or pleine de vin. (Voy. Fav. Th. d'Honn. p. 59.) 2' Enfant difficile à baptiser. Expression prover- biale qui paroit avoir servi de titre à quelque conte. (Voy. Menagiana, T. II, p. 21.) 3» Baptiser le temps, le fixer, le déterminer. «Le « Bailly doit donner souffrance une fois seulement « et non plus.... et encore à celle seule fois doit-il « baptiser le temps, » (Gr. Goût, de Fr. p. 490.) 4" Baptiser appellation, grief et possession, c'étoil spécifier les preuves, les moyens et les raisons sur lesquels on les fonde. (Laur. Gloss. du Dr. Fr.) VARIANTES : BAPTISER. Mém. du BeU. Liv. IV, fol. 108, V». Baptizer. Style de proc. au pari, de Norm. fol. 81. Baptoyer. Borel, Dict. Bautiser. Fabl. MSS. du R. n* 7982, fol. 70. Bautisier. Ibid. fol. 73, R» col. 1. Baptlstle et Baptlstles. Surnom de S' Jean. (Voy. S. Bern. Serm. Fr. mss. p. 41.) Dus. le latin Baptista. Baptlzons (jour des). Expression foirgée par Molinet. Les cendres, se nous ratizons. Aurons le jour des bapiizons, MoUn. Caloidr. BnriaMi. p. Itt. Baptu, partie. Battu. Baquete, subst, fém. Monnoie de Béam. Oorla nomme ainsi à cause des vaches qui y sont repré- sentées. « Six baquets font un double. » (Dict. de Borel, au mot Vaquete.) variantes : BAQUETE. Rab. T. III, p. 236. Vaquete. Borel, Dict. Bap, subst, masc. Barbeau. « D'où vient qu'on « parle es- armoiries des bars adossés. » (Dict. de Borel.) Sur les côtes de Normandie (2), il y a un poisson de mer qu'on appelle bar et qui tient beaucoup du mulet, sinon qu'il est un peu moins rond et que récaille en est plus petite et plus argentée. Menquent les bars Les saumons et les truites. Fabl. MSS. dn R. n* 7615. T. H, fol. Î41. R* ool. 2. VARIANTES : BAR. Borel, Dictionnaire. Bart. Fabl. MSS, du R. n» 7615, T. I, fol. 104, V» col. 2. Bar, subst. masc. Le sens de ce mot est difficile à déterminer dans ce passage : Mors qui pris ou mors de pome Primes en famé, pus en home Qui bar le siegle comme toiUe, Va moi saluer la grant Rome.... Rome est 11 mail qui tôt assome. Fabl. MSS. du R. n- 7615, T. I. fol. 102 bU, V col. 2. La signification de ce mot paroit moins incer- taine dans ces vers, où l'on pourroit, ce semble, lui assigner celle de îrébuchet eu un sens figuré : Vous ne povez fouir le cours , Nous savons les pas, les passages. Ci demorrez por les ostap^es Au bar vous a le pape pns. Hist. de Fr. m Ton, à ta suite do R. de F. MS. do R. fol. 06. Bar étoit un nom propre de ville. Le^ écrevisses de Bar étoient passées en proverbe dès avant l'an 1300. (Voy. Prov. mss. T. IV, p. 1653.) Bar (3), adv. Heureusement, bien. Ce mot étoit presque toujours uni au participe né, du verbe naître. Cil bar fu nez qui esi à ese Et ne sent riens qui li desplaise. Parton. de Blois. MS. de S Genn. fol. 103, V*. Tout cil seroit boer Né, dont eUe proiera. Poês. MSS. araat 1900. T. H, p. 88i. VARIANTES '. BAR. Parton. de Blois, MS. de S« Germ. fol. 156. Boer. Poës. MSS. avant 1300, T. II, p. 831. BuER. Rom. de Rou, MS. p. 55. (1) Le mot se trouve dans la Chanson de Roland (str. 268). Comme disait Calvin cinstit., p. 1062, Genève, 1561) : c Le mot mesme de bciptiser signifie plonger. » Il vient en effet du grec pantîÇBiyy à cause de l'immersion complète en usage dads la primitive Eglise, (n. e.) — (2) Il porte aussi ce nom sur les côtes de Bretagne, de Vendée, d'Âynis, de Saintonge^ (N. B.) — (3) On dit encore barlong. (n. e.) *- 8^ BA < Bara (I), subst, maso. Pain, pays. On trouve dans BoreU pour explication de ce mot, « pain comme « miim champ et région. » (Dict. de Borel.) Baragouin, subst. masc. On entend ce que signifle ce mot. On trouve son étymologiè dans les Lettres de Freron, sur les Ecrits du Temps. (T. XII, Lettre n, p. 262.) Barat (2), subst. masc. Litige , controverse. — Trouble, peine, embarras. — Intrigue d'amour. — Ruse, tromperie, trahison. — Combat, déroute. — Profusion. Barat est expliqué par litige, controverse, dans le Grand Coutumier de France, p. 343. Britton , Loix d'Angleterre, fol. 224, s'est servi du mot ftare^ dans le même sens. On employoit ce mot pour trouble , peine , em- barras : L'empereur foUe flst, Et en ffrant borate se mist, Qui deniance le manda. Rom. de Brut, MS. fol. 83. A cel temps conuneDcha la guerre, Dont grant barate out en la terre Du duc Robert, de Henry, Pour Costentin qu*U U tolU. Rom. de Rou. IIS. p. Ml. Le mot baret a signifle mouvement, agitation. Il est dit d*une grande ville où Ton entend des mou- lins qui tournent et où Ton voit aller et venir des ouvriers de toute espèce^ charpentiers et maçons. Car ne puet estre en la cité Cassés n'i ait barat mené Atlii9,]IS.fol.60,Vcol.4. De rembarras nait Tintrigue. De là, barat s'est employé pour signifler une intrigue d'amour : A Cambrai avint Tautrier, Que Soliers U cuveUers, Par son angin, et son art Se mella de grant barat, A Cam d'Ipre s'en ala, As Béguines s'accointa, etc. Chron. fir. do xm* siècle, MS. de Boobier, eh. Lxvi. fol. 84. V*. On trouve barat ^ barad, baroa, pour ruse, trom- perie, trahison, dans les Dict. de dorel, Nicot, Rob. Estienne et Ménage, etc. Les François , dans une action contre les Espagnols qui étoient armés pesam- ment, les commencèrent à prendre par les épaules « et les trébucher à terre entre les piez des che- « vaux; quant ils appergurent ce barat que les « François leur faisoient, etc. > (Chron. deS'Denys, Tome II, folio 87.) Trop de barat a en femme. Aom. de la Rom, van 18987. Ce mot a été employé pour combat, déroute : Lors voissiez entre serjans, Granz coupz d'Engleiz et de Normanz, Granz barates et granz meUées. Roman de Rou, MS. p. 335. Les François s*obstinent à vouloir faire abattre an duc Richard de Normandie son château de Tillières. Mez ja ne remaindra par perte, Tant est l'ire entr'euls descouverte, Qui (m'en seuffre pui9 la barate. Que u TuilUeres n^abate. Roman de Roo, MS. p. 183. De là cette expression : mettre à la barate, pour mettre en déroute : Ni ot François, n'el sien abate : Tous les ont mis à la barate. Ph. Mouskes, MS. p. 585. Enfin barate a signifié profusion. En décrivant la magnificence du sacre de S* Louis, le poëte dit : Et si avoit assés encor De rices dras l^atus à or ; Et de dras tains, et d'escarlates, De tranciés à grans barates. Ph. Monskee. MS. p. 653. Quand je voi à ces festes, Et de dras, et de bestes , Faire si granz baraz Tant sui-je plus iriez. Prov. du Vilains, MS. de S. Germ. fol. 74. VARIANTES : BâRAT. Grandes Coutumes de France, p. 343. Barad. Baraq. Fabl. MSS. du U. n» 7615, T. I, fol. 66, R« col. 1. Baras (plur.) Baraz (hlur.) Prov. du Vil. MS. de S» Germ. fol. 74. Baret. Britton, Loix d'Angleterre, fol. 224. Barate, subst. fém, Barateaulx, subst. masc. Trompeur. (Dict. de Borel. — Voy. le GIoss. sur les Cout.de Beauvoisis, au mot Bareteur, qu'il explique par chicaneur.) Je cuis que c'est un baresterre. Fabl. MSS. de S* G«nn. p. 191. « En droit parler, Ten ne doit nul desloial appe- « 1er sage, mes bareteeur. » (Beaumanoir, p. 11.) Il n*a soz le ciel tel baretel. CortoU d'Art. MS. de S. Germ. fol. 83, V* col. 1. J. de Meung, parlant de la cupidité des moines mendians, dit : Mais s*ung grant usuriers ou ung baretieres Combien qu*il ait esté desloyal ou pechierres Leur veult estre à la mort larges et grant donnierres : Il mourra cordelier, se il veut, ou prescbierres. J. de Meung. God. 720-932. Ce mot fait au féminin barateresse^ trompeuse. (Voy. Rom. de la Rose, vers 22381-22392.) • VARIANTES : BÂRATEâULX. Borel, Dictionnaire. Barateur. Nicot et Cotgrave. Baratkus. Glossaire de Labbe, p. 532. Barateux. Cotgrave, Dict. Baretbur. Beaumanoir, p. il. Baretel. Cort. d'Artois, MS. de S^ Germ, fol. 83. Baretere. Poës. MSS. avant 1306, T. IV, p. 1335. Bareterre. Eust. Dcsch. Poës. MSS. Baretiere. Glossaire du Roman de la Rose. Barrelerres (lisez Bareterres.) Labbe. Gloss. p. 498. Baresterre. Fabl. MSS. de S^ Germ. p. 121. Barretors. Tenures de Littleton. Barat ERESSE, fém. Gloss. du Roman de la Rose. (1) C'est le mot breton pain, uni dans l'article suivant au mot gouin, vin. C'était une plaisanterie française que de répéter aux gars de la province : c Baragouinez, (^ars de Basse-Bretagne, Baragouinez, gars, tant qu'il vous plaira. » (n. e.) — (2) On a voulu voir Torigine de ce mot, qui se retrouve dans toutes les langues romanes, dan» l'arabe barthala, corruption d'un juge, le nordique baratta, combat, le grec nçàtTeiy, faire des afiTsdres, d'où le verbe barâtati ; il faudrait encore tenir compte du kymri brad. (n. e.) BA — 396 — BA : Barater, verbe. Tromper. — Détruire. — Tro- quer, échanger. — Négocier, traiter. — Agir, se remuer. — Emprunter, prendre à crédit. — Pren- dre par la têle. On trouve ce mot au premier sens, dans les Dict. de Nicot, Monet et d'Oudin. Feme s'ele £ait xnal^ sait bien crue faire doit, Quar se feme fait mal, et eUe Caparçoit, EUe guile et barate^ et engingne, et déçoit. ChMUe Matart. MS. d* S. Germ. kL 105. « Tieing et garde secrettes touttes les choses « contenues ès-dites lettres, jusques au jour de la « ditte publication, pour ce que, par ces choses, « celuy qui avant les savoit ne puist baréter ne « décevoir celuy qui rien n'en savoit. • (Ord. des Rois de France.) On trouve barelter pour frauder, tromper, dans le Coût. gén. (T. I, p. 840.) On disoit aussi barater et baréter, pour détruire, ravager. En parlant des prêtres qui font le con- traire de ce qu'ils prêchent, on s'exprime ainsi : Lor doctrine tue, et confont Ce qu'assez dient, et poi font, Diex ensaigna, mais avant fist : Celé baratey et desconfist Que par lor œuvres contredient, Et sont contraire à ce qu'il dient. Hbt do s** Lëorâda, MS. de S. Genn. fol. 31 . Et cist avoient si graté Et canchié, et barété Trestout le païs environ, Qu'il estoient clamé laron. Ph. Monftket, MS. p. 700. Baréter signifloit aussi troquer, échanger. On voit baratare pour pennutare , dans le Glossaire latin de Du Cange. Car peciés est de baréter Son droit oir, ne desireter. Ph. Mottsket, MS. p. 670. Ce mot, sous cette même orthographe , est pour traiter, négocier, dans le passage suivant : Li mariages présentés Par ofQsses, ne barètes, A soi li maie flame Tarde. Poêt. MSS. arant 1800. T. IV, p. 1911. Baréter a été employé pour se remuer, agir ou faire du bruit. On a dit, en parlant d'une armée qui assiégeoit Rouen et qui décampa la nuit : Ceuls de Rœm oirent ceuls de l'ost baréter^ Mettre seles, et frainz, et armes demander. Rom. de Rua, MS. fol. 111. Dormir se velt, et reposer Car moult ert las de baréter. Alhis. MS.fol. 41. V col. I. Baréter semble mis pour emprunter ou prendre à crédit, dans ces vers : Qui trop velt baréter , Ne se puet desdeter. Prot. du Vibio. MS. de S. Genn. fol. 57, R*. Enfln, dans le passage suivant , baréter semble signifier prendre par la tête, par le bonnet ; alors ce mot viendroit de &are^(i), bonnet d'enfant, peut- être aussi s'estril dit pour attraper. Gntllaiime, doc d'Aquitaine, ayant épousé un diable sous là flguM d'une jeune fllle , eut recours à an prêtre y qni trouva le secret de le saisir. S*a la benoite aiguë aprestôe Qu*un8 clers U avoit aportôe Pour mieus saimr et baréter. Ph.MoiukM,lf8.p.406. Remarquons celle expression : Se baréter cfun et cTel (2), pour se donner beaucoup de mouvement Tant se baréta d'un et ctel Que toz jors sauva son chat^, Et ot assez de remanant. FabL MSS. da R. n* 7318» fol. ISO. R« «oL 9» VARIA!>(TES : BAAâTER. Nicot, Borel, Oudin et Monet, Dict. Baratter. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. H, fol. Ui. Baretter. Coût. gén. T. I, p. 810. Baréter. Ph. Mouskes, MS. p. 670» 700, etc. Barateressement , adv. Frauduleusement. (Glossaire sur la Coutume de Beauvoisis.) Baraterie (3), subst. fém. Tromperie, trahison, fourberie. Ly renars, qui tant est subtUs, Estudient et est ententes A tout barat et tricherie. Pensa très grand baraterie, Eust. Descfa. Poift. MSS. fol. 484, ool. t. On ne parle fors de baraterie De demander, et deçà et delà, Du bien d'autruy. Ibid. foL 961, col. t. Et soit donc fait sans barteriê, Hisl.(lMTrotelI«iM.lIS. p. 14. On a dit, en parlant des joueurs qui étourdissent de leurs cris ceux avec lesquels ils jouent, iH>ar les distraire de leur jeu et les duper plus facilement par ce moyen : Ribauz qui portent les beiiem Ne resont pas de jouer lenz : Moult demainent grant braiteria A chascune baraterie, etc. G. Grârt. MS. fol. S», R*. VARIANTES * BARATERIE. Eust. Desch. Poës. MSS. îdi, 484, coL 9. Baretbrie. Ibid. fol. â&l, col. SI. Barterie. Hist. des Trois Maries, en vers, MSS. p. 14. Baratre, %ub^t, mase. Lieu inaccessible. (Dict. de Borel et de Cotgrave.) variantes : BARATRE. Borel, Dict. Barathre. Cotgrave. BaratressCy subst. fém. Trompeuse. (Borel, Dict.) C'est le féminin de barateur. Baratron, subst. maso. Idole des Sarrasins. Sadoine fait porter Mahon Et Apolin, et baratron, Blandi. MS. d« s* G«m. fol. i». Barbacane, subst. fém. Sorte d'ouvrage de défense. — Ornement de broderie. — Caverne, sou- terrain. (1) Baret est pour barrette, qui lui-même vient de birrhus, roux. (n. e.) — (2) El vient là dealiud. (n. b.) -> (3) Le mot sa trouve aussi dans Froissart : c Li autre disoient que ce estoit une bareterie couverts. » (Froiuart, éditiOD Kervya, V, 233.) (N. E.) ï- BA Barbaquine. Fabl. MSS. du H. n° 7Î18, M. 369, R* ool. 2. Badbecine. Du Canje, Gloss. lat. à Sarabara. Barbocanb. Borel, DicUonnaire. * Barbajan (2), subst. masc. Duc. — Sorte d'oi- seau. (Dict. d'Oadin et de Cotgrave.} VARIANTES : BARBAJAN. Oudin et Cotgrave, Dict. Barbazanx. Heil. Coo«îe, T. II, p. 1S9. Barbaresque, adj. Barbare. Montaigne , dans ses Essais, T. I, p. 71, s'est servi de ce mot. On y lit: ■ commandement barbaresque. > Labbe tradoic barbarin par le mot latin barbarta. On le trouve au féminin, barbarine, dans Holinet, p. 430. VARIANTES : BARBARESQUE. Mont Essais, T. I, p. 71. Sarb.uun. Labbe, Gloss. p. 49. - moUnel, p. 130. Barbaresquement , adv. D'une IsQotk bar- bare. (Dicl. de Cotgr. et Celltiel. de Léon Trippault) Barbarie, subst. fém. Barbarisme, vice de langage. {Dict. de Monet.) Barbarie (faucon de], subst. fém. On distingue le faucon de Barbarie du faucon de Tartarie. > n < se prend lorsqu'il passe de Tartarie en Barbarie* • estant passager, comme le pèlerin, toutes fois de ■ plus grande corpulence, roux dessous les aisles, • et moult empiété de longs doigts. ■ (Budé, des Oiseaux, fol. 114, R".) Barbarin, subst. masc. Diminutif de barbot. — Surmulet, poisson. Ce mot est pris au premier sens, dans les Epitb. de Martin de La Porte. C'est aussi le nom d'un poisson, appelle autre- ment surmulet. (Dict. d'Ouain.) Barbarin, adj. On disoit or barbarirt, pour désigner une sorte d'or. D'or barbarin, et d'argent de copelle D^nis. d'œiUels, de roses, et de Us, Et de boutons avec l'autw cueUlis, J'ay bcoimé cette couroone belle. Dfd. Elpi. da WiKgg. Barbarine, subst. fém. Espèce de monnoie (3). (Dict. d'Oudin.) Barbariser, verbe. Parler d'une façonbarbare. — Nouveauté dans le Iang;ag6. • De jour en jour • les bons mots sont décriez entre ceux qui s'écoa- . tans pindariser à la nouvelle mode, barbarismt' ■ aux oreilles de ceux qui suivent l'ancienne. • (Apol, pour Uérod. préf- p. 25.) BarbarUslme, adj. au superl. Très bai1)ar8. (Voy. l'Apol. pour Uérod. préf. p. 10.) Barbasse, subst. fém. Grande barbe. — Sorte d'augmentatif dans le goût des Italiens. (Oodin , Dict. et Cur. franc.) (-1) C'est une dèfecso extérieure protégeant une entrée et permettant de réunir un assez grand nombre d'bommes PO C'est aussi une variété de la courge. (K, B.) BA -3 On appelloit d'ordinaire barbaeane (1) un retran- chement fait avec dosais et des planches en forme de Sarapet crénelé, pour se mettre à couvert des traits es ennemis. (.Dict. de Monet, au mot Barbaeane.) C'étoit aussi une espèce de redoute couverte de madriers, pour mettre les troupes à l'abri, selon ce passage de Joinville : « Pour retraire ses gens aisé- « ment, le roy flst faire une barbaeane devant le ■ pOBcel, dont je vous ay devant Hrlé, et estoit • faite en manière que on pouvoit assez entrer < dedans par deux coustez tout à cheval. > (Joinv. p. 58.) Voy. aussi le P. Dan. Mil. fr. T. I, p. 604, Où il explique ce mot par avant-mur. Il croit que c'est le même que baiile. Borel, au mot Barbaeane, cite Vigenere, qui le rend par créneau. On lit, au sujet d'une descente faite sur une côte maritime, au lieu nommé Candelour : A la terre sont descendu, N'a riens qui soit n'ont entendu, Fora a Candelour assaillir : Car il n'y cuident pas faillir. La barbacanne ont de prinsault Guingnèe, et du premier assault Et puis le chaste! assaillirent. Haehwl, MS. bil. tu. A* col 1. 11 y avoit aussi des barbaeanes sur les vaisseaux. ■ Es^reigneurs vaisseaulx de guerre fait on la fois ■ tours, créneaux, et barbaeanes, ainsi que on fait ■ de bauls murs et puissans. • [Le Jouvenc. p. 89.] On nommoit aussi barbaeanes, des ornemens qui se mettoient en broderie sur les habits, sur les enseignes et les housses des chevaux, et qu'on appelott ainsi parce qu'ils représentoient celte espèce de fortidcation qu'on appelloit barbaeane. ■ Habillé d'un riche palleto de drap d'or, houssié - de brodeore et d'orfaverie, et sa devise de bar- « baeanes. • [Du Till. Rec. des B. de Fr. p. 408.) • Saillit le chevalier à l'arbre d'or, son cheval « couvert de velours tanné, à grandes barbaeannea • de ni d'or en brodure, et lettres de même, à sa « devise, et d'icelles barbacannes issoyent flammes « de feu. ■ [Mém. d'Ol. de la March. Liv. I, p. 548.) Au pas d'armes de l'Arbre d'Or, en 1468 (Ibiô. p. 350). on lit : ■ Anthoine baslard de Bourgogne por- ■ toit pour enseigne un grand estendar nlanc à • une barbaeane de brodure. ■ Enfin, on àiio\t barbaeane pour souterrain, ca- verne : .... EnungUeu, veralamer Adriane, Qu'eUe congneut en basse barbaeane. Dedans un gouffre obscur et brurneux. IiD Mvol. f. SS. Le même auteurl'employe dans un sens obscène, page 198. VARIANTES : BARBACANE. Glossaire du Roman de la Rose. Babbaqvans. MoDstrelet, Vol. III, fol. 59 et 60, R°. EutBAQUENNE. Ibid. fol. 99, V». barbe à Jean. (n. i BA — 398 — BA Barbasse, subst. masc. Barbon. • [à demeure • un yieil barbasse qu'on appelle le Temps. » (Merl. Cocaïe, T. II, p. 8.) Barbasse, adj. Barbu. Epilhète de bouc, dans les Epithètes de Martin de La Porte. Barbaude, subst. fém. Bière, cervoise. — Apprêt de laines. Le premier sens se trouve attesté par les Dict. de Nicot, Mooet, Oudin et Cotgrave. De là, barbau- dier pour brasseur de bière, ilbid.) Barbaiide semble aussi signifier une espèce d'ap- prêt donné aux laines et aux cuirs en les lavant. On a appelé barbaudiers ceux qui fa isolent cette préparation. Une ordonnance de police, pour la ville de Paris, en 1553, défend, pendant le danger de peste, « à tous pelletiers, megissiers, teinturiers « de toiile^ barbatèdiers ^ et autres de semblable « eatat de faire leurs conris, megis, et barbaudes « au dedans de leurs maisons..., et de porter ou « faire porter leurs laines et icelles, tremper, ou « laver en la dite rivière de Seine, au-dessus des « ThuilleriQS. » (Ord. des R. de Fr. T. II , p. 385.) D. Félibien rapporte le même passage et explique le mot barbaudiers par teinturiers. (Voy. le Gloss. de THistoire de Paris.) Barbaudier, subst, masc. Brasseur de bière. — Apprêteur de laines. (Voy. sur les deux accep- tions de ce mot, les citations rapportées au mot Barbaude.) Barbe, subst. fém. Age. — Face. — Oncle. — Ministre des Vaudois. Le mot barbe est employé pour âçe dans le pas- sage suivant : « Avec dix ou douze jeunes hommes « de sa barbe. » (Des Ace. Escr. Dijon, fol. 28.) De là on disoit : Prime barbe, pour adolescent, jeunes gens. Char- lemagne étant à table, fait remarquer a Agolant, roi Sarrasin, les guerriers qui Tenvironnent : Cil sont mi arbalestrierS|... Mi cevalier de r>rime barbe (i), Si n'ont ciire d escoudre barbe, Mais armes, et cevaux désirent. Ph. Mouskes. MS. p. Ii5. Barbe est pris pour face dans les expressions que nous allons citer : Faire barbe, faire tête, faire face. « Par là affa- < moient ceux qui estoient dedans la ville de « Vérone, et faisaient barbe à ceulx qui vouldroient a partir de Milan pour leur faire porter des « vivres. » (Hist. du CheV. Bayard, p. 262.) « Com- « mençaà/(2tr^ barb^àceuxqui lepoursuivoient. » (Cbron. de S* Denys, T. I, fol. 244.) On lit dans le latin de Suger, in hostes regreditur. En barbe^ en face. Lors Talebot si arriva A tout cinq mille combatang, Or en barbe, là se trouva. Vig. de ChiriM VU, T. f . p. 488. Barbe à barbe, c'est-à-dire : face à faqe. « Ils < vindrent et rencontrèrent barbe à barbe ca^ « arrière garde, et frappèrent dedans. » (Le Jpuv. fol. 65, W) Bailler en barbe, locution. Opposer de flroot mettre en tête. « Luyfut par les Grecs baillé en « barbe, Ajax Telamonius. Le combat fut entre eux < deux grand, impétueux et horrible. » (J. le Maire^ Illuslr. des Gaules, Liv. III, p. 28i.) Barbe [faisant), locution. Faisant tôte« res- tant, contre ledit Gelaise. (J. le Maire, Schismes &l Conciles, p. 47.) Barbe a signifié quelque fois oncle, suivant Borel, Dict. Voy. aussi le Journal de Trév. août 1738, p. 1658. Les Vénitiens se servent du mot Barba dans le même sens. Barbe fut aussi le nom des ministres des Vaudois, selon Borel. On trouve ce mot Barba^ employé dans cette acception par Catanée, Hist.-lat. des R. de Fr. publiée par Godefr. (Rec. des Hist. de Fr. T. VIII, p. 281.) Il nous reste à rapporter diverses façons de par- ler autrefois en usage, où le mot barbe se trouve: {"> Faire barbe de foin, de foirre, ou foarre, ou de paille, à quelqu'un (2), c'étoit l'insulter. (Oudin, Dict. et Cur. Fr.— Voy. Régnier, Satyre vi.) S* Julien, dans ses Meslanges historiques, p. 108, prétend qu'il faut dire gerbe, au lieu de barbe. Cepen- dant cette façon de parler est encore usitée en quel- ques endroits de la Normandie, où Ton dit : « Faire « barbe de feure à quelqu'un, pour le recevoir mal, « l'accueillir froidement. 2° // sait bien qui barbe il lèche, façon de parler proverbiale. Bien l'a maté, et nu chiié, Et bien vaincu par son barat Li vilains reproche du chat. Qu'il set bien qui barbes il bêche Cestui a servi de la mèche. Fabl. MSS. dn R. n* 7218. fol. 119, R* col. t. 3° Barbe raze. On disoit des commensaux, dans les cours des Rois: « Bouche à cour, barbe raze, « et pied ferré. » C'est-à-dire qui avoient droit d'y manger, d'y faire raser leur barbe, et d'y faire fer- rer leurs chevaux ou mulets. (Favin. Th. d'Honn. T. II, p. 1090.) 4" Commerce de S" Barbe, c'est-à-dire la com- munauté des fabricans de tapisserie. (Voy. le Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 4060.) 5° S** Barbe. C'étoit le jurement de M. de Bourbon. (Voy. Cap. Fr. T. I, p. 102.) 6** Barbe secouade, semble une allusion aux se- cousses données dans le supplice de l'estrapade. (Voy. les Contes d'Eutrâp. p. 153.) BA - 399 — BA 7* Barbe de Pagny, Sobriquet donné à Philippe de Vienne. (Voy. S» Jul. Mesl. Hislor. p. 345.) 8* Barbe torte. Autre sobriquet. (Voy. les contes d'Eutrap. 505.) 9" Barbe de Neptune. Nom donné par les Dames à une espèce de couleur que nous ne connaissons point. (Voy. le Dict. Etym. de Ménage, au mot Céladon.) 10* Barbe d^Oribus. Sorte de jeu dans Rabelais. (T. I, p. 143.) Selon Le Duchat, « c'est un jeu où < Ton bande les yeux à quelqu'un de la compagnie, « pois sous ombre de vouloir luy faire une barbe « dorée, on le barbouille avec de l'ordure. » 14* Barbe de Numidie. (Voyez Bouch. Serées, Liv. T, p. 427.) 12** Déchiqueter en barbe d'écrevme.. Egratigner comme un chat. < Au diable soit le diable, il m'ha « icy deschiquelé la peau en barbe d*escrevisse. « (Rab. T. IV, p. 288.) Barbey adj. Barbu. — Empenné. Au premier sens, barbé signifle barbu. Nous le trouvons avec cette signincation dans les vers suivans : Plus fuiable et plus effraée, De cerf, ou de* biche barbée. Nachaut, IIS. fol. 903. R* col. 1. Une auUre esioUle estrange, et fort barbée, Solinet, p. lU. Par une extension naturelle de la première acception, ce mot, pris Tigurément, signifîoit empenné. Dars, et saietes barbelées. Equarriaux pas lesquiex l'air sonne ' Y courroucent mainte personne. G.Guiart,MS.fol.820,R*. VARIANTES : BâABË. Monet, Oudin. Cotgrave, Dict. Barbelé. G. Guiart, MS. fol. 220, R». Barbelu. Cotgrave, Dict. Barbeau, subst. masc. Partie du fer d'une flèche. < Le sixième enseignement d'archerie est « que la saiete de quoy tu tireras doit avoir dix « poigniés de long, depuis la couche de la sajete « jusques aux barbeaulxde fer. » (Modus et Racio. fol. 39, V.) VARIANTES * BARBEAU. Modus et Racio, MS. fol. 39, V«. Barbiau. Chasse de Gast. Phéb. MS. p. 325. Barbel. Modus et Racio, MS. fol. 72, V». Barbeely subst. masc. Nom de l'abbaye où mourut Louis VII. Il semble que cette expression réponde h l'expression latine sanctus portus^ d^ns le passage suivant: « Ludovicus rex Franciœ morbo « paralysi, et senio fatigatus obiit, in abbatia cister- < ciensis ordinis à se constructa, quœ sanctus « . portus dicitur, id esiBarbeel. » (Chron. de Nangis, sousTan 1180.) Barbel, subst. masc. Barbeau, sorte de poisson. Le gros barbel, la crasse anguile. Hitt de s. Léocade, MS. à» S. Germ. fol. 31. Carpes, lus, braime, 6ar&tau/a;. Eust. Desch. Poes. MSS. fol. 346, col. 4. Barbelet est le diminutif de Barbel. (Ord. des R. de Fr. T. II, p. 42.) VARIANTES ! BARBEL. Ord. T. I, p. 593. Barbiaulx (plur.) Eust. Desck. Poês. MSS. foL 346. Barbelet. Ord. des R. de Fr. T. II, p. 12. Barbelé, adj. Hérissé de pointes. (Voyez Dict. de Monet, au mot Barbelé.) Les fers barbelez, c'es^ à-dire les armes bérissées de pointes, étoient mises au nombre de celles dont Tusageétoit défendu dans les tournois, ou gages de bataille. Nous trouvons dans des lettres d*armes de 1402: « Ayant bastons « accoutumez, c'est à sçavoir lance, bâche, espée, « et dague, et chacun de tel advantage comme mes- « tier et besoing luy sera pour sa seurté, et pour « son ayder, sans avoir alesnes, ne crocs, broches, « poinsons, fers barbelez, aiguilles, poinetes enve- « nimées, ne rasoirs. » (Monstr. Vol. I, fol. 8.) La Colombière, Th. d'honn. T. II, p. 243, rapporte les mêmes lettres ; au lieu de fers barbelés, if a lu fers^ barbettes, aiguilles. Ensuite, après le mot rasoirs, il ajoute : « Ne giet de chausses trappes. » Saëtes barbelées. Rom. de Roa, M8. p. 317. Âinc Diex ne fit s%iete, tant fut bien barbelé. PoM. MSS. avanl 1900, T. IV. p. ia». On lit dans une autre copie : Âinc Dex ne fist sajete, tant fût bien barbellie. Nous trouvons sajettes barbelées, dans le Rom. de la Rose, vers 16660. L'auteur du Gloss. de ce Roman dit que c'est ce que J. de Meung « appelle « ailleurs empennées pour marquer les barbes des « plumes. » « Les chemins estoient tant barbus, et plaines de « roseaux et buissons. » (Percef. Vol. IV, fol. 87.) VARIANTES * BARBELÉ. Poës. MSS. av. 1300, T.' FV, p. 1366. Barbellie. Ibid. p. 366. Barbu. Percef. Vol. IV, fol. 87. Barbelet, subst. masc. Voici le passage où nous trouvons ce mot : . . . . S'a un col si acesmé Qui est de gorge si formé, Plus blanc au'orgent seur estamé Gras et rondet, Droite çorge de barbelet : Il est SI biaus, il est si net, etc. Fabl. MS. da R. n* 7218, fol. S04, R* ool. %. Barbelette, subst. fém. Diminutif de barbe. (Voy. les Poës. de Jacq. Tahureau, fol. 266.) Barbelote, subst. fém. C'est une sorte d'insectes qui se tient dans les fontaines, selon le Dict. de Borel, qui cite le Rom. de la Rose. Oudin, dans son Dictionnaire, Texplique par espèce de ^enouille ou de crapaud; ces petites grenouilles qui se trouvent dans les buissons, en espagnol rana. Cette expli- cation est confirmée par Ménage, Dict. Etym. On lit dans R. de la Rose, 1384 et 1385: Par lieux y eux cleres fontaines Sans barbelotes, et sans raines. L'auteur du Gloss. l'explique bien par espèce d'insectes qui se trouvent dans les eaux dormantes, BA --400 ^ M nmis oe qu'il ajoute dans don Suppl. n*est pas clair, et semble faire voir qu'il nentendoil plus le sens de ces vers. Il paroii que c'étoit aussi un insecte qui se trouvoit dans les maisons. Une reli- gieuse, quiavoitresprit aliéné, « seboutoit dessoubs « les tables, €t queroit araignées, et barbelotes « esclotes, et partout où elle les pou voit trouver, « elle les mangeoit (1). > (Vie dlsab. à la suite de Joiûv. p. 176 et 177.) VARUNTES : BÂUBELOTE. Vie dlsab. à la suite de Joinv. p. 176. Barbelotte. Oudin, Dict. Barbeqnené, adj. Fortifié de barbacanes, cou- Tsrte par le dessus, comme blindée. (Voy. Barba- cane.) « La barrière qui estoit faite à crenaulx éloit ^ barbequenée^ et avoit aux cotez des canons tous « chargiez. » (Preuv. sur les Meurlr. du Duc de Bourg, p. 288.) Barber, verbe. Faire la barbe. (Dict. de Nicot, de Monet, d*Oudin et de Gotgrave, tu mot Barber.) « Le mareschal de Ballan qui étoit notaire et aussi « barbier, et quand on le demandoit, il disoit me o voulez-vous pour ferrer, ou barber, ou escrire, ou « ajourner, parce que depuis il fut sergant.» (Moy. de Parv. p. 804.) On a dit, en parlant de la mort ae Guillaume Flavy, en 1464 : « Sa femme à la vérité « qui estoit de non lieu, feit son mary meurdrir, et « coupper la gorge par son barbier en le barbiant, « et pour ce que le barbier ne luy couppa pas la « gorge tout outre, elle la parcouppa du rasoir « mesme. » (Monstr. Vol. ïlï, fol. 102.) VARIANTES ! BARBER. Monet, Oudin. Gotgrave, Dict. , Barbier. Monstr. Vol. lll, fol. 102. Barboyer. Moyen de Parvenir, p. 175. Barberle, stibst. fém. Métier de barbier. (Dict. d'Oudin et de Gotgrave.) « Un barbier avoit son « ouvroir de barberie sur le port de Pirec en la ville « d'Athènes. » (Bouch. Serées, Liv. III, p. 71 .V Barberiot, subst. maso. Diminutif de barbier. (Voyez Dict. de Gotgrave.) VARIANTES : BARBERIOT. Gotgrave, Dict. Barberot. Ral)elai8, Pronostication, T. V, p. 11. Barbete. subst. fém. Terme de fauconnerie. On a dit, en parlant des qualités d*un bon faucon, qu'il doit « avoir les sourcils un peu hauts et gros, et les ff yeux grandz et cavez, et la tête ung peu voultée « et rondette pardessus, et quand il est seur, qu'il M face un peu de barbette soubs le bec de la M plume. » (Budé, des Oiseaux, fol. 122, R^) VARIANTES * BABBETE. Modus et Racio, MS. fol. 109, V«. Barbette. Budé, des Oiseaux, foL 115, H». Barbets, subst. maso. Religionn aires vaudois. des montagnes de Piémont et autres lieux vcâsins. (Dict. élymoiogique de Ménage.) Barbette, subst. fém. Sorte d'habillement de deuil. Il faisoit partie ae rajustement des veuves et autres femmes en deuil : « Barbette manteau, « et chapperon fourrez de menu vair durant « qu'on porte barbette et mantelet, il ne faut p (Chron. de S* Denis, T. I, fol. 120.) On lit dans le latin d'Eginhard : « Ad cujus structuram cum eolum- « nas, et marmora a Roma, et Ravenna adve- « henda curavit. > Barbier, subst. masc. Chirurgien. Ce mot a conservé son ancienne signification dans plusieurs endroits de la Normandie: « 11 falloit que les « barbiers arrachassent et coupassent aux mala- « des de grosse char aui surmontoit sur les « gencives. » (Joinville, p. 60.) Les barbiers sont distingués des chirurgiens dans rOrdonn. de 1372, selon laquelle ils avoient seule- ment « le droit de panser les clous, bosses, « apostumes, et les playes qui ne sont pas mer* « telles. » (Ord. T. V, p. 530.) Le passage suivant marque encore mieux cette distinction : « Ordonne « que les maîtres barbiers, chirurgiens (2), ainsi 4 sont- ils appelles dans cet arrest, ne seroient à « Tadvenir compris aux afflches et proclamations « des chirurgiens. > (Pasquier, Recherches, p. 833.] Secrez doit estre U barbiers Dessus tous les autres meetiers : Plusieurs secrez voit de nature Qu'om ne doit dire à créatuire. fiutt. DoMb. Poil. MBS. fol. 4IS. Barbier de bos. Expression employée pour dési- gner un bûcheron, dans les Poésies iiss. d^Eust. Desch. fol. 205, col. 4. Barbillon, subst. masc. Barbe d*épî. — Poinles dont on hérissoit le fer des flèches. — Maladie d'oiseaux. Au premier sens, ce mot a signifié barbe d*épi : Perçant le festu d'un petit Barbillon naissant d'un espit. Lm toucfaes, Dm Aoeordt, ioL 44. (1) Cest peut-être l'insecte qu'on nomme babarottes dans le Midi, le cancrelat, (n. e.) - Les barbiers-barbants, qui n'Airaient pour outils aue le peigne et le rasoir, furent constUués en corporation par lettres patentes de 1637. lU eurent de hm^ procès avec los barbiers-chirurgiens. (n. s.) 6A -^ ' Barbillon s'est dit pour les pointes dont on liéris- «oif quelquefois le fer des flèches: • La fl esche • ayant le fer dressé en barbillon esloit demeuré ■ en la playe. • (Vray et Parf. Am. fol. 298.) Ed termes de fauconnerie, barbillon désigne une excroissance dans le bec des oiseaux, qui leur âte Tappélit, el devient assez considérable pour les empêcher de serrer le bec et pour les faire mourir. (Voyez Du Fouilloux, Fauconnerie, fol. 19, V.) Barblllonner, verbe. Incommoder. On a dit barbillonner les oreilles, dans un sens figuré, pour étourdir, incommoder les oreilles,, comme on tkourroit faire avec un barbillon ; nous disons DOurdonner aux oreilles: • Quand les moines • disnent, il y en a un qui est en chaire, qui leur ■ fait lecture des actions des Satrapes, et ainsi • legendant, il barbillonne les oreilles de ses con- • frères. • {Moyen de Parvenir, p. 230.) Barblrie, subst. fém. Lieu où l'on fait la barbe, où l'on épile: ■ Pardessouz une gallerie allasmes • veoir les baings, estuves elbarbiriës du palais. ■ {Carlheny, Voy. du Chevalier errant, fol. 46.) Barbite, siifcsf. fem. Brebis. « Sîcomejeobaile ■ à an homme mes barbites à composter son tre • ou mes beofes à arer la terre et il occit mes avers, ■ jeo puissoy bien avoer une action de trespas ■ envers luy, nient obstant le bailement. >>(Tenures deLitUelon, fol. 15.) VARIANTES : BiRBITE. Tenures de Littlelon, fol. 15. Barbitez. Carta Magna, fol. 100. Barboires, subst. fém. Espèce de mascarade, k Tantôt survindrenL jeux, comédies, morisques, ■ mommeries. barboires, et autres diverses maniè- ■ res des batemens telz que es grands courts des « princes se souloient faire. • {t. Le Maire, Illustr. des Gaules, Liv. I, p. 14i.] Barbons, subst. masc. plur. Sorte de sobriquet. Ce nom fut donné à trois des principaux du Parle- ment, à cause dejeur longue barbe, vers l'an 1560. (Voyez les Mém. de Tavannes, p. 136.) Barbore , subst. fém. Espèce de poisson. (Dict. d'Oudin.) VARIANTES : . Barbet, subst. masc. Espèce d'insecte. « Si c'est • au printemps, ou esté, les lièvres ne se gistent ■ pas au fort a cause des fourmis et autres barbots, * el des serpents el laisards qui les chassent des . forts. . [Fouiiloux, Vénerie, fol. 69, R°.) Barbotage, subst. masc. Breuvage. Montaigne, parlant de la facilité avec laquelle les malades prennent toutes sortes de remèdes, dit: - Il n'est . pas une simple femmelette de qui nous n'em- « ployons les barbotages et breuels. » (Essais de Montaigne, T. Il, p. 817.) Barbote , sub$t. fém. Espèce de bateau. C'étoit I - BA un bateau propre à aller sous l'eau, comme dessus: ■ Donc se conseillièrent ensemble k'il feroientce • di centquatre/ïarboïfs.etserontloutescouvertes • de cuirs bien joins et siérés, et iront aussi bien ■ dessous aiguës, comme dessus. » {Histoire de ta Guerre S", ms. cilé par Du C. Gl. 1. au mol Barbota.) Barbotin, subst. masc. Barbon. Vieillard qui radote. (Contredils de Songe creux, fol. 121, \: — Voyez Barbasse.) Barbotine, subst. fém. Absinthe de mer. (Dict. de Borel.) Nous lisons: • Barbotine des marmi- ■ teux » dans Rabelais qui, par cette expression, a voulu exprimer les prétendues amertumes de la vie des hypocrites. {Voy. Le Duch. sur Rab. T. II, p. 72.) Barbottemeot, subst. masc. L'action de mur- murer, de marmotter entre ses dents. (Dict. de Monet, Oudin et Cotgrave.) TARUNTES : BARBOTTEMENT. Monet, Dict. BAnBOTAGB. Oudin, Cotgrave, Dict. Barbottcr, verbe. Trembler, frissonner. — Marmotter, bredouiller. Au premier sens, ce mot a signifié trembler, éprouver des frissons. {Voyez Nicot et Honet, Dict.) Dans la seconde acception, on a employé barbotler BOUT marmolter entre les dénia, bredouiller. (Voy. icot, au mot Barboter.) Tout en barbelani ba ba ba Et sans dire parole nulle. CoqnUlvt, p. 149. ilboUn, Firct, p. 63. Borel, dans son Dict., cite ces mêmes vers au mot Barbeloter, qu'il explique par aboyer. Ce mot, en général, désignoit une sorte de mou- vement de lèvres, tel que le froid l'occasionne, ou tel qu'on le fait, lorsqu'on prononce entre ses dents des paroles mal articulées. VARIANTES I BARBOTTER. Monet, Dîcl. Barboter. Nicot et Monet, Dict. Barbeter. Coquillart, p. 149. Barbeloter. Paibelin, Farce, p. 63. Barbouquet, subst. masc. Gourmade. Coup sur la mâchoire. Il étoit évalué à cinq sols , dans la taxe des droits pour les coups donnés. On trouve celte taxe à la suite de la Charte aux INormands qui est jointe à l'Ancien Coutumier de Mormandie, édition de 1510, fol. 160. Barbu, adj. Qui appartient aux vieillards. On a dit, en ce sens, enfance barbue pour exprimer la sottise des barbons. (Voy. Cymbalum mundi, p. 96.) Barbue, subst. fém. Greffe, marcotte. (Dict. d'Oudin.) Barbue, subst. fém. Habillement de tdte. — Armure de tête. Dans la première acception, c'étoit un habillement de télé en façon de domino, masqué et non masqué, 51 6A — 408 - BA dont on se servoil pour se garantir du troid. i (Dict. de Nicot.) Chanoine de longue barbuUe, CoquIUart, p. i07. La barbue (4) étoit aussi une espèce d'armure de tête qui avoit une mentonnière. On la nommoit ainsi du mot barbe. Cette étymologie est bien plus naturelle que celle donnée par le P. Montfaucon. (Monum. delà Monar. fran. T. II, p. 340.) 11 conjec- ture qu'elle étoit ainsi appelée, parce que là pointe de devant faisoit une espèce de barbe. Les gêna de guerre, qui portoient celte espèce de casque, avoient nom barbues. (Voyez les Dict. de Borel, Wicot, Ménage, au mot Barbute,)Oïi lit barbue dans les Statuts Mss. de rOrdre du S' Esprit. VARIANTES : BAilBUE. Du Gange, Glossaire latin, au mot Barbuta. Barbusttb. Mém. d'OIiv. de la Marche, Liv. I, p. 314. Barbute. Borel, Nicot, Ménage, Dict. Barbutc,su&s^ fém. Nielle.— Baie. — Bouchon. On trouve ce mot pour nielle j sorte de plante, dans le Dict. d'Oudin. Pour baie, fruit du laurier, du lierre, etc. (Ibid.) Enfin pour bondon, bouchon, dans le même Dict. Bareelonnots, adj. De Barcelonne. On disoit eft ce sens boucliers barcelonnois, de la ville de Barcelonne où on les faisoit. On s'en servoit sous Henri II. (Voy. Branl. Cap. Fr. T. II, p. 14.) On trouve picque barcelonnoise dans les Epithètes de Martin de la Porte. VARUNTES : BARCELONNOIS. Brant. Cap. Fr. T. II, p. 14. Barselonnois. ModUuc, t. I, p. 534. Barchacer, verbe. Chasser mal : BarchaceleleUy Qui sa projre ne resqueut (2): Ce dit Li vilains. ProT. du Vil. MS. da S. Gérm. (ol. li, V*. Bard, subst. masc. On appelle encore bards (3) en Bretagne, les joueurs de vielle et de violon qui voal Ear les villages. (Voy. le Mercure de France, décem- re 1735, p. 2587.) Les anciens barder éloient poêles, chantres, historiens, faiseurs de généalogie. Ces bardes chantoient les faits des héros, et étoient différens des druides. (Dict. de Borel, 2*' add.) Le mot Dagabart ou Dagobert, selon Borel, signifie dttanlre héroïque. (Voy. Ibid. au mot Dagobart.) loachim du Bellay, parlant des vers rimes, cite J. Le Maire, qui dit que : a Bardus V, Roy des G»u* « leSt en fut rinventeur, ei introduisit une secte de « poètes nommés bardes. » (Voy. Joach. du Bellay, fol. 32.) Dans le dictionnaire de Borel, 1'" add.» on trouve : « Bardus, druidis filius* musicae et carmi- e num ioventor apud Galles. » Borel donne au mot barde fa signification d'homme fort, ou de fils. Selon Du Gange, Gloss. laL au moi BardUatio, les mots bardie et batr%ie signifient en Gaulois ou Bre- ton» chanteur ou joueur de flùtedansles assemblées du peuple. variantes : BARD. Borel, 2«« add. Barde. Joachim du Bellay, fol. 32. Babdie, Barzie. Du Gange, Gloss. lat. au mot Bardicatiêk, Bardabic, adj. A qui on peut mettre une barde. (Voyez Brantôme, Dames Gall. T. II, p. 437, et le mot Barde,) Bardane, subst. fém. Punaise. (Dict. de Nicot) Barde, subst. fém. Armure de cheval. Elle se plaçoit sur les flancs et sur la poitrine : elle étoit composée de lamés de fer (4). (Dict. de Nicot, de Honet.) On en trouve la description dans la Mil. Fr. du P. Daniel, T. I, p. 402. Ordonnez nos avant gardes, Sellez chevaulx, mettez bardes. Tirez canons, et bombardes. MoIInet. p. i29. De là, on disoit : Javeline de barde ou pour la barde. C'étoît une pique assez forte pour attaquer des chevaux bardés. A rentrée de la princesse de Ferrare à Paris, en 1548 : « les compagnies des archers, arbalestriers; « et hacquebutiers de la dite ville vêtus de « hocquetons, bien montés, ayant chacun une Jav^ « Une de barde en la main. » (Félibien, Histoirede Paris, preuves, T. V, p. 359.) « Là à tous venant « très hardyment avecques une javelline pour la « barde, tint pié ferme. » (Jeaû d*Auton, Ada» de Louis XII, MS. an 1503^ p. 4.) Baj*de est expliqué par bois façonné à la varlope dans le Glossaire de l'Histoire de Paris ; mais ceU« explication est sans fondemeat. Nous lisons dans Brantôme, Dames Gall. T. I, p. 348». découppéeu barde d'écrevisse. Il est aisé de s'apercevoir que c'est une faute pour barbe d^écrevisseyiiue Toa a» au mot Barbe. VARUNTE8 : BARDE. A. de Ib Vigne. Voy. de Ch. YII à Kaples, p. 1^ Baldb. (Lisez Barde.) Etat des Off. des D. de Bourg, p. Bardée, subst. fêm. Charge. Cest en ce sens qu'on disoit bardée de bois. (Oudin, Dictionnaire.]i Bardclle, subst. fém. Sorte de selle. Elle étoit plate et sans armons. (Dict. d*Oudin.}i Barder, verte. Armer de bardes un cheval. ?)ict. de Nicot, Monet, Oudin et de Cofcgrave. — Le . Daniel, Mil. Fr. T. I, p- 403.) Bardiac, subst. masc Habit saintongeois. — Habit des anciens bardes. Selon Borel, bardiac et bardocucul étoit le nom d'un habillement des Saintongeois, qui eouvroil la téfte et le corps. Il cite Fauchet, et ajoute : • (Tert ctctaines provinces ont encoie pour sella la&inne aubwdSL (m. i»> BA -408 - BA « oetfue Tious appelions une cape, dont on use fort « enBearn. * Le même Borel dit aussi que Ton nommoit bardo- 4>uculleSy rhabiilement des anciens bardes. VARIANTES : BÂUDIÂG, Bardocucul, Babdocucullbs. Borel, Dict. Bardit, suhst. masc. On appeloit hardiU une sorte de chant très connu cbez les Germains. Peut- ttre faut-il lire harit, de Tallemand haren ou baeren^ crier, d'où s'est formé notre mot braire, tToy. La Bleterie, trad. des mœurs des Germ. p. 5 et 97.) Bardo, subst. masc. Crête de coq. Bochart, que Borel cite dans son Dictionnaire au mot Bardiacm^ nous donne cette explication. Bardococullé, adj. Encapuchonné. « Mona- « gaux que voyez là bardococullez d'une chausse « allippocras, comme une alouette sauvaige. » iBabelais, T. V, p. 11. — Voyez Ibid. la note de Le )uchat.) Bardot, subst. masc. Ane ou mulet. (Diction- naire d'Oudin.} Bardot. Ces mots se rencontrent quelquefois dans ces expressions passer par bardelot, passer par bardot (1). Elles signifient être franc d'écot, passer sans payer. (Oudin, Dict. Cur. Fr. au mol Bardot.) « Il a ïallii que j*aye fait cette digression, il « faut qu'elle passe par bardelot^ sans payer péage. » (Brant. Cap. Estr. T. I, p. 28.) Il semble cependant que l'expression : passer par ^rdot soit prise en un sens contraire dans le pas- M^e suivant du même auteur : « Si en a-t-il tous- M jours quelques-unes de ces pauvres vieilles hères « qui passent par bardot^ et départent leurs larges- « ses aux dépens de leurs bourses. » (Brantôme, Dames Gall. T. I, p. 225.) VARIANTES : BARDOT. Brantôme, Dames GaU. T. I, p. 225. Bardelot. Id. Cap. Estr. T. I, p. 28. Bardou, adj. Lourd, lent. Borel le dérive du Îrec. (Voyez Oudin, Cur. Fr. et Celthell. de Léon rippault.) Bardouly subst. masc Bardulf. Surnom de Hugues, fils de Barthélémy de Broyés. De là, on a nommé le village de Trie au diocèse de Meaux : « Trie le Bardouly en latin trajectum Bardulfl. » (Hist. de TEglise de Meaux.) Bare, subst. masc. Sorte de mesure. Ce mot a peut-être la même signification que barant^ que Voa trouvera sous l'article Baril. « Loisible aux « maire et eschevins de la ville de leur flatrir ou M faire flatrir toutes et chacunes les mesures, « hareauXy poids et balances et autres choses dont • l'on use en la ville et eschevinage, et bailliage « de Lens, en tous stils (genres ou espèces, sortes) « quelconques de marchandises. » (Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 326.) variantes : B\BE. Fh. Mouskes, MS. p. 825. Barbau. Barette, subst. fém. Bonnet. (Dict. Etym. de Ménage.) « Les gens du daulphin prindrent le corps « du duc de Bourgongne (2), si le devestirent, et ne « luy laissèrent que son pourpoint, les houseaulx « et la barrette en son chief, et le mirent dans un « moulin qui là an plus près estoit, où il fut toute « la nuict. » ^J. Le Fèv. de S* Rem. Histoire de Charles VI, p. 139.) On a dit baret pour bonnet d'enfant, selon Borel, et on a donné le nom de birette à une sorte de bonnet à Tusage des jésuites novices. (Voy. sur le mot Barrette {S), leGloss. latin de Du Cange, au mot Baretum.) Parler à la barette ou à la barrette^ se disoit pour battre, frapper, étriller : La Flèche. Je parle à mon bonnet Harpagon. Et moy je pourrois bien parler à ta barrette, L'Avare, de Molière, act. I, scèoe lU. Parler à la barrette, se trouve dans les Vigil. de Charles VII, T. I, p. 117. Cholières, dans ses Contes, fol. 6, R% s'en est servi dans ce même sens : laver le bonnet, laver la tète à quelqu'un. VARIANTES : BARETTE. J. le Fèv. de S» Rem. Hist. de Ch. VI, jp. 139. Bavette. (Lisez Barette.) Petit J. de Saintrô, p. ol. Barrette. Dial. de Tahur. p. 106. Barbgtb. Petit J. de Saintre, p. 613. Bkrrete. Lett. de Pasquier, T. l, p. 104. Birette. Ménage, Dict. Etym. Birrette. Borel, Dictionnaire. Baret, subst. masc. Borel, Dict. Babret, subst. masc. Ibid. au mot Birrette. Birez, subst. masc. plur. Felib. Hist. de Paris, T. III, p. 536. Baretttde, subst. fém. Coup de bonnet, salut. (Dict. d'Oudin.) « €esluy-ci aime l'argent, Tautre « veut qu'on luy face ae grandes révérences, et « baretades. » (Contes d'Eutrapel, p. 13.) Rabelais a dit en ce sens : « Pantagruel après la petite acco<- « lade, et baYretade gracieuse, etc. » (Rabelais,. T.IV, p. 11.) variantes : BARETTIDE. Oudin, Dictionnaire. Baretade. Conter d*Eutrapel, p. 13. Barretade. Rabelais, T. IV, p. 11. Bargaigne, subst. fém. Commerce. — Ifardié. — Gain, profit. — Affaire. — Délai. — Sollicitation. — Tromperie. Au premier sens, ce mot a signifié : commerce, ijmrrhus^ byrrhus), étoffe de couleur rousse. (N. e.) BA _404-- BA 4raOc. Nous le trouvons employé, avec cette signifi- cation, dans les vers suivans : Dedens Jérusalem ot un temps molt estrange : Mult i ot de vitail delirose baraainne: On i prant un denier d'une sole chastaigne Morte est la povre gent, n'i a cel ne se plaigne ; Mult ont fait, en cest an^ doloirose bargaînne. Rom. de U Prise de Jérus. MSS. dlé par Du C. Glots. Ut., sous Hrg€mi»ator. Dans la seconde acception, barguigne s'est dit pour marché. Au sujet ae Funion de Tâme et du corps, et des avantages et des peines qu'ils se pro- curent réciproquement, on lit : l'ame, et li cors sont à perte, et à (j|;aaigne ; Se il fait bien, ou mal, entr'ax en sont copcugne : Or se gart bien U cors s'il fait maie bargaigne. Cbantepteure, MS. de S. G. fol. 104. On a employé ce mot avec le sens de gain, profit : Cil est liés de sa bargagne Qui sa grant perte regaagne. Ph. Mouskes, MS. p. 104. On a dit aussi bargagne pour affaire : En apriés icele bargagne. Ph. Mouskes. MS. p. 478. Qui de gré se mehaigne, N'est pas droiz c'on le plaigne, Mielz valt que Yen s'en rie ; Et cil qui li ensaigne, Gaste bien sa bargaigne. Prov. du Comté de Bret. MS. de S. G. fol. 114. Dans le sens indéterminé d'affaire, chose quel- conque, on a dit : Onques pour faire ^ant gaaingne Ne commencé cesti barguine. Athis. MS.fol. 14.V-C01. 1. On trouve bargaigne employé pour délai : Mourir m'estuet, sans plus longue bargainc. Poci. MSS. du Vit. n- 1490. fol. 9. V. Vint sor un cheval d'Espaigne brochant ; Ne fait pas longhe bargaigne, Huon d'Oisy, Poés. MSS. it. 1900. On s'est servi encore de ce mot pour sollicitations, instances. Les Anglois, fuyant devant les François, se sauvent vers Bressuire en Poitou, a à laquelle « ville vindrent les Anglois, pour cuider entrer « dedans, et barguynoient fort a ceux de Bressuire « qui les recueillissent, et à celuy barguygnement « vint Messire Loys de Sancerre. » (Hist. de LoysIII de Bourbon, p. 30.) Enfin on lit barguyns pour tromperie, malversa- tion, dans la Carta magna^ fol. 148, R». A bargaigne signifie : à Tenvi, dans le passage suivant : Si ert li avoez d'Espaigne Qui Dames aiment à bargaigne, Parton. de Bl. MS. de S. G. fol. 100. VARIANTES * BARGAIGNE. Poës. MSS. avant 1300, T. II, p. 905. Bargaigne. (Lisez Bargaigne.) Du Gange, Gloss. lat. Baraigne. (Lisez Baraaigne.) Not. du Rom. d'Alex, f. 107. Bargaînne. Rom. de la Prise de Jérusal. dans Du CÏange, Gloss. lat. au mot Barganizatio sous Barcaniare, Baagagne. Ph. Mouskes, MS. p. 478. Bargaine. Poës. MSS. du Vat. n» 1490, fol. 9, V». Barguaigne. Parton. de Blois, MS. de S^ Germ. fol. 133. Baroutonemknt, 9ubêU maêc. EasI. Deaoh. Poës. MSS. Baagetns. subst, masc, plur, Cartamagna, fol. 148, R«. Bargalgner, verbe. Commercer, trafiquer.— Marchander. — Faire un marché, acquérir. — Débaucher, mettre à mal. — Disputer, défendre, batailler, résister. — Négocier. — Amuser, trom- per. — Agir, solliciter. Voyez sur ce mot le Dict. de Nicot, le Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis, au mot Barguigner^ et Du Gange, Glossaire latin, au mot Barcaniare. Barguigner est mis pour trafiquer dans un sens figuré en ce passage : Quant les bataiUes sont rangiés, Sovent i perdent, et gaai^pient, Quar ce savez issi bargatgnent, Blaoch. M& de S. G. fol. 170, R* eol. 1. Au second sens, ce mot signifie marchander (1): peu Dns. plaine Celui qui en ceste plaine Bargatqne, et achate au pis. >Vm. U Yinien. Pocs. MSS. ar. 1300. T. U, p. 815. « Un marchant vint barguigner Avsiçs de soye, et « de mercerie d'un mercier de Tournay. » (Bout. Som. rur. p. 832.) Bargigner a été employé avec la signification de : faire un marché, acquérir. On a dit au sujet de la mort de Louis VIII : N'ains, Paradis ne bargigna Si bien, ne tant ne gaegna ; N*ains mais France n'ot tel desroi, Puis Charlemainne le bon Roy. Ph. MoaikM. MS. p. 745. Barguigner s'est dit pour débaucher, mettre à mal. « Disoit outre que veu que la dite nourrice, ne « se plaignoit de luv, et qu'elle ne veult pas dire « qu'il i'ayt voullu séduire à barguigner sa maitresse « n'est aucunement recevabie à s'adresser à Yen" « contre de iuy. » (Arrest. amor. p. 290.) Au figuré, on a donné à ce mot le sens de dis- puter, défendre, batailler. Ge n'i vig mi porsoir. Mais por la pucele garir Que vos eussiés for jugiée ; Mais moult ert engois bargeniée. Floire et Blanchefl. MS. de S. G. fol. 107, R* col. S. En mainte guise ont bargenié at tournoie Ici perdu, ici gaaigné. Alhis, MS. fol. lli, R* col. 1. On trouve barginer employé pour : négocier. Messire Jofrôis, au desroi, La tente le Roy guegna ; N'onques à Iuy ne bargigna. Ph. MoMk. MS. p. 84S. « Or fut ainsi que les dits seigneurs en chevau- « chant entre Beauvais et Rouen, rencontrèrent « cent ou six vingts Anglois, lesquels Anglois se • deffendirent si vigoureusement, qu'ils barqui* « gnerent tant les uns avecques les autres, qu'a la « fin les François retournèrent à Beauvais, et les « Anglois demeurèrent au champ. > (Al. Chart. Hist. de Gh. VI, etc.) (1) Diez propose comme étymologie barcaniare, porter en barques marchandes, barca. qu'on trouve dans Isidore d«' SéYiUe. (N. E.) BA — 406 — BA On s* est serri de ce mot pour : amuser, tromper. nos bartfaigne De fol parler mencongier. Poêt. MSS. iT. 4900. T. II, p. 909. Enfin on a employé bargaigner pour : agir, solli- citer. • Une folle damoiselle qui pour ung chap- « peron que ung chevallier luv donna, flst tant et « barguigna que sa dame fist la voulenté du che- « vallier, et qu'elle la fist deshonnorer. » (Le Chev. de la Tour, Inslruct. à ses filles, fol. 30.) Cil qui aquite le marchié Et premerain Va bergenié. Le doit avoir, et par raison. * Alhis. MS. fol. 15, R* col. 2. VARIANTES : BARGAIGNE. Poës. MSS. avant 1300, T. II, p. «02. Barbigner. Ph. Mousk. MS. p. 848. Barbignier. Poës. MSS. av. 1300, T. II, p. 905. Baigenier. Fabl. MSS. de S. G. fol. 198, Ro col. 1. Barcheignier. Poës. MSS. av. 1300, T. II, p. 745. Bargeigner. Poës. MSS. Vat. n» 1522, fol. 166, R« col. 2. Bargenier. fi. et BlancheH. MS. de S. G. fol. 197, R». Bargigner. Ph. Mousk. MS. p. 745, Ger. de Rou. MS. p. 131. Bargignier. Poës. MSS. n» 7615. Barginer. Fabl. MSS. du R. n« 7615, T. I, fol. 59, V» col. 2. Bargingnier. Du C. Gloss. latin, à Bargumare, Barquenner. Ibid. au mot Barganizatio. Barquiner. Percef. Vol. I, fol. 146, R» col. 2. Barquigner. Bout. Som. rur. p. 832. Behguigner. Gloss. lat. de Du Gange, à Barcaniare. Barguignier. Eust Desch. Poës. MSS. fol. 380, col. 2. Barguingnier. Fab). MSS. du R. n» 7218, f> 296, R« col. 1. Barguingner. Ibid. fol. 294, V« col. 2. Barguiner. Gloss. sur les Coût, de Beauv. Barguigner. Le Chev. de la Tour, Instr. à ses fUles, t<* 30. Bergernier. Alhis, MS. fol. 15, R» col. 2. Barge (1 ), subst. fém. Bâtiment de mer, bateau de rivière. — Bords des rivières, des chemins. — Fossé. Au premier sens, barge signifioil toutes sortes de vaisseaux de différentes grandeurs ; il se prenoit souvent pour bâtiment de transport, et quelquefois pour barque, chaloupe, esquif: Ne remest nez, bâtez, ne barge Ne fust chargié à sa manière. Alhis. MS. fol. 87. V col. 2. Les barges font appareiliier, Puis i entrent li cnevalier ; Les sigles font dresier as vents. BUnch. MS. de S. G. fol. 189. « Iceluy souldan seit équipper vingt quatre ou « vingt cinq voiles, que Fusles , que Barches et « Gallions, tre&bien armez et empanaisez ù la mode « de pardeça, et très bien fournis de traict à poul- « dre. » (J. le Maire, suite de Tlliustr. des Gaules, p. 420.) « Il convient plus grosse eaue à une grosse « barge que une gallée qui court bien en platte « eaue, ou une grosse nef periroit. » (Hist. de B. Du Guescl. par Mén. p. 464.) Le passage latin des annales de S. Berlin, navibus magnis quas et nos- traies bargas vocant, est traduit par barges, dans la Chron. de S. Den. (T. I, fol. 189.) Barge est aussi employé pour un gros bâtiment de mer dans les Poës. de Hachant, fol. 219. « Il estoit entré en une « grosse barge à Lyon sur le Rosne. » (Froissart, Vol. IV, p. 13.) Les Anglois étant en mer envoyèrent aux François un Breton, « et le firent mettre hors « par une berge sur le sablon. » (Ibid. Vol. IH, p. 312.) « Le seigneur Louis de Lucnar conducteur « des ambassadeurs me vint trouver avec la berge « de la Reine qu'elle m'envoya. » (Mém. de Bassomp. T. III, p. 286.) Nous disons encore berae pour signifier le bord des rivières ou des chaussées. On disoit aussi autre- fois barge. (Voy. le Dict. d'Oudin.) Barge, selon Monet, étoit le nom « d'un fossé à « recevoir et écouler les goutières des couverts. » (Dict. de Monet.) Barge est une faute par barbe, dans le passage suivant : « Chevaux, coursiers, genêts, chevaux « d'Espagne, barges et autres. » Lisez Barbes. (Brant. Dames Gai. T. II, p. 297.) VARIANTES * BARGE. Athis, MS. fol. 54, R* col. "i. Barche. J. le Maire, à la suite de riUustr. des G. p. 490. Berge. Mém. de Bassomp. T. III, p. 286. Bargot, subst. maso. Petite barque, petit bateau. Diminutif de barge. « Il n'y avoit, ny barge, ny « bargot. » (Hist. de B. Du Guescl. par Hén. p. 330.) Li Rois est en une bargotte, G. Guiarl, cite par Du C. Glou. lat. an mot Barca. VARIANTES I BARGOT, subst. masc. Hist. de B. du GuescL par Mén. Bargotte, subst, fém. Du G. Gloss. lat. au mot Barca. Bargette, subst. fém. G. Guiart, MS. fol. 325, V*. Barquette, subst. fém. Mém. du Bellay, T. V, p. 349. Barguetln, subst. masc. Espèce de monnoie. On Tappeloit ainsi parce qu'elle étoit le prix ordi- naire aes barques dans lesquelles on traversoit les canaux de Venise. (Rob. Cenault, cité par Le Duchat sur Rabelais, T. III, p. 226.) Barguignard, adj. Qui barguigne, qui trafique, qui marchande. Ménage, dans ses Observations sur la langue françoise, T. II, p. 401 et 402, explique ce mot par barbarus, ce qui le confirme dans Topinion que baragouin s'est formé de barbaracuinus. Il s'ap- Elaudit de celte découverte, et triomphe du P. Bou- ours, qui avoit osé le combattre. S'il m'est permis de dire mon sentiment, je crois que barginus, dans les passages cités, doit signifier faux, trompeur, et qu'il s'est formé de barge, vaisseau, d'où a pu venir bargaigne , commerce , tromperie , et le verbe bargaigner. variantes : BARGUIGNARD. Cotgrave, Epith. de la Porte. Barguioneur. Rab. T. II, p. 112. Barginus. Ménage, sur la Lang. tr. T. II, p. 401. Baricave, subst. masc. Fondrière, précipice. (Dict. de Nicot, Monet et Oudin, au mot Baricave.) Au lieu de baricace, dans le Dict. de Corneille, il faut lire baricave. Baricane, dans D. Flor. de Grec, fol. 126, n'est aussi qu'une faute d'orthographe. « Acier château situé dans un fort laid pais qui est « le Quercy, pierreux, rabotleux, montagneux, et (1; C'est une embarcation plate, à voile carrée. On propose un diminutif du grec pàçoç, canot ; des termes grecs de marine ont en effet passé dans le Ponant, (n. e.) BA — 406 — BA t tout plein de barrieaves. > (Brantôme, Cap. Fr. T. I, p. 214.) VARIANTES .* BARIGA.VE. Fav. Théat. T. II, p. 1232. JBarricave. Mém. de Comines, p. 147. ' Baricage. (Lisez Baricave.) Dict. de GorneUle. Baricane. (Lisez Baricave.) Id. Barmaque, subst. fém. (Lisez Baricave.) Ibid. Barigaut. Dict. de Cotgrave. Barignin, subst, masc. Sorte de jeu. Un des {'eux de Gargantua. (Rabelais, T. I, p. liO.) Le )uchat, qui cite Tabbé Guyet, dit que c'est une espèce de jeu de trictrac appelé par les Italiens Varaglino. Baril, subst. masc. Baril. Le baril faisoit partie des marques distinctives que portoientles lépreux, et qui servoient à les faire connaître. « En plu- « sieurs lieux on ne trouvoit maison qui ne fut « garnie d'une croix, et d'une cloche, et devant • la porte d'un tronc avec les armoiries des ladres: « la cliquette, et le baril (1). » (Bouchet, Serées, iiv. IIJ, p. 290.) On disoit vin à baris, pour vin en barils. « Si « comme vins en pos, ou à baris. » (Beaumanoir, page 12.) Et puis si ont al vin tramis Deus Barjus, que d'Acre aportoient, A la Taverne le envoient Ph. Mouflkes. cité par Du Caoge, GIom. lit. m mot BariU. L'orthographe barro^ étoit en usage dans le pays du Maine. Il falloit quatre barroz (2) pour faire une pipe. (Vojr. Aimon. Gest. Fr. note de Tédit. p. 264.) Le pluriel barucheaulx étoit un mot du patois de Marseille. (Voy. Du Gange, Gloss. lat. au mot Barutellus.) Le barrai devoit contenir trente-cinq mesures appelées pichiers. (Voy. Ibid. aux mots Soquetum et Bartassus.) Expressions remarquables : . 1** Baril foudroyant et flamboyant. Espèce de feu d^artifice dont on se servoit dans Tattaque ou la défense d'une place. (Voy. le P. Daniel, Mil. Fr. T, I, p. 589.) 2" Baril de poudre. Espèce de grenade. « Il feit « renouveller l'assaut de 8 enseignes d'Allemens, « avec force petits barils de poudre, lances, et « autres artifices de poudres. » (Mém. du Bell. Liv. X, fol. 332.) 3*» Courir au baril plein d^eau. Sorte de jeu. « Les « festes des Tupineiz, ou table ronde, estoient « plutost des débauches et des mascarades que des « exercices de chevalerie, car on y couroit au « faquin, au pot cassé, au baril plein d^eau, au sac « mouillé, et à d'autres courses ridicules, qui « estoient indignes de la noblesse. » (Le P. Menestr. de la Chev. p. 246.) VARIA: (Hist. de la Popetinière, T. I, fol. 35.) Barlong s*est dit aussi d*un habit plus long d^un côté que de l'autre. (Dict. de Nicot.) tariamtbs * BARLONG. Hist. de la Popel. T. il foL 86, R». Bellonc. Fûbl. MSS. du R. n« 7218, fol. 230, V» col. 3. Barlue, subst, fém. Berlue. Nicot, dans soft dictionnaire, déHnit ce mot: « Offuccation des yeux « qui fait que Toeil ne peut discerner une chose de « Vautre. » Selon Monet, barlue signifie lumière obscure et ombragée, et Oudin le traduit par ritalien barlume (2) qu'il explique: « entre chien et « loup. » Dea pourtant si jgj'ay la barlue, Désormais je suis un Yieiliard. Teet. da Patbeltn. p. ilO. Barn, subst. masc. Jugement. Mot breton. (Voy. Du Gange, Gloss. lat. au mot Matibemi, qu'il expfi^ que p2ir judices probi, et boni.) Barna, verbe. Juger. Mot breton. (Voy. Barr.) Barnabe, subst. masc. Nom d'un saint. On disoit proverbialement : «  la 5* Barnabe, sont les « plus longs jours d'été, ou la S' Barnabe le plus « long jour d'été ; à la S*« Luce, les jours augmen- « tent. » Mais ces proverbes ne peuvent plus être véritables depuis la réforme au calendfrier par Grégoire XII, en 1582. Barnart, subst. masc. Il est écrit Banarf dans le passage suivant, où ce mol semble désigner le roi d'Angleterre, en guerre avec le roi de France. Il ot jadis, selon la Action, Guerre mortel, periUeuse, doutable Qui trop dura, et fist d'afllction^ Entr? Eanartf Tarchiprêtre invocable, Et Briquemerle cerf non defensable, Qui gasterent run de l'autre pais EosL Desch. fol. 130, coL 1. poêf. MSS. Barnet, subst. ou nom de lieu. Bureaux de Barnei. Expression proverbiale qui se trouve dans le Recueil (les poës. mss. av. 1300, T. IV, p. 1652. Barnelment, adv. Courageusement. Ce mot, dans S' Bernard, Serm. Fr. mss. répond au latîo Viriliter. La Virge li dist^ douce amie. Ne soies de riens esmarie, Mais bamelment vos continez Car hui, en cest jor, rechevrés Por ceste fraisle vie brieve^ La grant joie qui ains n'akieve. Vm des SS. MS. de Sort), ebif. LZ, ool. 51. VARIANTES * BARNELMBNT. Vies des SS. MSs! de Sorb. Uv. X, col. 57. Bernilbmbnt. S^ Bera. Serm. fr. MSS. p. 919 et 931. Barnes, subst. plur. On appeloit ainsi les lieux où il y avoit des fontaines dont Teau étoit salée. C'est de ce mot que s'est formé celui de bruneau^ en latin brunellum, qu'on trouve dans les titres dtt la Bourgogne, pour signifier une mesure de sel. (Peliss. Hist. de Louis XIV, Us. VU p. 339, etc.) Le mot de bornes, employé au masculin pluriel^ signifioit le nom de peuples, peut-être des habitants de Berne. « L'an 1476, le duc de Lorraine qui esloit (i> Baitle, dma» les mines exploitées, est aniourd'hni synonyme de faiHe. (n. b.) - (2) Le mot italien msme Tétymotogle: nous avons ià le préfixe péjoratif bar, plus la forme lue, dérivée de luoet*e, luire. (tK s;) BA ~i • au pays de Suisse, avecquea les Suisses, Bamei, ■ Allemans, Lorrains. • (Chron. Scand.de LouisXl, p. 260.) Barnez, suhst. masc. plur. Les juges des Hébreux. Ce mot est employé en ce sens dans l'Hisl. des trois Maries, en vers, «ss. p. 196. Il est formé visiblement du mot bam, jugement ; d'où est aussi venu notre mot (toron, le premier attribut des barons étant de rendre la justice à leurs vassaux, et de former même le tribunal de la nation. Barnis, adj. Mâle, viril. Li barnis staulere%, dans S. Bern., répond au latin Virilis constantia. — Aige bemil, sctas virilis. — Bernil coraige, virilis animus. — Demis li ctiers, virilis ynimus. 8- BA (p. 468, tit. de 1247.) On lit TWbla bers, parlant du duc de Bourgogne, du duc de Bretagne et d'autres seigneurs. (Voy. Pérard, Hist. de Bourç. p. 482, tit. de 1255 ; et Horice, Hist. de Bret. col . 112 et 1 13, tit. de 1268 ; et Rymer, T. I, p. 13, tit. de 1256.) ffono- Table ou onorable baron, monseignor étoit la quali- tication de l'Abbé de S' Etienne et du Doyen de la S" Chapelle de Dijon. (Pérard, Hist. de Bourg, page 520, tit. de 1269.) Onorable baron étoit le titre d'un Archidiacre de Langres. [Pérard, Hist. de Bobiç. p. 478, tit. de 1254.) Onorables barons est dit de denx personnes, dont lune estoil arcediacre et l'autre arceprevene (c'est-à-dire archipreslre) de Beaune. (Pérard, Hist. de Bourg, p. 500, tit. de 1260.) Ber est pris en ce sens dans ce vers : Ne siii pas si preux, ne si ber. fibl. HSS. dD R. ■• 19M, p. 3S. Il est comme synonyme à prodome. On lit : pro- domes et barons, dans Athis, ks. foL 54, V* col. 2. Baron est employé comme terme générique et comme terme spécifique. - Trestont li Baron, Prio- « ces Barons Ducs Comtes. • (Ger. de Bouss. us. p. 86.) Ce mot est aussi employé en mauvaise part comme en parlant du grand Polypbëme. Ainsi se scet U bers csbatre Mais loing, et prés, toux ceulz qui Foient De son encontre se deavoient. llKhiBl. MS. fol. Wl, V col. (. Baron, comme titre de fier, désignoil tous ceux qui tiennent leur principale seigneurie immédiate- ment de la Couronne. (La Roque, sur la Nob. page 350; Du Tillet, Recueil des R. de Fr. p. 341. — voy. aussi un long article à ce sujet dans le Supl. an Gloss. du R. de la Rose.) Le titre de grands barotis exprimoit une supé- riorité éminente sur les nobles et les riches, dans ces vers : A tous seB grands barons manda en comnuuidant A loiiB nobles et riches conunauda en mandant. Ginri d* Hoau. US. p. m. Le litre de baron roj/a/, qu'on voit dans Petit J. de Sainiré, p. 325, étoit apparemment celui sous lequel on désignoit les hauts barons. On trouve proceres pour barons, dans le Gloss. du P. Labbe. C'étoit le premier ordre de la noblesse en Béarn. < Dans le Bearn, il y a trois ordres de noblesse, les • barons qui sont les grands seigneurs de la • noblesse titrée, les cavers qui sont les chevaliers ■ armez, et les domengers qui sont les écuyers, • bacheliers, damoiseaux et autres, non encore < chevaliers. > (Le P. Menestr. de la Cheval, p. 106.) Le baron, pris en ce sens, étoit supérieur au châ- telain. > Avant qu'aucun se puisse dire seigneur ■ baron, il convient qu'il ayt souz lui plusieurs « chaslelains, ou deux pour le moins, et est fondé < d'avoir ville close, collège, abbaye ou prieuré, ou > autres droits déclarez au chapitre des droits de > seigneur chastellain. * (Coût. Gén. T. H, p. 545. (1) On hésite entre le ceUique bar. héros, et le bariie de la loi des Allemands, qu'on rattacherait ft beran, porter, avec is sens d'homme robuste, de noble. L'etymologie allemande est assez probable, le mot baro ayant ea latin populaire le sens péjoratif d'homme alupide. de vaket d'armée. C'est Là le sort des mots sUemands dans le français; de même Bom, ctunal âe prix, est devenu ce que l'on sût. {tu. s.) liABNlS. S. Bern. Serm. fr. MSS. p: 269. Bebnil. s. Bern, Serm, fr. MSS. p. 207 et 219. Bernis. s. Bern. Serm. fr. HS. p. 269. Barno, subsl. masc. Fils libre. (Dict. de Borel, 2" add.) Cet auteur n'appuie cette explication d'au- cune autorité, (Voy, Baron.) Baron, subst. masc. Homme. — Homme illustre. — Titre de fief. — Titre de noblesse. — Fils atné d'un seigneur. — Titre de l'archevêque de Tours. — Homme du commun. — Voleur. — Mari. — Titre donné aux saintes. Les mots baron et bers, dans S. Bern, Serm. fr. HSS., répondent au latin vir, dans le sens d'homme et dans le sens de mari. Sous ne considérerons pas ce mot dans la signification qu'on lui donne aujour- d'hui. Nous nous contenterons de rapporter les différentes acceptions que les anciens auteurs lui ont données, et nous ferons un article particulier de chacune d'elles. Voyez d'abord, sur les diverses origines de ce mol (1): Kuinart, sur laChrondeP'ré- dégaire, p. 621 ; le Gloss. lat. de Du Cange. au mot Rici komines; le Gloss. du R. de la Rose et le supl. d'Argentré, Coût, de Bret, p, 2188; Fauchet, Origine des dignités de France ; Le Laboureur de la Pairie, p. 250, et le Celthell. de L, Trippault. Le mot baron s'est employé pour homme. (Laur. Gloss. du Droit fr.) Dans la seconde acception, il a signifié : Homme par excellence, homme illustre en vertu et ea nais- sance, brave seigneur, homme vaillant. (La Roque, sur la Noblesse, p. 352,) Noble ou nouble baron, ce tilre est pris dans les actes par les comtes el les ducs de Bourgogne. (Voy. Pérard, Hist. de Bourg, p. 450, lit. de 1212 ; p. 400, tit. de 1246 et autres, jusqu'à 12G9.) En y {joutant: par la grâce de Deu, (Voy, Pérard, Hist. de Bourg, p. 486, tit. de 1257) et quelquefois : et Prince. (Pérard, p. 518 et 519, tit. de 1269.) Ce titre est donné aux comtes de Savoye el Bourgogne, dans Pérard (pages 518 et 519, tit, de 1269), et aux comtes de Nevers et aux comtes de-Bar, dans Pérard — Voy. Les Ordon. des R. de Fr. T. I, p. 271 ; les Annot. sur la Som. rur. de Bout. p. 901.) Le baron devoit avoir, au moins, dix hommes nobles pour vassaux. IVoy. La Salade, fol. 53.) Sui- yant le même auteur, le vicomte étoil supérieur au baron ; mais ce sentiment, peu fonde, est contredit par l'article suivant : On distinguoil les barons simples el\es barons àdliiples. Le baron simple étoit celui qui avoit une dialellenie avec un ressort: il éloit distingué du haut baron, qui relevoit immédiatement du Roi. (Voy. Bruss. sur les Fiefs, p, 895.) Le baron double avoit deux baronnies. ■ Une autre exemple vous ■ diray d'une graiit Dame qui fut femme à ung « toron double. • [Le Ghev. de la Tour, Instr. àses filles, fol. 67.) Les auteurs sont partagés sur le □ombre des ctialellenies qui devotl composer uue baronnie, et sur le nombre des baronnies néces- saires pour former un comté, un marquisat, un duché. (Voyez La Salade, fol. 53. — Le Coût. gén. T. Il, p. 65 ; et Fauch, de l'Orig. des Dign. de Fr. page 47.) Tout baron, par la nature de son Pief, étoit baa- nerel et avoit droit de lever bannière. Le simple banneret n'avoit ce droit que par une concession particulière. ■ Le comte de Laval debatit que ■ monsieur Raoul de Conequen n'estoit baron , € mais seulement banneret, et qu'il avoit levé ban- ■ nière, dont on se mocquoit, et Tappelloit le che- ■ valier au drappeau quarré; et le dit Conequen ■ se maintenoit baron ayant près de cinq cents ■ vassaux, et grandes rentes. > (Du Till. Rec. des R. de Fr. p. 318.— Voy. La Roque, irailé de la Nob. p. 28.] Cependant on voit souvent dans différens auteurs le mot baron, pris pour chevalier banneret, servir à le distinguer du simple chevalier. (Voy. Du Cange, sur Joinv. p. 190.) Le titre de baron, pris comme titre de noble, signifioit toute la haute noblesse supérieure aux simples chevaliers. « I^es Roys doivent avoir des- a soubz-eux contes, et vlcontes, ducs, princes, • valvasseurs, et dessoubz ces baronsàoiyenl estre • chevaliers d'ung Escu, lesquels doivent gouver- < ner selon l'ordonnance des barons qui sont es ■ baulx degrés de chevalerie, devant nommez. ■ (Ord. deChev.fol. 5, Rv) La dignité de baron venoit immédiatement après celle des ducs. • Le baron de Raiz auroit supplié • qu'il nefust rien changé au rang premier que, ■ de touteancienneté,lesoaron8ont après les ducs, ■ de ne prescrire aucune forme de partage entre ■ les héritiers des comtes barons. > (Coût. gén. T. II, p. 832.) Par ce passage, tes comtes paroissent confondus avec les barons. Baron désignoit le fils aîné d'un seigneur de village, suivant la façon de parler de quelques pro- vinces. (Boulainv. Ess. sur la Nobl. Tab. page 44.) C'est sans doute ce que Borel entend par le mot bamo, qu'il explique par fils libre dans les 2" add. »- BA* de son Dict. Il y a tout lieu de croire qu'il a mal In. En Bretagne, le titre de baron se donne aux puln^ les aînés s'appellent com(C8. (Voy. La Roque, sur la Nobl. p. 150.) Baron étoit un titre attaché à l'archevêché de Tours. • Révérend père en Dieu, messire Simon de « Maillé, archevêque, seigneur, baron du palais • archiépiscopal de Tours. » (Coût. gén. T. Il, p. 36.) Baron se disoit aussi pour désigner un homme du commun. (Dict. de Borel, et Suppl. au Gloss. du H. de la Rose.) Ce mot a même servi poursignifler un voteur,eiï italien barone. [Dict. d'Oudin.) • Louis le Débonnaire ■ commanda aux messagiersqu'ilscherchassent les > contrées pour les barons, et les robeurs qui, en - ce temps, faisoient moult de maulx. • On lit dans le latin • prœcepit ut missi iront qui immanitalem > prœdonum alque latronum quœ inaudita emer- . serai, cohiherenl. » (Chron. S. Den. T. 1, p. 173.) Baron se disoit quelquefois pour le maître d'une maison et pour mari. [Glossaire du P. Labbe.) Le comte ou duc époux de la duchesse Berthe est appelé son baron, dans Gérard de Rouss. p. 185.) Aussis sdmblablement occis Très deloyaument son baron, Clitemnestrd, A.eBinemDan. Bul. DMch. Po«. USS. loi. SOe, ai. 1. C'est en ce sens qu'en parlant d'une paysanne qui répond à son mari, l'on a dit: De là, femme coverte de baron signifioit femme en puissance de mari. (Britt. Loix d'Angl. fol. 67. — Voy. Beauman. p. 236 et 237 ; les Ord. des R. de Fr. T. I, p. 119; et le Gloss. du P. Martene.) Enfin baron a été une qualification donnée aux saints : le baron Saint-Jacques. (Froiss. Liv. UT, p. 111.) Le glorieux baron M'' Saint-Antoine. [Apol. Er. Hérodote, p. 657.) Le baron de Berhanie pour le azare et autres, dans nos anciens sermonnaires, cité dans le Suppl. au Gloss. du R. de la Rose. Baronet étoit le diminutif de baron. « Le ber [i] qui est le terme dont on se sert en • Flandres et en Picardie est la même chose que ■ baron. > (La Roque, sur la Noblesse, p. 61. — Voy. aussi Du Cange, Gloss. lai. au mot Barones et Gloss. sur Villehard.) On a employé le mot ber, comme celui de baron, pour désigner un homme brave, vaillant : Povres estcHt, me . Henrf est tant ea^e, tant puissant et tant ber. [Voy. Du Cange, Gloss. lat. au mol Bamagium.) On s'est servi du mot bera ironiquement dans ce vers; Promettre sans donner est bert. I>osL HSS. iwl 1300. T. tV, p. ItW. On disoit au féminin Iiaron^sse, barronnesse, bamesae, femme de baron. Nous trouvons aussi 6ar- (1) Li ber est le cas sujet et v le baron est le cas régime et vient de baronem. (: .«.) BÀ -410 — )lik nesse, pour femme en général, dans Ph. Mouskes, 1». page 352. Remarquons cette expression : Baron de Fœneste (1) semble signifier fanfaron, vivant une Gazette de 1631, et le P. Menestrier. On lût âu sujet d'un ballet joué en 1631 : « Puis « descendit des Alpes, une autre femme représen- « tant la vraye Renommée qui au son de ses « trompettes ust paroistre la vanité des barons de • Fœneste et introduisit en leur place neuf cava- « liers encore plus richement vêtus, auxquels elle • laissa libre le champ de la gloire. > (Beaucb. Sfich. des Th. T. III, p. 98.) TARiAin'Es : BARON. Orth. subsist. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 177. Barhon. Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1311. Baronet. Valesiana, p. 202 et 203. Baran. Chr. S» Den. T. II, fol. 109. Barat. Notice des Vœux du Paon, fol. 163. Barnes et Barons. Ger. de Rouss. MSS. p. 110. Barno. (Lisez Baron.) Borel, Dict. Barnies at Bernes, uer. de Rouss. M!^. p. 112. Bauron at Baron. Athis, MS. fol. 87, R» col. 2. Barum. Pérard, Hist. de Bourg, p. 473. Ber. Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 179. Bernes ou Barnies. Ger. de Rouss. MS. p. 112. Bers. Ger. de Rouss. MS. p. 7. Barnesse, subst. fém. Ph. Mousk. MS. p. 352. Baro^esse, iubst. fém. Froissait, Liv. I, p. 67. Baronnesse, subst. fém. Ger. de Nev. 2 part. p. 100. Baronage, suhst, masc. Corps de noblesse. — Train, équipage. — Seigneurie, domaine. — De- meure, hanitation. — Gouvernement. — Droit seigneurial. — Valeur, vertu. — Acte de vertu, de valeur. — Gloire, honneur, magnificence. (Voyez, sur ce mot, le Dict. de NicotetLaur. Gloss. du Dr. Fr. ; les Dict. de Rob. Est. Borel et Cotgrave, au mot Barnage; Du Gange, Gloss. lat. au mot Bemagium ; le Dict. d*Oudin, au mot Bernaige.) Dans toutes ses acceptions, ce mol dérive du mot baron. Ce mot s'est employé pour corps de noblesse. C'est en ce sens qu'on ht : « Le Roy a tout son riche « barnage (2). » (Chroniq. de S» Denis, T. I, f» 152.) Son barnage ot par grant poeato Tuit assemblé à une feste. Blanch. MS. de S* Germ. fol. 18S. Charlemagne, ayant perdu les principaux chefs de son armée, à la journée de Roncevaux, s'exprime ainsi : Dieux ou est mes bamages tous. Ph. Mouftkef. MS. p. ttS. Lors parla hautement oyant tout le bamey Ger. de Rott&sUlon, MS. p. 114. Dans la seconde acception, barnage a signifié : train, suite, équipage. Or li verrons son bamaige^ Et son beubans démener. Pods. MSS. «Tant 1300. T. II. p. 4068. VaUlanls (dieyaller de l'aUer s'apparelUe Trealout aon hamoge, 6«r. de RouMmoB, MS. p. 4(. On a dit aussi barno^i^e, pour seigneurie, domaine. Je vous donray un fief, voyant tout mon hamêi (3). Prach. Dign. éè Fr. Htre I, ^ 84. . . . Qui ne croist ooDseil.dee sages Tost apetice ses bemagea. Uiti. des Trois Maries, m nn. MS. p.tt. De là, on lit dans Coquillart, nobles bemages^A^ figuré, pour demeure, habitation : Vous esprits, et vertueux courages» Plaisans, honnestes, loyaux et paeiÛqueSy S'allez à cep (4) de vos nobles bemages. CoquQlart. p. iw. On a dit aussi bernaige, dans un sens figuré, pour gouvernement. Un de nos anciens écrivains, par- lant de Faction d'Appius, et de sa violence à l'égard de Virginie, jeune fille romaine, dit : « Dès lors • Rome enchangea son bernaige et liberté ; on vit « à chacun faire. » (Triomphe de Pétr. trad. du B. d'Oppède, fol. 46.] Barnage, comme droit seigneurial, éloit un droit qui se payoit au roi et aux seigneurs, à raison ûes feux, dont les nobles et les ecclésiastiques étoient exempts. (Laur. Gloss. du Dr. Fr. au mot Barnage.), Les maisons situées dans retendue du duché d'Or- léans y étoient sujettes. Ce droit, qu'on appelle fouage en Normandie, chan^oit de dénomination suivant les différentes provinces où il se levoit. (Bruss. sur les Fiefs, prëf. p. 19.) Ce mot, pris dans le sens qui lui est propre et naturel, ayant signifié un corps de noblesse et la bravoure étant regardée comme un attribut essen- tiel de ce corps, de là, barnage (5) se prenoit pour valeur, courage, vertu : Demein verra Yen mon barnage, Fabl. MSS. do. R. n* 7096. V col. 6t. Lors se leva emprés Fourques le preux, le sage Qui estoit son droit neps, plain de trestout bemageu Ger. de RoassiUon, MS. p. m. De là aussi barnage s'employoil pour exprimer l'acte même de valeur : Anques n'oi loer ottrage Senz et mesure sont bamaiqe : Uns pois hardis puet moult oien Caire Dont maint proaome ont moult contraire. AUds. MS. fol. 48, R« eok 9. Les felonniers des félons^ Et les bamagea des barons. Rom. de Roo, US. p. i. Enfin, par une extension de ces deux dernières acceptions, on a étendu la signification de ce mot à celle de gloire, honneur, magnificence : Vielles gens doivent séjomer Et Jovenceax doivent errer Por conquierre pris, et bwnage Et proesce par vasselage. BlâBcb. mSs. des* Genn. foL ISé. (1) Cest une allusion aux aventures du Baron de Fœnute^, imaginé par d*ÂubigDé,et qui préférait les apparences du luxe à la réalité du bien*étre. Les quatre livres parurent successivement de 1617 à 1690. (N. K.)' — (2) Le mot banwgt m trouve déjà avec ce sens dans la Chanson de Roland (édition L. Gautier, v. 1349) : « Dist l'arcevesq^ue : Ben ait nckilie bamaçe. s (N. E.) — (3) La forme bamei se trouve aussi dans la Chanson de Roland, vers 536 : c Meilz voelt mûrir que Kerpir sun bamet. » (n. e.) — (4) Aussitôt. — (5) On a ce même sens dans la Chanson de Roland, v. 536 : c De t^ hamage d ueus enluminet. > (N. £•) ^k -411 - BA Bamatge étoit un mot languedocien, et dans ce patois, fa barnatge signifloit faire du train, faire du désordre. (Dict. de Borel, au mot Bemage.) VARIANTES ! Baronage. Borel, Dictionnaire. Babnaoe. Ph. Monskes, MS. p. 225. Barnaige. Âthis, MS. fol. 42, R« col. 2. Barnatoe. Borel, Dictionnaire. Bbrnage. GoquiUart, p. 182. Bbânaige. La Colomb. Th. d'honn. T. I. p. 73. Barnail. Fabl. MSS. du R n« 7218, fol. 190. Baronail. Ibid. fol. 191, R» col.'l. Barnê. Ph. Mouskes, MS. p. 140. Barney. Ger. de Roussillon, MS. p. 114. Barnez. Fauch. Dign. de Fr. livre I, p. 34. Baronle, subst. fém. Collectif de barons. — Titre de diçnité. — Vaillance. Au premier sens, on lit dans La Colombière (Th. d'honn. p. 73) : « La baronnie soubs vous ici pré- « sente. » Le Glossaire du Roman de la Rose l'explique par compagnie, assemblée de seigneurs. Comme titre de dignité, la baronie étoit confondue avec la pairie. Dans Tacte de cession de terres faite à Jeanne, fille de Louis-le-Hulin, on lit : « Pour les • « tenir en pairie et baronie, » (Voyez le Glossaire latin de Du Cange, au mot Par^.) Le titre de baronie (1) étoit affecté particulièrement aux terres de Coucy et Beaujeu. (Voy. Gr. Coût, de 9r. livre II, p. 182.) Tenir une terre en baronie, <ï*étoit la posséder en qualité de duc, comte, priùce •ett roi. On disoit aussi : « Tenir en baronnerie pour « tenir du Roy immédiatement , avec tiltre de « baron, d'un seigneur qui oeut avoir des barons « tenans de luy, comme de auc au comte. » (Bout. Som. rur. p. 446; notedeVédileur.) On a dit aussi baronnie pour 'vaillance, qualité qui distinguoit particulièrement les barons ou nobles. Ce mot est employé en ce sens, dans leRec. des Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 4366. On a vu le mot barnage avoir cette même acception, et en général toutes celles du mot baronie. variantes : BARONIE. Du Gange, Glosa, lat. au mot Pares. Baronnie. La Colomb. Th. d'honn. p. 73. Baronnerie. Rom. de Rou, MS. p. 72. Barquerol, subst. masc. Batelier. « Se fait M mettre à bord par le barquerolle. » (Apol. pour Hérodote, p. 489.) variantes : BARQUEROL. Berg. de R. BeU. T. I, fol. 97. Barquerolle. Apol. pour Hérodote, p. 189. Barquerot. Mém. du Bell, livre IX, foL 279, B9, Barquerotier. Merl. Goc. T. I, p. 256. Barquerole, subst. fém. Diminutif de bateau f2), saoelle. (Voy. les autorités citées sur chacune aes orthographes rapportées en cet article.) VARIANTES : BARQUEROLE. Monet, Dict. Barquerote. Div. Lee. de Du Verd. p. 119. Bariquelle. Nicot, Oudin et Monet Barquette. Essais de Mont. T. II, p. 448. Barquiau, subst.masc. Bassin. Réservoir d*eaa. Ce mot est employé dans le patois de Marseille. (Voy. Du Cange, Gloss. lat. au mot Barquelius.) Barracan, subst. masc. Espèce de camelot. — Manteau. On trouve, dans le premier sens, barracanus et boracanus, dans le Gloss. lat. de Du Cange. Les barracans (3) étoient des manteaux ainsi nom^ mes, sans doute, parce qu'ils étoient de l'étoffe appelée barracan. Les habitans deTUe de Zerbi ou de Gerbes étoient vêtus, en 1560, de manteaux de laine, avec une frange de soie en bas ; ils appeloient ces manteaux barracans. (Hist. de M. oe Thon, T. III, p. 395.) Barracheux, adjectif. Rabacheux. Mot vulgaire. (Celthel. deL. Tripp.) Barrage, subst. masc. Sorte de droit. C'est un droit de passage ou péage à la barrière. Il est doma- nial à Paris et dans d'autres villes. On lit beirages dans les Ord. T. III, p, 364. C'est une faute pour barrages et l'éditeur se trompe lorsqu'il dit qu'on peut lire berrages. VARIANTES : barrage. Cotgrave, Dictionnaire. Barage. Borel, Ménage, Dict. Barraigb. Rabelais, T. IL p. 70 et 275. UEiRAGE. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 964. Barraux, subst. masc.plur. Voici le passage où nous trouvons ce mot: « Le sommelier doit « venir avec trois bons chevaux char^z de bons « instrumens pour arrouser le gosier, comme « coutrets, ban'aiu;, barils, flaccons et bouteilles. » (Fouilloux, Vénerie, fol. 34, V.) VARIANTE : BARREAU. La Thaum. Goût, de BerrI, p. 45t. Barre, subst. fém. Cour ou siège de justice. — Délais, exceptions. — Barrière. — Obstacle. — Empêchement. Au premier sens, ce mot signifîoit cour ou aiége de justice. On lit dans Du Cange, sur les établissements de S* Louis, p. 190 : « Ordonnons que en toutes les « barres ou jurisdictions de nostre duché et sei- « gneurie d'icelle, les sénéchaux dessus les lieux, « i^hacun en sa barre et, auditoire, s'enquièrent, « etc. » (Ord. des ducs de Bret. fol. 319.) Barres duchables se disoit pour justice ducale. (Ibid. fol. 3O80 Barre signifie aussi défense, exception en justice, I délai. Quelquefois même on s'en est servi pour : H) Dans la hiérarcSile des fiefe, fat baronnie yenait au seoond rang, après les flefs de ilignité : eUe se composait d'une •iàe fortifiée, entourée de douze bourgs au moins, (n. b.) — (i) C'est ce mot, et non barcarolie, qu'aurait dû emplofor 1^ Hugo dans sa 9* Orientale : c Adieu la barcarolle^ Dont Thumble foanderoUe Autour des vaisseaux vole. » La bare&r&Ue mi une chanson particulière aux gondoUers do Venise, (n. e.) — 0) L*étymologie est ranid)e barrahanf de berckf vêtement en poU de chameau. On emploie encore la forme bouracan. (n. s.) B - 418 — M Ïrocès. (Voy. Loisel, Institul. Coût, au titre des arres et exceptions, T. Il, p. 204.) On lit délais au lieu de Mrr^s, dans d'aulres ouvrages. (Voy. Pithou, Coût, de Troyes, p. 604.) Barre se prend pour procès. (Bout. Som. rur. p. 206, note de l'éditeur.) On lit hare pour allégation, ou exception en jus- tice, dans Ph. Mouskes, ms. p. 825.) Le mot baire a été employé pour barrière (1). Au propre, c'est un morceau de bois qui sç met derrière les portes. M. Valois, dans sa notice p. 355, remarque que le mot barre a plus de 600 ans d'an- cienneté. Il conjecture que ce mot a formé celui de bar (2) qui s'est dit pour porte. (Voy. ibid. p. 75.) « L'huis Terment à bonnes barres coulices. » (Lanc. du Lac, T. I, fol. 112.) « Ces gens d'armes bretons « et françois s'en vindrent de grand vonlenté au « guet : et gaiç:nerent, de plaine venue, la barre « du guet. » (Froissart, Vol. II, p. 106.) « La dite « ville et les ban^i::» d'icelle ont besoing de repara- « lion et fortification. » (Ord. des R. de Fr. T. V, p. 396.) L'éditeur l'explique par barrière. Sa garnison y mit, très fort bien y fait faire : De barSf et de chaffaulx, l'a clouse, tout er^our. Ger. de Roussillon, MS. p. 53. Pris figurément, le mot barre signifioit aussi obstacle, résistance, empêchement : I metront contrediz, et barres. G. Guiart. MS. fol. 68, V. Pour faire là escu et barre. Mâchant. MS. fol 219, R« col. i. Citons les expressions suivantes : i^ Jeter, ruer, ou tirer la barre. Sorte d'exercice. Ce jeu consistoit à jeter une barre de fer, le plus loin que Ton pouvoit. (Voy. la Mil. fr. du P. Daniel, T. I, p. 228.) On voit, dans les Mém. d'Olivier de la Marche, Liv. 1, p. 338, que « le comte Charolois « jouoit aux barres à la façon de Picardie. » 2" Tenir barre, c'est-à-dire résister: « Ses « ennemis le combattirent, et luy tinrent bonne « barre, car ils étoient grand quantité de gens. » (Chron. de S' Denis, Vol. I, fol. 78.) 3" Partir des barres (3). Expression usitée en termes de vénerie, en parlant du sanglier. (Gace de la Signe, des Déduits, ms. fol. 118, V».) 4" Par la barre S' Just. Espèce de jurement : « Ha par la batre S' Just, je n'avois garde de « dormir. » (Contes d'Eutrapel , p. 391.) Barre, employé conme terme de vénerie, signifioit mâchoire du sanglier : « Hz ont quatre denz, deux en « la barre dessus, et deux en la barre dessoubz. Des « petits ne parle-je qui sont teles comme d'un autre « porc. » (Chasse de Gaston Phébus, ms. p. 61.) YÀRIAIITES : Barre. Valois. Notice, p. 355. Bar. Ger. de noussiUon, MS. Barr. (Lisez Barre.) Du Gange, Glosa, lat'. au mot Boira*. Barriz, subsi. nuise, plur, Ord. T. V, p. 396. Barrendegul, subst. masc. Bois clos et fermé. (Laurière, Glossaire du Droit françois.) « Le bétail « qui entre au temps de glandage dedans un bois « vulgairement appelle barrendegui, clos et fermé « raisonnablement comme est accoustumé clorre, « peut estre prins par le seigneur du dit bois. » (Coutumier général, T. II, page 723.) Barrer, verbe. Exclure. — Rayer. Au premier sens, c'est un terme de droit: « Félonies et bastardies et teles autres générales « exceptions purront tielx pleintyfs barrer de lour « purpartyes recoverer. » (Britton, Loix d*Angla- terre, fol. 191.) On a dit aussi bairer pour rayer. (Voyez Dict. de Borel.) L'un porte sa chauce barrée L'autre la porte dessirée. Ettst. DeMh. I»oës. MSS. fol. 404. Barres (jeu de). On lit dans les lettres d'Henri, roi de France et d'Angleterre, datées de septembre 1424, adressées au bailli d'Amiens: « Comme le « mercredy d'après Pasques communiaus dernier « passé, que les compaignon^ , et gens de la ville « de Warloy, avoient fait crier et savoir aux villes « d'entour que au jeu de barres qui se devoit faire, « et fist, le dit mercredi, ilz donroient à la plus • belle compaignie de une ville et parroisse un « mouton à laine. » (Trésor des Charles, Reg. 172, pièces 622 et 655.) Barresches,* subst. fém. Nous ne trouvons ce mot que dans ce passage : Je dis que Vanterres n'a droit En bonne amour, ne j'à n'aura ; Gist n'est pas sages qui fera S'amour crier à la barresches. Fabl. MSS. du R. n* 76i5, T. II. fol. 133, V« ooL 2. Barrez, part. plur. masc. Rayé. Barrées sert d'épithète à Messiers dans le^Nouv. Coût. gén. (T. Il, p. 1096.) Il désigne leurs habits rayés ou bigarrés. On se servoit aussi du mot bai*re% pour épilhète de carmes, à cause de leurs habits bigarrés et barrés de diverses couleurs. (Dict. de Borel, Du Cange, à Bairati et Birrati.) De là, il s'est employé substantivement pour signifier des religieux mêmes : Li barrez sont près des béguines, Septante en ont a lor voisines ; Ne lor faut que passer la porte. Fabf. MSS. du R. n* 1^5. T. I, fol. 65, V ool. 1. (1) Les barres étaient ainsi nommées, parce que souvent eUes étaient de simples barres de bois qui se tiraient horizontalement comme les barrières des forêts, ou qui, relevées par un contre-poids^ s'abaissaient au moyen d'une chaîne. EUes ne servaient alors qu'à arrêter un corps de cavalerie ou les gens et voitures soumis au péage. D'autres étaient des palissades à parties mobiles et formaient de véritables barbacanes. Les barrières étaient enfin des narricades, et l'on peut voir une attaque curieuse de ces sortes d'obstacles dans Froissart (éd. Kervyn, t. III, p, 24-25), en' 1339. Les barres étiuent route. (N. E.) Bà — 418 — BA VARIANTES : BARREZ. Borel, Dict. 2«« additioDS. Barrée. Ck>ut. gén. T. II, p. 723. Barri , subst. masc. plur. Maisons de faubourg. Ce moU dans le patois d*Âuvergne, signifie maisons dans les faubourgs , ou dans les dehors d'une ville. (Voyez Du Gange, à Barrium,) On a dit les barri de S* Allyre, d*un faubourg de la ville de Clermont. Barrier, subst. masc. Commis qui reçoit les barrages. Le barrage est un droit qui se paie aux barrières. (Voyez les Ord. des Rois de France, T. V, p. 246, et Du Gange à Bicarium.) Barrière , subst. fém. Nous ne citerons, sur ce mot qui subsiste, que les expressions suivantes : !• Combat à la barrière. Espèce de tournoi qui consistoit à attaquer et à défendre une barrière. (Voyez Petit Jean de Saintré, p. 83.) « La barrière « amoureuse fut tenue devant Plancy contre les « Anglois, en 1372. » (Voyez THistoire de Loys ÏII, duc de Bourbon, p. 59.) 2* Chevaucher la barrière^ c'est-à-dire être mis à cheval sur les barres ou les barrières des lices, et y demeurei* exposé à la risée de toute rassemblée, tant que le tournoi duroit. Gétoit une punition imposée pour les cas « plus griefs et principaux « des tournois. « (Voyez La Colombière, Théâtre d'honneur, T. I, p. 65.) On étoit ainsi exposé « télé « nue, et sans armes, avec sa cotte d'armes pour « être recognu de toute rassemblée. »(Favin, Th. d'honneur, T. II, p. 1745.) 3* Faire barrière signifioit faire obstacle, mettre obstacle : Je ne Guidasse jamais Que ma douce dame chiere Me queist tant de délais, Ne qu'eUe fist barrière. Eust. Deschampfl, Poês. MSS. fol. 23i, col. 4. Barriquer, verbe. Barricader. (Dict. d'Oudin et de Gotgrave.) « Le peuple commence de se barriquer « vers la rue Gallande. » (Lettres de Pasquier, T. I, p. 787.) Barrisser (1), verbe, Grier comme Téléphant. « Barrissent les éléphants. » (Rab. T. III, p. 71.) Barroir, subst. masc. Longue tarière. Les tonneliers s'en servent pour faire les trous à mettre les chevilles qui tiennent la barre du fond d*un tonneau. (Dict. de Nicot et d'Oudin.) Barrois de Brabant, subst. musc. plur. Sorte de monnoie. (Dict. de Borel, au mot iSo/$.)Ondisoit sols et deniers de Brabant. Barpoque(2),ad;.Inégal, irrégulier. Il se disoit des dents qui éloient d'inégale grandeur. (Dict. étjfmologique de Ménage.) Ge terme est encore usité parmi les joailliers, en parlant des perles qui ne sont pas parfaitement rondes. Barroyement » subst. masc. Exception dila- toire. Bouteiller ayant usé de ce mot, l'éditeur ajoute en marge: « Barroyement signifie ici, comme « en mon praticien, quit à la main, exceptions « dilatoires pour avoir barre sur le demandeur. » (Bouteiller, Somme rurale, p. 231.) Barroyer, verb. Retarder. — Débattre, contester. Au premier sens , ce mot paroît venir de barre^ pris dans le sens d'exception dilatoire^ délais. On trouve barroyer sous ces deux orthographes, avec cette acception dans le Dict. d'Oudin. Barroyer^ pris pour débattre, contester, semble- roit venir encore de barre j juridiction, siège de justice. Gependant l'éditeur de Bouteiller dit, au contraire, que barre vient de barjvyer, lorsqu'il signifie procès. (Voyez Somme rurale, p. 206.) VARIANTES .' BARROYER, Barroier. Oudin, Dict. Barruler, subst. masc. Brayer. « Deux attaches « larges pour attacher à son barruier. » (Du Gange, sur Joinville, p. 184.) Barsene, subst. fém. Bar-sur-Seine. Nom de ville. Les loches de Barsene étoient passées en pro- verbe dès avant 1300. (Voyez Recueil des Poésies ms. avantl300, T. IV, p. 1653.) Bartas, subst. musc. Buisson. Mot languedo- cien. (Dict. étym. de Ménage, etDuGange, àjBarto.) Bartavelo, adj. Ouvert. Mot du patois langue- docien. (Dict. de Borel, au mot Desvertoillé.) Barthemieu, subst. masc. Barthélemi. Nom propre. Nulz ne veult estre Barthemieu, Chascuns double Tescorcherie. fiust. Detchamps. Poës. MSS. fol. S99, col. 4. VARIANTES l BARTHEMIEU. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 272, col. 4. Bertemieu. Duchesne, Gén. de Béthune^p. 137. Berthemibus. Froissart, Poës. MSS. p. 20iS, col. 1. Berthelomer. Pérard, Hist. de Bourg, p. 460. Bertholemy. Pérard, Hist. de Bourg, p. 460. Bartholomier. Coût. gén. T. Ijp. y/9. Berthomier. Beaumanoir, p. 407. Barthomiere. Proc. de Jacci. Cuer, MS. p. 95. Bertremiex. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 132, V» col. 2. Berthremy. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 195, col. 4. Bietrbmiu. Duchesne, Gén. de Béthune, Preuv. p. 140. Bartholomistes, subst. masc. plur. On nom- moit ainsi les partisans de Tanti-pape Barthélemi. (Voy. le Mém. de Secousse, sur le procès fait à Chauveron, prévôt de Paris.) Bartole, subst. masc. Nom propre d'homme. Bartole est la vraie orthographe. Proverbe : Bésolu comme Barthole^ c*étoit une façon de parier proverbiale à laquelle Bartole a donné lieu, par Tautorité qu'avoient acquises les décisions de ce jurisconsulte dans les parlemens et autres tribu- naux (Voy. Pasquier, Rech. p. 682), ou plutôt par (1) De nos jours on dit barrir , du latin bar rire. (N. e.) — (2) L'étymologie est peut «être le terme de Scolastique baroco. (N. B.) SA tine allusion à l'ouvrage de cecSèbrejuriaconsalte, intitulé BeMlutiones BartoH. VARllTtTES : BAHTOLE. Pasquier, Ilech. p. 682. Bertholle. Coquillart, p. 140. Barzelottes. iubst. [ém. plur. Espèce de poé- sie. Ce mot semble avoir quelque analogie avec êelui de barcarolles, dont on se servoit à Venise pour désigner une sorte de chanson. .... ChaiiBona, ballades, IrioUetz, Mottet, rondeaux, servantz, et virelai x, SohneU, etrnmboU, barzelottes, chapitres, Lyriques vers, chanta rovanx, et epistres. CoDJal. Bibl. Ir. T. XI. p. lU. Bas, subit . masc. Bas. — Fo^e, toml». — Chausse. On trouve bas pour bast, dans la Farce de Pathe- lin, page 89. Bas etoil aussi un mot languedocien, qui signi- floit fosse, tombe. (Voy. Borel, au motflasy.) Enfin, on écrivoit bas et baas, daus le sens de xjhausse, sens qui subsiste encore. On distinguoit autrefois : !• Le («M d'attache. C'éloient les bas qui s'atla- cboient sous le tonnelet, ou bas de saye. (Diction- naire d'Oudin.) 2° Le bas de chausse, le bas qui ne couvroit que la jambe. [Dict. de Nicol.) On disoit aussi : 3° Sas de colet , pour gorgerelte ou colet de femme. [Dict. d'Oudin.) 4* Box de manches, pour le bas des manches, les manches pendantes, opposé au haut des manches, comme te bas des chausses l'étoit au haut des chausses. (Voy. Rabelais, T. V, p. 69.) 5° Bas de saye, pour tablier plissé ou tonnelet qui se mettoit autour de la ceinture. • Il y avoit ■ huict enseignes de gens de pied, et de noict à <■ neuf cents bommea de cheval, bien montez, et € armez â e£u, avec le bas de saye, là oi:i défkuU le < harnoys, à la façon des ordonnances de Bourgo- ■ gne. • (Mémoires du maréchal de Vieilleville, T. m, page 201.) VAniANTBS : BAS. Orthographe eabsist. Baas. Du Cange, Glosswre talin , au mot Solelia. Bas, adj. Petit, léger, peu considérable. — Af- faibli, exténué. On a dit, au premier sens: • Toutes battures, ■ contusions ou playes ouvertes, sont de la con- « iioissance de la naute justice; autres battures « plus basses sont de la connoissance du mayeur. - (Nouv. Coût. gén. T. IT, p. 871.) On a dit basses WiïOrflHons, pour réparations légères. (Ibid. page 4166.) Nous lisons base au féminin, ponr basse, infô- l^eure, dans les Tenures de Littleton, fol. 17. Cette acception subsiste, ^ celte même orthographe se trouve encore dans ce vers : Bas s'est pris aussi pour affoibii, exténué : > Soit 1* - BA • advisé le fauconnier qui son oiseau oe soit trop ■ maigre, et affamé, lorsqu'il le voudra orpigmen- « ter : car l'orpigment luy pourroit nuire, s'il l« « Irouvoit bas. • (Foailloux, Fauconnerie, fol. 49.) Delàcetteeipression: mettre au bas, ponr sBoiblir. • 11 faut entretenir l'oiseau de quelque bon past « vif, et chant, car autrement on le pourroit mettre < au bas. (Budé, des Oiseaux, fol. 119.) Expressions remarquables : 1* En ce bas, c'est-à-dire en oe bas monde. ■ Pour nostre regard nous nous confessons -chre»- ■ tiens, mililans en ce bas pour prix, sous l'ensei- ' gne, et estendart de nostre grand capitaine ■ Jésus-Christ. • (Pasquier, Rech. p. 303.) 2* Bas de poil, pour tondu de près, qui a le poil court. Celte expression est emplojrée flgurément dans ce passage, pour malheureux, infortuné : Le prés tondu, besoing n'est qn'on le tonde ; Dire on lur doibt ; rustre, courred la Monde Quant bat de poil est surtout tes dhretieas. Œai. du Rogir da CoHvja, p. I«. 3* Bas du devant, épithèle d'un mari, prise dans un sens obscène. (Voyez les Serées de Boucbet, Livre 1, page 198.) 4° Bas-sergents, sigoifioil sergents d'un ordre inférieur. [Voy. l'Ane. Coût, de Norm. fol. 150.) 5° fias-instrument, désignoit un instrument d'oa son plus doux que d'autres. < Trompettes et meoea- • tricrs cornoient, et si y avoit bas-instrumen$. • [Juven. des Ursins, Histoire de Charles VI, p, 75.) • Près deulx jouoient plusieurs bas-itistrumens > qui rendoient de grandes mélodies. ■ (Chron. de Louis X!, page 19.) 6° Bas-mestier. Cette expression est employée dans un sens obscène, dans les Poës. itss. a'Eost Deschamps, fol. 325. 7° Bas-rebouer ou rembouer. C'étoit un engin à Sécher, selon l'éditeur des Ordonnances des Rois e France, T. I, page 792. 8* Estre dé bas-renom , pour avoir mauvai» réputation. Pour con qu'il iert de bas renom. 9° Temps bas, pour saison avancée on courts jours. On a dit, au sujet de l'expédition contre l'Angleterre, projetée par Charles VI, en 1386 : « Si « fut bien sept jours" à rF-scluse. que tous les jours ■ on disoit, nous nous partirons demain au matin, ■ véritablement le vent étoit si contraire, pour ■ singler sus en Angleterre, qse plus ne pooroit : •I si étoit le (emj^j tout bas, après la sainct An- > drieu. > (Froissart, Livre III, p. 156.) 10° Bas-ton, mis en opposition avec haut-ion, signiHoit : de quelque manière que ce soiL JoUveté, ne vostrehanlt porage. Ne vous vauldront, que mora, de son baston, Nevousfiert, eoitâ ùm, onAouft ton Tuit y mourront, et li fol et li aalge. Bul. Da«h. PoH. Hâ. M. 130, «1. 4. 11* Vespres bas ou basset-vespreSy c'eSl-à-fltre à l'entrée de la nuit. Vetprt* est ba* et pràs du soif. AIU*.IS.Ii>l.>l». R-viLt. BA - 416 — BA On disoU encore en ce sens : Quant il fu yespres, bas. ViM des SS. MS. de Sorb. chif. LU, eol. 87. 12* De basse-heure, c'est^à-dîre tard. « Ses chiens 'i le treuveni aussi bien de haulte heure, comme « de basse, etc. • (Chasse de Gast. Phëb. ms. p. 263.) iS* Basse- chambre j c'est-à-dire latrines. (Du Gange, à Bacia.) 14" Cour-basse. G'est celle du seigneur bas justi- cier, à la ditrërence du seigneur qui a moyenne ou haute justice. (Laur. Gloss. du Dr. tr. — Du Gange, Gloss. latin, au mot£a^a curtis.) 15' Basse-demoiselle, pour demoiselle de médio- cre état. (Yoy. Petit Jean de Saintré, p. 146.) 16" Basse-dance, pour danse grave ou terre à terre, opposée à la danse par haut ou celle des baladins. (Voy. Glém. Marot, T. I, p. 213. — Dict. de Nicot, d'Oudin et de Gotgrave.) Gette expression %e prenoit aussi dans un sens obscène. (Voyez Ou- din, Gur. fr.) 17° Monnoye de basse-gresse, de peu de valeur. (Vov. Rabelais, T. IV, p. 22.) 18p Basse-main, pour la main gauche. « Après « eulx venoient les rois d*armes et heraulx du roy, « per à per à ceulx de France , et à leur basse- « main. > (Petit Jean de Saintré, p. 265.) Basse-main^ pour bas-estat^ grief, dédain mêlé de colère. 19" Gens de basse-main, pour gens du bas étage, inférieurs au bourgeois. « Rambaud d'Orenge s a- « musa à Tamour d'une damoyselle de basse-main « de Provence, de laquelle il n'en rapporta aucun « çroufit ne honneur. » (J. de Notre-Dame, Vie des Poét. Provenç. page 94. — Voyez les Assises de Jérusalem, page 14.) Gentilhomme de basse-main. G'est une plaisante- rie que fait le bourreau Daru, en parlant de Loi* méine dans le Mystère des Actes des Apôlres, qui m trouve dans THist. du Th. tr. T. II, p. 426. G'est une équivoque avec main-basse. 20" Basses- marches. Façon de parler obscène, dans les Arrêts d'Amour, p. 495. 21" Basse-musette. G'étoit une espèce d'instrument de musique cbampôlre, peut-être une cornemuse. .... Chaotoient par nos geniieus Avec uue basse^mu^teUe. Froissart, PoM. MSS. p. f70. 22" Basse-noise, signifioit petit bruit. « Lors « entendit le chevalier que la figure dit; faisons « basse-noise, car venu est le chevalier à Testrange « signe. » (Percef. Vol. VI, fol. 47.) 23* Basse-taille. G'étoit un bois nouvellement coupé. G'est le sen3 de cette expression dans ce passage: « Trairez de si près comme vous vouldrës, « et en ceste manière faire à revenir d'une basse- • taille^ et faut que la lune raye bien cler. » (Modus et Racio, ms. fol. 84.) 24* Basse-none. G'étoit l'heure de midi. (Voyez Perceforest, Vol. IV, fol. 158.V 25* Basse-r élevée. G*étoit la fin du jour. « Tu « feras un grant noise sur le. terrier, et batras la « terre de bastons en telle manière que le renart « Toé se il est dedens, et ainsi le feras iusques à la • basse-relevée. » (Modus et Racio, ms. fol. 105.) 26* En bas, pour à voix basse» Vers la dame sa voix atome, Se dit en ba$y nonjpas en haut : Ghier suer, dit-il, Bex vos saut, etc. FaU. MSS. du R. n* 7045. T. II. fol. 183. H* ool. i. 27» Bas et hault, pour entièrement. Amours qui scet tout bas^ et hault. Poët. d*Ai. cbvte>. p. eeo. 28* De bas et de haut, se disoit aussi pour entiè- rement. « Taillable de haut et de bas à voulenté. » (Ordonnances des Rois de France.) 29* Ne bas ne haut, pour nullement, aucunement. J*a n'en quier don, ne bc^a ne haut. Chaos. MSS. du CooMa TlMbanl. p. 0. 30* Prendre bas signifioit peut-être prendre par dessous. « Si le print bas de le frapper si durement « qu'il le porta à terre. » (Lanc. du Lac, T. III, fol. 50.) 31* Tenir le bas, pour être asservi. Scai-tu pourquoy je ne veux pas Epouser Jeanne, nche et grande ? Parce que fiere eUe commande. Et me leroit tenir le bas. Les Touches de Dm Are. p. 50. VARIANTES : BAS. Orthographe subsist. Bais et Baisse. Bas inférieur et basse inférieure. S* Bern. Serm. fr. MSS. p. 61 et passim ; répond au latin infimus et inferior. Base, au fém. Tenures de littleton, fol. 17. Basaach [\)ySubst. masc. Bacba. Bajazet s^étant reposé quelque temps après la victoire sur les cbcé- tiens à Nicopolis, en 1396, « monta à cheval et « grand nombre de nobles de sou ost en sa compai- « gnie, et esloient les prochains du Boy, et de aop « conseil, le basaach, et le sourbasaach. » (f^rois^ Liv. IV, p. 254.) L'éditeur croit que basaach est mis ici pour bossa, et sourbasaach pour visir baw^- Nous prononçons baclia. (Voy. Le Fèv. Orig. des Fiefs, p. 125.) Basach, subst. masc. Bajazet. Nom propj;^ d'un Empereur turc. ayons tuit souvenanoe Des prisonniers que tient Basach soubz lamii» Eiul. Detcb. Pois. MSS. fol. 357, col. 4. VARUNTES : BASACH. Eust. Desch. Poês. MSS. fol. 357^ cpL 4. Basaq. Monst. Vol. I, ch. xvi, fol. 16, R». Bazag. EuBt. Desch. Poës. MSS. foL 383, coU 3. Bazat. Jhid. foL 357, col. 1. Basant. FYolss. Ut. IV, p. ÎB8. Bas-allemand, subst. masc. et adj. Qui est des Pays-Bas. 0iBamach est la forme turque de Bajaset, que Froissart nomme tantôtc /e.rot Baêaachf » et tantôt c VAmorath-Biioçimn. *> ^voi^aart, t. XV, p. 3S2.) M. Kervyn imprime à la page suivante : c Et estoient les plusjprouchaina du roy et de son conseil JUiê^Boêeuieh et le Saur^Baeaach. Aucunes gens disoient que c^estoient ses frères (à Bajazet), mais U ne les vouloit point recongnoiétre et disoit que il n'ayoit nul frère, i (n. e.) B - 416 — B Basanner, verbe. Rendre basané. « Il ne faut < qu'un baie qui basannera , ou noircira vostre « femme. > (Contes de Chol. fol. 59.) VARIANTES ', BASANNER. Ck>nte8 de Chol. fol. 59. Bazane]EI. Cotgrave, Dict. Basché (i) {nopces dé). Expression populaire pour signifier une batterie à coups de poing, ou au- trement. (Voy. les Serées des Bouch. Liv. III, p. 92.) Bascheur, adj. Plein de bois. En latin Nemo- rosus. ((îloss. du P. Labbe.) Baschoe, 8ti&s^ fém. Panier, corbeille. (Dict. de Borel, ^" add. au mot Bascauda.) Au figuré, ce mot s'est appliqué à une femme mai faite : Ele est plus noire c*une choe Et plus grosse c'une haschœ. Fabl. MSS. da I\. n* 7ii8, fol. 966, V* col. 3. VARIANTES : BASCHOE. Godefr. Annot. sur Ch. VI, p. 111. Bascuoues. Id. Ibid. p. 719. Bascade. Borel, Dict. 2^ addit. Baschouier, subst. masc. Sorte d'officier (2). 11 y avoit des officiers qui portoient ce nom, dans la maison de Cbarles VI. * Un baschouier mangera en « salle, et aura, chacun jour, trois sols quatre « deniers, pour deux chevaux qui menront le pain « esb achoes, » (Godefr. Annot. sur THistoire de Ch. VI, p. 111.) VARIANTES : BASCHOUIER. God. Annot. sur Ch. VI, p. 111. Baschoyer. Ibid. p. 719. Bascon , sub. masc. Titre de dignité. — Biscaïen. Au premier sens, c'étoit un titre particulier comme celui de captai. Ce mot, au second sens, ne se trouve que sous l'orthographe de bascon. On lit : « païs des bascons^ « ou de Biscaye, » dans les Div. lec. de Du Verd. p. 315. On faisoit cas des chiens courans qui en venoient. (Voy. Chasse de Gast. Phéb. ms. p. 122.) VARIANTES l BASCON. Hist. de B. Du Guescl. par Mén. p. 75. Pascon. Ibid. p. 72. Bascontre, subst. masc. Basse contre. (Dict. de Monet.) Baseille (3) , subst. fém. Porte de la ville de Rheims. VARIANTES : BASEILLE. Du Cange, Gloss. lat. à Basilicaris. Bazée. Id. ibid. Basele, subst. fém. La Biscaye. « Fist obéis- « santés à luy toutes les terres d'Espaignes, de « Galice, de Landalus, de Portingal, de Castelon- « gne, de Navarre, de ^as^/^ (4), et maintes autres." (Triomp. des IX Preux, p. 437.) Basenne, subst. fém. Basane. VARIANTES : BASENNE. Nicot, Oadin, Cotgrave, Dict. Bazenne. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 600. Bbsanne. Ane. Coût. d'OrL p. 475. Bezanne. Cotgrave, Dict. Basennter, subst. fém. Marchand de basane ou de souliers de basane ; ouvrier en basane. (Dict. de Nicot, au mot Bascnnier,) On lit bamnier et bazanier^ dans le Gloss. de THist, de Paris. VARIANTES : BASENNIER. Nicot, Dict. Basanier. Gloss. de THist. de Paris. Bazanier. Ord. des R. de Fr. T. V, p. 106. Bazannier. Du Cange, à StcLllus et Uamerarius. Bazennier. Tabl. des MesUers de Paris, MS. de Meinière. Basi, adj. Mort. Je suis basif si Dieu ne m'aide. Tettnfl. de Path. p. 117. Guillemeite sa femme le voyant expirer s'écrie : Le bon maistre Pierre est boH. Ibtd. p. 145. Le même mot Basi a été employé avec la signifi- cation de basilic^ serpent fabuleux. Œil basH^ œil de basilic. Vostre œil b (Jean d'Auton, Ann. de Louis XII, page 159.) Basls, subst. maso. Basse. Terme de musique. Basme, subst. maso. Baume. Chose excellente.. Ce mot, qui dans les Sermons Fr. mss. de Saint-' Bernard, répond au latin Balsamicus, s\gn\f\o\i à la fois la plante qui produit le parfum, et le suc de celte plante qui est le parfum même. Basme signifie parfum, selon les Dict. de Borel et d*Oudin. C'est un arbrisseau, selon Nicot. C'est droitement la fontaine de Balme. Eust. Deech. Pcét. MSS. fol. 159. col. 9. Au figuré, on s*est servi de ce mot pour désigner une cbose excellente, dans quelque genre que ce soit, relativement au goût, à Todorat, et même à la vue. « La chair en est tant délicate, tanl savoureuse • que c'est fca«»we (2). » (Rabelais, T. IV, p. 25.) « Ce « sera basme de me voir briber. » (Ibid. T. II, p. 103.) L'hoste 8*écrie, et la femme se pasme ; Les regarder, mon serment, c'est ung hasme, Faifeu, p. (M. VARIANTES '. BASME. Fabl. MSS. du R. n» 7218. fol. 358, Ro col. 2. Balme. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 159, col. 2. BLAàME. (Corruption BasmeJ Machaul, MS. fol. 186. Balsi^mes. s. Bem. Serm. Fr. MSS. p. 360. Basoche (3), subst. fém. C'est le titre d'une comédie représentée par les clercs de la juridiction appelée basoche. Brantôme, parlant de Louis XII, dit: • Il pardonnoit aux comédiens de son royaume « comme escoliers, et clercs du palais en leurs < basoches, de quiconque ils parleroient, fors de la < Reyne sa femme, et de ses dames et demoiselles. » (Brant. Dames Gali. T. II, p. 439.) VARIANTES : BASOCHE. Brantôme, Dames GaU. T. II, p. 439. Basoge. Bouch. Serées, Uv. I, p. 101. Basochialy adj. Qui est de la Basoche. Au {)luriel basochiatix. On lit souvent ces mots dans es Staluts de la Basoche. Basochiensy subst. maso. plur. Clercs de la basoche, ^t Ils furent nommés basilicains, du mot « Basiliea qui a signifié palais et maison royale de « nos rois, et par eux délaissée au parlement pour « y rendre la justice. » (Des Cours souv. p. 623.) VARIANTES " BASOCHIENS. Cotgrave, Dict. Basauchiens. Rabelais, T. I, p. 315. Basiugains. Des Cours souver. p. 623. Basquain, subst. masc. Basque. Nom de peuple. variantes : BASQUAIN. Cotgrave, Dict. Baste. Oudin, Dict. Basque, subst. fém. Biscaye. Nom de pays. On dit en quelques endroits tour de Basque pour signi- fier une fourberie. Basqulne, subst. fém. Espèce de vêtement. C'étoit une robe fort ample. Elle se tenoit ouverte, et étendue au moyen d'un cercle. C'étoit aussi une espèce de corset que les dames mettoient entre la chemise et la cotte. (Voy. le Dict. de Borel, et Le Duchat, sur Rabelais, T. I, p. 323.) Basquiner, verbe. Ensorceler. « Ce qui semble « venir de Vascons, ou Basques, où on assure y « avoir eu toujours beaucoup de sorciers. > VARIANTES I BASQUINER. Borel, Dict. Basquinieb. Celthell. de Léon Trippault. Basse, subst. fém. Base. La base d'un pilier piédestal. (Borel, Dict.) Bassecourt (4), subst. fém. Esplanade. Terrain fortifié de murailles qui se trouvoit entre la cita- delle et la ville ; dans un temps de siège, elle ser- voitde retraite au peuple, et on y retiroit aussi les chevaux, les bestiaux de toute espèce et les effets mobiliers. Au siège du château neuf de la ville de Naples, par Charles VIII, en 1494, « l'on avoit « mené une quantité d'artillerie devant un lieu fort « où y avoit une bassecourt assés forte de « muraille. » (André de la Vigne. — Voyage de Charles VIII, à Naples, p. 134.) « Fut la bassecourt « prise d'assaut, ^et le lendemain la place rendue. » (Hist. d'Artus III, Conn. de Fr. Duc de Bret. p. 761.) « Fit assaillir la bassecourt d'iceluy chastel, laquelle « fut prinse par force, et y gaignerent les assail- « lans grand foison de chevaux, vaches, brebis et « jumens. » (Monstrelet, Vol. I, fol. 19.) « Avoit en « sa compaignie deux cens combattans logez en la « bassecourt, tous leurs chevaux et autres biens. » (Ibid. Vol. III, fol. 13.) Bassegne, subst. fém. Espèce de jeu. noict. d'Oudin.) C'est peut-être le jeu de cartes des Italiens appelé Bazzica. Basseleur, subst. masc. Boisselier. Nous croyons pouvoir expliquer ainsi ce mot dans ce Romo. (N. E.) — (4) Cest la bcÀlle de la forteresse, (n. b.) lU 58 BA — 418 - BA passage : « Un mercier portant ses denrées à col « deux deniers, un basseleur cinq déniées* » (Carlu- laire de Jumiège, T. I, p. 6.) Basselle, subst, fém. Javelle. Mol Languedocien ainsi expliqué dans le Dict. de Borel, au mot Marelle. Bassenne, subst. fém. La voile de misaine. (Dict. d'Oudin.) Basset, adj. Ras, court. — Abaissé, ^ass^f est le diminutif de ba«. Au premier sens, il signifloit ras, court, comme dans ce passage : Le poil avoit basset, aussi noir c'une meure, Et les cornes agues, plus c'un coutiaus à meure. Fabl. MSS. du R. n* 7218, foU 843, V col. 9. On a dit au second sens : espaules bassettes^ pour abaissées. Vos espaules très bien fêtes, Ounies, et a point bosselés . Fabl. IISS. du R. n« Si8, R* eol. S. Bassetaille, subst. fém. Bas relief. Terme de sculpture. (Dict. d'Oudin.) ' Basseté, subst. fém. Bassesse. « L'envie est « vilté de courage, basseur d'esprit indigence de la « vertu ou du bien qui abonde en autrui, noncha- « lance manifeste. » (Antoine Cbapuis, cité par Du Verd. Bibl. p. 55.) VARIANTES : BASSETÉ. Oudin, Dict. Basseur. Robert Estienne, Dict. Bassetementy odv. A voix basse, tout bas. « Il « lui dit bassettement un piteux adieu, qui à peine « luy peult sortir de la bouche. » (J. le Maire, Illust. des Gaules, Liv. II, p. 167.) « Il respond moult « bassettement qu'il ne mangera pas ores, car il « n'est pas bien haittié. » a^anc. du Lac, T. II, fol. 3, V- col. 2.) VARIANTES '. BASSETEMENT. Vies des SS. MS. de Sorb. ch. Lvni. Bassettement. Lanc. du Lac, T. II, fol. 3, V« col. 2. Basset. Percef. Vol. III, fol. 113, y col. 2. Baset. Ph. Mouskes, MS. p. 648. Bassier, subst. maso. Terme de vénerie. « Les « fientes que les bestes noires laissent sont appel- « lées lapes qui sont dites fumes en la vennene du « cerf..... ce qui est dit es doulies bestes souraller « est dit, es noires bestes, bassier. » (Modus et Racio, fol. 23.) Bassier signifloit aussi: pupille, jeune enfant. Voy. le Dict. de Borel, qui cite ce vers : De bassier qu'il estoit il est devenu gars. Bassiere, subst. fém. Yallée. — Baissière. Ce mot est mis au premier sens dans ce passage: Il regarde en une bassiere Si a vcu mayncte banyere. GftM de k Bi(M, Dw DédoiU, MS. fol. 53» R*. Bassiere signifloit aussi le fond d'un tonneau, le vin qui est près de la lie. C'est trop enchay la hoêsierê Du tonneau qui est deffoncé. Goqdn. p. 27. De là, mettre à bassieres pour mettre en déroule, renverser. Fist valoir si fort son enseigne Qu*Angloys furent mis à bassieres. Viga.deCh.VIL T.I,p.80. Bassinage, subst. masc. Droit. Le bas^noffe de sel étoit un droit qui se levoit sur les salines. (Du Cange, Gloss. lat. au mot Bacinagium.) Bassiné, adj. Que Ton a mis dans un bassin. Mot employé pour épithète de poudre à tirer, que l'on a mis sécher dans un bassin chaud. (Voy. le Pèlerin d'Amour, T. I, p. 194.) Bassinement, subst. masc. L'action d'asperger d'eau, de bassiner un lit. Ces deux acceptions se trouvent dans les Dict. d'Oudin et de Cotgrave. Bassouer, verbe. Bâtir, faufller, coudre à grands points. (Le Duchat, sur Rabelais, T. I, p. 12, n. 15.) Bast, subst. masc. Tromperie. Lisez baste dans le Dict. de Monet, et voyez Bâste ci-après, pris en ce sens. On disoit fils de bas ou bast pour bastardy etc. Voici les passages où nous trouvons cette expression : Quant Dagobiers d'Esdavonie Fu revenus, od sa mesnie, Si donna il en celi pas A. Sigebert, son fil de bas^ Âustrie c*on dist osterike. Ph. Mooikee. MS. p. 41. « L'archevêque de Rheins A.rnoul frère avoit esté « au roi Lothaire de bast. » (Chron. S* Denys, T. I, fol. 211, V».) Hugues Capet vouloit le faire déposer « parce qu il estoit homme bastard, » est-il dit au fol. 212. Ibid. Bast a signifié aussi : ébattement. C'étoit un usage, dans plusieurs endroits, lorsqu'une personne se marioit, d'aller chez elle chanter le bast^ la pre- mière nuit de ses noces; alors le nouveau marié régaloit ceux qui avoient chanté. Pour donner un idée plus précise de cette sorte de cérémonie, nous citerons ce qui suit: « Comme le dit Corbin, de la « paroisse de S** Croix de Bernay, s'en alloit, « encontra un sein compère... qui lui dit qu'il re- « tourneroit avec lui et qu'ils iroient chanter le « bas^(l)que onaaccoustumédechanterauditpals, • la première nuyt des nopcés se fassent adres- « siez à Jehan de Bryere lequel distribuoit « le vin, et les viandes, en luy disant qu'il « leur voulist bailler à boire, et de la viande pour « aller chanter une forme d'esbattement appelle « le basty etc. • (Lett. de Henry, R. deFr. etd AngL septembre 1424, au Très, des Chart. Reg. 172, pièces 621 et 624.) Bastaqe, subst. masc. Droit seigneurial. Devoir que le seigneur péager prend d'un cheval basté (1) Ne faudrait-il pas lire rébastf (fi. e.) BA — 419 - BA sans charge ou charge, pour raison du bast, outre le péage, pour raison de la marchandise. (Laur. Gloss. du Dr. Fr.) Bastangue, subst. fém. Sorle de poisson. En Italien pastinacca marina. Oudin, dans son Dict. italien, interprète ces mots par • tareronde, sorte « de raye, bougnette, Bastangue^ Vastangue. > Bastard, subst. masc. Ce mot, qui 'subsiste, n*a point besoin d'explication. Nous le trouvons employé par J. Lemaire, dans le passage suivant : « La détient iceluy Telamon tousjours, depuis en « vile servitude , sans loy de mariage et aelle ha « eu un beau filz, nommé Theucer^ lequel à peine « veult advouer pour son bastard. » (J. Le Maire, lUustr. des Gaules, Liv.II, p. 180.) [On trouve dans Froissart la forme bascle: « Le bascle de Maruel. » (Ed. Kervyn, VI, 31.) Le Glossaire provençal de Raynouard donne le diminutif de basclot avec le sens de vaurien. Froissart le transforme en bascot: • Et s*appelloit le bascot de Mauléon (XI, 44). » Faul-il voir là basclU basculi. Basques, de Du Cange, avec le sens d'hérétiques, puis voleurs?] (n. e.) Nous rapporterons les expressions suivantes : 1* Simples bastards, c'est-à-dire ceux qui sont nés de personnes libres : « Ce qui est dit cy-devant « a lieu au regard des simples bastards ; mais ceux « engendrés en adultère de personnes mariez, soit. « mary ou femme, ou de religieux ou de personnes « parentes Tune de l'autre, en degré prohibé, ils ne « pourront succéder à leurs mères, ou aux parens « du coslé maternel. » (Nouv. Coût. gén. T. l, p. 777.) Ûr Le grand bastard. On appeloit ainsi Antoine de Bourgogne, (ils naturel de Philippe-le-Bon, 1477. (Lussan, Hist. de Louis XI, T. VI, p. 68.) 3* N'être point bastards. Façon de parler pour dire aller de pair avec quelqu'un : Et pour monstrer qu*Us 7i*eiftoient point bastat'ds Françoys leur feirent leur part honaestement. J.llarol.p.t«. 4* Vin bastard. Sorte de vin nommé ainsi entre Slusieurs vins exquis trouvés à la prise du château e Nanles, par Charles VIII, en 1495. (Voyez André de la Vigne, Voyage de Naples, p. 143.) 5* Caractère bastard. On a dit, en parlant d'une traduction de l'Iliade par Jean Samxon, qu'elle étoit imprimée in- 4* en caractères bastards (1). 6* Bastard de chant royal ou demi chant royal. Cl'étoit 9insi que l'on nommoit la ballade qui excé- doithuitligneset huit syllabes. (Voyez Fabri, Art. de Rhétor. Liv. Il, fol. 42.) 7* Espéesbastardes. G éioienl celles qui pouvoient « servir à une main et à deux, les gardes d'icelles « faites à une croise tte seulement, et pas d'asne « ouvert. > (La Colombière, Théâtre d'honneur, T. II, p. 461.) C*étoit la seule dont les Suisses se servoient, suivant Brantôme, sur les Duels, p. 5. (Voyez Rabelais, T. I, p. 163.) 8* Galles bastardes {Galles est ici pour galées ou galères.) « Le dit sieur roy m'a dit qu'il a présté au « dit .Gennes ses galles , asscavoir sexe subtiles , et « quatre bastardes, pour en user toultes et quantes « fois qu'il sera mestier. «(Lett. de Louis XII, p. 169.) 9* Couleuvrines bastardes. Pièces d'artillerie de campagne (2).Ellesétoient si légères, qu'on pouvoit les mener au trot dans les escarmouches. On disoit aussi simplement bastardes. (Voyez les Mémoires de Bassompierre, T. II, p. 36.) On disoit, en ce sens, artillerie bastarde. 10* Censés ou rentes bastardes. On appeloit ainsi « celles qui ne sont pas foncières, mais constituée» « à prix d'argent. » (Laurière, Glossaire du Droit françois. — Voyez Coût. gén. T. I, p. 1156.1 11* Traimes bastardes- L'éditeur des Ordonnances des Rois de France dit : « On ne se sert plus de ce « terme; mais il y a grande apparence que les « tresmes et les estains, ou chaînes bastardes estoient « d'une qualité inférieure à celle qu'on employoit « ordinairement. » (Ord. des Rois de France, T. III, p. 516.) On trouve dans le même volume « filez « bastards et estains bastards > dans la même acception. 12* Chiens bastards. C'étoit une espèce de chiens « engendrez de chiens courans et mâtinés. • (Salnov. Vénerie, p. 304.) 13* Armé à la bastarde. On désisnoit ainsi la manière dont étoient armés les genétaires, les archers et autres troupes employées à faire des courses. (Voy. J. d'Auton, Ann. cle Louis XII, p. 149.) Bastards éloient supérieurs aux gentils hommes dans les maisons des pères qu'ils servoient : « Devoit deffendre le pas, un des enfans légitimes « du roy, un des bastards et un des gentilz hommes « de l'hostel. » (J. Le Maire, Illustr. des Gaules, Liv. I, p. 131.) Bastards. « Messieurs les bastards servirent les « autres dames estrangeres. » (J. Le Maire, Illustr. des Gaules, Liv. I, p. 144.) Bastards {jaunes) pour les derniers nés d'entre les bastards; le premier étoit le grand bastard. « L'un des jeunes bastards, nommé Mistor, avec « l'un des mais très d'hostel de la roy ne, et certains « autres genlilz hommes se vindrent adiouster en « leur bende. » (J. Le Maire, Illustr. des Gaules, Liv. I, p. 142.) Bastardage, subst. masc. Bâtardise. Etat de bâtard. (Dict. de Cotgrave et Du Cange, Glossaire latin, au mot Bastardia.) « Si une femme nranche « a bastards d'un homme serf, les enfans demeurent « en bastardage et ne seront point serfs. » (Coût, gén. T. II, p. 383.) YARUNTES : BASTARDAGE. Du Cange, Glossaire latin, à Bastardia. BAdTARDBiUE, subst. fùm. Oudln, Dict. Bastaroib, subst. fém. Cotgrave, Dict. Bastardallle, subst. fém. Collectif de bâtards. Race de bâtards. (i) Cest récritare que nous nommons bâtarde, (n. s.) — (2) La bâtarde était longue d'environ neuf pieds et demi, avec trois pouces dix lignes de calibre. On la trouve dans d'Aubigné (Hist., 1, 904). (n. b.) BA -< VARIARTE^ : ' BASTARDAILLE. OuJin. Dict. Batardaillk. Hoaet, Dict. Bastardeau (1), subst. mase. Espèce de canon. (Dict. d'Oudin.) Nous ne trouvons aucune autorité qui Justine celte acception. Baste, subst. fém. Espèce de tine. — Tour, supercherie, moquerie. — Chaton de bafoue. — Cercle. — Partie de couronne ducale. — Enclos, territoire. Au premier sans, bus/e désigne un vaisseau de bois garni de cercles et ayant deux unses. (Du Cange, Glossaire latin, au mot Basta.) De là, on disoit au figuré porter ta baste pour porter la peine ou le dommage. (Oudin, Dict. et Cur. Tr.) Baste se disoit aussi pour tour, supercherie, tromperie, moquerie. (Oudin, Dict. et Cur. rr.)Don- ner ta baste à quelqu'un, c'étoit le décevoir par raillerie. {Monel, Dict.) Ce mot signifloit de plus le chaton d'une bague : ■ Que toutes pièces qui auront bastes soudées, soit • pour mettre sur-soye, ou ailleurs, ne puissent • eslre clouées, mais couzues à l'aguille. » (Ord. des Rois de France, T. ill, p. VI.) Baste parott dési^nerun cercle (2) dans le passage suivant: • Le collier de l'ordre de l'Hermine et • de l'Epie éloit fait d'épics de blé d'or passés en ■ sautoir, liez haut et bas par deux bastes et ■ cercles d'or. • [Le P. Honore de S" Marie, sur la Chevalerie, p. 471.) On voit, dans la planche à côté, la figure de cet ordre montée sur deux cercles. Baste étoil employée pour signifier partie d'un chapeau ducal, ou couronne ducale, vraisemblable- ment ta bordure: • Cosme de Mcdlcis fut déclaré ■ grand duc de Toscane, et en ceste qualité cou- ■ ronné par le dit pape Pie d'un chappeau d'or, à ■ fieurons relevés de pierreries en la baste de ■ ce chapeau ducal furent gravez et burinez ces « mots: Plus V, Pont. max. et (av. • (Théâtre d'honneur, p. 1504.) Enfin, baste signifioit enclos, enceinte ou ter- ritoire, ressort: • Tous les sujets de la baste de 1 Clugny. > (Légende du duc Charles de Guise. dite pièce d'eau étant entre la dite baste d'une ■ part, et te dit yslel. • (Charte de Josse de Ilahvin pour ceux de Maisiere sur Meuse, en 1387.) On oisoll, dans le même sens bateis et baleys. (Voyez ces mots.) Baste, adv. 11 suffit, c'est assez, C'est propre- ment la troisième personne singulière du présent de l'indicatif du verbe baster ; mais ce mot est devenu adverbial, (Voy, le Dict. d'Oudin et Rabelais, T. Il, p. 222, et T. ni, p. 90.) Le mot baste, formé de rilalien (31, s'est introduit en France depuis le mariage de Catherine de Médicis, suivant Henry Estienne. (Dial. du Lang. fr. italianisé, cité par (1) En terme de fortification, c'est un maasitcle maçonnerie pour retenir l'eau d'un toaaé. ,ll9.M 60.R-eDl. t. * Elles voyent ung bastel qui estoit attaché k la . nef, duquel on alloit de la nef à terre, quand ■ la dite nef estoit ancrée, » (Percef. Vol. VI, fol. 44.) On employoit aussi ce mot pour vaisseaux, navi- res. L'empereur Haxlmilien, écrivant en 1512 à l'archiduchesse sa fille, sur le traité qui devoit se conclure avec le roi d'Angleterre, dit: • Le dit ■ traitié fait, nous luy ferons bien des gens assez, < tant de lanskneckls, que suyches, et bastiaulx ■ autant qu'il sera en nostre puissance. > (Lettres deLouisXll. T. IV, p. 17.) VARIANTES : BASTEL. Percetorest, Vol. VI, fol. ii, R" col. 2. Batel. Bore], Dict. — Athis, MS. Bateaulx (plur.) Vigil. de Ciiarlas VII, T II, p. 177. Batteaux (plur.) Bios, des Fol. Âm. p. 3Ï9. " " ■ •■■■•■ j„iB J" ■" "' Inglel BATEZ. Alhis, us. fol. 87, V> col. t. (plur.) Bios, des Fol. Am. p. m_. Bastiaulx (plur.) Lettres de LohLb xll, T. I\', p. 18. Bateux (plur.) Dritton, Loix d'Angleterre, fol. i Bâtez. Alhis, US. foL 87, V> col. t. Batias (pLur.) Atbts, MS. Toi. 60, R° col. 9. Basteiage, subst. masc. Charlatanerie, ruse, arliflce. Tours, finesse de bateleur: ■ Quelau'un ■ proposoit contre Cleanthes des finesses dialecti- • ques, à qui Chrysippus dit: joue toy de ces < battelageê avec les enians. • (Ess. de Montaigne, T. II, p. 260.) < 11 frappe , il mord , il jure , le plus < lempestatir maistre de France, il se ronge de > soin et de vigilance, tout cela n'est qu'un baste- ■ lagCf anquel la famille mesme complote. ■ [Esa. de Honlaig;ne,-T. Il, p. 106.) ■ Pour ceux qui les ■ ont subjuguez , qu'ils estent les ruses et les • batetages. -(Ibid-T. IH, p. 221.) VARIANTES : BASTELAGE. EssBJs de Montaigne. T. 11, p. 106. Batblaqe. Essais de Montaigne, T. 111, p. 3S1. Battblage. Ibid. p. S60. Basteler, verbe. Faire le bateleur, le charlatan. On a dit des médecins: • Voilant comme ils vont > iiosle/anf et baguenaudant à nos despens. «(Ess. de Montaigne, T. Il, p. 307.) • Ce que j'auray pria BA — 451 — BA « à dire en bateîant et en me moquant, je le diray « le lendemain sérieusement. » (Ess.de Montaigne, T. III, p. 161.) « Jongler, gSiudir et bateler. » (Borel, Dict. au mot Jongleour. Il cite Perceval.) Batteler^ dans le Cellhell. de L. Trippault, est rendu par bavarder, parler beaucoup et ne rien dire. (Voyez Colgrave, Dict ) Ce mot est pris pour railler, tourner en ridicule, dans les Contes de Des Périers, T. 11, p. 59. VARIANTES : BASTELER. Montaigne, Essais, T. II, p. 307. Bateler. îbid. T. IIL p. 161. Batteler. CeltheU. de L. Trippault. Basteleresque, adj. Qui est propre aux bate- leur. (Dict. de Cotgrave, au mot Bateler esque.) « Tout ainsi qu'en nos bals ces hommes de vile « condition, qui en tiennent école, pT)ur ne pouvoir « représenter le port et la décence de nostre « noblesse, cherchent à se recommander par des « sauts périlleux, et autres mouveipens estranges « et basteleresques. » (Ess. de Mont. T. Il, p. 140.) VARIANTES l BASTELERESQUE. Montaigne, Essais, T. II, p. 440. Rateleresque. Cotcrave, Dict. Bateleuse, fém. Tanureau, Dial. Epit. p. 9. Bastelerie , subst. fém. Charlatanerie. (Voyez l'Apologie pour Hérodote, p. 474. — Les Dialogues de Tahureau, fol. 46.) VARIANTES : BASTELERIE. Dial. de Tahureau, fol. 46, V». Battellerie. Dict. de Cotgrave. Basteleur, subst. masc. Bateleur. —Batailleur. Ce mot est pris dans le sens de bateleur, en ce passage : « 11 y a trois sortes de gens qui n'ayment « point estre appeliez par leur nom, comme vous « diriez chien et chat, moines, ministres, prestres « pu.... el besteleur, » (Moyen de Parvenir, p. 189.) On disoit, dans ce même sens, « acte de basteleurs « qui font le fait et le défait. • Façon de parler em- ployée dans les Lettres de Rabelais, p. 18. C*étoit Eeut-élre le jeu appelé basteax auquel se disoitfort abile un jongleur ou bateleur dont il est fait men- tion dans les Fabl. mss. de S' Germ. fol. 70. Plusieurs auteurs veulent que le mot basteleur se soit formé de celui de bateliers, à cause de l'agilité avec laquelle ils parcourent les cordages et les bords de leurs bâtimens. Ils se fondent sur ce que Rabelais, T. II, p. 250, et T. V, p. 15, vante l'adresse des bate- liers ae Lyon, et des gondoliers de Venise dans leurs jeux d'exercice. Cependant, je croîs qu'il est plus naturel de le dériver de basteaux (1), sorte d'instrumens dont les basteleurs se servoient dans leurs jeux pour amuser le peuple. (Voyez Bateaux.) Basteleur est employé pour batailleur dans ce passage : « Je ne suis basteleur, ne homme d'ar- « mes. » (Petit Jehan de Saintré, p. 627.) VARIANTES : BASTELEUR. Lett. de Rabelais, p. 18. Bastelleur. Trésor des Chartres, Reff. 164, p. 196. Besteleur. Moyen de Parvenir, p. 189. Basteller, verbe. Frapper. Batailler, s'escrimer : Quoique le mail d*Àtropos, vous marteUe Il forge en vain, et ne scait qu*il bastelle. Gretio, page 64. Bastendant , participe. Déclinant. Eustache Deschamps, parlant de la révolution des siècles et des choses de ce monde, disoit : Son tour a fait le cercle en descendant, Qui a couru par mainte région ; Or s*en rêva monter en baatendant, Tant par midi com par septentrion... Riens estable ne scoy dessoubz la Nice. Eost. Desch. Pods. HSS. fol. 129, eol. 4. Bastent. Voici le passage où nous trouvons ce mot : Escoute, de ceste anémie. Fit Simon, qn'ele a respondu ? A.U pais en as tu entendu ? Cil voir, Sire, bien Tentent. Anieuse, je te bastent Que tu respons si felement. Fabl. MSS. du R. n* 7218. fol. 54. R* col. 1. Baster, verbe. Badiner, niaiser, s'amuser à des riens. — Suffire. — Balancer, flotter. Oudin explique ce mot dans le premier sens. Crétin s'en est servi dans celte acception : Vault-U pas mieulx veoir un sanglier es toiUes, Que tout le jour baster Insques aux estoilles Four regarder faulcon que vent soubz tient. Crétin, pag«9i. Un autre poëte, parlant des regards séduisans des coquettes, dit : . . . Foisant baster aux étoiUes . . . ^ont gallans jour et nuyt courre. L'Amant rendu Cordelier, p. 581. Les Italiens disent bastare pour suffire, et nous avons emprunté d'eux le verbe baster, pris en ce sens. (Voy. le Dict. de Monet.) « Scanderoerch, bon « juge et très expert, avoit accoutumé de dire que « dix ou douze mile combatans fidèles dévoient « baster a un suffisant chef de guerre pour garantir « sa réputation en toute sorte de besoin militaire. » (Essais de Montaigne, T. Il, p. 739.) « Donna pour « Dieu la pluspart de ses biens, retenant seulement « ce qui luy estoit bastant pour soy vivre. » (Nuits de Straparole, T. I, p. 30. — Voyez le mot Baste.) Il semble que Crétin ait employé baster dans le sens de badiner, dans le passage suivant : Croy pour certain que adonc ung combatant Homme de bien n*est çà et là bastant Mais seuUement devant luy, et ne songne Se ung aultre faict bien ou mal la besogne. Grelin, page 135. (1) Basteau est un instrument d*escamoteur dans ce passage du Ménaaier de Paris (xiv* siècle): c L'autre dit que sa femme avoit respondu au'eUe n'estoit venue ne yssue dTenchanteurs ne dfe sorciers, et qu'elle ne savoit jouer des basteauks de nuit ne des balais (I, 6). » Au reg. JJ. 162, p. 175 (an 1406), on Ut aussi : < Gomme Perrinet Sanson joueur de bateaus..., en sa compagnie sa femme, enffans, un ours, un cheval et une ohievre, à trompes et tabours eust assemblé le peuple après disner pour le veoir jouer de son mestier et de ses dites bestes ; — en lesant sondit mestier et jouant cle ses bvLsteaux^ etc. » Comme bastaxius signifie à la fois crocheteur et jongleur, bateau signifie un b&ton, et, par suite, bateleur est un joueur de bâton ; les physiciens amusants ont encore une baguette à la main. (n. b.) BA — 422 — BA Bastier, adj. Qui porte bât. — Sot, bête. On disoit au premier sens, cheval bastier pour cheval de bât. (Dict. de Cotgrave et Epilli. de Mart. de la Porte.) Deh\ on nommoil un grand bastier^ un sot, un badaud. (Dict. d'Oudin.) Bastierres, subt. masc. Qui bat, qui a battu. € Qu'il i a coups orbes de poing garni, coume de « baston, ou autre chose, li bastierres doit estre « prins et tenu sans recreanche fere dusques a tant • que l'en voie, par la dite bature, il n'i a point de « péril de mort. » (Beaumanoir, p. 149.) Dateur à loyer signifie un homme qu'on prend à gages pour battre quelqu'un ou pour faire de mau- vais coups. (Voy. les Poës. mss. d'Eust.Desch. f°330.) VARIANTES I BASTIERRES. Beaumanoir, p. 149 et 150. Bateur. Eufit. Desch. Poës. MSS. fol. 330, col. 4. Bastille, subst, fém. Forteresse; rempart. Ce mot signifloit toute espèce de forts, soit en maçon- nerie, soit en bois, quelquefois entouré de fossés, de palissades et de barrières. On les construisoit en f>leine campagne, sur les chemins et dans les postes es plus importaus : ils étoient plus communément élevés autour des villes attaquées. Les assiégés les employoient pour leur défense, et les assiégeans pour investir la place et la priver de toute espèce de secours (1). (Voy. les Dict. de Nicot, Monet, Borel et ' de Cotgrave; Laurière, Gloss. du Dr. Fr.) Froissart, parlant d'une escarmouche des Anglois devant la ville de Troyes, dit : « Tantost veez-cy les grosses « batailles du comte de Bourquinguam : lesquelles « s'en vindrent toutes, tout à pié, devers ces gens « d'armes qui estoieut en la bastide laquelle on « avoit faite d'huis, de fenestres et de tables. » (Froissart, Vol. II, p. 93.) Le même auteur a dit, en parlant du siège de Brest, en 1386 : « S'armèrent toutes gens et se tire- « rent par bon arroy et bonne ordonnance devers « le chastel, et la bastide qui estoit faite ouvrée et € charpentée de grand manière : et fut ce pour « demourer là neuf ou dix ans, car il y avoit autour « de la bastide^ fossés, portes, tours et bons murs, « et tout de gros bois. » (Ibid. Vol. III, p. 112.) Ce mot est employé pour signifier la Bastille de la porte de S' Antoine à Paris, dans l'Hist. Chronol. depuis 1400, jusqu'à 1467, p. 360. Le mot de bastide (2) s'est conservé à Marseille et dans plusieurs autres lieux delà Provence, pour signiner métairie ou maison de campagne. Voyez les noms françois formés avec ce mot dans le P. Menestrier, Orn. des Armoir. p. 462. « Le privi- « lege de bastide nouvelle est compris avec celui « de rOst et de la Croix. » (Ord. des R. de Fr. T. I, p. 398.) C'étoil vraisemblablement le privilège accordé à ceux qui faisoient élever des forteresses nouvelles pour l'utilité d'un pays. VAMANTES ! BASTILLE. Froissart, livre I, page 460. Bastilde. Cotsnrave, Dict. Bastide. Froissart, Uvre I, p. 127. Bastie. Du Gange, Glossaire latin, au mot Bastia. Hik^iiWev, verbe. Garnir de bastilles; fortifier. — Investir. Le premier sens est le plus usité : « Le duc Phi- « lippe de Bourgogne, et depuis le duc Jean aussi, « avoient fait faire plusieurs grands engins de bois « pour bastiller Calais. • (Juvenal des Ursins, Hist. de Ch. VI, p. 202.) « D'autres places et villes y a-t-il, « qui d'elles-mêmes sont si mal bastiez de la for- « tune, et si malheureuses, qu'ordinairement elles « sont sujettes à prises et reprises, sacs et ruines. » (Brantôme, Cap. Franc. T. II, p. 288.) « Quand le « duc de Lanclastre, et les barons et chevaliers de « sa route furent venus devant le chastel de Mont- « paon, si l'assiégèrent et s'y bastirenl aussi bien « et aussi fort, que s'ils deussent y demourer sept « ans. » (Froissart, livre I, p. 408.) Bastiller signinoit aussi assiéger, comme dans le passage que nous allons citer, quoique l'éditeur l'explique par fortifier : a Quand il fut à Compiegne « là si rendirent Poton et la Hire, qui luy requirent « qu'il leur baillast deux cent lances, et les archers « pour les secourir à Laon qui estoit bastille. • (Hist. d'Artus III, connétable de Fr. duc de Bret. p. 759.) Bastille en cet endroit signifie investi ; ce qui rentre dans l'acception de fortifier à cause des lignes que les assiégeans élevoient autour de la place, soit circonvallation, soit contrevallation. VARIANTES ' BASTILLER. Viffil. de Gh. VII, p. 42. Batiller. Borel, Dict. - Ph. Mouskes, MS. p. 561. Bastilloner. Epith. de la Porte. Batbiller. Notice du Rom. d'Alex, fol. 16. Batailler. Le Jouvencel, MS. p. 288. Bataillier. Blanch. MS. de S< Germ. fol. 178, R* col. 1. Bataller. Chron. de Fland. — Du Gange, Gloss. lat. Bastier. Brantôme, Gap. Fr. T. II, p. WS. Bastir. Froissart, Vol. i, p. 408. Bastillon, subst. masc. Petit fort. Diminutif de bastille,* A ce siège furent faites bastides « et bastillons. » (Mém. d'Olivier de la Marche, livre II, p. 515.) Bastine, subst. fém. Espèce de bât ou de selle. (Dict. d'Oudin, Cotgrave et de Ménage.) « Quelqu'un « de notre temps, escrit avoir vu en ce climat là, « des pays où on chevauche les bœufs avec bastines^ « estriers et brides, de s*estre bien trouvé de leur « porture. » (Essais de Montaigne, T. I, p. 500.) <1) On entendait par bastide, au moyen-âffe, un ouvrage de défense isolé, mais faisant cependant partie d'un système général de fortification. On doit distinguer les basUlles permanentes des bastilles élevées provisoirement ; les bastilles tenant aux fortifications d'une place de celles c^— *— *" • '-"^ * ' --:-.•- a^ ^: — ^..„.ii.«i^i. et de contrevallation. Le mot bastide est plutôt _ ,.-„ ., , destinés à protéger un campement que des constructions , ^ ^ -^ yv- . ' de cette époque, par bastide ou bastille, des forts de maçonnerie se reliant à une enceinte. (Voir Le Duc, Dictionnaire d'Architecture, 11^ p. 166, d'après Du Gange. (N. e.) — (2) Le patois provençal led nomme cabanou, cabanons. (N. B.) BA -« Bastion (1), sttbst. masc. Espèce de .tournoi. Il cOQsistoU dans t'atlaque simulée d'un bastion. i. d'Auton parle ■ d'un bastionque messlre Charles ■ d'Amboise, lieutenant du Roy, feit tenir à Hilan, ■ où le Roy fut présent avec tous les princes et • seigneurs qui là estoienl el grand nombre de - dames. - (Annales de Louis XII, p. 262.) On écri- voil aussi bastillon, et c'est ainsi qu'on écrit le nom de celui de 1564, dont il est mention dans Beauch. Rech. des Théat. T. Ul, p. 13. Ces sortes de jeux coûloient quelquerois la vie h plusieurs de ceux qui les donnoient. • Il y eut de gros festins, etesbate- « menls et entr'autres ung ifl8(i//(»noufulmerveil- ■ leusement grand désordre, car il y eut pius de ■ 40 gentilshommes, que tuez, que affolez, etc. > (Mémoires de Bob. de la Harck. Seigneur de Fleur, us. page 63.) VAHUNTES : Basttr, verbe. Nous citerons sur ce mot, qui subsiste, les faijons de parler suivantes : 1* Sur aultry cuyr baslir trop large courrùye. Façon de parler qui semble sigoitler, avoir trop de confiance en quelqu'un, compter trop sur lui, s'y fier inconsidérément. (Voy. Percef. Vol. VI, fol. i.) 2* Basiir assaut. Livrer assaut. Maint dur ataaut m'aura amor battiê. Cbniu. usa. ta C TtJli. p. IS3. 3' Bastir plaxt. Faire un accord, une convention, un traité. Il flst au roy Charles savoir Que s'il osDit tel plail bastir Qu'A ce Toulsisl eo haslir etc. G. Gniul, HS. r<' Nous disons bâtir un système, à peu près dans le sens que nous venons de voir. On a donné même celte acception subsistante à ce mot, lorsqu'on a dit, en parlant de H. de Boisy et de Chievres: < Ils ■ batissoient les choses tant pour l'Empire, que • autres matières, pour mettre en paix, et union ■ ces deux princes. > (Mém. de Rob. de la Marck. Seig. de Fleur, hs. p. 359.) Bastissage, subst. masc. L'action de bâtir. — L'action de mettre un bât. Sur le premier sens, voy. le Dict. de Robert Eslienne. On trouve ce mot explioué par l'action de mettre un bât dans le Dict. d'Ouain. Bastissement, subst. masc. Bâtiment. (Gloss. de l'Hisl. de Paris.) BastOD (2), subst. masc. Arme. — Fût de lance. — Echalat. — Houlette. — Ve^ d'huissier. —Auto- rité, juridiction. — Terme d'investiture. — Marque d'ordre de chevalerie. — Marque du rang des convives. On trouve bâton pour arme, dans le Dict. de t- BA Monet, qui le rend par arme de fust au mot Bâton On lit dans le Glossaire du P. Labbe, bâton Jutt fustis, et dans le suppl. au Gloss. du Rom. de la Rose il est pris pour épée ou hache. Jean Marot s'en sert aussi pour armes. Parlant du Roi qui sorloit de Hilan pour aller chercher l'armée des Vénitiens, il dit : Regarde en la praeria, Voit ses souldars faisans cher muTfe Nudz sans baUon», n'aulcune armeurerie, I. Ifinri, p. ea. En ce sens, on distinguoit le baston de guerre, le baston d'armes, le baston de défense, le bastoti de trait, ou à tirer. Xous trouvons ce mot employé en ce dernier sens dans ce passage, où nous lisons que • arc « estoit un baston d'instrument trop prouffltable, ■ tant pour soy déliter et déduire comme pour le ■ prouffltde la deffense de son corps. • (Modus et Racio. Ms. fol. 71.) En général, le mot Bâton signi- floit toute sorte d'armes oITensives ou défensives. • Onleurosta tous leurs bastons qu'ilz n'ozoient > pas porter, non pas mesme un cousteau. ■ [Hist. d'Arlus III, Connest. de Fr. Duc de Bret. p. 743.) ( Des bastons que les parties entendentporter pour > oITendre, et deffendre, sont espées, dagues seu- •I lement, sans poinçons, couteaux, ne autres ■ pointes niussées, et le reste, comme lances, • masses ou autres bastons devises tant pour l'un ■ que pourl'autre. '(LaJaille.duCh. deBat. fol.45.) De là, ce mot s'est pris pour fût de lance. Lances brisent, baatont eschardent Targea Tendent, seriani frémissent G.Gatvt,llS.ft>I.Ba. R*. Baston signifioit aussi échalas. & outra tge. Sui tail vignes, li ci aitons V iBut &ou But. Oath. PdtL IISS. M. «3. Baston se prenoit quelquefois pour boulette. ■ Si les habitans envoyoient pasturer leur bealail • outre les dittes esquarres et limitles, et ilz ■ estoient reprins et gagez ils seroient amendables • de soixante sols d'amende pour chacune proye y - trouvée sous une garde, ou baston, avec res- ■ titutioi), ou dommage. • (Nouv. Coût. Gén. T. 11. p. 1057.) On s'est servi du mot baston, pour désigner la verge que portent les huissiers. Pot coî ne font sanz i~ Jouslice de laie jKiiBS Qui Dieu guerroie apt ÈaaUmi ont, pour fai Et cornes, en seneOance, Qu'il relient hurter durement. Flbl.lISS.daR.B-'MIS, T. l.fel. lOI.R* ool. «. Le bâton dans les mains de ceux qui commandent étant souvent regardé comme une marque du poa- voir Qu'ils exercent, de lace mots'employoit pour autorité, juridiction: ■ Firent composition que It ■ Genevois guerpirent lor tor, et lor rue, et s'M ■ alerent à Sur et durent porter confari'on' sur lor !• aiëclc ; le batiion n loyen-éee. (n. e.) BÀ — 4Î4 - fi « veissiaus au port d*Acre, ne avoir cort, ne baston « dedans Acre. » (Cont. de G. deTyr, Marlene, T. V.) Bastoiu comme terme d'investiture, étoit le signe de la mise en possession, ou investiture d'un fief dans une adjudication que le crieur remettoit au nouvel acquéreur. (Voy. les Assis, de Jérus. p. 133.) « Le prevosl, ou son lieutenant doit mettre le « requérant en la choze par luy requise par Rain « et baston, » (Coût. Gén. T. 1, p. 769.) « Se fait « communément la dilte veslure par tradiction du « petit baston ou bûchette. * (Ibid. p. 481. — Yoy. Laur. Gloss. du Dr. Fr. aux mots Baston, Fust et Rain. — Le Gloss. lat. de Du Gange, au mot Investitura, et le Gloss. sur les Coût, de Beauv.) Baston, comme marque distinctive d'un ordre de chevalerie, se trouve dans les Vigil. de Charles VII, où Ton parle du Captai de Buch. Et son fllz qui avoient le baston De rordre, et serment de jartiere. Viipil de Ch. Vn, T. H, p. 120. Baston étoit aussi une marque donnée aux con- vives pour assigner le rang qu'ils dévoient avoir à un festin. « Alors fut heure de disner: car lout « estoil prest: et combien que le baston ne fut « point encores donné, toutes fois Gadiflfer « d'Escosse, le chevalier doré, et aucuns autres « mangèrent à la table de la belle Priandre. » (Percef. Vol. III, fol. 134.) Citons maintenant les expressions anciennes où ce mot étoit employé : i" Bastons à feu, Bastons de poudre et à feu (1), Bastons invasibles et invasifs, éloient les canons, et toute espèce d'artillerie, soit grosse, soit menue. « Le roi avoit bonne artillerie sur la mu- raille de Paris; laquelle tira plusieurs coups jusques à nostre ost qui esl^nand chose, mais je crois que Ton avoit le néz bien haut aux bastons. » (Mém. deComines, p. 69.) « Il fut tué de la main d'un paysan qui luy tira une arque- busade de derrière un buisson : voyez quel malheur qu'un grand capitaine meure de la main d'un vilain avec son baston à feu. » (Mém. de Montluc, T. I, p. 370.) a Jettant par eux serpentines, et autres bastons de poutdre et à feu, avecques traicls de bastons invasibles et à « main. » (Chron.ad^. à lasuitedeMonstr. fol. 2.) 2'* Baston à feu, se disoit aussi pour fusée. Nous lisons qu'à l'entrée du roi à Courlray, « les feux « d'artifice commencèrent le soir. M' le Duc de « Foix allant des rues eut le gras de la jambe percé « d'une fusée, ou baston à feu, » (Lett. Histor. de Peliss. T. I, p. 42.) 3® Baston à sept battais, se trouve dans l'Inven- taire de Joyaux et meubles de Charles V, à la suite de son Hist. par Choisy, p. 522. Â* Son de baston. C'étoit un signal que donnoit un crieur public ou autre officier, en frappant de son bâton. « Se au troisième jour, cry et son de « baston à la ditte fenestre, personne ne compare « pour soy opposer à la ditte plainte, etc. » (Coût. Gén. T. II, p. 928.) 5"* Mettre la main au baston, dit ailleurs verge de justice, étoit une formalité par laquelle le vendeur marquoit qu'il se dépouilloit de son héri- tage ou autres biens, et l'acquéreur en [)renoit possession. « S'ils ont acquestez quelques héritages, « ou terres par ensemble, en leur mariage, ne les « peuvent vendre qu'ils ne comparent devant jus- « tice, et mettent tous deux ta main au baston. » (Nouv. Coût. Gén.) « En acquisitions d'héritages « cottiers ou de main ferme, ja soit ce que la « femme n'ay testé présente à telle acquisition, et « saisine, ne mis la main au baston, néant moins « elle est aequesteresse, comme son mary. » (Coût Gén. T. l, p. 749.) « De nostre baston mismes nos « bat, si cum ou suelt dire. » (S* Bern. Serm. fr. Mss. p. 330); dans le latin « et ut dicitur, baculo • nostro nos cœdit, » parlant du démon qui se sert de la chair même pour perdre les hommes, c est-à- dire qui les bat de leurs propres verges. 6" Baston du gouvernement. C'est-à-dire gouver- nement, supériorité, autorité. Froissart, pariant de Frère-Jean de la Rochetaillade, espèce de prophète en 1375, dit de lui: « De la prise du roi Jehan il « parla moult bien, et nionstra, par aucunes choses « raisonnables, que l'église avoit encores moult à « soufrir, pour les grans superfluités qu'il veoit « entre ceux qui le baston du gouvernement « avoyent. » (Froissart, Liv. III, p. 84.) 7" Prendre le baston, c'est-à-dire prendre le dessus, avoir la préférence. Un amant fidèle, indigné de voir son rival peu sincère l'emporter sur lui auprès de sa maîtresse^ se plaint ainsi: Kant celé aim se moynon K'ai servi à m'enfance Tex en a pris le baston, Ke je tieg à compaignon. Poès. MSS. avant 4300, T. HI. p. 1036. S** Basions de chasse. Ces bastons étoient gros comme le pouce, et longs de deux pieds et demi. (Voy. Salnove, Vénerie, p. 135.) « Le maistre valet « de chiens doit avoir ces bastons de chasse, âevuni « luy à cheval, et en donner trois aux lieutenants « de la vénerie, pour en présenter deux au grand a veneur, afin que le grand veneur en donne un « au loy. » (Id. ibid. p. 138.) 9° Baston blanc. C'étoit le bâton de commande- ment. « Monta le roy sur un petit pallefroy, un « baston blanc à la main. L'un de ses mareschaut « à dextre, et l'autre à senestre. » (Froissart, Vol. 1, p. 150.) « Jean de Lyon, à la teste des rebelles fla- « mans^ avoit un baston blanc à la main, comme « un bâton de commandement. » (Ibid. Vol. II, p. 68.) Le bâton étoit aussi la marque que portoient les pestiférés, et ceux que logoient avec eux. « Commande et enjoint à toutes personnes qui ont « esté malades de peste, et à tous ceux de la « maison, et famille ou auront esté, et seront ma- (1) Cette expression désigne surtout les armes à feu montées sur fût ou hampe, comme les espingoles, les couleuvrioef, les fUsUs ; eUe ne s'attribue donc pas à la grosse artiUerie. (n. b.) BA ~i • lades les diles personnes, qu'ils 9yent à porter « en leur main, en allant et venant,.... une verge « blanche, ou baston blanc sur la dite peine. > (Ord. des R. de Fr. T.' Il, p. ;W2.) 10° Lebaston, ou le baston blanc à la main. On Kl dans plusieurs auteurs que les garnisons qui sortoieul d'une place assiégée et prise, étoient ren- TOyées désarmées, et un bâton blanc à la main : - Ainsi rendirent celte place d'importance, et s'en • allèrent chacun, un baston à leur poing, tant le ^ capitaine, que les autres gens d'armes. [A. Charl. Hisl. de Charles vit, p. 200.) ■ Ont été finablement « contraints de s'en aller tous nuds, avec un ftnaïim < blanc à la main. • (Apol. p'. Hérodote, p. 43.) ■ il° Le cet à uns basions. C'étoil une distance ou mesure tfe terrain évalué au jet d'un bâton. ]à ne perdra de terre le 'jet à un» bâtions Tant come nos puiasons caucher nos eaperons. nam.d>Roa,IIS. p.7l. 12* Tourner au baston, signidoit être soumis, respecter l'autorité d'un supérieur. Cette fa(;on de fianer paroit empruntée aux jongleurs ou char- atans qui, avec le bâton à la main, font faire des tours aux bétesqu'ilsmontrentau peuple. Brantôme dit, ea parlant de Charles Vill: • Entin ce fut un • grand roy, lequel, s'il ne fust mort, vouloit ■ redresser nouvelle armée résolument, et plus • forte qu'auparavant, pour apprendre au Pape, et • aux potentats d'Italie à tourner mieux au baston ■ qu'ils n'avoient fait. - (Brant. Cap. Fr. T. 1.) 12" Tirer au court baston (i), pour disputer d'auto- nlé, de puissance. C'est en ce sens que Sully, par* lant de deux princes de puissance égale, dit: « Pour le regara de vous deux qui luitez , et tirez • au court baston. • (Mém. de Sully, T. XII, p. 478.) 13* Romp}-e le baston de sa maison (2), c'est-à-dire ruiner ses afTaires. On a dit, en pariant des risques que couroient les chefs de la ligue, si Henri IV avoil I avantage sur eux : • Au moyen de quoy ils seroieot < contraints de renverser leur marmite, et non- • seulement rompre, comme l'on dist, le baston • de leur maison, mais aussi de faire banqueroute ■  une grande quantité de personnes d'honneur, • et gouverneurs des places à qui ils donnoient • certaine pension annuelle, pour les entretenir • en leur considération. • (Mémoires de Nevers, Tome il, page 84.) 14' Etre assure de son baston, pour être sûr de son fait. (Mém. de Villeroy, T. II, p. 139.) 15° Se battre de son baston, se battre de ses pro- Sres verges. (Voy. le Chev. de La Tour, Instr. à ses Iles, fol. 21.) On trouve aussi : . Batre quelqu'un • de ses propres basions. > (Histoire de la Popel. T. 1, fol. 33, R'.) ^1) Ceat l'enaloBue de < tirer à la courte paille. > (n. e.) — (S) Bapprocher cette expreaBion ds i mettre la main au hâlon. ■ (N. E.) — @> Battre à bâiot» rompuM, c'est frapper le tamtMur deux fois de suite d'une main, puis de l'autre : quand le mouvement s'accélère, on «nteud un bruissement, el non une batterie d'ordonnance; de là notre locution t à ëâUm* tomput. > k plusieurs Teprises. (K. B.) — (4) Le mot désigne ici non le bàlon tenu, mais le bateleur qui le tient ; c'est 1& une figure ae rbetorique fréquente au mojen-dge. Tour du bdion signifie donc tour de passe-passe. (N. e.) — (5) Le bàlon de Jacob se dit: 1° d un instrument géoméirique, composé de deuil règles mobiles avec pinnules aux exlrëmitéa, et qui servait aux anciens Bsironomes à prendre les hauteurs et les distances par la métbode des angles ; S" des trois étoilos du bsiidiier d'Orionqui sont en ligne droite; 3* de la baguette de l'escamotaur; 4* de l'sspbodélejaiue. (n. s.) n. 54 »- BA 16" A basions rompus (3), sans ménagement,àou- trance. (Rabelais, T. III, p. 52.) Nous disons aujour- « d'hui : « Parler à bâton rompu, pour parler sans « suite et sans oidre. • (Roger de Collerye, p. 73.) 17° Aller aux meures sam baston: d autres ont dit, sans crochet, c'est-à-dire aller sans précaution. Ifatlei aux meurei tana baston, Advisez co qui vous est bon. Eail. DeKfa. Pois. MSS. roi. «09. 18° D'autre baston faut batre la rosée. C'est une façon de parler qui semble prise ici au figuré, pour dire qu'il faut se consoler de ses malheurs par la vue de ceux d'aulrui. Quant la douleur est au cueur enchâssée, D'autre baatun faull batre la rouêée ; Pensant en ducil, la douleur amoindrist. Li CLhh el DépariH d'Ainour. p. 139. Ifl" Baston de broche signiDe une brochette de bois, dans ce passage : < Prent l'escu par la pointe, • et le lieve amont aussi légèrement que unj; baston « de broche. • (Perceforesl, Vol. II, fol. 65.) 20° Fête à baston. Feste annuelle à baston. Feste double à bâton. C'étoit une fête où l'on portoit des bâtons de confrérie. (Rabelais, T. 111, p. 25.) 21° Faire essuyer le baston. Façon de parler pour signifier exposer aux premiers coups. ■ Le < Roy Philippes devoit ainsi bazarder une bataille, • par ces guerriers mercenaires, et estrangers, car • c'est une vraye curée, puisqu'ils se sont mis à ce • mestier mercenaire, et voilà pou rquoy il les faut • les premiers perdre, et leur faire bien essuyer le • baston el comme il dit, réserver, et bien garder « ces vieux soldats Espagnols. • (Mém. de Brant. Cap.'fr. T. III, page 54.) 22° Savoir le tour du baston (4). C'étoit savoir bien s'escrimer de la lance, de l'épée, du bâton ou autre arme. (Voy. Perceforesl, Vol. I, fol. 55.) C'est de là que pareil venir notre expression, le tour du bâton; cette conjecture paioit plus vraisemblable que celle que Borel propose dans son Dicl. au mot Baston. 23* Le roy de baston. Cette expression d^ignoit un des quatre rois du jeu de cartes espagnoles ou suisses. (Voy. Des Accords, Bigarr. fol. 29.) 24* Le baston à ung bout. Expression obscène, dans Rabelais, T. III, p. 97. 25* Bâton joli. Même signification que le bâton de Jacob (5), des joueurs-de Gobelets. Jacob, en suatantacion Porloit, pour consolacion, La verge, et le bâton joli. EhH. DBuh. FMI. HSS. fol. S». 26° Souloir le cabas battre bâton. Nous disons* dans le sens de cette expression, ferrer la mule. BA ^ jm — BA À ceuls qui suyent ce fait, Ou bout de l'an y a grant somme. Eu&t. Deccb. Pors. MS8. fol. 518. VARIANTES : BASTON. La Jaille du Ch. de Bat. fol. 45. Bâton. Le Jouvenc. MS. p. 563. Batton. J. Marot, p. 90. Bastoncel, subst. masc Diminutif de bâton. — Bâton de commandement. — Baguette de tambour. Dans le premier sens, Froissart, parlant des jeux de son enfance, dit : Et s'ai souvent, d'un basloncel (1), Fait un chevaL Froissart, Pocs. MSS. p. 86. Bastonciau se trouve pour baguettes de tambour, dans Ph. Mouskes : Si ferioient sur leurs tabure, De bastonciaxis d'espine durs. Ph. Mouskes. MS. p. 169. Thésée fait une sortie contre les ennemis qui venoient l'assiéger. Theseus vint devers la porte : D*un bastencel qu'en sa main porte Départ la route, et ront la presse. Athis, MS. fol. 04. V* col. 9. VARIANTES * BASTONCEL. Froissart, Poës. MSS. p. 86. Bastencel. Âthis, MS. fol. 94. Bastonneau. Oudin et Cotgrave, Dict. Bastonceaulx. (plur.) Eust. Desch. Poës. MSS. foL 228. Bastonceaus. g. Guiart, MS. fol. 309. Bastoncïaus. Ph. Mouskes, MS. p. 161. Bastonnade^ stibst. fém. Défaite, échec. (Orth. subsistante.) Proprement, ce mot signifie un nom- bre de coups de bâton. « Le seigneur Jean mécon-. « tent d'avoir eu cette bastonnade se voulut « venger. » (Mém. Du Bell. Liv. II, fol. 67.) Bastonnée, subst. fém. Piston d'une pompe. (Dictionnaire d'Oudin.) Bastounement, subst. masc. Bastonnade. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) Bastonnier, subst. masc. Sergent. — Bedeau. — Gouverneur. Au premier sens , « le sergent bastonnier^ ou « porte verge étoit une espèce d'officier de justice, « peut être le même que sergent à verge. » (Voy. Bouteiller, Som. rurale, p. 891.) On trouve ce mot employé comme synonyme d'ft?/issi^r vendeur, dans le Nouv. Coût. gén. T. l, p. 1005. Le bastonnier especial étoit peut-être un sergent nommé d'office. « Pour ce que nos subgez sont une foys grevez par < les especiaus sergens que nous donnons aucunes « foys, ou nostre bailly, ez religieux , et ez autres « personnes, nous deffendons que nuls religieux, « ou séculiers, aient bastonniers especiaus pour « eulx garder, se n'estoit pour cause manifeste, « cognuë, et seue par le bailly. » (Etat des Offic. du D. de Bourg, p. 308.) Bâtonnier se trouve employé pour bedeau , dans Du Gange, Gloss. latin, au moi Batonarius. Bastonnier est le titre du gouverneur de l'ordre de S* Georges en Franche-Comté. (Voy. le P. Honoré de S** Marie, sur la Chevalerie, p. î20Ô.) Ces trois acceptions si différentes, ont au fond le même sens ; elles désignent le bâton qui servoit de marque distinctive au gouverneur, au sergent, au bedeau. variantes : BASTONNIER. Nout. Coût. gén. T. I, p. 584. Bâtonnier. Du Cange. Gloss. lattivà Batonariu*. Bastouer, subst. musc. Battoir. (Voy. l'Amant rendu Cordelier, p. 503.) Bat, su^bst. masc. L'action de battre du pied ou des ailes. « Par son hennissement, il faisoit retentir « tout le ciel^ et sous le bat de ses pieds la terre « trembloit. » (Merl. Cocaie, T. Il, p. 369.) Mille tritons, mille nayades belles, Qui souslcvoyent, sur le bai de leurs ailes, Geste déesse. Berger de Remy-Belleao. T. I, fol. iOI. V*. De là, on employoit bat pour désigner le àruit que font les chevaux en marchant : « Ouït le bat de » quelques chevaux qui le suivoienl: qu'est là? « dit-il ; holà demeurez un peu ; escoutez : j'oy le « bat de quelques chevaux. » (Merlin Cocaie, Tome II, page 196.) Batage, subst. masc. L'action de battre. Ce mot s'employoit en termes de guerre : « Chaslel si fort « qu'il n'y a bataige... de canons... qui puet y faire « mal. . (Ai. Chart. Hist. de Ch. VI et VII, p. 109.) On l'employoit aussi en parlant du blé. Bataçe de bled se trouve dans le Cart. de Chelles, p. 35. VARIANTES : BATAGE. Cnrt. de Chelles, p. 35. Bataige. Al Chart. Hist. de Ch. VI et VII, p. 199. Batail, subst. masc. Battant de cloche. (Ménage, au mot Batail, et le Gloss. latin de Du Cange, au mot Battalum.) Ce mol est pris dans un sens obs- cène, dans les Contes d'Eutrapel , p. 462. Eust. Deschamps, parlant des suites de la sédition de Montpellier, dit: Des portes ont les clefs en ses mains mis De la cloque qui flst la mocion Fut le bateantx destachiez. Eatt. Desch. Poës. MSS. M. 114, eol. 4. On lit batel dans la Chronique fr. ms. de Nangis, sous l'an 1379, et batan dans la Chron. de S' Denis, au même passage. variantes : batail. Nicot, Monet et Oudin. Dict. Batel. Chron. fir. MS. de Nangis, an 1379. Bateaulx. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 114, col. 4. Batiaus. Fabl. MSS. du B. n» 7218, fol. 311. Bataille, subst. fém. Combat. — Armée. — Centre de l'armée. — Corps de troupes. — Escadre. — Gage de bataille. — Terme de chasse. Ce mot subsiste au premier sens. Yoyez-en l'ori- gine dans Fauchet, p. 84. Il le dérive du mol latio (1) C'est, comme dit Horace : c Equitare in arundine longâ. » (n. s.) BA - 427 — BA Baluere (1), qui vouloit dire, ajoute-t-il, s'escrimer avec un bâton de bois. Voyez aussi Ménage, Rem. sur la Lang. fr. T. II , p. 398. Il paroit avoir élé employé dans celte acception, prise à la vérité moins génériquement, pour signifier un combat, une joule ù la lance, dans le passage suivant: « Quand le roy Modus ot veu les joustes , et la « bataille, il fu tout lié de la bonne avanture qui « estoit avenue à ses chevaliers, et fist amener les « trois chevaliers an roy des vices, en une cham- € bre. » (Modus et Racio, ms. fol. 258.) On disoit aussi bataille ^"^oxxv armée: « Se les • ennemis du dit royaume venoienl par iceluy, « pourquoy il nous fausist à grosse bataille^ aler « contre euls, en nostre propie personne, les capi- « taines des pays seront tenus de venir, à tout ce « que il pourront avoir de genz d'armes. »> (Ord. des Rois de Fr. T. Ill, p. 229.) Bataille signifioit quelquefois seulement le corps d'armée, le centre de Tarmée. Sainlré, après avoir parlé dans une ordonnance des batailles, de Tavant- garde, de Taile droite et de la gauche, dit que « la « bannière des empereurs..., avecques celles des • aullres ducs, princes, barons et nobles hommes • qui estoient à cheval de 23 à 30 mille combatans, « feroient la bataille et que le duc de Migraine, et « autres feroient l'arrière-garde. » (Petit Jean de Saintré, p. 487.) On nommoit, en général, bataille, tout corps de troupes, soit cavalerie, soit infanterie, dont le nom- bre etoit quelquefois limité, et d'autres fois ne rétoit point. « Ils sont trois batailles qui sontnom- « mées, selon l'usage de Romme , trois légions , o dont chacune légion tient six mille six cent a soixante chevaliers d'armes. » (Percef. Vol. IV, fol. 8.) «les Sarrazins avoient fait trois batailles, « c'est à scavoir, trois à cheval, et trois à pied. >• {Petit Jean de Saintré, p. 490.) On trouve ce mot employé comme synonyme d'échelles, dans la Chron.de S» Denis, T. II, fol. 40. A la vérité, il signifie un corps de troupes, mais eschielles en désigne un plus nombreux, et plus considérable, comme on va voir par le passage suivant: « Com- « manda Merlin chascun s'aprester à la bataille; « si oràonnereni \e\xrs eschielles y et en firent dix « batailles. » (Triomphe des IX Preux, p. 402.) Bataille est pris au figuré, en parlant des sur- veillans d'une dame, dans les Arr. d'Am. p. 384. Cinq sont en lor bataille Tuit ont lacies les ventailles Et armes ont de chevaliers Fors k'il i ot bien vu archiers. Nous venons de voir bataille employée pour signifier une division d'armée, un corps de troupes; de là, ce mot se disoit, en termes de marine, pour une division d'une flotte, d'une escadre. La flotte espandue s*aune : De leur III batailles font une. G.Guiart,HS.rol.3ii,V. Ce mot a été employé pour gage de bataille^ duel juridique en champ clos. (La Thaumassière, Coût. d'Orléans, p. 465, tit. de 1168.) Bataille vaincue^ pour le combat en champ clos, où l'un des deux combatlans a succombé. (Pérard, Ilist. de Bourg, p. 486, tit. de 1257.) Enfin on a dit, en termes de chasse : « Il verra « passer le cerf devant luy,et le fort huera et verra « quielx chiens viennent a la première bataille, ne « en la seconde, ne en la tierce, ou quarte. » (Chasse de Gast. Pheb. ms. p. 9.) Expressions remarquables : l'* Faire la bataille (Tescus au soleil. Nous trou- vons celle expression dans le passage suivant : « Les Suisses en 1512, estoient descendus à Milan, « deux ou trois fois, et pour ce qu'à chacun coup « le grand nombre des chevaliers françois leur « couppoit les vivres, s'en retournoient avec cin- « quante mil escus qu'on leur donnoit, et leur a faisait on la bataille d' escus au soleil (2), et en ap- « prirent la fasson de monsieur le grand maistre « Chaumont. » (Mém. de la Marck. Seig. de Fleu- ranges, ms. p. 141.) 2" Mis en bataille^ rangés, signifie peut-être mis en réserve. Cette expression paroit un sens figuré, dans le passage suivant. Après y avoir parlé de plusieurs amendes dont les sommes sont exprimées par besans, sorte de monnoie, on lit : « Tous les « besans que l'on recevrai de ceaux qui seront « encheus, as peines devant devisées, doivent estre « mis en bataille. » (Assis, de Jérus. p. 213.) 3' Bataille campale, champaU campeuSj campée ou publique. C'esl-à-dire bataille rangée, bataille générale. (Du Cange, Gioss. lat. au mot Bellum campale,) 4" Bataille nommée. C'étoit une bataille fixée à un certain jour par les chefs des deux armées. (Ord. des R. de Fr. T. V, p. 713.) 5** Bataille roïal. Celle où le Roi assiste en personne. 6" Bataille ou gage de bataille, se disoit pour duel. (Voy. le Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis.) On lit, Batalias omnes quas grammatici duella vacant, dans la Thaumass. (Coût, de Berry, p. 701.) On se servoit de l'expression bataille m/ncwe?, quand l'un des deux champions avoit succombé. (Voy. le Gloss. lat. de Du Cange, au mot Duellum victum.) V Loi de bataille. C'étoit la loi qui concernoit les duels. (Voy. le Gloss. lat. de Du Cange, au mot Lex patriœ.) 8° De bataille et d'estoc. Nous disons encore de taille et d*esloc. « Tant ferirent sur iceulx Engloiz, « de bataille et d'estoc que tous fussent mors, ou (1) Battre vient de hatuere, mais bataille vient du dérivé baltalia. On Ut en effet, dans Adamantins martyr: « Batualia qusB vu]go battalia dicitur. » (N. E.) — (2) Lt'S écus d'or au soleil^ ou écu3 sof^ furent ainsi nommés du soleil gravé au-dessus de la couronne qui timbre Técusson : celte monnaie fut mise en cours sous Louis XI et put donc payer des Suisses au temps de François I*^ Quant à l'expression ménaef elle rappelle ie mot d'autres marceuaires qui, dans ces mêmes guerres d'ItaUe, demandaient « argent, congé ou bataUlQ. » (N. e.) BA < prina. > (Histoire de B. Du Guescl. par Héoard, page 422.) Bataille est peut-être une] faute pour baille , guérite, dans le passage suivant, où il s'agit de gens Souvent lor traient des quarresx Des bafailUi et des creneax. BUiKluiid.ll3. Si le dit champ de batailles est fait de • hommes légitimes, les bataillons vaincus paye- • ront cent deux sols. > (LaThaum. Coût, de Berri, p. 4'%.) Il faut peul-élre lire les balaillans. Enfin ce mot a été mis pour adversaire: ■ Puis « reboulèrent leurs espées; alors dist Passelion à ■ son batailleur : sin chevalier, je vous prie que « devers moy ne teniez rancune. » (Percer, vol. V, fol. 63.) VARIANTES : BATAILLERE. Ane. Coul. de Norm. fol. 53. BATAiLLKTtBs. Corne U le, Diol. Bataillieres. Borel et Corneille, Dict. Bateilleiieux. Gloss. du P. Labbe, p. 491. Bateilleux. Du Cange, Gloss. lat. à Einiitariua. Bataillecjh. J. Marot, p. 133. Bâtai LLERBSSB. (fém.) Al. Chart. Batalllereusement, adv. En bien combattant. (Dict. de Borel.) Batalllir, verbe. Batailler, combattre. J'ay veu Roy d'Angleterre Utig grenl trésor cœillir, Pour la Iraugoiae terre Conquerre, et balaillir, MoliaM, p. 178, Batailloles, subtt. fém. plur. .... SitoBt qu'il les veid, il range flanc à Qan Galères en bataille, et eoldats ranc a ran<: ; Fait dresser les parois, contre les baiaiHoia Fait — ' ^'-" ■ ■■—■—"-- Bataillon, subst. masc. Ce mol, qui subsiste, n'a conservé qu'une partie de son ancienne accep- tion. Autrefois, il s'employoit pour signilïer un corps de troupes, soit d'infanterie, soit de cavalerie. (Voy.Mém. Du Bell. Liv. X, fol. 314.) Brantôme s'est servi de ce mot en parlant d'un corps de dix mille Allemans. (Cap. Fr. T. III, p. 34.) 11 censure ceux qui usent de mots impropres, et qui • pour dire un • bataillon de gens de pied, disent un escadron de ■ gens de pied. • (Ibid. T. IV, p. 227.) Pasquierse plaint de ce qu'on substituoit des mots nouveaux aux anciens comme celui d'escadron, au lieu de bataillon qu'on avoit dit autrefois. < Si en useray- • je, ajoute-t-il, puisque l'usage commun là gagne, ■ contre lequel je ne seray jamais d'avis que l'on . se heurte. ■ (Lell. de Pasq. T. I, p. 105.) Batailloz, subst. Nom propre de ville ou de province. Et puis Baignes qui moult est belle, Et Serres ou l'on Tait la soie Dont l'en se vpat bien, et coaroie. Et Batailloz la gront, la riche. Pirlon do Bloii, 113. da S. Gwmda. Bataiogie,ju6if. fém. Discours efféminé. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) Nous disons battoUogie [i] dans un sens fort différent, pour discours vide de sens, aflluence de paroles inutiles. Je soupçonne fort Oudin de s'être mépris. Bâtant, subst. nuac. Jambage, pied droit de porte. (Dict. de Mcot et de Honet!) Batardicrc, suhst. fém. C'éloit le nom qu'on donnoit à un terrain destiné à planter de jeunes arbres sauvages, et des ceps de vigne. (Diction, de Monet.) Batbcure, suiist. masc. Instrument à battre le beurre. (Dict. de Nicot et de Cotgrave.) VARIANTES : BATGEURE. Nicol, Dict. Babeurre. Cotgrave, Dict. Bâte, subst. fém. Chaton de bague. (Monet, Dict.) Voyez Baste, pris dans le même sens. Bateaux, subst. masc. plur. C'est une sorte d'instrument dont les bateleurs se servent lorsqu'ils amusent le peuple. Nous lisons dans des Lettres de lienry, roi de France et d'Angleterre, datées du 31 aoùti423, adressées au bailli de Sentis • qu'un • joueur de bateaux élant entré audit Compiegne, « pour jouer son dist mestier, et gangner la vie de ■ tuy, et de son mesnage, auquel basteleur un ■ nommé Aubelet Baudon aostre sergent en la ■ ville de Compiegne defl'endi qu'il ne jouast des (1) fiottos, roi de Cyrène, était bëguo et répétait lot^ours les n is paroles. (N.i.} BA -429 — BA « dits bateaux, etc. » (Très, des Chart. Reg. 172, pièce 620.) De là, ces expressions : !• Jeu de basteaux. Jeux de gobelets (1). Dans des Lettres de Charles VI, du mois de septembre 1413, adre^es au bailli de Tournay et de Tournesis, on lit : • Qu'environ le mois d'aoust 1412, par un jour « de feste plusieurs gens s*étoient assemblez en une « place.... à un jeu de basteaux, » (Très, des Chart. Reg. 167, pièce 171.) 2* Joueur de bateaux. « Bateleur jouoyt devant « les fols, metloit plain sa bouche d*aguilles, et « faisoit semblant de les menger, ce que les fols « croyent véritablement, et par cestuy seul enchan- « leur, joueur de bateaux, ou autrement sont invi- « tez tous autres qui se meslent de telles folies. » (Nef des Fols, fol. 99.) Ce passage confirme notre conjecture au mot basteleur. 3* Jouer de bateaulx, pour jouer des gobelets. Ceux qui sont auprès des royaulx Quant vient qu'on joue de bateaux, Ou qu'on fait quelque esbat ou jeu, Ilz n'en verront rien. Gontred. de Son^reux, fol. 166, V*. 4* Perdre ses bateaulx, C'étoit une expression figurée qui signifie perdre ses pas ou sa peine. Eust. Deschamps, demandant au Roi une augmen- tation de pension, finit sa requête par ces deux vers : VueiUez, ou il pert ses bateaulx, Sur ces poins estendro vo grâce. Eust. Dtfsch. Pues. IISS. fol. 386. 5" Quitter lebatteaux, signifioit flgurément aban- donner une chose, y renoncer, y mettre fin. On disoit, en parlant de Tamour : Puis, quand vient sur Taage ancienne C'est bien raison qu'on se contienne, Et qu'on en quitte ses batteaux. Le Blason des Fui. Amours, p. 229. VARIANTES .* BATEAUX. Très. des.Chart. Reg. 172, pièce 620. Basteaux. Ibid. Reg. 167, pièce 171. Bateillesches, adj. au fém. plur. Cet adjectif se trouve toujours réuni avec le mot villes. Il désigne que ces villes n*avoient point droit de com- mune, et qu'il n'y avoit ni maire, ni échevin. (Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis, au mot Baeleresches. — Voy. la note B, au T. 1, des Ord. des R. de Fr. page 788.) «Entendons nous par villes Bateiches (2), « hors de communes, car les villes de communes « ont leurs maires et leurs jurez. » (Beaum. p. 115.) VARIANTES : BATEILLESCHES. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 788, note 6. Bateleresches. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 788, note b. Batleresches. Gloss. sur les Coût, de Beauv. Bateiches. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 788, note b, Bateices. Ibid. Batigues. Gloss. sur les Coût, de Beauv. Baptices. Du Cange, Gloss. lat. à Villa legxs, Bastices. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 227. Bateis, subst, masc. plur. Enclos, territoire» - Oter du dit ressort et bateys de... » (Ord. des R. de Fr. T. III, p. 250.) VARIANTES I BATEIS, Bateys. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 250. BateiZy partie. Qui bat, qui est agité. « Cœur « batei7>. » Cœur agité. (Parton. de Blois, us. de S* Germ. fol. 155.) Batelage, subst, masc. Droit de batelier. Soit pour passage ou transport de marcbandises. (Oudin, Dictionnaire.) Bateléc, adj, au fém. On disoît rhétorique ou poésie batelée. C*étoit la même chose que balade bàtelée. (Voy. le mot Balade.) Bateliers (francs), subst, masc. plur. Espèce de jurés qui avoient la connoissance et la justice du commerce par eau. (Nouv. Coût. Gén. T. I, page 1108.) Batelilis, subst. masc. Bateliers. Il y a lieu de croire que ce mot est une faute. On le trouve dans les Ord. des Rois de France, T. lll, p. 576. L'éditeur cite en marge un autre registre où on lit Batelierz au lieu de Batelilis. Batemaere, subst. fém. Bergeronnette. Sorte d'oiseau. (Dict. de Nicot, Monet, Cotgraveet Oudin.) On dit encore batemare en Normandie. VARIANTES : BATEMARE, Battemare. Batequeue, subst, fém. Hochequeue. Sorte d*oiseau. (Dict. de Monet, au mot Batemare.) VARIANTES l BATEQUEUE. Monet, Dict. Battequeue. Cotgrave, Dict. Baterie, subst, fém. Brèche. Il semble que ce soit le sens de ce mot, en ce passage: « Au siège « de Peronne, en 1536, se trouve avoir fait quatre « batteries, à sçavoir deux avec rartillerie, et deux « avec les mines. » (Mém. du Bell. T. VI, p. 325.) On appeloit p/ec'^s de batterie, les canons à battre en brèche. ^ Y avoit trente-six pièces d'artillerie, « pièces de batterie, et huit cents arquebutes à « croq. » (Mém. de Rob. de la Marck. S»' de Fleur. Ms. p. 420.) ' Les pièces de batterie désignoient aussi les pièces de campagne, suivant ce passage où l'on dit, en parlant d'Olivier de Daim: « Ses armes se voyent a encore maintenant audit fort de Meulant, sur la « porte du corps de garde, et sur deux petites « pièces de campagne, ou de baterie. • (Mem. de Comines, Preuv. et Observ. p. 253.) VARIANTES : BATERIE. Mém. de Comines, Preuv. et Observ. p. 253. Batterie. Mém. de R. de la Marck. MS. p. 420. (i) Voir plus haut, sous bastel. Le mot apparaît dés 1392 : < Ledit Mery dist à icellui Regnaut, Tu fais les basteaulx, me ouiaes tu espoventer ? » (Tr. des C^i., JJ. 143, p. 278.) (N. e.) - (2) On trouve dans Froîssart batice, en latin baiicium : t Et trouvères en Normendie grosses villes et batices, qui point ne sont fermées. » (Ed. Kervyn, IV, 38t.) Ces viUes étaient placées sous Tautorité d'un seigneur. Le mot, d'après Du Cange, signifie juridiction ; faut -il remonter jusqu'à &a9^tr f (N. B.) BA — 430 - BA Baterie, subst. fém. Nom de pays. Peut-être Bactriane. Un ancien poète, parlant des arts libé- raux, dit: a Lesquels arts trouva au tiers aige du « monde et au temps d'Abraham, maistres qui « regnoit en Baterie, » (Eust. Desch. Poës. mss. fol. 394.) Batestaly subst. masc. Bruit, train, tapage. — La mêlée, le fort du combat. Les deux passages suivans doivent être expli- qués, pour la mêlée, le fort du combat, où se faisoient le plus grand abatis, Tenclume où Ton battoit le fer, la forge où Ton forgeoit Thonneur avec le fer, comme on disoit : Puis est venu au batestal Oi^ se combattent U vassal Et les II os ont assamblées D'ambe m pars entaientèes De lor ennor a porchacier. Athis. MS.fol. 87. Vool. 1. Il sont moult près de grant dchait : De gent à pié et à cheval Voient moult grant le batestal - S'il ont paour, ne m'en merveil. Athis. MS. fol. 80, V col. 2. Partonopex met les Norois en déroute dans les vers suivans : Des qans el val Ne fine de son batestal. Parton. de Blois. MS. de S. G«rm. fol. 132, V* col. 1. A. cop férir, Me trouvcroit ou vassal, Et faisant grant hastetal k celi qui maineroit Tel vie, et me despiroit. Poes. MSS. du Vatietn. n* 1490, fol. 174. Vv Bans le passage suivant, il s*agit d*une fée irritée contre Partonopex. La sœur de la fée demande grâce pour lui inutilement; elle répond: S*un poi eussiés de ma cure, Moult perdriez l'envoisure ; N'en tenriez tel batestal : Soef conforte qui n'a mal. Parton. de Dloii, MS. de S. Germ. fol. US, V* col. 3. VARIANTES : BATESTAL. Parton. de Blois, MS. de S» Germ. fol. 132. Bastetal. Poës. MSS. n» 1490, fol. 171, V». Batista at Batestal. Athis, MS. fol. 47, V» col. 1. Bathié, subst. fém. Demoiselle. Instrument de paveur. Batiëre (Sale ou Siele.) Ces mots semblent signifier escabeau, ou sautoir pour monter à cheval. Par une sele batiere sali sour Walopin. Poés. MSS. avant 1300, T. IV. p. 1367. Une siele batiere flst Marquesai porter ; Il saut sur Baielart. Ibid. p. 1365. Batiffol (moulin), adj. Moulin à papier (1). (Voy. Du Gange, Gloss. lat. au mot Maliens.) Batifolage (2), subst. masc. Niaiserie, occupa^ tion ridicule. (Voy. Le Duchal, sur Rabelais, T. II, p. 73, note 85.) Batoil (3), subst. masc. Le son des trompes ou cliiies; en latin taratantara. (Gloss. du P. Labbe, p. 128.) Bâtonnet, subst. masc. Ganne. Petite baguette. Il vint droit à la halte d*Ypre : Un bâtonnet tint en sa main Et de sa mie li souvint. Fabl. MSS. du R. n- 7615. T. II. fol. 134. R* col. t. Battable, adj. Qui peut être battu. On a dit en ce sens: ville mal batable'd^ Engins. G*est-à-dire qu'on peut battre difficilement avec Tartillerie. (Monslrelet, Vol. III, fol. 52.) VARIANTES : BATTABLE. Sagesse de Charron, p. 574. Batable. Hist. de la Popelinière, T. 1, Liv. II, fol. 42, V; Battant, adu. En bâte, tout courant. — Tout récemment. L'usage de ce mot a été fréquent dans le premier sens. On disoit: « Il envoya un homme battant « devers Monseigneur. » (Hist. d*Artus III, Gonnest. de Fr. Duc de Bret. p. 766.) Borel l'explique par: à gra7idecourse,(y oy.sonhici.SLix moi Bâtant. )(yesiie là qu'est venue cette façon de parler encore usitée, mener bâtant (4). Le P. Martène, dans son Gloss. écrit Batan, et Texplique par grand courrier, mais c'est sans fondement. Dans le second sens, ce mot paroil signifier • tout récemment, » dans le passage suivant: « D'Italie « arriva hier au soir, mon beau fils qu'en vient « battant. » (Lett. de Louis XII, T. IV, p. 85.) C'est en ce sens que le peuple dit: « Un habit tout « battant neuf. » Gomme qui diroit arrivé tout nouvellement. Voy. embattre pour arriver, et tout claquayit neuf, expression populaire, comme pour « arrivant et faisant encore claquer son fouet. » VARIANTES : BVTTANT. Lett. de Louis XII, T. IV. p. 85. BATANT. G. Guiart, MS. fol. 128, R*. Batan. Gloss. de Martène, T. V. Batte, subst. fém. Filières pour placer le bois des fenêtres. G'est ainsi que le mot batte est expliqué dans le Nouv. Goût. Gén. T. II, p. i090 el passim. G'est aussi l'explication du mol bedde. (Ibid. p. 9i9), et du mot battement. (Ibid. p. 408.) Il paroit donc que ces mots viennent de battre. parce que c'étoit dans cesfilièresque seposoientles battans des fenêtres, le bois qui bat ou porte contre le mur ; nous disons encore battant en ce sens. Nous croyons donc qu'il ne faut pas confon- dre le mot batte, et ses orthographes, avec les orthographes du mot baée, qui désignent l'ouverture. (i) Dans les textes d'origine italienne, batifollum, bacifollum paraît désigner un bastion, une machine de guerre, un beffroi, (n. e.) - (2) Battifoller et battifolage sont venus dltalie au xvi« siècle ; c'était, au-delà des monts, des combats simulés au pied des remparts, (n. e.) — (3) Nous avons la forme hâtait ^ battant de cloche, au propre et en terme de blason. Rabelais écrit : « Le batail esioit d'une queue de renard. » (Edition de 1711, IV, 27.) Le P. Labbe a ici pensé fort mal à Sropos au vers d'Ënnius: c At tuba terribilis sonitum taratantara dixit. » Batoil n*est pas une onomatopée, mais nn dérivé e Battre, (n. e.) "- (4) La locution mener battant est abrégée de mener en battant, en pressant l'ennemi; de là au sens de récemment, de nouveUement, la dérivation est facile, (n. e.) BA - i 4a fenêtre même. Ce qui a donné lieu à celte con- fusion, dans latjuelle est tombé l'éditeur du T. III' des Ordonn. des R. de Fr., c'est que le moUjoce, fenêtres, et le mol batte ou battement, ont servi également de nom aux marques qui servent à prouver que le côté du mur où elles sont appartient a celui qui les a fait faire. (Voy. te Nuuv. Coût. Gén. aux lieux cilés.) VARIANTES : . BATTE. Nouv. Coul, Gén. T. 11, p. 1090. Batb. Ord. des R. de Fr. T. III, p. S66. Baide. Coût, de liaynaut, Nouv. Coût. Gén. T. Il, p. Ii5. BSDDE. Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 94B. Battement, subsi. masc. Nouv. Coût. Gén. T. II, p. i091. Battecul, subst. masc. Partiede l'armure, celle qui couvre les fesses. [Dict. de Cotgrave.) • Tout • plal s'en alla parterre, en manière que au ctieoir, « les pièces de son battecul lui renversèrent' sur ■ le dos, tellement qu'il eullcderrière tout descou- • vert. ■ (Jean d'Auton, Ann. de Louis XII, de 1506, page 274.) BaUeIessiIve(l),8Mbsï. /'cm. Lavandière. Sorte d'oiseau, celui que • les Lalins nomment motacilla ■ les François hochequeue, lavandière et batte- ■ lessive, laquelle faisoit alToler d'amour. • (Malad. d'Amour, p. 2-24,) variantes : BATTELESIFVE. ColBrave. Battelkssive. Malad. d'Ani. p. 234. Battement, subst. masc. Coup, blessure. > S'il • y a aucuns qui se combattent, ou se font sang, « ou autres injures, ou ballemens. ■ (Ord. des R. deFr. T. III, p. 312.) Batterie, sitbst. fém. Action de battre. Oudin explique ce mot par dispute, noise. On lit dans les Tenur deLillI. fol. 98: . Pour don bt àebattery, • c'est-& dire pour crainte d'être battu, et p. 199: ■ Pour doubl, ou ptvoràe batterie, ' c'esi-h-dire pour peur d'être battu. On disoil : batterie de tambours, pour l'action de battre le lambo'ir. (Oudin, Dict. et Brantâme, Capitaine Estr. T. II, p. 169.) VARIANTES : BATTEniE. Oudin, Dict. BATBniE. Liai. Ten. fol. 99, V*. Battbry. Ibid. fol. 96, V». Batteur (21, subst. masc. Terme d'art. On disoit batteur d'archal, batevr d'or à filer, (Testain d^or en feuilles C'étoil le nom des ouvriers en ces divers genres d'ouvrages, {Voy. la table des Métiers de Paris, us. de Meinière, p. 10 et 12.^ VARIANTES : BATTEUR. TabI, des Mestiers de Paria, MS, p. 12. Bateuh. Ibid. p. lu. Battre, verbe. Battre, frapper. Ce mot subsiste et a conserve presque toutes ses acceptions ancien- nes, il faut cependant remarquer diverses expres- (l> Elira ont l'air, en elTel.cD battant dp leur queue, de battre le linfie. (N. x.) — (% ■ QuicoiunieB veut estre ffalp^ d'archal à Paris, e^tre le puet, mes qu'il esche le meslier. > fLtv. dei HiU.. G6.) (m. b.) — (3) Des que, aussitAt que.'— <4) On dit aussi IxiUre le ebten devunt le loup, de gens qui, étant d accord, se disputent ponr bire croire qu'ils ne s'entendeM pas et attraper leur dupe. (Voy. le Peler. d'Amour, T. 1, p. 96.) 3° Se battre les joues, pour être contegl, satisfait ou se moquer, tirer avantage. • Parce qu'ils font • pi'olit, au grand dommage du peuple, tie la levée ■ des deniers qu'ils font sur luy, pour ce qu'ils ■ s'en battent les joues à leur bon plaisir, ne dési- • rant aucunement que ces troubles cessent. • (Mém.de Nevers, T. II, p. 136.) Oudin, dans son Dictionnaire, donne à cette expression un sens tout conti'aire : il l'explique par se repentir. 4- Batreses paumes, pour frapper des maias l'une sur l'autre. Nous trouvons cette expression dans ces vers : en l'huis 5° Battre bief en la grange ou en autrvy gratige, pour avoir un commerce illicite avec une femme ou lllle. (Voy. les Poës. «ss. d'Eustache Deschamps, folios 423 et 495.) 6' Batre bone moisson, pour façon de parler figurée. Ëtnsi menrez vos bone vie ; Cor mauves vilain ne doit mie Por li bafi-f. bone ijioisïoii. Filil. usa. du R, n- IGIÏ, T, U, Coi. 185, R* col. 1. 7° Battre sa coulpe, pour se frapper sur la poi- trine en signe de repentir de sa faute. (Voy. la Chron. de S' Bénis. T. I, fol. 175.) 8' Battre de l'esle, c'est-à-dire voler. li baiiei't tellement de ï'eale Tant l'ont viste, «te. Gko de 11 iliiDc. iet DMaiU. MS. fol. IS, R*. En termes de fauconnerie, battre, sans être joint à aucun autre mot, signifioit voler: • Se l'esperviei; • veoit devant il plumcroit aval le poing, quant il « batroit, et s'il veoit, derrière , il batroit contre " mont, et prendroit bons esbas. > (Modus et Racip, MS. folio 136.) 9° Battre son cul au chant, pour perdre son tems et sa peine. (Voy. les Poës. hss. d'Eustacbe Deschamps, fol. 23.) 10* Battre le chien devant le lion (4), pour faire peur aux grands en chÂtiant les petits. (Oudin, Cur. fr.) ï- BA cise. Voici le passage où nous le trouvons : - Leur < InLenlion esLoit de suyvre nos galieres, eo tant • qu'ils le pourroient faire, sans rien bazarder, < esperans nous atUrersurlesbansetAalfUMfl). ■ (Mém. Du Bellay, Liv. X, fol: a40.) Batture {1),subst. fém.L'aclioù de battre, donner des coups. — Giéle. — Corvée. — Ornemenl. — Air de symphonie. Sur le premier sens de battre, donner des coups, voyez les Dict. d'Oudin et de Cotgrave, au mot Batture. ■ Son compagnon battu de telle bat- • ture. • (Perceforest, Vol. V, fol. 87.) - La dame « estoit toute couverte de sang des battures qu'ils • luy Jivoient faites. " (fier, de Nevers, part. p. 37.) Juvcn. des Ursius, parlant de l'assassin-it commis par ordre de Craon , en 1392, contre Olivier de Clisson, dit qu'il ne mourut pas de la dite batture. (Histoire de Charles VI , p. 89.) Ou disoit en ce sens, batture de bombarde, pour l'action de bal'fe une place à coups de canon. (Hémoires d'Olivier de la Marche, p. 72.) C'est par une extension de ce genre que l'on a nommé bature les grêles qui gâtent les vignes. ■ La buhade [3]... est due au plus prochain vinoble, • si en iceluy n'y a batture ou gelée. > (Coutumes générales, T. 11, p. 460-i Ce mot s'est employé pour corvée, dans le pas- sage suivant: • Les cbrestîens, qui dedens la cité • demeuroient, estoient à trop grandes misères de • bastures, et autres œuvres servilles pour aider à ■ ceulx qui la cité avoient à delTeodre. » (Triomphe des IX Preux, p. 484.) Nous ne trouvons point dansla seconde acception, que nous venons d'exposer, l'orthographe bateure. Elle est employée, aussi bien quefraffureet bature, pour désigner une espèce d'ornement de métal od de peinture qui se mettoit sur les étoffes, tes habits ou les meubles, et qui y étoient appliqués ; on les trouve quelquefois opposés aux ouvrages en cou- ture que l'on cousoiL sur les étoffes ou sur les habits, et aux ouvrages en brodure ou broderie. Voyez Godefr. llist. de Charles VI, p. 735, où l'on a dit, en parlant de l'équipage des chevaux et des hommes qui dévoient accompagner les obsèques du connétable Louis de Sancerre: ■ Les selles des > deux dits chevaux, l'une sera pour la guerre, € armoyée de couslure, et l'autre pour le Tournoy ■ armoyëe ife bateure ; et porteront les deux dils • gentils hommes, chacun une bannière ; c'est ■ assavoir, celui à la selle deguerre, la bannière de « guerre de cousture, et celuy k la selle de Tournoy, ■ la bannière de Tournoy de bateure, et seront les ■ dites bannières, c'est assavoir celle de la guerre, ■ de cousture, et celle de Touraoy, de bateure. > Oq lit : Batture de soye et de feuille , c'est-à-dire (t) Il r & là deux termes de rauine qui ont été confondus : t° battue du poisson , creux qu'il fait d&ns U boue où il •'enfonce l'hiver ; 2° batture, fond mêlé de sables ou de roches qui s'élève vers la surface de l'eau. C'est le mot qu^îl bnt lire A l'exemple cité, et c'est ainsi qu'U a été imprimé A la page 598 de l'édition de 1569. La Cume emploie l'édition do 15B2. (N. ■.) — (î) Batture se trouve au sens propre dés le xiii* siècle ; « Ko li mal ke il soffrent ne soient jnie pie bateurt <|e chaetiemeat, mais durs flaeai do droite veniance. • (Job, v. 471, dans les Quatre Livret des Foi», p. p. Leroux de Lincf, ««.) (N. ï.) - (3) Corïèe de bœufS. ^ "^ . BA -* if Ba/freô /a cftflir. On disoit, en parlant du faucon, lorsqu'on loi présente l'appât: • Se ton • oiseau se trouve seur, et qu'il mange, et batte a • la chair, • pour donne sur la viande. (Budé, des Oiseaux, fol. 123.) lî- Vestement battus en or, vêtemens sur les- quels il y avoit de l'or appliqué ou imprimé. (Per- ceforesl, Vol. IV, fol. 59.) On disoit de même : « Tunique basfMe rfe fleur de li%, • c'est-à-dire parsemée de fleur de lis. (Voy. les Vigiles de Char- les VII, T. I, p. 170.) ■ Treize bannières batues des « armes du roy. » (Voy. un inventaire â'armeures, cité par Du Gange, Gloss. latin, au mot Armatura.) 13* Les battus paijoient l'amende. Façon de par- ler proverbiale encore en usage aujourd'hui. Elle vient d'une ancienne coutume, qui punissoit ceux qui se battoienl en duel et qui étoient vaincus. On leur coupoit le poing, et quelquefois on les pen- doil. (Voy. Du Cange, Glossaire latin, au mot Cam- pionis in duellê. — Voy. Oudin, Gur. fr. — Savaron, contre les Duels, p. 41 et 59.) Le battu bien souvent, ainsi paye l'amande. Ce proverbe se trouve dans les Poésies de Le Vasseur. Ce poète l'applique à Jésus-Christ, inno- cent et souffrant pour les coupables. (Voy. Goujet, Bibl. fr. T. XV, p. 315.) 14° Battus bleux est une expression burlesque. (Voy. Du Tilliot, Hist. de la Fête des Fous, p. 120.) CONJUG. Batut, au prétérit. Battit. (Fabl.Mss.duR.n- 7615, T. U, foL139, R-coLl.) Buttera [ferra ou), au futur prés, pour frappera ou battra, espèce de tautologie. (La Thaumassiere, Coutumes d'Orléans, p. 464.) VA[UA»TES : BATTRE. Orth. subsist. Batrb. NuiU de Strap. T. I, p. 387. Bastre. Eust. Deech. Poës. HSS, fol. 298. - Faifeu, p. 47. Baptre. Lett. de Louis XII, T. Il, p. K7. Bactre. Wodus et Racio, fol. 51, ¥'. Battu, partie. Abattu. ■ Fut la ville bien batue ■ d'artillerie; il y avoildesboulevarls, et moineaux ■ qui furent batus auparavant que on peust assaiU * lir. > (Histoire d'Art. 111, CoRoest. de France, an 1437, page 771.) Battue, subst. fém. Sorte de pêche. — Terme de marine. Sur le premier sens, voy. le Gloss. latin de Du Cange, au root Baêtuda. Ce mot signifle une espèce de pêche que l'on faisoit par le moyen d'une bat- tue ou en battant l'eau pour rassembler le poisson. On fait aussi des battues dans certaines chasses ; et ce mot subsiste en ce sens. Ce mot a été employé comme terme de marine. Nous n'en déterminerons point la signification pré- BA — 433 — BA ornemens en soie et en feuilles d*or battus. (Poës. Mss. d'Eust. Desch. fol. 504.) Enfin, batiure se disoit d'un air de symphonie sonné par une trompette : « Ils jouèrent de leurs « trompettes une batture. » (Math, de Coucy, Hist. de Charles VII, p. 669. — Voy. les Mémoires d'Oli- vier de la Marche, p. 551.] VARIANTES * BATTURE. Oudin, Dict. - Vmon,'Poë8. p. 100. Bature. Vigiles de Charles VII, T. II, part. p. 187. Basture. Beaumanoir, p. 149. Batbure. Godefr. Hist. de Charles VI, p. 735. BATrruRE. Cotgrave, Dict. Batturier, subst. masc. Cap dans le Canada. Les François, lorsqu'ils le découvrirent, en 1607, le nommèrent Batturier, à cause du danger qu'ils coururent d'y faire naufrage. (Rigault, à la suite du P. de Thou, T. V, p. 14.) Battus (1), subst. masc. plur. Confrérie de flagel- lans. (Dict. d'Oudin et de Nicot.) VARIANTES : BATTUS, Batus. Baubansy adj, ou part, au plur. Aboyans. On disoit c/iiens Sautons. (Alector, Rom. fol. 111.) On trouve chiens bayens, dans l'Hist. des Trois Maries, en vers, mss. p. 449. VARIANTES : BâUBANS. Alector, Rom. fol. 111. Batens. Hist. des Trois Maries, en vers, MSS. p. 449. Baubau, subst. masc. Aboyement. Mot formé par onomatopée. Il exprime le bruit que fait le chien en aboyant. « Le mastin du logis commence à « abbayer, et avec son baubau appelle son mais- • tre. » (Merl. Cocaie, T. I, p. 38.) Baube, subst. masc. et adj. Bègue. (Dict. de BoreU au mot Baube). Ph. Mouskes, parlant de Gharles-le-Chauve, dit : D'une feme, ki fu gentius Avoit uns fUs ki fu soutins : Loeys li baubes ot non, Et saciés k'il ot cest sornon Pour cou k*U estoit haubeterre (2) Bfais il n'iert fos, ne abetere. Ph. MottfekM. MS. p. 328. On Ut, en parlant du même prince, Louis le Barbe (3). (Chron. de S» Denis, T. I, fol. 195.) C'est sans doute une faute pour baube. Remarquons cette expression : Droit parlant et baube, c'est-à-dire tous. eu d'annes droit parlant et baube, Lendemain bien matin à Taube, Partent les veluz et les cheus. G. Guiari. IIS. fol. t94. V. VARIANTES * BAUBE. Ph. Mouskes, MS. p. 328.* Balbe. J. Le Maire, Sch. et Conc. p. 33. Baulbe. La Salade, fol. 51, V» col. 1. Barbe (lisez Baube.) Chron. de S* Denis, T. I, p. 1^. Bambe (lisez Baube.) Lignages de Gamer, p. 224. Baubeterre. Ph. Mouskes, MS. p. 328. Beille. Dict. de Borel. Buous. Dict. d*Oudin. Bleys. Fav. Théâtre d'Honneur, T. IL Bley. Mot languedocien. Baubillonner (4), verbe. Radoter. C'est un mot breton. Bauboier, verbe. Balbutier. « La baste de par- « 1er luy entrerompoil la voix, et faisoit sa langue « bauboyer. » (Al. Chartier, de TEspérance, p. 266.) VARIANTES : BAUBOIER. Parton. de Blois, MS. de S> Germ. foL 150. Bauboyer. Al. Chartier, l'Espérance, p. 277. Beiller. Borel, Dict. Bauc, subst. masc. Sorte de tablette semblable à celles dont nous nous servons pour exposer des fromages à l'air. Le banc et le foier^ Et la table à mangier Si li covient en haut Le chassier su le bauc A fromages garder. Fabl. MSS. du R. n* 7615, T. II, fol. 219, V eol. 2. Baiicades(5), subst. masc. plur. Nom de faction. « C'étoit une sorte de mutins gaulois qui s'éloient « élevés du temps de Diocletian. » (Dict. de Borel.) Baucens, adj. Pie. Bai-pie. Couleurdu poil d'un cheval. (Dict. de Borel, au molBaucens, et leGloss. latin de Du Cange, au mot Saurus.) Ghevauls ont gaaingné blans, et baucens et sors. Rom. de Rou, MS. p. i03. Les costes à baucans, et fauve le crespon. Notice du Rom. d*Alex. fol. 4. A tant brocent bruns, et bauçans. Ph. MouBkei, MS. p. 187. NuUe saiete qui descoche Ne vait plus que li destriers, Uns bruns baucans, qui estoit fiers. Athis.MS. fol.73, V*col.2. On nommoit beauséant (6) le drapeau des Tem- pliers, qui étoit noir et blanc, selon Guill. de Tyr, cité par Favin, Théât. d'honn. T. II, p. 1617. VARIANTES : BAUCENS. Rom. de Rou, MS. p. 103. Beaucens. Du Canae, Glossaire latin, T. I, p. 1077. Bauçans. Not. du Rom. d'Alex, fol. 4. Bauçant. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 249, V» coU 2. Baugein. Athis, MS. fol 104. Baucent. Fabl. MSS. de S» Germ. fol. 64, V«. Bauchant. Parton. de Blois^ MS. de S» Germ. fol. 170, Bausan. Du Gange, Glossaire latin, au mot Baticeti*. (1) C'était leur surnom sous Henri III ; on les nommait encore blancs battus, parce que ce roi établit , en 1583, trois confréries distinguées nar trois couleurs différentes, le blanc, le bleu, le noir. (n. e.) » (2) Trompeur ; on trouve le verbe abeter dans le Roman au Renard, (n. e.) — (3) Le ^ de balbus a pu devenir r par un phénomène de rhotacisme. (n. e.) — (4) On dit encore, dans le Finistère (Dial. de Léon), babilleureuss pour babillardey mais ce n*est que le mot français Ubilleresse, durement prononcé, n en est de même de baubilloner ; baube a donné le diminutif baubillon, sur lequel on a BA — 4S4 — BA Baussant. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 410, col. 4. Beauseant. Citai, de Favin. Th. d'honn. T. II, p. 1617. BouçANT. Not. du Rom. d*Alex. jp. 20. Baçardent. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1363. Bauch, adj. Fou grossier. (Du Cange, Gloss. lat. au mot Deboyschatus (1).) Bauche, subst. fém. Boutique. Dict. étym. de Ménage, au mol Débaucher. (Voy. Bauge.) Baud, $ubst. masc. Espèce de chien courant. (Dict. de Monet, Oudin, Cotgrave, Ménage et Cor- neille.) « A le chien bault la meilleure tache, car il « scet bien quant il chasse le droit, etc. » (Modus et Racio, fol. 19.) « J5aws l'appellent pour ce qu'ilz sont « baus et bons et sages pour le cerf. » (Chasse de Gaston Phébus, ms. p. 126.) On les nommoit aussi baux retifs, (Vovez Modus et Racio, ms. fol. 37.) On trouve ibid. au fol. 19, beaulx redis. variantes : BAtJD. Oudin, DicU Hauds. Cotgrave, Dict. Baut. Chasse de Gaston Phébus, MS. p. 233. Bault. Modus et Racio, fol. 19, V". Baus. Chasse de Gaston Phébus. MS. p. 127. Baux. Modus et Racio, MS. fol. 37, R». Beaulx. Modus et Racio, fol. 19, V*. Baud (2), adj. Joyeux, gaillard. — Libertin, effronté.— Fier, hautain. — Fin, rusé. Dans le premier sens, ce mot signifie joyeux, gaillard. (Gloss. du Rom. de la Rose, aumotBawW^, et Suppl. au mot Baux, de mine friande) : « Sont « baux et joyeux et liez en leur courage. » Femme riant, safTre de chiere^ BaudCy alaigre, de beUe monstre. Coquillari, page 33. Dans te second sens, ce mot a été employé pour libertin, dissolu. (Gloss. du Rom. de la Rose, au mot Baulde et Baulx.) « Ou les pucelles principale- « ment, et les femmes deussent être humbles, et « simples, celles sont plus bandes, et plus effrénées « que les hommes ne sont. » (Nef. des Fols, fol. 7.) « Trop estoit baude, et hardie. » (Chron. S' Denis, T. I, fol. 36.) Le mcd déception et fraude, gui se £ait par femme trop baude t aussi par Tomme trop oaut Qui vault pis assez que ribaut. Eust. Descb. Poes. MSS. fol. 568. Tais-toi, disl-elle, garce: Trop es de parler baude. Fabl. MSS. du R. n* 7248, fol. 342. R« col. 1. On a employé ce mot avec la signification de hautain, allier. (Gloss. du Rom. de la Rose, au mot Bault.) Charlemagne, regrettant la mort de Roland, s'exprime ainsi : Vous n'aviez pas la ciere baude; Aine estiez la fine esmeraude. Pb. Mouakes. MS. p. fS8. Si lui a dit de BUude chiere Qui que tu sois, va arrière. Euftt. DeKh. Poès. IISS. fol. 189. ad. I. On a dit aussi baut pour fin, rosé : Le renard qui est trop baut. EosU DeKb. Poës. MSS. fol. 489, eoL ^ Remarquons l'expression suivante, qui sembte avoir un sens différent des acceptions du mot bauf exposées ci-dessus. Avoir le bauty paroît signifier avoir réveil : • Je cuiday avoir le baut, et estre de « guet d'après minuit. » (Contes d'Eu trapel, p. 39Ô.) VABIANTES : BAUD. Dict. de Borel, Nicot, Ménage, etc. Bauld. Gace de la Bigne. des Déduits, MS. p. 34, R«. Bauldb, fém. Glossaire au Roman de la Roseï Bault. Chron. S' Denis, T. 1, p, 180. Baut. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 283. Balch. Mot breton. Du Cange, Gloss. lat. au mot Baltha. Bals. Borel, Dictionnaire. Bault. Glossaire du Roman de la Rose. Bauls, plur. Gace de la Bigne des Déduits, MS. fol. 107. Baus. Poës. MSS. avant 1300, T. UI, p. 1205. Baux. Borel, Dict. au mot Bau». Bauz. Poës. MSS. avant 1300, T. I, p. 529. Baudais, subst. masc. Nom de lieu ou de pays. Nous trouvons le roy de Bandais, mis avec le roy d^Afriqtœ, dans Blanchand. ms. de S' Germ. fol. 177. (Voy. Baudas.) Ces deux mots semblent signifier la même chose. Baudas (3), subst. masc. Nom de pays. Li Roy de Baudas. ParUm. de Blob. MS. de S. Germ. Ibl. iSé^ Dans une lettre de Ph. de Valois, portant imposi- tion sur toutes les marchandises vendues à Paris, on lit, entre autres choses : « En cenz azur, laque « et mastic blanc, mine borrois, inde ûe Baudas, « yvoire, etc. » (Ord. des R. de Fr. T. II, p. 320.) Baudeloier, subst. Nom propre de lieu, la f\rte Baudeloier, c'est-à-dire la porte Baud&pêr^ présent une place publique de Paris. (Voy. Jht. des Ursins, Hist. de Charles VI, p. 261.) L orthogra- phe baldement sembleroit indiquer l'origine de ce mot, ainsi que ces moi^baud et baudvie^ comme étant dérivés de valde, validas et valetudo. Dans cette supposition, il faudroit l'expliquer d'abord par fortement, dontlesautres significations ne seroient qu'une extension. Dans les passages de S* Bernard, où se trouve le mot baldement, le sens le plus pro- pre seroit celui de valde. (Serm. Fr. p. 137.) Baudement, adv. Joyeusement. —Bravement, hardiment, hautement, insolemment, avec pré- somption. — Doucement. Ce mot, dans les Serm. Fr. mss. de S* Bernard, K. 137 et passim, répond au latin certe. (Voy. les ict. de Nicot et de Cotgrave; Le Duchat, sur Rabelais, T. I, p. 20, et Gloss. de VHist. de Bret.) On disoit au premier sens : « Us vinrent tons (1) Le mot latin se trouve dans un texte narbonais de 1967, mais s'applique à un objet matériel et non à une infliviilé morale : < Item legamus... unum salinum argenti, in que qnidan salino est d^otfschcuus unus draco ermantatu» eun aicnis sive armis nostris. » (Mart. I, col. 15SiL) (n. b.) — (2) Si le sens âiffère. Tètymologie est^ comme pour Tcrtide l^écédent, VaUemand baldj joyeux, hardi, (n. b.) -* (3) C'est Bagdad : < Tandis que U rojs fermoit sayete^ v i w iW Bt marcheant en l'ost^ qui nous distrent et contèrent que U roys des Bartarins avoit prise la citei de Baudûê et l'apostole des Sarrazins, qui estoit sires de la ville, lequel on appeloit le aalife de Bawii». (Joiavitte, éd. d# W., § 5â4.> (N. ■*) BA BA « baudement et allaigrement. » (Inv. fies fîrsîns, Hist. de Ch. VI, p. 380.) « Retournèrent en la ville « baudement^ el k grani ioye. » (Froissart, Vol. I, page M.) Baudefnent sîgnifloit hardiment , effrontément, Trantement, insolemment, avec présomption, Frois- sart» parlant des amours dn jeane Boucîcaut, dit : % Il ne fat mie si hardy de plainement dire sa ' « pensée, comme font les jeunes gens du temps ; « présent qui, sans defTeste, vont baudement aux ' « dames requérir qu'ils soyent aimez. » (Histoire de Boucicaut, p. 30.) « Trouvèrent les Navarrois « d'icelle garnison qui ardoyent un village, si leur a coururent sus baudement, » (Froissart, Vol. I, p. 222. — Voyez Bout. Som. rur. p. 181, et Monstr. Vol. II, fol. 172.) Il se prenoit aussi pour doucement. Voyez le GIoss. sur les Coût, de Beauvoisis, qui renvoie aA passage suivant : « Le bon pledeoirdoit ses paroles « dire tout baudement et entendement. • (Assis. de Jérusalem, p. 26.) Entendement est expliqué par intelligiblement dans le même Glossaire. VABIANTES : BAUDEMENT. Froissart, Vol. I, p. 91. BxLDEMENT. S* Bernard, Serm. Fr. MS. p. 137 et passim. Baudemant. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. I, fol. 107. Bauldbmbnt. Gace de la Bigne, des Déduits, MS. fol 115. Baudeqniu (1), subst, maso. Baldaquin. — Etoffe. — Monnoie. Sur le premier sens de baldaquin, voy. Du Cange, Gloss. lat. au mot Baldakinns. Ce mot se prend aussi pour étoffe. Froissart, ^Hrianl de l'entrée de la reine Isabelle ée FVance à Paris, dit : « Estoyent des bourgeois de Paris douze « cens... parés, vestus tous d'un parement, de « gonnes, de baudequin verd et vermeil. » (Frois- sart, Vol. IV, p. 2.) On lit à la marge que ffonnes est 'pMT habillement et baudequin pour le drap. Enfin ce mot a signifié une espèce de monnoie ^nsi appdée, parce que le roi étoitreprésenté assis sur un trône couvert d'un baldaquin* Les moo- nayeurs en demandèrent la suppression en 1308 : « Item qu'en l'en face tSiiredeSenseiesbaudequins « qui courent communément pour six deniers. » (filoss. latin de Du Cange, au mot BaldakinusJ) VARIANTES ! BAUDEQUIN. Fabl. MSS. du R. n» 7ftl5, T. Il, fol. 190. Baudekin. Du Cange, Gloss. latin, au mot Baldakinus, Bauderie, subst. fém. Joie, gaieté ou cri, ou bruit de joie. — Bravoure, acte die valeur. — Van- terie, fanfaronnade. Dans le Diclionnaire de Borel, au mot Bauderie; on lit bandon dans la traduction de Guili. de Tyr, édit. du P. Martène, T. V, de sa collection p. 783. C'est mal à propos qu'il renvoie au mot Bandositas 4tt Glossaire latin de Du Cange. Bandon est iine iftule pour baudor^ de même bandor que le P. Har- làfiB explique dans son Glossaire par en public. Ce mot a été employé avec la s\çn\fic^t6xm de gaieté, dans les vers suivans : Pay mainte fois chanté, De joye, et de baudor, Poès. MSS. avant 1300. T. III, p.dl50. Il s'est dit aussi pour cri ou bruit de joie : Ils mesnent si grand joyo, tel bruit, et tel boudour^ Gomme se chacun eust tout plain un grand voul d'or. Gcr. dtt Roussillon. MS. p. 115. Ce mot a signifié bravoure : « Vouloir par une « présomptueuse badise, » dans les Serm. Fr..iiss. de S* Bernard, p. 319. Qui en toute honnour, En valour, Sanz faulx tour, De prouesse, et de haudour Surmontoit toute contrée. Euftt. Desch. Pocs. MSS. fol. 97, col. 1. On s'est servi de ce mot pour vanterie, ostenta- tion, fanfaronnade : Le trop parler me defTendoit. Parler à point me commandoit Sanz baudour et sanz vanterie Sanz mentir, et sanz flaterie. Machaut. MS. UL tS, V odL t. Variantes * BAUDERIE. Borel, Dictionnaire. Baudeche. Athis, MS. fol. 16, R« col. 4. Baudise. Poês. MSS. avant 1300, T. I, p. 116. Badise. S' Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 319. Baudorie. Ph. Mouskes, MS. p. 653. Baudoire. Fabl. MSS. du R. no 7218, fol. 360, V« col. 1. Batjdor. Poës. MSS. avant 1300, T. III, p. 1117. Bandor. (Lisez Baudor.) Gloss. de Martén. T. V, p. IBB. Baudon. (Usez Baudor,) Ibid. Baudour. Marc, et Salem. MS. de S» Germ. foL 116. Bautor. Fabl. MSS. du R. no 7218, fol. 346, R» ooL 1. Boudour. Ger. de RoussiUon, MS. p. 115. Baudewins, nom propre. Baudouin. Baudi , adj. Entonné. Il semble que ce smt le sens de ce mot dans ce passage : N'y ot trompe sonnée, ne autre cor baudi. Chron. MS. de B. Du Guesclin. dtée par Da Casge. Gl. L «a ia»t C^ImkUo. Baudir, verbe. Réjouir. (Dict. de Nicot et d'Ou- din.) €e mot se trouve très souvent employé dans nos anciens livres de vénerie. On disoit : baudir les chiens (2), pour les animer, les agacer : « Quant fls « auront presque mengé, tu tireras le loup par les « jambes et le reveriras, et ainsi baudiras tes « chiens, et en vauldront mieulx. » (Modus et Racio, fol. 28, V-.) Baudons, subst, masc, plur. Mot factice, pour Taction de faire de beaux dons, dans ces vers : Beaulx dons de vins et de viandes Ont fait donner: maintes prébendes Beaulx dons si lont, n'en doubtez mye, Porter tesmoings de bonne vie ; MouK tiennent partout grans boudons Q) : Qui beau don donne il est preudlioms : Les dons donnroit loz aux donneurs. Rom. de U Ilote, tera 80B-SC(W. Baudoulnalge, subst, masc. L'acte du liiattdet. (Voyez Rabelais, T. V, p. 31.) j(1) Baudequin, baldaquin^ sont des dérivés de baldaco, nom corrompu de Bagdad, où se fabriqruait une étoffe fine servant è Taire des tentures, (n. k.) — (2} On a encore bauder, aboyer eu terme de chasse, et bauair, encourager un faucon à combattre un héron, en terme de Eauconnerie. (n. e.) — (3) n faut lire beaux dans, (n. e.) BA ~.i Bandoulner, verbe. Faire l'acte de baudet. — Dresser des poulains. — Aller à cheval. Le premier sens de faire l'acte de baudet se trouve dans Rabelais, T. V, p. 3t. Cotgrave écrit baudiner. On disoit aussi baudouiner pour dresser ou dompter les poulains. [Dict. d'Oudin.) Le même mot désignoit encore aller h cheval : « S'en alla voir un sien voisin, selon la couslume ■ qu'ils avoienl de voisiner en leurs maisons , ■ comme de baudouinei- parleschemins. ° (Contes de Des Périers, p. 77.) VARIANTES 1 BAUDOUINER. Rabelais, T. V, p. 31. Badouiner. Lisez Baudouiner. Baudiner. Cotgrave, Dict. Baudreotant, adj. Epithète de chien. (Epilh. de Martin de la Porte.) Baudrier, sh6s(. masc. Bourse, escarcelle, écharpe, pris dans le sens de bourse : ■ Bien ■ faschés d'avoir si mal employé l'argent de leur . baudrier. • (Branl. Cap. fr. T. IV, p. 315.) Baudrillée, subst. fém. Quantité. (Dicl. d'Où- din.) ■ A Metz, en Champagne et en Lorraine, on • nomme baudrillée une quantité d'espèces, ou de ■ ielLons qu'on voil couler, comme un à un , d'une « course, ou d'un espèce de boiau, tel que les . marchands en portent quelquefois en forme de • ceinture. » (Le Duchat, sur Rabelais,!. 1, p. 181, noie 24.) Baudroicrie , subst. fém. L'art et le métier de corroyeur;le lieu où l'on apprête les cuirs. (Dicl. de Nicot eld'Oudin.) Baudroy (1), subst. masc. Espèce de poisson de mer. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) Baudroyer, subst. masc. Corroyeur. Propre- ment faiseur de baudriers. C'éloit la qualité que prenoient les corroyeurs qui préparoienl les cuirs et qui faisoient des baudriers. (Voy. les Ord. des B. de Fr. T. 11, p. 365, et le Dict. de Colgrave.) VARIAMES ; BAUDROYER. Ord. des Rois de Fraoce, T. U, p. 365. Baudraveur, Baudhyeur. Cotgrave, Dict. Baudroyer, verbe. Corroyer. • Préparer les « cuirs tannés k recevoir les couleurs, i (Dict. de Nicot et d'Oudin.) BaiiduHe, subst. fém. Toupie. (Dict. étym. de Ménage, et Le Duchat, sur Rabelais, p. 75.) BauduHle, subst. fém. Espèce d'étoupe gros- sière. " Je me torchay de foin , de paille, de bau- • du/'/Ie, de bourre de laine, de papier. «(Rabelais, T. I, p. 78. — Voyez le Dict. étym. de Ménage.) B- BA BandulD, adj. Epithète d'âne. Ausi con asnea bauduint Se doit servir li audaina. Pow. H3S. mU 1300. T. IV, p. 1340. Bauerle, subst. fém. Moquerie: « On peult ■ entendre irrîsion, bauerie, moquerie, ou brague> • rie en paroles: et par rusticité, vilenie, rudesse, • ineptitude et malplaisance en langage. » (J. Le Maire, Couronne margaritique, p. 47.) Bauffrée, subst. fém. Lardon, brocard, coup de dent: La rusée Ne taschoit sinon à piener. Et de Lascher quelque bauffrée, A mordre, ou a eseratigner. Coq. Bautfreur. subst. masc. Gourmand. (Dict. d'Oud i n et de Cotgrave .) VARIANTES : BAUFFREUR. Oudia, Dict. Baufheuh. Cotgrave, Dict. Bauffreure , subst. fém. L'action de mangw goulûment. (Dictionnaire de Cotgrave.) ■ Après les . premières bauffreures, » c'est-à-dire après les premiers morceaux. (Rabelais, T. V, p. 23.) VARIANTES : ws,T. V I, Dict. Baage, subst. fém. Demeure. (Dicl. de Borel, au mot Embaucke.)\\ prétend que le nom TolostO' boges {% donné aux habitans de Toulouse s'en est formé. Notre mot bouge pourroil en venir aussi : Sur la mer de Triple chevauche Haie il a'j a maison ne bauche De terre ne d'autre merrien. Hichnl. HS. foi. SSS, R- sol. 3. VARIANTES : Bauche. Hachaut, fol. 232. BOOB. Baugeart, subst. masc. Terme d'injure: ■ Comme qui diroit misérable païsan dont les ■ cabanes n ont que des murs de tou^e. >(LeDucti. sur Rab. T. I, p. 176. — Voy. le Dict. de Cotgrave.) BA ^ 437 — BA Bauglé, subst. maso. LeBugey (1). Nom de pays : « Les comtés de Bresse, et de Baugiéy réunies à la « sacrée couronne de France par eschange du « marquisat deSalusses. » (Fav. Th. d'hon. p. 1855.) Bauke, subst. Pièce d'un moulin à vent. Uauleur, faisant allusion des vanteries d'un hâbleur, à un moulin à vent, s'exprime ainsi : L'eureus wagons a en covent Qu'il fera un moulin de vent, En la vue dame Sarain : Mais n'i aura hauke, ne rain Ne soit faite d'un menteeur. Pofis. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1357. Bauldrier, subst. Baudrier. — Armement d'homme qui servoit à porter Tépée. (Gloss. du R. de la Rose.) Baulx(2),sa6s^masc.p/Mr. Soliveau. « Sous l'an ^ i46i, en plaidoyant une cause en parlement à « Paris, la chambre se prit à trembler, et cheut « illec une grosse pierre de la massonnerie, et le « lendemain advint le péril (pour pareil) en plai- « dant celte cause, et saillit un des baulx de la « chambre hors de son lieu. » (Chron. de 1400- 1467, dans l'Hisl. de Ch. VII, de Den. Godefr. p. 359.) Au 4* T. de Louis XI, de Théod. Godefr., ce mot est expliqué par soliveaux mis de travers. On dit encore baux pour signifier les pièces de bois ou poutres qui soutiennent les ponts, ou tillacs des navires. VARIANTES ! BAULX. Hist. de Ch. VII, de Den. Godefr. p. 350. Baux. Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 289. Baume, subst. fém. Grotte, caverne. (Dict. d'Oudin et de Ménage.) Balme, en Bourgogne, si- gnifie grotte, d'où se sont formés plusieurs noms de lieux. (Voy. la Roque, Orig. des noms, p. 65.) Il se dit pour colline dans quelques lieux de France. iVoy. Du Gange, Gloss. latin, au mot Balma.) En Provence, ce mot, sous l'orthographe basme, dési- gne un nom de lieu. « Et fusmes au lieu de la « Basme (3), en une roche moult hault, là où l'on « disoit que la Sainte Hagdelaine avoit vesqu en « hermitage, longue espace de temps. » (Joinv. page 118.) Baumo se dit en Auvergne pour tombe, ou cavité d'un rocher. (Du Gange, Gloss. lat. au mot Balma.) VARIANTES : BAUME. Oudin, Dict. Balme. La Roque. Orig. des noms, p. 65. Basme. Joinv. p. 118. Baumo. Du Gange, Gloss. lat. au mot Balma. Bauson, subst, fém. Saison d'abattre les bois. Qui coupe, ou abat les branches d'un chesne, quinze sols parisis, qui est trouvé foyant bois, et fauchettes, et taillis, amende de trente sols pari- sis, se les bois abattus ne sont relevés dedans la margette en suivant la bauson à coupe, amende « « a « « « de soixante sols parisis. > (Coût, de Peron, au Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 601.) Baut, subst. masc. Peut-être ce mot n'est-il qu'une corruption de l'orthographe bail. (Voyea Bail.) Alors il signitieroit disposition, puissance dans ces vers : Li maus d'amors, qui ne me faut, Je sui du mont tout en leur haut. Fabl. MSS. du R. n* 7218. fol. t04. V ool. 2. Baut, adj. Terme de chasse. « Le veneur doit « choisir de sa meute un chien le plus beau, hardy, « ardant, gaillard, et baut^ c'est-à-dire secret, qui « n'ait encore chassé, etc. • (Du Fouilloux, Ven. fol. 113.) Bavardin, subst. masc. Bavard. (Lettres de M-« de Sévigné (4), T. I, p. 132.) Bave y subst. fém. Bavardage. Discours inutiles, babil, caquet, sornettes et moqueries. (Dict. de Borel et Gloss. de Marot, au mot Bave.) Nous devisasmes là de baves. Coquillart. p. 146. « Partout où il sera sceu, on en tiendra ryset « baves. » (Perceforest, Vol. 111, fol. 80.) On disoit : estre en bave , pour être en enfance. (Voyez Garasse, Rech. des Rech. p. 862.) VARIANTES : BAVE. Le Duchat, sur Rabelais, T. Il, p. 128. Baverie. Nicot, Oudin, Cotcrave, Dict. Bavardinage, subst. mo^c. Lett. de Sévigné, T. I, p. 132. Baver, verbe. Bavarder. Parler inutilement, hâbler. (Dict. de Nicot, Borel et R. Est. au mot Baver.} Et quant ils eurent bien bavé. Disant de luy des maulx, par voye. Il dist, eulx ayans achevé : Gardez que le roy ne vous oye. VigU. de Charles VII. T. I, p. 58. VARIANTES : BAVER. L'Amant rendu Cordelier, p. 590. Bavasser. Essais de Montaigne, T. III, p. 31. Bavardiner. Lett. de Madame de Sévigné, T. I, p. 148. Bavernes, subst. fém. plur. Balivernes. Mo- queries. (Dict. d*Oudin et de Cotgrave.) BaveroUe , subst. fém. Banderolle. On lit : Lance et baverolle (5), dans les Mém. Du Bellay, T. VI, page 267. Bavesche, subst. fém. Bobèche. (Dict. de Cotgrave. — Voy. Serées de Bouchet, Liv. II, p. 207.) Baveup, subst. masc. Bavard, hâbleur. (Dict. de Nicot, Gl. de Marot et Celthell. de L. Trippault, au mot Baveur.) On disoit, au diminutif et au pluriel, bavereaulx. (Œuvres de Collerye, p. 141.) Bavus, dans Marbodus, est dans le sens propre de baveux : « Refaire enfanz bavus. » VARIANTE^ • BAVEUR. aém. Marot, p. 685. ' Baveux. Dict. de Nicot. — Le Jouvencel, MS. p. 228. (1) La forme latine est probablement Baiigiacttm, pays couvert de bauges, (n. e.) — (2) Bau vient sans doute de TaUemand Balken. (n. e.) — (3) Cette Baume est une montagne du Var ; si Ton en croit À. Thierry, baou serait un mot li^rien. (N. E.) « (4) Elle emploie aussi bavardiner : c Nous n'avons fait que bavardiner et nous n'avons point causé. > (Edition de 1795, p. 40.) (N. E.) — (5) Ne faut-il pas lire banerolle ? (N. E.) BA — 438 — fi£ Bavaceux. Contredits de Songccreux, fol. 120, V». Bavardin. Lett. de Madame de Sévigné, T. I, p. 132. Bavereaulx (plur.) Roger de Colleryei p. 141- Baveuse, subst, fém. Cocmillart, p. TO. :. Baveresse, subst. fém, Ibid. p. 37. Bavahresse, subst.fém. Ibid. p. 3. Bavcs, subst. fém. Marbodus, col. 1648. Bavière (1), subst. fém. Bavette. — Mentonnière d'un casque ou le casque même garni de men- tonnière. Dans le premier sens, Rabelais dit des frères Ffedons : « Quand ils vouloient boire, ou manger, « ils rabatoient les cahuets de leurs caputions, par « le devant, et leur servoit de baviere. » (Rabelais, T. V, p. 134.) On disoit aussi baviere pour la mentonnière d'un tfasque. « Jean Stuari duc d'Albanie eut là un coup « de traict d'un arcTurquois, duquel fut sa baviere M faulsée, avec sa gorgerette, tout au travers, et « luy atteint jusaues au sang. > (I. d'Auton, Ann. de Louis XII, p. 498.) Le P. Daniel, dans sa Mil. Fr. T. 1, p. 400, croit que c'étoit une espèce de cornette de taffetas dont on ornoit l'armet. Nous ne trou- *çon5 rien qui autorise cette conjecture. variantes : Bavière, cretîn, p. 82. Baverete. Monet, Dict. Baverette. Rab. T. IV, p. 222. Baverotte. Gotgrave, Dict. Baverolle. Oudin, Dict. BaviUe, subst. Nom de lieu. Endroit de Paris, ^ès la porte S' Antoine. {Voy.Brant. Cap. Fr. T. III, p. (D. Morice, HlsL de Bretagne, col. 983.) Peut-être aussi, faudroit-il lire beaufet pour beau fait de guerre, service rendu à la guerre. Béant, part. Ouvert, fendu. — Surpris, étonné. Ce mot subsiste au premier sens. Mart. de la Porte s'en est servi pourépithètede la terre enlr'ou- verte par la trop grande chaleur. Lorsque l'étonnement ou radmiration agissent sur nous avec force, nos sens sont comme enchaî- nés et notre bouche s'ouvre sansnousen^percevoir; de là béant s'est dit flgurément, pour étonné, 9aisi d'admiration. « Gaton ^t Scipion accusés en publie « ont fait rougir leurs accusatettrs, éntrainé les « juges, et toute l'assemblée béante à leur admira- (1) La iBttntoABière M^evèe'BOYVs le règne de Gharies VII jusqu'au-dessus des narines, avec Une 'ptt>lei5thm mifBsante en avant et des ouvertures pour qu'U fût possible de respirer à Taise ; c'est ce qu'on a appelé la baviere. C'était un peu .-_-.^ ... _. .«x/^ ^._-^„^ ... . . . ,- .._ -- _ (^ La bavoUUe était un sorte de drapeau qui pendait ~s, au XVI* siècle, dans ses voir -daBS bayonnettês un dérivé de bayneta, coutelas en espagnol, (n. b.) BE -* « tioo, et suite. » (Sag;esse de Charron, p. 387. — Voy. Baer.) Beat, adj. Nous De rapportons ce mot, qui subsiste, que pour remarquer son ancien usage. Il âésignoit autrefois toutes sortes de religieux ; ainsi l'on disoit beats pères, pour exprimer les moines en général. (Dict. de Cotgrave. — Voy. Pasquier, Liv. Vlll, p. 731, et le Moyen de Parvenir, p. 224.) ' Béate, subst. fém. Aumône. Ce mol, formé de beat, signidoit spécialement l'aumône faite à un moine. • La besasse des religieux s'appelloit beati- < quorum, el l'aumosne qu'on leur faisoit se nom- < moit la béate, «égarasse, Rech. des Rech. p. 280.) Beatllles (I), $ubst. fém. plur. Coliflcliets. — Femme de petite taille. Au premier sens, on comprenoit sous ce mot toutes sortes de petits ouvrages et d'ornemens d'un prix médiocre. (Voyez Du Gange, Glossaire, latin, au mot Beatillœ. — Oudin, Cur. Fr.) Par une extension de cette première acception, beatiles a signifié une petite femme ; du moins lisons-nous que ce mot • s'est dit en quelques eii- • droits des femmes de petite hauteur. • (Celtliel. de Léon Trippault.) VARIANTES I BEATILLES. OudIn, Cur. Fr. Bbatiles. Celthell. de Léon Trippault. Béatitude, subst. fém. M. de Villeroy, dans ses Mém. T. I, p. 181, donne ce titre au Pape, et le aualine plus bas Sa Sainteté. (Voy. aussi La Roque, e la Nobl. p. 3C2.) Beau, adj. Grand. — Terme d'amilié. — Terme de mépris. Ce mot avoit beaucoup de signiflcalions. Comme la plupart subsistent encore, nous ne parlons que de celles qui sont hors d'usage. Beau se disoit pour grand. C'est en ce sens qu'il est employé dans les expressions suivantes : i' Boire à son beau plaisir et aise. « Entrèrent • les gens du Jouvencel tous armez, et la ■ Meurent, et repeurentàleur beau plaisir et aise. > (Le Jouvencel, ws. p. 574.) 2* Faire beau bruit. Façon de parler encore usi- tée. (Le Jouvencel, us. p. 88.) 3* Belle llebvre, pour fièvre violente. (Mém. de Rob. de la Marck, S«' de Fleur, hs. p. 04.) Ce même mot, qui, lorsque nous le joignons à ceux de père et mère, ftls, frère, sert encore aujour- d'hui à mai-quer la parenté qui naît d'une alliance, a'étoit autrefois que l'expression de l'amitié et de la familiarité entre les personnes du sang royal, et d'un rang égal entre elles. Ce n'est pas que celles d'un rang inférieur n'usassent aussi de ce terme, maisc'étoit par un excès de vanité. C'est ainsi du moins que s'en explique l'auteur des Honneurs de la Cour. • Quand les Roys et Roynes, ducqs, duches- '- BE <■ ses, princesses ont des parents, niepcds, cousins ■ germains et autres de grand lignage, puisqu'ils > sont de sang royal, les doivent appeller beaux • nepveux, etc.. et doibt estre ce nom de beau ou ' belle, et des uns aux autres aussy en escripture, > mais qu'ils soient de mesme degré et d'une • mesme noblesse, et toutes ces choses dessus ■ dittes ne se doibvenl faire ez maisons de plus ba» • degré, sy comme de comtesses, vicecomtessea, ■ baronnesses el ne leur appartient aussi d'ap- ■ peller leurs parents beaux cousins et belles • cousines, sinon autrementque mon cousin et m» • cousine ; et quiconque en use autrement que dict • esl, il doibt estre notoir à chacun que cela se Udt > par gloire et présomption, et doibt estre réputé • pour nul. • (Les Uonn. de la Cour, ks. p. 74.) Si le raug et la dignité mettoient quelque différence entre les personnes de sang roy;il, alors il n'appai^ tenoit qu'au supérieur de se servir du terme de beau, et l'inférieur n'en usoitpas, lors même que le degré de parenté sembloit devoir lui donner la supériorité et autoriser celledénomination. L'auteur cité dit : ■ Quand monsieur le ducq Philippe, eut ' espousé madame Michèle sa première femme, qui • fut lille du Roy de Fiance, monsieur le ducq ■ Jean, père d'iceluy ducq Philippe, la vouloU ■ toujours servir d'espices, mais elle ne le vouloit o sousfrir, toutesfois il s'agenouilloit toujours > jusques à terre devant elle, et l'appelloit madame, • et elle l'appelloit beau père quand madame ■ Catherine, tille au Roy Charles de France, eut « espousé Monsieur de Charrolois, Madame la ■ duchesse de Bourgogne sa belle nure (2j mettait > toujours, ta ou elle pouvoit. Madame Catherioe > devant, et luy faisoit grand honneur; et aussy ■ faisoit Monsieur le Ducq Ptiilippesetl'apyelloieBt > Madame, et elle les appelloit beau père et betl» « mère. » (Ibid. p. 17.) On pourrait citer plusieurs autres exemples qoi confirment cet usage. Le roy Charles V, partant à ses frères, les appelle beaux frères, et Louis XI, qui use de la même expression, en parlant à ses frères, se contente d'appeler frère, le duc de Bourbon, mari de sa soeur. (Voy. Froissart, an 1380, p. 07, et Hém. de Comin. T. 111, preuv. p. 70.) Bel et biet frères esl souvent répété dans Carpentier, Histoire de Cambrai. On trouve beau fils pour propre fils, dans la Chron. S' Denis, T. 1, p. 256. Ces règles du cérémo- nial, dont nous venons de parler, n'empéctièrent pas que ce mot beau ne passât dans le langai^e familier, comme une expression obhgeanle et ami- cale, commune à tout le monde : Beau fllz, belle fille et beau père, Biaux oncles, cousins, biaux nepTeux, BitM compAins, bêle Buer, Mau frartt. Belle cousine, biaux flUeux, Biaux voisins, s'appellent entr'eolx Plusieurs, en langoige c — BE — 440 — BE 8 ui s'entr'ainent oomme chiens et leux. n ne doit_pas croire chascun. Eust. Deach. Poë». MSS. fol. 444. col. 2. De là, les différentes façons de parler suivantes qui ne sont employées que par honnêteté, par amitié ou par confiance. Beaux amis. Un chevalier appelle ainsi un pauvre. (Percef. Vol. IV, fol. 28.) On trouve beaux compains ou compagnons, dans THistoire de Du Guesclin, par Ménard, p. 408. Le comte de Flan- dres, parlant aux Flamands, qui lui promettoient deux cent mille hommes armes à son service, les appelle beaux enfants. (Froissart, livre II, p. 48.) Cest en ce sens encore/ que Fauteur plein de confiance, adressant la parole à Jésus-Christ, s'exprime ainsi dans ces vers : A vos me rent, heau-iiere Jhesu Griz ; Si bon Seignor «voir je ne porroie Chant. MSS. du G** Thib. page 8. Un père parlant à son fils lui dit : « Biax filz, et « Celui-ci li repond beau père. » (Athis, ms. r 426.) Beaul doux oncle. Terme d'amitié d'un neveu parlant à son oncle. (Ger. de Rouss. ms. p. 108.) Nous remarquerons qu'on appeloil aussi les reli- gieux beaux pères. Sur cet usage, voyez Pasquier, Rech. livre VIII, p. 731. BeaUy joint au mot sire, se trouve employé par le secrétaire de Machaut, prêtant la parole a son maître qui le consultoit : « Sire, quant il m'ayt, il « prist à rire et me dist en riant biau sire, vous « n'avez mestier de conseil. » (Machaut, ms. f° 200.) Hais il emportoit presque toujours une idée ironi- que et piquante. Louis XI écrivant au chancelier, et voulant lui faire sentir qu'il étoit roi, se sert du terme de beau sire. (Duclos, Preuv. de l'Histoire de Louis XI, p. 452.) Une demoiselle parlant à un nain l'appelle beau sire, dans Florès de Grèce, fol. 62. Dans Eust. Deschamps, une femme emploie la même expression, en parlant de son mari. (Poës. MSS. fol. 515, col. 2.) Cette interpellation ne s'est conservée parmi nous qu'en parlant aux masques. Plaçons ici quelques expressions où le mot beau se trouve employé sous diflFérentes acceptions : Estre mont bon, suffisant et mont oeil la Deu merci, se disoit d'une personne qui étoit en bonne santé; comme qui diroit assez bonne et belle situation. (Rymer, T. I, p. 102.) On lit biel dans le môme titre, rapporté par D. Morice (Histoire de Bretagne, Preuv. col. 997.) !• Faire le beau beau, pour faire le joli. (Dict. d'Oudin.) 2* Faire beau beau, pour caresser, flatter : Cela me desplairoit guelqiie beau beau que la cour ne sceust faire t qui ce tour bien souvent me feroit^ Possible n'est que luv sceusse complaire. Cluttse d'Amourt, fol. 35, col. 1. 3* Tuer de beau faict. C'est-à-dire de bonne guerre, à son corps défendant. « Tu as occis, non « pas de beau fait, mais par trahison. » (Percef. Vol. IV, fol. 30.) 4* Par beau. On disoit : Par beau ou par lait, pour degré ou de force : « Une demoiselle ung « grant Seigneur vouloit ^\o\v par beau ou par lait. « à faire son fol plaisir. » Par beau ou autrement, s'est employé dans le même sens. (Voyez Froissait, livre U, p. 133.) On disoit aussi : Cil ont son commandement fait, Ou eus soit belj ou eus soit lait Fabl. IISS. du R. n* 7969. fol. 56. V col. i. 5* A beau jeu beau retour. On se servoit de cette façon de parler pour dire que deux adversaires sont de force égale. « Il le pressoit de si prez que bien « souvent il ne luy donnoit loysir de se parer, n'y « meltre l'escu au devant des coups; mais à mau « chat, mau rat, a beau jeu, beau retour. » (D. Flo- rès de Grèce, fol. 71.) La devise de la maison de Beaujeu, étoit : «  tout « venant beaujeu. » (Menestr. Orn. des Arm. p. 241.) Bial eage, pour le bel âge, la jeunesse. 6* Par bel ^f/?arora^^.B^/, dans cette expression^ mis en opposition avec orage, semble employé substantivement, mais il est aisé d'apercevoir que son substantif est sous-entendu. Au propre, on a dit : M. et cccc Troiens Mena par bel et par orage. G. Guurt, MS. fol. 439. R*. Au figuré, on a dit : Après le biau^ après la belle chière, Tu t'esmerveiUes s*il a sus toy pieu. Geofr. de Par. à U suite du Rom. de Fut. MS. n* 6812, fol. 55. T Dire bel. Louer, dire du bien de quelqu'un, en parler avantageusement : Devant vous, vostre bel diront^ Et derrières vous trabiront. Fabl. MSS. du R. n* 7318, fol. 905, R* ool. 1. 8° Se Dieu est bel. Nous disons en ce sens, $Hl plaît à Dieu. (Fabl. mss. du R. n» 7218, fol. 128.) 9*^ Beaubout, pour le baut-bout. « Après que le mes- « tier fut servy, les quatre siraines, fines ouvrières, « filles du fleuve Achelous, et de Calliope la Muse, « compagnes de Proserpine, fille de Ceres, déesse de « fertilité, se présentèrent sur le beau bout. » (J.Le Maire, lUustr. des Gaules, livre I, p. 93.) 10" Beau filz. C'est-à-dire joli garçon ou bel enfant : « Si ce nouveau champion emporte le prys, "> vous pourrez bien moquer de moy et dire ie Tauray mal defTendu. Neantmoins vous y « aurez moins de regret, pour autant qu'il est beau « filz. » (J. Le Maire, lUustr.des Gaules, L.I, p. 137.) il° Beau matin. Façon de parler usitée : « Un « beau matin, que le vent fut bon et propice, chacun « print congé de ses parents et amis. » (J. Le Maire, lllustr. des Gaules, Livre II, p. 167.) VARIANTES : BEAU. Orth. subsist. Beaubout. J. le Maire, lUustr. des Gaules, T. I, p. 93. BiALAT, Bel. Ger. de Roussillon, MS. p. iin. Biau. Fabl. MSS. du R. n* 7615, T. I, fol. 112. Biaul at Beal. Ger. de RoussUlon, MS. p. 208. BiAUX (plur.) Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 144, col. 2. Baus at Bax. Athis, MSS. fol. 55, V« col. 2. Beil. Rymer, T. I, p. 102, tit. de 1265. Baul. Ger. de Roussillon, MS. p. 210. Beals, Béas. S* Bem. Serm. Fr. MSS. p. 32, passim. et 373, sous le latin Baciosus et Pulcher. BiELEs pour Bel. Carpentier, Hist. de Cambrai, T. Il, p. 18. Bl\x. Fabl. MSS. du R. n« 79, fol. 58. Beaulx (plur.) Ger. de Nev. 2* part. p. 25. « VOUS « que BE Bki„ Fabl.HSS. duR. I Bbls ponr Beaux. Harbodus, col. 16U. JBku. ibid. p. 76i5, T. 1, fol. 119, R* coL 3. Beau, adv. Bien. Comme adverbe, ce mot étoit d'un usage aussi étendu que notre adverbe bien. H èa avoil toutes les significations. On disoit : > Il fit « QD pas de clerc, et luyméme l'aprità ses dépens, ■ car pour beau dragmer ses drogues infusives, il « ne sceul signe, etc. » (Contes de Chol. fol. 1950 Bial parolle, bien le sot faire. (Atliis, hs. fol. 90.) LeB vessiaux sont si bel menez, Que je croi que miex ordenez Ne . Bial. Alhis, MS. fol. 90, R» col. 2. Biau. Fabl. MSS. du R. n" 7615, T. I, fol. 111, R» col. 1. Bbl et Bel (par). Ibid. n» 7218, toi. 313, V' Cûl. 1. Beaucoup, adv. Beaucoup, Borel et Ménage dérivent ce mot de beau, grand , et de coup, en latin copia. Cette étymologie me paroit d'autant plus vraisemblable que je trouve un passage propre a l'appuyer. On lit dans l'Histoire des Albigeois, en languedocien, par un anonyme, dans les preuves du 3* T' de l'Hist. de Languedoc, de D. Vaisselle, ool. 4: < Lor avia fait {jrand co;' de mal >, c'est- à-dire leur avoit fait beaucoup de mal. [Ibid.) Belcop de gens pour beaucoup de gens. (Id.) Bien, dans les passages que nous allons citer, ne contre- dit l'origine que nous donnons à cet adverbe : ■ Sire, dictes nous s'il vous plaist aucune « adventure Beaulx coups, dist le Seigneur, « vous en puisje dire, car j'en vis plus de mille. « (Lanc. du Lac. T. 11, fol. 84.) On le disoit aussi pour ^gnifler : une grande partie. < Clotaire se vit, ■ avant mourir, monarque delà Gaule, et de beau- * coup de l'Allemagne. » On trouve aussi autre cop pour une autre fois. (Hist. des Albigeois, «jji auprà.) BlAUCOP. Fabi. MSS. du r'. n» 76lH, T. II.'> Ifâ, "v'col. 2. Bblcops. Ibid. col. 48. Beaufils, subst. masc. Rabelais a dit : • Le « monde est devenu beau jil». • C'est-à-dire plus rusé, plus savant. (T. III, p. 195.) I - BE Beatelt, subst. fém. Beauté. Ce mot, dans les Serm. Fr. mss. de S' Bernard, répond au latin décor, pulchritudo et species. Voyez les autorités citées sur chaque orthographe : Rose de may ne tlors novelle Premièrement quant elle est aie N'est paa tant fort encoulorée Que la biaiez cardjones. AlUi. HS. M. 5, R' Mi|,l. Sa biatéa qui me rapele. Quant m'en voeil partir, me ratrait. Fibl. kSS. du R. n- •m», roi. 6), R- «il. t. Moût boinemenl a eegardé Son cors, son vis, et sa biaii, A. lui parla corloisement, El il II reapont simplement Ne li dial qui bien ne sîéce. IbU. lal.a3,Vcal.t. VABIAHTES : BEATEIT, Beateiz, Beatez. S' Bernard, Senn. Fr. KSS. page 19 et paasim. Bateil. AthiB, MS. fol. 23. R" col. 1. Batel at RiAUTft. Athis. MS. fol, 50, V° col. 1. Belté. Harbodus, col. 1U4. Beaultè. PRrceforest, Vol. II, fol. 35, V" col. 1. BaultÉ. Faifeu, p. 18. BiATÈ. Fabl. MSS. du R. n* 7969, fol. & BUTÈs. Ibid. fol. 63, R° col. !. BiATE. Alhis, MS. loi. 5, R» col. 1, . ViUebardouin, page 48. R- col. 1. Beaupere, subst. masc. Confesseur, directeur. (Glossaire de l'IIisloire de Paris.) Beauregard, subst. masc. Belvédère. (Dict. d'Oudin.) Bec, subst. masc. Visage. — Nez. — Langage. — La crête d'un fossé. — Le sommet d'une montagne. Dans le premier sens de visage, on a dit ; Tournez toudis le bec pardevers France. Kiiil. Dstcbimpi, Po«i. KSS. roi. 106, eol. I. ■ Ils avoient le bec au vent pour tirer à leur • pais. » (Le Jouvencel,B(s. p. 567.) Ce mot a signifié le nez : • Crestien penront par • le bech, • pour prendront par le nez ; ■ nous nous ■ rendrons maistresd'eux. > [Machaut,iiss.fol.230.) Bec a été employé pour langage, babil, discours : < Sçavez-vous pas qu'il n'a que le ber, et que par • ses belles raisons et persuasions, etc. • (Cymbal. mundi, p. 92.) Villon a fait une ballade sur les femmes ae Paris, qui a pour refrain : Il n'est bou bec que de Taris. VilLop, f. 73. On trouve ce mot avec la signification de la crête d'un fossé, ou levée de terre : • Ceux qui ont leurs • terres voisines aus dits chemins, etjoignansà ■ iceux, sont tenus les entretenir, en telle manière, ■ que la sainct Jean Baptiste passée, s'ilz sont ■ trouvez non ayant relevé les becqaes, et fossés • eslans selon les dits chemins, et que les eaues • dorment et ne se puissent escouler, par faute des « dites becques, ou autres choses non relevées, les ■ hommes de la cour du dit bailliage peuvent ■ condemner ceux qui ont et détiennent les dites ■ terres voisines, à faire ouverture de ce qui « emMsche l'escoulemeot des eaues. ■ (Ord. des Bois de Pranca, T. Il, p. 207.) finfln, beo signifie le sommet d'uaa monUgne, dans le pa33ag:e suivant : • Soufflt bien de laisaier ■ courre dix ou douze chieDS de muete, et faire au ■ moins quatre reliez chascun de quatre diieos es ■ becs, et plus haut des montaignes, etc. ■ (Chasse de Gaston Phébus, us. p. 246.) Espresâions remarquables i 1° Donner du bec et de Vaisle , o'esl-à-dlre faire ses efforts, employer toutes sortes de moyens. (Voy. Brantôme, Capitaines françots, T. III, p. 396.) 2" Faire bec, c'est-à-dire caresser: PIuB de trente foie la baisa, Ele demantle que c'eatoit : Il dit que bec *i faoit, Fitil. ItSS. d« R. n- TMÏ. T. U, M. 18*. V al. I. 1^ fuite le bec. Terme de chasse. Oq s'en wrvoit en parlant des autours. 4* Garder le bec. Une mère encore belle, étant jalouse de sa flilc encore plus belle qui avoit excité l'admiration d'une assemblée nombreuse de cheva- liers, se promet de ne la plus taire paroltre de longtemps a de pareilles fêtes, et dit : Au départir verrois qu'en iert; Je l'en cuit bien le bee ganter A pièce, mais n'ira mmer La ou veoir puise cbevaliers. AUib, MS. U\. 111, V eU. I. 5* Entretenir quelqu'un le bec en teau. L'amuser, le leurrer. Nous disons encore en ce sens : tenir le }>ec dam l'eau. (Mém. Du Bellay, Liv. IV, fol. 96.) 6* Le bec des ongles. En termes de vénerie^ on dïsolt bec pour le bout des ongles d'un chien: • S'ilz ont trop séjourné, faites leur accourcir le • bec des ongles, pour ce que les ongles ne se • rompent au courre, quant ilz sont trop longs. > (Chasse de Gaston Phébus, ms. p. 107.) 7* Becs de cane. Espèce de souliers qui succédé* féùt à la chaussure appelée poulaine: ■ L'on Ât • d'autres souliers qu'on nommoit beo de cane, ■ ayans un bec devant de quatre ou cinq doigls de < longueur. • (Citation de Du Cange, Gloss. latin, au mol Polainia.) . S* Avoir bec de casne, c'est-à-dire âtre las, ftlllgué: < De lantparler,j'ayfiecii£cajne. >(Itâcr. des dev. amour, demand. d'am. p. 96.) 9° Bec de corbin , Bec de faucon , Bexhe àbe^iàè faucon. Bec d'oustarde. Espèce d'armes qui fut affectée particulièrement aux cent gentilshommes à bec de corbin. (Voyez Dict. étym. de Ménage; le Closs. lat. de Du Cange; le Père Daniel, Mil. fr. T. Il, p. 104, et Brantôme, sur les Duels, p. 14.) < Tantôt après, voyanslesdessusdit3Anglois,ceste • division en l'avantage de, tous ensemble entre- ■ rent en eux, et jetterent jus leurs arcs et saiettes, • et prindrent leurs espées, haches, mailles, becs • ée fciucont et autres basions, Trappaos, abatant et < occisant iceux François. • (Honstrelet, Vol. I, toi. 229.) • Convient avoir quatre cens haches • de guerre, tant à bec de (auicon que aullres. • (U Jouvencel, fol. 85.) UE 10* Le bec, bech ou becq de faucon étoit ausû, i ce qu'il parott, une espèce de grue portée sur lei galères : elle servott à élever, au-dessus des plu| oautes tours, un esquif ou petit bateau qui coule- noit des gens de goerre et les faisoit descendre sur la (our on autres lieux dont ils vouloiant ftdre l'attaque. Parlant du siège d'Afrique, ville de Bar- barie, vers 1396: • D'autre partie aev«« la mer • (dirent Genevois) avons intentions de faire sur ■ quatre galères, deux becqs de faulcon, et en • chacun j>ec9d£ /'auicon nneschisamettreqnfaze • hommes d'armes et dix arbalesUiers ; et n'y a ■ bech de faucon qui ne soit plus haut que n'est la • tour du port qui tant est forte, et si celle tOiv ■ pouvons avoir, nous aurons tout. ■ (Histoire de Lovs 111, duc de Bourt>on, p. 300.) 11* Saigner du bec. Façon de parler qui revient It la nôtre: saigner du nez. (Voyea l'Histoire du Théâtre français, T. 1, p. 161.) 12* Un lourde bec, c'est-à-dire un baiser. (Dicl. d'Oudin. — Voyez Coquillart, p. 167.) 13° Bec d'oye est le nom d'une aorte de poisson, aiguillât, dauphin. (Dict. d'Oudin.) 14* Faire le beo à to^e. Acbever une «Wre. (Oudin, Cur. fr.) TUUAKTSS: BEC. Orthographe subsist. BEca, BBCQ. tfacbaut, HS. Ii>L 330, B* coL t. BiBC Pb. HouBkes, MS. Bes. Cbans. MSS. du comte Thibaut. Bactn, fim. CcrtgraTe, Dict. BxcQtiB. MoU^ Ecole dM Eemmes, acte iv, soèM n. Becci». BoreL Diot. BtcouiLLON. Coquillart. Bequillon. Nlcot, OudiD, Cotgrara, DloL Becace, subit, fém. Bécasse. Du mot bet, comme le brochet, bécard. (Voy. les autorités cMes sur les orthographes.) On disoit : < tendre le tae ■ aux becace» > pour tendre un piège, attrayor, séduire: tM. IfSS. «• S' Oana. U. SM. BECACE. Orthographe snbsist. BtCDASSE. Cotgrave, Diot. Beoace. BrantSme, sur les DueU, p. SB. BiOASax. Modus et Raciq, loi. B3, R<. Bequassb, mot de Harseille. Rabelais , T. TI, p. 113. BxgUACUE. Modus et Raoia, US. ftd. 188, V*. Becafller (compaignous du). Mot factioe , pev dire une société de gens qui causent beanconp, société de bavards : CompaigDODS du heoafiiBt, Et de merveiUes controuver, Pensez des nouvelles & prandre Par os vous farec coarosner : La se peut cbascua eslever, Pour compte de ««a bourdes Tendra. BM. Dm*. Poe*. MSS. M. «S. Ml. I. BB — U8 — BE Beccade, mbêt. fém. Béqnëe. On a dit, en parlant de la manière dont il faut dresser un fau- con : « Se ta le treures mengant ne lui fais € nulle froiterie ne ennuy, mais le reprens au « loerre s'il a mengié , et lui donne une bechiée de f cbar, et lui metlecbapperon. » (Modus et Racio, m. fol. 1^.) Ce mot est pris dans un sens figuré en ^ passage: « Yintleducd*Orléans à Paris, pour « prendre une beschée sur la pouvre Tille. » (tournai de Paris sous Charles VI et VII, p. 191.) TABUNTES ! 6ECCADE. Oudin, Dict. Bbcquadb, Bbsquéb. CotgrsTe, Dict. BncHÉx. Journal de Paris sous Charles VI et VII, p. 191. .BmctdoL Monet, Oudin, Dict. Bbchiée. Modus et Racio, MS. fol. 113, Ro. Beccasse, subst. fém. Terme d*injure. Beccasse est une injure dite à une femme dans Coquillart, p. 112, et dans le Moyen de parvenir, p. 62. On disoit begausse, pour une femme grosse et grasse, selon le patois normand. (Moy. de parvenir, p. 204.) Begarde est une injure dans l'Histoire des Trois Maries, en vers, mss. p. 204. VARIANTES : BECCASSE. Ck)quiUart, p. 112. Bboarde. Hist. des Trois Maries, M S. p. 204. 0BGAUCE. Moyen de parvenir^ p. âÎM. Beccher, verbe. Donner des coups de bec. — Becqueter^ manger. Au premier sens, nous trouvons ce mot employé dans les vers suivans : Si durement les cuit bêcher Qu'ils n'auront gaire mon bec cher, Parce qu'il me vont debéehant. Hist. de S" Léocmla, MS. de S. Germ. fol. 89. Ce mot a signifié manger : « Les poulets lors « ne daignèrent 6^(?ft^r. » (Machiavel, sur Tite-Live, page 89.) VARIANTES *. • KCGHER. MachiaT. sur Tite-Live, p. 89. Brchbr. Hist. de S*« Léocade, MS. de S. Germ. p. 29. tescHiER. Fabl. MS. du R. n« 7218, fol. 47, R« col. 1. Bbcquier. Modus et Racio. MS. fol. 187, v«. Bekier. Vies des SS. MS. de Sorbonne, chiffre lx, col. 38. Bequier. Histoire de B. Du Guesclin, par Ménard, p. 396. Bequer. Monet, Borel, au mot Beccua, Bebecher. Histoire de S** Léocade, uM sxtprà, Becchus, adj. Qui a le nez long et aquilin. — Pointu. — Arrondi en bec de cane. Dans le premier sens, on lit : « Becchus aquili- « nus: qui a long nez. » (Glossaire du P. Labbe.) Bechu est au même sens dans le Dict. de Borel. (Foyez ibid. Becu. — Voy. aussi le Dict. de Cotgrave, el tes Œuvres de Roger Collerye, p. 189.) Monet epcplique ce mot par garni de bec. Il est mis en opposition avec camus, sous l'orthographe bescuj dans le Blason des Faulces Amours, p. 263, et dans les Poésies de Machaut, ms. fol. 205» où bescitzesi ^nployé comme épitbète de suette^ qui ^nifie chouette. Becu signine pointu, aigu, dans la Farce de Pathelin, qui, parlant de pilules à son m^ecio^ dit: Ces tiois petHs morceaux be€%i8, Patlwtto, Fwoi. f. 4S. On trouve b&cu mis en ce sens, dans Coquiltart, page 128. Ënfln, le mot becquu a signifié aussi arrondi &a bec de cane. Les demy pantoufles becquues, Rondes par derant comme un œtl. Coqatn«r|, p. 17. VARIANTES " BECCHUS. Labbe, Glossaire, p. 48S. Bechu. Borel , Dict. Becu. Roger de CoUerye, p. 489. Becquu. Coquillart, p. 17. Bescu. Blason des Faulces A.mours, p. 363. Becco, subst. masc. Herbe. Celle qu'on nomme en latin rostrum avis. (Dict. de Borel.) Becdassée. Epithète ou sobriquet donné à un cuisinier, dans Rabelais^ T. lY, p. 171. Becgueter, verbe. Imiter la voix de la chèvre. (Voy. Rab. T. III, p. 143, et la note de Le Duchat.) Bêche (fils), subsL masc. Agneau. Ainsi appelé de son cri , comme Tânon est appelé plus ba$ /ils han, par la même raison dans les Fables mss. de S. Germ. fol. 48. Bechebois (1), subst. masc. Pivert. Sorte d'oi- seau- (Voy. les autorités citées sur les orthographes diverses de ce mot.) Entre autres injures dites aune vieille, on lit: . . . Vos talons sont plus flairans Que becque holts, et que hairans. Récr. des D«t. Amoor. p. 98. VARIANTES : BECHEBOIS. Oudin, Cotgrave, Dict. Besghebois. Cotgrave, Dict. Begquebo. Nicot, Oudin, Ménage, Dict. Bequebo. Nicot, Dict. Becqubholts. Récréât, des Dev. Amour, p. 96. Bechement, subst. musc. L'action de bêcher, de fouiller la terre. (Voy. les Dict. d'Oudin et de Cotgrave, au mot Bescnage.) « Thresor d'or, ou « d'argent trouvé en terre, par bechementj ou « ouverture est au prince. » (Coût. Gén. !• II, p. 758.) VARIANTES l BECHEMENT. Coût. Gén. T. H, p. 258. Beschement. Cotgrave, Dict. Besghage. Ouilin, Cotgrave, Dict. Bechet, subst. masc. Brochet. Sorte de poiafion dont la hure se termine en pointe, et Dorme UM espèce de bec (2), d'où on Ta nommé bechet. (Voy. las Dict. de Monet, d'Oudin et de Cotgrave.) « Que nul « ne preigne bechet en la rivière de Sonne,.... de- « vant la feste de S' Laurent. » (Ord. des R. de Fr. T. Il, p. 350.) BecqueteauesUeA'ïminniiîdebecqu^t et répond, à notre diminutif brocbetou. {Voy. le Coût. Gén. T. I, p. 813.) céh |1) On emploie encore la forme beschois. (n. e.) — (2) La forme brochet a la même origine. Le nom le plus ancien f 8t ' e de luz {lucius). (n. e.) BE Bequet. Froiesart, Poës. HSS. p. 306. Bectaeterre, subst. masc. Homme qui bôche ou laboure la lerre. (Dicl. de Cotgrave, au mot Bêcheur.) Jamais un brave cœur, cependant qu'il a vie, Ne se peut contenter ; Ores il est content avec sir pieds do terre, Partage égal à tous ; Car autant en emporte un chetit becheterre Que te plus grand de noua. Tomt. dD Uonlliic, > la luilc da la Uém. 101 . SfS. VARIANTES : BECHETERHE. Tomb. de Montluc, Hém. fol. 582. Bêcheur. Cotgrave, Dict. Bechevet, subst. masc. A tèle-bêche, pieds coulre léte et réciproquement. Ce mot, suivant Ménage (Dict. Etym.) , se dit de deux choses £ lacées h contre-sens, ou dont l'une a les pieds à i tête de l'autre. 11 si^inifie tête à tête, suivant le Dict. de Cotgrave, et la tête en bas, suivant Le Laboureur [Orîg. des Arm, p. 148), ce qui est con- firmé par un passage du Moyen de Parvenir, p. 188. Fauctiet prétend qaebescheveloubesckevet,s\smf\e double cher ou chevet. [Des Orig. Liv. II, p. 120.] Selon Monet, c'est un double chevet en un lit, l'un à la tête et l'autre aux pieds. On lit dans Rabelais que c'est un jeu d'enfans, qu'ils jouent avec deux épingles que l'un d'eux cache dans la main. Quand la tête de lune est tournée vers la tête de l'autre, elles sont ù beschevel. (Voy. Le Duchat, sur Rab. T. I, p. 151, note 18.) VADIANTES : BECHEVET. Ménage, Dict. Etym. Bbschevet. Fauch. Orig.Liv. 11, p. laO. BE!>Chevi£L. l.e Ductiat, sur Rabelais, T. I, p. 151, note 18. Bccheul, subst. masc. Sorte de cage. Nous en trouvons la délinition dans ce passage : • Doit estre « carrée, et doit avoir chascun costes m pies à pié ■ main, et trois doies et est fait ainsi. • (Modus et Racio, us. fol. 175.) VAHIANTEâ : BECHEUL. Modus et Racio. MS. fol. 175, R«. BencHEUL. Ibid. fol. 17G. R'. Bbcueil. Ibid. fol, 175, R". Becur. Modus et Racio, toi. 85, V*. Behuel. MoJus et Racio, MS. fol. 175, R». Becjaulne, subst. et adj. Innocent, niais, sot. — Droit de bienvenue. — Main-mortable. (Voy. sur ce mot le Gloss. de Du Cange, au mot Beanus, et les Dict, de Corel et de Cotgrave.) Le premier sens se tire de l'allusiOB aux oiseaux oui pour la plupart ont le bec jaune avant d'être S'ona n'en savèa quartier ne aulne. Car VDUB avea le oee trop jaun». Rnn. d> Il Rou, 13373 «1 1SS7S. Batrai & moult grant annea Orages bea trop janes. Athb, MS. fol.ST, Vod. I. On nommoil becjaulne ou becjàune un droit de bienvenue payé au trésorier de la Basoche, parles nouveaux clercs du palais. Ceux qui étoient nobles payoient le double. [Voy. Hiraum. des Cours Souv. p. 661.) On expédioitdes lettres de becjaimes k C6}u qui étoient nouvellement reçus. (Voy. le Rec, des statuts de la Bazoche, p. 61.) Enfin, les mains-mortables sont appelées becjtm- nés, en quelques lieux. (Voyez Launere, Glossaire du Dr. Fr.) VABIAKTES I BECJAULNE. Uiraum. des Cours Souv. p. 661. Becjacne. Palh. Parce, p. 35, BEJAU1.NE. Vill. Rep. Fr. p. 16. Bejaune, Mon et, Dict. Beoaun'e. Cotgrave, Dict. Bejane. Du Cange, Gloes, latin, au mot Beanut. Beane, Id, Ibid. Des ianes (pfur.) Athis, HS. toL 67. Becqueneau, adj. Babillard, causeur, rappor- teur, (Oudiii, Dict. et Cur. Fr.) On trouve presque toutes ces orthographes dans le Dict. de Nicot. On a dit de mademoiselle d'Entraigues qu'elle étoit un bec affilé, et on lit plus bas: • 11 vous fallut... • trouver cent mille ecus pour donner à celle • Bequenaut. » (Mém. de Sully, p. 63.) BECQUENEAU. Nicot, Oiidin, Dict. Becuuenau. Ibid. Bequenauld. Cotgrave, Dict. Bbquenaud. Nicot, Dict. Bequenaus. Hém, de Sully, p. 83. Becquerelles, subst. fera. plur. Brocards. (Dict. de Borel, qui cite les Rebours de Mathiolus.) Becquerelle», adj. au fém. plur. Médisantes, mordantes. Proprement qui donnent des coups de bec. • Je n'ignore pas quelle fut la vengeance des . Muses contre les becquerelles. > (S' Jul, Mesi. nistor. p. 162.) Becquetement, subst. masc. L'action de becqueter. [Dict. d'Oudin el de Cotgrave.) Becudels, swbsf. masc. plur. Pois chicbes. Ainsi nommés dans le patois de Monlauban, parce qu'ils ont une pointe comme un bec. (Dicl, de Borel, au mot Beccus.) Bedalne(l), subst. fém. Espèce de canon gros et court. Le même que Dondaine. Il signifioit aussi les boulets dont ils étoient chargés. (Dict. de Borel el de Ménage. — Voy. Boullainv. Ess. sur la Nobl. Tabl. et Rab. T. IV, p. 168.) Bedats, subst. masc. plur. Garennes ou bois QTohibés. Le même que bois vêtez. (Voy. Laur. . (1) Bedaine peut être rapproché de bedon et même de bidet. C'était aussi un vase i grande panse : c Deux betda d'airain pour servir 6 porter l'eaue des beins de madame la ducbesse de Tourraine. t (De Labcirde, Emmue, p. 163, d'à; lea Comptes de l'Argenterie du xrv* siècle.) (n, k.) BE -4 Gloss. du Dr. Fr ; le Dict. de Cotgrave et Du Cange, Gloss. lat. aux mots Bedatum, Velatum, defensum forestœ et silvœ defensœ.) Bedaud, subit, masc. Terme de caresse. — Un œuf. Sur le premier sens, voy. Rab. T. Il, p. 152, T. 11!, p. 96, et la note de l'éditeur. Suivant ie Dict d'Oudin, ce mot signifie un œuf que les enfans appellent coquart. TARIANTES : BED&UD. Rabelais, T. II. p. 152. - Oudin, Dict. Bedault. FUbelais, T. Ilf, p. 96. Bedeau, subst. masc. Sergent. (Voy. Du Gange, Gloss. lat. aux mote Bedelli, Bedellaria elBidellus; les Dict. de Cotgrave, Borel, Ménage, et Le Du:hat, sur Rab. T. 1, p. 109.) Joinville semble mettre une différence entre sergem et bedeaux{i). (Voy. Joinv. p. 123.) Cette distinction est bien marquée dans le passage suivant: • Les bedeaux sont les mendres ■ sergens qui doivent prendre les namps et faire ■ les olllces qui ne sont pas si honnêtes, et les - mendres semonces. » (Ane. Coût, de Normand. fol. 9.) Plus haut elle fait mention de sergem d'un ordre supérieur appelés sergens de l'espée. Cepen- dant on voit dans ta même Coût, au fol. 150, que les sergens du premier ordre y sont désignés par le mot de bedeau, el ceux d'un ordre inférieur par les mots de bas sergens. Suivant Fauchet, qui dérive le mot bedeau de Bideltus, ■ les bedeaux servent • aux justices subalternes, de même que font les • sergens aux royaltes, pour différence, ainsy je • crois, et marque d'autorité; car il semble quêtes ■ sergents royaux fussent de franche condition, el • les &e(/£ Germ. fol. V, V° col. t. Bedel. GlosB. de l'Hist. de Parie. Bedegar, subst. masc. Eponge qui se forme sur l'églantier. Borel le définit • espine blanche, • ou esponge qui se trouve sur le rosier sauvage. * (Voy. le Dicl. de Colgrave.) Bedelary, subst- fém. Office de bedeau. (Voy. les Ten. de Littl. fol. 89.) Beder, verbe. Tourner le dos. Depuis s'en vindrent par la ville, Pour Francoys cuider suborner. Mais l'en les Qst, sur pié, sur bille, Bientost beder, et retourner. VI(U. ds Ch. VU, T. 1. p. IW. Bedier, adj. el subst. Sot, ignorant, grossier. (Dicl. de Borel. — Geltell. de Léon Tripp. el Dict. de Cotgrave.) • M. de Cesarée, évesque portatif, qui < faispit la visite par le dioceze d'un qui l'en avoit " prié, el où il avoit autrefois tenu les ordres, il se , ■ (rouva qu'il interrogea un prestre- qu'il trouva ■ ignorant; ô, dit-il, gros bedier, asne que tu ea," • qui t'a fait prestre ; qui est le veau d'évesque qui ■ t a conféré cet ordre? — C'est vous, monsieur. ■ , (Moyen de Parvenir, p. 305.) Bedon, subst. masc. Tambour ou tambourio.— Joueur de tambour ou de tambourin. — Ventre. — Jeune cheval. Au premier sens, ce mot signifie tambour ou tam- bourin (3), (Voy. Dict. de Nicot, Monet, Oudin, Cotgr. ■ et Ménage, au motfîeiion.) Borel hésite mal à propos entre le mot cloche et celui de tambour. (Voyez Le Duch. sur Rab. T. II, p. 86 ; les Vig. de Cb. VII, T. H, p. 31, et Coquin, p. 28.) Alors Qrent beau bruit, trompes, fiCfres. bedon$ i. HirM. p. 103. On lit bedondon, dans les Contes d'Eutrapel, page 230. Nous ne trouvons celte orthographe employée qu'en ce premier sens. Bedon signifloit aussi le joueur de tambour ou de tambourin. .... nostre droit a fait deffendre Aux maistres jurez du meslier Qu'ilz n'avent k recepvoîr, ou prendre AucuD bedon, ou menestrier, Sanspremier les taire jurer, etc. CaquittBl, p. U. On nommoitfredonceque nous appelons bedaine, ventre. (Dict. d'Oudin,' au mot^edon.) Enfin bedon désigne un jeune cheval, dans le patois de Dombes. [Du Cange, Gloss. lat. au mot Biù)gius.) m" le trouve, a (1) Bedeau a pour origine le haut aUemand puiil, cr g: 5975): i Tant i a prevoi el bedels. Et tant baillii v: „ , ^, ... ^ r 'étaient des sergents d'ordre inférieur, de caractère aussi peu délicat que leurs missions. Au xui* siècle, ils s'étaient multipliés dans les bailliages et Bënëchaussëes, et S< Louis ordonna en 1351, à ses otDciers, de restreindre le nombre de cea voleurs, auxquels on ne pouvait échapper, même par la fuite. Us paraissent avoir exercé, en outre, les fonctions de ■ percepteurs d'impôts et de publicains. (n. i! ) — (2) L'Université de Paris avut quatorze bedeaux ou appariteurs i maSBe d'argent, deux par nation et par faculté. Le bedenu de la naUoa de Franca portait le titra de grand bedeau. (K. E.) — ^ On - nomme encore bedon de BUeaye, un tambour de basque garni de castagnettes. (N. K.) ISE — 446 — BE entre. VARIANTES ! BEDON. Oudin, Nicot, Monet, etc. BsDONDON. Contes cTËntrapel, p. S80, Bedondalne , $ubst. fém. Bddaine , ti (Voy. Borel, Dict. et Rab. T. Il, p. 86.) Bedonner, verbe. Jouer du tambour ou du tambourin. (Dict. de Nicot, de Houet, d'Oudin et de Ûjtgrave.) Tabours adoncque bedonnèrent, i. Uarot. p. 164. . Bedonnerle, subst. fém. Bruit du tambour. « Telles bedonneries, fanfares, et musiques cordées « me déploisent. » (Contes d'Eutrap. p. 260.) Bedonnique, adj. Qui sonne comme un tam- bour. C'est en ce sens qu'un poëte a dit : Après, en rimes héroïques, Tu fais de gros vers hedoniques, ŒoT. de ioadi. da Be^. fbU 473. Beduins(l),si£b. moscp/i^r. Peuples de TArabie. — Bédouins. (Voyez du Cange, Gloss. lat. au mot Beiuinl,) Ce mot, selon son étymologie arabe , stenifie les peuples du désert de la partie de Vlrabie qu'on nomme Arabie déserte. « Illuec « s'esloient logiés Turs d'Arabe, que Ton appelle « Beduins, etc. > (Contin. de G. de Tyr. Itarténe, T. V, col, 585.) Et Turc, et Ârabi, Beduin et Persant. Fauch. Lang. et Poct. tt, p. 94. Nous trouvons dans Froissarl l'orthographe Beo tuaires. L'éditeur explique ce mot p^v Beduins.., • Persans, Tartares, et Arabes, Bectuaires (2), et < Suriens. » (Froiss. Liv. IV, p. 254.) VARIANTES I BUDUINS. Pasq. Rech. p. 690. BfeiDOiNS. Blanch. MS. de S. G. fol. 183. Baudouins. Fabi. MS. du R. n« 7615, T. I, fol. 60, R«. Bectuaires. Froiss. Liv. IV, p. 254. Bée, subst. fém. Moquerie, risée. — Sorte de ffUit ou de couleur. — Désir, espoir. On disoit au premier sens de moquerie, risée : Ghascuns fera de moy la bée, Desor seroy de tous gabée. Hi>i. des Trois Maries, en Ters, MS. p. i6S. Bée est, selon Borel, une sorte de fruit, ou de couleur ; c'est probablement la couleur baye, et la baye^ fruit du laurier, du genévrier, etc. On a dit bée dans le sens de baerie^ pour désir, espoir. Soffrés au moins ma folle hée. Poèi. MSS. crut 1890, T. I, p. t50. .11 semble même que l'acception de ce mot a été étendue au-delà du désir, dans ces vers : Cil faux amans qui vont par la contrée,.... *• Et des dames ne quierent que la bée. Ibid. fol. 333. r Remarquons cette expression, où le mot bée est employé comme exclamation ou aspèce de jurement : Lors dist bee, sanc de Meulant, ArgentueU, )d sut moult dotent Que tu despistes compaignons. Fabl. MSS. da R. V 7318. M. 3ai.B*«i.i. Béel. Ce mot se trouve joint avec celui de ter, dans la Ghron. lat. de Nangis. L'un et Tiiutre de ces mots, qui semblent être de la langue vulgaire, répondent à Sanctus Petru$, nom de l'abbaye oii mourut Louis VII. • Abbatia cisterdeneie ordiuis « quœ Sanctus Petrus dicitur, id est Barbéel. « Beeleur, mb%t. m4isc. Criard. (DicL d'Oudîn.) Béer, a4J, Brave. Geuls qui sont à cheval faites tantost monter : Au ferir, sauron nos lequel est béer, lion. 4e non, MB. p. 39. Bees, subst. masc. Sot, qui baye. « Sot, dietif, « meschant, assoté, bées, laisse là ta folie. » (Percef. Vol. II, fol. 413.) Beessin» subst. masc. Nom de pays. Ce mot est pour Bayeux, dans ce vers : En Beessin moult près de Vire. Fdtf.liaS.dmR. nrmt.fbl.tW.R*«Lf. Beesoufle^ subst. masc. Gâteau, n semble que ce soit le sens de ce mot dans ces vers : Une vieiUe ot entour se nape Ënvelopé grant béesoufle (3); Une truie qui bée et soufle Saisi le tourtel en sa gueule. Poês. Miss. viuA 1300. T. IV, p. iUQ. Beffer (4), verbe. Mentir, tromper, jouer, dup^. Les Italiens disent beffare en ce sens. (Vovez Du Gange, Gloss. latin, au mot Befax sous Bifax ; les Dict. d'Oudin, de Gotgrave et de Ménage, au mot Beffler, etc.) « Il ne contoit à sa Majesté, touchant « les affaires d'Espagne, que des niaiseries et bail- « vernes, afin de le beffler, et Tamuser. » (Mém. de Sully, T. VU, p. 192. — Voyez Rab. T. I, p. Si5; Mém. de Seguier, p. 84 ; Négot.de Jeann.T. I, page 182, etc.) vARiAirrBs : BEFFER. Du Gange, Gloss. lat. au mot Befax. Befer. Hist. de Fr. à la suite du Rom. de FauT. f6l. 39. Beffler. Nicot, Oudin, Cotffraye, Ménage, Dict. Beflbr. Naudé, des Coups d'Etat, T. III, p. SB. Besfler. Oudin, Cotffrave, Dict. Beugler. Nègoc. de Jeann. T. II, p. 168. Buffler. Oudin, Dict. Befflerle, subst. fém. Tromperie. (Dict d*Oudin et de Gotgrave.) VARIANTES : BEFFLERIE. Oudin, Gotgrave, Dict. BÉFLURE. ViUon, p. 105. (L) Ce mot, assez fréquent ches Joinville, se trouve déjà au xn« siècle, au Livre des Macchabées : c E li 'bedovsin fi sont venu aidier et ont mises lor herberges outire le flom. » (I, ch. 5.) (n. b:) — (2) M. Kervyn imprime au t. KV*, p. 314, de son édition : c Aveuc tout ce il estoit bien advenu que plusieurs Sarrazins, payons, Persains, Tartres, Arabes, lapruatn^, Turcs et Suriens avoient pris des prisonniers [à la bataille de Nicopolis]. » (n. b.) — (3) Ce doit être une pâtisserie soufflée. (N. B.) — <4) Comparez biffe, encore employé dans 1« sens de pierre précieuse contrefaite, (n. b.) BB subst. mase. Trompeur. Tons gens fUUun aout diaboliques, la Im nuintienB pour befflean repudiques D» rapporteur* vient tout mal, et discord. (br. b Roc. à» CidkrT*, p. 18t. TARIAHTES ! BEFFLEUR. Rog. de CoUerra, p. 184. BftFLEUR. vmon.ip. 106. BursoB. Poës. Hffî. av. 1300, T. n, p. 549. Beffray, sub$t. mase. Ce mot désigne propre- ment les tours detmis (1) élevées par les assiégeants i la hauteur des murs de ia ville qu'ils attaquoient. KUes éloieQt drainées sur des roues, ou portées sur dra bateaux ou des galères ; elles avoient commu- Dément plusieurs étapes, et renfermoient des gens fle guerre. On a aussi donné ce nom aux prisons Erce qu'on mettoit les prisonniers dans des tours, cliarpentâ sur laquelle portent les cloches des ^ises et des villes, s'appelloit aussi beffroy. Ce mot s'est dit enfin des cloches mêmes, et particu- lièrement de la cloche destinée à appeler les citoyens pour les faire assembler. On a dit sonner le itefroy, pour sonner le tocsin. Faute de savoir la gradation des diverses significations qu'on a données à ce mot. S' Jul. dans ses Mesl. historiques, page 355; Pasquier,dans ses Recherch. page 754, et Ménage, dans son Dict. Etymologique, l'ont fait venir de bel effyoy, de effroy et de bec effroy (2). Borel ajoute qu'il signifie quelquefois une couverte de ' cuir bouilli. Il parolt qu'il a été trompé par l'usage où l'on étoit de couvrir avccdes peaux ou des cuirs bouillis, les tours de bois ou beffrois, afin de garantir les assiégeans des feux et des traits des assiégés, fjous allons rapporter quelques exemples de ces différentes acceptions. (Voy. d'abord le Dict. de Nicot, de R. £st., de Borel, l'" et 2" add. ; Laur. Gli»3. du Dr. fr. ; le Gloss. de l'IIist. de Bret. ; Case- MQve, Orig. de la Langue fr. ; le Gloss. lat. de Du Gange, aux mots Batifolivm, Beffredus, Belfredus, Benfredum et Buffredus ; et le Laboureur, Orig. dêsArm.] ■ Les Anglois qui sessoient devant la ■ Riole.... avoyent fait charpenter deux beffrois de • gros mesrien, à trois estages, et séant chacun ■ oeffroy sur quatre roeles et estoient ces beffrois ■ au lez devers la ville, tous couvers de cuir boulu, • pour deffendre du feu et do trait. • (Frois. Liv. I, page 27.) 11 paroft employé pour prison, dans le passage suivant : La vieille viet à luy en la prison tout droit. Si luy dit, mon amy, le tien corps mourir doit ; Hais si Taire vmilois ce que l'on te diroit. Tu serois délivré, et mis hors de befroit, Rom. d* G. lie NaalbroM, dU pir Boni, lu mol Btfng. Ce mot semble avoir signifié quelquefois la char- pente servant à porter les meules de moulin. < La • croisée, estache, arbre naiele, gisant, maison, ■ beffroy, pierres, et tout ce qui est édifié sur mou- f- BE ■ lins h vent et à eaQe sst réputé héritage. > (CouL gén. T. 11, p. 882. — Voy. Du Cange, Gloss. lat. au mot Baeria, où il cite la Coût. d'Artois.) Laurière Gloss. du Dr. fr. l'explique par ■ la maison, ou ■ l'édifice auquel le moulin à eau est attaché. • Ou lit belfroy, dans le Coût. gén. T. I, p. 761. On se sert encore du mot beffroy pour désigoer la cIo<âie destinée à sonner l'alarme dans les viUes de guerre. VARIANTES : BEFFRAY. Nicot, Leur. Gloss. du Dr. fr. Beffroi. Hist. de B. Duenescl. psr ICin. Befproy. Uolinet, p. isi. BKFnov. LeJouven. fol. 86, R*. Beffhoit. J. d'Aut. ann. de Louis Xfl. p. 30. Belfroit. Du Cange, Glos. Ist. & Baifiou» et BUefiouM. Bellefroit . Belefrov. Du Cence, Gioss. iBt. au mot Catnpana. Belfroy. Le Jouven. MS. p. 293. Baffroy. Oud. Cur. tr. Colgr. Dict. Baufrot. Cotgrave. Dict. Cotgrave, Dict. Beuffboy. Le Jouven. MS. p. Î93. Berfray. Hist. de B. Duguescl. mr Hén. p. V. Berfhoi. Ram. deBrat, HS. fol.3, V>c(^ 1. ,• Berfrov. Dict. de Borel, au mot Bifroy. BKBFRorr. Berfheid. Froissart. Berefreid. Du Cange, GI. Ist. à Berfreit sous Belfreduut. Berfreit. Du Ganse, Gloss. IsL au mot Belfredtrn. Brov (alirév. de Beffroy.) Rom. de Brut, HS. foL 8, T*. Be!jar(3]j sub$t. moK. Pauvre, mendiant. Tenue anglois. (Gloss. de l'Histoire de Bretagae.) Begaader, verbe. Bayer, niaiser, s'amuser. (Dict. de Cotgrave.) • lis vont niaisans, begauîam ■ et s'amusans par les chemins. > (Contes d'Eutra- pel, p. 306.) Begault (4), adj. Sot, niais. <• Et bien graod • begaut, m'as-tu regardé assez. ■ (Contes d'Eutrap. • p. 324.) Ceux qui n'auront jamais bougé d'entre • les bras de leurs mères, ne seront que niais et ■ begaux. ■ (Apol. pour Hérodote, p. 461.) On lit begault, dans le Sict. d'Oudin, où il est expliqué par bigot. On ne sait sur quelle autorité. cette orthographe. On fa emfdoyé au figuré daot quelques expressions : 1* Bégayer des aureiltes. C'est une métaidioiw outrée reprochées Pasquierpar Garasse. (Recn. des Rech. p. 555.) > Ausone eut bégayé des aureiUes de ■ dire que la lettre de V rapportait un son furieux. ■ (LetL de Pasquier, T. 1, p. 148.) ■ Si les oreilles me ■ me beigayent, je pease ainsi. ■ (Id. Rech. p. &n.) if) H. VioIIet-Le-Dne, dans son Die rt te beffroi de commune, (n. e.) - (3; — (3) Du &ani.md beggen. demander,' du xnp BlMa. (m. k.) - (4) Le radical BE — 448 — BE 2' Faire un Jean bégayer^ semble un terme du jeu de trictrac dans ces vers : Comme recluz, en ce bois de Vincennes, Ou conviendroit geiter des fois vingt sennes, Ains que en tablier faire ung jehan bégayer, VARIANTlCS : BEGAYER. Lett. de Pasquier, T. I, p. 148. Besgayer. Id. Rech. p. 671. Begeher. Froissart, Foës. MSS. p. 296, ool. 2. Beouyer. Cotgrave, Dict. . Begeauxy subst, masc, plur. Nom de faction. Ce nom fut donné à une espèce de séditieux, ou de brigands armés. (Voy. un mandement du Roy rendu contre les Bourguignons en 1416.) On lit dans Monstrelet : < Une compagnie de fuzelaires, qui se « nomment les Begeaux accompagnez de plusieurs « séditieux et par troubleurs de paix. » (Monstrelet, Vol. I, fol. 238.) Begehenty adj. Qui bégaye. « Je ne suis point « éloquent, et j'ay la langue empeschée, grasse et « begehente. » (ïfistoire de la Toison d'Or, Vol. II, page 82.) Beggaunt, partie. Extorquant. (Voyez Britton, Loix d'Angleterre, fol. 36.) Il faut lire beggaant; c'est le participe du verbe suivant. Begger, verbe. Extorquer. (Voyez Britton, Loix d'Angl. fol. 37.) Begoyement, subst. masc. Bégaiement. (Dict. de Cotgrave.) ' Beguards, subst, masc. plur. Sorte d'héréti- ques. « On les appelloit aussi fraticelles. Il y en eut « de brûlés en différentes villes de Languedoc « en 1319. « (Voy. D. Vaissette, Hist.de Languedoc, T. IV, page 182.) • Begude (1), subst, fém. Nous lisons : « Le pont « de Lunel renomé par sa bégude blanche. » (Favin, th. d'honn. T. I, p. 450.) Begné, subst, masc. Sorte d'officier de justice. « C'est un sergent ou officier qui est autre que bail, « et qui exécute les mandements et commissions « de justice. » (Laur. Gloss. du Dr. Fr. aux mots Beguer et Beguée,) On lit begué, dans Ragueau, cité dans le Dict. de Borel. VARIANTES : BEGUE. Borel, Dictionnaire. Bequée, Beouer, Vbguê, Veguée. Laur. Gloss. du Dr. Fr. Begui, subst. masc. Bonnet, coiffe. Mot langue- docien. (Dict. de Borel, au mot Béguines, qu'il soupçonne venir de begui.) Nous disons encore béguin pour une sorte de coiffe ou bonnet. Béguin^ subst. masc. Moine. — Bigot, hypocrite. On a dit, au premier sens : « Ung faulx pr(^hete « qui faignoit mener sainte vie sous rhabit de « béguin. » (Chron. de S^ Denis, fol. 138.) On lit dans le latin de Nangis : « Sub babitu beni^o. » Le même mot, qui désignoit un moine, signifioit souvent aussi un hypocrite, un bigot : Veés vous celle qui fait la papelarde. Et celuy la qui bien fait le iXsguin, Ensi. fkmA. Poêt. MS. fol. 106. Bien savAz fere le coilart, Le béguin et le papelart, Et si n*a plus mestre boulier (2) D'Arras jusqu'à Montpellier. Fabl. MSS. du K. n* 7318. fol. 960. R* éd. 8. Eude, comte de Provence, est emporté mourant, hors du combat, sans avoir près de lui aucun de ses trois fils qui le puisse secourir; ils étoient occupé^ d'un autre côté, et ils y faisoient un hor- rible carnage. Ses trois enfaus ailleurs, dit le poëte, ne font pas le béguin. (Ger. de Roussillon, us. page 127.) Béguin, dans ces vers, est pris pour moine dont la vie est très différente de celle des gens de guerre. Béguine est employé pour' relieieux, ou espèce de religieuse, dans Duchesne. (Gén. de ChastiilOD, p. 60, til. de 1268.) On y lit : Béguines de Guise. Un saint homme, envoyé dans un monastère de fllles pour y découvrir une sainte personne qui s'v tenoit cachée, demande à voir toute la communauté. Gomme il n*y reconnaît point celle qu'il cherdioil, une des religieuses lui dit : Nous n'avons plus nonnain, ne béguine Qu'une mescbaote folle qu*est en nostre cuisine. Ger. de RoosaUlon, MS. p. 80. Nonnain semble être une religieuse de chœur, et béguine, une sœur converse (3). Voyez les reproches faits aux bégards sur la vie déréglée qu'ils mènent avec leurs sœurs béguines, ou beguettes. (Nef des Fols, fol. 100.) Le mot Bajards se trouve ailleurs pour signifier les reli- gieux de S*' Bègue. On disoit habillement de béguin, pour habit de deuil. (Voy. les Preuves de THistoira de Bretagne, T. II, page 1373.) VARIANTES I BEGUIN. Le Ducbat, sur Rabelais, T. IV, p. 195. Begin. Pli. Mouskes, MS. p. 784. Beghin. Ph. Mouskes, MS. p. 837. Begard et Beguard. Nef des Fous, fol. 100. Besgard. Borel, au mot Béguin^ ^ addit. BiGARD. Oudin, Dict. Bigaut. Cotgrave, Dictionnaire. Begault. Oudin, Dict. Béguinage, subst. masc. Collectif de religieux ou religieuses. — Hypocrisie. Au premier sens, nous citons le passage suivant : « Les maisons des prostrés séculiers et des begui" (1) En bas-latin beguta, en provençal beaudOy hôtellerie. On lit, au Roman du Chevalier délibéré : c Le portier me fut ung peu rude, Et me dist : Âiez pacience, Ce n est pas c^une begude ; C'est le lieu qui s^appelle estude. » Q«. x^ — (2) Débauché, u^rtin ; voir Du Cange sous hullœ. (N. e.) — (3) Dans l'ordre des frères prêcheurs et mineurs, les frères convers se veuves en 1480. Leur nom vient peut-être de leur habit gris blanc {bis, beige, en français, bigio en italien), (n. s.) BE - 449 — BE « nages, ne sont pas plus franches que les maisons « des autres bourgeois et habitans de la ville. » (Coût. d'Oudenarde, au Nouv. Coût. Gén. T. I, page 1068.) Béguinage a signifié hypocrisie, dans ces vers : Se U hom maint en tel usage. Et covrir veut de beahinage Sen ort pecié, et sa lussure, Teux vie eUe est amère et sure. Poêa. MSS. aTtot i300. T. IV, p. 4921. VARIANTES * BEGUINAGE. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 297, R« col. 1. Bbguignage. Monstrelet, T. II, fol. 40, R«. Bbguinaioe. Eust. Desch. Poês. MSS. fol. 233, col. 2. Bbghinage. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1321. Beginage. Du Gange, Gl. 1. à Beguinagium sous Beghardi, Bbginaie. Poës. MSS. du Vat. n» 1490, fol. 128, U». Béguine, suhst, fém. Religieuse. ~ Hypocrite, bigote. — Sorte de religieuse mentionnée dans le Glossaire du Roman de la Rose. Le sens propre de ce mot est celui de religieuse : Béguines avons mont Qui larges robes ont, Desor lor robes ont Ce que pas ne vos dl. Abl. MSS. du R. n* 7615. T. I. fol. 66, V col. 3. Voyez la Nef des Fous, fol. 99, où il est dit que c'est un ordre nouveau. On lit (Ibid. fol. 100) qu'elles gardoient les malades et fermoienl les yeux aux morts. L'auteur, au folio 991, leur reproche de mener la vie la plus dissolue avec les LoHhars ou bigots. De là, on trouve beghine pour hypocrite, dans Ph. Mouskes, ms. p. 837. (Voyez Béguin.) VARIANTES : BEGUINE. Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 297. Beghine, Begutte, Beguyne. Gloss. du Rom. de la Rose. Beguiner, verbe. Faire le dévot. (Dict. d'Oudin, au mot Beguigner,) Voulez-vous gouverner la contrée. En beguinant faire la précieuse. Eust. Detch. Poi's. MSS. VARIANTES : BEGUINER. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 334, col. 2. Beguigner. Oudin, Dict. Beguinet, subst, masc. Beignet, pâle frite à la Çoële. Nom factice d'un cuisinier, dans Rabelais, .IV, p. d 71. Behemoc, subst, masc. Nom de démon. « Insti- « tuons pour nous, et en noslre nom, et pour tous « les infernaulx, nos procureurs generaulx • c'est assavoir Salhan, Berselius, Denion, Leviaton, « Asmodus, Behemochf tous ensemble, chascun « pour le tout. » (Modus et Racio, ms. fol. 30, V^) Behistre, subst. Tempête, malheur, calamité : Après fouldre, esclitre, Tempeste befustrej Qui leur administre Mars le fier ministre. Molinet, p. 145. Les grands mechiefs, et les hehiates Que devoit faire assés, tost tristes, Et les pères des Vespasiens Aux faux juis pharisiens. Hiftt. des Trots Maries, en Ters, MS. p. 346. VARIANTES l BEHISTRE. Nicot, Borel, Oudin, Cotgrave, Dict. Behitre. Borel, Dict. 2« add. Behite. Histoire des Trois Maries, MS. p. 3i6. Behiste. Ibid. dans un autre MS. Bechisthe. Oudin, Dict. Behisfreux, adj. Tempétueux. Epi thète d'orage dans les Epithèles de Martin de la Porte. (Voyez le Dictionnaire de Cotgrave.) Behourcl(l), subst. masc. Joule, tournoi. — Ap- parence. — Dissension, querelle, orage ou tempête. Ce mot, pris au premier sens, signifie quelquefois tournoi en général, et quelquefois une des espèces particulières des tournois. Nicot, dans son Dict. au mot Behourtj le dérive du mot tartarearda. Je crois que behourt (2) est un mot composé de béer, regarder, et de hourt, heurt, combat, action de se heurter. Ainsi le behourt seroit proprement le spectacle d'un combat. (Voy. les Dict. de Borel, de Cotgrave et de Ménage; Du Cange, Gloss. lai. aux mo\& Bohordicum et Bagardare ; id. sur Joinv. p. 181 ; la Colomb. Th. d'Honn. p. 20, etc. etc.) De hehoursy de joustes, de vaultes, Faut-il payer les malletaultes? Pour ung plaisir miUe douleurs. MoUael, p. 127. Le mot bouhourt est employé au figuré pour apparence ; les tournois étant en effet la simple apparence des combals. Pour un bouhourt de vaine gloire, Ensi sont li povre boni. Poés. MSS. du Vatican, a* 1490. fol. i2B, R*. On employoit aussi ce mot au figuré pour que- relle, dissension, tempête. (Voy. Eust. Desch. Po&. MSS. fol. 268.) Les behourdis des vens De la mer eslevans. Rom. de la Rose, vers 49885 et 19830. Le jour del bouhourdie ;3), dans Duchesne, Gén. de Bélhune, p. 140, tit. de 1257, me paroît être le même que le premier dimanche de carême auquel les beourdis ou joutes recommençoient; ainsi j'expliquerois pareillement le lendemain des tordes, dans Perard, Hist. de Bourg, p. 460, tit. de 1246, par le lendemain du premier dimanche de carême. VARIANTES : BEIIOURD. Borel, Dict. Beheourt. Eust. Desch. Poês. MSS. fol. 151, col. 4. (1) Le premier sens est lance: au moyen-âge, dans le sens de brandons ou béquilles, on le contractait en bourdes; nous faisons encore de même quand bcturde désigne un mât soutenant un navire échoué, (n. e.) — (2) Cest la lance qui sert à jouter au pied des hourds^ ces échafauds encourtincs qui fermaient la lice d'un tournoi. Uétymologie est le haut allemand hurt (moderne Hûrde). claie. (N. E.) — (3) Bouhourdie est le jour où l'on fait des bordes, comme l'indiquent les deux passages suivants : < Ce fu donné à TrichasteK lou lundi après les bordes^ en Tan de gr&ce 1394. » (Cart. de Langres.) Et au registre JJ. 74, p. 68^ an. 1341 : < Item ledit habitant... aiuront esdis bois usage de prendre et coper desdiz bois^ pour Caire les bordes le jour des brandons. » Nous sommes bien là au premier dimancne de carême, où l'on portait des brandon allumés, (n. e.) n. 57 BE — 450 — BE Behours. Nicot, Dict. Behours. Petit Jehan de Snintré, p. 542. Behourdis. Suppl. au Gloss. du Rom. de la Rose. BEnouRDiER. Horel, Dict. au mot Behourd, Behordeis. Du Gange, Glossaire lat. au mot Behordicum. BuLROs, Behort, Buhors, Bahours. Bauours. Suppl. au Gloss. du R. delà Rose, à Behourdit, Bohourd. Nicot, Dict. Bouours. Du Gange, sur Joinville, p. 181. Bohourt. Monstrelet, Vol. III, fol. 101, R». BoHOURDis. Histoire des Trois Maries, MS. p. 466. BoHORDEis. Du Gange, Gloss. latin, au mot Bohordicum, BoNHORT. Gotgrave, Dict. BoNHOURT. Eust. Descharops, poës. MSS. BouiiOMSDis. (Usez Bouhourdis.) Ibid. Bouhordeis. Du Gange, sur Joinville, p. 164. Behours. J. Le Maire, lUustr. des Gaules, livre I, p. 123. BouHOURDic. Duchesne, Gén. de Béthune, p. 140. Bordes. Perard, Histoire de Bourgogne, p. 460. BouHOURD. Gotgrave, Dict. BouHOURDEix. Glossaire de l'Histoire de Bretagne. BouHOURDis. Eust. Desch. Poës. MSS. BouHOURS. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, page 1417. BouHOURT. Poës. MSS. du Vatican, n» 149D, fol. 128, R». Behourdcr, verbe. Jouter. — Jouer, jaser, Causer. -— Quereller. Au premier sens de jouter, nous lisons : « Prin- « drent leurs escus à leur cou, et allèrent dehors « behourder, » (Lanc. du Lac, T. II, fol. 29.) Sous Tacception de jouer, baorder figure dans Cîes vers : Ez dances et quaroUes se vont un accorder. Es tables et eschals ly autre baorder, Ger. àe Roussillon, MS. p. 87. Bordei' a été employé dans le sens de jaser, cau- ser, badiner. . . . Quant ce vint après souper. Si commencèrent à border, Et contèrent de lor aviaus. Leur aventures, etc. Fabl. MSS. du R. n- 7615, T. II. fol. 18i, R-. Borel, dans son Dict., donne le même sens au mot behorder, et cite Perceval pour autorité. De là, ce mot signifioit quereller. Dame que je n'os nommer Ne voz esmoiez mie, Lessiez le vilain border Ne vos corrociez mie. Po€s. MSS. avant 1300, T. I. p. 650. Le verbe bouhourder est employé comme actif, et dans un sens obscène, dans ce vers : Se la bouhourdier m'y veissiez. Rom. de la Rose, S2543. Variantes : BEHOURDER. Beaumanoir, p. 350. Baorder Ger. de RoussiUon, MS. p. 87. Behorder. Borel, Dict. Beorder. Athis, MS. fol. 55, V» col. 1. Behourdir. Gotgrave, Dict. Bouhourder. Glossaire du Rom. de la Rose, et le Suppl. Bouhourdier. Hist. de B. Dueuescl. par Ménard, p. if, Bohorder. Du Gange, Gloss. lat. au mot Bohordicum, BouHORDiER. Athis, MS. fol. 56, R*» col. 2. Bohourder. Rom. de Brut, MS. fol. 80, V«. BoouRDER. Ibid. fol. 33, V" col. 2. Bourder. g. Guiart, MS. fol. 238, R». Border. Parton. de Blois, MS. de S» Germ. fol. 135, R». BehourdeuFy subst, maso. Jouteur. Le com- battant d'un tournoi. TARIAIfTES t BEHOURDEUR. Fav. Th. d'Honn. T. II, p. 1750. Behourdisr. Ibid. Behourdis, adj, plur. Ce mot se disoit des combattans qui avoient été maltraités dans un tournoi, et qui étoient étourdis des coups qu'ils avoient reçus. ^ Nos anciens romanciers appeloient « behourdis^ et mal atournea, c'est-à-dire estourdis « du bateau, et hors d'haleine, les uns moulus de « coups de masse, et les autres de la presse. » (Fav. Th. d'Honn. T. II, p. 1750.) Beichiad, subst. masc. Bouvier. Mot breton. (Dict. de Borel, ii" add. au mot Bachardœ,) Beire, verbe. Voir. Mot du patois de Cahors. (Dict. de Borel, au mot Glouper,) Beis, subst. masc. plur. Biens. Dans le patois Languedocien, très beis signifie: trois biens. De là s'est formé le nom de Trebez, petite ville du diocèse de Carcassonne, du latin tribus bonis. (Ord. des R. de Fr. T. III, p. 264.) Beisse, subst, fém. Bêche. Ce mot se dit en Auvergne. (Voy. Gloss. lat. de Du Cange, au mot Bessus, sous celui de Becca,) Bejannie, subst. fém. Sottise, niaiserie. Alain Chartier, en parlant des effets de Tamour sur les jeunes gens, s'exprime ainsi : Et tient sur eux, sa court, et sa justice, Et leur oste la bejannie, et nice, Et les retrait de maint oultrageux vice. Poéa. d'Al.Chart.p. 5«4. VARIANTES * BEJANNIE. Al. Chartier, Poës. p. 564. Bejaunerie. Oudin, Dict. Bejaunisse. Gotgrave, Dict. Bejaunage, subift. masc, Gotgrave, Dict. Bel, adj. Méchant. Lisez fel. Un ancien poêle a dit en parlant d'Hérode : Tant fut bel, et forsennez Qui fit les in nocens mourir. Hisl. des iroii Mâriet, en Tert, MS. p. iSfl, Bel ou Belle. Ces mots se trouvent plusieurs fois dans des titres rapportés à la suite aun mé- moire pour la ville de Montbard, p. 8. Ils semblent signifier place. D'autres villes du même canton usent aussi de ces mots dans le même sens. Bel ou Sel, subst, masc. Borel, dans son Dict. explique ces mots par citonicum indum et cite hortus sanitatis. Belaud, adj, au masc. Diminutif de beau. (Yoy. Oudin, Gotgrave, Borel et les Poës. de Jacques Tahureau.) Les baisers de sa meline, De sa meline belinc. VoH. de J. TahureM, p. 1S5. VARIANTES * BELAUD. Fabl. MSS. du R. n« 7989. foL 239, V« col. i. Bellot. Oudin, Gotgrave, Dict. Bellette, fém, Jeh. de TEscur. Chr. Fr. Belinb, fém, Poës. de J. Tahureau, p. 155. Belonne, /i^m. Ibid. p. 270. Beloye, Beroye, fém. Mots Languedocien. — Borel^ Dict. BE — 451 — BE Belaus, subst. masc. Mol obscène dans les contes de Cholieres, fol. 104. Bele. Nous ne pouvons déterminer le sens de ce mot dans ce passage : Or vieng proier A vous, Dame, et merci crier, Que ne gart Teure qu*asproier Me viengne cil Qui m'a mis à si grant exil ; Tu me tenis jà pour ton ftl Comme hele. Fabl. M3S. du R. n* 721R, fol. S02, R* col-Sl. iju Belee (coulée). Sorte de jeu. Peut-être le même que ft6//in/^r5 (Balle) ci-après. Froissart, parlant des jeux de son enfance^ dit : Juïens nous au roy qui ne ment,... Puis à la coulée belee Qu'on fait d'une carrolle lée. Froissart, Focs. IISS. p. 86. Bêlement, adv. Doucement, lentement. Tout bêlement, s'est arreslée. Alhi^llS. fui. 94. V«cô1.i. Piétons passent les roillées, Targiez acueiUent leur sentiers. Vers les murs rompus, et entiers : Les uns tost, les autres bêlement. G. Guiart, MB. fol. U, V. VARIANTES I BELEMENT. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 179, Ro col. 1. Balement. Atliis, cité ci-après. Bellement. Chasse ^e Gast. Pbôb. MS. p. 260. Beleriie. Ce mot est expliqué par dernier pro- montoire, dans Borel, Dicl. u" add. Pellj qui en breton signifie dernier, tire, selon lui, son origine de ce mol. Belei, subst. masc. Joyau. Donc prist li Roiz le Duc e 1' baisa et joi : Ses bêlez, ses deduitz, ses a^teirs li offri. Roman de Rou, MS. p. G3. VARIANTES : BELET. J*rov. MS. de S« Germ. fol. 74, R» col. 3. Bêlez, plnr. Rom. de Rou, MS. p. 63. Beleter, verbe. Bêler. (Voy. le Dict. de Cotgr.) Belgie, subst. fém. Bougie. Province d'Afrique, sur l'orlhograplie Bougie que nous trouvons dans Froissarl, Vol. IV. L'éditeur fait remarquer que cet auteur, « use de cet ancien nom pour le nom géné- ral du païs que nous disons maintenant Barbarie. » VARIANTES I BELGIE. Hist. de Lovs III, Duc de B. p. 204. • Bougie. Froissart, Vol. IV, p. 81. Belle (1), subst. fém. Bôle.llest aisé d'apercevoir que les orlhograplies de ce mot se sont toutes for- mées du latin Bellua. La belie qui chey morte... Mais ce leur fist confortement Que la beste s'y tost morut, Rom. de Rnit, MS. fol. 27. VARIANTES : BELIE. Rom. de Brut, MS. fol. 27. Belue. Borel, Dict. Bellue. J. d'Anton, Ânn. de Louis XII, p. 271. Belude. Corneille, Dict. Belues. J. le Maire, Illustr. des Gaules, Llv. I, p. 89. Bleve. (Lisez Bette). Rom. de Brut. Beliere (2), subst. fém. Anneau. Ce mot, qui est usité pour signifier Tanneau qui tient le battant d'une cloche et celui des lampes des églises, est employé pour l'anneau auquel etoit suspendue la colomoe de l'ordre de l'Annonciade. (Favin, Th. d'Hon. T. Il, p. ir>26.) En Normandie, besliei'e se dit po«r la courroie qui tient le battant d'une cloche. (DieU Etym. de Ménage.) VARIANTES : BELIERE. Favin, Th. d'Honn. T. II, p. 1586. Beslikre. Ménage, Dict. Etym. Belif, subst. masc. Rouge. Terme de blason, gueule, de couleur rouge. « Armoiries de gueule, « ou belif qui est rouge. » (S* Jjll. Mesl. Histor. p. 291.) « Les herauds, et roys d armes appellent « ceste couleur rouge de quatre divers noms, a cinabre, belic^ gueules, et riche couleur. » (Fav. Th. d'Honn. T. I, p. li.) Nous trouvons ce mot dans Modus et Racio, fol. 88, où « l'on devise comment on prend les « mauvis à breter » (à la glu, à la pipée.) De beli% signifie peut-être de biais (3), dans ce passage: « Qui veult faire un bret, qu'il soit fait au rabat, « ainsi comme une flèche, et doit avoir quatre « piedz de long, et a pied de main, ou environ « de quoy la plus grosse (verge) sera cavée tout du « long, et l'autre entrera dedans si justement que vt le pied du plus petit oisel ne pourroit yssir; « el quant ilz sont Tung dedans l'autre, ilz sont « perchés àe beliz y est mise une bien déliée « cordelette, etc. » (Modus et Racio, fol. 89.) VARIANTES l BELIF. S» Jul. Mesl. Histor. p. 294. Bellif. Lanc. du Lac, T. I, toi. 37, R» col. 4. Belic. Favin, Th. d'Honn. T. I, p. 41. Bellic, Belli. Monet, Oudin, Coteravc, Dict. Benouhic. Mém. d'Olivier de la Marche, Liv. I, p. 280. Belifres, subst. On lit aussi besifles, dans une ballade de Villon, p. i09; mais ce mot, sous Tune et l'autre orthographes, est tout à fait inintelligible, Belin, subst. masc. et adj. Bélier. Mouton mâle. (Voy. les Dict. de Nicol, Monel, Oudin et Colgrave, au mot Delhi.) Borel lui donne deux significations: celle de mouton qui est sa signilicatiou propre, et celle de sot, qui est une acception figurée. Nous trouvons ce mot employé comme adjectif dans le vers suivant : Assommer gens comme moutons bellins. Vigil. de Charles VII, T. II, p. 187. (1) Belie^ an xv* siècle, signifiait plutôt bergerie : < Icellui RegnauU se vouloit aler esbatre en une belie du prieur de Blessac. » (JJ. 464, p. \S8, an. 1401.) (n. b.) — (2) L'étymologie est le flamand bel, cloche; de là vient aussi bélier, qui n^apparait qu'au xv^ siècle, le mouton qui porte la cloche, (n. b.) — (3) Ce mot a le sens de en belliuant, à besloi , qu*oa trouve dans G. Guiart (v. 11790) et dans Renart (v. 142CT), de travers, à récart. (n. b.) BE — 452 — BË On disoit crier hurte belins pour : crier sus. L'éveeque Ta aperoeu, Si ne 8*en puet estre teu ; Ains on sermone, Et à toz cels, dix jors pardonne, Oui crieront à tel persone Hurte belin. Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 237, R- col. î. Variantes * BELIN. Fabl. MSS. du R. n<* 7218/fol. 47, V». Bkllin. Vig. de Charles VII, T. II, p. 187. Belinaige, subst. masc, Acle de bélier. 11 est employé avec un sens obscène dans Rabelais,!. III, p. 64. Beliné (jeu du). C'est, suivant Le Duchat, • une « espèce de jeu comme le boutehors, où Ton traite « les gens, ou béliers, qu'on tire par les cornes « pour les faire sortir de la bergerie. » (Voy. Rab. T. I, p. 138.) Beliner, verbe. Sauter. — Tromper. Dans le premier sens de sauter, il signifie sauter comme un bélier, et en général sauter. (Voy. Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) En la Champaigne ont un fossé... En belinant l'orent passé. Rom. de Rou, MS. p. 337. Oudin lui donne un sens obscène dont Rabelais s'est servi, (T. III, p. 64» et T. V, p. 176.) Ce mot signifioit aussi tromper. (Voy. le Dict. d'Oudin.) Rabelais a dit en ce sens: « Par leur « astuce sera belliné, corbiné, trompé, et affiné. » (Rab. Nouv. Prol. T. IV, p. 5.5.) VARIANTES : BELINER. Roman de Rou, MS. p. 337. Belliner. Rabelais, Nouv. Prol. T. IV, p. 55. Belinge, subst, fém. Tiretaine. Sorte d'étoffe ou de droguet. Belinge est un mot du patois Normand. (ï)ict. de Nicot, au mot Tiretaine,) Belinier de Mahumet. Terme d'injure, dans Rabelais, T. IV, p. 20. Beliocande, subst. fém. L'herbe de mille feuilles. (Dict. de Borel.) Belis, subsi. Marguerite. Fleur de printemps. BelissorSy subsi. masc. [Doit avoir le sens de belliqueux ou de plus beau, comme bellezour dans la cantilène de Sainte Eulalie.] Il est employé par Fauteur du roman d'Athis, parlant d'une dame qui aimait un beau et brave chevalier : Li tens est clers du belissors : Del lot en lot à li se tient. Alhis. MS. fol. 118, R* col. 9. Belistraille, subst. fém. Canaille. Mot collectif de bélitre. (Dict. de Nicot, Oudin et Cotgrave.) variantes: BELISTRÂILLE, Belitraille. Nicot, Oud. Cotgr. Dict Belistraly ad;.. Qui appartient à un gueux, à un bélitre. (Voy. les Dialog. de Tahureau, fol. 432.) Belistrandier, subst. masc. et adj. Bélître, gueux mendiant, (Voy. Rabelais, T. III, p. 138,! et T. IV, p. 54.) On lit beloi'cte, dans le Celthell.:de Léon Trippault. VARIANTES ! BELISTRANDIER. Rabelais, T. III, p. 138. Bellistrandier. Cotgrave, Dict. Belistrandire. Rabelais, T. IV, p. 54. Beloictre. Celthell. de Léon Trippault. Belistréement, adv.  la façon d*un gueux, d'un mendiant. (Dict. de Nicot et de Cotgrave.) VARIANTES * BELISTRÉEMENT, Belitrembnt! Nicot, Cotgrave, Dict. Belistrer, verbe. Gueuser, mendier. (Dict. de Rob. Estienne, Nicot, Cotgrave.) « Faineans qui « vont belistrant d'huis en huis. » (Nuils de Strapar. T. II, p. 3M.) Bellstrerie, subst. fém. Gueuserie. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) VARIANTES : BELISTRERIE, Belitrerie. Oudin, Cotgrave, Dict. Belistresse, suhst. fém. Femme qui gueuse, qui mendie. (Dict. d'Oudin.) Il est adjectif dans le passage suivant. « La flaterie est un vice d'ame « lasche, basse et belistresse. » (Sagesse de Charron, page 494.) VARIANTES : BELISTRESSE. Sagesse de Charron, p. 494. Belitresse. Oudin, Dict. Bellamie, subst. fém. Espèce d'habit. (Voy. une citation au Gloss. latin de Du Cange, au mot Belamia (I). • Bellanc(2), subst. masc. Cornet à jouer aux dés. C'est dans ce sens qu'un poète a dit : Un bellanc i porte, et trois dez... Arais, fait-il, vels tu joer? Voiz que bcllenc por dez jetter^ Fabl. MSS. de S* Genn. fol. 45. VARIANTES : BELLANC, Bellenc. Fabl. MS. de S» Germ. fol. 45. Bellart, adj. Sujet à bâiller. Qui baille ou qui gronde souvent. VoH9 sentez trop vostre vieil Tart, Dont, pour plus en amours vous mectre, Amy, vous estes tro[> vieillart : Dormez, ne soyez point bellart, Bellastre, adj. Qui a quelque beauté. « Sa a femme laquelle estoit assez bellastre, » (Ral)elais, T. III, p. 136.) Belle (la), subst. fém. La lune. (Voy. Du Cange, (1) Cette citation est tirée de la règle de Fontevrault, ch. IV : < Ut non habeant vestimenta (Imbriata, nequo in dorso, neque in lecto, prseter Belamiam, sed incisa consuantur, ut tunicae et chlamydes. » Du Cange ajoute : < Vestis species sic dicta ex Gallico Belle amie. » Mais s'il suppose ce mot, il n*en affirme pas Texistence : d'autant plus que belamia doit être le belainge, la tiretaine. (N. E.) — (2) Bellanc est notre mot brelan, de Tallemand bretling, petite planche, petite table sur laquelle on jette les dés. (N. E.) BE - 453 — BE Closs. lat. au mol Fibella.) Un ancien poêle dit des chats-huants: Le jour béent et la chandelle ; Par nuit volent, et à to belie. Eust. Desch. PoSt. MSS. fol. 3». . . . . Eq terre et ciel voy obscurcir la belle, Ibid. fol. 396. Belleem. Nom de lieu. Betiiléem. Bellem Jude, répond au latin Bethléem Judœ, dans S* Bern. Serm. Fr. us. p. 110. En Belleem naqui li Sire ; Mes oncques ni ot drap de sire, N*i ot cortine, ne buscnaut ; Quar Dame Diex d'orgueil ne chaut. Fabl. MSS. du R. n* 7218. fol. 105. R* «ol. 4. Bellemarine subst. Roi Sarrasin. « Les Rois de Fez de la maison des Benemerinis « qui regnoient il y a trois cents ans, sont appeliez « de bellemarine par nos vieux écrivains. » (Huet. Orig. des Rom. p. 87.) On dit roy de belm^rin, dansTHist. de B. Duguesclin, par Ménard, p. 157. VARIANTES ' BELLEMARINE, Belmarin. Petit J. de Saintré, p. 471. - Hist. de B. Duguesclin, par Ménard, p. 157. Bélier, verbe. Crier. Ce mot exprime dans les vers suivans les cris d'un enfant qui pleure : Âlegiez nous de cest torment, Très dous Diex , ausi vraiement Qui nasquittes en belleant (1), En guise de petit enfant. Fabl. MSS. du R. n- 7218. fol. 59, V- col. 2. Ce mot paroit signifier hurler, pousser des cris effrayans, dans cet autre passage : « S'assemblèrent « enlour de luy tous les maulvais esperits qui - estoient en celle place, cruellement tonnans, « bruyans et bellans sans dire une seule parole. » (Percef. Vol, VI, fol. 7.) H est pris dans le sens subsistant de bêler sous l'orthographe bahaler^ dans S* Bern. Serm. fr. mss. p. 356. « La barbix qui entrions bahaleivet, » dans le latin oviculœ inter eos balantes. VARIANTES I BELLER. Crétin, p. 210. Bahaler. s» Bern. Serm. Fr. MSS. p. 356. Belléer. Fabl. MSS. du R. n» 7218, foL 59. V» col. 2. Bellier. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1367. Bellesse, subst, fém. Beauté. (Voyez Pasq. Monoph. p. 10.) Bellevesée (2), subst. fém. Billevesée. Ce mot semble avoir été introduit dans notre langue par Catherine de Médicis. (Voy. Brant. Dames 111. p. 83.) Bellevidere , subst. masc. Belvédère. (Dict. de Cotgrave.) Belleyan , adj. Velleien. Bénéfice belleyan , c'est-à-dire bénéfice de la loi Velleyenne. (Voy. une cit. fr. dans Du Cange, Gl. lat. au mot Velleyanum.) Belllant, subst. mûsc. Betlhëem. Diex, dist-elle, de Belliant Qui descendis honestement El cors de la Vierge pucele. Blanch. Ms. de S. G. fol. !M, R* col. 3. Belliateur, subst. masc. Guerrier, combattant. (Voy. les Triomph. de Pétr. Trad. du Bar d'Oppede, fol. 84.) BelUcositéy subst. fém. Amour des combats. « Ung notable personnage, natif du Dauphiné.... « s'est employé à escrire quelque chose qui puisse « aucunement servir à exciter la bellicosité^ tant « de la noblesse, que aussi du peuple de France, et « de Dauphiné. » (De la Forge, des Hommes belliq. Ms. de la Bibl. du R. n» 785.) Bellicossenty subst. masc. et adj. Guerrier, belliqueux. On a dit de la Grande Bretagne : « Ceste « ysle est moult habondante en or, en argent, et « autres metaulx, aussi de bestiaux, et sont gent « de bellicossent, et à sang. » (La Salade, fol. 28.) On lit : « vertus et puissances belliqueSj » dans les Mém. du Bell. T. VI, p. 290. En subjuguant les forces helliquantes Vénitiennes. J. Marot, p. 157. VARIANTES * BELLICOSSENT. La Salade, fol. î». Belliquant. j. Marot, p. 157. Belliquëur. Gloss. do Marot. Bellique. Essais de Montaigne, T. III, p. 114. Belligereux. Triorap, des Neuf Preux, p. 16, col. 1. Belliniere (balle). Sorte de ballon. 11 étoit fait de peau de bélier avec ses poils. On s'en servoit du temps d'Henry II. (Voy. Brant. Dames Gall. T. II, p. 458. — Voy. Balle.) Belliric, subst. masc. Sorte de fruit. (Dict. d'Oudin, de Colgrave et de Borel.) VARIANTES '. BELLIRIC. Oudin, Cotgrave, Dict. Berelis. Borel, Dict. Bellistrandie, subst. fém. Lésine , avarice. (Voy. Le Duch. sur Rab. T. II, p. 75.) BelUvep, verbe. Biaiser. Il paroît que c'est le sens de ce mot dans ces vers : François se metent es rueles Que Flamens, comme genz senées, Orent es charroy ordenées, En bellivant, non mie droites. G. Guiirt, IIS. fbl. 960, R*. Belloce (3), subst. fém. Sortes de prunes nom- mées encore ainsi suivant le Gloss. du Roman de la Rose, sous Belloe. Ce mot, formé de Bellocier ci- après, a été aussi employé pour dire rien ou chose de peu de valeur, dans les vers suivans : Quant dame Catherine voit Fespreuve dant Joce^ Qui por Tamour sa femme ne donne une beloce. i. de Meung. Cod. 461 tt Mi. l (1) Belleant, comme plus bas belliant j est une corruption de Bethléem. — (2) Déjà, dans le Chevalier au Cygne (xiii* siècle), on trouve : c Car Mahomes ne vaut une belle vessie. » De là est venu ce mot du xvi* siècle , qu'on trouve aussi dans Rabelais : c Ayez en révérence le cerveau caséiforme, qui vous paist de ces belles bille-vezées. » (Prol. du I*' livre.) (N. E.) — (3) Ces prunes sauvages sont encore ainsi nommées en Normandie, et même en Bretagne. (N. x.) BE — 454 — BE Belloclep, subst, rnasc. Prunier sauvage. (Dict. de Colgrave.) Bellotte, subst. fém. Belette. Belluep, verbe. Maltraiter : a pu être fait sur belues, pauvreté, qu'on trouve dans Isid. de Séviile, mais qui est peut-être une faute pour hœc lues ; nous pouvons aussi remonter à bellua, bête fauve, oujfi beluguey sorte de machine de guerre. Mors qui en toz leuz as tes rentes, Et de toz marchiez à les ventes, Qui les riches sez desnuer, Et les plus fors sez tressuer, Et les plus richps helluer.... Fabl. MSS. du R. n* '615, T. I. fol. 102 bis, R* col. 2. Bellucs, subst. fém. plur. Sornettes. Propre- ment, ce mot signifie bluette, étincelle, du mot provençal Béluga. quant famé a fol debonere Et elle a rien de lui a fere. Elle li dit tant de bellues^ De trufes et de fafelues, etc. Fabl. MSS. du R. n* 7615. T. I. fol. 61, V col. 2. Bclluquey subst. fém. Bagatelle. Curiosité de peu de valeur, breloque. De lu, on a nommé brelu- Sues les pièces d'or vieilles et défectueuses. (Dict. 'Oudin.) VARIANTES : BELLUQUE. Du Gange, Gloss. lat. au mot Belluga. Balluque. Colgrave, Dict. Beluque. Cotgrave, Dict. Beloce. Borel, Dict. Breluque. Du Gange, Gloss. lat. au mot Belluga. Brelaque. Ibid. Belonc (de), adv. De travers, de biais. Expres- sion formée de bélong ou barlong. On disoit bar- long, en parlant d'un habit plus long d'un côté que de l'autre. Tout alla de travers et belonc. Eusl. Desch. Pocs. MSS. fol 128, col. 3. Le mot bellongues est expliqué par longues ou berlojiffiies, dans le Gloss. du R. de la Rose. On lit datïs le vers 19012 : Ymages. Droictes bellongues et en verses. Bêlions^ dans ce vers, signifie qui est placé en long ou en travers. Belouart, subst. masc. Boulevard. (Gloss. de l'Hist. de Brel.) Bclourd, adj. Balourd. (Voy. Moyen de Parven. page 241.) Belouze (1), subst. fém. Le trou d'un jeu de paume. (Oudin, Dict.) Belues (Droits de), subst. Fouage. Droit dû au roi ou au seigneur sur chaque feu. Dans l'Etat som- maire des Droits du Royaume, on lit: « Droits de « lattes, belues, de Champagne, de Logres, de « Stipes. » (Mém. de Sully, T. X, p. 229.) Ce mot. ainsi que Belugues, s'est formé de Béluga, mot provençal qui signifie bluette, étincelle. Belugues, sri2;s^ plur. On appeloitte/u^i^^ les divisions des douze cents feux de la généralité de Monlauban ; ils furent divisés en cent beluijues par les Règlemeus rendus pour cette généralité, pour les années 166G et 1672. Belusteur, subst. masc. Qui blutte, qui sasse. (Dict. d'Oudin.) Beluteau, subst. masc. Sas à passer la farine. — Espèce de jeu. — Sorte d'étoffe. Ce mot, dans le premier sens, vient du mot breton Bleut[1). (Gloss. de l'Hist. de Bret. au mot Belutiau. — Ibid. au mot Blave%\ où il est dit que les mots Beluteau et Beluter viennent du breton Blaivd, qui signifie farine. De là, on a nommé belusteau une espèce de jeu qui se fait en se plaçant de face, en s'entrelaçant les mains de l'un avec celles de l'autre, et en se poussant tour à tour. (Voy. Le Duchat, sur Rab. T. I, p. 151.) C'est l'imitation de l'action de passer la farine dans le tamis, lorsque deux personnes le tiennent, chacun d'une main, et le poussent et repoussent alternativement. I)e là encore, on a donné le nom de beluteau ou belutiau à une sorte d'étoffe. C'est un velours, si nous en croyons le Gloss. de THist. de Bret. Il ren- voie au passage suivant qui ne paroît pas confirmer cette explication. « Et sera le cheval covert de a covreture de belutiau et de telles et de cen- « dreux. » (llist. de Bret. p. 1639.) Ce Glossaire dit encore que ce mot a une acception différente, dans ce second passage, mais il ne la détermine pas : « La souzaine couverte de linges de beluteaux, « appeliez estamine de linge. » (Ibid. p. 675.) Il pourroit signifier, du moins dans ce dernier pas- sage, rétoffe dont on fait les sas ou tamis. VARIANTFS * RELUTEA.U. Gloss. de VHist. de Bret. liELUSTEAU. Rabelais, T. I, p. 151. Helutiau. Ilist. de Bret. p. 675. BuLLETEAU. Oudin, Cotgrave» Dict. BuLETEAX. Fabl. MSS. de S. G. fol. 42, ¥• col. 2, Bluteax. Erber. MS. de S. G. fol. 90, \* col. i. BuLTEL. Du Gange, Gloss. lat. au mot Butellus. BuDEL, mot flamand. Du Gange, Gloss. lat. à Budele. BuRETEL. La Bible Guiot, MS. dans Du Gange, à Bren. BuRETEAU. Du Gange, Gloss. lat. au mot Bren, Bclutement, subst. masc. L'action de bluter. — Discussion, examen. Au propre, ce mot signifie Faction de passer la farine dans un tamis. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) Au figuré, on disoit belutement pour discussion, examen. « Remettons à vostre retour, legrabeau, « et belutement de ces matières. >• (Rabelais, T. III, p. 8. — Voy. la Note de Téditeur.) VARIANTES I BELUTEMENT. Bluttement. Cotgrave, Dict. Belustage. Oudin, Dict. <1) Ce sont les blouses des billards. (N. E.) — (2) D'ordinaire, on cite Tallemand Beuielt bourse. Mais Diez remarquant le bourguignon burteaiiy le provençal barutely veut remonter à bure, bureau, (n. e.) BE - 455 — 6E Belutaige. Rabelais, T. m, p. i05. Blutage. Oudin, Dict. Blutis. Monel, Dict. Bluttis. Monel et Cotgrave, Dict. Beluter, verbe. Bluler. — S'agiter, se remuer. Ce mot signifie proprement séparer la farine d'avec le son, en la passant dans un blutoir. (Dict. Elym. de Ménage.) On a dit aussi oeluter dans un sens plus vague, pour s'agiter, se remuer. « Veismes aussi nombre « infiny de poissons en espèces diverses dançants, « volans,' voltigeants, belutants, chassants. » (Rab. Nouv. prol. T. IV, p. 156.) Il est pris dans un sens obscène. (Ibid. T. III, p. 59, et dans les Nuits de Strapar. T. I, p. 408.) VARIANTES : BELUTER. Ménage, Dict. Etym. BuLETER. Hist. de B. Dugaescl. par Ménard, p. 505. BuLLETER. Oudin, Cotgrave^ Dict. BuLTER. Britt. Loix d'Angl. fol. 75, R». Belzebusy subst. masc. Nom de démon. Ha hai ! hai, hai, je sui venus : Salus vous mande Behebus. Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 242. R* col. 2. VARIANTES l BELZEBUS. Fabl. MSS. du R. n» 7218. fol. 182, R» col. 1. Bersebus. Modus et Racio, MS. fol. 230, V«. Behebus. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 242, R» col. 2. Belzebut (1), subst. masc. Dieu des mouches. C'est ainsi qu'il est expliqué dans les Diverses leçons de Du Verdier, page 41 ; il est mis avec Mercure et Bacchus dans la Chasse et Départ. d'Am. page 249. Belzoin (2), stibst. masc. Benjoin. Sorte de résine. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) Bemi, adj. Faible, nigaud : Lors le benii Gist endormi, Qui ne voit, ni oyt, ni entend. Lo Btuon des Faoloes Amours, p. 260. VARIANTES : BEMI. Le Blason des Faulces Amours, p. 260. Bemy. Citât, dans Gouj. Bibl. fr. T. X, p. 114. Bemus. Contes de Cholières, fol. 178, V«. Besmus. Contes d'Eutrapel, p. 66. Bemontj subst. masc. « En vieil bourguignon, « estoit autant que belmont ou beaumonl. » (S' Jul. Mesl. hist. p. 368.) Ben, subst. mas^. Vent, dans le patois de Cahors. (Voyez Dict. de Borel, au mot Glouper.) Ben, adv. Bien. (Hist, de la S»* Croix, ms. p. i8.) Bien sai que, par ma coulpe, ai sa grâce perdue. Se par vostre conseil ne puet estre rendue Que je à la fm ne soie dampnée et confondue : Bien entrastes çaiens, ben vi vostre venue. Vies des SS. MS. de Sorb. chif. «vu. ool. 7. Benafort, adv. Presque. Voyez le Dict. de Borel, qui cite le vers suivant au mot Kascun : Kascun jour m'es a benafort un an. C'est-à-dire selon Borel : Chaque jour m'est presque ime année. Ce mot pourroit s'expliquer par beaucoup plus. Crescenbeni , dans ses vies des Poëtes provençaux, p. 142 de rédition de 1714, rend benafort mays par ben viapui, qui signifie bien plus. Benari, subst. masc. Ortolan. Dans le patois de Languedoc. (Dict. étymologique de Ménage.) Benberge, subst. fém. Armure de la jambe. (Voyez Du Cange, Gloss, latin, au mot Bainberga.) Bendage, subst. masc. Pièce de Tarbalète. Celle qui servoit à la tendre ou bander. (Glossaire latin de Du Cange, au mot Labandago.) Bendel, subst. masc. Bandage. Rouge bendel, dans les vers suivans, semble désigner une bande de toile qui sert à lier une plaie : Se tu viens mes hui après moi^ Et je truis baston, ou espoi Tel te donrai el haterel (3). Dont tu auras rouge bendel, Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 839, V col. 1. Bendlaux, subst. mflsc. plur. Nous trouvons ce mol dans ce vers : Et Gaiflers li rois de Bcrdiaus Donne païens cos, et bendiaux (4). Ph. Mousket, MS. p. 407. Benedicamus. Prière pour rendre grâces à Dieu de quelque bienfait : il est dit que des moines frap- pés d'un miracle qui s'estoit passé sous leurs yeux : Lors font sonner, et chantent haut benedicamus ; Et mains ymne des anges Te Deum laudamus Chantent a haulte voix. Ger. de Roussillon, MS. p. !iOi. Bénéfice, subst. masc. Fiefou cession de terre. — Bienfait. — Derniers devoirs. — Terme du jeu de la blanque. Au premier sens , ce mot désignoit une cession de terre que faisoil le seigneur, le prince ou le roi. (Voyez Du Cange, Gloss.lat.au moi Beneficium (5).) (1) En phénicien et en arabe, le nom du démon viendrait de ce mot Beel-Zebub. (n. x.) — (2) L*étymologie serait Farabe loublân ajaoui, encens javanais, nom qui se trouve dans Ibn Batouta. (N. e.) — (3) Au cou. — (4) C'est le pluriel du mot précédent, oui signifie blessure en forme de longue bande, d'estafilade, (n. e.) — (5) Bénéfice a d'abord le sens du latin heneficium, bienfait. Puis, sous les Mérovingiens, il signifie usufhUt opposé à propriété. Ce sont alors des concessions faites à des fidèles qui, devenant usufruitiers, doivent en retour des cens, â'ost ce qui distingue le plus nettement cette forme de b&néfice du bénéfice féodal^ qui oblige à des services personnels envers le concédant. Les bénéfices mérovinaiens étaient détenus parles fidèles des diplômes, les leudes des chroniqueurs. L'acte par lequel se concède un bénéfice est dit prestaria; il est souvent précédé d'une demande fictive, precaria ou commendatio, lorsque le possesseur d'une terre cherche un propriétaire qui le défende : ces deux actes s'inscrivent à la suite Fun de l'autre, puis se mêlent, tout en conservant le nom de précaire. Sous les Carlovingiens, le bénéfice doit le service militaire comme Valleu (Cap. de 807, 811, Baluze 1, 494^ d. Bouquet V, 678) : la propriété étant la base du service militaire, il faUut remplacer par des bénéficiers les hommes libres possesseurs d'aZ/eua*, qui commençaient à disparaître. En même temps les fonctions publiques^ sous le nom d'honorés, constituent une seconde classe de bénéfices: les rois ne donnent plus de traitements à leurs officiers, mais leur assignent des terres qui sont l'apanage de leurs fonctions. Enfin le bénéfice devient définitivement héréditaire par le capitulaire de Kiersy-sur-Oise (877). prend son rang dans la hiérarchie des terres, pour le transporter à son détenteur: il doit alors le service militaire. (N. s.) BE -* Au xir siècle, OD se servoit iodisUnctement du mût feodum et beneficium, pour exprimer la même chose. On en voit la preuve dans une charte de l'empereur Frédéric I", de l'an 1162, en faveur de Raimond, son neveu, portant don en flcf du comté de Forcalquier. Cette charte est citée par Brussel, sur les Fiefs, ch. v, p. 78. On trouve aussi bénéfice Sour bienfait ou concession, dans la Preuv. de l'Hist. eBeauvais, par un Bénédictin, p. 273; Ut. de 1167. Quelques auteurs prétendent que, sous la première et la deuxième race , les llefs et ce qui s'appeloit bénéficeséloientia même chose ;d'aulreson[soutenu le contraire. Ces différens sentimens sont discutés parle même Brussel, auch. n, p.57. Boulainvilliers, dans son Essni sur ta Noblesse, p. 62. dit: < qu'il « y avoit des terres qui étoieot proprement le - domaine de l'Etat, parcequ'ellesétoienldestinées • à la récompense des soldats, des officiers et des • seigneurs distingués: on les nommoit honneurs « ou iiene/ices, parce qu'il y en avoit d'attachés aux • emplois, comme magistratures, et gouvernemens, • et d'autres qui servoient simplement de récom- • pense: mais la possession des uns et des autres « n'étoit que viagère. » (Voy. sur \e moi Bénéfice, le P. Daniel, Mil. fr. p. « et 53, etc.) « BeneviS dans le Lyonnois et les pays voisins, ■ signilie en général toute concession faite par un • seigneur à quelqu'un, sous une redevance, mais ■ particulièrement une concession d'eau pour faire ■ tourner les moulins, et pour arroser des prez. ■ (Laurière, Glossaire du Droit frantois.) On trouve henevis pour fief ou bénéfice, dans le Glossaire latin de Du Gange, au mol Benevisum, qu'il explique par beneficium. Le sens que nous venons d'exposer étoil une application du sens propre et générique du mot bénéfice, qui signifioit en général bienfait: • Il « reprocha au comte fiegnault les bénéfices qu'il « luy avoit faits. • (Chron. de S' Denis, T. Il, fol. 43.) Ce mot est employé pour bienfait, bonne œuvre, dans ces vers ; Et ai bien employer s^voi ses bénéfices Comme s'il euel toujours maintenu telx omces. GflT. de Houttlllod, MS. p. M. De là, on nommoit aussi bénéfices les derniers devoirs que l'on rend à un mort. L'auteur, parlant des funérailles de la reine Anne, duchesse de Bretagne, dit: • Le héros d'armes appella « tous les princes et ofllciersd'icelledame pour . eux tous, et un chacun d'eux accomplir les • iiene^ccs envers le dit corps. • (Br;mtôme, Dames illustres, p. 21.) Enfin le mot bénéfice, comme terme du jeu de la blanque, désignoit le billet gagnant. (Oudin, Cur. fr., et Pasquier. Rech. p. 730.) 11 est opposé à blanque qui étoille billet perdant : « Nos enfans sont tels t que lehazard de leurs naissances nous les donne, « qui est cause que recevons d'eux plus de blanques ■ que de bénéfices. ■ (Lettres de Pasqnier, T. I, p. 699. —Voyez Brantôme, Dam. gai. T. I, p. 285.) Expressions remarquables: < 1° Courir le bénéfice, c'est hanter les miUTSis lieux. (Oudin, Cur. fr.) 2* Aller au bénéfice, c'est aller à la garde-robe : Tenei que vous £tes garis. Si vous alez au bénéfice (t): Quojr que nul pbisicien dise, Mieiïlz vous vaudra que un cristere. Rail. Datcb. rsci. USS. IDI. UT. Ml. 1. 3° par le bénéfice des yeux. Par le moyeu des yeux : • De quoy ne pouvant fairejugementcerlain ■ par le bénéfice des yeux, à cause de la trop ■ épaisse obscurité. • (Mém. de Sully, T. I, p. 24T.) VARIAMES : BENEFICE. Du Canne, Glossaire latin, au mot Bwefieivm. Benevis. Laurière, Glossaire du Droit français. Bennevis. Ou Cenge, Glossaire latin, an mot Benevitutn. BiENFET. D. Horice, Hist. de Bretagne, p. 9B1. Bénéflcence, subst. fém. Bonté, bienfaisance. (Dict. de Cotgrave et Glossaire de Harot.) VABUNTES : BÉNÉPICENCE. Coljïrave, Dict. BÉNftFiciEN'CE. Oudin, Dicl. Bénéficié, part. Qui a des bénéfices: • Etoit • très bien bénéficié en plusieurs et divers lieux. • (luv. des Drs. Hist. de Charles VI, p. 103.) Bénéficier, verbe. Avantager: . Les paraos • voulants bénéficier aucuns de leurs enfans > le peuvent fan'e par partage, testament, dona* • tion, etc. • (Nouv. Coût. gén. p. 1256.) Beneficque, adj. Bienfaisant. (Voy. Le Duchat, sur Rabelais, T. V, p. 153.) On lit: ' Clément et ■ bénéfique à tous ses sujets, • dans les Mémoires, Du Bellay, T. VI, p. 380. VARIANTES : BENEFICQUE. Le Ducbat, sur RabalaU, T. V, p. 153. Benefiqub. Mém. Du Bellay, T. VI, p. 386. Beneir, verbe. Bénir, sanctifier. (Dicl. de Borel, au mot neneisson (2).) Voyez les autorités citées sur chaque orthographe. i. de Meung a dit: Amer Dieu, et le veoir, le louer, et beneUtre C'est loIRce des anges. ï, C»d. 1 m II*. CONJUG, Beneie, subj. prés. Bénisse. (Fabl. hss. du R. n'7218, fol. 171, V col. 2.) Benesqui, ind. prés. Bénit. (Hist. de la S" Croix, MS. page 10.) Beneslrai, futur prés. Bénirai. [Ibid. p. 6.) Beneyronl, futur prés. Béniront. (Font. Guér. Trésor de Vénerie, us. p. 21.) Bénie, subj. prés. Bénisse. [N. deStrap. T. I,p.24.] ~ BenioJis, dans le latin Benedicimus. (S' Bernard, Serm. fr, mss. p. 159.) Benoiz, dans le latin Benedictus. (S' Bernard, Serm. fr. mss. p. 160.) (1) Bénéfice de lenlrc se troui dansPerrol d'Ablancourt, traducteur de Tacite, a : I U [UBude] fut délivré du premier danger (le poison] par ui de Roland, la tonne banaîMent (v. 9067) : c Et U evesques lea ce le sens de diarrhée spontanés e. t (N. E.) — (i.) On trouve, dans (N. K.) BE - 457 — BE ▼AMANTES : BENEtR. Joinville, p. 60. - Clém. Marot, p. 684. fiENEYR. Glossaire du Roman de la Rose. Beionir. Petit Jean de Saintré, p. 83. Benitre. Monet, Dict. Benistre. Labbe, Glossaire, p. 491. — Glossaire de Marot. Beneistre. Borel, Dict. Benoistre. Doctr. de Sap. fol. 9, V». Benoier. Borei, Dict. Beneison, su6$^ fém. Bénédiction (1). (Voyez le Dict. de Borel, au mot Beneison, et les autorités ci-dessus.) Ce mot, dans les Sermons français, nss. de S* Bernard, p. 17, 88, et passim, répond au latin Benedictio. VARIANTES I BENEISON. CoquUlart. p. 127. Beonisson. Hist. du Théâtre français^ T. I, p. 457. BiENADiCEON. S^ Bernard, Serm. fr. MSS. p. 349-383. Beneiçon. Eust. Deschamps, Poës. MSS. fol. 430, col. 1. Beneisson. Petit Jean de saintré. Bensizon. S< Bernard, Serm. fr. MSS. p. 262. Benesson. Ger. dé Nevers. i" partie, p. 117. Beneysson. Perceforest, vol. fV, fol. 136. Beniçon. Ménage, Dict. étymologique. Benission. Perceforest, Vol. IV, fol. 119, R» col. 1 . Benissok. Eust. Deschamps, Poës. MSS. fol. 489, col. 1. Benizon. S* Bernard, Serra, fr. MSS. p. 17 et 88. Benoicion. Ord. des Rois de France, T. I, p. 607, col. 2. Beneoite, subst. fém. Il est dit des lois de Romulus, que le meurtre, suivant ces lois, étoit puni par la mort du coupable : Et se feme estoit mariée, Beneoite, ne espousée Qui puis la troveroit à hontaige A mavaitié ne à putaige, C*om la feist morir à honte. Atbift, MSS. fol. i, V* col. 2. BeneoitSy dans ce passage, semble signifler fian- cée, promise en mariage, qui a donné sa foi. Benestier, subst. masc. Bénitier : Quand une femme est du mestier, Et sa voisine Faccompaçne, EUe a sa part au betioistiery Par la coustùme de Champagne. Moyen de parvenir, p. 383. VARIANTES : BENESTIER. Monet, Dict. Bbnoistier. Oudin, Dict. Beneurement , adv. Heureusement. « Plus « beneurement furent ainsi détruis par les ennemis « de la foy. » (Chron. de S* Denis, T. I, fol. 264.) On a dit en langage ascétique boneneseurement pour bienheureux, comme les bienheureux : Onçiues ne flst nule gent Qui plus boneneseurement Servissent à lor creator. Que faisoient ici! Seignor, Il n*avoient soing de mal Caire. Vies des SS. MS. de Sort), cfaiff. LXI, col. 17. VARIANTES * BENEUREMENT. Chron. de S» Denis, T. I, ^ 264. Boneneseurement. Vies des SS. MS. de Sorb. ch. lxi. Benevlser, subst. masc. Possesseur de flef, (Du Gange, Glossaire latin, au mot A^nemum et au mot Alodum.) Ce mot vient de benevis, dit pour bénéfice, fief. Benevlser, verbe. Fixer, aborner, mettre des bornes. (Voy. Laurière, Glossaire du Droit françois.) Bénévole, adj. Bienveillant, bienfaisant. (Gloss- de Marot.) Benevolence, subst. fém. Bienveillance, bonté- Mais le feu roy qui fut piteux, Par pitié, et benwolance. Vifil. de Charles vu, T. II, p. 165. VARIANTES * BENEVOLENCE. Nicot, Dict. Benivolance. VigU. de Charles VII, T. U, p. 165. Benivolence. Ibid. T. I, p. 191. Begnivolence. Contredits de Songecreux, fol. 129, R». Benigna (faire TO). Expression formée du latin 6 benigna, exclamation sur la bonté, la douceur d'une personne. Ce mot signifie flatter, rendre ses devoirs. (Oudin, Dict. et Cur. Fr.) Benignaige, subst. masc. Avantage. On lit: « Par faulte de lieu ténébreux, il habite de jour en « la clarté du soleil qui luy oste son benignaige. » (Percef. Vol. III, fol. 120.) Bénigne, subst. fém. Favorite : S»« Avoye voua a fait sa bénigne. Eust. Desch. Poda. MSS. fol. 906. col. 1. Benigneté, subst. fém. Bénignité. (Dictionnaire de Cotgrave.) Bening, adj. Bénin, doux. Hé bon roi Loeys, gentis hom et begnig De jor en jor, devient U mondes si mau l nés, ignés, etc. Fabl. MSS. du R. n* 7218. fol. 341. R* col. 2. Ce que plus tost entre aux cueurs féminins D'autant quMlz sont douz, piteux, et benings. Clém. MUrot. p. 2S9. De là, on a nommé querelles bénignes, les que- relles douces ou de peu de conséquence. (Voyez TAnc. Coût, de Norm. citée par Du Gange, Glossaire latin, au mot Senescallus.) Nous n*entendons pas le sens de ce mot dans ces vers : Il fut begnin d'honneurs Et qui de bruit s*alectoit à merveiUe. Contred. de Soogwrenz, fol. 148, R*. VARIANTES : BENING. Qém. Marot, p. 259. Beonin. CoquUlart, p. 125. Bénigne. Du Cange. Gloss. lat. au mot Senescallus. Begniones. Fabl. MSS. du R. n» 7218, foL 341, R» col 2. Benings, subst. masc. plur. Sorte de religieux. On nommoit en Flandres benings et beningnes des Jiommes et des femmes qui, sans faire de vœux, se dévouoient particulièrement aux œuvres de charité et de miséricorde. On les a désignés depuis sous les noms de béguins et béguines. (Voyez Le Ducbat, sur Rabelais, T. IV, p. 194, note iO.) Benist, adj. Béni. — Saint — Bon. — Sot, benêt. (1) f Levé sa main, fait sa beneîcun. » (Ch. de Roland, t. 2194, t. 2245.) (n. e.) II. 58 BË — 458 - BE Au premier sens, ce mol signifie béni. Il a été employé avec cette signification dans ces vers : Beneois soit le jornal Qu'elle me voudra occire. Poé9. MSS. avant 1300, T. I, r- 25. On a dit aussi : le vendredi henaist, c'est-à-dire le vendredi saint. (Chron. de S* Denis, T. II, f* 261.) Vivant au bois, comme un très bon hermlte ; Au monde n'a vie plus benedicte. Du Fouillonx, Vénerie, fol. 92. V*. Enfin, on disoit aussi benoistjouVy pour bonjour : Le benoist jour vous soit donné. Farce de Palhelin, p. 66. Dieu vous doint beuoiste journée. Ibid. p. 68. VARIANTES I BENIST. Cot^ave, Oudin, Dictionnaire. Beneyte. Faifeu, p. 83. Benect. Poôs. MSS. avant 4300, T. IV, p. 1449. Benedit. Clém. Marot, p. 45G. Benedict. Du Fouilloux, Vénerie, fol. 92, V«. Benaist. Chron. de S» Denis, T. II, fol. 61, V». Beneoit. Alhis, MSS. fol. 1, V» col. 2. Benoict. Clém. Marot, p. 88. Benoist. Chron. de S» Denis, T. II, fol. 207. Benoit. Cotgrave, Dictionnaire. Benois. Poës. MSS. avant 1300, T. II, p. 1075. Beneois. Ibid. T. III, p. 994. Benne, siibst. fém. Sorte de panier. — Char- rette, tombereau. — Bateau ou boutique à poisson. Benne signifioit proprement un vaisseau de bois fait en forme de panier. (Gloss. latin de Du Cange, au moi Banastum.) Borel, dans son Dictionnaire au mot Lester, dérive le moi Balasta de Bis et de Last, 11 paroît plus simple de le dériver de Venna, d'où Benna^ panier à prendre des poissons. (Voyez le Gloss. lat. de Du Cange, aux mots Benyia et Venna.) Le mot balaste est en usage, dans certains pays, avec la signification de panier. (Voyez Du Cange, Glossaire latin, au mot Basta.) On lit ibid. au mot Kalendœ : Avec una plena balasta de pardos. Banasta est expliqué par corbeille, panier, man- nequin, par M. Lancelot. (Voyez Tllisl. deTÀcad. de B. an 1727, p. 29G.) L'ajcheveque d'Arles, dans son mandement du 5 septembre 1732, appelle banaste dHnfer, les paniers des femmes (1). Ces deux mots sont du patois provençal. Une banne^ selon Nicot, étoit un grand panier d'osier. De iù, ce mot a servi à désigner : « une sorte de « charroy à ridelles closes pour porter du sablon ou « autre chose qu'on veut épandre par la voye. » (Fauchet, Lang. et Poës. Fr. p. 33.) C'est-à-dire un tombereau. Peut-être même cette signification est-elle la signification primitive; car bemia (2) signifioit une sorte de chariot des anciens Gaulois, selon Festus, cité par Borel. Banne signifie charrette, dans le passage suivant : « Que tout harenc qui vient à Paris, en panier ou « en charrette, c'est-à-dire en banne, doit estre « mis aussi bon dessous comme dessus et au « milieu. » (Ord. des R. de Fr. T. II, page 575. — Voyez Ibid. note C.) Bannel signifie tombereau dans cet autre pas- sage : « Furent amenez moult honteusement sur « un bannel du Louvre. » (Monstrelet, Vol.1, 1^52.) On fait encore usage de ces mots, dans quelques cantons de la Normandie. Banne y signifie un cha- riot clos; banneau ou bannel un tombereau. Il semble, selon ces acceptions, que bannel soit pris pour le diminutif de banne. Enfin la signification de banne s'est étendue jusqu'à .«signifier un panier à garder les poissons, comme nous l'avons dit déjà. Le mot batmois signifie, dans le passage suivant, cette espèce de bateaux que nous appelons boutiques et qui sert à conserver le poisson. « Chascun bourgeois puelt « avoir sa nasselle au rivage dudit Maisiëre, sa « huge, bannois, bondiers et autres vai.sseaux à « mettre poissons. » (Privilège de ceux deMaisière- sur-Meuse, Bibl. de Cangé.) Le mot barreau pour charrette est encore en usage en Champagne, et le mot benaston en Bour- gogne et en Beauce. (Voy. Du Cange, Gloss. lat. aux mots Barroîum et Grassale.) VARIANTES : • BENNE. Du Cange, Glossaire latin, au mot Banastum, Banne. Robert Ëstienne^ Nicot, Oudin, Dict. Benna. Fauchet, Lang. et Poës. fr. p. 13. Benate. Du Cange, Glossaire latin, au mot Banastum. Banaste. Mand. de FArchev. d'Arles, 5 septembre 1732. Banasta. Hist. de l'Acad. des B. L. an 1727, p. 256. Balasta. Du Cange, Glossaire latin, au mot Kalendœ, Beneau, subst. masc. Du Cange, Gl. latin, au mot Benna, Benneau, subst. masc. Ord. des R. de Fr. T. II, p. 575. Bannel, subst, masc. Monstrelet, Vol. I, fol. 52, V». Beneton^ subst. masc. Du Cange, Glose, lat. à Greagium. Benaston, subst. masc, Ibid. au mot Grassale, Baneston, subst, masc. Froissart, Poës. MSS. p. 102. Bannois, subst. masc. Bibl. de Cangé. Barreau, subst, masc. Du Cange, Gl. 1. au mot Barrotum. Barrot, subst, masc. Id. ibid. Beveaux, plur. (Lisez Benneaux.) J. le Fèv. de S» Rem. Hist. de Ch. VI, p. 105. BouvEAUX, plur, (Lisez Beneaux.) Monstrelet, T. I, p. 235. Bennerette, subst. fém. Petite bannière, ban- derole. (Voyez La Salade, fol. 47.) Benny, adj. Bani, proscrit. (Dict. de Borel.) Benoist, subst. masc. Nom de saint. Nous ne citons ce mot que pour parler de la loi de S' Benoist, loi ainsi appelée dans le pays de Labourt. (Voyez le Coût. gén. T. II, p. 732.) (1) Les paniers dont il est ici question sont les ancêtres de la crinoline et du pouf; il est devenu banal de les associer à la poudre et aux mouches pour figurer aux yeux le siècle de Louis XV. Les souliers à la poulaine et les hennins du xiv« siècle furent également mtmdits par les prédicateurs et les évêques. (N. E.) — (2) C'est Festus qui nous apprend que tenna était un mot gaulois : c'était un chariot à quatre. roues ou une voiture faite d'osier, comme on le peut vou: sur un luis-reiief de la colonne de Marc-Aurèle. Ce sens lui est resté dans les patois picard, normand (Bayeux^, waUon, numurois. Le vieux français eut la forme augmentative bana^tre, comme balastrum, qu'on trouve dans Isidore de SéviUe, Eour balneum. De voiture d'osier, on passa facUement au sens de panier ; c'est ennn une toUe abritant une voiture ou un ateau. (n. e.) BE — 459 — BE Benus (1), mbst. masc. Ebène. Borel, sar ce mot, cite Perceval. BeofeSy subst. masc, pliir. Bœufs. (Voyez les Tenures de Littlelon, fol. 15.) Beolpsterchelt, subst. masc. Titre d'office. Nom d'un officier principal de justice. « Bailly de « Tournay Rent maistre de Bewest, eibeoirs- « terchelt en Zéélande. » (Nouv. Coût. Gén. T. I, page 463.) Beol, subst. masc. Cuve, cuvier, cuvette (2). (Gioss. latin de Du Gange, au mot Baeol.) Ber, subst. masc. Berceau. — Cerceau. — But où Ton tire. — Treille. — Coffre. — Cercueil. — Brancard. Le mot ber%el, dans S* Bernard, répond au mot Curiœ. On dit encore ber pour berceau en Normandie. Ce qu*on apprend au ber Dure jusques au ver. Gloss. sur les Coût, de BeauT. au mot Bien. « Fredegonde conserva le royaume à Clotaire « son second fils qui étoit en barcelores, lorsque « Chilperic son père fut tué. » (Pasq. Rech. Liv. VI, p. 565.) Le conte d'Artoys Robers Des lors qu'il issit du bers Chanta tons les jours de sa vie Largesse, honneur, chevalerie. Rom. de la Rose, 19588-19591. Ce mot a été employé pour cerceau dans le passage suivant : « A tout bers de chariots en lieu « d*échelles. » (J. Lefebvre de S* Rem. Hist. de Charles VI, p. 142.) On appelle aujourd'hui en Normandie bers de chariot, le coffre, la caisse du chariot ; ainsi, il se pourroit que bers, dans le pas- sage cité, signifiât non les cerceaux d'un chariot couvert, mais la caisse, la cage même du chariot. Ce mot a signifié but ou butte. (Gloss. du Roman de la Rose.) Le suppl. au mot bersault, cite ces vers qui parlent de l'amour : A mon cueur dont il fit bersault Bailla nouvel et fier assault. « Je suis le bersault contre qui chacun tire • sagettes de tribulation. » (Al. Chartier, Quad. Invect. page 266.) Bersel est pris dans le même sens, au Gloss. lat. de Du Cange, au mot Bersarii. On y trouve cette expression mettre au bersel^ pour mettre au supplice, mettre en danger de perdre la vie. On nomme encore une treille, un berceau comme autrefois. . , en bersault L'ombre tenir, et disner matinet. Focs. MSB. d'East. Deseh. fol. f40. • C'est de ber^ berceau, que s'est formé le mot bière (3), pour signifier coffre. « Sire, dist la damoy- « selle, c'est ung chevalier navré qui veoir le véuit, « il convient qu'il essaye à le gecter hors de ce coffre « ou il est lors commande la damoyselle aux' « escuyers que ils descendent et qu'ilz mette la « bière jus, et si font ilz. » Le mot bière s'emploie pour cercueil. On a dit aussi biers, dans le même sens. Si sui plus bas que biers, Quant je me voy de tous mault persoqners. EasI. De«ch. Pocs. MSS. fol. 213. Du Bellay semble distinguer la bière du cercueil, lorsqu'il dit bière ou sarcueil. (Mém. T. VI, p. 133.) On disoit proverbialement, en parlant de la chasse au cerf: Après le cerf faut la byere. Et après le sanglier le myre. Gace de la Bigne, des Dëduits. MS. fol. 76. V* Ce proverbe se trouve répété dans Du Fouilloux^ Yen. fol. 52, R- Enfin nous trouvons bi^r^ pour brancard, civière, dans ce passage : « Eschelles demeurèrent là qui « servirent de bière pour emporter les morts. » (J. d'Auton, Ann. de Louis XII, Ce 1506 et 1507, page 79.) VARIANTES I BER. Glossaire sur les Coût, ds Beauvoisis. Bers. Monet, Dict. - Lett. de Pasquier, T. I, p. 423. Bkrsel. Du Cange, Glossaire latin, au mqt Bersarii. Bersault. Eust. Deschamps, Poës. MSS. foi. 240. Bersaulx. Id. ibid. fol. 348. col. 4. Bersaut. Froissart, Poës. MSS. fol. 240, V*. Berseau. Du Cange, Glossaire latin, au mot Bersa. Berch. Fabl. MSS. du R. n» 7989, fol. 241, R» col. 2. Bercheau. Triomphe des Neuf Preux, p. 435, col. 2. Berchuêl. Fobl. MS. du R. n» 7989, fol. 240, V» col. 2. Bercuel. Ibid. no 7218, fol. 319, R» col. 2. Bercuril. Eust. Deschamps, Pocs. MSS. fol. 418, col. 4. Berseuil. Chasse de Gaston Phébus, MS. p. 365. Berceus. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 175, V» col. 2. Berselet. Dimin. J. Le Maire, 111. des Gaules, L. I, p. 140. Bercelores. Recherches de Pasquier, Livre V, p. 403. Berzuel. s» Bem. Serm. Fr. MSS p. 81 et 214. BiERCUEL. Ph. Mouskes, MS. p. 296. Biers. Eust. Deschimps> Poës. MSS. fol. 213. BiERE, subst. fêm. Ph. Mouskes, MS. p. 214. Byere, subst. fém. Gace de la Bigne, des Déduits, MS. ^76. Bere, subst. fém. Fabl. MSS. du R. n<> 7218, f» 345. Berangcne, subst. fém. Pomme d'amour. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) Berangulère, subst. fém. Bassin de chaise percée. (Dict. de Monet.) Berbère, subst. Epine vinette. (Dict. de Borel et de Monet.) variantes: BERBERE. Borel, Dict. Berberis. Monet, Dict. Berbette, subst. fém. Nous trouvons ce mot dans ce passage, où il s'agit des signes auxquels on (1) On trouve dans Flore et Blanceflor, v. 615 : c Cix arbres a à non benus, Ja un seul point n'en ardra fus. » Et au Livre des Métiers^ 173: < Nuls tabletier ne puet mètre avec buis nule autre manière de fust qui ne soit plus chier que buis, c'est à savoir, cadre, 6enu«, bresil et ciprès. » (n. e.) — (2) C'est peut- être le même mot que bol. (n. e.) — ^) Le mot vient dans ce cas ae Tallemand Bahre, civière. (N. e.) BE — 480 - BE reconnoit la bonté d'un fauoon : « Quant il est seur « qu'il face un peu de la barbette [i), soubz le bec de « sa plume, il doit avoir col long, et haulete poic- « trine, etc. » (Modus et Racio, fol. 59.) Bercail, subst. masc. Collectif de brebis. « Na- « ture a donné cette faculté au bercaiU de suivre « toujours la première qui va devant. » (Merl. Coc. T. I, p. 324.) Bercaude» subst. fém. Grillade. Sire, je vous tieng à bercon : N*avez vous encore un bacon? Si en faites bones hercaudes : Or sus nous les mangerons caudes. Fabl. MSS. da R. n* 7969, fol. 91, R* col. 1. Berce, subst. fém. Artillerie d'un vaisseau. — Oiseau. Oudin, dans son Dictionnaire, donne à ce mot la signiHcalion d*arlillerie d'un vaisseau. Le même mot, selon Monet, étoit le nom de l'oiseau t[u'on appelle communément rouge-gorge. Bercement, subst. masc. L'action de bercer. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) Bepceres, subst. masc. plur. Tireurs, chasseurs qui tirent de l'arc. « Lors feit le roy demeurer ses « chevaliers, et mai ne deux de ses veneurs avec « luy sans plus, et de ses berceres. » (Lanc. du Lac, T. I, fol. 128. — Voy. BEnciER ) Berceresse, subst. fém. Femme qui berce. Dans l'Etat des offlciers de la maison de M. le Dauphin, an ii94, on lit: a Catherine Mallegrap « nourrisse, deux cens livres, Marie Dezest berce- « ressCy deux cens quarante livres. » (Godefr. Observ. sur Charles VIII, p. 703.) Berche, subst. fém. Artillerie d'un vaisseau. (Voy. les Dict. de Borel, Nicot et Oudin.) VARIANTES : BERCHE. Nicot, Borel, Dict. Bbrcherie. Nicot, Oudin, Dict. Bercherete (2), subst. fém. Espèce d'oiseau. Nous en trouvons la déflnition dans le passage suivant : « Met grant peine d'avoir menus oiseaux « qui hantent les rivières, qui sont appelez berche- « retes, et sont petis, et ont la queue longue..... il « y en a de plusieurs manières. » (Modus et Racio, Ms. f. 128.) VARIANTES : BERCHERETE. Modus et Racio, MS. fol. 12S, V«. Beroeronnbtte. Du FouiUoux, Faucon, fol. 73, R«. Bercier, verbe. Tirer de Tare. — Blesser. Ce mot est employé au premier sens, dans les vers suivans : Li Rois dient à Devée Qu'il ni ait chacié, ne bercié Ne adesée venoison, En la forest, se par lui non. Rom. de Brut, MS. fol. 7, R* eol. 1. On a dit, dans le même sens, en parlant de Guillaume Longue-Epée : En bois sont eointemeni, et bener, et vener. Rom. de KoD, VS. p. 65. Gérard, voulant poursuivre le roi, dit : Et tant chevaucheray, par le mont, par le val. Que le roy trouveray ; rolontiers chasse et berse. Ger. de RootdUuo. IIS. p. 70. Ce mot signifîe blesser dans ces vers, où il est Sarlé de Gérard qui voit détruire tousses guerriers, ans un combat très sanglant : Quant Girard voit ses gens tresbucher, et verser, Les uns ferir d*espées, et les autres verser. Ger. de RouMÎllon, MS. p. 158. Berser ou verser^ dans le second vers, est pris 8our blesser à coups de flèches. On voit encore erser et chasser, termes de chasse réunis dans les Poésies de Mâcha ut, fol. 26. Ont a trop grant gent à faire. Qui leur chevaua navrent, et hersent. G. Guiart, IIS. fol. 968, V. Dans un sens moral, il s*est dit en parlant de» blessures que fait Tamour : J'en nommeroie ja un cent. Voir par Dieu un grant millier, Qui tout en ont été bersé Ardanunent espris, et arsés. Froissart. Poct. MSS. p. 390. VARUNTES : BERCIER. Roman de Brut, MS. fol. 7, R« col. 1. Bercer. G. Guiart, MS. fo). 255, R». Bercer at Beser. A.this, MS. fol. 56, V*" coL 2. Berser. Froissart, Poês. MSS. p. 238. Bebsser. g. Guiart, MS. foi. SO, R«. Bierser. Âthis, MS. fol. 69, V» col. 1. Berseler. Percef. Vol. I, fol. 55, V» col. 4. Berseiller. Percef. Vol. V, fol. 91, R« coL 1. BÉRSiOLLER. Mém, d'Ol. de la Marche, Liv. I, p. 963. Bersaulder. MoUnet, p. 120. Bersaubxr. Dict. Etym. de Ménage. Bersander (Lisez Bersauder.) Molinet^ p. 162. Verser. Ger. de RoussiUon, MS. cité ci-dessus. Berducat, subst. masc. Nom propre dtiomme. Nous lisons dans THist. de B. Duguesclin, par Hénard, p. 536: « Un grant chevalier baron nommé « Berducat d*Âlbret. » Le mot Berducat est expliqué en marge" par Perdicas. Berechte, subst. fém. Sorte de tribunal. Peut- être ce mot désigne-t-il une juridiction. « Personne ne peut diviser aucune somme par deux, ou trois demandes pour les porter en la berechte^ à peine de succomber. La dite berechte est assemblée par les paroisses ; et quiconque perd son procès, ou qui ne poursuit pas son instance, tombe en l'amende de vingt sols parisis au profit du Baillv de la berephte. » (Nouv. Coût. Gén. T, I, p. 674.) Berelle, subst. fém. Sorte de jeu. Peut-être le même que merelle. Pris dans un sens figuré, ce mot paroît signifler embarras. On disoit: 1* Demeurer à la berelle. Le passage qui suit rendra clair le sens de cette expression : Beaulté ne Calot l'homme estre industrieux, Ne son parler le rend victorieux : Sans bon effect demeure à la berelle. Creliii,p.ii8. (1) Petite barbe. - {2) C'est le diminutif de berce, (n. e.) BE — 461 — BS 2* Etre en berele, c'est-à-dire être embarrassé. Prenez en cure mon afere, Que sans vous sui en fort berele : Sians vous ai perdu la querrelle. Fabl. IfSS. da R. n* 7218, fol. 318, R* col. 8. 3* Mettre quelqu'un en la berele^ le laisser en la berele^ se disoit pour mettre quelqu'un dans l'em- barras, l'y laisser. (Voy. G. Guiari (1), ms. fol. 264, V% et 229, R*.) Le sens du mot berele nous paroH plus difficile à saisir dans cet autre passade. Dn amant, d'intelligence avec sa maîtresse, lui dit : En ceste praele, Seur la verdure, Merrons no berelle. Po6& MS. T. IV. p. 1532. YARUNTES : BERELLE. Crétin, p. 118. Berele. G. Guiart, MS. fol. 264, V«. Berement. Ce mot, suivant Téditeur des Ord. des R. de F., pareil être corrompu. (Voy. les Ord. des R. de Fr. T. V, p. 706, et la note.) Berengaudiser, verbe. Hot factice qui semble signifier forger des mots françois sur des mots latins. Fabri, dans son Art de rbétorique, après avoir blâmé, « la manière barbare appellée vice « de innovation commis par ignorans, voulans « apparoistre escumans termes latins en les barba- « risant, sans prendre leur commun significat, « comme luder à la pile de ludei*e a pila^ » dit : En prohibant le berengaudiser. Ne 8*aimez point vocabulcs latins. Fabri. Art de Rhét. fol. 56, V*. Berenger, subst. maso. Parc d'ours. Hot alle- mand qui signifie un parc d*ours, le lieu où les met celui qui les dompte. (Caseneuve, Orig. de la Lang. Fr.) Bergamasque, adj. Qui est de Bergame. Ber- game est une ville d*Italie. « Boucher sa femme à « la bergamasque^ » c'est-à-dire lui mettre une ceinture de chasteté. (Rabelais, T. III, p. 194.) Bergat, adj. Tacheté. Mot languedocien qui signifie « marqueté de diverses couleurs comme « certaines chenilles quUl y a. » (Dict. de Borel, au moi Virgœ.) Berge, subst. fém. Espèce d'oiseau. Peut-être est-ce le même que Berce ci-dessus? Chez le dit prince ilz prindrent leur herberge Qui leur donna de meint poullet et berge. Et les traicta comme homme a ce congmi. Faifea, p. 107. Bergée, subst. Verger. (Gloss. lat. de Du Gange, au mot Viridarium.) Berger (2), subst. maso. Nous citerons sur ce mot, qui subsiste, les expressions suivantes : l"* L'enseigne du berger. Expression obscène dans les Œuv. de Roger de Ck)llerye, p. 138. 2« Berger à peu de bruit. C'est-à-dire un pendu. (Oud. Cur. Fr.) Bergère, subst. masc. Nom donné à une bom- barde. « Alerent visiter Tartillerie, et une bom- « barde, nommée le bergère qui moult bien faisoit « la besongne. » (Mém. d'Ol. de la March. Liv. L p. 391.) Bergerette, subst. fém. Diminutif de bergère. — Sorte de poésie. Sur le premier sens, voy. Crétin, p. 156, et les Epith. de Mart. de Laporte, etc. On nommoit aussi bergerette une espèce de poésie ou rondeau double. (Voy. sur ce mot une explication détaillée dans TArt de Rhét. P. Fabr. Liv. II, fol. 31.) « Les petits enfans de chœur de la « Sainte Chapelle, qui illec disoient de beaulx vire- « lais, chançons, et aultres bergerettes (3), moult « mélodieusement. » (Chron. scand. de Louis XI, p. ii6.) VARIAMTES : BERGERETTE. Crétin, p. 156. Berqierettb. Froissart, Poes. MSS. p. 279. Bregeretts. Poes. MSS. du Vatican, n* 1490, fol. 112. Bergerotte. Rabelais, T. III, p. 241. Bergerolle. Epith. de La Porte. Bergeronete. Dict. de Nicot. Bergerie, subst. fém. Sorte de poésie. — Troupeau. Selon la première acception de ce mot, Sibilel approuve que les François aient substitué le mot de bergerie à celui d'églogue qui étoit en usage parmi les Grecs, pour désigner ce que nous nom- mons aussi idylles. (Voy. Sibilet, Art Poët. Liv. n, p. 120.) On disoit aussi bergerie de vaehes pour troupeau de vaches: « Emilian avoit un fort beau troupeau c de brebis, avec un grand nombre de jeunes « taureaux, et une bergerie de vaches. » (Nuits de Strapar. T. I, p. 250.) Ce mot désigne un troupeau de moutons, dans ces vers : Bergerie moult bêle menot, Mes s*amie souvent regretot. Chaas. Fr. du xiu* uècle, MS. de Bouh. fol. lli, R*. Bergeron, subst. maso. Diminutif de berger. L'autre jour, par .i. matinet, M'en aloie esbanoiant, Et trovai, sans son bercheret, Pastoure plaisant, etc. Chans. du xiu* tiède, MS. de Bouh. fol. 984. V* eol. 1. VARIANTES : rhib. p. 39. , T. 111, p. 1011. BERGERON. Chans. MSS. du O* Thib. p. 39. Bregeron. Poes. MSS. avant i2 Bergerot. Oudin, Dict. Bercheret. Ch. Fr. du xm* siècle, MS. de Bouh. fol. S84. Berghiëre, subst. fém. Bergère. Delez rombre d'un bosquet, Là trovai gentil berghière. Poês. MSS. avilit 1300, T. IV. p. 1501. (1) Berellus est le nom du dauphin dans le ms. lat. 5838. c. : c Nonnulli berelloa, delphinos vocant, eo quod, ut Albertos Magnus ait, ante naves aquas evomant. > Dans G. Guiart, il a le sens de querelle ; à Tannée 1293, on lit : c En la saison de ces berelles, Desquelles lonc est li comprandres » ; ù l'année 1304 : c Tant que Ten maintint les bereUes Des seijans ans noires gonnelles. » (n. e.) — (2) Voir plus loin Bergier. (n. b.) — (3) Ces sortes de (k)ësies se chantaient le jour de^ Pâques, et Ton buvait à ce propos une boisson composée de vin et de miel, et nommée comme le rondeau bergeretie. (n. x.) BE - 462 - BE Bepgier (1), subst. masc. Berger. Ce mol est pris aussi pour sol, bêle, imbécile, extravagaul. Il esl souvent employé pour homme rustique, et peu instruit. Guillaume^ c*est grand folie, Quant ensi avez chanté, Li bergiers d'une abbaïe Eust assez mieuz parlé. Poët. MSS avant 1300. T. I. p. 473. Vous me tenez pour bregier Qui volez que jou chou pris, A oncques noient ne pris Poes. MSS du VaUcan, n* 1490, fol. 134. R* col. 3. Gueur ne peut qu'ung seul hoste dedens soi hébergicr Pour ce doit l'en tenir à fol, et a bergier Quiveult Dieu, et pechié en son cueur enfergier; Nus ne puet ces deus erbes planter en un^ vergier. J. de lleuD(r, Test. 1530. S'uns hom a fit el siècle toutes ses volentés. Et il laisse pour Dieu trestoutes mauvestez, Tantosi est des mauves escharnés et gabez : Ou il est ypocrites, ou bergiers apelés. Fabl. MSS. du R. n* 7218, fui. 338, R* col. 1. VARIANTES : BERGIER. Rabelais, T. I, p. 175 Bergiers. Poës. MSS. avant 1300, T. I, p. 473. Bregier. Poës. MSS. du Val. n» 1490, fol. 134. R» col. 2. Berger. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. I, fol. 67, V* col. 2. Berglere, suhst. fém. Espèce de danse. Un air de danse pour avertir de rétrograder, de retourner en arrière. C'est aussi une expression figurée, telle que chanter la palinodie. J. de Meung, après avoir censuré la conduite des femmes, et celle de tous les grands seigneurs. Soit comte, ou roys, ou ducz, ou prince, ou sénateurs, qui se ruinent pour assouvir la fureur qu'elles ont pour la parure, donne enfin cette dernière leçon, pour corriger ces seigneurs de leurs folles com- plaisances : Je leur dis qu'ilz appreignent le chant de la bcrgiere Ou la gent qu'ilz carolent dient : retourne arnerc; Je me tayray atant d'endroit ceste matière ; Car les femmes, espoir, ne l'ont myo trop chiere, J. de Mcung, Cod. 1301. S*on joue, peut estre la carrière. Petit Rouen, le grand Tourrin La gorgiase, la bergiere : Ils se courroucent au tabourin. Coquillart, p. 40. Bergil, suhst. masc. Bergerie, bercail. En son cortil avoit des chox Et en son bergil des brebis. Fabl. MSS. de S' Germ. fol. 150. VARIANTES : BERGIL, Berchil. Fabl. MSS. de S» Germ. p. 450. Bercil. Fabl. MSS. du R. n<» 7218, fol. 227, V» col. 2. Bercuel. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 228, R<» col. 1. Bercoal. Chron. Fr. MS. de Nangis, an 1410. Bersault. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 531, col. 4. Bergine, suhst. masc. Brebis. On trouve au mot herhix du Gloss. lat. de Du Gange : « Tous « pourceaulx, bergines et chievres doient, la pièce, « une obole. » VARIANTES : BERGINE. Du Ganse, Glossaire latin, au mot Berbix, Barrix. s* Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 354. Berbiette. La Marg. des Marg. fol. 216. Berbis. Poës. MSS. avant 1300, p. 462. Berbix. S* Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 9. Berbz. Loix Norm. art. vi, passim. Bergue, sbl. HS3. du H. n* 7113, fol. 48, H- col. I. VARIANTES : BERNARD. Fabl. MSS. du R. a' 7218, toi. 48, R' col. 1. Bbrnart, Bernars. Ibid. loi. 49, R» col. 1. Bernard (S'). Nous citerons ici un proverbe auquel donna lieu le savoir prodigieux de ce saint: Bernard n'a pas tout vu. On disoit en latin : neque Bernardus vidit omnia. (Voyez les Nouv. Litt. de Florence, 1749, n° 17, col. 2«5.) Bernart (3), subst. masc. Terme d'injure. Ou le claime en disant bemart. Eut. Dncb. PUl HSS. Ibl. ïil, coL 4. On disoit aussi: 4' Parler d'autre bernart, c'est-à-dire parler d'un autre ton, ou changer de langage : Se Diex me gwt, Vous parlerez d'autre bemart. ■•à- BE 2* Chanter de bernart semble avoir signifié se dédire, se rétracter : 11 semble que vos m'apregniei. Fait-il, à chanter- de bernart: Ains me lairroie h une hart Lacer el col que gel preia^e. Pibl. HSS. ds S. Gain. p. 3S3. Berne (4), subst. masc. Cresson sauvage. - Pre- ■ micrement faut avoir une grande poisle , tenant * dix sceaux d'eau, puis prendredix bonnes joîncfées ■ d'une herbe nommée bem, ou cresson sauvage... ■ et faire bouUir le tout ensemble. > [Du Fouillouz, Vénerie, fol. 12, V°. — Voyez Berne ci-dessous.) VARIANTES : BERNE. Salnove, Vénerie, p. 333. Beiin. Ou FouiUoiu, Vénerie, fol. 13, V-. Berne, subst. {ém. Espèce de saie ou de man- teau. — Moquerie. Ce mot, au premier sens, signifie saie, ancien vêtement militaire. (Voyez les Dict. de Borel et d'0udin.)LeDuchat(5), dans ses notes sur Rabelais, T. I, p. 324, notes, dérive ce mot del'arabebwfTiOM, qui signifie un mantelet à cape. (Dict. étymologique de Ménage.) De lîi, s'est formé berner, faire sauler sur la couverture, et par extension se moquer, railler, tourner en ridicule. De la aussi, on a employé le mot même de berne pour moquerie : ■ La llaterie, et la berne • sont au degré de cousins issus de germains. ■• tourment, qu'ilz puissent faire à nully. • (Joinv. p. 67, _ Voy. la 19* Dissert, à la suite de cet auteur, et le Glossaire latin de Du Gange, au mot Boia.) Bernie (7), subst. fém. Sorte de drap. C'étoîl ua ■ drap grossier, rude et Velu, dont les Irlandois " s'eramantellent. « (Dicl. de Nieot. — Voy. le Dict. (1) Ces hemactet doivent £tre des canards ressemblant aux merlettes. (n. z.) — (9) Le texte est n cité serait la bca algue, qu'on trouve dès le xu' siècle, (n. s.) — (3)Ber>iart avait le sens de sot, béWe, oubuii:«iq, buwiuu Ut BU reg, JJ. 153, p. 305, an, 1397 : < Lambert, Lambert tu as enchanté ou ensorcelé mon A^re, il est tout bemart de toy, et te monstre plus grsnt amour qu'il ne fait à mov. i Et au reg. 142, p. W, an. 1391 : ( Lequel Duchesne respondit au dit Bemart qu'il u'estoit point coquart ; mais que ledit Bemart esloit bien coquarl, bemart, et louH sos : car il n'esioit si mauvaise comardie que sotie. > Nous conservons encore le mot bénarde, plus anciennement bemarde, pour désigner les aerrures dont la clé n'est pas Torëe et qui s'ouvrent des deux cÂtés : ( Icelle Marion s'en coury & l'uis, qui fermait à semire bemarde et l'ouvry. > (IJ, 176. p. 191, an. 1442.) (N. K.) - (4) Voir il Berle. - (S) Dieï Ure ce mot de Hibemia, Irlande, parce que cette étoffe se fabriquait dans cette lie. (Bouchet, Serées, p. 6.) variantes : BERTRAN. Poês. MSS. du Vatican, n* 1922, fol. 1S3. Bbrtramd. Montluc, T. II, p. 537. Bertri, subst. masc Noms de lieux. Ce sont les noms de deux châteaux ou maisons dans TAuxer- rois, aux environs de Vermanton. En patois dn pays, un bertri signifie une élévation de terre. variantes : BERTRI, Bertrbau. Berulistesy subst. masc. plur. Les PP. de ro- ratoire (2). (Voy. les Caquets de l'Accouchée, p. 176.) Beryder, subst. masc. Receveur des tailles. « Le beryder ou receveur des tailles, ou cela arri- « vera, est tenu défaire arrester les dites maisons. * (Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 610.) Bes (ce dont me). Nous trouvons cette expres- sion pour signifier : ce dont je me vante, je me flatte. Joster sai mielz de lui, c'est ce dont plus me bès. PartoD. de Biols. lAS. de S. G«m. fol. 174. R* col. 1. Besa, subst. masc. Deux as, bezet. (Voy. le Dict. d'Oudin ; Fauchet, des Orig. p. 120, et Pasquier, Rech. p. 698.) VARIANTES : BESA. Oudin, Dictionnaire. Besas. Borel, Dictionnaire. Besael, subst. masc. Instrument à deux tran- chants. Bisagûe est encore le nom d*un outil de charpentier. (Voy. Rob. Est. et Borel, au mot Ba; Du Cange, Gloss. latin, au mot Bisacuta, el Fau- chet, dans ses Orig. livre II, p. 120.) Ce mot a signifié une hache tranchante des deux côtés. (Voy. le P. Daniel, Mil. Fr. T. I, p. 411.) S'a une espée longue et dure. Et bien molue à sa mesure : (1) Voir, sur ces formes en ain, le tcmie I», note de la page 466. (N. E.) - (2) Congrégation fondée par le cardinal P. ée BéruUe, et approuvée en 1613 par le pape Paul V. (n. b.) I- BE Âuquaot de robe, auquant d'argent Les plus prisiâs, Isa plus vaiUana Sont bien loei à ans betans. Alhli,HS.a>LI. Por porsoia (S) a mia betanw. Pvit. IIS3. (VMl IMC T. IV. p. (310. Les besans (3) ont passé dans les armoiries où on les û^uve souvent. Ils y sonl toujours • d'or ou d'ar- • cent, et si quelque fois on en a fait d'hermine, ou • de vair.c'estqueles ftesun* en armoiries tienueol > lien de metail, et qu'en cette qualité elles doivent « toujours être mises sur les couleurs. • (Le Labou- reur, Orig. des Arm. p. 23 et suivant.) Voyei Le Blanc, sur les Monnoies, p. 157: On y trouve le» différentes espèces de besam, avec leur poids el leur valeur. (Voy. aussi Fauchet, de la Langue et Poésie Frant- p- 164.} Le besan dor fut fabriqutf sous la première et la seconde race de nos rois. On n'en voyoit presque plus sous Charles VL Ce mot, joint à un verbe de prix, signitloit sou- vent le peu de cas qu'on faisoit de quelque chose. J'aiin par amours, u'est mîe doute. Une piicelle sieatoule K'ele ne me prist un beianl : S'en ai le cuer triste, et dolant. Yiud«gS. 113. deSgilLChir. LTW.mI.I. Fief de bezans est expliqué par fief de bouvee en deniers, dans le Glossaire sur la Coutume de Beauvoisis. Le Glossaire du Roman de la Rose, donne au besan la signification de poids, dans ces vers : Led clouK furent d'or épuré, Par dessus le tissu dore, Qui estoient graas et pesans ; Eu cbascun avoil deux beians. Ron.deliniHa, (DSi-lOn. VABIAtITES : BESAN. Poës. MSS. avant 1300, T. IH.J). 1281. Besant. Lanc. du Lac, T. III. fol. 77, H* col. 3. Bezant. Fauch. Lang. et Poës. Fr. p. 164. Besonds. Du Canoë, Glosa, lat. au mot Salu*. DiSANTiN. Oudin, Dict. Besancé, participe. Chargé de besans. C'est un terme de blason. • Targe d'or bendée d'argent, h •I une bande besancée. ■ (Fabl. mss. du R. a* 7615, T. II, fol. 190.) Besch, subsl. masc. Vent d'Afrique. Ce vent est appelle la bêche, par les Provençaux. (Voy. le Dict. d^Oudin, et Rabelais, T. IV, p. 181.) Besclie [i), subst. fém. n s'agitde la peine portée contre celui qui s'est rendu caution d'un voleur, n est dit qu'il rendra catallum (la chose volée) et qu'il fiayera u sols pro capite (pour la personne du vo* eur), qu'il donnera iv deniers a/ CËper(ouceptieroti chepier, c'est-à-dire geôlier], ■ une maille pour ta ■ bfiscAd.etquarantesolsauroy. >(LoizNormandes, art. lï.) > L'origine est Buzantiv» r , , _, laie. (s. B.) - (2)H0Dnal« parisia. - (3) I.es besanti qu'on appliquait sur les boucliers ètident des pièces d or sans marque : ellea indiquaient qu'on a»ait fait le voyage de Terre-Sainte, (n, k.j — (i) On trouve l'expression bannir sur la betehe ou itr le pic et aur la pelU, quand il s'agit du supplice d'une femine ; c'est qu'on ne tes pendait pue, mais qu'on les enterrait dans une foase creuaée i ubesche: t L'an de grâce 1383, Uarote la Flamenge, Mehalot de Gison... furent banies delà terre sur la bctcAe, pour c» qu'elles estoient foies de leurs cors. • (Cont. de S" Gsnav., ma. fol. M, R«.) (i*. k.) • BE -■■' Un autre & aon arcon pendue, D'autre part, une betague. lUon. dand>, ». d» S- G«nÉ. lliL ISS. B' «M. 1. Et le princes ne se monvoit 'Qne aa bataille, alaaois Unolt L'espée en la maiB toute nue, Et chascuns tauce ou besogne. HKhul. tiS. M. 3M. n- ul. 1. ' De là, ce même mot a été employé i)our signifier un homme double et sans foi. On oisoit de l'évéque de Laon, qui négocioit entre Charles, duc de Nor- mandie, fils du roy Jean, et le roi dé Navarre : ■ qu'il étoit la besague qui taille par les deux . bouts. ■ (Chron. deS'Denis, T. n, fol.210.) De là aussi cette expression, tourner de besague, pour tourner de la tête & la queue : De cochelet tournant de betague, Du tempx soudain et detempest de mie,' Se gart chascun, et de perilleur jour, Car de tout ce ne vient fors que dommaige. Bual. DwA. Po Denis, T. I, fol. 199. ItESAVOUL. Quinze Jojes du mariage, p. SS et 54. Besaiex. Ueaumanoir, p. 103. BisAEL. Ord. des H. deTr. T. 1, page 588. Obsaoue, subst fém. Chron. de S' Denis, T. n, foL MO. Bbsaïvb, aubsl. fém. Chr. Fr. HS. de Nantis. BiSAttUE, subst. Jém. Cotgrsve, Dictionnaire. Besague, adj. Qui est à deux faces. • A cela ■ respondit le bien apprins disciple par une contre ■ raison cornue et besague. • (Alector, Roman.) Besalne, subst, fém. Brebis. Du latin Bidens. En parlant des droits levés par le duc de Berry, dans les divers lieux de son domaine, on dit : ■ Fenestrelay, qui a deux besaines, une qui a onze ■ aigncanx, un etc. ■ (La Thaum. Coût, de Berry, page 332.) TARIANTES : BESAINE. La Thaumassière, Coût, de Berry, page 33S. Bezaine. Glossaire latin de Du Gange, au mot Berbia:. Bbzeine, La Thaumaasiëre, uAi eupm. Besanne Ane. Coiil. d'Orl. à la suite des C. de BeauT. Bide. Mot du GAlinois. Besan, subst. masc. Sorte de monnoie et peut- être un poids. Ou lit besan, talentum, dans le Gloss. du P. Labbe. Le talent de serviteur de rEvan^ile, est renduparlemol()Csan/(l), dansLBneelotduLac. (T. 111, fol, 77.) Cétoit une sorte de monnoie d'or dont le poids et le prix ont varié suivant les lieux et les temps. (Voy. le Dict. de Borel, et ses ii" add. Glossaire du Roman de la Rose.) Des jongleurs ayant contribué aux plaisirs d'une fâte, sont récompensés : BE — 4tt - BE Besciaulx, subst, masc. plut. Poissons de mer. Un ancien poêle, en parlant des poissons nuisibles à la santé, dit : Eschuez ceulx De mer qui ont hesciaulx (1) noms; , Chiens de mer, marsouins, saumons, Poés. lASS. d*Ettst. Deschamps, fol. 485. col. S. Bescle (2), SM6s^ Foie. C'est ainsi qu'on a expli- Ïué ce mot provençal, dans THist. de TAcad. des elles Lettres, an 1727, Mém. de M. Lancelot, p. 256. On le trouve traduit par jecur, dans le Gloss. lat. de Du Cauge, au mot Kalendœ. (Voyez du Tillot, Hist. delà Feste des foux, p. 49.) Bescocep (se), verbe. Se méprendre. Froissart ayant fait rénumération de ses bienfaiteurs, se reprend ainsi : Haro que fai-je? me bescoce (3) ; J'ai oublié le roy d'Escoce. Poés. MSS. de FroiMart, p. 343. Bescouffe, subst, fém. Le sens de ce mot est obscur. Peut-être faudroit-il lire rescousse^ dans les vers suivans : Dont sont si compaignon saiUi Quant Us oirent la hescouffey Et le sas à sa main escousse De quoi il tenoit le fer chaut Aval le rue. Fibl. MSS. do R. n* 7218. fol. f78, V eol. 1. Beseau, partie. Vovant. Ce mot a cette sign^ifi- cation dans le Patois ae Cabors. (Voy. le Dict. de Borel, au mot Glouper.) Beseole, subst. (Voy. Aiot.) Besladomen, adv. Mignardement. Ce mot est languedocien. (Voy. le Dict de Borel, aumotiS^ta^) n se récrie sur le charme et la délicatesse de cette expression et cite ce vers : Petits rieux dont Fargen besiadomen gourrine. C'est-à-dire, petit ruisseau dont Teau argentine murmure mignardement. Besiadure, subst. fém. Mignardise. On lit dans le Dict. de Borel, au mot Besiat : La beaiadure de nostre atge. C'est-à-dire la mignardise de notre siècle. Besiale (4), a4j. Commun, contigu. Le champ besiale, ou besialley étoit une terre ou lande com- mune à plusieurs. (Laurière, Glossaire du Droit Français.) On explique aussi cette expression par champs contigus, du mot beser^ baiser, toucher. (Voy. le Coût. Gén. T. Il, p. 681.) VARIANTES : BESIALE, Bbsialls. Laurière, Gloss. du Dr. Fr. Besicles, subst. fém. plur. Lunettes à deux verres. « Besicles que nous appelions autrement « lunettes.... les anciens les appellerent bisoculi^ « doubles yeux, par le mot abrégé de besicles (5). » (Pasquier, Recher. p. 698.) « Gens qui portent « lunettes, ou berides. > (S' Jul. ilesl. Hist. p. 3.o8.) VARIANTES * BESICLES. Dict. de Borel, Nicot et Monet. Becycles. Epith. de la Porte. Bericles. Eust. Desch. Poés. MSS. fol. 388, coL 1. Besycles. Dict. de Nicot. Bezicles. Rabelais. BeslcUer, suhst. masc. Faiseur de besicles. Lunettier, faiseur de lunettes. (Voy. les Dict. d'Oud. et de Cotgrave.) VARIANTES : BESICLIER, Besycuer... Besiers (6), subst. masc. plur. Sorte de plante. (Voy. les Contes d'Eutrapel, p. 212.) Besil, subst masc. Massacre, carnage. Du Cange, dans son Gloss. lat. au mot Besilium^ dit Su'il est difficile d'assigner la véritable signification e ce mot. 11 conjecture qu'il pourroit être le même que bersel, oui signifie torture. Cependant, dans les passages cites par cet auteur, il semble que besil signifie carnage ou massacre (7) ; et c'est ainsi qu'il faut Tentendre dans les vers suivans, d'autaot mieux qu'on verra ci-après besiller^ pour massa- crer, égorger. De femmes fait si grant besil : Moult par y ot nez perilliés, Et meschines a dueil noies. Rom. de Brut, IIS. fol. 47. Oncques sy faite occision, Ne SI laide destruction, Ne tel besil. ne tel dolour Ne fut des Saisnes en .i. Jour IMd.fol.70,R*. Beslller, verbe. Egorger, massacrer, détruire. Si nous en croyons le Glossaire du P. Jlartène, ce mot signifie exiler. Il est pris pour estropier, muti- ler, dans le Gloss. lat. de Du Cange, aux mots (i) n faut lire les ciaulx, pour les ceux, on plus simplement ces. (n. e.) — (2) Aux fêtes du i^ janvier que présidait Févéque des sots, voici, d'après un cérémonial manuscrit de Viviers, écrit en iS65, quelle était la formule des indulgences : c De par mossenhor Tevesque, Que Dieus vos donne gran mal al bescle, Avec una plena balasta de pardos £ dos das de rajcna de sot lo mento. » (n. e.) — (3) Ce doit être le même verbe que bescochier, qu'on trouve au Roman de la Rose : c C'est celé (la concupiscence) qui Vauteur fet prendre, Rober, tolir et baréter, et bescochier et meeconter. » Au sens de Jours encore \ bezi est un nom générique ajouté au nom du pays d'où sont tirées certaines espèces de poires : besi d'Heri, oesi Cbaumontel. L'origine serait le hollandais besie, ancien aUemand bese, gothique basi, qui est TaUemand actual Beere. (n. e) — (7) Le sens est fixé par le passade suivant de G. Guiart : c Que pais fut si outreement, Ou*U n*i ot besil ni maçacre. i» Ce mot devait avoir encore le sens oe capture, car au reg. JJ 149, p. 126, an. 1396, on Ut * «Le suppUant veant que on avoit ostée Fespée de son serouge, et que on lioit ot besilloit. • C'est ce qu'indique la forme besistre employée avec le sens de drisse peir G. Guiart (an. 1304) : c Cil des gaUes font besistre, qui es haus mas pas ne messlôeat, i II y a là uo préfixe, plus la racine du mot essilier. (n. b.) BE — 489- BB Besilarnentum et BesUinm, où il cite ces vers de Guiart, us. : Car huis, et portes en refiraignent ; Besilent (1) tous ceux qu'ils ataignent, Mais il nous parolt signifier plutôt égoi^r, massacrer, détruire. Les passages que nous allons citer décideront. « Et tanta la lor affaire que dedens « trois ans furent si besillé qu'il n'en remest nul « u pais. » (Contin. de G. de Tyr. Martène, T. V, col. 730.) Las I je ne puis le deflùnci oubUer, Et sont nobles tenuz pour luy prier ; Car les cheoit, et ajmoit chierement, Ne n*eust souffert jamais les beziller A son povoir. Vig. de CharlM VH, T. I. p. 7«. Tberoucne, le chancelier Mohier, et autres vrays Ângloys, Si se Guidèrent beziller. D'ainsi veoir crier les François. Ibid. p. 450. Quant il s*en print a souvenir, Se vint tuer et bezilliery Afin de justice tenir. Ibid. p. 210 et 911. VARIANTES : BESILIER. Martène, Gloss. T. V. BssiLLER. Du Gange, Gloss. lat. à Besilamentum. Beziller. Vig. de Charles VII, T. I, p. 71. Bezillier. Vigil. de Charles VII, T. I p. 211. Besin, adj. Voisin. Ce mot est du patois de Gahors. VARIANTES : BESIN, Besis. Dict. de Borel, au mot Glouper, Beslandé, adjectif, Echancré. On lit en ce sens dans Perceforest, Vol. III, fol. 120 : « Le chevalier « à Tescu beslandé. * Besloi, subst. inasc. Tort, dommage, injustice. Ce mot semble s*étre formé de bis et de toi, comme qui diroit loi double, balance à double poids, injus- tice, tort, et par extension, discorde, division, trou- ble, désordre, et toute espèce de mal : Par traïson, et par besloi, Ph. Mottsket. MB. p. 979. Le même poëte, parlant de l'hérésie de Félix et de son livre apporté au Concile, dit : Quant li rois oit le besloi. Pour le mal oster ki ens fu, Le rouva ardoir en un fu. Ibid. pi«e85. Ce mot se trouve dans plusieurs autres Poètes Mss. avec la même signification. l*" On disoit à besloi pour à tort, opposé à à droit qu'on disoi ta loi: He burson vin, ge F di par bone foi, Âinz que n*es8ion josté à droit où à besloi, Parton. de Bl. MS. de S. 6. foL 173, col. 1. 2* A tort et à besloi, pour à tort et à travers : Tu destroiz S** EgUse à tort et à hesloi. Rom. do Roa. MS. p. 131. 3* Mettre à besloi^ pour détruire, ruiner : Nous meterount à besloi, Mais ils orientent les chevaliers. Pabl. MS. do R. or 7S18. fol. i5«, R* col. 2. VARIANTES l BESLOI. Fabl. MS. du R. n» 7248, fol. 154, R» col. 3. Besloy. Ph. Mouskes, MS. p. 85 et 279. Bellot. Parton. de Blois, MS. de S< Germ. Besoche (2), subst. fém. Bêche. Outil propre à remuer la terre : Tousjours avec la besoche, La tranche, le piq, le hoyau, Nous faisons si bien une approche, Que nous renversons le chasteau. Poês. d'Amad. Jamin, fol. 226. Dans Du Gange, Gloss. latin, au mot Suffossorianij on lit cette citation : « Suffossorium quod bessam * vocant. » VARL\NTES I BESOCHE. Dictionnaire d'Oudin. Besoge. Dictionnaire de Cotgrave. Besfe. Glossaire latin de Du Gange, au mot Suffossorium, Besce. Vies des SS. de Sorb. chif. lxi, col. 96. Bezoche. FouiUoux, Vénerie, fol. 76, R«. BiEGE. Dictionnaire de Cotgrave. Besogne, subst. fém. Ouvrage. — Combat. — Aventures. — Affaires. — Meubles , bardes. — Besoin. Ge mot désignoit en général œuvre, ouvrage, et nous remployons encore quelquefois en ce sens. De là, on s'en est servi pour signifler un combat, une bataille; comme on dit aujourd'hui une action, appliquant le mot générique à l'espèce particulière. < Quand les nouvelles y vindrent de la besongne de « Poictiers (de la bataille de Poitiers.) » (Froissart, livre I, p. 199.) Ce mot a signifié aventures : « Pas ne vueil « oublier aucunes des besognes qui arrivèrent en « Egypte tandis que nous y estions. » (Joinville, page 77.) Ge mot a été employé pour : affaires, causes, procès (3). « Venrra toutes les semaines, deux fois ou « trois, selon ce que plus y aura de besoignes con- « seillées ramentevoir à ceux de nostre conseil les « dites besoignes pour déterminer, et mettre à fin, « selon ce que il garderont que les besoignes le « requerront. » (Ordonn. des R. de Fr. T. I, p. 733.) Besoigne, dans S* Bernard et dans Rymer, répond au mot Negotium. Ce mot a eu la signiflcation de meubles, de bardes. On trouve dans les Essais de Montaigne, T. I, p. 423, besognes de nuity pour bardes de nuit. Enfin, on a dit quelquefois besoingne pour besoin. Qui a besoigne d*au. Poei. IISS. arant 1300. T. IV, p. 1883. . (t) On trouve dans Froissart bersillier^ diminutif de berser. tirer avec une flèche ou un trait d*arbalète : c Ils furent chaciés eihersiliés tous roors. » (Ed. Kervyn. XI^ 3tô.)(N. e.) * (2) La forme besoche a été faite sur besse, qui a le môme radical que bec. Il en est souvent parlé dans les lettres de rémission transcrites aux registres du Ti^sor des Chartes. Les laboureurs et terrassiers se donnaif^nt des coups de besoches, comme aujourd'hui Us se frappent à coups de pioche. Voir Dû Gange, sous besogium. (n. e.) — (3) Besonane, dans Froissart, a aussi le sens de négociation : c Li roys leur acorda cesta besongne et ûst cesser les enghiens. i (Ed. Kervyn, II, SOS.) (n. e.) BË ^ «0 — ITB Remarquons les expressions suivantes : Actioîi de besoigne /"aic/^ éloitraction qu'on avoit en justice contre celui dont on avoit géré les afTÉi- res à son avantage. « Action de besoigne faicte, si « comme si je fais pour autre absent aucun profit « en ses besoignes. > (Bouteiller, Somme Rurale page 157.) Exercer les besoignes de quelque prince^ c'est- à-dire, le servir, faire ses affaires. (Chron. de S* Denis, T. Ilï, fol. 40.) Machaut, dans les v.ers sôivans, semble faire allusion à un proverbe dont le sens est qu'en vain Ton travaille si Ton ne fait pas son métier ou ce qu'on doit faire : Mais cilz petitement besoigne Qui riens ne fait de sa besoigne. Machaut, MS. fol. i93. V col 3. VARIANTES : BESOGNE. Histoire de la PuceUe d^Orléans, p. 483. Besoigne. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 73. Besoinone. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 74. Besongne (pour affaire.) M. Ghartier, Hist. de Charles VI. Besonne. Faifeu, page 7. Besoygne. Rymer, T. 1, p. 114. Besogner, verbe. Travailler. — Agir. — Avoir besoin. Ce mot est donné avec le sens de travailler, dans le Dict. de Borel, le Gloss. des Arrêts d'amour, etc. Dans cette acception, il a été souvent employé en un sens obscène. Besongnier signifie agir, dans ces vers : Mais belle chose oy testnoignier Pou parler, et bien heaoingnier. Machaut. MS. fol. 27, V col. 2. Remarquons Tusage de ce mot pris en ce même sens, dans les expressions suivantes : 1^ Bien leur besongna, c'est-à-dire bien leur en prit. (Froissarl, Vol. I, p. 302.) 2** Besongner à son entente, c'est-à-dire manquer Tobjet qu'on se propose, manquer son coup. (Arresta Ao^r. page 174.) Besongner signifioit quelquefois avoir besoin. Ainsi l'on disoit : « Si vous avez à besongner cinq « ou six cents lances », pour si vous avez besoin de cinq ou six cents lances. (Froissart, Vol. II, page 144.) VARIANTES I 6ES0GNER. Borel, Dictionnaire, V- add. Bbsoignkr. Glossaire des Arrêts d'amour. Bbsoinqner. Rom. de Rou, MS. p. 137. fissoiNONiER. Eust. Deschamps, Poës. MSS. Besongner. Glossaire de Marot. 'BBsolg {\)9 subst. masc. Besoin. Ce mot, dans S* Bernard, répond au latin Inopia, Indigentia et nécessitas. On disoit proverbialement : !• Besoing fait la vieille trotter. (Perceforest, VoIumelII, fol. 61.) 2» Au besoig voit on son ami. (Chron. fr. du JilV siècle, MS. fol. 266.) Le Laboureur dérive le mot besoing du gaulois S0in. (Orig. des Arm. p. 197 et suiv.) On lit buisson, dans le Roman de Brut, v.^. fol. 59, mai^ il faut lire besoeingy cemme dans le ms. de Bombarde. VARIAT! TES : BESOIG. Ord. des R. de Fr. T. III, page S5. Bbsoionb. Fabl. MSS. du R n* 7615, T. U, fot 151. Bbsoeino. Roman de Brut, MS. de Bomb. Bbboino. Le Laboureur, Orig. des Arm. page 197. BuiusoN. (Lisez Besoe'mg.) BusiEN. Loix Norm. art. 38. Besoigne, subst. masc. Opération. C*est propre* ment un participe employé comme substantif. Le besoignéy c'est-îi-dîre ce qui s'est fait. (Voy. le Nouv. Coût. Gén. T. Il, p. 344.) « Tost après envoyèrent « une ambassade en Angleterre, devers le Roy « Edouard, du b^soin^Mî^ desquels je ne mets icy « riens pour ce que je n'en sçay rien. » (Monstrelet, Volume IIL fol. 129.) Besoingnez de loi, se trouve souvent employé dans la coutume de Binch, pour signifier contrats ou autres actes judiciaires ou obligatoires. (Voyez le Nouv. Coût. Gén. T. IL p. 210, et ibid. passim.) VARIANTES ! BESOIGNE. Nouv. Goût. Gén. T. Il, pase 344. Besoigniê. Monstrelet, Volume III, f'' 129. Besoignement, subst. masc. Besogne. Ce mot est pris en ce sens dansle passage suivant : < Quand « sera besoin de mander pair pour se trouver < à quelque besoignement. » (Nouv. Coût. Gén. T. Il, p. 48.) Besolgneite, su&8^ fém. Diminutif de besogne. (Voy. les Dict. d'Oudin, au mot Besoignette, et de Rob. Estienne, au mot Besongnette.) U est mis comme synonyme à bardes, dansFaifeu, p. 72. VARIANTES : BESOIGNETTE. Oudin, Dictionnaire. Besongnette. Robert Estienne, Dict. Besoigneur, subst. masc. Qui agit. En latin Negoclator, dans le Glossaire du P. Labbe. (Voyex Bouteiller, Somme Rurale, p. 107.) Besolgneus, adj. Nécessiteux. Qui est dans le besoin. Voy. les autorités citées dans les variantes. Bcaoignex aui par Tabondance. Fabl. MS. da R. o* T015. T. I. Ibl. 7S, R* eol. t . VARIANTES : BESOIGNEUS. Ord. des R. de Fr. T. I, page 08, col. 2. Besoioneux. Glossaire du P. Labbe. Besoingneus. g. Guiart, MS. fol. 290, V*. - Besononeur. Chron. S* Denis, T. I, fol. 148. BE90NGNEUX. Ger. de RoussiUon, MS. p. 102. Besougnous. Ph. Mouskes, MS. p. 148. Besoignex. Fabl. MS. du R. n« 7él5, T. I, fol. 73. Besoignols. Ce mot, dans S' Bernard, répond aux mots egens, egenus, indigens et inops. Le mol besoignols, dans S' Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 56, est pris dans un sens particulier. Il parle de ceux qui, sans en être dignes, veulent appi-ocher de la communion et les représente sous la fleure de ceux qui veulent aller trouver Jésus à Bethléem nouvellement né. « Jai n'en est mies besoignols^ « k'il ne voillet assi estre receuz en ti. » (1) On le trouve sous la forme bosuign dans la Chanson de Roland (t. 303) : c Kar de ferir ot Jo si graat bomign. • (n. b.) 1- BB VAHIAKTES : DESSER(se). G. Guiart, US. fcd. 3SS, R*. Bessibb. ChBBse de Gaston Pbëbus, HS. p. 1S8. Besses (3), subst. plvr. Pacages, Pâturages. Mot du patois a'Auvergne et du Limousin, (voy. Du Gange, Gloss. lat. au mot Bessœ.) Bessie, subst. fém. Vessie, On a dit des Alpes: ■ Ces montagnes ne sont que petits bouillons, ou ■ bessies, en comparaison des ondes de la mer. ■ (L'Amant Ressuscita, p. 16.) Bessiere (4), subst. fém. Yallée. • Le temps est ■ dur et sec, qui fait le bestail traire aux beê- • sieres, et aux prez. ■ (Percef. Vol. VI, fol. 102.) Bessihuets, subst. masc. plvr. Ce mot, que nous ne trouvons que dans le Dict. Fr. Ital. d'Oud. sigtiilloit peut-être une bêche. Oudin renvoie au mot Italien bewcchi, qu'on ne trouve point daos les Dict. Italiens. Bessin, subst. rnasc. On nomme ainsi un lan- gage particulier du faubourg de Haut-Pont à S" mer. 11 n'est ni flamand, ni wallon (5). (Pelisson, Lettrée Ilistoriq. T. lU, p. 264.) Besson, adj. Jumeau. — Double. Au premier sens, ce mot vient de bishomo (6). (Voyez lesDict. de Nicot, de Honet. de Borel, au mot Bes, d'Oudin et de Ménage.) < Elle fut bessonne, et d'une même > ventrée,avecuneautrequimourutaussitoslDée. ■ (Brantâme, Dames Illustr. p. 337.) Deux aieneleU besaon». Cl. Hirat, p. 90. De 16, le mot besson s'c^t employé pour signifier double. fie ton sein blanchissant le petit monl bcaton. terga. deRcmi Bdka, T. 1. Tôt. lU. Cette tresse bet»onne. Tresse dont Cupidon tous ses biens façonne. G. Durul, k U HdM da DooiKt. p. 130. Besson, subst. masc. Doublet. Terme du jeu de Trictrac. • Les plus grands bessons, et accouiHez . il nommoit fones. ■ (Rabelais, T. V, p. 42.) Bestail, subst. masc. BéLail (7). Ce mot, pria dans un sens générique, signifloit toute sorte d'animaux. ■ Moutons, brebis, et autre bestiaille. ■ (Ord. des R. de Fr. T. Il, p. 232.) < Les habitans des Iles • Baléaires envoyèrent à Rome, demander ■ secours d'armes pour combattre les conninsleur (1) Ce doit êlm Clifltillon en Baiois. Ce petit pays occupe la partie orientale du Nivernais, et a pour locaLtés principales, le chef-Ueu de canton précité, Mont-en-Baiois et Moulin s-Ângilbert. (N. s.) - (S) La Chanson de Roland emploie les formes orthtwraphiqueE baiste et basât; on trouse an Xii' siècle be.>te, dans Aliscans, t. 965. (n. b.) — (3) La Tonne provençale actuelle est baùio; c'est un lieu bas et marécageux, couvert de ronces et de broussailles. L'article suivant, beùiht». a le mâme sens et la même mcine bas (voir Du Cange sou.° baiita). (n. b.) — (4) On lit au registre JJ 187, p. SM, an. 1167 : c Proi-ès se meut.... pour rsisou du droit, possession et saisine de certain bois on besaiere, ou des UEagea d'icellui. (N. E.) — (5) Serait-ce le patois normand du Beasin, des environs de Baveux 7 (n. e.) — (6) Le mot se rencontre au xni* siècle, dans l> livre de joëlice et de plait, p. p. Rappeti (Péris, in-4*, 1850), p. 55 : < Ausi sera, se Joliana enfanloit deua enfans et emprès dens befon». > Le suffixe on, comme le mot complet, est d'oilgine romane. Rapporter betaon h biahomit, gni d'ailleurs ferait contre-sens, el non à bit, c'est méconnattre la force de création propre su français. On rencontre encore 1» nom propre Bïason. (n. e.) — (7) Lanin. du latin tunicultia. mnt esnaonol selon ' ' "-...- psr Pline l'ancien, au VllI- 1 aussi BU t. iv, p. 397 du i^roissan (édition l£eTvyn):H. Scheler, 'auteur du Glossaire (t.'xiX), corrige beilail. En Beny, on écrit encore beifiol; beaiail vient de beaiiale, tandis que bttiatlU, qu'on rencontre dès le xui* siècle, vient de bettiatio, comme aummlle vient de animalia. (n. e.) BB VAMAHTES : BESOIGNOLS. S> Bernard, Snrm. Fr. USS. page 3- Besols.Nomâecanton.Jenesaisquelestlecanton de la Bourgogne dont il est parlé sous le nom de Castillon en Besois (1); seroit^^e l'Auxoisî (Voy. Perard, Hisl. de Bourç. p. 503, tit de 1262.) Besoncle, subst. masc. Grand oncle. (Voyez Laurière, Gloss. du Droit Fr.) Oncle ou besoncle ; on lit dans le latin : • Patruum, aut patruum . magnum. ■ (D'Argentré, Coul. de Brel. p. 1927.) Besongne, adj. Nécessaire. On disoit en ce sens œuvres besongnes ; c'est-à-dire, actions néces- saires, devoir, obligation. * La royne envoya â ■ plusieurs bons chevaliers qui n'estoient mye du ■ franc pallois de la blanche rose, et retenu a ses ■ bons et preux chevaliers, aftln que ils fussent * encore plus preux, plus hardys et plus voulen- > taires en toutes leurs œuvres besongnes, d'eulx • avant advancer. ■ (Perceforest, Vol. II, fol. 148.) On trouve besoignables en ce sens dans la Règle de S' Benoit, lat. et fr. et rendu parlemotn«cessarte. VARIANTES : œSONGNE. Percef. Vol. K, fol. 1W. Bksoignable. Régie de S' Benoit, HS. de B. ch. lvi. Besou, subst. masc. Voie, chemin, route. Ce mot est du patois de Cahors. (Voyez le Dict. de Borel, au mot Glouper.) Besoynnablement, adv. Nécessairement. (Voy. Rimer, T. I, p. 114, col. 2, tit. de 1270.) Besser (se) (2), verbe. Se baisser. — Tomber, descendre, diminuer. Ce mot subsiste au premier sens, avec une légère altération dans l'orthographe. Arbaleitriers de France tendent. Et ordonnëement se betient Vers leur ennemis aler lessent (}uarriftnx, etc. a. GniKl, HS. rDl.tSG, R-. Par une extension de celle première acception, besser a signiflé diminuer, toniDer, descendre. > Et « osier la bride a son cheval, et le laisser pestre, ■ et reposer les chiens, et bessier la grant chaleur. • (Chasse de Gast. Phét). hs. p. 228.) BE — 472 — BE « faisant morlelle guerre, comme aussi h la vérité ' « ce petit bestail est d'incroyable fécondité où il • s'adonne. » (Fouilloux, Vénerie, fol. 12!.) Ce mot générique s'étoit restreint à ne signifier qu'une seule espèce; ainsi on disoit bétail lanu^ pour dési- gner les bestes à laine. (Goût. Gén. T. II, p. 474.) VARIANTES I BESTAIL. Coût. Gén. T. II, p. 474. Bestaille. Duchesnej Gén. de Guines, p. 283, lit. de 1241. Besteau. Cotgrave, Dict. Bestiail. Perceforest. Bestial. S» Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 263. Bestiaille, sxibst, fétn. Ord. des R. de Fr. T. 11^ p. 232. Bestance, subst. fém. Dispute, débat, difTérenf, division, — Inquiétude. Au premier sens, ce mot est formé de bis (1) et de tancer^ selon le Gioss. de Viliehardouin, au mot Bestance. « Le lendemain s'assemblèrent à « Parlement bestance \ oi ^sstz d'unes choses « et d'autres. » (Villehardouin, p. 56.) Il n'i ot noise ne bestenc. Phil. Mouskes, HS. p. 754. Le même poëte semble avoir employé bestenc pour inquiétude, dans le passage suivant : Par cremance, et par bestenc l fist fermer castiel flamcnc. Ph. Movtket. liS.p. 851. VARIANTES : BESTANCE. Gloss. de Villehardouin. Bestens, subst. masc, Hist des 3 Maries, MS. p. 475. Bestenc, subst. masc. Ph. Mouskes, MS. p. 51o, passim. Bestent, subst. masc. Froissart, Pocs. MSS. p. ®6, col. 1. Bestats (2), adj. au masc. plur. Sot, inepte. Des Perriers, dans ses contes, l'a employé en ce sens lorsqu'il a dit en parlant des petits d'une pie: « Ils « faisoient les bestats et vouloient toujours retour- « ner au nid, pensans que la mère les deut toujours « nourrir à la bêchée. » (Contes de Des Perriers, T. II, p 132.) Beste, subst. fém. Bête. Ce mol, au pluriel, ré[)ond dans les Serm. Fr. mss. de S* Bernard, au latin animalia et jumenta. Assez font paier de mnsages, et d'analoignes, A ces poures bestes lointaines. Fabl. MSS. du R. n« 7615. T. I, fol. iOI. V eol. 1. Après avoir observé que les animaux à quatre pieds sont, par le mot de bestes, distingues des oiseaux dans ces vers : Tout ainsi le redoublent, bestes le lyon. Et com fout tout oiseaux le fort alerion. Ger. de Roussillon, MS. p. 127. Nous remarquerons les expressions anciennes dans lesquelles ce mot étoit employé. On disoit : i* Bestes blanches i^our brebis, moutons, chèvres. « Les bestes blanches se peuvent mener si loin que « Ton veut, pourveu qu'elles retournent de jour au « giste en leur finage. » (Coût. Gén. T. I, p. 442.) 2° Bestes rouges, pour bœufs ou vaches. « N'est « permis aux babitans, ou porteriens de la terre « et seigneurie de Gorze, d'avoir, et tenir Iroupeàu « à part, soit de bestes rouges^ ou blanches, sur les « bans des lieux où ils font leur résidence, ny les « lieux circonvoisins. » (Nouv. Coût. Gén. T. II, f>. 1095.) On appelle aussi bestes rouges les bétes àuves. (Voyez Hodus et Racio, us. fol. 36.) 3"* Bestes royaly pour bestes dont la chasse est réservée au roi. Quant il avoit déserté Aucune grand beste rouai, Adonc querreit le desfoial Contrée pour autre destruire.' Poët. MSS. d'Eust. Deidi. fol. 48S, col. 1. A* Bestes de nuict, pour oiseaux nocturnes. Budé en compte de dix espèces: « Le grand duc, « le moyen duc, ou hibou cornu, hibou sans cor- « nés, ou chahuant, chevêche, huelte, reffraye ou « fresa^^'e, corbeau de nuict, faucon de nuict ou « chaleis, et souris chauve. » (Budé, des Oiseaux, fol. 119.) 5** Bestes doulces et bestes puantes^ distinguées les unes des autres. « Les bêtes douces,soni le cerf, • la biche, le daim, le chevreuil et le lièvre. • (Modus et Racio, fol. 46.) « Or, nous dirons des « autres cinq bestes qui sont dictes puantes « parceque la senteur qui vient d'eulx est forte et « puante. > (Modus et Racio, fol. 48.) 6** Bestes noires. Sous cette dénomination, on comprenoit les animaux tel que le sanglier. « L'a- « prentis demande comment on doit parler de « venncrie, du sanglier, et des bestesqui sont dictes « noires. »(Modus et Racio, fol. 23, R*.) T Beste mtie (3), opposée à beste féroce. « Lors s'en « vint le cerf luy, et va ferir son lyon sur le doz < du pied dextre quand le lyon se sentit ainsy « frappé de une beste mue, il le print à grand des- « daing, et lance après le cerf de tant qu'il peut a courir, qui s'en alloit parmy 4a forest bruyant « comme rouldre. » (Perceforest, Vol. II, fol. 80.) « Bestes mues signifloit aussi les brutes, et les « bétes en général, distinguées des bétes humaines « qui sont les hommes. » (Modus et Rocio, p. 17.) 8* Bestes enhetidées^ pour bétes retenues par les liens qu'elles ont aux pieds de devant. (Laurière, Gloss. du Droit Français.) 9" Bestes humaines. Ce sont les hommes. «Qnand « fiieu fist et ordonna le monde, il créa deux ma- « nières de bestes, les unes qu'il appella bestes « humaines, et les autres furent appellées mues. • (Hodus et Racio, ms. fol. 33.) 10* Bestes de fer ou bestiaux de fer, éloient cenx qu'un fermier tenoit à bail, ou à cheptel, ainsi appelées parce qu'elles ne meurent pas pour le seigneur. (Voy. Laurière, Glossaire du Droit Fr. au mot Chaptel, et Beaumanoir, ch. 68, p. 346.) 11» Beste ferrée, pour cheval, ou toute bête que (\) Non pas bis, mais le préfixe péjoratif bes, (v. e.)— (2) Nous avons encore la forme bêta; bétail se prononce ainsi dans la banlieue de Paris, (n. e.) — (3) On appeUe mue du cerf, le bois qu'il a mis bas. Dans le passage suivant, mue parait venir de muta, muette : c Eulx mors, leur a esté denyée sépulture, mesmement en terre prophane; mais ont esté ffettez sur terre Dour estre mensiez par les chiens, oiseaulx et bestes mues. » (Lettre de Gh. VI, 1413, d'après le mem. H. de la C3i. des Comptes de Paris, fol. 18, V«.) (n. b.) BE — 473 - BE l'on ferre. « Leshabitans des dits lieux, et paroisses « ne peuvent nourrir bestes aux pâturages corn- « muns,si ce n*est le bestail qu'ils peuvent hiverner, « et nourrir de leurs foins, et pailles escrois- « sans en la dite paroisse, et d'avantage une « beste ferrée^ pourceaux, et chèvres nécessaires « pour les alimenter. > (Coût. Gén. T. II, p. 484.) 12* Au bois qui aura bonne beste. Façon de pajrler empruntéede la chasse; c'est-à-dire aller au com- bat bien accompagné. On lit dans le passage sui- vant, parlant d'un défl d'armes : < La seule inimitié « de nous deux, avec la justice, ou injustice de l'un « et de l'autre, sera juge et tesmoing de ce qui « aviendra entre nous deux, ou plus grand nombre, « s'il désire estre plus accompagné, soit de « Mondragor son cousin, ou autre, si bon luy « semble, et lors au bois qui aura bonne beste, » (D. Flores de Grèce, fol. 38.) 13» Ouvt.es a bestes, étoient des étoffes sur les- quelles il y avoil des bêles brodées ou appliquées : Eetendre fait sur le rivaige Un drap qui fu faiz à Ouartasge<1), Ovrez à bestes tôt faitiz, Blanch. MS» de S. G. fol. 190, R« eol. 3. Ceinture A bestes d*or brodées, Partonôpex de Diot», IIS. de S. Germ. 14" Bestes mortes (2). Espèce de jeu compris dans le dénombrement des jeux de Gargantua. (Rabelais, T. I, p. 152.) 15*' Faire la beste y pris dans un sens obscène. (Voyez Ménage, Remarques sur la langue, p. 109.) 16*" Fonc de bestes, se dit d'une certaine quantité de bêles qui exige les soins d'un garde ou d'un berger. Il ne se dit proprement que des brebis et des pourceaux. (Voyez Beaumanoir, p. 72.) 17" Beste parist, paroit slgniller une bete pleine qui porte des petits : • Qui gamaffre beste parist et • plaincl en est, doit cinq sols d'amande et rand le tf dommage sans loyer. » (Ane. Coût. d'Orléans , à la suite des Coût, de Beauvoisis, p. 408.) C'est-à- dire qui maltraite une béte pleine, si l'on en rend plainte en justice, l'amende sera de cinq sols, etc. 1 8' Vostre cheval n'est qu'une beste. Cette façon de parler vulgaire, qui est encore en usage (3), semble venir d'un conte rapporté dans la huitième Nuit de Straparole, T. II, p. 145. 19' Sanz de beste, paroît être pris pour bêtise, action de béte, où il n'y a pas plus de sens que dans une béte : Car c*e8t chose trop deshonneste, Laide, vilainne et sanz de beste; Ne teUe chose à roy n*appartient. Ifacbaut. IIS. fol. 237. R* col. 2. VARIANTES : BESTE. Orth. subsist. Beeste. s» Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 6. Bestes, plur, Fabl. MS. du R. n» 7615, T. I, fol. 401, V». Besteleite, subst, fém. Diminutif de béte. Cailles , pleuviers. et tant de bestelettes Pour vous servir, quant besoins en avez. Vigfl. de CharlM Vif, T. II, p. 180. VARIANTES '. BESTELETTE. Vigil. de Charles VII, T. II, p. 189. Bbsteletb. Chasse de Gaston Phébus, MS. p. 41. Betelete. Monet, Dict. BiESTEL at Bestelete. Athis, MS. fol. 44, R« col. 1 et 2. Bestep, verbe. Faire la bête. (Dict. d'Oudin.) Besterie, subst. fém. Bêtise. S'on voit nostre besterie Nous serons mocquez de chocun. Les Uvfs. de la Usrg. fol. 347. VARIANTES '. BESTERIE. Dict. de Cotgrave. Bestesge. Chasse de Gaston Phébus, MS. p. 941. Besteste, subst. fém. Béte. « Se aucune, ou « plusieurs de leurs bestes, y estoit trouvée paissant < devant la cinquième fueille, et sans garde, il < paieront à Nous, ou à ceulx qui cause auront de « Nous, douze deniers d'amende pour la beste, et « se beste y est trouvé et a garde faite, il paieront « pour la besteste douze deniers. » (Ord. des Rois de France, T. V, p. 514.) Bestiaire (4), subst. masc. Fable ou moralité. Faisant allusion aux bêtes, Froissart a dit : Ce petit plaint, et grand assez, Ançois que je fuisse lassés. Assis dedens mon vestiaire Figure sur le bestiaire. Po«8. MSS. de Fraimrt, p. t06. Bestial, adj. Bête, sot, inepte. — Brutal. J. de Meung disoit, dans le premier sens: Si l'homme est si bestiaulœ, Qu'il n'ait de nul mestier science ; Se n'en désire congnoissance. Mendicité, se peut traire Sanz qu*il saiche aucun mestier faire Dont il puisse sans truandie Bien loyailement gaigner sa vie. Rom. de la Rom, liiSO. « Jamais bomme aymant sa gorge, et son ventre, < ne flst beH'œuvre ; aussi sont-ils de gens de peu, « eibestials, » (Sag^essedeCharron, p. 6ii.)^^s/{0/e est un mot languedocien. (Voyez des vers cités dans le Dict. de Borel, au mot Marelle,) Bestial est ftiis pour brutal, dans ce passage de Straparole: « Tourmenté de l'ennuieuse et b^s^ia/e < tempeste. » (Nuits de Straparole, p. 189.) VARIANTES : BESTIAL. Sagesse de Charron, p. 611. Bbstiaulx. Roman de la Rose, cité ci-dessus. Bestiole. Dict. de Borel, au mot Marelle, Bestion. Moyen de parvenir, p. SOO. Bestialement, adv. Bêtement» brutalement (Voyez le Dict. d'Oudin.) (1) Carthage. — (2) H est encore un jeu de cartes qui demande quatre ou cinq partners, et qu*on appeUe la beste, (n. B.) * 0) Dans le Crispin médecin d'Hauteroche (1796^ 2 vol. in-12), on lit encore : c Je lui ferais bien voir oue son cheval ne serait qu*une bête, » (I, 2.^ Le sens est se tromper lourdement, (n. b.) — (4) On appelait bestiaire, dans l'iiistoire Uttéraire du moyen-âge, un recueil de fables et de moralités sur les bétes : c'était de fort longs poèmes en vers de huit pieds, comme le ms. (anc. 6838 B.) de la B. N. écrit au xrv* siècle, (n. e.) H. 60 ne «■■• Bestialité, 9ntBt. moêc. Action de Mte. (Voj^ez le Dict. de Honet.) C'est vivre en heatiuUté, Qui n*a quelque félicité, Fors de pleisirs mondains ensuyvre. Le BUvoo des FmUcm AoMvn, p. ttS. Bestlam» subst. masc. Béte. « Va bestiam^ mon « govial, scais-tu point que TEgllse ne peut faillir. » (Moyen de parvenir, p. 83.) Bestiaux, subst. masc. plut. PAtres, hommes, bestiaux. Les gens qui mènent paitre les bestiaux. (Voy. la Chron. de S* Denis, T. I, fol. 252.) On lit dansSuger: « Pccoralcs homines. > Bestion , subst. masc. Petite béte. On lit dans Brantôme: «< Tout ouvré d*or en personnages « et petits bestions (1). » (Brant. Cap. fr.T. I, p. 96.) Bestors, adj. Oblique, tortueux. (Voy. Du Gange, Glossaire latin , au mot Bestalinus , et le Dict. de Borel , au mot Bestors,) où il cite ce vers d^Ovide, MS. dans lequel il est question d'un labyrinthe : ^ Tant fit les chemins heitton. Bestourné (2), participe. Changé, bouleversé. — Renversé, tourné à l'envers. — Troublé. — Travesti, déguisé. Ces diiférenles acceptions ont en tr*elles beaucoup d'analogie, et dérivent toutes évidemment de la première. Ainsi, nous nous contenterons d*en rapporter des exemples. Avec la signilication de changé, bouleversé, on a dit : Li siècles est si besiot^nez. Que je sui trop pis atornez, Por le siècle qui se bestorne. Fabl. IIS. du I\. n* 7S18, M. 197, R* col. t. Bien est telz gens dénaturée, Qui contre son chef est meslîâe ; Nature est en eux beêtournée. Gtùtroy de Pferis, à la mile du Ron. de Ftavél, UL 53. Un ancien poêle, dans une complainte contre les médisans, dit : Jugement m'ont hestort^ Tort a amour, se par amour n'ay grâce. Po«s. MSS. J'EaM. DoMh. fol. 153, «ol. 4. De là, ce mot signifloit renversé, tourné à l'envers : Li G. est lettre bentornée^ « Si li G. ne fù beatarnez. En guise de P. fubt tomez. Fabl. MS. duR. n* 791», fol. ir, R*col. 1. C'est en ce sens que, pour exprimer le désordre aue la peur met dans tous nos sens. Ton a dit au guré: Au feu s'en vint toz besiomez. Fabl. us. du R. n* 7218. fol. 117, V eol. t. Enfin on trouve reynard bestoumé, pour renard , déguisé, Iravesti. (Fabl. ms. du R. n« 7615, T. I, fol. 101, R* col. i.) _^ varuhtbs : BESTOURNÉ. Geofroy de Pluis, kH 88L BssTORNft. FaU. MS. du R. «• im, M. 160, R* coL i. Bkstort. Eust. Desch. Poés. MSS. fol. 163^ coL 4. Bestoumels, êubêt. Revers, côté d'une chose opposé à celui qui se présente d'abord on qu'on rcçarde. J. de Meung fait ainsi la description -des objets que la lune présente à nos yeux dans quelqu'une des portions de son disque : Et la part de la lune obscure Nous représente la figure D'une très merveilleuse beste ; C'est d'ung serpent qui tient sa teste Vers occident ades encline ; Vers orient sa queue fine. Sur son dos porte ung arbre estant, Ses rains (3) vers orient portant ; Mais en estendant les bestourne Et sur ces batoumeis séjourne, Un|g; homs sur les bras apuyes, Qui vers occident a ruez Ses piedz, ses cuisses ambedeux, (k>mme il appert an semblant d'culx. Rom. de b R0M, ««« 177S4-I7187. Bestourfieys^ dans ces vers, est mal expliqué par inauvais plis dans le Gloss. du Roman de la Rose. VARIANTE : BE8TOURNET8. Glossaire du Roman de la Ross. Bestourner, verbe. Bouleverser. — Changer, déeuiser. — Détourner, faire prendre un autre cours. On a dit dans le premier sens : Moût va li siècles besloumant, Car che derrière va devant ; Et che devant si va derrière. Vart anctena cUda |iar Oochcna, AmwI. air Al. ClHrt. p. MSi. Machaut emploie bestoumer et destoumer comme estant à peu près synonymes dans ces vers : Cela du tout beêtoumer Fait ton vouloir, et deetourner. Machaul. US. fol 21, R* col. t. Par une extension de cette acception , on disoîl bestoumer la vérité, pour la déguiser: « Le» « advocats vendent , et bestoument vérité. » (Le Chevalier de la Tour, ïnstruct. à ses filles, fol. 37.) De lu, bestoumer récriture s'est mis pour en forcer le sens : Il tomcnt, et bestoment. Les droiz, et Vescripture, Et coulourent les fous. Et leur donnent painture. FabL us. du R. •• KHi, T. U. fol. 1 »3, R* col. t. Enfin, nous trouvons ce mot employé poof détourner, Hiire changer le cours d'une rivière: Après vint le flo de la mer Qui la rivière a bestoumée Le cours, etc. ' G. Cuiart, IIS. fol. 313, V. VARIANTES : HESTOURNER. Glossaire du Roman de la Rose. Bestonner, Bebtornsr, Retourner. Besiicher, verbe. Le sens de ce mot nous par dinicilo à déterminer dans le passage suivant. Pe <1) Compares ce pa.«sage des Emaux de Laborde, p. 225 (xiv« siâcle): c Un cordon do chapeau, fait en teeoo ^-_ ._ ..V X- — X.. ^...>: « ^ ,. ._.._.. „ ,-. ^ V .«. t aQclenne é^li: o S^-Beno» A.'^n. •'Occident; eUe pi BB - 475 ^ BE Atre esl-il mis pour reculer, peut-êlre aussi signifle-^tril frapper à faux, manquer son coup : Xi chapplâa commence hydeus. Car cil des fh>nz pat ne besiichcfit (1). _^ Besuquelx {% verbe. S'amuser à des bagatelles. Mot du patois languedocien. (Voyez Dict. de BoreU au mot Besuque.) Beias, subst. masc. Terme de marine. Dont veissiés ancres lever, Estrans traire, hobens fermer, Mariniers saillir par ces nez, Desharnechier voiles et très ; Les uns s*efi6rcent au vuindas <3), Ly autre à lof et au betas. Rom. âe Brol, IIS. M. 8S. Betaumis, subst. masc. La pierre de foudre. (Voy. le Lapidaire, à la sjjite de la traduction de Vegue, par J. de Meung, Ms.du R. n°7941, fol. H6.) Bete, subst, fém. Poirée. — Capuchon. Dans le premier sens, c*est un mot normand et angevin qui subsiste encore dans ces provinces, où Ton nomme bette Therbe potagère que nous appe- lons poirée. Le passage suivant, dans leauel on trouve poirée qui est une autre herbe potagère que nous nommons porreau ou poireau (4), du latin porruSy confirme notre explication : Les chois, la hette^ la porée. Pois. MSS. d'Eust. Deteh. fol. M4. eol. 1. Bete^ dans le patois de Beauvais, signifie un capuchon noir dont se couvrent ceux qui vont aux enterremens. (Voyez Du Cange, Glossaire latin, au mot Beta (5).) Sang bete {&), se disoit pour sang caillé : « Quand « ce venoit sur la garison , ils jettoient grant « foison de sanc beté par la bouche et par le nez, et « pardessous, qui moult les ébahissoit, et neant- « moins personne n'en mouroit. » (Journ. de Paris, sous Charles VI et VII, p. 21.) VARIANTES : BETE. Dict. de Monet, d'Oudin et de Gotgrave. Bette. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 514. Betée, adj. au fém. Mer belée. Peut-être mer Baltique (7) : DusqiVen la mer betée. PoM. MSS. aTMl 1300, T. III, p. 1028. Sire, dist U vàlés, jusqu'à U mer salée N*a nul plus biau serians, ne jusqu'en la betée, Fabl. MSS. du R. n* 7218. fol. 348, R* col. t. Betetole, subst. fém. Sorte d'herbe. C'est rherbe nommée bardane en françois, et en latin pertonata. (Voyez le Dict. de Borel, 2- add.) Beier. Il est dit en parlant des exercices des jeunes gens pour leur plaisir : Cil damisel vont escremir, Traire, lancier, corre, saillir, Et font beter ors et Uons Et menus reatres et bracons Ces vers combatre et escumer, Ces cbevax corre et raviner. Athit. MS. fol. 56, V col. 2. On pourroit s'en tenir à la leçon de beter, qui signifieroit que Ton faisoit combattre des ours et des lions. Le reste s*entendoit dfCs petits vautours (8), c'est-à-dire épervier ou autre petit oiseau à qui Ton faisoit voler le brahon; enHu ils combattoient le verrat ou sanglier écumant, et faisoient des courses de chevaux. Betez et Betls (9) sont expliqués par hébété, dans le Glossaire du Roman de la Rose : Ung ours, quant il est bien betezj N*est si betif, ne si balez Que serez, si vous y alez. Rom. de la Row. rert 1061(M00il. Béton, subst. masc. Lait caillé. (Voy. le Dict de Monet, au mot Béton.) On lit dans les Contes de Cholières, fol. 254. « Betton^ c'est-à-dire premier « laict d'une accouchée qui se fait dur et troué « comme une éponge. > VARIANTES : BETON. Dict. de Monet. Bbtton. Contes de Cholières. Bétonne, subst. masc. fém. Betoine. Sorte de plante. (Voy. les Dict. de Nicot et de Gotgrave.) De la soussie et dou bétonne {A^S). Poôs. MSS. do Froissart. p. 105. VARIANTES : BETONNE. Dict. de Nicot. Betosne. Dict. de Cotgrave. Betresche (11), sufts^ /î^m. Brèche. Nous som- mes d*autant plus porté à croire que c*est le sens de ce mot, dans le passage que nous citons, qu'on lit brèche plus bas : Dau fossé de la betresche. Venus s*en ist, plus droit que flèche, (1) Ne s*amusent pas à des niaiseries, (n. e.) — (2) L'ancien provençal avait bczucar; voir Raynouard, lexique Roman, (k. b.) -^ ($) L'Anglais dit encore : ta wind, hisser ; c'est le guindeau. (N. E ) — (4) Le porreau (allium cyctum) n'est pas la poirée (beta cycla) : les feuilles du premier ressemblent aux pousses des oignons ; celles de la seconde ressemblent aux feuiUes de la betterave, (n. b.) — (5) On trouve cette forme au Cartulaire de S(-Martin-des-Champs ; l'origine est pairr], qu'on trouve dans les glossaires grecs, (n. e.) — (6) Le mot a ce senë dès le xii* siècle, dans la bataille cTAleschan» : c Desoz TaubcTC li est le snnc beiei » (v. 715) ; et au v. 5i]3 : c Del sanc des cors est la terre l>etée. » H faut rapprocher de ces exemples l'article betée. — (7) La mer bistôe^ c'est la mer gelée: c U voient l'eve felenesse, Et tant périlleuse et parfonde, Qu'U n'est riens nule en tôt le monde, S'ele i cheoit, ne fust aiée^ Aussi com en la mer betée (v. 3009 de la Charrette, xiii* siècle). » Béton, qui vient ensuite, est un dérivé de ce verbe beter, dont la suite des sens est coaguler, cailler, geler ; Diez le fait venir de Fallemand beizen, proprement mettre un mors, mais par dérivation, coaguler à Taidle d'acides. (N. B.) — (8) Les viautres sont des chiens ; il ne faut pas lire brahon, mais bracons, petits braques. (N. E.) — (9) Betez est le participe passé du verbe beter, qui vient ensuite, et signifie museler, mettre un mors : c On fit as noces beter ors Et vers (verrats) et à chiens et à viautres. i» (Roman de l^scouffle.) L'étymologie est l'allemand beizeyi, cité à la note précédente, pris dans son sens primitif, (n. e.) — (10) Au xm^siècle, on trouve: « Rue, vetoine o termentine (térébenthine). » (Ms. S» Jean.) L'origine est Vettones, peuple de la Lusitanie. (N. s.) — (il) C'est une variante de bretèche, sorte de tourelle en bois, crénelée, placée devant les villes pour les attaquer, au-dessus du portail d'un chftteau pour le défendre, enfin sur les édifices civils pour les orner comme un balcon, (n. e.) * BE -t A l'uia derrière de la bourjoise Oui lal'eBtendoit corn cortoise: Eté ouvru l'uis. et il s'i boute. FM. USS. du. R. n- 1015, T. II. roi 1Ï7, V cal. 1. Bette, subst. fém. Boisson. ■ Je ne peulx entrer « en bette -, c'est-îi-dire. je ne puis me mettre en train déboire. (Rabelais, T. I, p. 2i.) Ce mot subsiste encore en ce sens, dans plusieurs cantons de la Normandie. Betun [t ), subst. masc. [Glossaire du P. Labbe.) Ce mot semble employé pour immondices dans l'Hist. du vicomte de Turcnne, par Rîimsays, livre III, page 215. Betunniere, subst. fém. Fondrière. « Mais ■ pour ce ijue aucunes foiz on ne puet mis chevau> • chier menée ou parmontaignes.ouparcroulieres • ou betumiiers, que on appelle graves en Gas- ■ coigne. • (Chasse de Gaston Pbébus, us. p. 2*20.) Beiunniéres, qui n'est qu'une faute d'orthograpîie, se corrige par cet autre passage, où on lit ; • Aucunes foysaux raseleiz ou l'en fait le millet, ■ aucunes foys aux gravez que l'en appelle en ■ France crouUiëres ou betumieres, aucunes fois • es marlieres ou la terre qui s'appelle marie yst. » (Chasse de Gaston Phébus, ms. p. 15.) ,?&" 15. fl- BE • quanque l'on peut de bien, car l'on dit en ppo- ■ verbe : Dieu donne le beuf et nim pas ta corne, < et en l'autre leue : qui s'évertue Dieu ly ayde. > (Assises de Jérusalem, p. 184.) 2' A lion beuf meut on la chair. Façon de parler proverbiale, pour dire que comme un bon beuf a besoin d'aiguillon, de même un homme brave a besoin d'être excité pour bien faire : • Quelque soit • le corps de moy, si a le cueiir lousjours seiTj • amours dès son enfance. Madame, mon cueur ■ ne peut parler. 11 est paoure, pourchasser le ' convient; A bon beuf meut-on la chair. Premier • vous demande, et ù toutes celles de voslre com- > pàiguce des bourdls, tant dames, comme pucel- • 1ère ung seul don que demander voudray, saut • toutes honneurs; si aurez mon cueur asté de • villannie. paoureté, et me aurez rendu ta vie. ■ (Perceforest, Vol. VI, fol. 74,) VARIANTES ! DEUF. Assises de Jérusalem, p. 184. BoË. Le Duchat, sur Hubelais, T. 1, pige 17y. BuEP. Bon>l, Dicti oit I) aire. — Loix Normandes, art. 6. Bues. Glossaire sur tes Coût, de Beouvoisis. BuEz, llistnire de Fr. à la suite ilu Roman de Faur. I* fl7. BtiBL's. Ane. Coût. d'Orléaos, & ta suite de Beaum. p. W8. Bu F. Loix Normandes, art. 39. Beufle, subst. masc. Pièce d'artillerie ; Lors cognoisBans que, par artillerie. Ce non obstant la gtanae baiterie De leur lézarde, et le beufle de Pize, Hz ne (lonrroient usurper seigneurie. Sur les Francoys, vindrenl par Iricharie, Pensons pour vray qu'ili t'auroient par tel giiiae. JtvuMvoi.p. U. Beurate, subst. fém. Une sereine ou baratte i battre le beurre. (Voy. le Dict. d'Oudio.) Beuroer, subst. Abreuvoir. On trouve le mot heuroer dans le Gloss. de l'Hist. de Paris; c'est un« faute, lisez Vabeuroer. Beurre, subst. tnasc. Beurre. Burre, dans S' Bernard, répond au latin butyrum. Ce mot subsiste sous cette orlhogiaphe, mais nous devons citer les expressions suivantes : i- If estant beurre net. Cest-iï-dire n'étant pas sans reproche. ■ Le père de la fille qu'on vouioil ' lui bailler en mariage, ayant grand envie de s'en • défaire, n'estant beuire net. presche tant le sotard . qu'il lui fait accroire que sa fille avec qui il le ■ voulotl marier, avoit, sous mcsme couverture, • et l'une bien près de l'autre, deux bons moutios ■ îi eauetl'aulreà veut. ■ [Bouchet,Serées, p.256.) 2* Beurre ^amendes, sorte de friandise que l'on trouve dans l'énuméraiion de différents mets, dans Rabelais, T. IV, p. 256. 3' Un seigneur de beun-e combat bien un vassal d'acier. Fa(;on de parler pour marquer la supério- rité de ta puissance des souverains surdes vassaux. (Dict. de Cotgrave.) (i) L'e:ieniplc suivant assure le sens : iQuiont misaacuns rumiers, terres et aatrcs&efutu ez pLice de la ville de Dijon. > ^ist. de Bourg., t. III, p.l3î, col. 2, an. 1389.) On hésite pour rétvmologie entro bêler, précédemtnïnt cilé, et bUiimen. (N. S .) — (3) D'ordinaire, oa bourrait do gueules ; il faudrait donc lire Sourde ou bourle. (n. e.) BO'UNNIERE. Chasse de Gaston Pbébus, MS. ,_ Bbtumière. Chasse de Gaston Pbébus, MS. page Beu, subst. masc. Dieu. Le mot beu el bleu sont des altérations de celui de Dieu dans les espèces de sermens suivans : • Je regni beu. ■ (Journal de Paris, sous Charles VI et VU, p. 10.) Vais, [ait-il, par In geule bieu. Bien sui homs, chi a beau gieu. F^i. Mss. do H. D- -ma, tii. uo, h- coi, i. Nous disons aujourd'hui par ia corbieu : VARIANTES I BEU. Joura. de Paris sous Charles VI et VII. page 19. Bieu. Fabl. MS. du R. n' 7089, fol. 940, R° col. 1. Beucle, subst. fém. Terme d'armoirie. Peut-être une boucle. • Estoit la bannière d'argent, h une * beucle (2) de guelles. (Froissart, Vol. 1, p. 213.) Beut, subst. masc. Bœuf. On dit boé dans le Poitou, suivant Le Duchat, sur Babelai3,T.I,p. 179. Expressions proverbiales : 1' Dieu donne le beuf et non pas la corne. Façon de parler proverbiale qui signitie que Dieu donne le uîen, et que c'est L l'homme k travailler pour l'obtenir. ■ Ja^oit-ce que la grâce est, et vient de « nostre Seigiior, toutes voies sedoill'om peiier, et • travailler de poursuivre la grâce, tousjours en ■ amendement, et à prandre pour meaus ouvrer BE - 477 - Bi YARIANTES l BEUBRE* Orthographe subsist. BiEURRE. EuBi. Deschamps, Poes. MSS. fol. ii6, col. 2. BuiBB. Bkist. Deschamps, Poês. MSS. fol 232, col. 4. BURRB. Nicot, Dict. Beuse. Ce mot, dont le sens n*est pas clair, a donné lieu à cette façon de parler : dire beuse, pour narguer quelqu'un : Loi moi ester, Ne fùst por ma chose haster, For aier au marchié demain, Tu le comparaisses a par main : Comparaisses fet anieuse : Par mon chîef je vous en dis betise. Fabl. MS. du R. n* 7il8. fol. 48. V col. 1. Beusse, subst. Nous ne tenterons pas de déter- miner la signification de ce mot que nous trouvons dans Rabelais : « Luy mist au doigt médical une « verge d'or bien belle, en laquelle estoit une cra- « pauldine de beusse magnifiquement enchâssée. > (Rabelais, T. III, p. 91 et 92.) Beuvasser, verbe. Grenouiller. De l'augmen- tatif italien bevazzare, boire à s'enivrer. (Voyez les Dict. de Nicot et Oudin.) VARIANTES * BEUVASSER. Oudin, Dict. Ueuvailler. Nicot^ Oudin, Dict. Beuvette, subst. fém. Buvette. — L'action de boire. — Mauvais vin. Au premier sens, ce mot signifie un régal fait entre amis, une collation. (Voy. Dict. de Borel, au mot Boiture, qu'il explique par bevete, collation.) Beuvette désignoit aussi l'action de boire, comme dans le passage suivant: « Ces paroles, et beuvettes • achevées, » c'est-à-dire ayant cessé de parler et de boire. (Rabelais, T. V, p. t204.) Nous le trouvons aussi pour mauvais vin, dans le Gloss. du P. Labbe, où il est rendu par Iç mol latin vappa. C'est alors la même acception que celle du mot buvaîide. VARIANTES : BEUVKTTE. Rabelais, T. V. p. 204. Bevette. Dict. de Borel, au mot Boitwe. BeVlep, subst. maso. Mesure de terre. « Ils aca- « terent quatre beviers à monseigneur Régnier de « Gais > (dans une citation françoise (1) employée par [k\ Gange, Gloss. lat. au mot Bivarium,) Beuzi, adj. Etre plongé. Mot an patois Breton. (Voy. Du Gange, Gloss. lat. au mot Buzercus.) Bczan, subst. masc. Mauvais grain. « Gomme « le pur froment dégénère bien souvent en bezan, « lus et yvraye, aussi de bons parens sortent quel- « quefois des vaut-rien, et meschants enfans. » (S* Julien, Mesl. Hist. p. 598.) Bezeines (2), subst. fém. plur. Ruches à miel. Ou il vait veoir ses bezeines^ Qui sont de cire et de miel plaines. Ovide de Arte Amandi, MS. de S. Germ. fol. di. Bezer (3), verbe. Gourir. G'est un mot Normand. Il s'applique communément aux vaches qui courent lorsqu'elles sont piquées des mouches. (Mén. Dict. Elym.) De là, on disoit proverbialement: « Aller à « S* Bezet, ou Trottet, » pour courir comme une vache piquée de mouches. (Voy, les Dict. de Nicot et de Gotgrave.) VARIANTES : BEZER. Nicot, Dict. Beser. Ménage, Dict. Etym. Bezildhery, subst. masc. Sorte de poire. Nous disons besidheri (4). (Voy. le Dict. d'Oudin.) Gette espèce de poire est fort connue dans TAnjou. Bezole, subs/. fém. Espèce de truite (5). (Voy. les Dict. de Nicot et d'Oudin.) Bi (maille de). Maille d'un filet dont la petite maille étoit delà larjreur d'un tournois, et la plus grande de la largeur d'un gros tournois. « Qui est, « en quelque temps que ce soit, trouvé peschant « d'autre harnas qu*a maille de bi; c'est à scavoir « que la plus petite maille peut passer le tour d*un « vieil tournois, et par la haute maille, un gros « tournois, chet en amende de soixante sols. > (Bouteiller, Somme Rurale, p. 860.) On lit dans une disposition pareille (Ibid. p. 507): Maille le roy. Biafora (6). En Béarn, c'est le cri par lequel celui qui est outragé appelle du secours pour poursuivre ou prendre le criminel. (Laurière, Gloss. du Dr. Fr. au mot Biafora, et Du Gange, Gloss. Int. sous le môme mot. — Voyez aussi le Goul. Gén. T. 11, p. 685.) VARIANTES : BlÂFORA. Laur. Gloss. du Droit Français. BiAHORAS. D*i Conse, Gloss. lat. au mot Biafora. BiAiiORBS. Goût. Gén. T. II, p. 685. BiHORE. Essais de Montaigne, T. II, p. 790. Blailliere, subst. fém. Ganal, ruisseau. La rivière qui passe près de Turin « ne laisse pas de « porter par deux biaillieres, une partie de ses « eaux dans la ville, tant pour ses commoditez et « sa netteté, que pour faire tourner plusieurs « moulins. » (Mém. de Feuquiere, T. IV, p. 87.) (i) Cartulaire d'Amiens, an. 1267, fol. i06. (N. E.) — (2) On trouve encore les formes besanne^ bezanne, bezennc. (n. e.) — (3) Les patois lombards ont bièia, besia, piquer, bisient, mordant, bisietl, aiguillon d'abeille ; on peut en rapprocher le mot normand et remonter, comme fait Diez, à l'allemand few*, morsure. (N. E.) — (4) Il vaut mieiuc écrire bezi aHcri. (n. e.) — (5) Comment bezole signifierait-il truite, si besolet, qui semble être le diminutif, veut dire hirondelle de mer dans le parler génev«)is? (n. e.) — (6) Le premier sens n*e8t pas celui-là; à ce cri, les bourgeois de la commune et tous les autres habitants devaient sortir en armes de leurs maisons et suivre le prévôt ou le viguier (Regestnim Constabularise Burdegalensis ; f. 93). i..^« , :.,_. »t o,v, - n^ .- .xo« ,. : u - f 1 ^ :!...._. X .-_.., xkbiaffora, q\û rencontre dans dudit cop, cria à m - 478 — BI VARIANTES : BIAILUERE. Salnove, Yen. p. 160 et 171. BiALLiERE. Salnove, Yen. p. 158. Biais, adj. Qui est de travers. « Interprétation « détournée, contrainte et biais (1). > (Essais de Montaigne, T. III, p. 517.) Blaquo, subst. fém. Céruse. Drogue vénitienne à l'usage des femmes qui se fardoient. (Dict. de Hicot, d'Oudin et de Colgrave.) Biard, subst. masc. Béarn. C'est le nom d*une province. « Le baron des guerres estoit de Lorraine, « ses prédécesseurs estans pourtant sortis de « Basque, ou de Biard. » (Brantôme, sur les Duels, page 3.) VARIANTES : BIARD. Brantôme, sur les Ducls^ p. 3. BiARN. Cotgrave, Dict. Blarda, verbe. Fuir promptement. (Voy. le Dict. de Borel, qui le dérive de Via,) Biarnois, adj. Béarnois. (Voy. les Epith. de Mart. de la Porte, où ce mot sert d'épithète à Cape Lagnati.) VARIANTES : BIARNOIS, BiERNOis. Blaume^ subst. maso. Heaume. Vraisemblable- ment, il faut écrire hiaume dans le passage suivant : Fer, ne fust, platine, n'escorce Ne puet contre ses cops durer ; Et puet tant le biaume endurer, Qu'à dormir, ne a sommeiUer Ne U covient autre oreiUler. Fabl. MS. da R. n* 1il8. fol. 229. V col. 9. Blauvoislilois, adj. Qui est de Beauvoisis. Aveuc eus les iiiauvoisinois^ De Champaigne, et de Gastinois, D'Orlenois, de Chartrains, de France. G.Guiirt. llS.fol.e9,R*. BibalIIe, subst, fém. Don, présent. Ce mot est expliqué ainsi dans les Dict. d'Oudin et de Cotgr. C'est peut-être Taction de donner pourboire. Biaane. Nom de lieu. Beaune. (Voy. Pérard, Hist. de Bourg, p. 500, tit. de 1200); on lit: Beaune, ibid. Blaavals. Nom de ville. Beauvais. (Loisel, Hist. de Beauvais, p. 266, tit. de 1122, et Preuv. de THist. de Beauvais, par un bénédictin, p, 273, titre de 4167.) VARIANTES : BIAUVAIS, BiAUVEZ. Bibat et Vivat (:>). Sorte d'exclamation, quand quelqu'un avoit dit un bon mot. Brantôme, parlant I d'un livre contre les dnels, et de ce que M. le garde des sceaux en avoit dit aux Etats de Blois, raison pour laquelle il falloit lui donner Vinum et Species^ ajouté que cependant, pour le bon mot' à son avis, il ne méritoit qu'on criât: bibat et vivat. • (Brant. sur les Duels, p. 489.) On voit par là que ces termes servoient d applaudissement pour ceux 3ui, dans quelque çenre que ce fût, réussissoienl ans une assemblée publique. On peut aussi en inférer que c'étoit dans nos anciennes cours la ré- compense ordinaire des héros, jongleurs et menes- triers qui avoient obtenu le suffrage des assistans. Bibaax, subst, masc. plur. Ce mot nous paroit le même que pitaux ou petaux^ paysans qu'on flii* soit aller anciennement a la guerre, suivant Borel, au mot Pitaux. Je crois que c'est une faute pour bidaux qu'on va voir ci-après. Cependant Corneille, dans son Dict. au mot Bacinet, et Boulainvilliers, Essais sur la Noblesse, citent Honstrelet, comme ayant fait usage du mot Bibaux. (Voy. Bidaulx.) Bibelotier, subst. masc. Faiseur et mouleur de petites images de plomb, qui se vendent aux pèle- rins et autres : « Cela est uni aux miroitiers. » (Sauvai. Hist. de Paris, T. 111.) Bibelots (3), subst. Mot de jargon. (Voy. les Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) Biben, subst. masc. Vivant. Mot du patois de Cahors. (Dict. de Borel, au mot Glouper.) Biberon, subst, masc. Espèce d'aiguière. f\'oy. les Dict. de R. Eslienne et de Monet.) Bibet. subst, m^sc. Vase à boire. (Voy. le Dict. de Cotgrave.) « Jamais je ne combaly que sous la « courtine ensemble le pot et le voerre, et croye « que je n'oseroye assaillir un bibet^ s'il estoit i armé. » (Fabri, Art de Rhétor. fol. 457, Rv) Bibeton, subst, masc. Bec d'un vase. « Estoit « le bec de l'un des bassins dont on donnoit à « laver au baptême, et duquel on versoit dans un « autre bassin. » Ce bec étoit semblable à celui d'une aiguière. (Honneurs de la Cour, ms. p. 60.) Bible, subst. fém. Livre. — Kyrielle. — Machine de guerre. ' Au premier sens^ ce mol signifie livre. Guyot de Provins (i), et Hugues de Brégy (5) ont fait deux ouvrages sous le titre de Bible. Ce mot, dans le passage suivant, est employé dans le sens de kyrielle, litanie. Un témoin commence ainsi sa déposition : Vons avez une droicte bible. CoqiiUl. p. 101. (i) Dès le XIV» siècle, Oresme (Eth. 66) nomme une diagonale traverse de biais, (n. e.)-(2) Il y a là une sorte d*alUtération conservée par la tradition ; dans les universités allemandes, on répète encore on chœur : c vivamus et bibamus , Dom juvenes sumus ; Ubi sunt qui ante nos In mundo fuére? » (n. e.) — (3) C'est une variante de bimbelots, où Ton Toit le même radical que dans bambin, (n. e.) — (4) Guyot de Provins, trouvère du xiii« siècle, avait toutes les qualités requises pour ôtre un satirique ; c'est dire qu'il avait tous les défauts. Voici le prologue de la Bible Guyot : < Dou sieele puant et crible M'estuet commencier une bible, Por poindre et por aiguiUoner, Et por grant essamplo doner. > (n. k.) — (5) Ce trouvôre du XII* siècle ût partie de la croisade de 1204 ; son poème est intitulé : la Bible au seigneur de Brèxe, (N. B.) Bl -* Peut-élreveul-il dire une snite de lémoignages, aussi vrais que l'Evangile. 11 y avoit aussi une machine de guerre qu'-oa nommoit bible. Elle servoil à lancer des pierres. On voit, dans le GIoss. lai. de Du Gange, Biblia el Biblieta, employés dans celte sigDiflcalion.Barlete, dans ses Sermons, i" part. fol. *22, fait usage du mot biWifl, pour un cornet à dés. De là, on peut juger que la machine de guerre appelléeflifjfe.éloit une espèce de tube, el que le cornet à dés en étoit une imitation. Ainsi rous pourrons expliquer le mot Bible, dans Joinville. par cornet ou machine servant à jeter des boules ou petites halles. • Jevous ■ conterai des jeus que li cuens d'Eu nous resoit. • j'avoye fait (dit- il), une maison là ou moy el mes ■ chevaliers mangions à la clarlé de l'huys: estoit ■ l'huys devers le conte d'Eu , et il qui estoit moult • subtil, Tisl une petite bible qui gectoil œuls, et ■ faisoit espier quant nous cstionsau manger assis, > et adressoit sa bible (1] du long de nostre table, et ■ la laisoit gecter, et nous brisoit nos potz , et nos • voirres. ■ (Joinville, us. du Roy.) Le mot œufs est peut-être employé dans ce passage pour eslœufs. Peut-être aussi que l'auteur se servoit du mol œuf S our faire allusion au comte d'Eu, qui étoit l'auteur e la plaisanterie. Blblfens adj. Qui concerne la Bible. Diseimrs biblienu, pour discours sur la Bible. (Hist. du Th. Fr. T. JI, p. 383.) Bibliothèque, subsl. fém. Ce mot, quvsuhsiste, s'introduisit sous le règne de Charles IX à la place de librairie dont on usoit auparavant. (Ménage, Rem. sur la Langue, p. 295.) 11 se trouve employé dans l'Amant ressuscité, p. 7. Biblistlque. Teut-étre écrivain sur la Bible ou interprèle de l'Ecriture sainte : PierraB et FolB n'ont plus andition. Ne Jcrosme IL bon biilUtiqut. Puci. uss. irEiiii. DcKh. roi. ei, cdI. i. Bibotun, subst. mase. Commandements. (Dict. de Borel, 2" add.) Je ne sais où il a pris ce mot, ni l'acception qu'il lui assigae. Bibulc, ad;. Altéré. ■ Aucuns insa3;iables,niar^ • liiiux el bibulcs de sang humain, ce qui ne leur ■ apparlenoit, s'esmeurenletausciterentles esprits ■ de la reste de leurs gens d'armes. • (P. Defrey, à ia suite de Honstrelel, fol. lis.) Bic. On trouve ce mot dansCoquillart, qni l'em- ploie adverbialcmeni : de bic ou de bec, pour d'un côlé ou d'un autre. Aincoys qui erenl à délsfer, A fouir de bic, ou de bec. CoqHillut. p. 37. Bicanne, iubst. fém. Sorte de raisin. On le trouve en cesensdans les Dict. deNicot eldeColgr. (1) Ce n'est pas «ne faule du maDUrcrit, car murs charroier, BiMct et inoiigoniHu:i galer. t ,_, ^^ quond ce mol Eignifie serpent, pt pnrticolirrf ment la conleuvre de Milan, en lombanl biaia, en uiémontoia biesao. Voir phii Luiit Beter, qui 8 la même étyinoloBie. (K. B.) — ^ Xa racine ett peutâtn le grec plxoc. (N. k.) BI BICANNE, BicARNE. Bicbe, sub&u fém. Sorte d'insecte. — Serpent. Nous ne déterminerons point quelle sorte d'in- secte désigne le mot biche. 11 y a apparence que c'est une sorte de ver qui perce les vaisseaux. {Voy, Du Gange, Gloss. lat. au mot Biscialis vermis (2).) On s'est ser\'i du mol biche dans un sens figure : En BQ court avoit mouche et biche, Qui durement l'ont eamouchiâ : Si lor a le roy tout couchié, Si en demoura Esnz argent. IlUi.ilaFr. oivm. ïltfuiuiduft. JgFaiTtl. HS. dflR. M. W. Ce mot sigaifioîl aussi un serpenL (Yoy. leDicL de Borel, 2" add. au mot Bisse.) En terme de blason, c'est la givre des ViscoDti « portant d'argent à un serpent d'azur : cestuy 9ep- > pent se nomme, à blasonner, une biche, et ào\t • avoir sept tournans dont l'un est noué près la • teste, saillant de la gorge un enfant marrîssaot «. de gueules. • (Mém. d'Ol. de la Marche, p. 13.) BlcbecboUcrie, subst. fém. Caresse. ■ Sou ■ amy luy fera tous les plaisirs qu'il pourra, et luy > fera mille petites ^ic/iec'iotfenes où elle prendra • grand plaisir que nul marv ne scauroit faire. • (Les 15 Joyes du Mariage, p. b7.) VAhIANTES : BICHECHOTTERIE. Les Quinze Joyes du mariage, p. 67. BicHECOTTEHiE. Cotgrave, Dict. BIchecornc (porter à la). On se sert de ce terme dans quelques provinces pour dire : porter sur ses épaules. On voit dans Rabelais, T. Ht, p. 126, porter à la cabre morte, dans le même sens. BlcbcBage, subst. masc. Droit sur les grains. C'est celui qui se levoit au marché sur les grainson autres marchandises qui se mesuroientau boisseau. (Laurière, Glossaire du DroilTrançois, et Du Gange, uloss. lat. au mot Bichetum ) Blcbet, subsf . masc. Sorte de mesure. Elle sert à mesurer le blé et autres grains. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave, au mot liicher, et Gloss. latin de Du . Gange, au mot Ilichetus.) 11 s'est dit aussi pour mesurer du vin et autres liqueurs. On dit encore en cesens/jzc/i^ en Touraine. On a employé le mot bicbet (3) au Qguré pour quantité. En te rendant de ealus un bichet. <£■". di Kt^t I» Culltnc, p. M. VARIAKTES : BICHER. La Thanm. Conl. de Bcrry, p. 490. Bichet. Roger de Collerjrc, p. W. BiCHEZ. Du Cange, Gloss. lat. au mot Modiu». BlCHien. Gloss. de Du Cange, au mot Picarium. BiCHOT. Coul. Gén. T. I, p. 83G. BlCHOZ. Glosa, lat, ilo Du Cange, au mot Gillo. HiscHET. Cotgrave, Dict. PiCUt, PlCHEH, PiGHEZ, PiCHlë, PlCIlIER, PlClUBZ. Blchettes, subst. fém. ptur. Sorte de jeu. Item et EÎ De joucrex A. la qneue le leu, aux billcttes. Au tiers, au perier, aux bicheltea. L'Amuil rendu ConMiv. p. m. Bichon, iubst. masc. Diminutif de barbichon, sorte de barl>et. (Gram. de l'abbé Regrnier, p. 175.) BIcle, aâj. Bigle, louche. (Voy. les Dict. de Gotgrave et de Ménage.) VARIANTES : BICLE. Essais de Montaigne, T. II, p. 648. BiscLE. Crétin, p. 88. Blcler, verbe. Bigler, loucher. (Voy. les Œuvr. de Baïf, fol. iU.) Bicocque, sub&t. fém. Nom d'une maison. Ce mot subsiste encore aujourd'hui pour signiner une petite ville, une place peu rortiliée; il s'esL formé du nom de la maison d'un gentirhonime où les impé- riaux s'élant postés, en 1522, soutinrentl'assautdâ l'armée Trancoise conduite par le maréchal de Laulrec, du temps de François I". • Allèrent loger • ft la bicocque (t) sur le chemin de Laude (Lodi), à ■ Hilan, et estoit la dite bicocque, la maison d'un ■ gentilhomme, circuitede grands fossez. > (Hém. de Du Bellay, livre II, fol. 39.) Blcoquet, subst. masc. Sorte de coiffure à l'usage aes hommes et des femmes. (Dictionnaire de Corneille, au moi Bicoquet.) Le bicoqxiel, la capeline. CsquIElirt, p. a. ( Estoit habillié d'une brigandine couverte de ■ veloux noir, à doux dorez et en sa teste ung • bicoquet garnix de bouillons d'argent dorez.- • (Chron. scandai, de Louis XI, p, 55.) ■ Le comte de ■ S' Pol avoit quatre pages très richement habillez, • chacun salade ou bicquoquet (2) très richement • garnis. ■ («s. du Procès verbal de l'entrée de Louis XI à Reims, parmi les recueils de l'abbé Le Grand, sur Louis XI.) fil . Bicorne, subtt. fém. Fourche oo enclume. — Terme d'injure. Sur les deux premiers sens, voyez le Dict. de Nicol. On a nommé bigorne une enclume, à cause de l'espèce de corne qu'elle forme d'un côté. ■ Quiconques fait bigornes à Bourges, mez qu'elles ■ soient neuves, il doit deux bicornes^ la fboitié à > M*' le duc, et l'autre moitié à S' Sulpice et au ■ voyer. > (La Thaum. Coût. deBerry, p. 334.) Le château semble tonner Tandis qu'on tourne, et retourne, Le harnois sur la bigoume Pour le buste taconner. Psn. d'AiBwUi itBia. (Bl. U. On s'est servi du mot bigorne (3) comme d'un terme d'injure. Vieille bigorne se trouveen ce sens dans les Contins de Cholières, fol. 163. TAniANTEs : DICOHNE. La Thaumessière, Coût. d« BeiTy, p. 334. BiaoRNB. Nicol, Dict. Biao[jR.vB. Poës. d Amadis Jamin, foL 58. Bicorneurs, subst. masc. ptur. Nom ancien donné à la milice de Valenciennes. (Pelisson, Lettr. Bist. T. 111, p. 173.) Blcornii, a du cri de binornic. M. Hax-Radiguet (A traver» la Bretagne, Lévy, in-12, 1863, p. 262-3) associe le coquillage nommé dans l'Ouest binôme, au cancre, ce cnistacé que doivent connaître tous les pereaseuK. MBisautreroialamimiime a dû accompagner ies nuées; on faisait les cornes aux dëUnquants; Sut-être les leur avait-on mises, comme bonnet d'&ne. Les soldats d'infanterie de marino se nomment auasi (n^orncaux, . cliapeau à deux cornes qu'ils portaient sous le premier Empire, (n. b.) Hiort. — Typ<^raplùe de L. Favrk.